23/04/2013
Matin
Ce matin, la couleur était dehors. Elle inondait la fenêtre, s’épandait sur la toile du ciel et pénétrait le regard d’une couche d’extase. Quel assemblage : bleu et rose !

Les grands arbres noirs découpent leurs silhouettes élancées, levant leurs dizaines de bras et leurs centaines de doigts. Ils prennent leur bain de lumière et de couleurs avant de redevenir chaleureux et dorés.

Peu à peu cette féérie s’assagie, se clarifie. Les parapluies ouverts se délectent de lumière plus crue. On respire mieux, la journée peut commencer.

07:33 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : matin, photos, regard |
Imprimer
22/04/2013
Où sont parties les larmes qui mouillaient ton corps ?
Où sont parties les larmes qui mouillaient ton corps ?
Je me suis mise au soleil pour oublier mon sort.
D’où vient que tes yeux brillent ainsi sans pleurs ?
Je ris de voir que j’avais en moi tant de rancœur.
Pourquoi n’entends-je plus ton pied léger caresser le gravier ?
J’ai donc perdu toute envie de voir la lune se lever.
Pourquoi cours-tu tout le jour après les éphémères ?
Pour qu’un jour enfin tu puisses te taire !
03:57 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
Imprimer
21/04/2013
Colonail song, de Percy Grainger
http://www.youtube.com/watch?v=E7gRmzw3hQA
Sirupeuse, cette chanson coloniale n’en est pas moins le reflet d’une époque, romantique et campagnarde à la fois. C’est l’Australie de son enfance que Percy Grainger, pianiste, saxophoniste et compositeur, tente de traduire dans cette composition d’abord écrite pour piano.
C’est une musique passée de mode. Elle rappelle les premiers films américains muets. Elle est caractéristique de sa conception de la vie : la même année, en 1928, il se marie avec la poétesse suédoise Ella Viola Ström, au cours d’une cérémonie spectaculaire qui prend la forme d'un concert donné à l'Hollywood Bowl devant 20.000 personnes, avec un orchestre composé de 126 musiciens et un chœur.
Amateur de traditions, il étudia les musiques irlandaises, scandinaves, mais également extrême-orientales, en utilisant des instruments insolites.
Voici une autre belle version de cette chanson coloniale :
http://www.youtube.com/watch?v=IwmIDzxdMC8
Elle est interprétée de manière plus classique par ces trois artistes. Mais cela tient peut-être aux instruments qui ne peuvent donner l’impression d’un orchestre.
Vous fermez les yeux et vous êtes tranporté dans le monde du cinéma hollowoodien, dansant avec une star, ou encore dans la campagne australienne, assis dans un rocking chair sous l'auvent d'une belle maison coloniale !
06:39 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chanson, colonie |
Imprimer
20/04/2013
Myriades
Lancées à la vitesse de la lumière, ces myriades se ruent vers l’espace, avides de néant.

07:45 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, art cinétique, optic art |
Imprimer
19/04/2013
La valse aux adieux, de Milan Kundera
Les cinq derniers jours de la vie d’une femme : Ruzena, belle, désirable et désirée. A tel point qu’elle passe une nuit avec un trompettiste de renom, Klima, venu donner un concert dans la ville d’eau où elle est employée aux bains. Elle
est enceinte, sans exactement savoir de qui, du trompettiste ou de son amant Frantisek. Frantisek est plus jeune que Ruzena, il est donc, malheureusement pour lui, très jeune. Quand il sera plus mûr il découvrira la fugacité des choses et il saura que, derrière l’horizon d’une femme, s’ouvre encore l’horizon d’autres femmes. Seulement Frantisek ignore ce que c’est que le temps. Il vit depuis l’enfance dans un monde qui dure et qui ne change pas, il vit dans une sorte d’éternité immobile, il a toujours le même père et la même mère aussi, et Ruzena, qui a fait de lui un homme, est au-dessus de lui comme le couvercle du firmament, du seul firmament possible.
Klima est marié avec une très belle femme, Kalima. Mais sa jalousie lui gâche la vie. Elle mit trop de sel. Elle faisait toujours la cuisine avec plaisir et fort bien et Klima savait que si ,ce soir-là, le repas n’était pas réussi, c’était uniquement parce qu’elle se tourmentait. Il la voyait en pensée verser dans les aliments, d’un geste douloureux, violent, une dose excessive de sel, et son cœur se serrait. Il lui semblait, dans les bouchées trop salées, reconnaître la saveur des larmes de Kalima, et c’était sa propre culpabilité qu’il avalait.
Comme dans tous les romans de Kundera, d’autres personnages se mêlent à l’intrigue principale. Olga d’abord, une collègue de travail de Ruzena. Olga était une de ces femmes modernes qui se dédoublent volontiers en une personne qui vit et une personne qui observe. Jakub, père adoptif d’Olga parce que son ami, le père d’Olga, avait été condamné ses pairs dont lui-même. Je vais te dire la plus triste découverte de ma vie : les persécutés ne valent pas mieux que les persécuteurs. Je peux fort bien imaginer les rôles inversés. Toi, tu peux voir dans ce raisonnement le désir d’effacer sa Uoiresponsabilité et de la faire endosser au créateur qui a fait l’homme tel qu’il est. Et c’est peut-être bien que tu voies les choses comme ça. Parce que, parvenir à la conclusion qu’il n’y a pas de différence entre le coupable et la victime, c’est laisser toute espérance. Et c’est ça qu’on appelle l’enfer, ma petite. Enfin, il y a Bertlef, l’américain, amoureux de Ruzena, riche, piquant des colères plus ou moins légitimes : je voudrais en trinquant marier le passé et le présent et le soleil de 1922 au soleil de cet instant. Elle est, sur la toile de fond de cette ville d’eaux, comme un diamant sur l’habit du mendiant. Elle et comme un croissant de lune oublié sur le ciel pâli du jour. Elle est comme un papillon qui voltige sur la neige. Le caméraman rit d’un rire forcé : « Vous l’exagérez pas, directeur ? » « Non, je n’exagère pas. Vous en avez l’impression parce que vous n’habitez que le sous-sol de l’être, vous, vinaigre anthropomorphisé ! Vous débordez d’acides qui bouillonnent en vous comme dans la marmite d’un alchimiste !. Vous donneriez votre vie pour découvrir autour de vous la laideur que vous portez à l’intérieur de vous-même.
Quelques autres personnages : le docteur Skreta, les épouses des deux derniers. Mais le décor est planté, le drame peut survenir, imprévisible dans ses causes et ses conséquences, jusqu’à la mort.
Une fois encore, ce qui intéresse Kundera, ce sont les femmes, leur personnalité, leur originalité. Les hommes ne sont là que pour les dévoiler. Ainsi de Klima et Lalima : Elle était allongée sur le dos, la tête enfoncée dans l’oreiller, le menton légèrement levé et les yeux fixés au plafond et, dans cette extrême tension de son corps (elle le faisait toujours songer à la corde d’un instrument de musique, il lui disait qu’elle avait l’âme d’une corde), il vit soudain, en un seul instant, toute son essence. Oui, il lui arrivait parfois (c’étaient des moments miraculeux) de saisir soudain, dans un seul de ses gestes ou de ses mouvements, toute l’histoire de son corps et de son âme. Ou encore, d’Olga et de Jakub : Et elle fut soudain nue devant lui et il se disait que son visage était noble et doux. Mais c’était une piètre consolation quand il voyait le visage d’un seul tenant avec le corps qui ressemblait à une longue et mince tige à l’extrémité de laquelle était plantée, démesurément grosse, une fleur chevelue.
Cependant, on se lasse de cette histoire de ville d’eaux, d’amantes et de jalousie, et même du devenir de Ruzena qui n’est qu’un pion balloté par les opinions des autres. La langue est belle, les analyses des personnalités intéressantes, le style de Kundera toujours aussi mordant, mais l’intrigue est au fond mortellement ennuyeuse.
05:17 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, littérature |
Imprimer
18/04/2013
Suis-je bien là où je suis ?
Suis-je bien là où je suis ?
Vivre dans deux lieux sans savoir
Activités ou méditation, que choisir
La solitude ou la gare de voyageurs
L’évaporation ou la noyade humaine ?
C’est la corde raide de l’inconnu
Le voyage sans fin de l’Entre deux
(et pourquoi pas Antre ?)
Un lieu qui n’en est pas un
Une aspiration immatérielle
Qui vous vide le cerveau
Agité, je cours à l’action
Empli de bon sens et d’escampette
Je mouille ma chemise
Pour la tordre dans le no man’s land
J’arrive dénué de désirs
Dans le jardin des folies conceptuelles
Et plonge à grandes brasses
Dans l’orgie des idées sans fin
Elles gonflent, ces pensées malhabiles
Elles se trouent de bulles odorantes
Elles envahissent l’espace vierge
Et le peuplent de chaleur nocive
Le rêve devient réalité
Alors surgit la pâle résurgence
De la fébrilité de l’autre monde
Des rendez-vous diserts
Des réunions fantomatiques
De colloques envoûtants et creux
Fièvre ou apathie, je ne sais
Oui, suis-je bien là où je suis ?
D’ailleurs, où suis-je
Et que suis-je moi-même ?
07:23 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
Imprimer
17/04/2013
Eurydice mourante, de L. Nanteuil
La galerie Colbert, rue Vivienne, ainsi dénommée parce qu’elle fut, à ses débuts, propriété de la famille du même nom, est splendide de néo-classicisme.
« Dans la première moitié du XIXe siècle, le quartier, profitant de l’animation des cafés, commerces et maisons de jeu du Palais-Royal, change de dimension : la rue Vivienne prolongée jusqu’aux grands boulevards assure désormais le lien avec ce secteur en développement. Il devient un des lieux privilégiés d’implantation des passages couverts, nouveaux espaces, à la fois publics et privés, offrant aux piétons des chemins protégés et aux marchands de nouveautés des vitrines. Les galeries Colbert et Vivienne constituent le premier maillon du réseau de passages qui relient le Palais- Royal au boulevard Montmartre. Sans raccourcir le chemin, elles permettent d’éviter les encombrements de la rue Vivienne, une des plus fréquentées de la capitale, ainsi que la boue et les crevasses qui sont alors courantes. » (Source : http://www.inha.fr/spip.php?rubrique273).
Elle abrite l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA). Elle est souvent déserte, alors que sa voisine, la galerie Vivienne, est un lieu de passage et d’achats.

Sous la grande verrière, au centre de la rotonde, se tient une reproduction d’Eurydice mourante, mais encore bien en vie puisqu’elle se tient debout. L’original est au Louvre et en marbre. Elle émeut d’être là, seule dans cette galerie déserte, n’ayant plus la force de lever la tête vers cette verrière qui donne sur le ciel bleu.
Son sculpteur est Charles-François Lebœuf dit Nanteuil ou Lebœuf-Nanteuil, né à Paris en 1792. Il est l'élève de Pierre Cartellier (1757-1831). Son marbre, "Eurydice mourante", réalisé à Rome en 1822 et présenté au Salon de 1824, est acheté par le roi pour le jardin du Palais Royal. A l'exposition de 1827, Lebœuf-Nanteuil obtient la médaille d'or de première classe. Il reçoit de nombreuses commandes pour Paris, notamment le fronton de Notre-Dame de Lorette, les bas-reliefs situés au-dessus des portes du péristyle du Panthéon et plusieurs sculptures pour la décoration du Louvre.
En aviez-vous entendu parler ? Et pourtant, elle est belle cette Eurydice. Elle n’a pas le corps parfait tel qu’on l’entend actuellement, mais elle a la grâce de sa pose et la singularité de son attitude. Statue classique, elle donne néanmoins une impression de modernité indéfinissable. Allez la voir, cela lui fera plaisir !

06:20 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sculpture, classicisme, promenade, art |
Imprimer
16/04/2013
Maurice Estève, au salon du dessin 2013
Manifestation de renommée internationale, ce salon rassemble galerist
es français et étrangers, experts, collectionneurs, amateurs ou simples spectateurs au palais de la Bourse à Paris. Le décor est soigné, les personnes présentes sont élégantes, les dessins fins et racés. La grande majorité vient des XVIII et XIXème siècles. Mais quelques stands sont dédiés au XXème.
Une fois encore, la galerie Applicat-Prazan se distingue. Son stand se situe à droite en entrant et se remarque immédiatement par la couleur inimitable des tableaux de Maurice Estève (1904-2001). Une féérie qui tranche avec les autres exposants. Comme pour la FIAC, son propriétaire, Franck Prazan, consacre son exposition à un seul artiste, un merveilleux coloriste, dont l’agencement des formes n’a d’autres buts que de mettre en valeur les ajustements de couleurs.
Estève a reçu la reconnaissance du monde entier à travers de nombreuses expositions. Son œuvre, très tôt dans son parcours, fût remarqué par ses aînés : Braque, Matisse, Delaunay ou Picasso.
Ses admirables dessins, ses non moins étonnantes aquarelles et ses savoureux papiers collés sont présentés dans la galerie Lejuge en lumière tamisée et, dans un souci de conservation, sont renouvelés tous les trois mois. » (source : http://www.ville-bourges.fr/site/culture--loisirs_musee-esteve)
Sur sa façon de travailler, Estève précise: «…Je ne me sers jamais d’esquisse, je peins directement sur la toile, sans dessin préalable. La couleur s’organise en même temps que les formes. Tout se cherche dans le format en chantier… Chaque œuvre est une suite de métamorphoses… En vérité une toile est pour moi une somme de reprises incessantes qui dure jusqu’à ce que je me trouve devant un organisme que je sens vivant. Seule ma sensibilité peut me dire si j’ai atteint ou non cette reconnaissance…

Une des choses qui me caractérise le plus est qu’il n’y a pas chez moi d’image préétablie, pas de forme que je souhaite obtenir à priori sur une toile. Au moment même où je peins, il s’opère un échange, une conversation s’établit entre moi et le tableau au fur et à mesure que celui-ci s’organise… N’ayant plus le spectacle de la nature sous les yeux, ni son souvenir, je me trouve en face de l’art, d’une réalité, d’un objet qui a grandi et qui est plus tyrannique encore qu’un sujet, mais en même temps plus souple, obstiné et ouvert.»

Estève n’a pas de style, ou plutôt il a son style, inimitable de formes entremêlées sans but apparent, composition d’objets disparates, ronds, carrés, allongés, entortillés les uns dans les autres. Il peint sur la toile ou le papier, à l’aquarelle, au fusain, à l’encre, aux crayons de couleurs, au crayon gras. Parfois il colle les morceaux pour réaliser de véritables fééries. Et de la couleur naît l’âme du tableau, vive, transcendante, des rouges sublimes, des bleus profonds ou voilés, des verts tendres et transparents.
Vous vous concentrez sur un tableau et vous vous sentez transformé, dans un état de soulagement qui vous fait oublier les lourdeurs de la vie. Le peintre de la liberté retrouvée : un coup d’œil et vous êtes mieux, libre et enchanté. N’est-ce pas un peintre unique ?

07:45 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, papier collé, abstrait, moderne |
Imprimer
15/04/2013
Création et liberté
« J’ai quitté la société il y a trente ans pour être libre et le seul territoire où la liberté ait encore un sens est celui de la création. » (Jean-Pierre Raynaud, artiste assembleur)
Oui, sans doute, beaucoup s’étonnent de la profusion de créateurs artistes en cette transition de début du siècle. Les plus grandes manifestations françaises d’art contemporain, dont la FIAC et Art Paris, montrent une quantité de créateurs en tout genre. Il faut du temps pour y trouver de véritables œuvres artistiques. Nombreuses sont celles dont le seul intérêt est la provocation ou même la laideur. Mais au détour d’un stand, vous vous trouvez devant une création pleine de vie et de beauté. Ne dissertons pas sur la beauté. Ce qui compte aujourd’hui, c’est la création et la liberté de créer.
J’aime assez la définition, concernant la liberté, du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales : État d'une personne ou d'une chose dont l'action ou la manifestation ne rencontre pas d'obstacle. Cette vision de la liberté se rapproche par l’esprit de la création. L’artiste est celui qui ose et qui échoue ou qui triomphe. Et il remet en cause sa liberté de créer à chaque nouvelle œuvre. Ce n’est que lorsqu’il se copie lui-même qu’il cesse d’être un artiste pour devenir un fantoche médiatique. Certains le recherchent dès le départ. Ils ont trouvé une idée, l’exploitent à fond, font des pieds et des mains pour se faire connaître, faire parler, écrire sur eux.
Le vrai artiste est un homme libre dont la seule liberté est le pouvoir de créer.
09:51 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : création, art contemporain, liberté |
Imprimer
14/04/2013
Le bonheur
Un ver de terre sort du sol
S’est-il rompu le cou pour la vacuité
Ou découvre-t-il l’absence de souci ?
Il chemine sur la surface
A la frontière de l’inconnu
Quelle ivresse et quelle arrogance !
Comment ce misérable vermisseau
Peut-il tout seul goûter le bonheur ?
Et contrairement à l’idée que l’on s’en fait
Ce n’est pas la satiété qui le réjouit
Mais le vide indolore de l’air
Plus d’exercices et d’efforts
Je vais et viens comme je l’entends
Exerçant mon autocritique pleinement
Et cela me procure un allégement
Qui me donne un frisson élégant
Le bonheur, n’est-ce pas cette goutte d’ivresse
Au creux des courbes du corps
Ce chatouillement inédit qui prend le rein
Cette absence de raison raisonnable
Qui ouvre les portes du paradis
Alors je déploie mes ailes
Et part loin de tous
Vers des horizons ignorés
Là où rien ne limite
Cette aspiration à être
07:18 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
Imprimer
13/04/2013
Judith Albarès, roman de Simone Jacquemard
Etrange figure de femme apparemment que cette Judith qui, dans sa ma
ison d’Arvelinghen, dans les dunes au bord de la mer, garde comme une proie le jeune Nicolas Servain à peine sorti de l’adolescence et qu’elle a arraché par la ruse à sa jeune amie. Judith a plus de quarante ans. Qu’a été sa vie pour la rendre ainsi « amoureuse de l’amour dans le trouble de ses commencements » ? Et où la conduira cette quête forcenée ?
Pas à pas, à travers la mémoire de Judith, nous parcourons le chemin qu’elle a suivi depuis ce jour où, adolescente elle-même, elle a fait sur la place la rencontre d’un garçon de son âge, ce Romain Brienne, qui l’a révélée à elle-même et dont le souvenir, aussi profondément enfoui qu’il soit, ne cessera de la brûler. Philippe Estavayé, Claude Gombert, Ugo Scharfenberg et tant de jeunes inconnus poursuivis à grand risque, à travers le scandale toujours prêt à éclore et la honte pressentie et l’émerveillement renouvelé, autant d’étapes vers l’abîme où lucidement elle va se jeter.
« Simonne Jacquemart est née à Paris en 1924. Elle a passé son enfance dans la baie de Somme. Elle suit des études de grec à la Sorbonne, études qu’elle reprendra au fil des années. Très tôt elle se passionne pour les arts : le piano, dès l’âge de 5 ans, la guitare classique, la danse indienne, le flamenco. Elle donnera des spectacles à Paris, Bordeaux, Sens, Chinon et à Cordes (Tarn) pour les fêtes médiévales de 1982 à 2000.
Elle s’intéresse également au tissage, dont elle a une longue pratique, et à l’ornithologie au quotidien. Elle élève des chevaux arabes et anglo-arabes depuis 1968, ainsi que des chèvres alpines chamoisées. Pendant dix ans, elle vit en intimité avec vingt-cinq renards, souvent nés à la maison, pour l’étude scientifique et l’apprivoisement. Elle cultive la marche à pied en solitaire, sac au dos, à travers toute la France.
En marge de toutes ces activités, elle a publié depuis 1945 une cinquantaine d’ouvrages : romans, nouvelles, récits, essais, poésie, traductions. Elle a obtenu différents prix littéraires dont le prix Renaudot, en 1962.
Elle vit, depuis près de vingt ans, dans le Périgord, avec l'écrivain, peintre et naturaliste Jacques Brosse, décédé le 3 janvier 2008. »
(source : http://www.arfuyen.fr/html/ficheauteur.asp?id_aut=1197)
07:46 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, écrivain |
Imprimer
12/04/2013
La petite chartreuse, roman de Pierre Péju
Deux destins marchent l’un vers l’autre. Une petite fille perdue qui attend sa maman et un libraire, Etienne Vollard, ours mal léché, qui conduit sa camionnette : six cents kilos de ferraille, deux cent kilos de livres, cent dix kilos de Vollard, bref une tonne de choses mécaniques, humaines et littéraires. (…)
Vollard voit successivement le petit anorak rouge, la pâleur, la terreur soudaine dans deux yeux immenses, démesurés, deux yeux incrédules plongeant dans les siens. Longtemps il restera persuadé d’avoir nettement distingué ce visage à travers le pare-brise, un visage d’enfant qui n’était séparé de sa vieille tête à lui que par l’écran transparent contre lequel il se brisait.
Il n’est pas responsable. L’enfant s’est jeté sous ses roues. Mais il ne peut s’empêcher de penser à sa victime.
Alors il va la voir à l’hôpital, un corps environné de tuyaux, avec une mère, Thérèse, qui fuit sa fille, inefficace. Il va la prendre en charge, cette Eva qui est dans le coma. Il lui parle dans le creux de l’oreille. Il lui raconte ses histoires de livres. Il lui récite des livres entiers. Il abandonne sa librairie à son assistante et passe des jours entiers près d’elle.
Bientôt Eva put quitter l’hôpital. Habillée de neuf, elle ressemblait à n’importe quelle petite fille, yeux noirs, duvet noir. (…) Elle ne disait rien, absolument rien, mais elle ne paraissait pas en éprouver le besoin.
Thérèse fuit, une fois de plus, et signe les papiers autorisant Vollard à s’occuper de sa fille qui se trouve maintenant dans une maison de santé de la Chartreuse. Celui-ci y va et fuit lui aussi. Il n’a pas le courage d’affronter cette chose pétrifiée. Il reviendra pourtant. Ils partent dans la campagne de la Chartreuse, dans ses bois, ses massifs, ses rivières. Et il raconte ses livres. Pour Vollard, Eva devenait la petite chartreuse. Silencieuse sans en avoir fait le vœu. La très pâle moniale. L’enfant cloîtrée. L’enfant privée de voix et de joie, privée d’enfance. Mais au fil de ces errances dans la Chartreuse, bizarrement, ce n’était pas le poids écrasant et absurde de l’accident que Vollard ressentait en compagnie de la petite fille, mais un inexplicable allégement, un soulagement, un apaisement dû à ce rituel de marche lente, de silence, de contemplation de choses infimes. Comment un si petit être, émettant si peu de signes, pouvait-il lui donner cette impression de discret équilibre, de nécessité fragile, mais heureuse ?
Un beau livre, discret, réfléchi, qui parle de cet amour entre le libraire et sa victime et qui conduit malgré tout à une fin terrible des personnages, comme si inéluctablement leur destin se poursuivait jusqu’à l’anéantissement.
07:42 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, enfance |
Imprimer
11/04/2013
Les voisins de dieu, film de Meni Yaesh
C’est un film ambigu : que veut le réalisateur ? Dépeindre les petites frappes d’une banlieue de Tel Aviv qui font la loi dans leur quartier à coup de battes de base-ball, ou montrer le passage de la violence à la vie et de la jeunesse à l’âge adulte, par la naissance du sentiment amoureux. 
Il nous plonge dans une communauté religieuse qui entretient des rapports troubles avec la religion. Fondés sur des slogans bibliques, la haine des autres la conduit à des comportements aussi barbares que ceux des islamistes radicaux. Dans le cœur de l’un des plus extrémistes surgit la flamme de l’amour qui va modifier son attitude : Miri, jeune fille moderne, conquiert le cœur d’Avi. La haine et la fausse virilité sont balayées par des sentiments qui dépassent le héros. Va-t-il poursuivre dans ses résolutions de pourfendeur de Yahvé ou être contraint de changer sa vision des choses ?
On ne sait si c’est un bon film : des scènes dignes de nos banlieues, des personnages haut en couleurs et en lâcheté jusqu’au moment où Avi, pour ne pas se parjurer, tire à côté de l’arabe qu’il tient dans sa ligne de mire. La vie l’emporte sur la fausse morale, l’amour sur le ressentiment.
Les machos ont perdu une brebis. La bête est devenue homme. Mais le sujet fait-il un bon film ?
07:26 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, religion, amour, judaïsme |
Imprimer
10/04/2013
Rêverie
Le dimanche se perd dans l’aquarium
Dont la solitude verte
Fait aux fenêtres dorées
Une rosée de pleurs
L’avenue bordée de pieds ronds
S’enfonce, infinie et chaude,
Vers la porte qui ne mène nulle part
Large tapis qui s’allonge, rigide
Les êtres s’étirent doucement
Vers trois coins opposés
Puis se laisse bercer
Par les vagues de leur lit
Parfois le soleil étale ses rayons
Jusque dans l’aquarium
Et cherche à détruire
Les ombres et la quiétude de l’air
Zébrée d’auréoles blondes
La cire ronronne et languit
Et des visages sans voix
Fuient leur cruelle engeance
L’aquarium émet des sons étranges
Rires alourdis de mains ouvertes
Où chaque doigt cache
Un souffle de fumée
Les lits ouvrent leurs bat-flancs
À des jambes solitaires
Qui glissent dans leur ombre
Vers de longs tabourets
Et ceux-ci campés fièrement
Sur quatre pieds aux pattes décharnées
Offrent leur solitude
Au monde de chaleur
Une rangée de hallebardes
Dresse leur cache-flamme
À la brume prisonnière
Qui s’y attarde gaiement
Le soleil aussi semble profiter
De leur miroir d’huile
Pour caresser doucement sa longue chevelure d’or
Univers clos
Monde parmi le monde
À la recherche d’une âme
Dans les brumes de son corps
07:37 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
Imprimer
09/04/2013
Silouans Song, composée par Arvo Pärt
ttp://www.youtube.com/watch?v=_hUEKapz9cE
Ce n’est pas de la musique religieuse, destinée à accompagner une cérémonie. Mais c’est certainement de la musique sacrée, au sens où elle vous transforme et devient preuve du numineux. Composée pour un orchestre à cordes en 1991, elle s’insinue en vous et contraint à l’écoute, au calme, à la méditation. C’est bien un chant qui naît dans la cathédrale intérieure de votre être. Il est ténu, presqu’inaudible parfois, envahissant à d’autres moments. Il va finir sans qu’on s’en aperçoive. Il se poursuit en écho et résonne en vous bien après s’être arrêté. Il vous laisse le silence, un vrai silence intérieur, comme celui de la neige qui tombe sans bruit dans la forêt.
Arvo Pärt est vraiment un grand compositeur dont l’inspiration profondément spirituelle conduit à une musique prophétique. Il s’inspire ici du Staretz Silouane, moine du Mont Athos. Mon âme languit après le Seigneur… Et toutes les nuits, Silouane cherchait celui-ci dans le silence de sa cellule.
05:17 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique sacré, spiritualité, musique minimaliste, musique contemporaine |
Imprimer
08/04/2013
Jardin des serres d’Auteuil : voyage équatorial
Ce jardin date de Louis XIV qui le fit construire en 1761. Organisées autour d’un parterre à la Française, cinq serres donnent sur cet espace dégagé.
Malheureusement, le boulevard périphérique l’ampute d’un tiers en 1968. Le projet d’agrandissement des stades de Roland-Garros le remet en cause à nouveau.
Que deviendront les collections de plantes rares (plus de 6000 végétaux organisés en collections thématiques) ? Et démolira-on les deux pavillons aux portes curieusement chinoises pour faire place au sport lucratif ?
Hier, promenade dans les jardins et visite des serres, chaudes, encombrées, parfois fermées, toujours impeccablement tenues. Au dehors l’air est frais. Vous entrez dans une serre et vous vous sentez serré (logique, n'est-ce pas?), voire oppressé, par la moiteur étouffante de plantes qui vous narguent : « Entre si tu le souhaites dans notre antre, mais tu restes un étranger qui n’a droit à aucun mouvement intempestif ! » Elles foisonnent ces plantes. Elles semblent s'être développées au-delà des limites possibles, envahissant leurs supports, se mélangeant les unes aux autres, exhumant des senteurs sourdes et occultes qui font monter au cerveau le souvenir d’une vie végétative et tenace, celle des premiers hommes emprisonnés dans les forêts primaires.
La grande serre, majestueuse, dresse ses arceaux de fer et de verre sur les carpes du Japon qui baignent dans l’eau trouble d’un bassin : rencontre en un point des trois dimensions où la vie s’écoule au rythme des battements de queue. Une vraie forêt vierge, mangrove miniature aux racines entrecroisées. Vous êtes happé par la m
arée végétale qui envahit votre espace vital. Vous ne respirez plus. Vous devenez plante !
Sous la grande verrière, le palmier déploie ses membres en arabesque. Celle-ci semble grandir avec l’arbre.
Un jardin zen, dans une autre chapelle (c’est ainsi que sont baptisés certaines serres. Pourquoi ?), amoureusement ratissé, vierge de prolifération, insolite dans cet envahissement de feuilles, troncs, racines et senteurs. On y respire avec aisance, on s’y promène avec charme, on admire cette luxuriance organisée qui laisse place au vide créé pour mieux l’admirer. Le minéral côtoie le végétal. C’est un plus appréciable !
La chapelle des orchidées : choyées, elles vous accueillent tendrement, sous leur meilleur jour, dans la lueur diffuse des brumes du soleil levant. Oui, vous êtes bien sur une autre planète, sauvage et inquiétante.
En un instant, vous suffoquez. Trop, c’est trop ! Quel envahissement. Vous mangez la verdure, elle pénètre dans vos poumons, elle vous entoure de ses bras puissants, elle entre dans votre système olfactif, elle obstrue votre système auditif, elle trouble votre vision de gouttelettes qui coulent le long des vitres. C’est assez, sortons !
Vous vous retrouvez dehors, décalé, perdu, refroidi, respirant à grandes ventilations un air pur malgré les voitures qui passent à proximité du parc. Quelle drôle d'échappée sous d’autres horizons !
07:25 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : serre, végétaux, jardin, plantes, écologie |
Imprimer
07/04/2013
Imbroglio
Construction invraisemblable, mais qui trouve son équilibre en elle-même. Elle suffit au regard et donne un contentement simple, mais réel. Elle flotte dans le vide sidéral car aucun environnement ne peut la combler. Pure création de l’esprit, elle s’épanouit seule.

07:23 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, optique art, art cinétique |
Imprimer
06/04/2013
Ecume
L’écume des nuages dans les flots
Secoués de tremblements
L’écume de chaleur des chevaux
Après une course effrénée
L’écume de colère que profère
Celui qui noue la violence
L’écume des individus méprisables
Qui portent leur aigreur rentrée
L’écume de mer des pipes
Dont la magnésite se culotte
L’écume de l’épileptique
Prenant par surprise l’humain
L’écume de terre de l’aphrophore
Protégée par son crachat de coucou
L’écume de résidus de la chauffe
Regorgeant d’impuretés
L’écume des jours, de littérature
Emportée par le déclin du temps
Toutes ces écumes sont-elles
Signe de vie ou de mort
L’écume n’est-elle qu’une éphémère
Excroissance de renoncement
Ou preuve de résurrection ?
L’écume des mots seule
Peut le dire en bulles
Et pétillements sauvages
Sortant de la bouche d’innocents
Frêles, vierges et extasiés
07:34 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
Imprimer
05/04/2013
Un garçon en l’air, roman de Didier Martin
Raphaël, le narrateur, vole. Non ce n’est pas un voleur. Il vole réellement comme un oiseau, mais sans battre des ailes. On pourrait dire qu’il lévite, mais la lévitation ne permet pas de se déplacer dans
les airs. Il le peut. Il le fait depuis sa tendre enfance.
A l’école, il rencontre François qui vole également. Et il vole mieux, de manière plus décontracté, comme si cela était naturel chez lui. François envisageait le vol d’une tout autre façon que moi. A vrai dire, il avait des idées sur la question. Il en regorgeait même, fussent-elles négatives, tandis que j’en étais entièrement dépourvu, du moins jusqu’à son apparition au-dessus de la cour de l’école. Mais tout ce qu’il me disait depuis ce jour-là me trouvait réticent : je volais par plaisir et lui par habitude ; je tenais le vol pour une sorte de supériorité, et lui pour un mauvais tour que le sort lui avait joué ; je croyais de tout mon cœur à une raison profonde et encore secrète d’être pourvu d’un don qu’il regardait comme une absurdité de la nature.
Un jour, François lui donne rendez-vous pour le lendemain. Il va voler devant quelqu’un qui ne vole pas et qui ne peut pas le voir. Et il explique les raisons : disons qu’ils ne peuvent pas en croire leurs yeux. C’est trop fort pour eux, tellement fort que cela n’existe pas. Pour ceux qui ne croient pas en Dieu, Dieu n’existe pas. Et ils volent devant la mère de François sans que celle-ci s’en rende compte. Plus tard, ils constatent dans les jardins du champ de Mars qu’il y a d’autres êtres volants qui les environnaient.
François lui présente Catherine, l’amie d’une amie et Raphaël en tombe amoureux. Mais il ne lui dévoile pas son secret. Bientôt, c’est l’alternative : Catherine ou le vol. Après bien des péripéties, il lui préfère le vol et Catherine repart. Elle épousera un homme normal. Et lui : Je volerai tous les jours. Je peux voler n’importe où et n’importe quand désormais : cela n’a aucune importance et ne présente aucun risque, plus aucun risque. Dès demain…
Quel beau roman dans lequel le fantastique côtoie la réalité sans que jamais on ressente un instant de gêne.
07:48 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman |
Imprimer
04/04/2013
A Paghjella di l’impiccati, chant corse par le groupe A Filetta
Le chant corse est avant tout un chant de tradition oral, sans partition écrite, à la manière du Moyen-Age ou des chants populaires de Bulgarie. Les familles se rassemblaient et chantaient spontanément, établissant un lien social ou même sociétal très fort. Il y avait des chants pour toutes les occasions de la vie en société et chaque famille avait sa manière de chanter. Mais la multitude des enregistrements a tué cette spontanéité qu’il convient maintenant de retrouver. Comme l’écrivait Félix Quilici en 1962 : «Une chose est certaine, c’est que, de nos jours, la source musicale est à peu près tarie car la véritable tradition orale est devenue presque impossible, tant sont abondantes, variées et accessibles les sources d’information remaniées. »
Le groupe A Filetta est né en 1978. Pour eux, « la pratique de la polyphonie est absolument liée à l’établissement d’un lien social. » Le chant corse est une musique de partage. On chante ensemble comme on mange ensemble. Le chant devient complicité.
« Chanter c'est, aussi et peut-être surtout, dire tendrement des choses puissantes et puissamment des choses tendres.
Notre chant est de pierre et d'eau. Dans ses plis et replis, dans ses arcanes, il épouse les contours de l'âme de ce rocher tumultueux qui nous a engendrés.
Notre chant est un chant qui consacre la mémoire, il est aussi un chant qui prône l’ouverture, l’accès à l’autre. Surtout, il traduit le besoin profond de n’être que ce que nous sommes, mais à l’être pleinement, sans complexes, en authenticité et généreusement. Pas en essayant d’en faire un sanctuaire. Le sanctuaire, cela sent déjà la mort. »
(source : http://cguelfucci.free.fr/Html/afiletta.htm)
Maintenant place à ces chants forts, virils, humains et tendres, émouvants, intimes. N’écoutez que celui-ci si vous le voulez, mais écoutez-le jusqu’au bout, non pour les chanteurs, mais par respect pour la tradition du fond des âges et pour la beauté simple de l’improvisation si profondément authentique.
http://www.youtube.com/watch?v=FU-wBJ4r3f0&feature=related
04:50 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique polyphonique, chant corse, tradition orale |
Imprimer
03/04/2013
Art Paris (28 mars au 1er avril 2013)
Le temps du week-end de Pâques, de nombreuses galeries se sont données rendez-vous au grand palais. Assez semblable à la FIAC, Art Paris Art Fair « affirme son identité singulière de foire européenne orientée vers la promotion des scènes de l’Est (Europe Centrale et Orientale, Moyen-Orient et Asie). Avec 74 nouvelles participations, 20 pays représentés et 43% de participation étrangère, la sélection 2013 est profondément renouvelée et internationale. » (source : http://www.artparis.fr/fr/)
Mais au fond, relisez l’article sur la FIAC (voir note du 21 octobre 2012), l’impression est la même. Cherchons donc le mouton à cinq pattes. Il y en a et pas tous de la même famille.
Jean-Pierre Le Bars :
Art concret, géométrique, abstrait. Ce qui différencie Jean-Pierre Le Bars des autres peintres cinétiques tient aux supports qu’il utilise. Ce ne sont pas de simples toiles, mais un ensemble toile-relief élémentaire qui se fond dans la géométrie du tableau.

Il a réalisé ces premiers supports en 1996. Il aime l’incertitude que donne le mélange de la troisième dimension et de la géométrie constituée de formes rectangulaires qu’il affectionne. Alors il construit des séries homogènes composées de contrastes, de vides et de pleins, la plupart du temps verticales, comme un découpage organisé de l’espace, reproduction sans lassitude d’éléments répétitifs très simples.

Certains s’en lasseront vite. Mais il y a le charme de la symétrie, la simplicité de l'organisation du tableau et des formes reproduites, le repos que chaque œuvre procure d’abord au regard, puis à l’impression ressenti et enfin à l’esprit. Insolite, n’est-ce pas, cet appel au noir dans l’opposition des deux autres couleurs !

Ce peintre a exposé lors des journées d’Art Paris et il expose également à la galerie Vieille du Temple, 23 rue Vieille du Temple, 75003 Paris.
07:30 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, art cinétique, optique art, art géométrique |
Imprimer
02/04/2013
Inexorablement, se déversent du ciel
Inexorablement, se déversent du ciel
Les gouttes d’une froide solitude
Le temps s’est divisé, recroquevillé
En nuages noirs et denses
Comme les bourres de poussière
Sous les meubles de votre passivité
Autour de vous, au pied de votre île
L’eau monte en écume blanchâtre
Et file sous vos yeux inquiets
Elle atteint sa côte d’alerte
Et envahit votre esprit occupé
Jusqu’à faire dériver vos pensées
Les gouttes sont devenues flots
Les flots deviennent fleuves
Les fleuves emplissent l’immensité
Des eaux des mers bordant la terre
Observons cet étrange ballet
Une goutte tombe, se perd
Se fraye un chemin dans la végétation
Ruisselle avec ses compagnes
Vers d’étranges récipients
Qui déversent leur bouillonnement
En vomissures permanentes
Dans des canalisations saturées
Jusqu’aux rives des ondes courantes
Là s’arrête son aventure
Elle meurt de trop de gouttes
Elle laisse la place à plus épais qu’elle
Adieu goutte fraîche et caressante
Qui m’honora de sa présence
Avant de finir engloutie
Dans les affres de la nature débordante
07:03 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
Imprimer
01/04/2013
Quelques pas dans les pas d’un ange, récits de David Mc Neil
L’auteur raconte ses premiers pas aux côtés de son père, le peintre Marc Chagall. Ce sont des souvenirs brefs, mais accompagnés de l’amour filial qui éduque et met du sel dans les aventures d’un enfant. Il s’émerveille :
Il trouvait fastidieux de couvrir de peinture deux bons mètres carrés alors il m’a demandé de préparer le fond. Je commençais à comprendre que n’importe qui aurait payé pour avoir ma place, alors j’ai mis presque une journée à le peindre, travaillant lentement, sensuellement, m’imprégnant de l’odeur enivrante de la térébenthine, je soupçonne les peintres de s’asperger le soir de térébenthine comme d(‘autres d’un after-shave, ça attire les jeunes filles que fascinent les artistes. Une journée de bonheur. Le matin arriva où la couleur fut sèche. Alors il a préparé des fusains, les tenant dans son poing comme un petit bouquet, il s’est assis dans un large fauteuil en paille et a regardé longuement la tache bleue en plissant les yeux et se pinçant les lèvres comme il le faisait souvent quand il se concentrait. Il attendait l’idée. Picasso disait, peut-être avec humour : « Je ne cherche pas, je trouve », « Moi j’attends » répondait mon père très faux-modestement. Je l’ai souvent vu qui fixait une toile blanche, un carton, une feuille vierge, il prenait un de ses fusains et le cassait en deux, le tenant dans sa main, parallèle à son pouce. Alors il commençait et tout allait très vite.
Autre histoire, dans un bistrot populaire rue Saint Louis en l’Ile :
On ne dépareillait pas du tout dans le restaurant où, très vite, on avait trouvé à s’assoir. Les deux ouvriers à la table à côté ont regardé les mains de papa, tachées de couleurs diverses, ces mains dont il disait souvent qu’elles étaient imprégnés jusqu’à l’os. Il avait plus de soixante-dix ans, mais avec son allure énergique et l’impression de puissance qui émanait de lui, il pouvait très bien passer pour un peintre en bâtiment.
« Vous avez un chantier dans le coin ? demanda l’un d’eux.
Je refais un plafond à l’Opéra, répondit mon père en attaquant son œuf dur mayonnaise.
C’est un livre sans prétention. En prologue, il est écrit :
Ce livre est court, beaucoup trop court. Il raconte les rares moments que j’ai pu passer avec celui qu’autour de moi tout le monde appelait « maître » et que moi j’appelais simplement papa…
07:42 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, littérature, souvenir, biographie |
Imprimer
31/03/2013
L'île noire
Elle est là à deux ou trois encablures, massive, surmontée de sa tour et rugissent les vents et les embruns à ses pieds. L’image du docteur Muller et de son gorille se superpose à cette vue. Où sont-ils ? Je rame dans la barque qui m’emmène vers l’enfer, un frisson irrationnel dans le dos.
Pourtant quelle après-midi paisible. Montée lente pour sortir des bruits d’une civilisation motorisée et nous émergeons sur une étendue argentée, environnés de pins et de senteurs printanières. L’île est toujours là, inquiétante et débonnaire, sa tour dressée sur la surface liquide, gardienne de ce mont qui allège le corps et libère l’esprit.
Couchés dans les herbes odorantes, nous contemplons l’immensité secouée de rides, rêvant d’un départ vers d’autres pays, au-delà des nuages et des côtes qui se dessinent dans le lointain.
Nous redescendons lentement sur terre. Le golfe s’irradie de blancheur. Les nuages se chargent d’électricité et roulent leurs bosses au-dessus des monts voluptueux. Une promenade au bout du monde !
07:25 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, mer, vacances, bande dessinée, tintin |
Imprimer
29/03/2013
Vertige
Solitude et verticalité.
Des rats dans leur gruyère.
Les hommes ont-ils compris
Cette errance des hauteurs
Cette élévation indigeste
Qui dédaigne la platitude
Combien cependant est maigre
Cette perpendicularité à l’horizon
Qui s’enfle en champignon

07:43 Publié dans 25. Création gravures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dedssin, gravure, architecture |
Imprimer
28/03/2013
Pourquoi certains jours te revêts-tu de gris ?
Pourquoi certains jours te revêts-tu de gris ?
Tes verres sont-ils devenus opaques ?
Le vide dans ce corps froid et insensible
Que plus rien n’attache au sourire
Un gouffre sous les pieds, un voile sur le visage
Tu avances, mortel parmi les vivants
Mais tu ne parviens pas à te détacher
De cette paroi silencieuse et nubile
Qui te colle à la peau et t’immobilise
Parvenir à l’âge adulte, quel déclin
Plus de noir, plus de blanc, plus de couleurs
Rien qu’un immense champ de gris
En labour permanent, acharné
Et l’homme court derrière la charrue
Tel l’insecte rougi au feu du travail
Qui apporte chatouillements et démangeaisons
Lové dans son rêve ou ses cauchemars
Tu regardes passer ces années, atone
Pourquoi certains jours te revêts-tu de gris ?
07:34 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
Imprimer
27/03/2013
The Desert Music, de Steve Reich (1982/1983)
https://www.youtube.com/watch?v=iDEVOO0mRYM
Steve Reich est né à New York en 1936. Compositeur, il est l’un des inventeurs de la musique minimaliste. Mais il préfère l’expression de phasing music, « par analogie avec la notion de déphasage présente en physique entre deux ondes ou en traitement du signal entre deux signaux périodiques. (…) Pour les instrumentistes, l'exécution du phasing peut être extrêmement difficile d'un point de vue technique. Il s'est révélé bien plus facile que pendant que l'un des musiciens adopte un tempo constant, l'autre passe par des périodes d'accélération momentanées, parfois appelées « transitions floues »4. Ces transitions sont notées sur la partition par des pointillés, pour indiquer d'accélérer le tempo jusqu'à obtenir le déphasage désiré, puis revenir au tempo initial. En général, le nombre de répétitions du motif de base entre chaque transition est laissé libre, au choix des instrumentistes. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Phasing)
Le chant des dunes est profond et sourd. C’est un chant de paix et de méditation qui est bien loin de ce qu’on entend ici. Pourquoi le compositeur a-t-il appelé cette pièce la musique du désert ? N’y a-t-il pas similitude entre les deux ? Aussi bizarre que cela paraisse, il semble bien que oui. Ce sont probablement les vibrations qui permettent ce rapprochement. Vibration des sons comme les dunes sont des vibrations des formes et comme les grains de sable engendrent des vibrations qui finissent par ressembler à un chant. Alors il suffit d’agrémenter l’orchestre d’un chœur pour que la cuisine prenne et nous fournisse un met inconnu et ineffable. Certes, tous n’apprécie pas forcément ce genre musical. D’autres vous diront que c’est plutôt une musique qui consacre les bruits de la civilisation moderne que le désert. On peut le penser.
Laissons-nous aller sans réfléchir. Prenons de la hauteur. Elevons-nous au dessus de ces dunes de sables. Nous voici dans le désert, le regard sur l’enchevêtrement des monticules qui bougent tous les jours. Finalement le travail de la nature n’est-il pas semblable au travail des hommes. Une répétition et des ruptures à un rythme effréné. Tout dépend de la distance que nous mettons à contempler ces travaux.
Alors dansons les pieds dans le sable, accompagnés des cris des mouettes et des sorciers !
07:03 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique contemporaine, orchestration, désert, méditation, minimaliste |
Imprimer
26/03/2013
Quinze ans, roman de Philippe Labro
A quinze ans, le narrateur sait qu’il va lui arriver quelque chose de prodigieux : désigné par le destin pour connaître une émotion unique, qui me délivrerait de la gêne qui prend au piège la première jeunesse.
En trois parties, Philippe Labro conte l’histoire, mettant d’abord l’accent sur Alexandre Vichnievsky-Louveciennes, un camarade de classe arrivé au milieu du premier trimestre. Il ne parle pas directement aux personnes qui sont devant lui. Il utilise des circonvolutions : – le type est doué ! Il a de la réplique ! Excellent ! Le type veut rencontrer Madame Ku. Mais Madame Ku se mérite, figurez-vous ! Le type sait-il seulement ce que signifie son nom ? Je voulus frapper fort et dis sur un ton averti : – Bien sûr, c’est comme un cul. Alexandre éclata d’un rire extasié et bruyant, qui fit se retourner quelques têtes autour de nous. – Vous êtes une âme vulgaire.
L’approche de cet être exceptionnel fut longue et difficile. Le narrateur accepte toutes les moqueries et facéties d’Alexandre. Celui-ci finit par l’emmener chez Madame Ku, qui s’appelle en réalité Kudlinska, une charmante petite vieille, effluve d’un passé russe. C’est ma babouchka. Un jour, la sœur d’Alexandre, Anna, débarque dans la petite maison : Et je vois debout, droite dans un manteau d’homme de couleur beige, une écharpe multicolore lui barrant la poitrine, une grande jeune fille aux longs cheveux noirs, au teint pâle et aux lèvres rouges. On dirait qu’une sorte de lumière entoure sa silhouette. (…) Elle ne m’a pas une fois adressé parole ou regard (…) et je pense à la phrase de Victor Hugo : « Le jour où une femme qui passe devant vous dégage de la lumière en marchant, vous êtes perdu, vous aimez. »
La seconde partie traite d’Anna, la jeune fille dont il est amoureux. Sa rencontre a lieu dans la chambre d’Alexandre :
– C’est mon ami. Tu l’as déjà rencontré chez Ku.
Anna se détache d’Alexandre, se lève et remet d’un geste des mains un peu d’équilibre dans sa coiffure.
– Ah oui, dit-elle, peut-être en effet, oui. Et quel âge avez-vous ?
Surpris qu’Anna se soit enfin décidée à me parler, je bredouille
– Euh… le même âge qu’Alexandre.
J’entends rire Alexandre. Anna accompagne son frère dans ce léger accès de moquerie et me dit sans méchanceté, mais sur un ton dans lequel je crois discerner la condescendance des grandes personnes à l’égard des enfants :
– Le même âge sans doute, mais vous me paraissez un peu plus niais que lui.
C’est un coup qui me perce. Anna s’en aperçoit et s’approche de moi tend ses doigts vers ma joue, comme pour une rapide et impalpable caresse.
– Ne prenez pas cela mal, dit-elle. J’ai plutôt voulu dire innocent, pas niais. Il y a une nuance.
– Merci, dis-je.
Quelques instants plus tard, dans sa chambre, elle lui dit :
– Vous êtes sans doute amoureux de moi. Mais faisons un accord, voulez-vous ? Décidons que nous le savons tous les deux et restons-en là. Je ne vous empêche pas de m’aimer, mais je vous ordonne de ne m’encombrer jamais avec ce sentiment ou même avec une seule manifestation extérieure de ce sentiment, jamais ! A ce prix peut-être deviendrons-nous des amis.
(…) Avec autorité, elle fit basculer ma tête entre ses deux mains, me forçant à me courber vers elle au-dessus du plateau et de la théière et elle déposa sur mon front un baiser fragile, sans équivoque. Mais ses mains avaient touché les tempes, j’avais respiré son parfum, odeur de santal, de poivre et de bruyère, et cela m’avait secoué, comme un courant électrique. Je n’avais pas pensé plus avant. Un événement nouveau, avec sa marque indélébile, venait de m’arriver dans cette chambre.
Il gagne un concours organisé par un journal : écrire un papier. Et ce papier a plu. L’œil d’Alexandre et d’Anna sur lui changea. Il entra dans leur intimité.
Ne dévoilons pas le reste, ce serait dommage. Cette histoire m’a rappelé le roman "Le grand Meaulnes" d'Alain Fournier : même adolescent, même jeune fille, même mystère. C’est fou ce que la jeunesse a d’innocence et d’illusion. Elle conduit à des situations difficiles. Mais sans doute leurs participants ne voudraient pas en être absents. Merci à Philippe Labro dont le ton de sincérité ouvre la porte au rêve.
18:05 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman |
Imprimer
25/03/2013
L’Inde secrète, de Paul Brunton (Payot, 1983)
Depuis 1937, date de la première édition française de ce livre, nombreux sont les auteurs indiens et étrangers, qui ont parlé de cette Inde mystérieuse qui est celle des yogis, fakirs et autres magiciens. En 1930, cette Inde secrète et sacré
était une découverte. Paul Brunton parcourut l’Inde, se frottant à toutes les couches de la société, rencontrant des saints hommes et saintes femmes de toute espèce, simulateurs et véritables maîtres. Ainsi du magicien venu d’Egypte qui lit dans les pensées ; de Meher Baba, le messie qui lui prédit la seconde guerre mondiale et qui, à la question : « Comment savez-vous que vous êtes un messie ? », répond sans hésiter : « Je le sais ! Je le sens ! », sans plus d’explication. Il découvre l’anachorète de l’Adyar, qui pratique le Yoga du contrôle du corps et lui apprend la position du lotus.
Au moment où il repart en Europe, dépité, sans avoir trouvé un véritable maître, il s’interroge : « Insensé, voilà donc le fruit de tant d’aspirations, de tant d’années perdues ! Tu vas suivre la voie banale, le chemin tracé, oublier tout ce que tu viens d’apprendre, noyer dans le tumulte des sens ce qu’il y avait de meilleur en toi ! (…) Es-tu sûr que nul parmi les hommes que tu as rencontrés n’était le maître que tu cherchais ? » Et il entend une voix en lui qui lui dit de retourner voir le Maharichi et son image surgit devant ses yeux. Il repartira donc à l’autre extrémité de l’Inde. Et celui-ci lui explique : « Posez-vous sans relâche cette question : Qui suis-je ? Analyser votre moi jusque dans ces replis les plus profonds. Tâchez de trouver où commence le moi-pensée. Allez au-delà, poursuivez vos méditations, tournez votre attention vers le monde intérieur. Un jour la roue de la pensée qui tourne sans cesse nous conduira en un point où l’intuition directe jaillira spontanément du fond de votre être. Suivez-la, cessez alors de vous penser et vous toucherez le but. »
Et Paul Brunton découvre cette vie spirituelle qu’il attendait tant :
L'ego s'imagine à tort qu'il existe deux Moi, l'un fonctionnant actuellement (l'individu) et l'autre, le Moi supérieur, le Moi divin, dont nous prendrons un jour conscience. C'est une erreur. Il n'y a qu'un Moi et il est pleinement conscient, actuellement et à jamais.
Pour lui n'existe ni passé, ni présent, ni avenir, car il est hors du temps.
Sans ce Pouvoir infini, Dieu, le vrai Moi, cet encens ne pourrait pas brûler, ce monde n'existerait pas. Le Soi est présent dans toutes les formes. Lui seul leur donne réalité.
C'est pourquoi l'être illuminé s'aperçoit qu'il est présent dans tous les autres, car il a trouvé l'Unité et a cessé de percevoir la multiplicité.
L'Univers existe au sein du Soi. C'est pourquoi il est réel, mais cette réalité lui vient du Soi. On dit toutefois qu'il est irréel à cause de ses transformations perpétuelles et de ses multiples formes ; on dit par contre que le Soi est réel parce qu'il est immuable.
Après la Réalisation ni le corps, ni le reste n'apparaîtront différents du Soi.
Ishvara, Dieu, le Créateur, le Dieu personnel, est la dernière des formes irréelles à s'évanouir ; seul l'Absolu est réel.
"Au milieu de la caverne du cœur,
en forme de Moi, en forme de Soi,
unique et solitaire,
tout droit de soi à soi
le Brahman resplendit !
Pénètre toi-même en ce dedans,
ta pensée perçant jusqu'à sa source,
ton esprit plongé en soi,
souffle et sens au tréfonds recueillis,
tout de toi en toi fixé,
et là, simplement, sois!"
09:16 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, spiritualité, indouisme, sagesse |
Imprimer
24/03/2013
Ruisseau des villes
Ruisseau des villes au long des pierres
Où plongent les pas de passants rêveurs
Tournes autour des pavés de lumière.
Une fleur, rouge, une tulipe, je crois,
Glisse sur ton chemin et pleure.
Tu vois de grands pieds sales,
Ensuite des têtes de roi.
Des doigts roses s’allongent vers toi.
Les gamins plongent les leurs, impudiques,
Dans ton sein. Une pièce brillante en sort.
C’est le sort des pièces hiératiques,
Tortueuses et sans beauté. Les rues
Défilent leurs ventres gris, encore
Une autre, et la même sans voix
Et une autre sans vie. Il n’y en a plus.
Tu ries dans le noir d’égouts, rue Quinquempoix.
07:31 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
Imprimer










