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26/01/2013

Ils ont perdu la boule !

Des extra-terrestres à la mode, quelle aubaine !

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N’est-ce pas nos attitudes habituelles ? Bien mis, en conversation, mais chacun dans son monde. La face blindée dans ce lieu magnifique, les jardins du Palais Royal. Ils ne savent pas qu’ils sont là, les yeux fermés sur leur complétude. Et pourtant ils reflètent ces jardins, ces arbres, les jets d’eau, mais à leur manière, en rond, laissant leurs pensées errer en boucle.

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Et ceux-ci, que sont-ils, jeunes hommes ou femmes déjà ? Un délicieux mélange pour vendre, encore, vêtements et colifichets. Ils réfléchissent la nature dans leur magnificence pour mieux attirer le client dans ce monde clos des achats frénétiques. Mais tout ceci avec élégance.

 

En ces jours de solde, nous sommes conviés à une évasion hors du temps. Se perdre dans les rêves les plus fous, les atours les plus séduisants, et marcher sur la tête, les yeux dans les nuages de la cupidité.

20/01/2013

Rue du Mail (2ème arrondissement, Paris)

Une rue qui n’a rien d’extraordinaire habituellement. On peut penser que son appellation ne date pas d’hier, ni d’Internet, et que donc il ne s’agit pas de courriels, mais de promenade publique, voire de boulevard. Alors quelle idée de superposer des synonymes : l’avenue de la promenade ou mieux la rue de la rue ! Elle est petite, étroite, un peu noire, mais contient des magasins de décoration assez chics.

Eh bien, pour les soldes, les commerçants ont inventé une belle décoration, originale, lunaire pourrait-on dire : des abat-jours géants suspendus dans les airs. Oui, cela surprend, mais en bien, ce qui est rare.

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Et me voici passant sous les abat-jours, pas plus éclairés puisqu’il fait jour, mais le crâne tamisé par ces éteignoirs à bougies. Quel chapeau !

Chaque magasin dispose d’une flamme de tissu jaune qui semble inviter le passant à l’intérieur. Et pour plus d’attirance, les devantures sont fournies, fourbies avec des intentions artistiques : défilés de tissus, coin de fenêtre miroitant, même un dragon veillant sur l’ameublement.

 

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Et je repars sous les abat-jours, étonné bien sûr, pas blasé. Les étrangers disent que les Français sont frivoles et imaginatifs, on va finir par le croire.

Allez, encore un tour d’abat-jours :

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Je remonte sur ma bicyclette, le cœur léger, j’arrive à la fin de la rue, qui possède un bistrot bien de chez nous, intitulé « Chez Georges ».

Mais... Il est temps de rentrer.

 

23/06/2011

Premier jour de soldes

 

Cette année, je change mes habitudes, j’attaque le premier jour.

Les soldes, quel drôle de nom qui signifie à la fois une somme restant à payer, la différence entre le débit et le crédit d’un compte, la rémunération de certains fonctionnaires et, enfin, des marchandises vendues au rabais (dans des conditions précisées par de nombreux arrêtés et circulaires). Va-t-on me rendre de l’argent lors de mes achats en solde ?

Premier jour : l’affairement. Ce l’était déjà hier, et même avant-hier, pour les vendeurs qui s’activaient à coller étiquettes de prix et affiches en devanture promettant des merveilles que l’on ne trouve nulle part dans le magasin. Certains en ont rêvé toute la nuit, les patrons en termes de billets, les employés en termes de cartons à transvaser, délester, vider pour les entasser, aplatis, entiers, ouverts ou fermés, en des lieux insolites faute de place.

Les clients et surtout les clientes en ont également rêvé : de chaussures qui vous font des pieds d’empereur, de chemises, chemisiers, chemisettes, de couleurs gaies ou encore noires, de robes, de jupes, de cravates, de tout ce qu’un homme ou une femme revendique au nom de sa personnalité qui se devine dans les vêtements qu’il ou elle porte.

En ce premier jour, toujours, l’affairement des deux, les vendeurs et les clients, et leur rencontre :

_ Cela vous serre un peu, c’est normal. Cela s’élargira à l’usage. Pourtant depuis deux ans il a mal aux pieds avec une paire de chaussures achetée dans ces conditions.

_ Elles sont trop grandes, je vais vous chercher une demi-pointure au dessous. Puis de fil en aiguille, on baisse de deux pointures pour ensuite remonter et finalement ressortir du magasin sans rien.

Les clients s’expriment plus dans leur comportement que dans leurs paroles. Il y en a qui regardent dédaigneusement les bacs dans lesquels ont été déversées toutes sortes d’étoffes qui ressemblent vaguement à des chemises, foulards, jupes ou autres ustensiles enserrant la taille mannequin que possède Madame. Il y en a qui gardent les cabines d’essayage parce qu’elles sont venues avec des copines qui arrivent les bras chargés de pantalons à essayer. « Mais Monsieur, vous n’avez qu’à essayer dans les rayons, derrière une rangée de vestons ! » On en voit d’ailleurs qui le font, sans vergogne, en soutien-gorge ou petite culotte et qui rient à gorge déployée en entrant bras et jambes dans toutes sortes d’ouvertures pratiquées plus ou moins artistiquement. Il y en a qui ne peuvent acheter sans demander à quelqu’un de les conseiller : « Le vert va bien à mon teint ; non, le rouge me donne des couleurs ; le bleu est un peu triste, j’ai l’air d’un canari. » Il y a les clients acariâtres qui ne sont jamais contents et qui le font savoir aux vendeuses. Il y a les clients qui ne disent pas que cela ne leur va pas et qui achètent pour faire plaisir ou parce qu’ils n’osent pas dire non. Il y a ceux qui achètent « parce que c’est moins cher, alors çà peut bien avoir un défaut ! ».

Les caisses enfin, lieu final de tout acheteur, lieu vers lequel vous entraînent inexorablement les vendeurs tenant ce que vous avez essayé dans l’espoir de vous faire céder. Dès que vous êtes dans la file, ils filent, appelés par d’autres clients impatients de pouvoir bientôt se joindre à vous. Alors commence l’attente. Certaines parlent entre elles de ce qu’elles ont vu, mais qui n’était pas à leur taille ; d’autres sortent des emballages un vêtement, se le posent sur eux et se regardent dans la glace qui est très utile près des caisses pour faire patienter. Un sourire béat se dessine sur leur visage, dissimulé légèrement, car il ne faut pas avoir l’air avide. L’inquiète se regarde en balançant encore entre la jupe rose sépia qui fait tellement jeune et la robe jaune d’or qui fait tellement chic. On arrive enfin près des caissières, matrones tronc, aux bras multiples qui se saisissent immédiatement de vos vêtements et les débarrassent de ces pastilles de métal magique qui font sonner les portes et font rougir ceux à qui cela arrive. Un grand paquet, dont les poignées sont un peu longues et qui traine presque par terre lorsqu’on le porte normalement, est vite rempli des multiples tenues, petites, de gala ou encore trop chou. Alors vous sortez de votre portefeuille le petit morceau de plastique qui vous permet de tout acheter sans rien dépenser. Heureusement vous vous rappelez de tous les numéros qui s’ajoutent à la suite les uns des autres jusqu’à la formule magique qui déclenche un grognement de la machine avant de faire sortir de sa bouche un morceau de papier, petit, dont vous avez déjà plein d’exemplaires dans les poches.

Le client suivant, impatient, vous pousse imperceptiblement vers la sortie où un homme, vêtu d’habits insolites, mais très classe, vous tient la porte et vous souhaitent une bonne après-midi. Mais ceci est rare et réservé aux grandes maisons dans lesquelles se pressent les japonais, les femmes d’émirs et les sud-américaines trop fardées. Vous, qui n’avez revêtu qu’un pantalon des soldes de l’an dernier, vous vous contentez de magasins aux portes qui se rabattent sur votre nez parce que vous regardez encore à l’intérieur, le regard attiré par une couleur, une forme, un mouvement, qui apporte à votre rêve une douceur supplémentaire, comme un bonbon de guimauve dont vous vous remémorez le goût sucré.

Et vous plongez dans la foule qui s’écrase les pieds de manière organisée, sans pardon, avec un regard qui ne voit rien que le vêtement désiré, fantasmé, admiré, deux semaines avant, dans la devanture d’une boutique, mais trop cher pour leurs moyens qui sont toujours insuffisants au regard de leurs désirs. Retour à la vie, la vraie, celle qui n’est pas soumise aux caprices de la mode et des soldes, celle de l’enfant qui traîne son jouet qui caquète sur le trottoir bosselé, celle de la femme qui se déhanche joyeusement devant vous, celle du bureaucrate serrant son attaché case des deux mains de peur que l’on ne s’en empare, celle des voyous qui sifflent la jeune beauté qui traverse la rue. Une vie ordinaire, mais combien vivante à côté de ces magasins où tout est fait pour vous faire perdre une tête pourtant, vous en êtes sûr, pas si mal faite.

Et vous repartez, avec votre petit ou grand paquet, heureux tout de même d’avoir vous aussi trouvé ce qui vous accompagnera toute l’année dans vos sorties, vos voyages, vos nuits pour donner l’illusion d’une vie bien équilibrée, intéressante, unique. Et en plus elle l’est, n’est-ce pas merveilleux ?