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17/09/2012

Rencontre

Rose pâle d’un ciel du soir
Lorsque l’ombre gagne les clairières
Et envahit le mur encore chaud
Arrivée dans cette atmosphère
Où rien ne trouve l’équilibre
Et se trouver apaisés, allégés
Par l’étendue des voiles du cèdre
Qui volent au-dessus du moulin
Et s’enfoncent dans le miroir de l’eau
Elle coule avec parcimonie
Mais respire la quiétude éternelle
L’envie soudaine de s’y plonger
Dominés par les murs rafraichis
De ce rose tenace et bienvenu
Nous contemplons le vide
Prêt à prendre notre élan
Pour sauter à pieds joints
Dans le salon gris
Ouvrant sur ce paradis

16/09/2012

La maladie des normes

La France est un pays extrêmement productif en ce qui concerne les normes de toutes sortes et de tous genres ; directives, lois, décrets, arrêtés, règlements, etc. A vous décourager de tenter quelque chose.

« Dans une société inquiète, voire angoissée, à la recherche du “zéro risque absolu”, la norme a vite colonisé tous les secteurs de la sphère publique », expose le sénateur Claude Belot. Mais tout ceci augmente nos dépenses de manière forcenée. En chiffres, cela donne 287 projets de textes réglementaires examinés par la CCEN (Commission consultative d’évaluation des normes) en 2011. Facture pour les collectivités : 728 millions d’euros, alors que ce chiffre n’était que de 500 millions d’euros les années passées.

Certes, il convient d’imposer des règles permettant aux citoyens de s’y retrouver dans la profusion des propositions et publicités des entrepreneurs ou de progresser sur la sécurité. Mais est-il nécessaire de tout réglementer ? Actuellement 400.000 textes réglementent les activités des maires de France. Et nul n’est censé ignorer la loi !

 Dans tous les cas, le nombre de fonctionnaires dont nous disposons n’incite certainement à diminuer ce triste record. Il faut bien qu’ils se montrent actifs et entreprenants eux aussi !

 

15/09/2012

Cocteau ou le poète inexpérimenté

Pour Cocteau, l’idée, dans l’écriture, compte avant tout. La manière de l’écrire vient certes ensuite, mais elle vient sans effort, d’elle-même. Comme le disait Radiguet, il s’agit d’oublier qu’on est poète et laisser le phénomène s’accomplir à son insu. Cocteau a peur de l’habitude : je me veux libre de technique, d’expériences, maladroit.

Mais comment déterminer la limite entre l’attente et le laisser-aller ? En changeant de registre dans l'exercice de ce que l'on a à dire, en passant de l'écriture au cinéma, au dessin, à la poésie, puis à la musique par exemple. La variété des créations est toujours profitable, même si elle semble faire perdre du temps. Elle aiguise la sensibilité et redonne le goût du travail, même si d’autres pensent autrement.

Cocteau écrit : Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi. Montherlant ajoutait même : Notre œuvre préexiste en nous. Le problème consiste à la découvrir. 

 

14/09/2012

Les barricades mystérieuses, de François Couperin

1. Interprétation au clavecin :

Ecoutons d’abord la pièce jouée au clavecin. Le clavecin a une sonorité aigre très différente du piano. En réalité, le caractère du clavecin se rapproche plus de celui de l’orgue que de celui du piano. Camille Saint Saëns nous dit que la musique écrite pour le clavecin est délicate et que son charme ne résiste pas à une exécution brutale. Les nuances sont inconnues dans le monde du clavecin. Seul l’emploi des registres peut faire varier la puissance de la sonorité (si l’instrument en possède plusieurs).

Haendel, dit Camille Saint Saëns, nous montre que pour goûter la musique des siècles passés, il faut, comme lorsqu’on regarde les peintures des Primitifs, se défendre de chercher, dans les œuvres d’art d’un âge différent du nôtre, des effets et des expressions de sentiment qui ne sauraient s’y trouver, faire table rase, autant que possible, de ses habitudes journalières et se laisser aller naïvement à l’impression produite par le contact avec des formes inusitées.

 

Scott Ross :

http://www.youtube.com/watch?v=sf-LMHrslHw&feature=related

Belle interprétation de Scott Ross, dans l’esprit du jeu du clavecin, avec un jeu fait de légers ralentissements et accélérations. Il est dans la juste mesure, et la musique en sort raffermie.

Bruno Procopio :

http://www.youtube.com/watch?v=8O_oeMTnn84&feature=related

Quel rythme ! Y a-t-il une âme derrière cela ? Oui sans doute, mais la technique prime. C’est ennuyeux, car cela n’a pas la rondeur du précédent interprète.

Russel Piti :

http://www.youtube.com/watch?feature=endscreen&NR=1&v=md0nW7bL2vI

C’est plus lent, sans doute un peu trop. Où se trouve le mystère ? C’est également ennuyeux.

 

2. Interprétation au piano

Le piano apporte une profondeur qui n’existe pas au clavecin. La pièce prend du volume et du sentiment. Le son, la sonorité et les émotions soulevées sont vraiment différents. 

Georges Cziffra :

http://www.youtube.com/watch?v=1lvBZhXEJXY&feature=ymg

Un jeu assez proche du jeu du clavecin, très classique. Un bon rythme qui permet de faire ressortir les nuances et le charme de ce morceau.

Sylviane Deferne :

http://www.youtube.com/watch?v=JeJClooBYqY&feature=related

Quelle chaude sonorité et quelle nuance ! Une leçon de musique dans la douceur et la subtilité de la féminité. Très belle interprétation  dans un rythme parfois peut-être un peu lent vers la fin, mais un jeu si profond que cela s’oublie.

Alexandre Tharaud :

http://www.youtube.com/watch?v=IDavx0eyjUY&playnext=1&list=PLAFCB0C4B28BD5242&feature=results_video

Est-ce une course ? Ce n’est plus le même morceau. Une page virtuose qui n’a pas grand-chose à voir avec le sens initial et l’écriture pour clavecin. Il y a cependant des nuances et une certaine douceur qui laisse deviner une certaine sensibilité. Cela berce le mystère et reste une interprétation intéressante, mais hors norme.

3. La pièce

 Empruntons au blog  de Viviane Lamarlère, que nous remercions, cette bonne analyse de la pièce de Couperin :

Le titre lui-même ne laisse pas d'interroger et pourtant, il suffit de regarder la partition pour comprendre qu'entre la main droite et la main gauche se tissent des lignes verticales et horizontales qui évoquent bien figurativement une barricade.
Mystérieuse pourquoi? Tout simplement parce que la ligne mélodique va être très judicieusement répartie, dans cet inextricable treillis, entre main droite et main gauche, demandant à l'interprète de peser sur certaines notes, d'en alléger d'autres, le tout sur chacune des deux mains et en permanence à contretemps...
La basse (ce que joue la main gauche) est écrite dans un registre très grave pour l'époque. Elle se répète à l'identique tout du long du morceau, constituant ce qu'on nomme un ostinato.

Cette répétition va conférer à l'œuvre une forme circulaire hypnotisante dans laquelle le refrain vient jusqu'au bout, avec ses ornements légers, contredire les couplets plus interrogatifs.

On a l'impression que c'est la main droite qui tient la mélodie, que nenni, par le jeu des registres ce sera parfois la main gauche qui fera entendre la fin d'un trait ou d'une phrase...

(http://www.vlamarlere.com/article-10825431.html , le lundi 11 juin 2007)

 

13/09/2012

Nuit

Plus rien !
Le vide,
L’absence,
Un désert inexistant,
Une coque sans fond,
Et résonne dans le crâne
La présence du trou
Mais comment le cueillir
Puisqu’il n’est rien ?

Je le sais…
Ce rien devient le tout
Lorsque vous vous oubliez

Parti le chatoiement des pensées
Partie la tendre ficelle du raisonnement
Partie encore la solide résurgence
D’une mémoire qui s’éveille
Vous reposez, ignare de votre savoir
Et vous laissez votre main
Dans la sienne, petite, accueillante
Votre sourire vaut de l’or
Mais vous ne savez pas votre richesse
Elle s’échappe en volutes colorées
Et prend son autonomie
Pressée d’en finir avec vous

Oui, perdu dans l’obscurité,
Sur vos yeux fermés au monde
Vous respirez encore, petitement
Du bout des lèvres roses
Dans le tremblement du drap
Vous êtes revenu à l’enfance
Avant même cette origine connue
Dans le calme défi des matins d’hiver
Pelotonné sous les monceaux
D’images qui surgissent, prenantes
Et vous font perdre les repères
Que donnent le jour et l’éveil

Fraicheur du souffle de la nuit
Quand l’air s’encombre de verdeur
Vous entendez le cri des nocturnes
Et Chopin entre dans votre rêverie
Un pas ou deux, une valse lente
Des hésitations d’un jour
Jusqu’à l’endormissement

La vie pourtant subsiste
La couleur des déplacements
Comme des ombres noires
Qui défilent devant le blanc
L’odeur tiède du foin
Qui sèche sur la terre mouillée
Le goût sans faim, acidulé
Du vol de la chauve-souris
Dans l’espace restreint de la chambre
Et la caresse inconsciente
Des mains unies de l’amour
Qui vous porte chaque nuit
Sur les monts de la reconstruction

12/09/2012

Denis Frémond

Denis Frémond est peintre, humoriste et écrivain sans doute.

Pour sa biographie, reprenons cette interview que l’on trouve sur son site :

« Votre père était un célèbre poète espagnol, je crois.

Oh non, il était matador de taureaux dans une entreprise de consulting sur le port de Hambourg.
 

Très bien... Hambourg, donc, je le note. Bien. Votre mère est une véliplanchiste originaire d'une ethnie d'Asie centrale...

Paix à son âme... mais si vous voulez, je ne suis pas contrariant, vous savez. Vous avez raison de plaisanter, ces biographies sont inutiles et le plus souvent ennuyeuses, convenues. Nous sommes des gens si sérieux, nous les peintres, avec nos litanies d'expositions, de salons, de collections privées. Mais les gens souhaitent malgré tout connaître le peintre, ses origines, son cheminement, ses sources d'inspiration... Mettez : extraction bourgeoise.

Parfait. Comment êtes-vous venu à la peinture?

Par élimination... En sortant de l'Ecole Polytechnique j'ai intégré l'équipe de lads d'un haras de Basse-Normandie, mais au fond je ne savais pas où j'allais, j'ai ensuite animé pendant une saison une revue du Casino de Paris, puis dirigé pendant quatre ans une petite fabrique de tabourets, pour finalement embarquer à bord de la Jeanne-d'Arc comme clairon. »

 

 Comme écrivain, il s’est penché sur la bande dessinée. Mais on peut dire que c’est dans la peinture qu’il s’exprime sans tricher.

Il aime peindre des extérieurs : errances de ville en station d’hélicoptère. Un seul personnage, mystérieux, indifférent aux regards que nous posons sur lui, seul face au monde familier et si peu connu.

 

 

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Mais il peint également des intérieurs : grande pièce au parquet lustré, aux baies vitrées ouvrant sur la ville, avec encore ce même personnage jouant de la clarinette. Idiot, direz-vous, que cette divergence des genres. Mais tentez de faire la même chose. Vous échouerez à coup sûr. Il joue sur la lumière et l’ombre, sur les reflets qui par leur accentuation troublent la vision. Il semble ne donner à voir que la réalité, qui elle-même est trop léchée pour être réelle. Ce n’est jamais une pièce entière, mais la moitié d’un salon, d’un bistrot, laissant l’imagination construire l’autre moitié.

 

 

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11/09/2012

Complexification

Vue d’avion : paysage aux champs morcelés et un fleuve débordant, qui ouvre l’imagination.

Idéogramme chinois : le tracé du caractère est simple, mais derrière se cache la complexité, intraduisible, de la pensée.

Plaisir de l’œil et de la main qui équilibre l’intemporalité de la nervure avec la multitude d’événements qui encombre l’espace.

Oui, c’est un jeu, le jeu de l’abstrait qui ouvre à toute interprétation.

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 Gravure effectuée il y a longtemps, mais qui reste aussi énigmatique.

10/09/2012

L'amitié exclusive

 

« La relation amoureuse est une relation vulnérable. Elle requiert des confirmations continuelles. Par contre, on peut passer une année dans rien savoir d’un ami et cela n’a aucune importance. L’amitié n’exige pas de confidences mais l’amour, oui. Et l’amour est un état de suspicion ; il est assez inconfortable, hein ? Assez alarmant. L’amitié, elle, est un état serein : on peut voir ou ne pas voir, on peut savoir ou ne pas savoir ce que fait l’autre. Sans doute certaines personnes sont-elles jalouses en amitié, mais moi, non. Beaucoup de gens considèrent l’amitié comme on considère l’amour, et même, désirent être l’unique amitié de l’autre personne. » (Jorge Luis Borges, Ultime dialogues, éditions Zoé / éditions de l’aube, 1988, p.120)

 

Qui n’a jamais connu de ces êtres qui s’attachent à vous et vous lient à leur devenir. Sans vous plus rien ne leur semble possible. Cette amitié exclusive les rassure. Leur vie leur semble tracée et certaine. Ils s’enferment dans ce cocon qui les protège de la vraie vie, faite de nouveautés, de coupures, de déceptions et d’ironie. Et pour un peu que l’on ne soit pas disponible, ils se sentent abandonnés, rejetés, voire trahis.

Comment rompre ? Ils ne comprennent pas leur emprise sur vous-même. Ils ne veulent pas savoir votre besoin de liberté et d’indépendance. Ils ne peuvent comprendre votre sentiment d’être prisonnier de cette relation.

Il ne vous reste plus qu’à rompre, sans autre forme de procès.

 

09/09/2012

Réminiscence

Je suis, j’étais…

Quelle distance entre les deux
Combien de jours et d’années

Et revivre cet instant
Où dans l’étroit fil du temps
On saute à pieds joints en arrière

Sons et parfums de notre enfance
Qui s’imposent au présent, absurdement
Au détour d’un regard, d’un geste
Et frissonne d’une image du passé

Cette cloche qui résonne dans ma mémoire
Et fait naître un moment de connivence
Avec celui qui était, il y a loin, longtemps
Et qui revient un moment, ténu
Fil d’araignée qui tinte dans la tête

Perdu cet instant du passé ressurgi
Reprendre la quête du souvenir
Revenir à la seconde de l’étincelle
Quand émerge du coton des souvenances
La peau de pêche des fauteuils du salon
Ou le grincement aigu de la porte de la cave

C’est parfois un visage qui mène la danse
Et tourne le manège des êtres et des choses
J’entends ses rires dans la fraicheur
Ils chatouillent ma peau d’enfant
Et le poil hérissé devient duvet
Qui chante la musique du passé
Le temps d’un coup de vent

Lisse ton histoire entre hier et demain !

08/09/2012

Labyrinth, de Philippe Glass

 

http://www.youtube.com/watch?v=IT_vMQBWf4s&feature=related

 

Le labyrinthe a toujours fasciné les hommes. Il est symbole de leur appétit de connaissance et de la difficulté à en faire le tour.

Généralement le labyrinthe est objet matériel, invention de l’homme qui se cherche ou qui cherche de nouvelles connaissances. Il est également dessiné, sous diverses formes : rondeur, angles, fractal. Il est souvent évoqué dans la littérature ésotérique ou même la littérature tout court, à l’instar de Borgès. Pour la musique, Bach, dans ses fugues, constitue des labyrinthes sonores, organisés pour charmer et tromper l’auditeur.

Ici, Philippe Glass ne cherche pas à construire un labyrinthe. Son but est plutôt d’ordre psychologique : que ressent-on lorsqu’on parcourt un labyrinthe ? D’abord l’excitation, mais une excitation calme, qui monte et descend selon la distance du but. Puis la régularité qui est donné par  le rythme de deux notes. La monotonie du chemin, dont on ne voit ni le cheminement, ni la fin, est rendue par les voix qui, dans le même temps, englobe cette monotonie de mystère. Musique descriptive, proche de la musique de film. Est-elle belle ? Pas au sens habituel où l’important est d’être bouleversé. Ce n’est qu’une musique d’ambiance qui permet à l’auditeur d’entrer dans le mécanisme psychologique du labyrinthe.

Le labyrinthe est un chemin de sagesse, comme l’écrit Jacques Attali dans son traité du labyrinthe (Fayard, 1996, p.209). Quoi qu’il en soit, traverser, ne serait-ce qu’une fois, un labyrinthe, transforme la conscience pour toujours. Après s’être perdu, on a ouvert toutes les portes de soi-même, on s’est exploré. Voyageur traqué, on n’a pas trouvé la vérité, mais un chemin vers une question plus difficile. Dès lors qu’il a rencontré la réalité de l’expérience, l’homme (…) débouche en fait sur un chemin menant vers un autre labyrinthe. Tel est le grand secret du labyrinthe…

 

07/09/2012

Robert Tatin : la Frénouse (voir les 6 et 18 août)

Lepine_encre_de_chine R Tatin.jpg

"Ainsi que tous les jeunes gens de mon âge je m'inquiète de la Religion, de la Mort, de la maladie, de la santé, de la guerre, de la misère... Je m'inquiète surtout du bonheur du malheur - mais considère toutes ces choses très loin - pour plus tard - pour demain ?... J'ai même besoin d'oublier toute cette agitation du monde afin de me faire, premièrement, un corps sain, un esprit clair et un Cœur Humain. J'ai même Peur de ce trop grand Idéal que d'aucune philosophie m'apporte avec l'intention de m'Eclairer. Pourtant une LUMIÈRE insolite me visite, me visite et me laisse une lueur... Véritable "Conscience" Véritable responsabilité d'où répondre... la réponse... l'écho... D'où faire ART... afin de communier avec tous les enfants du monde..."   (Robert TATIN)

 

Papin avait l’âme d’un créateur. Il aimait tout faire et n’était pas comme ces artistes qui donnent des directives à une poignée de petites mains qui sont ses exécuteurs de « chefs-d’œuvre ».

 

Il a été architecte :

Tatin architecte.jpg"Nous sommes en présence d'un module architectural imaginé en fonction de la Nature environnante, par essence non finie. Une initiative, comme celle entreprise par cet Artiste, peut entraîner une continuité architecturale. L'esprit de cet ensemble comporte d'ailleurs en lui-même un exemple à suivre quant à l'Adaptation de la Nature, apportant un élément nouveau pour les Urbanistes et les Architectes, recherchant depuis le début de ce siècle, la forme, le volume et les caractéristiques d'édifices pouvant s'allier avec l'environnement Naturel..."  (Lise TATIN)

 

 

 

ceramique_argentine.jpg

Il a été céramiste :

TATIN qui était depuis longtemps sur la piste d'un matériau nouveau est arrivé à constituer ce matériau avec de la terre mêlée de colorants qu'il "tape" sur des poteries et qu'il travaille alors comme une vraie peinture au pinceau, au couteau, au doigt. La cuisson rend la peinture inaltérable. TATIN s'enorgueillit d'être à présent, non seulement "sculpteur de terre" mais "peintre de terre". Il y a là, en effet, une vraie révolution dans la céramique.  (Pierre GUÉGUEN, 1954)

 

 

 

 Mais il a surtout été peintre :

"...Il n'y aurait qu'à regarder et à voir, si tu peux regarder et voir tes propres yeux: tu sais peindre. Il n'y a pas à savoir dessiner, tu vois bien, alors tu trouves les moyens de dessiner à ta mode. Il s'agit de trouver par toi-même tes propres signes, il s'agit encore de signifier tes propres signes, avec foi, avec violence, avec la paix, avec tendresse et autres et autres. Il s'agit de peinturer en se souvenant de la parole de Chesterson : "tout enchaînement d'idées peut conduire à l'extase, tous les chemins mènent au royaume des fées". "Le progrès en peinture n'a rien à voir avec ce que la T.S.F. appelle progrès, trop de traités de peinture tous emplis de grandes bonnes volontés se montrent trop épris d'un art X ou Y et pas assez de l'art sans adjectif sauf celui de RÉEL. Voir c'est être présent, opter c'est voir, voir serait confortable avec choisir ou opter, optimisme alors...Peut-être". (Robert TATIN)

 

Maryvonne fille de lune.jpg

 

Le sculpteur :

dessin_1_encre_chine_face_valadonutrillo.jpgRobert Tatin a utilisé deux manières : la statue et le bas-relief. Il travaillait d’abord l’idée, puis la technique. L’idée, c’était sa conception du monde, des relations entre l’homme et l’univers, entre l’homme et l’image que l’homme se fait de lui-même, entre les hommes eux-mêmes et plus profondément entre l’homme et Dieu. La sculpture n’avait rien de représentative des attitudes ou expressions. Elle s’efforçait de donner sur un bloc l’essentiel de ce qu’avait été celui qui était représenté. Les bas-reliefsDragon.jpg sont encore plus symboliques, il ne représente que des idées. Ils sont l’expression de la conception du monde de Robert Tatin. Ses voyages lui ont permis de progressivement atteindre une connaissance des cultures et d’en faire une synthèse personnelle. Ses bas-reliefs en donnent des flashs. Comment définir ce personnage à cheval, à la fois chevalier, roi mage, prince hindou ou sorcier africain ? Le rêve et la réalité confondus dans des scènes multiples et oniriques.

 

 

Robert Tatin mérite notre respect. Il a vécu sa vie comme il l’entendait, se moquant des racontars et du qu’en dira-t-on. Il a bâti son jardin secret qu’il partage maintenant avec nous et cela fait du bien de savoir que des hommes vivent leur rêve dans la réalité quotidienne.

 

06/09/2012

La Centrale, d’Elisabeth Filhol

 

« Trois salariés sont morts au cours des six derniers mois, trois agents statutaires ayant eu chacun une fonction d’encadrement oulittérature, roman, centrale nucléaire de contrôle, qu’il a bien fallu prendre au mot par leur geste, et d’eux qui se connaissaient à peine on parle désormais comme de trois frères d’armes, tous trois victimes de la centrale et tombés sur le même front. »

Ainsi commence La Centrale, un roman consacré aux centrales nucléaires et aux travailleurs saisonniers qui vivent des arrêts de tranche (moment de grand nettoyage d’un réacteur), les DATR pour Directement Affecté aux Travaux sous Rayonnements. On ne s’ennuie pas au cours des cinquante premières pages. Le DATR qui joue le rôle de narrateur a eu un incident au cours d’une séquence de son travail et a pris des doses supplémentaires. On nous décrit les procédures, les impressions, voire les sentiments de l’homme surexposé. On décrit également sa vie quotidienne, en caravane avec quelques copains. Progressivement on se sent englué dans ces rayonnements et la protection qu’il faut porter. « Chair à neutrons. Viande à rem. On double l’effectif pour les trois semaines que dure un arrêt de tranche. Ce que chacun vient vendre c’est ça, vingt millisieverts, la dose maximum d’irradiation autorisée sur douze mois glissants. Et les corps peuvent s’empiler en première ligne, il semble que la réserve soit inépuisable. »

Mais bientôt on se lasse de ces descriptions de procédures, de bouffe dans la caravane, d’incidents sur le circuit primaire, du professionnalisme des uns, du manque de compassion des autres. Page 75, on change de CNPE (une Centrale Nucléaire de Production d’Electricité, pour les initiés). On passe de la centrale de Chinon, à tours réfrigérantes, à la centrale du Blayais : agence d’intérim, formation à la charge de l’embauché, hébergement dans un mobile home, puis la centrale avec explication sur son fonctionnement et un détour par Tchernobyl et les erreurs des opérateurs. Enfin, un des intérimaire pète un plomb, quitte son travail sans l’achever et finit en dépression ou en suicide, on ne sait pas exactement.

Que reste-t-il de cette histoire et est-ce une histoire ? Ce n’est pas un roman au sens où un roman raconte justement une histoire. Il n’y en a pas. Ce sont des impressions, des incidents, des événements, des explications techniques, mais sans suite, sans commencement ni fin. On débute le livre avec intérêt pour un contexte insolite, mais on s’épuise faute de carburant motivant. C’est un pâté constitué d’ingrédients trop divers qui ne vous nourrit pas ou si peu. Certes, on a appris quelque chose sur les centrales nucléaires et la vie des saisonniers. Mais ceci ne permet pas de constituer une intrigue.

 

05/09/2012

Voyage

Aller et retour ou aller simple
Ainsi commence ce chemin que vous prenez
Et qui vous conduit vers l’inconnu
Et vous-même ne savez pas ce que vous faites
Partir et revenir ou fuir pour toujours
Ce quotidien des repas et conversations
Ces rires de convenance et d’ennui
Ce nid bourdonnant de frelons
Prêts à vous défigurer


Un voyage, c’est un bout de lune
Avalé en quartier, acide, à l’odeur forte
Vous détournez la tête d’abord
Pour ensuite la garder levée
Vous humez l’aigre vent du large
Et montez sur le navire enchanté
Qui vous conduit dans d’autres paysages
Vous n’avez plus d’attache
Et vous errez sur le balcon léger
D’où vous vous élancez, éperdu
Pour flotter sur les mâts perpendiculaires

Choisir le cabotage est une manière
De ne pas partir tout en n’étant plus là
Vous restez suspendus à vos habitudes
Et toute nouvelle figure fait encore
Fuir votre propension à vous ouvrir
Mais le voyage au long cours
N’est pas pour les freluquets
Qui ont peur de leur ombre
Laissez-la s’allonger vers le soir
Qu’elle tresse une couronne
Sur votre visage renouvelé

Il arrive qu’un voyage se transforme
En une expédition savante
Vous partez avec armes et bagages
Pour un pays qui ne vous connaît pas
Pour faire connaissance
Vous amenez votre sourire
Mais rien ne vous garantit l’immunité

Mais y a-t-il de plus beaux voyages
Que ceux que l’on fait en esprit ?
Quand de votre chambre
Vous voyagez sans bagage
Dans des pays inconnus de tous
Que vous concevez selon le besoin
Pour flotter sur un matelas
De caresses, de senteurs, de bruits
Inconnus de la population ambiante
Parce que vous le fabriquez
Aux fils de votre imagination
Comme un illusionniste intérieur
Musique de chambre en pantoufles
Vous écoutez la voix du sang
Qui borde de solitude
Vos désirs de paysages nouveaux

 

Voici la fin du voyage
Où es-tu l’ami ?
Au pays des songes
Ou en consistance matérielle ?
Que le voyage soit
Dans le frôlement de l’imagination
Ou le choc du toucher
Et qu’au retour
Enrobé du miel de la félicité
Vous retrouviez votre chambre
Ultime recours
A l’ajustement
De votre équilibre
Précaire

 

04/09/2012

Le changement

Le changement est-il dans la couleur ou dans la forme ? Par combien d’étapes passe-t-il ? Et finalement de quel changement parlons-nous ?

A chacun de deviner ces modifications subtiles et de les comptabiliser. Pourtant lorsqu’on regarde le tableau a-t-on vraiment conscience d’une progression constante entre couleurs et formes.

Le cinétisme a ses mystères qu’il est parfois subtile de pénétrer…

 

 

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03/09/2012

Les rapports entre la poésie, la musique et la peinture

 

Quel rapport entre la poésie et les autres arts, en particulier la musique et la peinture ?

C’est ce que tente de définir Yves Peyré dans le premier chapitre de son livre « Peinture et poésie, le dialogue par le livre » (édition Gallimard, 2001). L’écriture, elle, qu’elle soit prose ou poésie, a rapport avec l’impalpable. Une page se regarde, elle ne néglige pas d’avoir un côté dessin, mais elle se lit (en silence, à voix haute), et là, ce n’est plus le visible qui prédomine, c’est le son (la poésie est assurément une forme exacerbée de musique). Serait-ce en ce sens que s’établissent les rapports entre la poésie et la musique, entre la poésie et l’art pictural ?

Poésie et musique ont en commun le son. Et ce son, par une évocation indéfinissable, devient un chant de l’âme qui exprime l’humain. Cependant, contrairement à ce que dit Yves Peyré, je préfère dire que la musique est une forme exacerbée, accomplie, de poésie. Pourquoi ? Eh bien, tout d’abord parce que la musique est universelle. Point n’est besoin de connaître la langue du musicien. Le poète, lui, se sert de la musicalité de sa langue pour s’exprimer. Ces deux arts se servent du rythme et de son contraire, le silence, pour exprimer le plus profond de l’être. Mais l’un le fait dans un langage que tous comprennent, l’autre dans la particularité de l’expression verbale, marque de naissance du poète. Ils peuvent, chacun, employer refrain et couplets, le premier par l’énoncé de la phrase sonore qui est la mélodie première qui permet à l’imagination de construire sa profusion sonore. Le refrain revient en arrière-fond, retourné, inversé, avec changement de modes et autres bouleversements, mais d’une manière différente de celui de la poésie, qui utilise la répétition comme une preuve de musicalité et de retour au thème, sans broderie qui défigure le son et le perd dans les chausse-trapes de la compréhension. Comme la musique, la poésie s’entend, elle ne se lit pas à la manière d’un roman. Et lorsque vous lisez un poème, vous le parlez-chantez dans votre tête sans même vous en rendre compte. La musique du poème vient d’elle-même, et, si elle ne vient pas, ce n’est pas vraiment un poème, mais une prose mise en vers. La poésie utilise d’ailleurs l’allitération (répétition de sons identiques), l’anaphore (commencer par le même mot les divers membres d’une phrase), l’antanaclase (reprise du même mot avec un sens différent), l’assonance (répétition d’une même voyelle dans une phrase), le chiasme (termes disposés de manière croisée), etc.

Poésie et peinture ont en commun l’image. L’image, c’est la forme et la couleur qui deviennent évocation. La couleur est le plus simple à faire jaillir dans l’esprit, grâce aux subterfuges du langage et la profusion de mots qui l’évoque : l’allégorie (figuration d’une abstraction par une image), la comparaison, l’ellipse  (omettre certains éléments logiquement nécessaire à l’intelligence du texte), etc. La forme peut employer l’antithèse (rapprocher deux mots opposés pour en faire ressortir le contraste), l’oxymore (alliance de mots dont le rapprochement est inattendu), etc. La forme bien sûr, rapproche de la musique, mais également la couleur. On parle bien de la couleur des sons (comme de leur température : ambiance froide, chaude, comme pour les modes majeurs et mineurs). Bâtir une image et la même gageure pour le poète et le musicien. Ils utilisent un matériau différent, mais tous les deux sans réel rapport avec ce qu’ils veulent exprimer : le son parlé ou musical pour exprimer une vision  à partager avec l’auditeur. Le peintre donne sa vision sous la forme et la couleur qui, assemblées, évoque sans détour l’image voulue.

Quel merveilleux assemblage que ces trois arts qui s’enchevêtrent et recherchent au fond la même chose : la part d’évocation qui fait revivre un instant, un événement, une impression et qui permet de la partager avec celui qui la reçoit et ne la connaît pas.

Que l’homme est grand et mystérieux !

 

02/09/2012

Chers disparus, de Claude Pujade Renaud

 

Leurs chers disparus sont Jules Michelet, Robert Louis Stevenson,écrivains,littérature,écriture,histoire Marcel Schwob, Jules Renard ou Jack London. Les héroïnes sont les veuves de ses écrivains. Elles décrivent leur vie au côté du grand homme et ont en commun de poursuivre le travail de leur mari. Non, il ne s’agit pas de poursuivre ses écrits, mais de les trier, classer, organiser, publier les œuvres inédites, voire les œuvres complètes. Non, ce n’est pas un livre de bibliothécaire, ni de chercheur. C’est la vie de plusieurs femmes, subjuguées par leur cher mari, grand écrivain.

Au-delà de cette sommaire description de ce que représente le livre, je n’ai aimé que le premier récit, intitulé La jolie morte. Athénaïs Mialaret ose adresser une lettre à l’historien connu dans toute l’Europe. Très vite, elle se retrouve mariée, entre l’auteur et sa famille, une belle-mère, une fille et son mari. Ce n’est pas un récit organisé chronologiquement. Ce sont des impressions, des événements qui ont marqué soit leur vie en commun, soit sa vie après la mort de Michelet, dont la rencontre d’Emile-Antoine Bourdelle, sculpteur, soit aussi des événements de sa vie de jeune fille. Elle parle de l’amour de Michelet, parfois de manière crue, voire érotique. Elle raconte ses recherches sur les manuscrits de son mari. Elle découvre que dans son journal, Michelet parle d’elle et de leur vie intime :

A soixante-quatre ans, il se livre à une étude comparée de ses deux épouses. Pauline faisait jouir en jouissant beaucoup. Avec Athénaïs, il goutte l’exquise volupté qu’on a d’entrer dans un esprit. A-t-il rêvé d’une femme alliant les deux registres ? Je n’en suis pas certaine. Ma pureté, ma perpétuelle virginité, voire mon air de première communiante lui plaisaient, le stimulaient, je crois.

Elle déclare à ses amis qu’elle est moins la veuve de Jules Michelet que son âme attardée, un prolongement de lui-même qui veille à la publication intégrale de son œuvre. Enfin, elle signe le bon à tirer du quarantième volume. Sa tâche est achevée.

Le récit est intéressant, ses souvenirs sont vifs, amusants parfois, malgré les répétitions voulues concernant ses maux et leurs conséquence sur leur rapport avec Michelet.

 

Les autres récits de chacune des femmes des auteurs cités sont une répétition de ce premier récit. Certes différents, mais qui racontent leur histoire avec les mêmes détails, les mêmes thèmes. L’ennui s’installe assez vite. Toutes ses vieilles femmes entourées de leurs chats, parlant de leurs maux, finissent par lasser.

L’histoire de la femme en elle-même disparait devant les histoires de famille et l’évocation du grand homme. La femme s’annihile, malgré ses souvenirs.

Dommage !

 

 

 

 

01/09/2012

Le monde s'est évadé de ma mémoire

Le monde s’est évadé de ma mémoire

Aux confins de l’univers
Je contemple l’inconnu
Et je ne le reconnais pas
La couleur elle-même ne fait plus loi
La forme n’atteint plus sa plénitude habituelle
Musique sans notes, aigrelette

Tourne toujours le manège
Dans la tête ou le cœur
Mais à vide, sans consistance
Comme un vent de fronde
Dans le calme des matins d’hiver

Il ne me reste plus que le souvenir
De jours et de nuits délaissés
Quand le temps coulait encore
Qu’il glissait sur nos fronts
L’enlaçant d’une obscure fraicheur
Lui donnant un teint de pêche
Et ravissant nos danses ondulantes
Devant le cerceau de l’écoulement des jours

Oui, nous dansons tous
Mais de manière différente
Le chat ondule
Le canard se dandine
Le cheval se cabre
L’hippopotame s’ébroue
La puce saute
Clair-obscur des attitudes
Dans la tempête de l’avenir

Dorénavant, j’irai sur la pointe des pieds
Chanter l’angélus à la lune
Je hurlerai la soif des humains
Et la faiblesse de leur rapprochement
Pour enfin m’étendre sur la pierre froide
Et contempler la ronde sans fin
Des hommes et des femmes
Qui courent dévêtus de pudeur
Devant la vie qui va, qui vient
Sans vraiment savoir
Ce qu’il en advient

Détaché, je suis
Tant et tant que plus rien
N’atteint mon cœur de pierre
Le satellite passe, rose
Dans le ciel vert
Un petit pois précis
Qui parcourt sans faiblir
L’espace de la journée
Et je tourne en rond
Autour d’une boule ronde
Jusqu’au vertige
Et la chute, douloureuse

Rendors-toi
Retire-toi de tes songes
Et laisse le vent
Emporter tes lambeaux
De vie,
Pour enfin dormir
Unique

31/08/2012

Noir et blanc

 

poésie, peinture, dessin, poème, littérature, écriture, art cinétique, optique art

 

Noir et blanc


Ils sont mariés depuis des lustres
Ils vont bien ensemble, ils s’aiment
Le noir soutient le blanc
Le blanc reçoit le noir
Et l’un et l’autre enchevêtrés
Soutiennent le monde des formes
Certes, pas celui des couleurs
Qui folâtrent autour des régnants
Qui trônent au-dessus des flots
D’une multitude bigarrée et indécente
Comme il tranche ce trait
Et un trait, suivi de plusieurs autres
Devient un monde en soi
Qui divague dans l’obscurité
Blanche, infinie et froide
Ainsi se fabrique l’univers
Du rien apparaît le tout
Ou juste un petit peu de matière
Comme une pomme sur un arbre
En hiver, aux premières gelées
La tache noire sur fond blanc
A-t-elle une signification ?
N’est-ce pas un présent
Du passé et de l’avenir mêlés
Il faut trancher, noir ou blanc !

  

30/08/2012

L’Ensemble Sete Lagrimas au Festival baroque de Sablé sur Sarthe

Triste Vida Vivyre :

http://www.youtube.com/watch?v=cstGLeW3_3k&NR=1&feature=endscreen

 

Senhora del Mundo :

http://www.youtube.com/watch?v=AHggF61ft3c&feature=related

 

Quel magnifique concert, malgré un manque d’acoustique dans cette église du XIXème siècle ! Un ensemble exceptionnel portugais interprète la musique des XVIIème et XVIIIème siècles conçue au Portugal, mais créolisée dans les colonies : Amérique latine, Goa, Afrique du Sud. La musique de la métropole est reprise, améliorée aux modes du pays :

Dans le champ de la musique, par exemple, c’est ainsi que nous rencontrons dès les XVI et XVIIèmes siècles, des rythmes amérindiens et afro-brésiliens dans les vilancicos des églises de la Péninsule. De même, au XVIII et XIXèmes siècles, les salons et les théâtres lisboètes soont envahis par les lunduns et Modinhas brésiliennes, auxquelles bientôt se joindra le fado, tout cela au grand étonnement des voyageurs étrangers, qui considéraient cette hybridation culturelle comme un simple phénomène de décadence. (…) Il n’est pas étonnant, dès lors, qu l’espace de la lusophonie, bien au-delà de l’expérience coloniales portugaises, a continué de révélé un territoire si fertile en expressions interculturelles. (Rui Vieira Nery)

 

Triste Vida Vivyre : Le rythme lent, puissant qui fait place ensuite à la pureté de la voix du chanteur, puis à nouveau une petite ritournelle, voici qui émeut même le chat présent, assis sur les genoux de sa maîtresse. Instant de calme, de jeunesse, d’émerveillement devant la magnificence de l’univers. Quelle triste vie, et pourtant, « si je dois m’en aller, mon amour restera ». Le chant n’est pas triste. Paisible, détendant, il évoque cet amour qui existe en chaque homme et chaque femme et qui fait le sel de la terre. Il n’est pas choquant que les deux voix soient des voix d’homme. La seconde voix est plus un écho qu’un dialogue ou un échange amoureux. Elle donne du relief au chant, l’amplifie, l’aide à sortir de sa peine solitaire pour lui faire atteindre l’universalité des sentiments. Oui, c’est une belle chanson très simple et tellement universelle qu’elle en atteint une beauté compréhensible par tous.

 

Senhora del Mundo : Là aussi le rythme prime. Quelle prière ou plutôt quel conte : Princesse de vie, la Dame du monde donne naissance à son fils. Chant des troubadours qui enjolivaient tout événement et bien sûr ce qui était universel, la naissance du christianisme, mais sous des accents et des sons inusités au monde européen de l’époque. De même la seconde voix est écho de la première, donnant de la profondeur au chant comme un retour de la terre au don divin. Et tout se finit dans un délire de flutes et de percussions, comme pour mettre en évidence le moment solennel de cette naissance.

 

Merci à l’ensemble Sete Lagrimas qui fait revivre ces petits chefs-d’œuvre perdus. Ils méritent bien les heures de déchiffrement et de répétitions qu’ils exigent des chanteurs. Enfin, merci au festival de Sablé sur Sarthe qui fait preuve de discernement dans le choix des ensembles. Bravo !

29/08/2012

Qu'est-ce que la poésie ?

Qu’est-ce que la poésie ?

Si on ouvre le dictionnaire, on lit que la poésie est un genre littéraire associé à la versification et soumis à des règles prosodiques particulières, variables selon les cultures et les époques, mais tendant toujours à mettre en valeur le rythme, l’harmonie et les images (Centre national des ressources textuelles et lexicales : http://www.cnrtl.fr/definition/po%C3%A9sie).

Belle définition, mais qui ne nous fait pas rêver. Or la poésie, c’est une chimère mise en bouteille. Peu importe le genre d’écriture, ce qui compte c’est l’évocation surgie de l’imagination d’un fait, d’une sensation, d’une attitude, d’un sentiment ou toute autre chose. En un mot, une phrase, l’événement évoqué revient à l'esprit alors que la mémoire factuelle l’avait complètement oubliée.

Mais considérons que la poésie est comprise différemment par le poète et ses lecteurs. Dans le premier cas, c’est en lui qu’a surgi la formule mystérieuse qui rappelle l’événement, ce poème, cette petite phrase, ce petit mot, qui sous la seule force d’une image, une comparaison ou toute autre litote poétique évoque un instant particulier empli d’un charme distinctif. Il est évident que sa relecture lui permet aussitôt d’enchaîner sur le souvenir. Dans le second cas, celui du lecteur, celui-ci n’a rien à quoi se raccrocher pour évoquer l’événement que l’auteur cherche à lui faire partager. Seule la pudeur de l’expression lui permet d’évoquer l’événement. C’est là que se trouve l’alchimie véritable de la poésie, la transmission de l’intimité de l’auteur, la vision nue de son âme, comme si le lecteur chaussait des lunettes de vérité et que la brume de la relation sociale s’estompait pour faire place à une communion jusque-là impossible. Certes cette communion varie selon de nombreux critères : la culture commune, le thème abordé, l’humeur du moment, l’affinité entre deux êtres, l’auteur et le lecteur.

Tout ceci pour vous dire que toutes les définitions de la poésie qui n’évoquent que les aspects purement techniques de la poésie ne sont que des façades qui affichent une indifférence du genre littéraire pour se lancer dans l’intellectualisme cher aux Français. Oui, reconnaissons-le ces définitions sont vraies, mais disent-elles la vérité ? Quelle question idiote, me direz-vous. Eh bien, peut-être pas. Il y a l’apparence et la consistance, la forme et le fond, la construction conceptuelle et l’âme évocatrice. Or, avec la poésie, nous sommes à la recherche non pas du temps perdu, mais d’un événement sensible qui nous a donné une nouvelle vision de nous-même, de la vie, du monde. Cet événement est perdu pour le souvenir factuel et il resurgit à travers l’évocation d’une image qui ne nous permet certes pas de revivre l’événement, mais de revivre l’impression ressentie ce jour-là et de faire vivre l'événement à ceux qui ne l’ont pas vécu.

C’est la magie de la poésie, sa folie et le bonheur qu’elle engendre. Elle conduit à l'intimité totale : je suis celui qu’était l’auteur au vécu de l’événement. D’une vie, je vis plusieurs vies et celles-ci me comblent du bonheur de l’intimité réelle. Mieux même, je n’ai nullement la sensation de ce dédoublement, l’auteur n’existe pas indépendamment de moi, je vis ce qu’il a vécu et c’est bien moi qui le vit. L’auteur a disparu.

Alors remercions-le de cette évaporation voulue qui nous laisse pantelant et émerveillé.

 

28/08/2012

Pluie sur un moment de campagne

Il faisait chaud ce début d'après-midi. Je m'arrête au bord de la route pour contempler un village dans le lointain qui laisse passer les nuages, indifférent à l'évolution du monde. A côté, un élevage de poules qui ne cessent de faire entendre leurs voix. Et l'éternité se dévoile, le temps s'arrête...

Elles caquettent, elles caquettent…
Remets-toi de cet engourdissement

Dans l’audition de l’après-midi d’été
Le souffle emporte le vague à l’âme

Couche sur couche le nuage passe
Preuve que le temps coule toujours

Urticants, les orties bardées de fleurs
Qui secouent leur peine au creux du chemin

L’immobilité, comme un sort attaché
A ce vide plein de vert comme un océan

Parfois… Non, deux fois
Passe un avion, peur de l’air

S’en va la ferveur nouvelle
Pour chaque goutte tombée

27/08/2012

Rectitude

On dirait une séquence d’ADN. On peut aussi y lire une qualité morale : la rectitude. Et pourtant, elle fait preuve de turpitude. Certains maillons se brisent et divaguent. Mieux, certaines zones donnent à penser qu’il y a des erreurs. Ce sont pourtant ces erreurs qui font du personnage son charme.

Hormis ces divagations, ce tableau est en cours de réalisation. J’aime la rectitude du geste pour tracer la ligne droite, l’épanchement du noir sur le blanc, ces interruptions souhaitées, voulues, qui donnent à l’esprit sa singularité.

Oui, se laisser enchanter par quelques traits, n’est-ce pas singulier !

 

 

12-08-25 Parallèles relief.jpg

 

26/08/2012

L'amour

 

L’amour est une bulle d’air chatoyante et enivrante dans laquelle on entre sans prendre garde. Dès l’instant où l’on s’y trouve, le monde disparaît. A deux dans cette bulle, nous ne connaissons plus que nous, ou plutôt que lui, l’amour.

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Enfermé dans cette sphère invisible, nous en caressons la surface et elle procure des reflets enchantés, des sensations extraordinaires que nous ressentons au plus profond de nous-mêmes, sans réflexion ni analyse. Une caresse et nous sommes partis loin de tout souci, sans aucun souvenir de ce que nous faisions auparavant.

Nous sommes deux, bien sûr. Mais dans le même temps, ces deux ne font plus qu’un. Ils sont cette bulle qui monte dans le ciel, doucement, par l’union des cœurs, des pensées et des corps pour n’être plus que des amoureux transis pour qui n’éclate jamais cette lumière parfumée qui se repose ensuite doucement sur terre, adoucie, mais bien vivante.

 

25/08/2012

Pour la poésie

Je reprends à mon tour cet article qui me semble intéressant au delà de la polémique actuelle. Il est diffusé dans le blog de Trsitan Horde, intitulé Littérature de partout, excellent blog pour qui aime la poésie et la littérature.

 

Je reprends ci-dessous le texte paru dans la page « Rebonds » de Libération du 17 août 2012. À diffuser !
À l’heure où certains imaginent fondre la poésie dans un vaste ensemble réunissant le roman et le théâtre (1), il est peut-être bon de rappeler la place que peut occuper la poésie au sein de la littérature. Et ce dont, pour nous, «poésie» est le mot.
 
En ces temps de crise inédite, alors que les désastres ne sont plus seulement derrière nous ou à côté de nous, mais bien devant nous, est-il encore temps de s’arrêter au vieux mot «poésie» ? Les modernités littéraires successives ont, chacune à leur manière, déclaré la caducité de ce terme, son invalidité, en même temps qu’elles en refondaient les puissances. La mort répétée de la poésie, l’adieu qu’elle ne cesse de se faire à elle-même, inscrivent sa dynamique dans une interrogation et une incertitude qui, paradoxalement, lui redonnent légitimité aujourd’hui.
D’autres l’ont dit avant nous, dans la saturation des discours et des mots usés qui opacifient le réel de leurs fausses évidences, l’écriture poétique ouvre parfois une brèche. Par une sorte d’arrêt dans le flux continu de la prose du monde, elle peut faire disjonction. «Autres directions» est le panneau qu’elle invite à suivre au sortir du chemin à sens unique que semble indiquer le langage usuel.

Une politique de la poésie est peut-être à imaginer sous le rapport de son «idiorythmie», par quoi elle oppose à la normalisation des manières d’être et de penser un hiatus inacceptable. Cependant, il ne s’agit pas d’idolâtrer nos singularités, mais bien plutôt, affrontant la faillite de nos certitudes et de nos représentations, de nous engager dans ce que nous ignorons de nous-mêmes et du monde.

Entendons-nous bien : nous ne voulons pas opposer la poésie au roman, à tout le reste, ni l’enfermer dans quelque cercle des poètes en voie de disparition, mais bien plutôt interroger la littérature à partir de cette «littérature de la littérature», en quoi consiste le poème, cet «effort au style», «taux de densité cruelle», qui de la poésie fait une expérience à l’extrême pointe du langage et de la pensée. En cet échec possible du langage et de la pensée, en cet espoir aussi bien.

La poésie est le plus souvent une tentative de construction, même précaire, de formes incertaines. Elle peut prendre le risque d’autres agencements dans la langue, d’autres configurations de pensée, d’émotions. Qu’elle soit du côté du chant ou du côté de la «littéralité de la littérature», selon Derrida, elle ose quelque chose et, pour cela, doit avoir du courage : «Le courage, le cœur, le courage de se rendre, au travers du refoulement, à ce qui se passe ici dans la langue et par la langue, aux mots, aux noms, aux verbes et finalement à l’élément de la lettre […].»

Il s’agit pour nous de prendre ce qui a nom «poésie» assez au sérieux pour y chercher - pourquoi pas ? - d’autres manières de vivre et de penser. Construire une cabane à l’instant du désastre ? Non. En ces temps inconnus où nous entrons, pouvons-nous continuer de toujours écrire et lire ce que nous connaissons déjà, toujours la même histoire ?

Prétention excessive ? C’est juste l’attention à un mot que nous proposons, loin des infantilisations bienveillantes mais néfastes auxquelles la réduisent trop souvent des actions de «promotion». Le courage dont nous parlons n’appelle nulle condescendance. De sorte qu’au-delà de l’estompement d’un mot du fronton du Centre national du livre (CNL), c’est le sens même de l’action culturelle dans le champ de la «littérature de recherche» qu’on pourrait aujourd’hui interroger.

Des éditeurs, des libraires et des bibliothécaires, des journalistes, des critiques et des lecteurs de tous âges, des écrivains et des artistes, de multiples acteurs de la vie littéraire continuent de prêter attention aux écritures poétiques. Que le Centre national du livre fasse place dans sa réforme à ce qui les anime est la moindre des choses.
Notre souhait est que les Assises du livre et de l’écrit, dont la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, vient de confirmer la mise en œuvre, prennent en compte les résonances du mot «poésie» et, par lui, ce qui fait notre dignité d’êtres de langage, à travers les saisons.
Cette concertation donne espoir aux écrivains, qui se sont mobilisés pour dénoncer la manière dont le processus était imposé et les risques qu’il faisait courir au champ poétique. Qu’il ait pu être question d’estomper le mot «poésie» pour, aux dires de l’actuel président du CNL, obéir aux préconisations de la Cour des comptes, n’est pas insignifiant.

(1) Prévue dans le projet de réforme du Centre national du livre (CNL) datant du 12 mars, la suppression de la commission Poésie du CNL a été suspendue en juillet par la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, qui doit lancer prochainement une concertation sur le sujet.

24/08/2012

Somnolence

Qu’ils sont bons ces instants
Où vous ne savez plus qui vous êtes
Ni même ce que vous faites
Et encore moins ce que vous ressentez

Oui, vous êtes un trou dans le gruyère
Une chute libre de l’altimètre
Et parfois vous hoquetez, sursaut
De dignité dans le brouillard illuminé

Assis, le coude en équilibre
Les doigts de pied épanouis
Le sourire de convenance
Vous faites illusion, mais l’œil vague

Non, ce n’est pas la somnescence
Ni même la somnolescence
Un engourdissement au plus de vos facultés
Comme la croûte qui cache la mie

Que cherchez-vous à entendre ?
Seul votre cœur vous dicte
Une réalité prégnante
Le plongeon dans l’eau trouble

Alors vous surnagez, en apnée
Vous vous éloignez du néant
Pour mieux vous y laisser glisser
Cuillère de confiture entre deux tartines

Et comme elles tombent toujours
Du côté où se trouve l’excellence
Vous vous réveillez, impromptu
Renforcé dans votre sauvage désir

Il est toujours désiré cet instant
Contre lequel vous luttez
Il arrive à l’improviste
Et vous voici enrôlé malgré vous

Plus rien désormais ne vous importune
Ni l’enfant qui crie dans le jardin
Ni le facteur qui sonne au sommeil
Ni même le geai piailleur sur l’arbre mort

Vous vous laissez aller, sans espoir
Avec bonheur, volupté discrète
Entre les bras de l’assoupissement
Monstre déconnecté de l’entourage

Vous ne sentez plus rien
Ni même que vous n’êtes nulle part
Vous errez en fantôme
Dans le nuage de votre inconsistance

Quel bonheur que ce moment
Où tout vous retient encore
A deux pas de vous-même
Mais déjà ailleurs, au loin

Et comme un nuage de fumée
La brise vous emporte, léger
Vers d’autres rivages festonnés
De blanc sur le sable dorée

Même les bruits n’ont plus de prise
La vague vous surprend
En pleine remontée, hagard
Comme déhanché, mais debout

Quoi ? Ah… Oui, la lune est partie
Dans un éclair psychiatrique
Attend son retour, encore
La tête en boule, hirsute

C’est la fin de la mise en scène
Les clowns se déchaînent
Vous retrouvez vos esprits
 Quel trou d’air, mon Dieu !

 

23/08/2012

L'origan

L’origan ou marjolaine sauvage est un condiment très utilisé dans les pizzas, à défaut de véritable marjolaine cultivée. Et l’on en voit nature,écologie (la vraie),soin,cuisinepartout. Rien ne vous coûte de le ramasser au bord des chemins un peu partout en France. Il forme de gros bouquets verts aux fleurs rouges-rosés, avec un duvet presque blanc. On a envie de les caresser parce que leur contact a la douceur de la peau des enfants. Et pourtant, dès que les fleurs commencent à vieillir et sécher, elles deviennent râpeuses. On ne se lasse pas d’en cueillir pour en saupoudrer les biftecks et d’autres viandes ou même plats de légumes. Certes, l’origan n’a pas l’odeur forte de la marjolaine, mais une senteur diffuse, comme un arrière-goût de la madeleine de Proust, qui ne laisse pas indifférent. L’origan vient des montagnes et en constitue un ornement  comme le dit son nom de oros, montagne, et de ganos, éclat. Les feuilles fraîches ou sèches servent dans les potages, les sauces, les plats mijotés, les farces, les grillades, les crudités etc... Elles aromatisent les charcuteries ou les vinaigres.

La marjolaine calme les chagrins, même ceux d’amour. Quelle plante passionnée. En est-il de même de l’origan ? Ce n’est pas colporté. Il calme le système nerveux et a une action antalgique. Si vous avez un torticolis, faites-vous un coussin de fleurs et feuilles d’origan chauffées à la poêle et mettez-le autour du cou. Vous irez mieux et très vite.

Alors lorsque vous vous promenez dans la campagne, cherchez de l’origan, cueillez leurs grandes pousses, laissez-les se déshydraternature,écologie (la vraie),soin,cuisine dans un endroit sec et recueillez dans un bocal fleurs et feuilles séchées dont vous vous servirez pour agrémenter vos plats d’un goût subtil, ténu, qui vous rappellera les chaudes nuits d’été et les matins heureux, heure la plus favorable à sa cueillaison.

L’art des simples est un art subtil, fait de savoir-faire et de soins, mais combien il est gratifiant de partir en cueillette, le panier à la main, et ramasser les herbes le long des chemins (jamais le long des routes), de s’arrêter pour regarder dans le livre des plantes de quelle espèce il s’agit, voire d’en goûter une fleur ou une feuille. On peut aussi en mettre quelques-unes dans la salade pour en relever le goût. C’est cela la vraie écologie et non les leçons de prétentions soit disant scientifiques qui viennent de gens qui n’ont jamais vécu à la campagne.

22/08/2012

Saint Céneri le Gérei

 

Promenade au gré de l’inspiration, ou plutôt au fil du vent, sans interférence de la volonté, dans une campagne déchaînée, dépourvue de bruits et de structures industrielles ou commerciales. Le paradis…

Rue de St Céneri.jpgSitué dans les Alpes mancelles, le village n’a que 140 habitants, tous non visibles, mais bien présents. Chaque maison met son point d’honneur à s’orner de fleurs et feuillages, comme une mariée le jour de ses noces. Mais ici les épousailles durent, durent, durent, comme une éternité retrouvée. Suspendu entre ciel et terre, vous admirez la tendre netteté des rues parsemées de platebandes sauvages. C’est comme un décor de reflets du passé, qui vous prend à la gorge et vous emmène au loin, dans une rêverie solitaire, bien que vous ne soyez pas seul.

Eglise Saint Céneri2.jpgSaint Céneri est toujours là et si l’on ne voit plus sa cabane, il reste l’église et ses peintures murales.

La vierge au manteau.jpgLa vierge au manteau a été réalisée pendant la guerre de Cent Ans, au moment où les combats faisaient rage et la protection de la vierge devenait nécessaire et urgente.

 

La chapelle se trouve plus bas dans le méandre de la Sarthe, au milieu d’une prairie, trônant comme uneChapelle de Saint Céneri.jpg orpheline sur une couverture verte. Mais vous êtes déjà à l’extérieur du village, petit ramassé sur son promontoire, accessible après avoir passé le pont à trois piles, étroit, d’où vous contemplez, d’en bas, l’église dominant l’ensemble des toits (étrange comme la plupart des photos sont prises d’en haut, vers le pont et non l’inverse).

 

Salle des Décapités.jpgLe village après une longue sieste de plusieurs centaines d’années, a été redécouvert au XIXème siècle par peintres, poètes et artistes de tout bord. Ils s’y sont tellement plu qu’ils ont laissé leurs portraits aux murs des bistrots, telle la salle des décapités (parce qu’ils n’ont peint que leur tête). Saluons ces martyrs de l’art du romantisme et du modernisme de l’époque et poursuivons notre promenade.

 

Simplement, asseyez-nous un instant sur un petit ban de pierre sur le chemin, ou la rue, pardon, qui monte vers l’église. Oui, c’est bien : le calme, le silence, l’arrêt des sensations de migration pour ne plus que reposer, immobile, dans un berceau de feuillages et de fleurs bien proprettes grimpant le long de murs séculaires.

Rue 2 de Saint Ceneri.jpg

Alors vous n'appartenez plus au temps. Celui-ci se contracte, vient vous bercer des siècles passés et à venir dans une ronde perpétuelle, absente de perception des secondes écoulées. Quelle rêverie…

 

21/08/2012

Le livre de l’oubli et du rire, de Milan Kundera

Extraits de la 6èmepartie, Les anges, chapitre 8 :

Tout ce livre est un roman en forme de variations. Les différenteslittérature,roman,écriture parties se suivent comme les différentes étapes d’un voyage qui conduit à l’intérieur d’un thème, à l’intérieur d’une pensée, à l’intérieur d’une seule et unique situation dont la compréhension se perd pour moi dans l’immensité.

C’est un roman sur Tamina et (…) c’est un roman pour Tamina. Elle est le principal personnage et le principal auditeur et toutes les autres histoires sont une variation sur sa propre histoire et des rejoignent dans sa vie comme dans un miroir.

C’est un roman sur le rire et sur l’oubli, sur l’oubli et sur Prague, sur Prague et sur les anges…

 

J’avoue cependant que pendant de nombreuses pages je me suis demandé ce qu’on pouvait trouver de bien dans ce roman. Des personnages incompréhensibles, au milieu d’événements historiques liés au communisme, le tout entre Papa et Maman qui sont également des personnages du roman.

Kundera nous donne quelques éclaircissements dans son autre livre "l’art du roman". Si j’avais écrit sept romans indépendants, je n’aurai pu espérer saisir la complexité de l’existence dans le monde moderne. L’art de l’ellipse me paraît donc une nécessité. Elle exige : d’aller toujours directement au cœur des choses.

Il définit "Le livre du rire et de l’oubli" comme un roman en forme de variations. Pour lui, ce qui lui enlève l’apparence d’un roman, c’est l’absence d’unité d’action. (…) La cohérence de l’ensemble est créée uniquement par l’unité de quelques thèmes et motifs qui sont variés. Est-ce un roman ? Oui, selon moi. Le roman est une méditation sur l’existence vue au travers de personnages imaginaires.

Ainsi Kundera traite le roman comme une composition musicale. Il crée l’histoire romanesque, mais la traite par thèmes, sous forme de digression, c’est-à-dire en abandonnant pour un moment l’histoire romanesque. Chaque thème est une interrogation sur l’existence. Cette interrogation est fondée sur quelques mots fondamentaux, semblables à la série de notes chez Schönberg. Dans "Le livre du rire et de l’oubli", ce sont l’oubli, le rire, les anges, la litost (état tourmentant né du spectacle de notre propre misère soudainement découverte), la frontière, tous mots définis par approfondissement progressif, analyse et synthèse.

 

Cependant, ne nous y trompons pas. Ce n’est pas parce que l’auteur nous explique son livre et nous en montre la complexité, que ce livre, s’éclaircissant, nous paraît tout à coup un excellent livre. Je le répète, le problème, pour le lecteur, est de s’y retrouver ou, au contraire, de se laisser aller. Je n’ai pu faire l’un ou l’autre, alors j’ai pataugé, même si je suis allé au bout.

Kundera nous a, sans aucun doute, mis en évidence la complexité de l’existence dans le monde moderne avec un livre autant apprêté.

 

20/08/2012

Les enfants

Ils ne savent pas parler doucement
Ils se mettent devant les portes
Sans s’écarter lorsque vous voulez passer
Ils ne rangent jamais leurs jeux
Ils pleurent sans réelle cause
Et rient toujours avec raison
Ils veulent que tous les écoutent
Sans savoir précisément pourquoi
Ils adorent s’ébrouer dans l’eau
Et quelle fierté lorsqu’ils trempent
Le bout du nez dans le liquide froid

Oui ce sont les enfants du monde
Quel bonheur de les tenir contre soi
Serrés comme de petits animaux
Chaudes et tendres boules d’idées
Et quand l’un d’eux, délicatement
Vous dit quelque chose à l’oreille
C’est toujours inaudible
Mais si précieux
Que ce baiser de mots
Que vous ne pouvez emporter
Qui s’échappe en vol d’innocence
Et vous rattrape le soir
A la tombée de la nuit
Quand vous montez leur dire
La tendresse que vous leur portez
Et qu’ils vous la rendent
D’une joue maladroite et chaude
Les yeux clos de terreur enfantine
Et de bonheur mêlés de sommeil

Quelle est bonne cette enfance
Qui nous fait rêver d’une autre vie
A recommencer, autrement
Dans la chaleur d’un cou d’enfant

19/08/2012

In furore justissimae irae, d’Antonio Vivaldi

Interprété par Debora York :

http://www.youtube.com/watch?v=vrGqE_uCAg4

 Interprété par Maria Grazia Schiavo :

http://www.youtube.com/watch?v=QBXluA53LQ0

 

Vivaldi, vivace, aérien, le cœur soulevé, sans poids.

Vous vous promenez dans le ciel parmi les anges et la fureur. Quel contraste, mais si beau.

Une introduction scandée par les violons, enlevée, avant que ne s’élève le chant, l’exclamation, l’explosion d’un feu d’artifice. Crainte et tremblements devant Dieu tout puissant, mais si désiré, d’un amour fougueux, comme une rage de vivre éternellement.

Et suit une conversation en tête à tête avec le divin, charmeuse, amoureuse, avant que ne reprenne l’acidité de la confrontation. Quelle audace ce chant, mais quelle espérance, l’homme qui est fait Dieu par grâce.