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16/11/2012

Magi Puig, à la galerie Ariel Sibony (24 place des Vosges, Paris 3ème)

On retient en entrant dans la galerie l’épaisseur des fonds : fond de l’air, fond de sable des plages, fond de l’océan. Une pâte laiteuse, envahissante, qui englue les personnages dans un monde mystérieux. Le paysage devient irréel, comme rêvé, à l’égal de ces personnages suspendus dans l’azur et tourbillonnant.  

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Magi Puig affectionne les plages, chaude, aux couleurs ardentes. Les personnages sont principalement des femmes ou des enfants. Admirez cette femme étendue, aveuglée par le soleil, envahie par le sable dont on respire pratiquement le grain. On éprouve immédiatement les sensations de vacances d’été, la blancheur et le feu, mêlés à la fièvre du corps exposé.

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Et cette toile où l’océan est noir comme l’ébène, lisse comme une table et où se détachent, marchant en procession, des baigneurs en recherche d’ils ne savent quoi.

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Ici domine la canicule et son contraste rendu par le bleu froid de l’océan :

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Et là, le sable devient eau avec ses reflets ondulants, entraînant les enfants dans un monde à la fois quotidien et lointain comme vu à travers une vitre :

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Enfin, pour changer de sujet, un Vietnam magique, à l’image des impressions orientales que l’on garde de son enfance, engluées dans les souvenirs de plans de film, de photographies anciennes et de romans de Marguerite Duras.

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Magi Puig  part de photos qui lui permettent de finaliser sa rêverie, d’y trouver les éléments du vide qui rempliront ses tableaux, d’y comprendre l’importance de la lumière et de la couleur qui absorbe le regard et irréalise la scène tout en lui conservant une vision très concrète. S’il fallait qualifier ses tableaux d’un mot, ce serait la présence : présence des personnages, présence des sensations, présence du présent par le rappel de tous les passés semblables.

15/11/2012

Eternité

Un coup de tonnerre
Un grattement d’ongle de la main de Dieu
Qui retire toute démangeaison
Dans cette cloche de verre opaque
Où j’erre dans la solitude
Quel choc !

Cela n’a ni commencement, ni fin
Mais une énergie infinie
Qui se renouvelle sans cesse
Sortez donc la boussole
Elle n’indique rien
Tout est en tout
Ou encore
Rien n’est en rien
0 + 0 = 0
Ou encore
∞ + ∞= ∞

Ce n’est pas que rien ne bouge
Au contraire… Tout s’évapore
Emporté sans retour
Vous filez en éclair
A la pointe du progrès
Le cycle est accompli
La cuisine est finie
Plus de pâtés
De la consistance vide
Du son sans ouïe
Des images sans lumière
Le vide au bout des doigts

Vous flottez dans l’éther
Vous vous diluez dans l’espace
Chaque instant est tous les instants
L’éternelle éternité
Mon Dieu, quel ennui !

Eh bien non…
Revêtu de pourpre et d’or
Vous marchez la tête haute
Comme un roi en balade
Ou un gueux dans la fange
Plus rien ne vous touche
Même votre propre présence
Vous paraît absence

Qui suis-je, moi
Pour vous dire
Ce que personne ne sait ?
L’éternité devenue présente

14/11/2012

Le jardin des Batignolles

Il n’est pas grand, perdu entre les voies ferrées de la gare Saint Lazare et la banlieue. C’est pourtant un havre de paix dans ce Paris tourbillonnant et bruyant.

Il y a un mois, je pénétrais dans ce jardin mystérieux. C’était encore presque l’été. Plongée dans la campagne.

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Le quasi silence, la chaleur du soleil filtrant à travers les arbres, l’eau qui coure vers l’étang au travers des herbes folles, le gardien avenant toujours fier de sa propriété, tout concoure à un dépaysement bienveillant.

J’ai parcouru ce paradis en état d’apesanteur, flottant dans un sentiment d’irréalité. Qui pourrait imaginer qu’à 50 mètres derrière ce coin bucolique se cache la géométrie absconse des chemins de fer français ?

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Pénétrant au cœur du jardin, on se découvre une âme de poète à petit prix. Il manque juste quelques baigneuses de Corot ou de Henner pour s’imaginer au paradis d’Allah. 

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Suivre le sentier le long de la rivière, s’essayer à quelques pas de danse,

 

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 admirer cette réplique insolite du mobilier arborescent des jardins japonais,

 

 

  

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éprouver l’étrange vision de vautours guettant le passage de poissons dans l’eau trouble,

 

quel repos !

 

 

 

 

13/11/2012

Monde 3 vers 4

Trois mondes se côtoient et se mêlent. Chacun a ses propres lois et cette suspension dans l'espace construit un autre monde, nouveau, ordonné, irréalisable, mais si tentant. Il est chaleureux, possède ses recoins et ses mystères. On pourrait passer de trois à quatre dimensions en laissant son regard errer dans son centre. Mais comme cela m'a donné du mal pour arriver à cet équilibre. Qui est devant quoi ?

 

art cinétique,optique art,peinture,dessin

 

12/11/2012

Les multivers

L’univers n’est plus seul et unique comme son nom l’indimultivers1.jpgque. Par les mathématiques, nos savants ont découvert qu’il est très probable que l’univers soit multivers. Et l’on commence à avoir des preuves de cette géniale intuition. Ainsi la bulle de notre univers, qui s’étend de plus en plus dans l’espace (mais peut-on encore parler d’espace ?), en expansion constante, côtoie d’autres univers qui naissent et meurent à côté de nous (tout est relatif, ce sont des milliards et des milliards d’années-lumière, immesurables !).

D’après eux, la Totalité (on n’a pas encore trouvé de mot pour désigner cet ensemble de multivers) serait fractale, chaque univers engendrant de nouveaux univers. Le physicien Andreï Linde dénomme « mousse d’univers » cette Totalité, dans laquelle se produit des big-bangs engendrant des univers ayant chacun ses propres lois ou constantes physiques. Mieux même, tout ceci a été découvert par l’exploration de l’infiniment petit. Une explication est donnée dans la théorie des cordes. Celle-ci explique que les particules fondamentales de l’univers seraient des sortes de cordes vibrantes sous tension, à la manière d’un élastique. Leur degré de vibration engendrant des particules élémentaires qui sont à l’origine de notre univers. Dans cette théorie (qui reste pour l’instant théorique), le monde serait non pasEspace_de_Calabi-Yau.png tridimensionnel, mais multidimensionnel. Et ces dimensions s’enroulent les unes dans les autres dans un tissu spatial dit espace de Calabi-Yau (voir schéma ci-contre) qui constitue une forme complexe de 6 dimensions. Ainsi, l'univers observable à quatre dimensions (la quatrième étant le temps) serait une sous-partie d’une Totalité disposant de dimensions supplémentaires, 11 pour certains.

La théorie des cordes suppose que l’univers est fondamentalement constitué de cordes d’énergie en vibrations constante. Elle voit l’univers comme une immense symphonie. Et cette comparaison est assez bonne. Les dimensions de notre univers sont normalement décrites dans un système décimal (multiple et sous-multiple de dix) alors que la musique fonctionne autrement, de façon beaucoup plus complexe, et permet des variations et harmonies impossibles dans un système décimal.

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N’entrons pas dans le détail de cette théorie, contentons-nous de rêver devant l’ingéniosité de nos savants et devant la magie de la musique qui, par le fait qu'elle n'est pas cartésienne, contient probablement une clé de la compréhension de la Totalité.

Dieu est encore beaucoup plus ingénieux qu’on ne le pensait jusqu’à présent.

11/11/2012

Apparition

Vêtu de noir, il possédait tout
Si jeune et déjà propriétaire dans le ciel

Il sonna à la porte, doucement
Entra sur la pointe des pieds
Et son sourire chaleureux
Fit passer de la rue obscure
Au seuil encaustiqué
La lueur violette et transparente

Son regard perçant noircissait
La matière des objets entassés
Plus loin…  Il cherchait l’inconsistance
L’atome derrière le toucher
La tranche pénétrable
Du vide au-delà de la rugosité

Parfois il s’enflammait
Les mains fermées sur sa vision
Tenant la pomme imaginaire
D’un Adam révolu, mais présent
Le divin insaisissable
Ouvrait ses portes aux gueux
Et caressait avec tendresse
Leurs pensées sauvages

A d’autres moments,
Il apparaissait souverain
Dans sa robe noire
Comme une mariée
Il allait à l’aventure de la vie
Tenant sa citrouille haute
Illuminant son chemin
De la clarté de la vérité

Il repartit tôt, encouragé
Auréolé de pièces bigarrées
Paysan, intendant, apôtre
Sachant tout faire
Ignorant le savoir
En connaissance d’instinct
Avec la lumière divine

10/11/2012

L'écriture

Tout bouillonne en lui. Fébrilement installé devant sa table, il est transparent. Il crée par sa pensée. Et tout cela pour quoi ? Il ne le sait, mais il est persuadé que c’est utile. A quoi ? Il ne sait pas. Tel le pianiste qui fait ses gammes, il déverse ses lignes d’écriture qui s’effacent au fur et à mesure.

Mais qu’il est bon d’être ainsi suspendu entre ciel et terre aux heures où tous dorment pour le repos de leur corps et de leur âme.

Derrière le visible, l’invisible. Qu’est-il ?

 

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Dessin réalisé à l’encre de Chine. Bien sûr, en pleine nuit !

09/11/2012

Apprendre à vivre et à mourir

« Il faut apprendre à vivre tout au long de sa vie, et, ce qui t'étonnera davantage, il faut, sa vie durant, apprendre à mourir. », disait Sénèque.

On ne peut monter haut sur une échelle en sautant à cloche pied. Tantôt à droite, tantôt à gauche, on s’élève alors sans fatigue.

De même, on ne comprend la vie qu’en comprenant la mort, et inversement. Mais, dans le même temps, on ne sait rien de la vie et de la mort. Car la vie, comme la mort, c’est apprendre. La vie est là pour nous dire de ne pas s’attacher à nous-même, à nos préoccupations, à nos habitudes. La mort est là pour nous détacher de nous-même et nous contraindre à nous interroger en faisant abstraction de notre petite personne.

S’aimer soi-même est indispensable à une vie épanouissante, mais s’oublier soi-même est indispensable à une mort bien vécue. Alors, efforçons-nous de sortir de notre narcissisme ! Aimons-nous en tant que personne unique dont le seul objet est de découvrir que les autres sont également uniques et digne d'être aimés.

08/11/2012

Triodion, d'Arvo Part

http://www.youtube.com/watch?v=uwmmnmVFTjg&feature=related

Nous avons déjà entendu ce compositeur estonien. Il signe là une œuvre pour chœur mixte chantée a capella, intitulée Triodon.

Cette œuvre est une commande pour le 150e anniversaire de la fondation du Lancing College au Royaume-Uni. Sa première mondiale a été exécutée le 30 avril 1998 par le chœur de la chapelle de Lancing sous la direction de Nicholas Cox à l'abbaye de Westminster à Londres. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Triodion_(P%C3%A4rt)

Le triode est un livre de la liturgie orthodoxe constitué de trois odes qui se chantent au temps pré-pascal. La plupart des canons du Triode ont été composés par St. Théodore de Stoudion (†826) et par son frère Joseph de Stoudion (†830), qui ont complété les chants plus anciens des Saints Côme de Mayuma et André de Crète, du VIIIe siècle (http://fr.orthodoxwiki.org/Triode).

Ces trois odes sont chantées en anglais :   

Ode I: O Jesus the Son of God, Have Mercy upon Us ;

Ode II: O Most Holy Birth-giver of God, save Us ;

Ode III: O Holy Saint Nicholas, Pray unto God for Us.

L’œuvre débute par une prière chantée par une femme, à la manière grégorienne. Puis le chœur des hommes. Selon l’habitude des chœurs orthodoxes, la composition utilise le bourdon, accompagnement du chant par un fond permanent sur une seule note. Les répons sont chantés par l’ensemble du chœur, hommes et femmes.

Le compositeur utilise parfois des accords de seconde qui donnent une note insolite dans la parfaite harmonie classique de l’œuvre.

 

Dans son style minimaliste, Arvo Part nous donne une musique profondément religieuse, apparemment très traditionnelle, presque conventionnelle au début, pour progressivement entrer dans un dialogue insolite, fait de chant et de silence, qu’il faut laisser vibrer en soi pour en saisir la subtilité spirituelle et se laisser envahir par cette prière magnifique. C’est une sorte de méditation intérieure qui donne toute sa force parce qu’au-delà des prières habituelles de remerciement, de supplication et de demande.

07/11/2012

La turpitude

La turpitude est-elle devenue morale ?
Ignominie et indignité, criaient nos grands-pères
Mais nous qui la côtoyons chaque jour
En avons-nous tellement horreur ?
L’âne nu se délecte de son attitude
Devant ces dames en sous-vêtements
Pourtant rien ne le distingue
Du personnage à trogne rougie
Qui joue du saxo devant notre porte
Et qui tend la main fourchue
Aux passants qui s’écartent, désorientés

La honte soit sur eux, ces avatars
D’une dissolution indélébile !
Ils avancent main dans la main
Comme deux gendarmes poursuivant
La folie du genre humain
Et regardent de tout côté
Si l’œil du cyclone n’est pas perdu
Ou seulement égaré

Oui la turpitude n’est plus ce qu’elle était
Elle s’est apprivoisée
Et ne court plus dans la campagne
Mais dans les chambres maudites
De ces hôtels où se concentrent
La caresse de l’interdit et du stupre

Et le noir désir qui chatouille la pensée
Tourne autour de chacun, vertigineux
Comme un ouragan tourbillonnant
Et pénètre par l’œil et l’oreille
Dans la loge cachée et rouge
De l’adolescent qui sommeille en vous
Au fond du désir indécent

06/11/2012

Maîtres et ateliers, textes et photographies d’Alexander Liberman

L’idée de ce sculpteur et peintre connu, russe et américain, fut d’enquêter, après la guerre, sur ce que fut l’environnement des grands peintres de l’Ecole de Paris. Non pas l’environnement social, politique ou mondain, mais celui de leur atelier, de  leurpeinture, dessin, école de Paris, création, art, art pictural vie intime, et surtout les lieux où ils ont créé leurs chefs d’œuvre. On se promène ainsi dans l’atelier de Cézanne, Monet, Renoir, Picasso, Braque, Léger, Hartung, Manessier, et bien d’autres, significatifs de cette époque où la France était le centre des arts picturaux, le lieu d’inspiration d’une nouvelle peinture, révolutionnaire. Chacun des artistes cités ont inventé une nouvelle manière de peindre, d’aborder leur sujet, de le voir, de le transcrire sur la toile ou d’autres supports.

Et il écrit dans son introduction : « Après des années durant lesquelles j’ai vu et photographié longuement ces grands artistes, je demeure surtout frappé par leur obsédante dévotion au travail créateur. Selon le mot du poète, ils ont vécu leur vie en la brûlant ». Cette consécration à leur art, analogue à celle des religieux, ils se la sont imposés à eux-mêmes. Ce sont les prêtres d’une religion nouvelle : l’art. (…) Au XIVème siècle, Cennino Cennini définissait ainsi les vertus cardinales du peintre : Vous qui adorez peindre, parce que vous en avez la vocation, avant de vous engager dans notre art, commencez par vous revêtir des vêtements que voici : Amour, Révérence, Obéissance et Persévérance. »

Chaque peintre est défini par son approche de l’art. Ainsi de Cézanne l’auteur dit : « L’œuvre, l’œuvre d’abord, et l’œuvre seule. Cézanne vivait dans un cadre ascétique. (..) Tendu, éperdument, vers les sommets de l’art, Cézanne a connu bien des jours de désespoir. » De Renoir : « Classique, la recherche de l’artiste a consisté à intégrer l’homme dans la nature, car sans la fusion de l’humain et de l’inhumain opéré par l’artiste, la nature, si belle soit-elle, ne dégage pas le sentiment de la plénitude. » De Van Dongen : « Avec son béret incliné de côté, sa barbe blanche élégamment peignée, Kees Van Dongen fait l’effet du commandant de bord. Le capitaine, puissant et expérimenté, d’un immense vaisseau hollandais, le dernier capitaine d’une croisière de luxe. »

Et c’est une longue histoire de la création artistique que nous fait vivre Alexandre Liberman. Ainsi Picasso explique : « J’ai horreur des gens qui parle du beau. Qu’est-ce que c’est le beau ? Quand on parle peinture, il faut parler problèmes ! La peinture n’est que recherche et expériences. » Et Braque poursuit : « Une peinture n’est pas autre chose qu’une méditation ; c’est le produit de la contemplation. Le tableau se fait tout d’abord dans l’esprit, et il s’agit ensuite de le régurgiter. »

Dans sa postface, l’auteur explique : « Tout artiste espère que ces œuvres vivront longtemps après lui. Et lorsqu’elles deviennent immortelles dans la mémoire visuelle de l’humanité, cet espoir est parfois récompensé. Quant à nous, chaque fois que nous admirons une œuvre, nous sommes émerveillés par ce mystère, cette gloire et l’enfantement miraculeux qu’incarne l’art véritable. »

05/11/2012

Méditation en Périgord

 

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L’arbre, symbole de vie, enraciné dans la terre, la tête dans le ciel, les branches ouvertes à tout vent, et ses fruits tombés à terre, glands ou autres semences, source d’autre vie.

La croix, symbole de l’union des contraires dans le Christ, horizontale pour l'homme et verticale pour le divin, rencontre du temps et de l’espace, elle est également l’image de la passion.

Le lieu de paix, la chapelle en pierre, symbole de ressourcement, à la porte romane par laquelle l’homme entre en méditation.

Et tout cela au bord d’une route, sur la route de l'homme debout.

Belle image, n’est-ce pas ?

04/11/2012

Arts Elysées 2012 : « Zen Lanscape » de Natalya Zaloznaya à la galerie Shchukin

« La galerie Shchukin a été fondée par Nikolaï Shchukin, collectionneur connu de l’art de l’avant-garde russe et de l’art contemporain. Elle est présente en France, en Russie et en Estonie et voit sa mission en développement des échanges culturels entre l’Europe et la Russie. Découvrir de nouveaux talents en peinture, sculpture et arts graphiques, talents jeunes et passionnants venus de la Russie et des pays européens, mais également promouvoir les talents déjà confirmés, – voici la première vocation de la galerie.

Pour sa première participation à la foire Art Élysées, la galerie Shchukin aborde le thème de « la mémoire » et met en scène le travail d’artistes autour de la réflexion sur la visualisation de l’espace. Les artistes créent un espace dans lequel on retrouve sa propre expérience personnelle et son rapport au savoir et à la pensée. » (présentation de la galerie sur http://www.artelysees.fr/index-p-detail_galeries-i-137-y-2012-c-GALLERY+SHCHUKIN.html)

Parmi les trois artistes exposés, il faut remarquer le triptyque Zen Landscape, de Natalya Zanozlaya. Trois toiles en une.

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Cette toile semble personnifier ce nuage d’inconnaissance décrit dans un ouvrage du XIVème siècle où l’auteur dresse une véritable voie d’accès à l’union divine.

  " Ne t'inquiète point si ton intelligence ne peut appréhender ce rien, car assurément je ne l'en aime que mieux. Il est en lui-même si précieux qu'elle ne peut l'appréhender. Ce rien, on l'éprouve plutôt qu'on ne le voit car il est tout aveugle et pleine ténèbre pour ceux qui ne l'ont pas encore beaucoup contemplé...

  Qui donc l'appelle "rien" ? C'est assurément notre homme extérieur, non l'intérieur. L'homme intérieur l'appelle "tout", car pour lui, il lui est donné de comprendre toute chose, corporelle ou spirituelle, sans en considérer aucune en particulier. "

Contemplons-la à nouveau dans sa partie centrale :

 

Natalya Zanoslaya toile2.JPG

En cherchant sur la toile je n’ai vu que peu d’œuvres de cette artiste. Elles ne m’ont pas paru extraordinaires. Mais celle-ci flashait : indescriptible, un nuage vibrant envoyant ces ondes aux quatre coins du monde.

On pourrait également penser au big bang initial. Le monde créé en un éclair provoqué par la main de Dieu.

03/11/2012

Brillent les larmes

Brillent les larmes dans les feuillages
Jour endeuillé de coton
Le son étouffé des corbeaux
S’entend d’un champ lointain

A nu, regarde-toi
Tes mains de glace
Comme la caresse de la mort
Autour du cou

Vienne la source chaude
Des réminiscences d’été
Quand tu courrais dans le sable
Après l’élan du cœur

Aujourd’hui seuls les crépitements
Sur le toit encombré de mousse
Jouent le rythme endiablé
Des veilles d’hiver

La vacuité te déleste
Va, contemple d’en-haut
L’horizon courbé
Envole-toi vers l’inconnu

02/11/2012

La Toussaint : parler de Dieu, parler à Dieu

« En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens qui s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. » (Matthieu 6:7-8)

 

Nombreux sont ceux qui parlent de Dieu. Ils en parlent sur tous les tons : avec chaleur comme les charismatiques, avec componction comme les religieux, avec savoir comme les théologiens, avec menaces comme les islamistes, etc.

Moins nombreux sont ceux qui prétendent que Dieu leur parle : indirectement par la Bible ou tout autre livre saint, ou directement. Seuls des jugements indirects permettent de faire le tri entre l’affabulation et le mystère de la parole de Dieu.

Beaucoup moins nombreux encore sont ceux qui parlent à Dieu. Comment lui parlent-ils ? La prière est le langage des hommes pour parler à Dieu. Mais elle emprunte la parole humaine. Alors elle n’est que le reflet de la vie extérieure ou intérieure de celui qui prie. Enfermé dans notre bulle de compréhension, pouvons-nous sortir de notre connaissance pour rencontrer Dieu face à face ?

Il existe une littérature importante de dialogues avec Dieu, comme celle de Neale Donald Walsch, par exemple. Qu’en penser ? Cela fait un peu conte de fée. Le plus beau dialogue est celui du Cantique des cantiques, merveilleuse allégorie qui illustre le dialogue entre Dieu et l’homme, hors de toute forme conventionnel. Une autre manière de parler à Dieu est l’utilisation de la poésie. Paul Verlaine a écrit un très beau poème : « O mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour. Et la blessure est encore vibrante… Mais ce que j’ai, mon Dieu, je vous le donne. » Mais le poème emprunte à la parole humaine, avec sa vision.

Le chant, qui allie parole et musique, et en particulier la psalmodie, permet au chanteur de sortir de lui-même et de s’ouvrir à la réponse de Dieu. La musique en général est également une autre façon de parler à Dieu. Elle fait entrer en vibration sans besoin de paroles. Certains minimalistes actuels utilisent cette forme de langage pour dire leur foi.

Enfin, la meilleure façon de parler avec Dieu est bien sûr le silence. Non pas le silence avec les hommes, mais le silence intérieur, l’absence de dialogue avec soi-même jusqu’au calme de l’esprit. C’est la finalité de la méditation qui doit mener au silence : « Je comprends et je sais par expérience “Que le royaume de Dieu est au-dedans de nous”. Jésus n’a point besoin de livres ni de docteurs pour instruire les âmes, Lui le docteur des docteurs, il enseigne sans bruit de paroles… Jamais je ne l’ai entendu parler, mais je sens qu’il est en moi, à chaque instant il me guide, m’inspire ce que je dois dire ou faire. » (Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus)

En fait, on ne parle pas à Dieu. Il parle à chacun de manière différente et certains lui répondent et le suivent.

01/11/2012

Aral, roman de Cécile Ladjali

C’est un monde mouvant, tantôt effrayant, tantôt attendrissant, toujours chaud, plein de frémissement, comme ces vibrations qu’Alexeï, musicien sourd, entend.12-11-01 Aral-C Ladjali.jpg Il se marie avec son amie d’enfance, Zena. Ils ont grandi à Nadezhda, au bord de la mer d’Aral qui s’est retirée. Il n’y reste plus que le sable, la pollution et la misère. Mais ce monde est le leur et ils y trouvent le bonheur, chaud, envahissant, comme leurs corps qui se découvrent et se parlent en caresses.

Mais un jour, après quelques années heureuses, Zena part travailler en France. Alexeï reste seul avec sa musique. Il prépare un opéra, il joue pour les orphelins de Nadezhda et découvre qu’il sort de cet endroit où les enfants n’ont pas d’histoire. Il rencontre Nulufar, jeune prostituée, belle comme un démon. Il s’installe chez elle, sans cependant la posséder. Mais elle boit l’eau de la ville et est atteinte d’une maladie qui la fait régresser. Elle est comme une enfant de dix ans et il assume cette paternité. Sa vie s’enfonce dans la boue laissée par la mer, près des bateaux gisant sur le flanc, rouillés. Un jour, pour la sainte Rita, Alexeï voit l’eau remonter. Il remarque une fille qui s’installe à côté de lui, sur sa serviette de bain. Zena se lève, entre dans l’eau, il la rejoint. Elle enlève son maillot pour être douce et nue dans ses bras. Dans l’eau elle boit mes larmes. Dans l’eau je bois ses larmes. La mer. Nos visages. Ils rient ensemble et le sel mord les minuscules égratignures que notre histoire a laissées sur nos corps qui se serrent. Une eau joyeuse remplit la vasque ouverte de nos deux vies.

Quelques très belles pages sur la musique : Du désir de musique, je dirai qu’il est très simple et demande à être immédiatement satisfait. Il vient comme la faim, la soif, l’excitation amoureuse. (…)

Moi j’entends la musique partout : dans le sable, dans l’eau, dans les arbres. Le long des falaises de craie, parmi les jupes des fillettes qui jouent à la marelle, ou sur la frimousse crasseuse des bambins qui volent des oranges au marché Saint-Hilarion. En fait je n’invente rien. Jamais. Je restitue. Mais ce que les gens ont du mal à concevoir c’est que ma perception des choses se traduise musicalement, alors que je suis sourd. Ils sont idiots : un artiste choisira toujours le mode d’expression qui annulera sa douleur. (…)

La musique est un souvenir. Une tension en direction de ce qui fut et qu’on rappelle. Les vagues. Les ondes. Le ressac. Voilà à quoi ressemble la musique. Elle et un fleuve Alphée qui retourne au mouvement qui l’a engendré. Elle est un antipoison à la disparition. Je n’ai jamais composé avec du temps mais avec de la durée. Avec des lignes brisées, dans des intervalles, au creux des interstices que le laisse la mémoire ou me confiait le hasard. Ma musique est une sorte d’anomalie.

 

La beauté du livre tient principalement à l’écriture de Cécile Ladjali. Déliée, sensuelle par l’évocation des perceptions autres que celles de l’ouïe, faite de phrases courtes, désossées. Elle nous donne l’envie de lire ses autres livres.

 

31/10/2012

Le sacre du printemps, ballet de Maurice Béjart, musique d’Igor Strawinsky

 

Un ballet de Maurice Béjart créé en 1959. Ce film date de 1970. Les deux élus du sacre sont interprétés par Tania Bari et Germinal Casado.

http://www.youtube.com/watch?v=ooi7eomsTuc

 

Quels sont ces insectes mâles qui, collectivement, tentent d’approcher leur reine, elle-même protégée par ses fidèles ? Est-ce une danse rituelle africaine, une parade de fourmis ou une évocation d’extra-terrestres. Ils sont impressionnants ces guerriers exaltés qui, mus par un instinct viscéral envahissent l’espace autour du bouton fermé sur lui-même. Leurs pattes et leurs ailes se meuvent ensemble pour se donner plus d’impact. Oseront-ils approcher ? Ils se scindent en paquets, tournent autour de cette forme insolite, approche peu à peu jusqu’à l’apparition de la reine. Celle-ci tout à coup se dresse et s’offre dans toute sa beauté, seule face aux mâles. Puis, très vite, par peur ou pudeur, ou peut-être parce que ses protectrices ont-elles-mêmes peur, elle se montre borgne pour que les mâles se détournent. Les deux entités, mâles et femelles, se regroupent, se serrent, se regardent avec fureur, se haïssent et se désirent.

La reine s’impose alors, majestueuse et animale. Elle vit sa vie propre, dans son monde à elle, rythmée par une horloge puissante qui imprime à son corps des attitudes tantôt terrifiantes, tantôt érotiques. Mais elle dévoile derrière ces attitudes un désir de rapprochement des entités. Et ce désir qu’évoque les allées et venues entre les deux groupes, éclate tout à coup. Elle s’est rendue désirable et cherche à les rendre désirables entre eux par une démonstration de sa propre envie. Jeu de la séduction qui tout à coup déchaîne les deux groupes. L’humain se retire, ni homme, ni femme, l’animal se dévoile, c’est une sorte d’ensorcellement qui, tout à coup, fait sortir du groupe des hommes un être.

Aussitôt, la reine cherche à séduire cet homme. Elle parvient vite à ses fins. Et c’est le déchaînement des corps, la confusion. Tous s’y mettent dans une extase sans limite. C’est la consécration de la femme et de l’homme dans une passion exacerbée. Derrière l’animalité de la danse se dévoile l’humain et le mystère de cette division en deux groupes sexués qui se cherchent et n’ont de cesse de s’unir. L’un et le tout.

 Ce ballet fit scandale lors de sa première représentation. Stravinsky en fut malade. Il en voulut aux ballets russes de Diaghilev et à Nijinski, le chorégraphe. Il ne connut le triomphe que l’année suivante. C’est un ballet mythique qui réunit à la fois le scandale, le fait qu’il ne fut joué que 5 fois dans les années 1913, un chorégraphe célèbre et une musique moderne fondée sur le rythme, la dissonance et le discontinu. La mélodie et même l’harmonie importent peu.

Merci à Maurice Béjart de cet instant magique qui fouille au cœur du mystère de la vie humaine : homme et femme, semblables et différents, une différence qui ne cherche qu’une chose : l’unité.

30/10/2012

Renouvellement

Avance, avance encore
Jusqu’au bord de l’abîme
Là où la terre quitte le ciel
Pour s’enfoncer dans le rien
Nuit d’or et de pierres précieuses
Constellée de cris sauvages
De souvenirs et de regrets
Attachant de couleurs humides
Coupant dans l’histoire d’une vie
Et chaque aube lève son voile
Sur le désastre des pensées

Aujourd’hui encore, avance
Quelques pas de plus
Lève la tête, respire la pluie
Prends ta douche d’aventures
Engrange ces petites victoires
Comme le pain des pauvres
Et le soir, dans ce lit dévasté
Mange la croute râpeuse
Et la mie indigeste
Des échappées de l’oubli

Dans ce brouillard interminable,
Surtout, n’oublie pas
Ce qui t’anime chaque jour
Ce creux dans l’estomac
Qui te conduit aux portes
De la béatitude inavouable
L’élan vital, la passion fulgurante
Qui prend l’être en un instant
Et fait de lui l’ombre des dieux
Création, déjection, vomis ton désir
D’être autre et toi-même
Et délaisse les rivages
De précaution et d’ennui

Lentement bâtis cet être nouveau
Sans regard en arrière
Et contemple la marche naturelle
De ce qui devient toi
Même si tu ne le connais pas

Que chaque acte te soit propre
Renouvelle ta vue et tes pensées
Ouvre le devenir à l’inconnu
Jusqu’à l’extinction

29/10/2012

Hommage à Oscar Arnulfo Romero, tableau d'Alfred Manessier

Parmi tous les exposants de la FIAC, il faut remarquer la galerie Applicat-Prazan qui se singularise avec 10 toiles monumentales d’Alfred Manessier. Vu des galeries du premier étage, son stand se remarque immédiatement, il est plus haut que les autres et forme comme une grotte.

Nous ne regarderons qu’une toile, l’Hommage à Oscar Arnulfo Romero, archevêque de San Salvador, assassiné le 24 mars 1980. Elle fait 3m sur 2. Elle est magnifique de transparence, de lumière et de feu.

L1_HommageRomero.jpg

Totalement abstraite, elle n’en représente pas moins de manière très concrète à la fois l’assassinat de l’archevêque Romero, sa foi et, finalement, son espérance.

Son assassinat : le Père Romero est tué d’un coup de fusil pendant qu’il prononce une homélie dans la chapelle d’un hôpital. La veille il avait lancé un appel aux militaires ; « Un soldat n'est pas obligé d'obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu. Une loi immorale, personne ne doit la respecter. Il est temps de revenir à votre conscience et d'obéir à votre conscience plutôt qu'à l'ordre du péché. Au nom de Dieu, au nom de ce peuple souffrant, dont les lamentations montent jusqu'au ciel et sont chaque jour plus fortes, je vous prie, je vous supplie, je vous l'ordonne, au nom de Dieu : Arrêtez la répression ! »

Sa foi : Inversement, en tant qu’évêque auxiliaire, il avait critiqué ouvertement « la nouvelle christologie » en tant que menace pour l’église et la foi. Il était prêt au martyre si le sang versé pouvait contribuer à apporter des solutions aux difficultés de son pays. « En tant que chrétien, dit-il à l’une de ces occasions, je ne crois pas à la mort sans résurrection. S'ils me tuent, je me ressusciterai à nouveau dans le peuple salvadorien. »

Son espérance : Le Vatican le nomme "prophète d’espérance" en tant que témoin de la foi. Mgr Romero utilisait l'autorité morale de son poste d'archevêque pour parler au nom de ceux qui ne pouvaient pas le faire pour eux-mêmes. Il ne tarda pas être connu comme la "Voix des sans voix". Il a déclaré un jour :

« La paix n’est pas le produit de la terreur ou de la peur. La paix n’est pas le silence des cimetières. La paix n’est pas le résultat silencieux d’une répression violente. La paix est la contribution généreuse et tranquille de tous pour le bien de tous. La paix est dynamisme. La paix est générosité. Elle est juste et elle est un devoir. »

Manessier_hommage_Romero.jpg

Contrairement aux autres tableaux de Manessier exposés, celui-ci est lumineux et coloré, alors que les autres semblent chargés des lourdeurs de la vie. C’est un éclatement de la chair. Dans les dommages du coup de feu, on devine la transparence de la résurrection. Et la lumière y circule, irisant le noir des pourtours, rappelant qu’au-delà de la connaissance humaine existe une autre connaissance. Et cette connaissance a été donnée à Mgr Romero. Il savait qu’il n’y a pas de développement sans paix et, ce qui est le plus important, qu’il n’y a pas de paix sans justice. Manessier nous donne ici la préscience de la résurrection.

Alfred Manessier disait : « Inverser les signes... faire d’un négatif un positif. Transformer ses cris en un chant. C’est là où le cri devient juste. C’est ce que j’essaie de montrer dans ma peinture. » Et il le montre de manière sublime dans ce magnifique tableau.

28/10/2012

Femme et homme

Les femmes ont un besoin naturel d’être désirables et désirées pour atteindre la sécurité. A cette fin, elles se donnent, puis se refusent. Elles passent par la séduction, jeu de contradiction qu’elles maîtrisent, mais que l’homme a du mal à comprendre.

Les hommes veulent être reconnus pour assoir leur sentiment d'exister. Le seul moyen qu’ils ont pour montrer ce qu’ils sont, passe par ce qu’ils font, dans tous les domaines, social, professionnel, familial, loisir, etc.

Dans le jeu de la conquête, l’homme et la femme cherchent à contrôler leur relation, soit de manière directe pour le premier, soit de manière indirecte pour la seconde. Une fois une véritable relation établie, les vrais couples n’ont plus besoin de ce type d’attitudes, mais certains couples le poursuivent après le mariage.

Ce constat n’est pas nouveau. Ces relations existent depuis le début des temps. Ce qui est nouveau, c’est, avec l’apparition de la publicité et des médias, l’exaltation de ces caractéristiques. Utilisant ces variations psychologiques, ceux-ci les utilisent à d’autres fins, pour les reporter sur d’autres sujets. Ainsi la publicité utilise le corps féminin pour vendre des produits. Ainsi également, le sportif de haut niveau, l’artiste médiatique, le politique charismatique sont magnifiés et détruits en cas de faux pas. Aucun regard, ni pour l’homme de tous les jours ou même le chercheur ou le philosophe qui font avancer le monde, ni pour la femme qui est au centre de la vie sociale et familiale. Les médias et la communication consolident ces stéréotypes : pour vivre et être, la femme doit séduire, l’homme doit maîtriser.

Ne nous laissons pas imposer ces stéréotypes par des professionnels des médias et du marketing  qui les amplifient et les utilisent à des fins différentes. Et si je parle de stéréotype, c'est bien qu'au delà de ces attitudes générales, chaque femme et chaque homme a des attitudes personnelles qui font que c'est cette personne spécifique qu'on aime et non le stéréotype. Alors, cultivons nos trésors personnels et réalisons-nous à travers eux.

27/10/2012

Le bruit de l'eau, nouvelle de Jacqueline de Romilly

J’écoute le bruit de l’eau qui coule patiemment dans la vasque et de la vasque dans le bassin ; et je me souviens.

Elle, celle qui se souvient, n’est pas l’auteur. C’est une certaine Anne qui évoque sa maison du Lubéron. Elle est n’importe qui, nous dit Jacqueline de Romilly, comme l’indéfini en anglais, an, any. Et comme savait si bien l’évoquer Marcel Proust, cette eau qui coule éveille milles souvenirs : l’achat de cette maison, les premiers instants seule dans le jardin, le jour où ce refuge commence à prendre une âme. Au-delà, c’est la vie elle-même qui est évoquée, une vie qui prend du poids, qui devient adulte à presque cinquante ans. Adulte, c’est-à-dire sereine, au moins pour un court moment, qui laisserait sa marque, en dépit des oublis et des transgressions.

J’ai eu l’impression que mon cœur gonflait, sans que je sache si c’était bien de gratitude ou de mélancolie, de plénitude ou bien de vide. Le bruit de l’eau était comme une chanson, toujours la même, présente, fidèle, secrète, interminable…

 

26/10/2012

Le masque

Tous portent un masque, toi comme l’autre
L’ignores-tu, l’oublies-tu ou le sais-tu ?
Peu importe, te voilà pourvu d’un refuge
Et d’un mensonge permanent

Il y a le masque de la dignité outragée
Le masque de la camaraderie sociale
Celui de la pudeur du timide
Et celui du voyou belliqueux

Le poids du masque est variable
Il peut être léger comme l’air
Découvert, il s’évapore
Et révèle l’autre moitié de Janus

Il peut être utile dans l’ampleur du soleil
Il est indispensable au souffleur de verre
Comme au sidérurgiste face au feu
Il protège le délicat des déchirures

Il est parfois le fait de dames en-maquillées
La peinture leur va bien, tache rouge
Sur fond blanc des geishas immortelles
Qui jouent leur rôle, immuables

Le plus beau masque vient de celui
Qui ne sait qu’il en possède un
Il va de par le monde sans pudeur
Et cette absence est celle de l’innocent

Bas les masques ! Qu’enfin règne
La beauté sans partage, nette
Des visages rajeunis et radieux
D’hommes et de femmes sans mensonge

25/10/2012

Le ridicule ne tue plus : condamnation de J. Kerviel

La condamnation a été confirmée en appel : 5 ans de prison dont 3 ferme et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Mais qu’a donc fait cet homme ? A-t-il tué des familles entières, a-t-il volé des milliards ? Non, il était employé d’une banque. Certes, pas un employé lambda. Il faisait gagner de l’argent à ses employeurs. L’histoire ne dit pas ce qu’il a fait gagner, mais ce qu’il a perdu, en une fois.

Certes, il est fautif. C’est vrai, il a fait preuve d’ « abus de confiance, faux et usage de faux, introduction frauduleuse de données dans un système informatique ». Il a largement dépassé le quota qu’on lui accordait pour spéculer. Il avait eu beaucoup de chance jusqu’à ce jour où lui est tombé le ciel sur la tête. Mais notre société est impitoyable. La responsabilité est exclusivement de son côté, sans aucune faute de la banque. Quel scandale ! Et ce n’est pas seulement la banque qui est fautive. Ce sont également les politiques et derrière la justice. Les médias ont-il également une part de responsabilité ? Pour une fois il ne semble pas. Mais s’indignent-ils contre ce jugement ?

Tout d’abord ce n’et pas la société générale qui porte plainte, mais un dénommé Ernest, actionnaire, au nom des actionnaires qui voient leurs dividendes baisser (voir le jugement sur http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/files/2010/10/kerviel-delibere-pressewpd.1286270254.pdf ). Passons.

Le jugement dit que "le dossier ne permet pas de déduire que la Société générale connaissait les activités de Kerviel ou a pu les suspecter". La défense a largement contredit cette affirmation. Et même si cela était le cas, est-il normal que dans une banque, il n’y ait pas un mécanisme de surveillance sérieux interdisant de telles pratiques ? Le jugement explicite bien le système de surveillance des activités des traders. C’est compliqué. Tellement, que cela ne marche pas. En tient-on rigueur à la banque ? Nullement.

Est-il normal que la banque puisse engager des sommes faramineuses sur les marchés, somme appartenant en fait à ses clients ? Oui selon notre système, même si la banque avait édicté la règle d’aucun engagement de la part des traders au-delà de 125 millions d’euros. Elle n’a elle-même aucune réglementation concernant cette activité. En fait, la banque, et derrière la société, autorise et encourage ces spéculations. Les clients seront-ils indemnisés en cas de casse, on ne sait pas. C’est là qu’intervient la responsabilité des politiques. Ceux-ci sont coupables de ne pas faire leur métier régalien : la protection des citoyens contre les risques de toute nature, donc y compris financiers. S’agit-il réellement de risque d’ailleurs ? Certes les mathématiques ont apporté des éléments importants de calcul du risque. Mais in fine c’est bien toujours d’incertitudes que l’on traite, et ces éléments ne permettent que de chiffrer le risque de ces incertitudes qui restent des incertitudes. Comment se fait-il qu’aucun politique n’ose s’élever contre un jugement qui accable un concitoyen par l’énormité des peines ? Ceux-ci considèrent que ce n’est pas leur affaire, aloos qu’il s’agit bien de protection des citoyens devant l’incurie des banques qui s’autorisent tout sans contrôle de la part de la société.

Alors ce serait l’affaire de la justice ? Peut-être, à condition que celle-ci ne soit pas liée par la façon dont sont rédigées les lois. L’accusation est juste, mais le résultat est hors de proportion. Il vaut donc mieux voler ou tuer que de mal faire son travail et de déroger aux règles que celui-ci impose. Les juges ne sont même plus conscients du ridicule, non du scandaleux, de leur jugement.

Est-il normal que les dirigeants de cette banque continuent d’exercer, qu’aucune étude n’ait été faite pour mettre en place de véritable moyen de contrôle, que les banques fassent ce qu’elles veulent de notre argent sans aucune sanction ?

Notre société marche sur la tête. On peut se demander si les indignés n’ont pas raison !

 

24/10/2012

Figure impossible

L’origine des perspectives est différente pour chaque carré, rectangle ou cercle. Parfois, il n’y en a pas. Cela en fait une construction impossible, mais d’un effet certain.

Les objets impossibles représentent des objets contraires aux lois physiques connues de la nature. En fait, il s’agit de l’interprétation par l’œil d'une projection en 2 dimensions de ce qui pourrait être un objet impossible de dimensions supérieures. L'artiste suédois Oscar Reutersvärd fut le premier à créer de telles figures.

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23/10/2012

Cité des Fleurs, à Paris

Quelle idée d’aller se promener dans la cité des fleurs au moment où justement il n’y a plus de fleurs. Mais il était trop tentant, en ce jour quasi d’été, d’aller baguenauder en chemise dans ce chemin insolite en plein Paris.

12-10-23 Entrée.JPGOn croit entrer au paradis, et cela commence par une prison. Grille de part et d’autre, fermement gardée. Mais une fois passée, elle ouvre sur la petite ville de province, avec son charme discret, bien caché, et pourtant ouvert à tous. Impression de voyage dans le passé : une rue pavée, silencieuse, chaude d’un soleil d’automne ; des jardins fermées, bien cachées ; des12-10-23 Rue1.JPG fenêtres ouvertes comme si chaque maison avait besoin de respirer. On a du mal à comprendre où l’on se trouve. C’est tellement insolite cette rue d’un autre siècle. Il faut se promener plusieurs fois sur ces pavés disjoints pour se laisser imprégner par l’ambiance insaisissable au premier abord. Il n’y a pas une fleur à cette époque, il y a ces grilles qui cachent les jardins, et pourtant, on est à la campagne.

 

12-10-23 Rue 2.JPGAllons-y, errons et laissons-nous charmer le long de cette voie royale. Dommage qu’il y ait ce bruit de machines grattant ou ponçant derrière une façade ouverte, dommage aussi ces voitures garées là on ne sait pourquoi. Les passants, rares, se promènent silencieusement, comme dans une église. Deux jeunes filles se photographient un bouquet à la main. Et l’on contemple ces façades respectables, blondies par l’éclat doré des rayons du soleil qui pénètrent au travers des arbres et feuillages.

 

paris,liberté,automne

paris,liberté,automne

12-10-23 Maison 3.JPG

Je ne vous raconterai pas l’histoire de cette cité, vous la trouverez sur Internet à l’adresse suivante :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cit%C3%A9_des_Fleurs

 

Vous repartez en plein Paris, vous franchissez la porte et vous comprenez alors que cette fois-ci vous entrez en prison, immense, bruyante, polluée, violente. Bref, la privation de cette liberté vécue pendant un instant et qui vous enchante pour le reste de la journée.

 

22/10/2012

Elle est revenue

Elle est revenue cette hantise
Elle vous tient le cœur et la main
Je la laisse parler, féconde
Comme il est difficile d’obéir
A cette voix interne et incertaine
Qui joue à cache-cache
Un mot en éveille d’autres
Un autre en voile certains
Une distraction rompt l’enchaînement
Revenir sur ses pas, doucement
Et reprendre le fil des mots
Cette liqueur qui coule abondamment
Sans jamais se répandre intégralement
Elle babille, splendide d’hésitation
Elle sort sa tête parfois,
Elle peut se taire, muette et absente
Pour revenir ensuite à petits pas
Et encourager la caisse de résonance
D’un son maigre, mais ferme
Elle a un goût amer et reconnaissable
Le sablier se déclenche et fuit
Le désert envahissant me submerge
A gauche
Les eaux débordent
A droite
Les berges sont à sec
Au milieu, rien, le néant

Où donc avais-je donc la tête ?

21/10/2012

FIAC

« La FIAC 2012 rassemblera au Grand Palais près de 180 galeries venues de 24 pays. La France compte 61 galeries, soit 34% des exposants, puis viennent les Etats-Unis avec 30 galeries, l'Allemagne avec 24 galeries, l'Italie avec 12 galeries, la Belgique avec 14 galeries, le Royaume-Uni avec 9 galeries, et la Suisse avec 6 galeries. Les pays nouvellement représentés sont le Danemark, la Pologne, la Roumanie et les Emirats Arabes Unis. 41 galeries participent pour la première fois ou sont de retour à la FIAC. » (www.fiac.com)

 

12-10-21 FIAC.jpg

 

Qu’en est-il ?

C’est vrai, il y a du monde. Des gens de toutes sortes : hommes et femmes, snobs et passionnés, jeunes ou vieux, qui s’esbaudissent ou qui passent avec un œil mort ou encore qui s’interrogent. Oui, on peut s’interroger sur ce qu’est l’art contemporain. Les deux mots ne seraient-ils pas antinomiques ? Peut-on parler d’art lorsqu’on l’associe au contemporain ? 

D’une manière très générale, l’art est « un ensemble de moyens, de procédés conscients par lesquels l’homme tend à une certaine fin, cherche à atteindre un certain résultat. » (http://www.cnrtl.fr/definition/art). L’ennui est qu'une définition aussi vaste ne dit pas quelle est la fin recherchée. L’art ne serait qu’une technique parmi les autres techniques. D'ailleurs, l’artisan était jusqu’à peu un artiste à part entière et l’on parle des arts mécaniques ou de l’art militaire.

Les Grecs avec Platon ont associé à la notion d’art celle de beau. Mais ce n’est qu’au siècle des Lumières que la notion d’art prend son acception actuelle. Kant y adjoint la notion d’esthétisme et les romantiques celle d’émotion et de sentiment. L’époque moderne ne voit pas ces rapprochements comme obligatoires. L’art a été utilisé par les politiques pour la propagande, d’autres en ont fait un domaine permettant d’exprimer une certaine dérision, d’autre encore combattent certaines formes d’art au nom de la religion. Et si l’on tente de rester dans la notion de l’esthétique, c’est-à-dire la science du sensible, celui-ci est-il lié obligatoirement à la beauté ? L’art peut aussi être une métaphysique de la vérité et cette vérité n’est pas forcément belle, mais peut être dite par l’art.

Alors oui, c’est bien d’art dont on parle, mais contemporain, c’est-à-dire d’art actuel, du moment. Chaque période se crée sa propre conception de l’art. Elle est toujours en avance sur  la conception de la majorité. L’évolution prend en compte le passé et l’utilise en réaction pour construire de nouvelles visions. Mais ces recherches d’évolution ne produisent pas que de la qualité. Celle-ci est même l’exception.

Alors tant pis, ne protestons pas contre les horreurs que nous y voyons, mais au contraire cherchons ce qui est signe d’une évolution vers un art toujours nouveau et toujours merveilleux. La quête devient alors une recherche exaltante, comme celle du mouton à cinq pattes ou du trèfle à quatre feuilles. Et lorsqu’en un instant, vous êtes dépassé, devenu autre, renouvelé devant une œuvre qui vous parle intimement, alors vous savez que cette quête n’a pas été vaine.

 

20/10/2012

Faire ou être ?

Faire, faire, faire… On a tellement à faire qu’on n’a plus le temps d’être. Etre là, sans rien faire : est-ce possible ?

Ce matin, je ferme mon ordinateur. Il est cinq heures. Mais au moment de me recoucher, je me rends compte que je n’ai aucunement sommeil. Que faire ? Rien ! Et ce rien devient quelque chose d’important. En un instant je suis. C’est une autre sensation. Je suis là, maintenant et je prends un poids différent. Je ne suis pas hors de moi comme lorsque je réfléchis. Non, je n’ai rien en tête, je suis léger comme l’air et pourtant lourd de richesses cachées, mais impalpables. Passage du connu à l’inconnu. Entrée dans le nuage d’inconnaissance où tout n’est rien et où le rien est tout. La vie suspendue sous le lampadaire parce qu’il fait nuit, qu’il n’y a aucun bruit, et que rien ne me mobilise, ni sentiment, ni pensée.

Certes, cela ne dure pas. La preuve, je l’écris et déjà je fais. Je suis revenu au point de départ. Et pourtant, quel bel intermède !

 

19/10/2012

Cindy Sherman, à la galerie Gagosian (1ère partie)

En entrant dans la galerie Gagosian, on ne sait ce que l’on va trouver. Les fenêtres sont obturées, une sorte d’appariteur, tout de noir vêtu, ouvre la porte et l’on est englouti par l’immensité des pièces. Les tableaux ou objets exposés sont également immenses, à la mesure, ou démesure, du lieu. Qui est donc cette Cindy Sherman ?

Cindy Sherman 1.jpg

 Deux grandes toiles, imposantes… Un paysage, beau certes, dans lequel on trouve une femme, différente chaque fois, posant de manière tantôt grotesque, touchante, insolite, effrontée. Elle est plantée au milieu du décor, vêtue de tenues extravagantes, venant de la collection Chanel. On s’interroge. On regarde à nouveau le paysage, est-il peint ou photographié ? On ne sait pas exactement. Chaque paysage est particulier, le plus souvent grandiose. Tous sont désolés, d’une solitude démesurée, avec la beauté de la nature vierge. Que vient faire cette femme au milieu de ces scènes de nature brute ? La contradiction entre celle-ci et le fond est flagrante, voulue, obscène.

Cindy Sherman 3.jpg

Tout d’un coup, on se demande s’il s’agit de peinture ou de photo. On s’approche de plus près, on ausculte le tableau, on croit dans un premier temps à la peinture. Quel réalisme et quelle précision des traits ! Trop, sans doute pour que ce soit vrai. Alors on penche pour la photographie. Oui, certainement, mais pourtant. En fait c’est de la photographie remaniée, tant pour les paysages que pour les portraits. Les paysages viennent de Capri, du Stromboli, de l’Islande de New York (Shelter Island). Ils ont été manipulés numériquement et rappellent maintenant les peintures de Turner ou de l’école de Barbizon. Elle s’est photographiée dans des robes ou des atours sophistiqués, comme au théâtre. Les tenues sont très variées : Coco Chanel, vêtements des années 1920, d’autres plus modernes (Karl Lagerfeld). Elles sont baroques, avec broderies, plumes, volants, et font dire : « Mais que vient-elle faire dans cette galère ? »

Cindy Sherman 4.jpg

Est-ce beau ? Certes, le contraste est saisissant. Les paysages sont déshumanisés, la femme est désocialisée, voire dés-efféminée. On sent dans sa gorge une impression bizarre, c’est trop théâtral, trop organisé pour faire vrai. C’est comme manger de la soupe pour chien dans un restaurant quatre étoiles !

On ressort de la galerie avec un certain malaise : est-on trompé ou ne voit-on pas ce que la photographe a voulu dire ?

 

18/10/2012

Dehors

Pour qu’il y ait un dehors, il faut un dedans
De deux choses l’une, je choisis l’extérieur
Ce lieu d’espace, sans portes ni fenêtres
Où se perd le regard et s’usent les pieds

Dehors n’est pas qu’un mot, même bref
C’est une philosophie sans développement
Partir sur son nuage, la tête vide
Et revenir chargé de souvenirs prolixes
A conter aux enfants des autres, ébahis
Au fond d’un lit bien chaud, en hiver

Oui, on raconte bien le dehors extravagant
Lorsqu’on est dedans, lié par la somnolence
Ce sont des histoires à coucher dehors
Ecoutées avec la gravité d’un magistrat

Toute voile dehors, ils filaient sans vergogne
Le cœur léger, vers l’aventure cinglante
La faim au ventre, la soif toujours
Jusqu’au retour vers les ports inconnus

Sauver les dehors, entendons-nous crier
Et la façade bien nette, proprement nettoyée
Impose au passant son apparence offensive
Quel voile de vertus s’agite sous nos yeux ?

Extraverti, il raisonne en tambour
Il s’ignore, incompétent, sans moi intérieur
Où donc se cache la fumée de l’être ?
Quel brouillard, on n’y voit goutte !

Cette cloison qui sépare toute chose
Fait-elle l’exclusion du dehors agissant
Au profit du dedans chaud de réflexion
L’œil blanc, l’homme se regarde vivre
Et enfle ses propos de reflets brillants
Mais inutiles aux oreilles fanées

Quel juste équilibre permet de s’engager
Dans une conviction sans partage ?
Le funambule avance sur sa corde raide
Le dehors devient vertige insoluble
Seul le balancier rattrape la peur
Equilibré par la concentration

Oui, plus rien ne nous retient encore
Saute, te dis-je, et vogue l’âme !