27/08/2018
Zhangjiajie (Hunan, China)
De beaux films de propagande ou de publicité ?
Mieux que cela, l’image d’une Chine éternelle, suspendue dans les siècles et les airs, emprunte de majesté et de beauté.
Un rêve éveillé, entre ciel et terre, passé, présent et avenir…
07:58 Publié dans 15. Voyages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage virtuel, chine, beauté | Imprimer
11/08/2017
Le dit de Tianyi, de François cheng (Albin Michel, 1998)
La guerre, l’amour, l’amitié, l’idéologie et bien d’autres choses encore, pourraient installer le livre dans une gravité impressionnante. C’est vrai à certains moments, mais l’auteur nous promène également la tête dans les nuages et la brume au travers d’épopées poétiques qui rassemblent une belle langue française au service d’impressions, de réflexions et de réminiscences chinoises. En un peu plus de 400 pages, François Cheng nous plonge à la fois dans les mentalités paysannes d’un Moyen-âge chinois et dans l’histoire du XX° siècle occidental : la guerre sino-japonaise, le Grand Bond en avant de 1958, puis la révolution culturelle. La vie de trois personnages rythme le roman : tout d’abord Tiannyi, qui deviendra peintre, Yumei, l’amante, et Haolang, l’ami. Chacun cherche sa vie dans l’exaltation de la jeunesse et ne trouve que malheurs et parfois des éclaircis où l’amour et l’amitié leur permettent de faire face à un destin hors norme. Tout a déjà été dit sur ce livre qui est à la fois un roman, une autobiographie, un poème, un conte et un livre d’histoire vu sous l’angle personnel de quelques héros anonymes.
Ne citons que ce paragraphe, bouleversant, car il résume grandement l’esprit du livre :
… Je mesurais la difficulté qu’il y avait à toucher la vraie profondeur d’un autre, a fortiori d’un autre féminin. Oui, l’homme peut-il rejoindre l’extrême désir de la femme dont elle-même ne peut sonder le fond ? Il y a certes de la tendresse sans bornes qui fait tomber comme de vaines poussières préventions et fantasmes de l’homme. Il u a des moments d’extase qui entretiennent éphémèrement de rêve de l’Un ? L’homme, taraudé par le fini, s’échine à rejoindre la femme, envahie par l’infini, sans jamais y parvenir. Il lui reste à demeurer cet enfant abandonné qui pleure au bord de l’océan. L’homme s’apaiserait s’il consentait à écouter seulement la musique qui résonne là, en lui et hors de lui – d’écouter humblement la femme devenue un chant trop nostalgique pour être accessible.
Ne pas en dévoiler plus. Mais « il n’est pas trop tard ; faisons quelque chose encore ! » nous dit la rieuse voix de Yumei dans les brouillards et les nuages d’une Chine malgré tout immuable.
07:32 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, alour, amitié, poésie, histoire, idéologie | Imprimer
10/11/2015
Chine, toujours inattendue
https://www.youtube.com/watch?v=8oqPR5-GLuA
L'homme ne serait-il qu'une infime particule dans un monde en suspension ?
Et n'oubliez pas :
07:21 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, spectacle, puissance, démonstration, événement | Imprimer
02/06/2015
Les villages Hakka et les Tulous
(Une création de Daniel S.)
Les maisons de terre désignent les bâtisses construites en terre et en bois. Les villages Hakka du sud-ouest de la province du Fujian située en Chine du Sud sont très réputés pour leurs bâtiments en terre et en bois. Ainsi appelle-t-on ces dernières « Maison de terre Hakka ».
Ces maisons traditionnelles se divisent en plusieurs catégories : les maisons rondes, carrées, rectangulaires, demi-circulaires, ovales, pentagonales, de forme des Huit Trigrammes, et autres formes irrégulières.
Les maisons hakka construites autour d’une grande cour de forme ronde n’ayant qu’une seule porte d’entrée ont ainsi été organisées dans le but de mieux se défendre et de résister aux agressions. Les murs de plus d’un mètre d’épaisseur faits en terre battue sont hauts d’un, deux ou trois étages. Ceux de deux étages sont les plus nombreux. Au centre des maisons, c’est à dire, au milieu de la cour ronde, on trouve dans la plupart des cas un puit. Le rez-de-chaussée sert de salle à manger ; les pièces au deuxième étage sont les chambres à coucher ; et les autres servent à déposer les réserves de grain et les outils agraires.
La construction des murs nécessite une technique très élaborée. La conception de l’ensemble de la maison est rationnelle et ingénieuse. Dans le tableau, cette construction est très représentative de la région.
07:37 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : habitat, chine, population | Imprimer
09/05/2015
Une cité chinoise
Cette cité, Shanxi, en Chine, est un site unique :
Si vous souhaitez en savoir plus, Voir le site http://www.atlasobscura.com/places/hanging-temple-hengshan
ou
07:47 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : site, chine, ville, paysage, inaccessible | Imprimer
07/04/2015
Entretiens de François Cheng avec Françoise Siri (Albin Michel, 2015)
François Cheng, poète, essayiste et sage venu de l’autre bout du monde, est devenu l’une des figures les plus appréciées du public.
Au fil de cinq entretiens sur France Culture (À voix nue), Françoise Siri, journaliste, « passeuse » de poésie et créatrice d’événements littéraires, a voulu en savoir plus sur son parcours. De son enfance chinoise à l’Académie française, François Cheng raconte la misère de ses premières années en France et son apprentissage de la langue. Sur un ton très personnel, il dévoile ses sources d’inspiration et sa pensée intime, évoquant la beauté, la mort, le mal – ses thèmes de prédilection – mais aussi la méditation telle qu’il la pratique, l’amitié, l’amour… et même la pâtisserie française dont il se délecte !
Ces entretiens passionnants sont suivis de douze poèmes inédits. Autant de moments de simple et subtile profondeur.
(4ème de couverture)
En premier lieu, il est beau, cet homme. Bien qu’il ait 86 ans, on dirait un poupon espiègle. On a envie de le serrer dans nos bras pour le remercier de tout ce qu’il nous donne à travers ses écrits.
En deuxième lieu, il a un regard de bonté. Bien qu’il ait traversé de nombreuses épreuves, il espère toujours de la vie et nous aide à comprendre l’infinie aventure de chaque existence humaine.
En troisième lieu, il est universel. Il n’est pas Chinois, il n’est pas Français, il est l’homme accompli qui a transgressé la matrice originelle et s’est réalisé non pas entre l’Orient et l’Occident, mais dans les deux traditions montrant ainsi l’universalité de la culture.
La mort n’est point notre issue,
Car plus grand que nous
Est notre désir, lequel rejoint
Celui du Commencement,
Désir de vie.
C’est ce qu’il appelle la voie christique : « Pour moi, dans la voie christique, nos désirs et nos espérances, nos épreuves et nos souffrances ne sont pas seulement des données objectives ; ils sont incarnés et pris en charge. Ils trouvent leur réponse dans l’amour absolu. (…) Si l’on ne croit pas à une transcendance, on ne peut pas pardonner. »
Il nous parle des différences entre la poésie chinoise et la poésie française. La première fondée sur les idéogrammes : chaque caractère comptant pour une syllabe, on peut les combiner de façon très libre : deux caractères, trois, quatre… dix, douze… Cet art combinatoire est très développé. Je l’ai un peu introduit en française, en variant la longueur des vers. La seconde fondée sur l’être des mots : je pense par exemple à l’un de mes poèmes qui joue sur la différence entre brisure et brise, la brisure se transforme en brise. Je songe à d’autres exemples comme violette violentée, rouge-gorge égorgé, j’aime combiner les images à partir des sons. (…) Il dit alors un poème consacré à la nuit, par rapport au mot jour :
Nuit qui réunit
Nuit qui désunit
Qui diminue
Qui démunit
Rien qui ne soit jamais aux abois
Aux abois ceux qui s’éveillant se souviennent
Car la nuit avait beau tendre sa toile
Sur l’océan s’est égarée une voile
Nuit qui essuie
Nuit qui guérit
Qui déconseille
Qui désemplit
Rien qui en soit désormais à l’abri
A l’abri ceux qui se souvenant reviennent
Car la nuit s’est déchiré le voile
Une seule flamme unit toutes les étoiles.
Enfin, François Cheng nous parle de la méditation, de la beauté, du mal, de la mort : La beauté procure du sens au plein sens du mot, c’est-à-dire « sensation, direction, signification ». Sensation : la beauté s’éprouve d’abord par la sensation. Direction : attiré par la beauté, on se dirige d’instinct en sa direction. Signification : quand on se dirige dans une direction, notre vie n’est plus une existence absurde, insignifiante, sans but ; elle entre dans la signification, c’est-à-dire qu’elle fait signe au monde et à la transcendance. De fait, c’est la beauté qui nous apprend à aimer.
07:05 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, interview, poésie, roman, langue française, chine | Imprimer
27/01/2015
Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus, d’Eric-Emmanuel Schmitt
La Chine, c’est un secret plus qu’un pays. Madame Ming, l’œil pointu, le chignon moiré, le dos raidi sur son tabouret, me lança un jour, à moi, l’Européen de passage : nous naissons tous frères par la nature et devenons distincts par l’éducation. Elle avait raison… Même si je la parcourais, la Chine m’échappait. (…)
La tête ronde d’une couleur éclatante, des plis nets sur la peau, des dents, aussi fines que des pépins, madame Ming évoquait une pomme mûre, sinon blette, un brave fruit, sain, savoureux, pas encore desséché. Mince, son corps semblait une branche souple. Sitôt qu’elle s’exprimait, elle s’avérait plus acidulée que sucrée car elle distillait à ses interlocuteurs des phrases aigrelettes qui piquaient l’esprit. En cette province de Guangdong, madame Ming trônait sur son trépied, au sous-sol du Grand Hôtel, entre les carreaux de céramique blanche et les néons éblouissants, dans ces toilettes à l’odeur de jasmin où elle exerçait la charge de dame pipi.
C’est à la suite d’un mensonge qu’il fit véritablement connaissance de madame Ming. Il avait laissé tomber une photo et elle lui demanda : Ce sont vos enfants, monsieur ? Par vanité, fierté ou pour rire, il répondit oui. Et vous ? J’en ai dix. Connaissant les conditions imposées par le gouvernement sur les naissances (un par famille), il n’en croyait pas ses yeux. Et au long de ces 44 pages, elle va raconter l’histoire de ses dix enfants : la sixième Li Mei, un peu voyante ; les jumeaux, Kun et Kong, acrobates au cirque national ; la petite Da-Xia, qui rêve d’assassiner madame Mao ; Ho, le joueur ; Ru, un monstre de mémoire, et Zhou, un monstre d’intelligence ; Wang qui fabrique des jardins chimériques, jardins de mots ; Shuang, le dixième, qui ne peut s’ »empêcher de claironner la vérité. Mais madame Ming se fait renverser par une voiture et c’est à l’hôpital qu’il fait la connaissance de Ting Ting, sa fille ainée. Celle-ci lui dévoile qu’elle n’a ni frère, ni sœur. Pour entretenir son rêve, sa fille met ses proches à contribution. Ils écrivent à madame Ming. Aussi celle-ci, croyant à ces derniers jours, lui demande de réunir ses frères et sœurs. Et sa fille y arrive : ils sont tous venus.
C’est un conte magnifique, écrit remarquablement, par petites touches, entrecoupé de séjours dans les toilettes et interrompu par les clients pressés. Chaque enfant y est dépeint en quelques mots bien placés, comme un tableau mobile où sa vie apparait en arrière-fond. Madame Ming reste la même, semblable à son pays, énigmatique. Et peu à peu, il se construit une personnalité chinoise qui devient réalité lorsque sa maîtresse parisienne lui annonce la naissance d’un fils. Elle avoue qu’elle ne sait de qui réellement. Mais sa réponse la surprend : la vérité m’a toujours fait regretter l’incertitude.
07:55 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liver, littérature, récit, chine | Imprimer
18/12/2014
Li Siyun, peintre chinois, au salon des beaux-arts (carrousel du Louvre)
Voici ce qu’en dit Michel King, président de la Société Nationale des Beaux-arts (SNBA : cela fait un peu SNCF !).
« Li Siyun est le poète de la solitude. Il réalise les portraits de ses modèles solitaires avec une application attentive qui élabore un convainquant réalisme. La souplesse, les reprises possibles, les glacis savants de la penture à l’huile permettent à celui qui possède toutes ces qualités techniques d’atteindre cette surprenante réalité.
Li Siyun fait l’éloge de la grâce, de la beauté, de l’élégance de jouvencelles chinoises. Vêtues d’habits traditionnels de soie, ceux-ci parfois à demi-abandonnés, elles arrêtent le temps pour notre délectation. Li Siyun est le poète de la réalité rêvée. »
Ce sont de véritables photographies, peintes à la main, avec une délicatesse assez extraordinaire. Malheureusement les photos sont scannées à partir d’un dépliant, ce qui donne cette mauvaise qualité de la reproduction.
Et pourtant, il n’y a pas une seule reproduction sur Internet, ce qui me semble assez extraordinaire. Mais peut-être y a-t-il beaucoup de peintres semblables en Chine ?
07:30 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, chine, réalisme, portrait | Imprimer
09/03/2014
Dominique Christian, un peintre français de tradition chinoise
Il y a quelques jours, rentrant d’un vernissage près des grands boulevards, nous sommes passés rue de Trévise. Nous parlions de peinture et passions devant une boutique encore éclairée (il était neuf heures du soir). Je remarquais un vieil homme consultant une tablette et entouré de nombreux tableaux de style oriental. Il était occupé, concentré sur l’écran, sans attention à ce qui se passait autour. Une jeune femme sortit d’une porte latérale, belle, orientale elle aussi, vêtue d’une sorte de kimono, vivante comme un poisson émergeant de l’eau. Elle nous fit un grand sourire et indiqua notre présence au vieil homme. Celui-ci nous fit aussitôt signe d’entrer et se leva pour nous ouvrir. La jeune femme fut la première à la porte et s’effaça d’un sourire discret, tenant le battant pour nous laisser pénétrer. L’homme se contenta de dire : "Regardez… Vous ne trouverez pas à Paris d’autres peintres qui pratique ce style de peinture."
Etudiant, j’ai eu comme professeur Louis Marin, un grand spécialiste de l’art et de Nicolas Poussin en particulier. Grâce à lui je compris les cascades d’émotion qui envahissent ces œuvres classiques. Dans ces paysages à l’antique s’affichent des humains en proie aux passions, rapts, meurtres, orgies… C’est près de cinquante ans plus tard, après avoir appris la maîtrise des paysages chinois, que j’ai décidé de suivre le même chemin, c’est-à-dire l’envie de confronter la sérénité d’une nature au rythme mesuré avec les excès passionnels des êtres vivants.
Il est également philosophe, écrivain, manager et coach. Il explique : « Le paysage chinois présente la rencontre entre l'encre et le trait, entre l'ordre et le désordre. Il résonne de façon étonnante avec un des derniers textes de Platon, fondateur de la philosophie européenne qui, au quatrième siècle avant JC, décrivait comment le défini, "l'être", provient de l'illimité, le "non être". »
Parmi les techniques utilisées (frottage, estampage, tampons...), la plus spécifique est la peinture au doigt seul ; Originaire du Liaoning, elle donne à l'encre une liberté rare. D. Christian est sans doute le seul peintre occidental à maîtriser cette technique.
Qu’est-il cet homme qui pense et peint dans Paris comme s’il se trouvait dans les montagnes de Chine ? Il est beau de pensées limpides que son regard voit au-delà de nous. La jeune chinoise l'observe. Ils se connaissent bien. Qu’est-elle pour lui ? Elle rit de tous ces yeux qui réfléchissent son désir d’apprendre.
Il a une bizarrerie. Dans ses tableaux peints à la chinoise, il insère des images de peintres occidentaux. C’est curieux, irréel, inqualifiable.
Et il ajoute : Comme un récit, le monde se déploie à partir de l'énergie que procure une tension forte, un potentiel. Récit, peinture, musique ou érotisme tout est affaire de tension et de détente, de mesure et de démesure. Peindre le vivant c'est aussi peindre la mort, la disparition, l'absence.
Il expose principalement en Chine :
2012 exposition à LIJIAN (Yunnan)
2013 exposition à TIELING (Liaoning)
2013 exposition à XI'An (Shaanxi)
2013 à YAN'AN (Shaanxi)
2014 exposition à DALI (Yunnan)
2014 exposition à SHIDAO (Shandong)
2014 exposition à PEKIN
Un voyage en Chine d’une heure qui nous parut trois jours. Quel dépaysement !
07:39 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, orientalisme, chine, philosophie, paysage | Imprimer
15/02/2014
Le Tao Dance Theater
http://www.youtube.com/watch?v=4uMsXniWCHI
Une belle présentation du Tao dance theatre, compagnie chinoise créée en 2008. Le style est très moderne, mais, comme son nom l’indique, il garde son fond culturel chinois. Le Tao ou la voie est le chemin à suivre pour parvenir à la maîtrise. Il se traduit également par le principe ou l’art de…
Cette présentation met bien en valeur cette maîtrise à acquérir par le mouvement et les temps d’arrêt. Pauses et changements sont l’expression d’une même réalité.
L'utilisation d'une sorte de contine inspirée à la fois de l'Afrique et des banlieues est certes déroutante. Mais... C'est... la mondialisation.
07:33 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : danse, philosophie, musique, chine | Imprimer
05/02/2014
Beauté de la rigueur
https://www.youtube.com/watch?v=jINuX_Hort8
Admirons ces Japonaises, charmantes et réglementaires, dans leurs démonstrations de rigueur collective qui leur réjouit le cœur au point de les amener à danser (mais comme toujours ensemble).
Ensemble jusqu'à n'être plus qu'une, répétée à l'infini.
07:02 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dans extrème-orient, chine, musique orientale, spectacle | Imprimer
24/01/2014
Zeng Fanzhi, rétrospective au musée d’Art moderne de la ville de Paris
Zeng Fanzhi est né en 1964 à Wuhan en Chine. Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de sa ville natale, il découvre durant ces années d’enseignement l’art contemporain, chinois et occidental. Nourri par ces influences et soucieux de connaître un contexte plus effervescent, il part s’installer en 1993 à Pékin où il vit et travaille depuis. (From http://www.mam.paris.fr/fr/expositions/zeng-fanzhi)
Les premières salles de l’expo sont consacrées aux œuvres les plus récentes. Grandioses par leur taille, leur maîtrise et leur originalité ! Ce sont au premier regard des enchevêtrements de lianes, ronces, bouts de bois qui donnent une impression de fouillis sans espoir, de prison végétale, d’un monde absurde et vide. Les toiles sont immenses, démesurées.
Cependant, toutes laissent dans le même temps une note optimiste par les lueurs qui filtrent sous les ronces : un ciel plus clair, un feu dans la brousse, un crépuscule nuageux.
Même ce paysage désolé de neige laisse l’impression d’un avenir meilleur grâce à ce lever de soleil qui sourd au fond du tableau.
Quelques paysages avec des animaux perdus dans les entrelacs, mais moins intéressants parce que trop figuratifs et en contraste trop sévère par rapport à l’environnement végétatif abstrait.
La salle suivante offre une vision toute différente des œuvres de Fanzhi. Ce sont des personnages de la Chine contemporaine, des jeunes gens en groupe, portant des masques, dans des postures sérieuses, en costume, ou riantes, avec un foulard rouge, symbole des jeunesses marxistes. Les personnages sourient de manière ostensible, les lèvres rouges vif, ils se tiennent par le cou, semblant unis, leurs corps sont déformés, avec des mains démesurées et fatiguées qui trahissent la réalité de l’homme derrière son masque riant.
Plus énigmatique, cette reproduction de la Cène, The Last Supper, version contemporaine de la cène de Léonard de Vinci, qui dépeint une trahison aux résonances beaucoup plus politiques : derrière une apparente unité se cachent des désirs et des convictions que s’échangent les hôtes.
« Le Christ communiant, communisant – et le premier d’entre eux comme en témoignent les trois barrettes rouges épinglées sur son bras gauche – annonce à ses apôtres que les idéaux du communisme ont été trahis par l’un d’entre eux. Ce Judas « made in China », à la différence des onze autres apôtres, ne porte pas de foulard rouge autour du cou, comme chaque jeune pionnier enrôlé dans le communisme – mais une cravate jaune, couleur de l’empereur, du pouvoir, de l’or… et de l’argent. » (http://blog.mondediplo.net/2013-10-28-Zeng-Fanzhi-le-cru-et-le-cuit) Ce tableau a été vendu 17,13 millions d’euros. Une somme déjà conséquente pour un millionnaire.
Enfin, les premières œuvres sont exposées dans la dernière salle :
Ses emprunts à l’Orient et l’Occident en font un artiste qui dépasse les clivages anciens et vous plonge dans le monde moderne et cru pouvant être tourné en dérision ou admiré ingénument. C’est bien un artiste international qui dépeint le monde tel qu’il le voit, sans fard ni fioriture.
07:48 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, chine, paysage, impression, communisme | Imprimer
16/01/2014
Quand reviennent les âmes errantes, drame de François Cheng
L'épopée se passe en Chine, au temps des royaumes combattants, dans la seconde moitié du troisième siècle avant notre ère. Trois personnages, une femme, Chun-niang, et deux hommes, Gao Jian-li, le joueur de zhou, et Jing Ko, le belliqueux, se rencontrent dans une auberge. Elle, une beauté discrète, secrète, touchant pour ainsi dire à l’essence, d’une telle simplicité que devant elle tombent tous les qualificatifs. (…) Pureté des lignes, noblesse du port, harmonie innée du mouvement et des gestes ? Foncièrement innocente, elle ne fait pas usage de ses atouts : son regard teinté de mélancolie trahit au contraire quelque expérience douloureuse. Tout son être invite l’homme à abandonner ses mesquins calculs, ses pénibles artifices. Quiconque prétend l’aimer ne saurait me faire qu’humblement et totalement.
Ils se lient d’amitié et d’amour chaste : Amitié vivifiante, comme entre plante et pluie. Singulier trio que nous formons, singulier, mais évident, mais inébranlable ! En son sein, amitié affichée et amour inavoué crée un équilibre lumineux, exaltant, que personne ne souhaite rompre.
Cette amitié insolite dure jusqu’au jour où elle doit partir pour la cour, sa beauté ayant été reconnue. Peu de temps après, Jing Ko est chargé par son souverain de mettre à mort le roi ennemi qui menace le royaume. Aussi le roi lui accorde pleinement l'autorisation de vivre à la cour avant son sacrifice. Il retrouve Chun-niang, l’aime d’amour jusqu’au moment où il doit partir dans le royaume ennemi. Il mourra. Chun-niang reporte son amour sur Gao Jian-li qui lui aussi mourra d’avoir cherché à tuer le roi ennemi. Chun-niang devient une vieille femme, mais elle conserve un cœur pur et échange avec les âmes de ses bienaimés : L’indicible, dont la part de mystère restera mystère, on ne peut l’approcher, Jian-li nous l’a appris, que par le chant. L’indicible, dans notre cas, c’est donc ce chant ininterrompu à trois voix. Trois voix à la fois distinctes et confondues, trois voix propres à chacun mais toutes trois à l’unisson. Chaque voix raisonne, de toute éternité, en écho aux deux autres. Voix de l’amitié, voix de l’amour, mamelles équilibrantes, nourrissantes, transformantes d’une unique passion. (…) Que s’élève le chant des âmes retrouvées :
Plus rien ne subsiste, à part le désir
Pur désir inaccompli
Mûr désir inassouvi…
Toi et toi, vous deux en un
En un vous deux, toi et toi
En un nous trois !
C’est bien un drame à la manière antique. Il déroute le lecteur occidental d’aujourd’hui. Il sent la poussière des jours passés où la vie était semblable à la mort. Un rien les séparait. Comment comprendre cette indifférence à la mort et cet acharnement à vivre malgré tout. La Chine est le pays du mystère et François Cheng nous en donne une définition vivante à travers ce récit. Au-delà de l’histoire, les âmes se rejoignent et continuent à s’aimer d’amitié et d’amour. C’est la vie qui se poursuit, avant ou après la mort. Peu importe. La pensée et les sentiments sont plus forts que l’existence.
07:20 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, récit, épopée, drame, roman, chine, amour, mystère | Imprimer
13/01/2014
Danse Dai
http://www.youtube.com/watch?v=-8OkxVPQdZU
Une ombrelle rouge, un sarong vert, un savoir-faire traditionnel, une présentation moderne en musique et lumière donnent cette belle danse ensorceleuse.
Les Dai forment une des 56 minorités ethniques officiellement reconnue par la République populaire, habitent pour la plupart sur les rives du Mékong et pratiquent le bouddhisme theravada.
Pour se familiariser avec cette culture particulière, entrez dans le site suivant :
07:53 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chine, culture, ethnie, spectacle | Imprimer
07/05/2013
Le marché aux puces de Saint Ouen
Les puciers de Saint Ouen accueillent les chineurs dans de bien étranges demeures. Certains stands font moins de deux mètres carrés. L’homme y tenait debout, mais ne pouvait bouger qu’en sortant sur le trottoir. On peut presque se perdre dans ces marchés multiples. En 1920, Robert Vernaison, concessionnaire de droit de stationnement aux Halles de Paris, puis loueur de chaises des jardins publics parisiens, et propriétaire d’un terrain à Saint-Ouen, installe des baraques en bois préfabriquées sur ce morceau de zone appelé lieu dit "les 26 arpents". Devenu le marché Vernaison, il reste l’empreinte et l’enseigne de la chine de Paris et est le plus attrayant.
Un stand au coin d’une de ses minuscules rues. Il est fermé. C’est normal. Il est habité de squelettes. Le stand est propre cependant et ses locataires sont bien tenus, même s’ils datent d’un siècle écoulé. Ils surgissent de ce décor maladroit et font la fête avec entrain. Regardez ce couple élégant qui tourne avec aisance et dignité. N’est-il pas racé ?
Et cette femme au regard d’acier qui vous appelle : « Venez dans mon monde, entrez dans la boutique, participez à notre fête ! » Vêtue de plumes, elle rit de toutes ses dents en attirant le client.
Et si vous vous laissez tenter, vous vous retrouvez exposé en habit à la curiosité des passants qui admirent votre solennité. Alors vous buvez un verre de cognac pour vous consoler de ne pouvoir bouger. La cigarette reste autorisée dans ce lieu d’avant la loi anti-tabac.
Attention. la boutique est gardée par une femme de tête, chauve et tenace, qui vous barre le chemin. Cela vaut peut-être mieux !
Quel séjour ! Heureusement, je croise quelques mètres plus loin des moines bouddhistes qui marchent en procession, graves, portant la lumière du monde. Ils viennent de loin et de deux monastères différents. Merci, petits frères, d’accompagner au royaume des morts le vivant que je suis !
07:02 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, femme, culture, chine | Imprimer
06/01/2013
Chant bouddhiste chinois
Reprenons les chants sur lesquels nous avons donné une première impression le lundi 24 décembre et tentons d'analyser comment ces chants sont contruits en nous référant à la théorie établie le 2 janvier :
(http://www.youtube.com/watch?v=zuvGyqCkwDM&NR=1&feature=endscreen)
En 0:07:00
Chant en mode féminin 1 ou en mode tché :
La gamme chantée est :
mi b – fa / la b – si b – do
1 - 1,5 - 1 - 1
Elle est chantée sur l’étendue
si b – do // mi b – fa / la b – si b – do
avec les intervalles
1 - 1,5 - 1 - 1,5 - 1 - 1
dominante : la b
finale : do.
Il s’agit du mode pentatonique
do – ré / fa – sol – la
1 - 1,5 - 1 - 1
Employé sur une étendue
La – sol // do – ré / fa – sol – la
Avec pour dominante le fa et finale le sol.
En 0.33.00
Chant en mode masculin :
La gamme pentatonique utilisée est :
ré – mi – fa# / la – si
1 - 1 - 1,5 - 1
Elle est chantée sur l’étendue
si // ré – mi – fa# / la – si // ré – mi – fa#
avec les intervalles
1,5 - 1 - 1 - 1,5 - 1 - 1,5 - 1 - 1
dominante : la et fa#
finale : tantôt le mi, le ré ou même le si inférieur.
Il s’agit du mode pentatonique masculin
do – ré – mi / sol – la
employé sur l’étendue
la // do – ré – mi / sol – la // do - ré – mi
dominante : 5ème degré, soit la
finale : ré, do ou même le la inférieur
En 1:08:45 :
Chant en mode masculin :
Le chant devient presque polyphonique ou plutôt il s’accompagne d’un ison à la manière des orthodoxes.
Le mode pentatonique utilisé est
sol – la – si / ré – mi
1 - 1 - 1,5 - 1
Elle est chantée sur la même étendue, à deux voix :
. les premières sur le chant principal indiqué ci-dessus,
. les secondes sur le ré et mi supérieur qui forme une ison sur le chant principal.
07:10 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique extrême-orient, chine, bouddhisme, modes musicaux, gamme pentatonique | Imprimer
27/12/2012
La musique religieuse chinoise
Cette note est la suite de celle du 17 octobre 2011, intitulée "La musique Extrême-orientale" que vous pouvez consulter en cliquant ici : http://regardssurunevissansfin.hautetfort.com/archive/201...
"Si une note se produit, c'est dans le cœur humain qu'elle a pris naissance. Si le cœur humain est ému, c'est par l'action des objets. Sous l'impression des objets, il s'émeut, et son émotion se manifeste par des sons. Les sons se répondent entre eux, ainsi, ils se différencient. C'est lorsqu'ils présentent des différences qu'ils prennent le nom des notes."
Ainsi commence le Yüeh Chi, partie du Li Chi ou Mémorial des rites, qui expose la doctrine officielle de la Chine sur la musique. Rédigé au 1° siècle avant notre ère, son existence est beaucoup plus ancienne.
Selon le Yüeh Chi:
· La musique est la langue naturelle des sentiments. Ceux-ci expriment la relation de la conscience avec l'univers, du sujet avec l'objet, du moi avec le non-moi. Le son est le signe de cette relation. Le son ne devient musique que lorsqu'il succède à plusieurs sons. Ils expriment alors l'émotion, les états mouvants du cœur.
· La musique agit sur les sentiments. Il y a une musique qui inspire la vertu, une autre qui corrompt les mœurs. Comme dans la Grèce antique, les chinois estiment que la musique fait partie de la morale.
· Le fondement de la musique est l'harmonie de toute la nature. Intimement liée aux rites dont elle est inséparable, l'harmonie embrasse le ciel et la terre, exprimant les relations du Ying et du Yang. La musique est associée au ciel, à la lumière, au principe mâle, au Yang; les rites à la terre, à l'obscurité, au principe femelle, au Yin.
"La musique recherche l'harmonie. Elle est associée aux plus hautes valeurs spirituelles: elle est du domaine du ciel. Les rites tendent à percevoir les différences, ils sont du domaine de la terre. C'est pourquoi les sages ont composé de la musique pour qu'elle puisse correspondre au Ciel et qu'ils ont institué les rites, pour qu'ils correspondent à la terre. Ainsi, quand les rites et la musique se manifestent en toute perfection, le ciel et la terre sont en parfait accord."
· La musique n'est pas faite pour exalter les passions, mais pour les modérer. Ce qui importe, c'est la pensée qu'elle exprime et non la sensation qu'elle donne. Par la musique, l'humanité se rapproche de la sagesse.
· Les cinq notes de la gamme pentatonique s'intègrent aux cinq éléments (terre, métal, bois, feu et eau), aux cinq directions de l'espace (centre, ouest, est, nord et sud), aux cinq planètes (Mercure, Saturne, Jupiter, Mars et Vénus) et aux cinq couleurs (jaune, blanc, bleu, rouge, noir).
Et pour illustrer cela, voici les chants de la prière du matin au temple bouddhiste de Hong Fa, à Shen Zhen :
07:28 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique orientale, chine, cérémonie, liu, gamme, pentacorde | Imprimer
08/03/2012
L’invitation au voyage
Un rêve aérien ou marin, pagode ou navire, toits ou voiles, flots ou briques !
Parti en Extrême-Orient, je dérive dans les fumées d’opium (imaginaires, bien sûr), errant dans les paysages insolites et colorés de rouge et de jaune, pétaradant dans la liesse populaire, à la recherche du dragon surmonté de ses enjoliveurs.
06:22 Publié dans 25. Création gravures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, gravure, abstrait, chine, rêverie | Imprimer
04/12/2011
La pipe africaine
Place du Jeu de Paume, à Bruxelles, il peut arriver des instants insolites qui font sortir du cadre habituel des matins bruxellois.
L’homme marche précautionneusement parmi la multitude d’objets hétéroclites répandus à même le sol, parfois sur un tissu poussiéreux, regardant, à droite et à gauche, tissus fanés, bois démantelés, aciers tordus, porcelaine ébréchées. Surtout ne pas se décourager, c’est dans ces montagnes de crasse que se cachent les trésors qui empliront les murs et meubles de décors insolites que les envieux imaginent venus d’outre-mer ou de capitales lointaines. Il faudra certes les nettoyer, les astiquer, les cirer ou les poncer pour les aider à reprendre l’éclat de leur jeunesse, mais cela leur donnera, de plus, la distinction d’un passé endormi et lointain.
Passage devant un lot africain de masques aux yeux vides, de statues assorties de sexes démesurés ou de seins comme des clochers de cathédrale, de bijoux colorés plus que fantaisie, étalés sur les pavés, alignés comme à la parade, bravant les collectionneurs de caicaisses (expression bruxelloise, à l’orthographe fantaisiste !) folkloriques ou afro-culturelles. Impavide, un grand noir attend non loin, l’air de rien, parlant haut et fort avec les autres marchands, jetant par moments un œil aiguisé sur son étalage. Au milieu de ce bric à brac, l’homme (le promeneur, pas le vendeur!) voit un long tuyau de bois sculpté de dessins géométriques au bout duquel s’épanouit une fine tête d’africain aux oreilles perlées, surmontée d’un chapeau troué par le foyer d’un pipe. En fait, ce personnage sculpté n’a pas tellement l’air africain, on pense plutôt à un blanc ou encore un égyptien en raison de la forme de son chapeau qui évoque les collerettes dont était orné le buste des grands prêtres (mais il s’agit peut-être d’une réminiscence de bandes dessinées !). Et cette pipe au membre dressé interpelle l’acheteur curieux cherchant des bizarreries pétillantes. L’homme fait semblant de s’intéresser à d’autres étalages tout en regardant furtivement la pipe mystérieuse qui se tend vers lui, comme offerte et souriante. Il la contemple en coin, émerveillé de l’imagination du sculpteur de pipe, étonné de voir un tel objet parmi les habituelles fadaises africaines bon marché. Jamais il n’avait encore vu une pipe africaine qu’il imagina aux lèvres d’un vieux bonhomme assis devant sa case, regardant passer les jeunes filles portant sur leurs têtes toutes sortes de choses, même les plus insolites.
Alors, de plus en plus attiré par cette trouvaille, il fait un pas vers le marchand, qui l’avait bien sûr repéré, et lui montrant une statue habituelle de ce type de marché, lui demande combien. Continuant à tourner autour de sa cible, il demande les prix de plusieurs autres objets avant de demander l’air de rien le prix de l’objet convoité.
– Très belle pièce, lui dit l’autre sans répondre. Et très vieille. Elle a beaucoup servie, ajouta-t-il. Un silence. Elle est pas chère : 150 €.
– Non, je ne peux pas mettre ce prix là, répond l'homme qui fait mine de s'éloigner.
– Combien tu peux mettre, demande le marchand qui se lance derrière lui.
– Non, non, je n’ai pas les moyens de payer une pièce comme celle-là à ce prix.
– Dis-moi combien tu peux mettre.
L’homme, sans répondre fait semblant de partir, comme s’il ne pouvait donner un chiffre, sous-entendant ainsi que le prix demandé était beaucoup trop cher. Le vendeur le suit et lui redemande : « Combien tu peux mettre, dis-moi un prix ! ». Alors, excédé l’homme lui répond : « Je ne sais pas, 20 € ! » Le vendeur fait alors une tête affolée comme si son interlocuteur avait perdu la raison.
– Allez, lui dit-il doucement, comme dans le creux de l’oreille, je vois que vous vous intéressez à l’art africain. Alors je vais vous faire un bon prix. C’est mon dernier prix : 60 €, parce que c’est vous et que je vois que vous vous y connaissez !
– Non, non, je ne peux pas. C’est effectivement une belle pièce, mais je n’ai pas les moyens. Allez, je peux aller jusqu’à 25.
– Vous n’y pensez pas. Je ne rentre pas dans mes frais à ce prix. Je peux descendre jusqu’à 40.
– Tant pis, j’arrête là. Je m’en vais. Dommage, car je l’aime bien cette pipe. Elle donne envie de la fumer, le soir sur le pas de la porte. Tenez, je vais vous en offrir 30 €, mais c’est mon dernier prix.
–Tu n’y pense pas, c’est le prix que je l’ai acheté. Ce n’est pas possible. Tiens viens voir. Et il l’entraîne un peu à l’écart, lui parlant bas et lui expliquant qu’il ne peut devant les autres marchands et passants lui laisser à ce prix. Donne-moi au moins trois euros de plus et je te la laisse : 33 €. Mais ne dis surtout pas à tous combien tu l’as payé.
– D’accord, 33, pas un sou de plus.
– Eh oui, mon ami, je suis content de te faire plaisir. Tu l’as pas chère. Attends, je vais te l’emballer.
Et le marchand sort d’une vieille sacoche un papier rouge et froissé avec lequel il enveloppe la pipe recherchée qu’il fourre ensuite dans un sac en plastique d’où ressort le tuyau massif et orné en bois raide et imposant. Alors, sortant deux billets de sa poche, l’acheteur lui tend, puis compte en retour les pièces. Ils se serrent la main, tous les deux très contents du marché, persuadés, chacun, d’avoir fait une affaire, sans qu’ils sachent exactement pourquoi.
Depuis, la pipe d’abord trôna sur la cheminée du salon, puis finit pendue à un clou dans la bibliothèque, rappelant à l’homme les années au cours desquelles il a fumé la pipe, adoucissant ainsi les instants d’une jeunesse mouvementée.
06:12 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : puce, chine, bruxelles | Imprimer
17/10/2011
La musique extrême-orientale
La musique extrême-orientale constitue un ensemble homogène avec la Chine, la Corée, le Japon, le Vietnam et la Mongolie. Dans tous ces pays, la terminologie musicale, les systèmes de notation et les instruments portent la trace de l'influence chinoise. La musique est modale, de forme pentatonique, ce qui signifie que la gamme comporte cinq notes et non 7 ou 12 comme celles que nous connaissons.
Bien que ces musiques soient très variées, elles comportent des constantes :
v la forme pentatonique,
v dans le pentacorde :
Ø trois notes invariables :
§ la fondamentale, la quarte, la quinte ;
Ø deux autres notes à intervalles variables ;
v hors du pentacorde : deux "pien" qui ne sont que des notes de passage permettant les transpositions (changements de tons), les métaboles (change-ment de modes) ou l'ornementation ;
v un tempérament non tempéré, réglé par l'intervalle de quinte et de quarte.
La formation des modes se fait par :
. la place de la fondamentale dans le pentacorde, en général sur la note la plus
basse du dicorde ou du tricorde ;
. l'intervalle des deux notes non fixes ;
. la place de la ou des dominante(s) ;
. l'utilisation des "pien" ;
. l'ambitus utilisé,
. le rythme.
En prenant le pentacorde de base Do, on peut ainsi avoir :
Ici n'apparaissent que les particularismes, chaque pays utilisant également la forme de base chinoise notée en premier.
Découverte, bientôt, de ces formes de musique qui, malgré des similitudes importantes, se distinguent de manière assez caractéristique les unes des autres.
06:30 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chine, théorie | Imprimer
16/09/2011
Un musicien chinois à Paris
Il se tenait là, sur le trottoir, bien propret, magnifique dans son costume gris, mal coupé, mais beaucoup plus élégant que les vêtements habituels des passants, entouré de ses quelques biens, une sacoche pour ordinateur portable, qui n’en contenait pas, et l’étrange boite protectrice de son drôle d’instrument dont il tirait des sons…chinois.
L’Erhu est une sorte de violon à deux cordes. D’abord instrument d’accompagnement dans les opéras, il devint instrument solo grâce aux améliorations apportées par deux grands artistes à la fin du XIXème siècle. Il possède une sorte de tambour en bois d’ébène ou de santal qui constitue sa caisse de résonance. Le manche est en roseau et mesure 81 cm de long. Il a deux cordes. L’artiste en joue assis, l’instrument posé sur la cuisse gauche, la main gauche tenant le manche et la droite l’archet. L’erhu est un des représentants les plus communs de la famille des huqins (vielles chinoises à deux cordes) qui compte une trentaine de modèles différents.
http://video.google.com/videoplay?docid=-3875038914279072592&q=erhu&pl=true#
Ecoutez une interprète de la musique traditionnelle d’Erhu accompagné par un yang qin, instrument à cordes d’acier sur lesquels l’artiste joue avec deux maillets en bambou. Musique typiquement chinoise dans laquelle les notes s’enchaînent sans rupture, en passant de l’une à l’autre par glissement.
http://video.google.com/videoplay?docid=-3875038914279072...
Voici une interprétation très différente sur le même instrument, beaucoup plus moderne. L’interprète est doué et joue en s’amusant, avec ou sans archet.
http://video.google.com/videoplay?docid=-3875038914279072...
Admirez le mariage entre l’Erhu et le violon, dans une interprétation tout à fait occidentale. L’Erhu vaut le violon.
http://video.google.com/videoplay?docid=-3875038914279072...
Mais ce que j’ai entendu du chinois à Paris était plus de ce style. Ce n’était pas un grand interprète. Il avait cependant eu le courage de s’expatrier en France, ne parlant pas notre langue ni même l’anglais, et il méritait bien une grosse pièce pour continuer à nous faire écouter de la musique chinoise.
08:07 Publié dans 11. Considérations diverses, 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chine | Imprimer