13/01/2013
Piètre porteur
Lorsque vous songez à peindre, se pose la question du support. Sur quoi ? Aussitôt, parce que vous ne voyez que des toiles suspendues dans les musées, vous songez aux châssis entoilés que toutes les boutiques spécialisées dans les arts plastiques exposent généralement au deuxième étage, entassés dans des caissons avec des dénominations qui méritent quelques explications : un châssis F80 correspond ainsi à un châssis de 146x114cm alors qu’un châssis M60 fait 130x80cm. Enfin, vous avez choisi (encore faut-il avoir dans la tête le tableau que l’on veut peindre et ses dimensions !). Vous le descendez avec précaution, vous payez et vous vous retrouver sur le trottoir avec votre châssis, léger certes, mais encombrant au possible.
Le châssis acheté faisant 120x120cm, soit plus d’un mètre carré à protéger des frôlements des passants, de la curiosité des chiens et de la fougue des automobilistes, ne rentre bien sûr pas dans votre voiture. Les portières sont en effet si bizarrement faites que si l’espace intérieur est plus large, son accès ne mérite le nom d’ouverture que pour un nombre restreint d’objets. Bref, impossible d’y glisser ce châssis, seul votre corps qui se plie dans tous les sens peut entrer dans l’espace calculé par les ingénieurs. Alors, le métro ? Il est six heures du soir, moment d’affluence. Comment se glisser entre les humains entassés avec un châssis d’un mètre vingt ? Et surtout, comment passer ces portillons manichéens que seules les souris très intelligentes peuvent contourner, tournant les manivelles, poussant les plats bords, tirant les échelons ? Donc vous rentrez à pied. Quatre kilomètres, en gros, sous le petit crachin, portant le châssis bien emballé de plastique transparent, avec juste un trou que vous faites pour glisser la main et prendre le croisillon du bout des doigts. Et vous voilà parti !
Heureusement, il ne fait pas complètement nuit. Vous êtes ébloui par les phares des voitures, protégé par les passants qui vont en tous sens. Attention, Madame, votre sac ! Vous faites tellement attention aux autres que vous vous oubliez vous-même. Zut ! Je glisse sur un objet mou, fuyant, et je manque de tomber. Aïe. Le rebord du châssis frappe le sol avec violence. Mais la cellophane tient, rien n’est perdu. Après que vous ayez essuyé les chaussures sur les trois brins d’herbe sortant de la grille qui entoure le pied d’un arbre (il ne va pourtant pas partir tout seul !), vous reprenez courageusement votre marche en crabe, ne sachant si le châssis doit vous précéder ou vous suivre, à défaut de pouvoir le maintenir à côté. Devant, c’est pratique, il fend la foule. Mais de la même manière qu’en mer le marin ne voit pas ce qui se cache sous la houle, vous ne savez ce que vous réserve l’un ou l’autre des promeneurs. En voici un, la cigarette à la main, à hauteur de votre fardeau, prêt à y faire un trou. Vous vous déplacez pour l’éviter, mais un autre hurluberlu vous coupe la route sans même vous regarder. Vous levez haut votre trophée, mais votre poignée n’en peut plus. Il retombe lamentablement. Vous changez de main, vous tournez votre articulation vers l’extérieur, mais au bout d’une minute, vous vous sentez crucifié et le clou du croisillon vous rentre dans la paume. Vous poursuivez, vous avancez. Vous dépassez un premier boulevard, puis un second, puis une quantité, soulé par le bruit, l’agitation, les exclamations des piétons qui se heurtent à votre protégé.
Enfin, vous arrivez. Encore un carrefour, sept pas de porte et vous mettez votre enfant à l’abri des coups et des insultes des chalands. Merci mon Dieu, il est sain et sauf, sans trou ni salissure ! Vous prenez les escaliers avec précaution, la grandeur du colis vous empêche de monter dignement ! Vous sortez votre clé, ouvrez la porte, entrez. Clac ! Vous êtes chez vous, vous faites un pas. Crac ! Vous pliez votre châssis sur un fauteuil qui se trouve là, vous ne savez pourquoi. Ce n’est pas grand-chose, mais tout de même. Le châssis sourit et semble se moquer de vous. Quel bien piètre porteur vous faites ! Espérons que vous serez meilleur peintre !
07:09 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : paris, transport, encombrant, piéton | Imprimer
12/01/2013
Main dans la main, un film de Valérie Donzelli
Quelle bizarrerie ! On ne sait si on aime, un peu ; s’il nous laisse indifférent, beaucoup ; ou si l’on déteste, passionnément.
Tiré du synopsis : Quand Hélène Marchal et Joachim Fox se rencontrent, ils ont chacun des vies bien différentes. Hélène dirige la prestigieuse école de danse de l’Opéra Garnier, Joachim, lui, est employé d’un miroitier de province. Mais une force étrange les unit. Au point que, sans qu’ils puissent comprendre ni comment, ni pourquoi, ils ne peuvent plus se séparer.
C’est tellement gros que cela finit par passer, mais avec difficulté. Disons qu’il s’agit d’un sketch qui dure, dure, sans doute un peu trop. On finit par être lassé. Il y a des situations drôles, d’autres sans intérêt, certaines trop lutte des classes, quelques-unes tendres, mais peu.
Alors, qu’en penser ? Chacun se fera son opinion. Quant à moi, je ne retournerai certainement pas le voir ! Savoir si j’ai bien fait d’y aller, c’est un autre problème. Allez… On passe malgré tout un bon moment.
07:18 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, sketch, absurde | Imprimer
11/01/2013
La musique chinoise de cérémonie
Elle se caractérise pas des intervalles d'un ton, divisant l'octave en six intervalles égaux. On obtient ainsi six "liu" masculins et six "liu" féminins espacés d'un demi ton. Ces liu ne formaient cependant pas une échelle : l'ancienne musique chinoise était fondée sur des effets de notes isolées, et non sur une courbe mélodique. Certains accords étaient autorisés, permettant de marier les liu masculins et les liu féminins, soit à la quarte, soit à la quinte.
Il est possible d'imaginer à partir d'une telle gamme, dite gamme par ton, chère à Debussy, des accords de deux sons à la tierce mineure entre les deux gammes ou des accords de trois sons, tierce et quinte sur une même gamme.
07:41 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liu, musique chinoise, cérémonie, gamme, pentacorde | Imprimer
10/01/2013
Le souffle
Il lui dit, dans un souffle
Laisse l’air t’envahir
Comme un gaz libéré
Perce ton opercule
Et ouvre ton espace
Au chant profond des sirènes
La mer a ses lubies
L’air n’est plus
Tu as les mains liées
Et les pieds empanachés
La pirouette du lapin
N’est pas celle des oiseaux
Avez-vous vu un oiseau
Voler sur le dos
Seules les machines humaines
Peuvent le faire
Mais à quel prix ?
Elles aspirent l’azur
Et recrachent la poussière
Encombrée de soucis
Le souffle passe, chaud
Il enserre le cou
Il caresse les cils
Et berce les oreilles
De son chant aigu
Puis, plus rien,
Que le silence des poètes
Qui résonne encore dans la tête
Le souffle est passé,
Il a marqué de son doigt le texte
Rien, plus rien
Ne doit être écrit
Alors laissons ce papier vide
Et partons ensemble vers le rêve
Celui de jours meilleurs
Et de soleil luisant
07:58 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
09/01/2013
Au fil des boutiques : JB Guanti, gantier
Nous avons déjà eu l’occasion d’admirer certaines boutiques de gants (voir au fil des boutiques : la maison Fabre, du 18 mai 2011, http://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/archives/category/decouvertes/index-1.html). Ne méritent-ils pas notre admiration ces boutiquiers qui s’efforcent de transformer en œuvre d’art leur devanture et de nous faire rêver devant les fantasmes qu’ils proposent.
La boutique est colorée, vivante, et les gens s’arrêtent pour y jeter un œil curieux avant de continuer leur chemin. Elle ne désemplit pas de personnes aux mains nues qui regardent tristement leurs doigts refroidis et bleutés et qui ressortent revêtus de cuir ou de laine de toutes les couleurs.
Nous assistons à un ballet bien réglé de mains ordonnées, strictes, qui serrent dans l’une l’autre échevelée, comme le font les BCBG qui ne peuvent mettre ensemble leurs deux gants, prêts à baiser la main d’une beauté survenant sur le trottoir. Cette fois il s’agit d’un bataillon de jeunes gens attentifs, fiers de mettre en évidence leur attention aux jolies filles de la rue Tronchet. Un environnement tel que la séduction devient jeu d’enfant.
Les messieurs plus sérieux sont à l’écart et mettent en évidence leur magnificence inégalée. Certes, même comportement, même attitude, mais avec quelle grâce et lenteur. Le sérieux devient jeu de séduction d’un autre âge, mais les gants restent la qualification des séducteurs quadragénaires du quartier. Quartier chic, donc soumis aux pressions du paraître et de l’élégance visible. Raideur des articulations, mais souplesse et tenue du cuir !
Mais les dames ne sont pas en reste !
Certaines restent sportives, aériennes, et se chaussent de gants à trous ou de peaux de gibiers coûteux.
D’autres se veulent plus féminines et classiques, et s’affublent de gants à pois. Quel effet au bout des doigts !
Enfin, certaines n’hésitent pas à paraître sérieuses, femmes d’affaires, mais strictes jusqu’au bout des ongles, revêtues de noir assaisonné de bleu ou rose fuchsia se dissimulant derrière l’élégance classique.
Et chacun, homme ou femme, repart fièrement, ganté de neuf, sortant de la boutique comme un prince du siècle dernier, remerciant les vendeurs de leur attention charmante.
07:40 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mode, élégance, société | Imprimer
08/01/2013
Liturgie, musique et cosmos
« En conclusion de mes réflexions, je citerai une belle parole du Mahatma Gandhi que j’ai trouvé récemment sur un calendrier. Gandhi évoque les trois milieux dans lesquels s’est développée la vie dans le cosmos et note que chacun d’eux porte une façon d’être propre. Dans la mer vivent les poissons, silencieux. Les animaux qui vivent sur la terre ferme crient, tandis que les oiseaux qui peuplent le ciel chantent. Le silence est le propre de la mer, le propre de la terre ferme, c’est le cri, le propre du ciel le chant. Mais l’homme participe des trois : il porte en soi la profondeur de la mer, le fardeau de la terre et les hauteurs du ciel. C’est pourquoi il est aussi silence, cri et chant
(…) La véritable liturgie, la liturgie de la communion des saints lui (à l’homme) restitue sa totalité. Elle lui réapprend le silence et le chant en lui ouvrant les profondeurs de la mer et en lui apprenant à voler, à participer de l’être des anges. En élevant le cœur, elle fait retentir à nouveau la mélodie ensevelie. Oui, nous pouvons même dire maintenant, l’inverse : on reconnaît la véritable liturgie à ce qu’elle nous libère de l’agir ordinaire et nous restitue la profondeur et la hauteur, le silence et le chant. On reconnaît la liturgie authentique à ce qu’elle est cosmique et non fonction du groupe. Elle chante avec les anges, elle se tait avec la profondeur du tout, en attente. Et c’est ainsi qu’elle libère la terre, qu’elle la sauve. »
(Benoît XVI, L’esprit de la musique, Editions Artège, 2011, p.100)
Est-il nécessaire d’en dire plus ? L’esprit de la musique est un magnifique livre qui fait prendre conscience de la dimension spirituelle de la musique et de son importance dans la liturgie. Et l’on constate que cela n’est pas seulement vrai pour la liturgie chrétienne. Les extraits empruntés à la liturgie bouddhiste que nous vous avons présentés ces jours-ci en montre la réalité universelle.
07:54 Publié dans 41. Impressions littéraires, 52. Théorie de la musique, 62. Liturgie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique sacrée, musique, liturgie, littérature | Imprimer
07/01/2013
Le Petit Sauvage, roman d’Alexandre Jardin
Un jour, je m’aperçus avec effroi que j’étais devenu une grande personne, un empaillé de trente-trois ans. Mon enfance avait cessé de chanter en moi. Plus rien ne me révoltait. La vie et l’enjouement qui était jadis dans les veines s’étaient carapatés. Le Monsieur prévisible que j’étais désormais jouissait sans plaisir d’une situation déjà assise, ne copulait plus guère et portait sur le visage un air éteint. Je me prélassais sans honte dans la peau d’un mari domestiqué indigne du petit garçon folâtre, imprudent et rêveur que j’avais été, celui que tout le monde appelait le Petit Sauvage.
Ainsi commence ce roman dont l’objet est le retour à l’enfance bienheureuse, sans souci, sans projet, sans perspective autre que s’amuser. Ce qui signifie se débarrasser d’habitudes prises, de routines administratives, de contrefaçons mondaines. Alexandre se lance dans une fuite éperdue vers sa jeunesse, et il y réussit dans un premier temps. Il largue son entreprise, sa femme, et se retrouve dans le midi dans l’ancienne maison de famille devenue un hôtel. Il la rachète, va chercher sa grand-mère à l’hospice et s’installe comme il y a trente ans.
Ses aventures sont la surprise du livre. Les dévoiler ôterait le charme de ces pages écrites sous le feu. Reste une méditation sur la manière dont l’enfant devient adulte, se charge de poids excessifs, d’obligations infernales, et oublie peu à peu ces heures libres et belles de l’enfance au fil des heures : Le petit sauvage me mettait également en garde contre une attitude qui, à l’entendre, gâtait le sort de presque tous les adultes : ils se croient obligés. Il s’étonnait sincèrement du nombre inouï d’obligations fictives que les grands s’imposent ; comme si les contraintes réelles de la vie ne suffisaient pas ! (…) Je me souviens également de cette phrase qui me frappa : les grands n’ont pas l’air de se rendre compte qu’ils sont libres. Ils n’ont plus d’adultes sur le dos et ils n’en profitent même pas ! Toi, tu en profiteras !
A trente-huit ans, il découvre dans les bras de Manon-Fanny ce que le terme extase s’efforce d’exprimer. Il découvre par la même occasion, la joie de l’incohérence. Il comprit qu’il n’est pas de vraie vie sans incohérences. Les hommes et les femmes qui tentent de se conformer toujours à une certaine idée d’eux-mêmes, quelle qu’elle soit, sont des presque-cadavres. La cohérence mutile ; l’incohérence régénère.
07:56 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : roman, amour, littérature, enfance | Imprimer
06/01/2013
Chant bouddhiste chinois
Reprenons les chants sur lesquels nous avons donné une première impression le lundi 24 décembre et tentons d'analyser comment ces chants sont contruits en nous référant à la théorie établie le 2 janvier :
(http://www.youtube.com/watch?v=zuvGyqCkwDM&NR=1&feature=endscreen)
En 0:07:00
Chant en mode féminin 1 ou en mode tché :
La gamme chantée est :
mi b – fa / la b – si b – do
1 - 1,5 - 1 - 1
Elle est chantée sur l’étendue
si b – do // mi b – fa / la b – si b – do
avec les intervalles
1 - 1,5 - 1 - 1,5 - 1 - 1
dominante : la b
finale : do.
Il s’agit du mode pentatonique
do – ré / fa – sol – la
1 - 1,5 - 1 - 1
Employé sur une étendue
La – sol // do – ré / fa – sol – la
Avec pour dominante le fa et finale le sol.
En 0.33.00
Chant en mode masculin :
La gamme pentatonique utilisée est :
ré – mi – fa# / la – si
1 - 1 - 1,5 - 1
Elle est chantée sur l’étendue
si // ré – mi – fa# / la – si // ré – mi – fa#
avec les intervalles
1,5 - 1 - 1 - 1,5 - 1 - 1,5 - 1 - 1
dominante : la et fa#
finale : tantôt le mi, le ré ou même le si inférieur.
Il s’agit du mode pentatonique masculin
do – ré – mi / sol – la
employé sur l’étendue
la // do – ré – mi / sol – la // do - ré – mi
dominante : 5ème degré, soit la
finale : ré, do ou même le la inférieur
En 1:08:45 :
Chant en mode masculin :
Le chant devient presque polyphonique ou plutôt il s’accompagne d’un ison à la manière des orthodoxes.
Le mode pentatonique utilisé est
sol – la – si / ré – mi
1 - 1 - 1,5 - 1
Elle est chantée sur la même étendue, à deux voix :
. les premières sur le chant principal indiqué ci-dessus,
. les secondes sur le ré et mi supérieur qui forme une ison sur le chant principal.
07:10 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique extrême-orient, chine, bouddhisme, modes musicaux, gamme pentatonique | Imprimer
05/01/2013
Innondation 2
Pendant longtemps j’ai cru
Que la rivière débordait
Parce que trop d’eau, trop d’eau
Mais peut-être n’est-ce pas vrai ?
Trop contrainte, elle s’étale
Elle se laisse aller, bienheureuse
Et va caresser ce qu’elle ne voit jamais
Ces rives enchantées et fleuries
Elle va chatouiller les pieds nus
D’arbres évaporés naviguant sur la terre
Elle soulève leurs bottes
Et dépose un baiser en silence
Elle poursuit sa quête vaine
De terres à découvrir, à recouvrir
Ces gouttes laissées sur le feuillage
Elle prend ses vacances, hilare
Et se donne à cœur joie
Et s’approche des maisons
Pour y jeter un œil malicieux
Qu’y-a-il dans la cave ?
La cuisine est-elle propre ?
Le salon mérite-t-il le détour ?
Les jardins sont visités
Et revêtus de la douceur boueuse
Des alluvions descendant des collines
Elle poursuit sa route, guillerette
Vagabonde dans des lieux insolites
Cimetière aux portails rouillés
Guinguettes aux tendres échanges
En ville, elle se lâche dans les rues
Et enserre la prison d’une langue froide
Elle repart dans d’autres platitudes
Champs dorés, prés verdoyants
Puis, bientôt, sables accumulés
Aux méandres paresseux et frivoles
Avant de plonger dans l’inconnue
La grande sœur délirante et pudique
Qui accueille toutes les orphelines
En mal d’évasion et d’indélicatesse
07:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, écriture, poème | Imprimer
04/01/2013
Les heures souterraines, roman de Delphine de Vigan
La journée du 20 mai pour deux êtres, homme et femme, à qui l’on veut faire croire, par l’intermédiaire du lecteur, qu’ils sont faits pour s’entendre. Et pourtant, leurs situations sont tellement différentes. L’un, Thibault, ne sait s’il aime ou non sa compagne qui, elle-même, ne semble pas l’aimer. L’autre, Mathilde, veuve, deux enfants, est en butte au harcèlement moral de son patron qui, pour une faute insignifiante, l’écarte progressivement de toute activité. Si la situation paraît convaincante pour la seconde, elle frise le ridicule pour le premier. Quel remplissage.
Il est néanmoins intéressant de suivre la lente décomposition de cette femme qui avait tout pour réussir et qui se trouve, d’abord de manière insignifiante, puis outrancière, écartée de tout pouvoir et même de toute relation dans l’entreprise. La démarche est bien décrite, ses doutes, ses interrogations, ses craintes, sa torpeur et, finalement, son impuissance. Elle résiste pourtant, elle tient envers et contre tout. Mais elle finit par donner sa démission, sans aucune contrepartie.
En parallèle, on vit avec Thibault, ou plutôt, on erre avec Thibault de patient en patient, car il est médecin. Ses réflexions sont maigres, ses maladresses fréquentes, rien qui ne vaille la peine de s’y attarder.
Ils se rencontrent à la fin du livre. On est impatient de savoir ce qui va se passer. Mais la fin est sans relief, comme un œuf au plat mangé sur la table de la cuisine au retour du travail. Que deviendront-ils ? On ne le sait. Ils errent dans ce désert d’une vie urbaine où les sentiments, espoirs et raisons de vivre se sont évaporés. Quelle vision de la vie, plus proche de la mort que de la résistance.
Face au harcèlement moral d’une personne, son supérieur bien sûr, le seul moyen est de tenir sur un projet que l’on sait valable et de démontrer son intérêt en contournant l’objecteur, c’est-à-dire en le faisant approuver par une entité supérieure. Lorsqu’il est reconnu et approuvé par des gens très variés, alors il est possible d’affronter le harceleur qui, même s’il ne veut pas reconnaître ses torts, est bien contraint d’accepter votre projet. Cela demande persévérance, aucun découragement, des vérifications permanentes (il ne s’agit pas de se tromper) et l’entretien de relations avec vos anciens subordonnés.
Ne comptez pas sur les autres pour prendre votre défense et protester contre votre harceleur. Ils se retrouveraient dans votre cas. Dans tous les cas, vous serez éjecté. Mais vous trouverez autre chose, gagnant. In fine, il croira avoir eu votre peau, mais vous en sortirez grandi.
Donnez-vous un projet, croyez-y, travaillez, établissez de nouveaux réseaux qui contournent l’obstacle. Vous en trouverez un bien, immanquablement.
06:26 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, société, psychologie | Imprimer
03/01/2013
Notre idéal de vie
En lisant « Le Petit Sauvage », roman d’Alexandre Jardin (nous en reparlerons), on en vient immanquablement à s’interroger sur sa vie d’adulte. Ai-je bien réalisé la vie dont j’ai rêvé enfant, ou plutôt l’idéal de vie qui constitue le plus profond de ce que j’ai rêvé d’être ? Alexandre choisit le retour à l’enfance de ses huit ou de ses treize ans. Mais il échoue, rattrapé par l’écoulement des ans. Le retour à l’enfance ne peut être un idéal de vie. Ce serait se rogner les ailes. La seule vraie enfance est celle qui reste devant nous. Mais encore faut-il ne pas la perdre de vue.
Ne jamais oublier l’idéal que nous nous sommes fixé. Mais d’abord quel est-il ? En y réfléchissant, il m’apparaît que l’important est de conduire au maximum de leurs possibilités chacune des parties de mon être, même si ce maximum n’atteint pas le niveau d’un prix Nobel. Tout le monde ne peut prétendre à cette récompense, ni même à une renommée internationale ou même nationale. Au fond, peu importe la reconnaissance que peuvent avoir les autres de ce que vous avez fait. L’essentiel est de l’avoir fait et de sentir que vous vous êtes épanoui à développer cette partie de vous-même.
La quête du graal, c’est la quête de soi-même. Vous courrez derrière jusqu’au jour où vous comprenez que l’important n’est pas de se trouver, mais de parcourir le chemin qui vous permettra de vous trouver. Epuiser toutes les possibilités de chacune des parties de son être, les amener à leur maximum, partie après partie, jusqu’à faire le tour de soi-même. Et si vous avez bien compris cet idéal de vie, vous n'atteindrez jamais ce tour de vous-même. Vous mourrez en cherchant encore et encore à améliorer telle ou telle partie de votre personnalité que vous n’avez pas encore développée.
En chemin, c’est-à-dire tout au long de la vie, ne pas se laisser attirer par ce qu’attendent les autres de vous. Ils vous voient à telle place, ou à telle autre, dans telle ou telle position sociale, professionnelle, familiale, etc. Non, être soi-même, c’est ne jamais déroger à la règle principale : se donner à fond pour toujours découvrir, embrasser le monde, lui apporter notre contribution, sans jamais chercher à en recueillir des intérêts. Et pour cela toujours s’améliorer, innover, s’enrichir sans esprit de patrimoine. Il suffit que chaque étape corresponde à une possibilité d’épanouissement pour vous-même.
Alors vous approchez du bonheur, sans jamais le saisir totalement. Vous avez sur vos lèvres cet avant-goût de paradis, vous buvez le lait de la félicité, mais sans jamais en profiter. Simplement, le laisser s’écouler et vous y baigner.
La vie est un apprentissage. Le jour où l’on n’a plus rien à apprendre, on meurt, même si l’on se croit toujours vivant.
07:05 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, philosophie, épanouissement, réalisation de soi | Imprimer
02/01/2013
La musique chinoise d'origine populaire
C'est la musique typique de l'Extrême-Orient, utilisant une gamme de base pentatonique à tons entiers et tierces mineures sans demi-tons, soit les intervalles 1 - 1,5 - 1 - 1 - 1,5. Cette gamme, née de la théorie des quintes montantes et des quartes descendantes, ne comporte pas de Si, ni de Mi.
Dans sa version traditionnelle, elle utilise deux modes avec le même registre et les mêmes fondamentales et dominantes, les modes masculin et féminin, et un 2° mode féminin, avec une autre fondamentale et sans dominante.
Dans sa version savante initiale, chaque note de la gamme de base donne naissance à un mode qui porte le nom de la tonique. En combinant ces 5 modes avec les 12 liu furent formés 60 tons différents.
Deux notes complémentaires furent ajoutées à cette gamme pentatonique pour former une gamme de 7 sons à l'époque Tchéou (1134-256 av. J-C). Elles se trouvent à moins un demi-ton de la note fondamentale du dicorde et du tricorde : l'une s'appelle "pien-tche", c'est à dire tche modifié, l'autre "pien kong". Les 7 modes se forment en prenant chacun des 7 degrés pour servir de tonique. La combinaison des 7 modes avec les 12 liu a produit 84 tons différents.
Chaque mode a son propre caractère :
. mode la b, si b, do, ré, mi b, fa, sol, la b : frais et profond;
. mode ré, mi, fa #, sol, la, si, do, ré : élégant et raffiné;
. mode la, si, do, ré, mi, fa, sol : l'ordre et le calme;
. mode sol, la, si b, de, ré, mi b, fa, sol : la tendresse et les pleurs.
07:11 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique chinoise, gamme pentatonique | Imprimer
01/01/2013
Premier de l'an
Premier de l’an,
Premier jour de l’année 2013
Rien de l’extérieur ne semble le rappeler
La rivière coule comme à l’accoutumée
Les voitures passent lentement sur la route
Le chien d’Emile vaque à ses besoins
Non, rien n’est différent des autres jours
Et pourtant…
Les nuages se chargent de couleurs
Les arbres frissonnent d’air ambiant
Les oiseaux pépient derrière la vitre
Le héron dans le pré se couvre de blanc
Rien n’est changé, mais tout respire
Tout aspire à une autre vie,
Mais en sommes-nous conscients ?
Certes, nous avons fêté ce passage
Le verre à la main, les yeux dans les yeux
Mais quel passage ?
La fumée qui sort des cheminées
Reste à trainasser sur le sol
Elle ne monte pas droite vers le ciel
Mais emprunte des voies détournées
Elle s’effondre sur elle-même
Et semble dire, à quoi bon !
La journée s’éternise, bleutée, mélancolique
Tout s’entasse en ce jour béni
Sans vouloir sortir du décor fabriqué
L’on tente de s’y confondre...
Abandon...
Est-ce vraiment un jour spécifique
Où rien n’est comme avant
Et rien ne sera comme après ?
Je découpe aussitôt une heure du jour
Et tente de la recoller ailleurs
Mais elle ne tient pas sur la page du temps
Seul ce jour l’accueille, en surplus
Qu’y a-t-il dessus ?
On ne sait pas que l’on vieillit
Ce jour nous le rappelle
Amusons-nous du temps qui passe
Et pleurons ce que nous n’avons pas fait
Alors que nous en avions le temps
Réjouissons-nous de ce que nous avons vécu et fait
Et nos rêves deviendront réalité dans cette nouvelle année
Tournons-nous vers l’avenir
Admirons ce champ immense
De toutes les possibilités
Et laissons errer notre fantôme
Sur cette patinoire reluisante
Une nouvelle année,
Quelle glissade !
10:18 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, littérature, écriture, poésie | Imprimer
31/12/2012
La femme qui attendait, roman d’Andreï Makine
Une femme si intensément destinée au bonheur (ne serait-ce qu’à un bonheur purement physique, oui, à un banal bien-être charnel) et qui choisit, on dirait avec insouciance, la solitude, la fidélité envers un absent, le refus d’aimer…
Ainsi commence ce roman qui tourne autour du corps de la femme, une femme qui refuse de croire à la mort de son fiancé plus de trente ans plus tard. Et ce refus est parfois synonyme de mort. Il se traduit par le froid des paysages, les changements de temps, le bruit de la glace qui tombe des toits. Et d’autres fois, il devient pleine vie, au-delà des apparences, grâce au soleil d’un printemps qui met du temps à venir, à une fleur ramassée dans la campagne.
Et c’est bien à une retraite que nous convie l’auteur, retraite au-delà de la vie, dans cette après-vie, avec de vieilles personnes près de la mort : Elle dort dans une sorte de mort anticipée, au lieu du temps qu’elle a suspendu à l’âge de seize ans, marchant en somnambule parmi ces vieilles qui lui rappellent la guerre et le départ de son soldat… Elle vit un après-vie, les morts doivent voir ce qu’elle voit…
Peu à peu, il apprivoise cette femme, avec douceur, mais désir de son corps. Elle est belle malgré son âge. Elle semble pleine de désirs cachés. Il apprend ses rêves : J’ai attendu le train de Moscou… Cela m’arrive de temps en temps. Toujours presque le même rêve : la nuit, le quai, il descend, se dirige vers moi… Cette fois, c’était peut-être encore plus réel qu’avant. J’étais sûre qu’il viendrait. J’y suis allée, j’ai attendu. Tout cela est déraisonnable, je sais. Mais si je n’y étais pas allée, un lien se serait rompu… Et ce ne serait plus la peine d’attendre… Il apprend à la connaître doucement : Ses paupières battaient lentement, elle leva sur moi un regard, vague et attendri, qui ne me voyait pas, qui allait me voir après le passage des ombres qui étaient en train de traverser. Je devinais que durant cette cécité, je pouvais tout me permettre. Je pouvais lui prendre la main, je touchais déjà cette main, mes doigts remontaient sans peser sur son avant-bras. Nous étions assis côte à côte et la sensation d’avoir cette femme en ma possession était d’une force et d’une tendresse extrêmes.
Elle finit par se donner à lui, égarée, enfantine en amour, fière de sa condition féminine : Cette femme sûre disparut dès les premières étreintes. Elle ne savait pas qui elle était en amour. Grand corps féminin aux inexpériences adolescentes. Puis une véhémence musculeuse, combative, imposant sa cadence au plaisir. Et de nouveau, presque l’absence, la résignation d’une dormeuse, la tête renversée, les yeux clos, la lèvre fortement mordue. Un éloignement si complet, celui d’une morte, qu’à un moment, me détachant d’elle, je lui empoignais les épaules, la secouait, trompé par sa fixité. Elle entrouvrit les yeux, teintés de larmes, me sourit et ce sourire se mua, respectant notre jeu, en un rictus trouble de femme ivre. Son corps remua.
C’est un roman poétique, empli de la féérie des saisons de glace, des forêts immenses, des villages sans âme. Et progressivement se déroule l’histoire, dans laquelle l’imagination a autant d’importance que le réel vécu. Un rêve que l’auteur vit de manière très concrète, attaché à de petits riens qui sont autant de construction de la réalité. Il se prépare à repartir, sortir de cette après-vie qui semble la vie normale de ce village de vieilles femmes sur laquelle veille une femme plus jeune, encore désirable. Oui, c’est un beau roman !
07:10 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, femme, vie, féminité, solitude, philosophie | Imprimer
30/12/2012
Réminiscence
Réminiscence, perdue dans les plis
D’un cerveau encombré de souvenirs
La lueur d’une inquiétude nerveuse
Comme une puce maligne et agitée
L’image ressurgie de jugements
Abruptes et sans fondement
Comme un aigle volant au-dessus
Du nid douillet des habitudes
Pourquoi t’es-tu donné ainsi ?
Nous avons tous de ces instants
De doute et d’artifices
Qu’en faire, sinon les revivre
Avec le recul de l’âge et du temps
Et reconstituer les heures sombres
De moments oubliés, enfouis, anéantis
Cette armure, construite patiemment
Te protège du passé noire
Fendillée, elle laisse s’échapper
L’odeur pestilentielle des cuisines
D’une vie sombre et inconnue
Nettoyage intempestif des recoins
D’une mémoire défaillante
L’écouvillon fonctionne, agité
Et ouvre des réseaux inconnus
Entre ces vies différentes
Rapprochant ainsi des détails
De liens jusqu’alors inusité
Un son, un goût, une odeur
Et valse la sécurité d’un passé
Bien ancré dans ces certitudes
En volutes de fumée s’échappent
Ces instants honnis et oubliés
Et on s’allège, on se dégage
On se laisse fumer, plumer
Jusqu’à l’absence et le renouvellement
Oui, on est prêt à tout,
Le cœur léger et ferme
C’est ainsi que nous sommes
Pauvres humains
Comme des oiseaux volant
Dans un ciel dégagé
07:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, littérature, écriture, poésie | Imprimer
29/12/2012
Impressions visuelles
Regardez le centre, la petite croix avec un point noir. Vous verrez bientôt apparaître des formes insoupçonnées, un monde imaginaire et mouvant. Et si vous louchez un peu, alors vous verrez bien d’autres formes. C’est un véritable kaléidoscope fabriqué avec de simples rectangles noirs et blancs.
Mais quel travail si l'on sait que ce tableau fait 1,50x1,50m.
07:12 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, art cinétique, peinture, dessin, abstrait | Imprimer
28/12/2012
Retour à l’intime, la collection Giuliana et Tommaso Setari, à la maison rouge
L’opuscule qui nous est remis à l’entrée précise que cette neuvième collection est une étape hors des sentiers battus. J’ajouterai, pour être plus exact, que c’est un saut dans l’artefact au sens où l’artéfact est un effet (lat. factum) artificiel (lat. ars, artis). Le terme désigne à l'origine un phénomène créé de toute pièce par les conditions expérimentales, un effet indésirable, un parasite. Mieux même, « dans plusieurs domaines scientifiques, un artéfact est un phénomène ou un signal artificiel dont l’apparition, liée à la méthode utilisée lors d’une expérience, provoque une erreur d'analyse » (article Wikipedia). A lire l’opuscule et à voir les œuvres, c’est à peu près ce que l’on ressent.
Avant d’entrer dans la première salle, on voit au bout du couloir une glace sur laquelle est reportée une photographie, celle d’un homme des années 50. « Posé à même le sol pour être de plain-pied avec le spectateur, qui partage ainsi l’espace du tableau avec la silhouette anonyme de cet homme au tabouret. L’œuvre intègre à la fois l’espace (environnant) et le temps (les reflets successifs qui s’inscrivent sur sa surface) ». L’effet est intéressant, décoratif même, mais est-ce une œuvre d’art ?
Et je poursuis ma lecture de l’opuscule pensant trouver dans le texte ce que je ne vois pas. Le problème est qu’au fil des descriptions, je ne vois même pas de quelle description il s’agit. Je me rappelle un tableau abstrait de couleur fade, si fade qu’il semblait lavé à l’eau de mer. Mais où se trouve sa description dans le document. Après de nombreuses diversions, je finis par la trouver. « D’abord proche d’une abstraction informelle, elle se démarque à partir de 1965 par son utilisation de matière translucide, le Sicofoil, qui laisse passer la lumière, les motifs d’arabesques, infiniment répétées, que l’artiste rapproche elle-même de l’art islamique dans des couleurs vives… » Zut, cela ne doit pas être cela ! Ah, c’est peut-être cela : « L’énergie qui se dégage du tableau crée un contrepoint à la délicatesse chromatique des œuvre d’Ettore Spalletti…. La couleur prend un aspect velouté, aérien, grâce à une technique basée sur celle de la fresque ; les structures sont recouvertes de plusieurs couches de mélange de pigments poncées successivement, pour obtenir une surface poudreuse… Une impression d’harmonie et de sensualité se dégage de la simplicité formelle de cette installation. » Bon, bref, je ne sais où trouver la description de ce tableau.
Poursuivons ! « La vasque de verre de Lucialo Fabro (Iconografia Gandhi, 1975) rend hommage à des hommes ayant sacrifié leur vie pour leur cause. Le soin que l’œuvre réclame (l’eau doit toujours rester au même niveau) prend dès lors valeur de rituel, perpétuant la mémoire du grand homme, dont le nom est gravé sur le cylindre de verre. » Quel hommage : c’est une œuvre parce que la chaleur laisse évaporer l’eau !
Nous nous arrêterons sur cette description : « L’atmosphère est au recueillement dans cette salle que rassemble des œuvres autour de la thématique de l’absence et de la mort. L’italienne Vanessa Beecroft est essentiellement connue pour ses performances exposant, le temps d’une soirée ou d’un vernissage, des corps humains archétypiques, présentés dans une mise en scène aseptisée et artificielle. Ici toutefois, il ne s’agit pas d’un corps parfait, mais d’un corps meurtri. La fascination pour la beauté que Beecroft exploite d’habitude se mêle à une fascination pour le morbide. » Il s’agit d’une femme nue, offerte, mais couverte de plaies, effectivement morbide. Non, ce n’est pas elle, mais qui est-ce ? J’aurai dû noter chacune des œuvres !
Et plus on avance vers la sortie, plus les thèmes et leurs commentaires semblent dissociés. On se demande de quoi l’on parle ! Peut-on parler d’œuvres absconses ou de commentaires sur-élogieux ?
Oui, il s’agit bien d’artefact et non d’art de facto !
07:41 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art contemporain, peinture, sculpture, photographie, mode, arts plastiques | Imprimer
27/12/2012
La musique religieuse chinoise
Cette note est la suite de celle du 17 octobre 2011, intitulée "La musique Extrême-orientale" que vous pouvez consulter en cliquant ici : http://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/archive/201...
"Si une note se produit, c'est dans le cœur humain qu'elle a pris naissance. Si le cœur humain est ému, c'est par l'action des objets. Sous l'impression des objets, il s'émeut, et son émotion se manifeste par des sons. Les sons se répondent entre eux, ainsi, ils se différencient. C'est lorsqu'ils présentent des différences qu'ils prennent le nom des notes."
Ainsi commence le Yüeh Chi, partie du Li Chi ou Mémorial des rites, qui expose la doctrine officielle de la Chine sur la musique. Rédigé au 1° siècle avant notre ère, son existence est beaucoup plus ancienne.
Selon le Yüeh Chi:
· La musique est la langue naturelle des sentiments. Ceux-ci expriment la relation de la conscience avec l'univers, du sujet avec l'objet, du moi avec le non-moi. Le son est le signe de cette relation. Le son ne devient musique que lorsqu'il succède à plusieurs sons. Ils expriment alors l'émotion, les états mouvants du cœur.
· La musique agit sur les sentiments. Il y a une musique qui inspire la vertu, une autre qui corrompt les mœurs. Comme dans la Grèce antique, les chinois estiment que la musique fait partie de la morale.
· Le fondement de la musique est l'harmonie de toute la nature. Intimement liée aux rites dont elle est inséparable, l'harmonie embrasse le ciel et la terre, exprimant les relations du Ying et du Yang. La musique est associée au ciel, à la lumière, au principe mâle, au Yang; les rites à la terre, à l'obscurité, au principe femelle, au Yin.
"La musique recherche l'harmonie. Elle est associée aux plus hautes valeurs spirituelles: elle est du domaine du ciel. Les rites tendent à percevoir les différences, ils sont du domaine de la terre. C'est pourquoi les sages ont composé de la musique pour qu'elle puisse correspondre au Ciel et qu'ils ont institué les rites, pour qu'ils correspondent à la terre. Ainsi, quand les rites et la musique se manifestent en toute perfection, le ciel et la terre sont en parfait accord."
· La musique n'est pas faite pour exalter les passions, mais pour les modérer. Ce qui importe, c'est la pensée qu'elle exprime et non la sensation qu'elle donne. Par la musique, l'humanité se rapproche de la sagesse.
· Les cinq notes de la gamme pentatonique s'intègrent aux cinq éléments (terre, métal, bois, feu et eau), aux cinq directions de l'espace (centre, ouest, est, nord et sud), aux cinq planètes (Mercure, Saturne, Jupiter, Mars et Vénus) et aux cinq couleurs (jaune, blanc, bleu, rouge, noir).
Et pour illustrer cela, voici les chants de la prière du matin au temple bouddhiste de Hong Fa, à Shen Zhen :
07:28 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique orientale, chine, cérémonie, liu, gamme, pentacorde | Imprimer
26/12/2012
Train de nuit
Défilent les boutons blancs ou jaunes
Derrière la chevelure de Madame
Elle baille discrètement, souriante
Elle semble s’excuser du regard
Et la voiture file dans le noir
Partie dans l’ouate du voyage
Elle échappe à la raison pure
Pour errer avec sollicitude et patience
Sur les vapeurs de rêve entrecroisées
Des nantis d’un billet désiré
Dehors les autres, ceux qui nient
La nécessité de disposer d’un papier
Pour s’enfuir dans l’éther dilué
Et le maître des lieux, casqué
Demande à chacun son obole
Le sésame érodé tel un talisman
Le crayon sur l’oreille grasse
Il pérore avec la voyageuse
Qui ignore sa langue vivante
Et pépie des caquètements
Pour signifier sa colère montante
Je tends mon autographe signé
D’un quelconque bureaucrate
Il me sourit, patient et distrait
Le poinçonne avec application
Puis poursuit sa course dévoreuse
D’autres trous à perforer, toujours plus
Je me love dans un angle
Fermant les yeux sur le lac
Noir et morne de la vitre
Jusqu’à ce qu’enfin
Le sommeil vienne
Etouffé et boutonneux
Pour revigorer ce corps sans vie
07:11 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, littérature, poésie | Imprimer
25/12/2012
Vivre la nativité
Dans sa sagesse, chaque année, l’Eglise nous offre de vivre et de revivre l’expérience chrétienne.
Car c’est bien à une expérience qu’elle nous invite au-delà de la vision théologique. Chaque année, l’Eglise m’invite à la conversion dans le temps de l’Avent ; chaque année, l’Eglise m’invite à vivre la naissance du Christ en moi ; chaque année, l’Eglise m’invite à mourir à moi-même comme le Christ le fit lors de sa passion ; et chaque année, l’Eglise m’invite à participer à la gloire du Père dans la lumière de la Pâque. Chaque année de ma vie, je suis invité à approfondir ce cycle merveilleux de l’expérience chrétienne. Lié au cycle naturel des saisons, il se déroule en spirale, à l’égal de ma vie humaine, avec ses élans et ses chutes, avec sa puissance et ma pauvreté, avec la distance toujours vécue qu’il y a entre l’expérience de la vie divine en nous et l’expérience de notre pesanteur à la faire perdurer en nous.
La liturgie du temps de Noël nous convie à méditer les trois aspects du mystère de l’Incarnation. D’abord la naissance éternelle du Verbe qui reçoit éternellement la nature divine du Père. C’est à ce titre qu’est lu dans la messe du jour de Noël le prologue de l’évangile de Saint Jean : Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout s’est fait... Ensuite, la naissance temporelle du Verbe dans l’histoire des hommes : et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous... Enfin, la naissance spirituelle du Verbe en chacun de nous pour donner vie à l’Eglise, corps mystique du Christ : tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu.
07:24 Publié dans 62. Liturgie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : noël, spiritualité, religion, naissance, liturgie | Imprimer
24/12/2012
Musique religieuse chinoise
http://www.youtube.com/watch?v=zuvGyqCkwDM&NR=1&feature=endscreen
Où est-ce ? Peut-être en Chine. Pékin, Shanghai ? La cérémonie est probablement bouddhiste, reconstituée sur la scène d’un théâtre. C’est beau, c’est évidemment très médiatique ou théâtral, avec effets de sons, de lumières, de mouvements et bien sûr un présentateur à l’occidental. Mais derrière toutes ces apparences, il y a quelque chose qui dépasse la simple représentation : le mystère des traditions religieuses. Et derrière la tradition primordiale qui concerne le fond même de la religion (En qui croyons-nous et quel est notre Dieu ?) on trouve la musique, qui, comme la forme de la liturgie, permet d’accéder à l’au-delà des apparences. Et l’on s’étonne ! On pourrait se croire dans un monastère chrétien. C’est parfois assez proche du chant ambrosien ou du chant vieux romain, voire du chant grégorien. N’est-il pas étonnant que deux civilisations que rien ne rapproche, s’éveillent à l’invisible et à l’inaudible par les sons. La même expérience du « numineux », la même quête d’un monde absolument autre (R. Otto, Le sacré, Paris, 1929, p.22).
Voir en 52. Liturgie, la note du 29 décembre 2010, intitulée « Réflexions sur la musique sacrée ».
Cependant, même si les similitudes sont réelles, la forme et l’expression du chant sont fondamentalement différentes.
La forme est modale et pentatonique, ce qui signifie que la gamme sur une octave ne comprend que cinq notes et non sept comme notre gamme tempérée. Et cette gamme peut former des modes d’une étendue plus large que l'octave et comportant des fondamentales et dominantes très variées.
Voir en 42. Théorie de la musique, la note du 17 octobre 2011, intitulée « La musique extrême-orientale ».
On peut également noter que le chant lui-même est assez différent du chant occidental dans sa manière de le produire. Les modulations sont le plus souvent nasales, les sons sortent de la gorge en utilisent assez peu la caisse de résonance du conduit vocal.
Nous analyserons dans les jours qui viennent toute cette musique d'Extrême-Orient. Pour l'instant emplissons-nous de ces chants qui réjouissent l'âme, malgré leur monotonie.
07:10 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chant sacré, musique religieuse, gamme pentatonique, numineux, spiritualité | Imprimer
23/12/2012
L'odeur personnelle
Chaque humain, homme ou femme, possède une odeur personnelle. Je ne parle pas des odeurs que d’autres produits, touchés ou projetés, laissent sur la peau, tels le savon, les liquides de vaisselle ou même les parfums. Non, il s’agit de cette odeur indéfinissable qui irise chaque personne et qu’elle cache sans s’en rendre compte, dans ses recoins, ses plis, ses cheveux et j’en passe. Vous ne la percevez pas, même lorsque vous êtes près de cette personne. Mais si déjà vous lui faites un baiser, vous la discernez, infinie et légère. Et si vous épanchez encore plus, si vous l’embrassez réellement, alors vous entrez dans son intimité et faites connaissance avec son odeur. Désormais, vous la reconnaîtrez à son odeur et plus seulement à sa vue. Et si bien sûr vous l’aimez, cette odeur restera pour vous ce lieu de repos et de bien-être qui vous berce tout au long de la vie. Vous vous en enivrez, bien au-delà de la vue et du toucher.
Peut-être est-ce pour cela que depuis une trentaine d’années, et même plus, les gens ont pris l’habitude de s’embrasser au lieu de se tendre la main : les hommes embrassent les femmes, les femmes embrassent les hommes et les femmes. Auparavant, à certaines heures de la journée et selon les lieux, les hommes baisaient la main des femmes et, parfois, arrivaient à percevoir leurs phéronomes. Désormais, ils sont conviés à faire mieux, sous des prétextes de camaraderie ou d’amitié ou parce qu’ils ont le même âge. En est-il de même pour les femmes ? Elles embrassent des personnes des deux sexes. C’est sans doute parce que les femmes se lient d’amitié plus facilement que les hommes. Les amitiés de jeunes filles se marquent également d’une autre manière que les amitiés masculines.
L’odeur, plus encore que le toucher, vous fait entrer dans le monde intime de la personne. Vous ne formez plus qu’un, seuls dans votre bulle commune, ne voyant le monde qu’au travers de cette membrane déformante de l’amour ou de l'amitié. Et vous y êtes bien.
Mais est-ce seulement réservé aux êtres vivants (l’on connaît bien sûr l’importance des odeurs pour les animaux) ? Chaque maison a également une odeur. Lorsque vous entrez, vous la respirez sans vous en rendre compte. Mais elle est là. Lors d’un déménagement, il faut du temps pour que votre maison dégage l’odeur de la famille. Ce n’est que lorsque vous croyez ne rien sentir des effluves antérieurs que votre maison a pris votre exhalaison.
06:51 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : homme, femme, société, amour | Imprimer
22/12/2012
Inondation
Les eaux dans la nuit noire
Avancent à grandes enjambées
Elles fuient, par peur ou découragement
Elles s’évadent vers les lointains paysages
Où plus rien ne limitera l’horizon
Et si vous tentez de les retenir
Vous êtes emmenés avec elles
Fondus en elles, tourbillonnant paisiblement
Les eaux dans la nuit noire
Que vous préférez regarder
Sur la rive droite et fière
Ce passage furieux d’écume
Jaune, stupide de bonne volonté
S’engouffrant sans vergogne
Entre les piliers des ouvrages
Aspirant avec plus de netteté
A une course sans fin ni souvenirs
Les eaux dans la nuit noire
Dévalent dans mon cœur
Y laissant la marque profonde
D’un coup de couteau
Saigne petit ! Dégaine tes indolences
Ouvre tes yeux à l’aspiration
Et laisse-toi aller vers le sans fond
Là où plus rien ne peut t’atteindre
Les eaux dans la nuit noire…
Comme un commencement d’éternité
07:11 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, littérature, écriture, poésie | Imprimer
21/12/2012
Jusqu'où vont-ils !
(Horizon Mayenne, le journal du Conseil général de décembre 2012)
Que cherchent à nous faire croire les politiques ? Ils sont prêts à tout récupérer et à transformer en choix politique les conséquences de leurs erreurs.
Si vous lisez cet article qu’un journaliste ignorant du passé récent a écrit, vous avez l’impression que le recul des haies date de 1995. Et on nous explique quelles en sont les raisons : diminution de l’élevage, développement des surfaces cultivées (on a simplement remplacé les prés par des terres agricoles), coût d’entretien, etc. Ce que l’auteur de l’article oublie de dire, car on s’est bien gardé de le lui dire, c’est que la diminution des haies date d’abord et avant tout de la politique de remembrement que l’Etat a imposé, contre le gré de nombreux propriétaires, à partir des années 1960. C’était l’époque de l’idéologie de la rationalisation et de l’industrialisation de l’agriculture. Plus une haie, des champs à perte de vue, sans arbre, la Beauce pour toute la France, sans distinction de lieux géographiques, géologiques, géoculturels !
Et, tenez-vous bien, nos politiques refont la même erreur, sans comprendre la leçon durement apprise : il s’agit maintenant de détruire tous les barrages et ouvrages sur l’ensemble des cours d’eau non domaniaux. Propriétaires et usagers des cours d’eau ont beau tenter de s’y opposer, le rouleau compresseur de l’administration passe de la même manière qu’il est passé il y a cinquante ans avec le remembrement. Tout cela au nom d’une idéologie écologique inventée par les gens des villes qui n’ont pas d’expérience des campagnes. Et le coût est bien sûr salé, et même très salé ; mais il reste caché. Très probablement plusieurs milliards d'euros, vu le coût de plusieurs millions d'euros pour un seul bassin. Mais peu leur importe, ils vous disent qu’ils sauvent nos campagnes d’une eau de mauvaise qualité. Ils n’ont pas étudié suffisamment les conséquences de leur politique délirante. Peu importe, l’idéologie est là et exige, envers et contre tous.
Alors que nos politiques fassent preuve d’un peu d’humilité plutôt que de se vanter en permanence des millions qu’ils font dépenser aux finances publiques.
07:20 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, écologie, eau, continuité écologique | Imprimer
20/12/2012
Du domaine des murmures, roman de Carole Martinez
« On gagne le château des Murmures par le nord. Il faut connaître le pays pour s’engager dans le chemin qui perce la forêt épaisse depuis le pré de la Dame Verte. (…) Nous passons l’énorme huis de chêne et de fer, aujourd’hui disparu, et foulons l’herbe haute du parc en friche qui s’étend devant la façade nord du château. (…) La forteresse entière vacille sous nos yeux. Car ce château n’est pas seulement de pierres blanches entassées sagement les unes sur les autres, ni même de mots écrits quelque part en un livre, ou de feuilles volantes disséminées de–ci de-là (…) Non, ce lieu est tissé de murmures, de filets de voix entrelacées et si vieilles qu’il faut tendre l’oreille pour les percevoir. De mots jamais inscrits, mais noués les uns aux autres et voir qui s’étirent en un chuintement doux. »
Prologue du livre, il en donne le ton : un voyage au XIIème siècle dans un monde de folie, hanté par l’urgence de la vie courte et le fait de Dieu qui domine les vies et les prend dès leur naissance. La première page poursuit :
« Je suis l’ombre qui cause. Je suis celle qui s’est volontairement clôturée pour tenter d’exister. Je suis la vierge des Murmures. A toi qui peux entendre, je veux parler la première, dire mon siècle, dire mes rêves, dire l’espoir des emmurées.
En cet an 1187, Esclarmonde, Damoiselle des Murmures, prend le party de vivre en recluse à Hautepierre, enfermée jusqu’à sa mort dans la petite cellule scellée aménagée pour elle par le père contre les murs de la Chapelle qu’il a bâtie sur ses terres en l’honneur de sainte Agnès, morte en martyre à treize ans de n’avoir pas accepté d’autres époux que le Christ.
(…) Je suis Esclarmonde, la sacrifiée, la colombe, la chair offerte à Dieu, sa part. J’étais belle, tu n’imagines pas, aussi belle qu’une fille peut l’être à quinze ans, si belle et si fine que mon père, ne se lassant pas de me contempler, ne parvenait pas à se décider à me céder à un autre. (…) Mais les seigneurs voisins guettaient leur proie. J’étais l’unique fille et j’aurais belle dot. »
Mais elle dit non devant l’ensemble des invités de la noce et se coupe l’oreille pour montrer sa détermination.
Avant de se laisser enfermer, elle se fait violer et se retrouve enceinte dans son réduit. Elle met au monde un garçon, Elzéar. Elle est recluse, mais en fait elle vit ce siècle avec toute la puissance de son imagination et la vigueur de la réalité.
Etait-elle sainte ou était-elle une fille perdue malgré elle ? A vous de juger, de marcher sur ce fil où l’on tombe d’un côté ou de l’autre en un rien de temps, sur une impression, un murmure qui fait pencher la balance.
Un siècle où également on passe du réel aux contes :
« Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduite les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l’oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n’imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours ans avoir pourquoi. »
Un livre lent, méditatif, et, dans le même temps, violent, hurlant les conventions, la mort et, enfin, le mystère de la vie. A lire, mais surtout à relire, car c’est en le relisant, par bribes, que l’on y prend goût. On le ferme en rêvant d’un monde où l’on n’aurait probablement pas aimé vivre. Mais l’imagination permet d’oser ce que l’on ne ferait probablement pas dans la réalité.
07:49 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, littérature, femme, poésie, mariage | Imprimer
19/12/2012
Mouvement et repos
L’hélice, au centre, tourne de toute sa vigueur, s’échauffant elle-même. Mais les frottements étouffent ce feu et le conduit immuablement vers le froid de la mort symbolisée par les croix. Le passage est progressif, presqu’invisible. Seule la couleur change et laisse apparaître derrière le monobloc l’imperceptible modification de l’être.
07:29 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, art cinétique, peinture, dessin | Imprimer
18/12/2012
Le cercle
Sa ligne est frontière
Fermé sur lui-même
Il s’impose sur les angles
Et même sur le vide
Il est plein, vertueux
Il sourit à sa plénitude
Dans son encombrante forme
Ce n’est pourtant qu’un trait
Sur l’espace ouvert
Mais il se ferme rondement
Pressé de se retrouver
S’avalant lui-même
Jusqu’à satiété
Qu’enferme-t-il ainsi
Dans ce corps épais ?
Le rêve d’un monde clos
Où l’on s’endort finement
Dans le sommeil du juste
Pour ne plus ouvrir les yeux
A l’immensité du ciel
Toi, perdu dans sa magie
Que deviens-tu, aveugle ?
Il faut deux yeux pour voir la magnificence
D’un cercle parfait
Si bien tourné qu’il donne le vertige
Comment descendre de cette lune
Enfermé dans l’espace
Et retrouver la feuille
Blanche et nette
Où l’imagination conduit la main ?
Le cercle, c’est la promesse
D’un avenir plein, sans surprise
Un monde fini
Le palpable derrière le trait
06:39 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
17/12/2012
Le mystère de la matière noire (Arte-TV)
http://videos.arte.tv/fr/videos/le-mystere-de-la-matiere-noire--7112260.html
Une matière inconnue occupe 95% de l’univers et elle est invisible. Est-ce de la matière ou autre chose ? Personne ne le sait. On sait ce qu’elle n’est pas, mais on ne sait pas ce qu’elle est. Tous les scientifiques se penchent sur le problème sans pour l’instant avoir trouvé la solution. Ils le tentent par tous les moyens : l’astronomie, les radiotélescopes, l’infiniment petit, sous terre avec le LHC. Rien pour l’instant.
Mieux même, derrière la matière noire se cache l’énergie noire (ou sombre), détectée par le fait que l’univers accélère son expansion. L’espace se reproduit de plus en plus vite et cet agrandissement s’oppose à la gravitation.
Quelle ignorance ! Les atomes ne représentent que 5% de l’univers. La matière noire, inconnue, en représente 23%. L’énergie noire 72%. Et on en sait encore moins sur celle-ci que sur la matière noire. Mais dans le même temps, quel savoir ! Il existe quelque chose dont on ne sait rien, mais on sait, indirectement, qu’elle existe.
Quelle exaltation ! Nous aurons toujours quelque chose à découvrir. C’est bien le propre de l’homme, cette curiosité insatiable qui le pousse encore et toujours à aller au-delà de ce qu’il connaît. Qui, il y a encore cinquante ans, aurait pu soupçonner que l’ignorance de l’homme était aussi grande. On pensait, en auscultant l’idée du big-bang, arriver à savoir d’où nous venons et où nous allons, et l’on se trouve devant un puit sans fond qui attire les étoiles et les galaxies toujours plus loin.
Jusqu’où « Dieu » va-t-il nous entraîner ?
07:54 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : apocalypse, univers, savoir, galaxies, ignorance, philosophie, religion | Imprimer
16/12/2012
La délicatesse, roman de David Foenkinos (Gallimard, 2009)
Ce n’est pas un roman de haute tenue intellectuelle, mais, ne serait-ce que par son titre, il se laisse facilement lire et s'émaille de quelques bons mots.
Nathalie était plutôt discrète (une sorte de féminité suisse). Elle avait traversé l’adolescence sans heurt, respectant les passages piétons. Elle aimait rire, elle aimait lire. Elle rencontre François dans la rue et ce fut comme dans un roman. Un soir, il construit un puzzle devant elle. Elle y lit : « Veux-tu devenir ma femme ? »
C’est l’amour parfait. Mais François se fait écrasé en courant dans la rue. Errance de l’esprit et du cœur, pendant plusieurs mois avant de reprendre le travail.
Son patron, Charles est amoureux d’elle, mais elle ne le supporte qu'en tant que patron. Markus, un suédois engagé par la société, entre dans sa vie par la petite porte, sans effraction, imperceptiblement. Il était doté d’un physique plutôt désagréable, mais on ne pouvait pas dire non plus qu’il était laid. Il avait toujours une façon de s’habiller un peu particulière : on ne savait pas s’il avait récupéré ses affaires chez son grand-père, à Emmaüs, ou dans une friperie à la mode. (…) Elle décida alors de marcher vers lui, de marcher lentement, vraiment lentement. On aurait presque eu le temps de lire un roman pendant cette avancée. Elle ne semblait pas vouloir s’arrêter, si bien qu’elle se retrouva tout près du visage de Markus, si proche que leurs nez se touchèrent. Le Suédois ne respirait plus. Que lui voulait-elle ? Il n’eut pas le temps de formuler plus longuement cette question dans sa tête, car elle se mit à l’embrasser vigoureusement. Un long baiser intense, de cette intensité adolescente.
Malgré ce baiser, c’est un lent apprivoisement qu’ils devront faire tous les deux, l’un envers l’autre, avant de se découvrir. L’insolite est la délicatesse de ces rencontres, l’étonnement de Nathalie devant la maladresse de Markus. Il est hésitant, gauche, mais délicat. Et cette délicatesse devient pour lui un atout. Progressivement Nathalie se laisse enfermer dans ce charme discret. Elle comprenait qu’elle avait voulu cela plus que tout, retrouver les hommes par un homme qui ne soit pas forcément un habitué des femmes. Qu’ils redécouvrent ensemble le mode d’emploi de la tendresse. Il y a avait quelque chose de très reposant dans l’idée d’être avec lui. (…) Elle savait juste que c’était le moment, et que dans ces situations, c’est toujours le corps qui décide. Il était sur elle maintenant. Elle s’agrippait.
Seule la délicatesse sauve le livre, naïf et même banal. Mais il est plus que sauvé, il est délicat comme peut l’être un amour incongru. Et ils se sentaient bien...
07:59 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : roman, littérature, société | Imprimer
15/12/2012
Le li
Pour Zhu-Xi (1130-1200), adepte du néo-confucianisme, toute chose, donc l’homme également, est formée d’un principe ordonnateur, le li, et de la force vitale, le qi. L’apparence extérieure est définie par le qi. Le li détermine le caractère, la nature, l’être de la chose, des événements ou de la personne. Le qi façonne l’être tandis que le li détermine sa véritable nature. C'est un peu l'opposition entre le moi et le soi des hindous. Ce principe ordonnateur préexiste au monde et à tous les objets qu'il renferme.
La masse d’eau de l’océan symbolise bien ces deux concepts qui se côtoient en chacun d’entre nous. Sa surface met en évidence sa force, mais ses profondeurs restent inchangées quoi qu’il arrive et détermine sa véritable nature.
Une gravure conçue il y a longtemps, mais qui reste d’actualité.
07:44 Publié dans 25. Création gravures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arts plastiques, gravure, philosophie, confucianisme, religion | Imprimer