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21/02/2013

Stabat Mater, de Pergolèse

http://www.youtube.com/watch?v=9mrVZHPikqM

 

 

Le Stabat Mater évoque la souffrance humaine de Marie devant son fils crucifié et la souffrance du chrétien devant l’approche de sa mort. Il constitue une séquence, pièce liturgique chantée le 15 septembre, jour de Notre-Dame des Douleurs. C’est un chant de méditation par excellence. Composé au XIIIème siècle par le franciscain italien Jacopone da Todi, il dit la douleur de Marie :

Debout, la Mère, pleine de douleur,
Se tenait en larmes, près de la croix ,
Tandis que son Fils subissait son calvaire.
Alors, son âme gémissante,
Toute triste et toute dolente,
Un glaive transperça.
Qu'elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu !
Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.

Il évoque le croyant qui ne peut que partager cette peine, conscient que c’est en partie par ses fautes que Marie souffre :

Quel homme sans verser de pleurs
Verrait la Mère du Seigneur
Endurer si grand supplice ?
Qui pourrait dans l'indifférence
Contempler en cette souffrance
La Mère auprès de son Fils ?
Pour toutes les fautes humaines,
Elle vit Jésus dans la peine
Et sous les fouets meurtri.
Elle vit l'Enfant bien-aimé
Mourant seul, abandonné,
Et soudain rendre l'esprit.

La prière demande à Marie le partage de cette souffrance. C’est une longue plainte à la fois sur le sang du Christ et l’affliction de sa mère devenue mère de tous les hommes :

Ô Mère, source de tendresse,
Fais-moi sentir grande tristesse
Pour que je pleure avec toi.
Fais que mon âme soit de feu
Dans l'amour du Seigneur mon Dieu :
Que je Lui plaise avec toi.
Mère sainte, daigne imprimer
Les plaies de Jésus crucifié
En mon cœur très fortement.
Pour moi, ton Fils voulut mourir,
Aussi donne-moi de souffrir
Une part de Ses tourments.
Donne-moi de pleurer en toute vérité,
Comme toi près du Crucifié,
Tant que je vivrai !
Je désire auprès de la croix
Me tenir, debout avec toi,
Dans ta plainte et ta souffrance.
Vierge des vierges, toute pure,
Ne sois pas envers moi trop dure,
Fais que je pleure avec toi.
Du Christ fais-moi porter la mort,
Revivre le douloureux sort
Et les plaies, au fond de moi.
Fais que Ses propres plaies me blessent,
Que la croix me donne l'ivresse
Du Sang versé par ton Fils.

Enfin, la méditation porte sur la propre mort du croyant et demande à Marie son soutien et la gloire du Paradis :

Je crains les flammes éternelles;
Ô Vierge, assure ma tutelle
À l'heure de la justice.
Ô Christ, à l'heure de partir,
Puisse ta Mère me conduire
À la palme des vainqueurs.
À l'heure où mon corps va mourir,
À mon âme, fais obtenir
La gloire du paradis.

Le Stabat Mater a été l’objet de nombreuses inspirations tant de la part de musiciens (Vivaldi, Palestrina, Scarlatti, entre autres, et, plus récemment, Poulenc, Arvo Pärt) que de peintres (par exemple : Rogier van der Weyden, Hubert van Eyck, Matthias Grünewald, jusqu’à Picasso).

Stabat mater 5.JPG

Pablo Picasso - La crucifixion 6.jpg

 En 29:48 – Magnifique duo pour la conclusion :

Quando corpus morietur,
fac ut animæ donetur
Paradisi gloria.

C’est-à-dire :

À l'heure où mon corps va mourir,
À mon âme, fais obtenir
La gloire du paradis.

Et la séquence finit bien en envolée dans la gloire du Paradis pour les siècle des siècles.

20/02/2013

J'ai retrouvé mon âme

J’ai retrouvé mon âme d’adolescent
La vie s’ouvre à moi grandement
Comme un livre inépuisable
Dans lequel les mots sont des actes
Délivré de la lutte quotidienne
Je coule des jours sans fin
Dans les délices de la créativité
Quel envol ! Mille hirondelles
Qui virevoltent dans un ciel pur
Pas d’heures, pas de soucis
Une promenade dans la nuit
Seul face à la vacuité ineffable
Et laisser son cœur et son esprit
Divaguer dans l’immensité
A la recherche du diamant brut
Qui se cache en soi, voilé
Par la lourdeur du savoir
L’expérience n’est rien sans fraicheur
Alors en se versant un seau d’eau
Sur le corps dénudé
Laisser tourbillonner le moteur
De la renaissance en vous
Sans faux combustible
Sans fausse richesse éperdue
La transparence vous prend
Et vous envoie dans l’univers
Pour vous enchanter les yeux
D’un parfum d’inconnu

19/02/2013

Les êtres aimés n’ont pas d’âge

Dans le livre d’Alexandre Jardin, « Bille en tête », on trouve cette très belle phrase que dit Virgile à Clara : « Tu peux devenir vieille, folle ou malade, tu seras toujours Clara. Je verrais toujours ta vraie figure, tes cheveux superbes, ta peau blanche, tes hanches pour les enfants et tes seins pour l’amour. »  Miracle de l’amour.

On voit vieillir ses parents ou ses amis. On ne voit pas vieillir celui ou celle qu’on aime (sauf si bien sûr on ne l’aime plus). Il ou elle est toujours mon ou ma fiancé(e), auréolé(e) du visage aimé(e), du corps que l’on tient délicatement dans ses bras.

Le soir, lorsqu’on se retrouve seuls, on s’approche de la tendresse et de la chaleur de l’autre, qu’elle se manifeste par la douceur pour elle ou la force pour lui, et on monte au paradis, dans une bulle de sensations maintes fois éprouvées, mais toujours nouvelles. Alors les jours n’existent plus, l’éternité est commencée sur terre. Nous sommes enfermés dans notre bulle et le monde habituel nous paraît lointain. Ses bruits sont estompés comme si l’on plongeait la tête sous l’eau, légèrement. Il ou elle est présent(e). Nous sommes seuls sur terre et cette seule présence nous suffit pour vivre dans l’éternité.

Oui, nous sommes dans notre bulle, prison rêvée, entretenue, encouragée, dans laquelle toi et moi ne font que nous comme un seul soi. Cet être à deux, devenu un et unique, flotte au-dessus des contingences. Je ou tu regarde(s) le visage aimé(e) et l’histoire s’arrête, l’osmose s’effectue. Tu es ma ou mon fiancé(e) pour toujours. Et cet engagement dure, dure, comme une promesse d’immortalité, au-delà du temps qui coule.

Nous le savons, la durée nous rejoindra, mais nous aurons vécu notre rêve jusqu’au bout, jusqu’à cet instant où l’un de nous partira en disant : « Je t’attends de l’autre côté ». Et même s’il ne pouvait le dire, nous le savons, il ou elle y sera.

 

18/02/2013

Le grand exterminateur, roman de Virgil Gheorghiu

Bucarest signifie « ville de la joie ». C’est un nom prétentieux. Une ville où la joie est permanente n’existe pas sur terre. Ainsi commence ce roman dans un monde fou, celui de la dictature roumaine. Son objet est une chasse à l’homme. Celui-ci, Trajan Roman, est sauvé par une enfant de douze ans, Dragomirna,roman, livre, société fille du directeur de la police. Trajan n’arrive pas à situer et à comprendre la fillette qui est devant lui. Quelquefois, Dragomirna parle et agit comme une toute petite fille. Comme les enfants. Une minute après, elle s’exprime comme les adultes. Dans la personne de Dragomirna tous les âges sont mélangés. Elle est semblable au grenadier. Lui, n’est qu’un paysan, fils d’un curé de campagne, mort d’épuisement provoqué par l’archevêque Isidor, à la solde du pouvoir. Il eut la chance de rencontrer le professeur Cicérone Trifan qui dirigeait la commission pour la préparation du saint et grand concile, et surtout sa fille qu’il finit par épouser. Mais des documents ont été subtilisés et sont recherchés par la police.

Le cœur du subtil complot est expliqué au chapitre VI. Staline découvre que l’énergie dépensée par l’eau bénite n’est pas moindre que l’énergie atomique. (…) Les soviets, sans l’arme atomique, ne pourront jamais réaliser le communisme. Staline n’oublia pas, non plus, qu’il y a quelque chose qui est aussi minuscule que l’atome et que la société communiste ignorait jusqu’à cette date. C’est l’individu. Dans un Etat communiste, l’individu est nul. Il n’a aucune valeur. La personne humaine équivaut à zéro. (…) Staline découvrit de la sorte que l’individu est aussi important que l’atome. Ces deux découvertes durent presque simultanées. L’individu, l’être humain est une plante qui a ses racines dans le ciel. (…) En matière sociale, on a découvert l’énergie de l’insignifiant, du tout petit, et l’individu. Il possède une énergie égale à celle de l’atome : voilà la base de la nouvelle sociologie.

Alors Staline tente d’utiliser cette énergie spirituelle que l’église détient par l’intermédiaire d’un Concile. Pour gagner le ciel, il faut d’abord détruire la société capitaliste et instaurer la fraternité communiste sur la terre. L’Eglise est comme un bateau. Au lieu de diriger le navire de l’Eglise vers le ciel, on le dirigera vers le paradis communiste. C’est quelque chose de plus certain et de plus concret que l’éternité.

La découverte des documents volés compromet la géniale idée de l’organisation d’un Concile destiné à affirmer cette nouvelle orientation de l’Eglise. Alors toutes les ressources de l’Etat sont mises en branle pour retrouver ces documents.

La candeur de Trajan sera la source de son malheur. Il se lie d’amitié avec Taky Tsèp, un espion envoyé par le président de Roumanie pour lui faire dire le nom de celui qui a livré le document signé de sa main. Ce que Trajan se refuse à dire, jusqu’au jour où il apprend la mort de Dragomirna.

Une véritable machination est ensuite montée pour mettre à mort Trajan. Un exterminateur, Baxan, est nommé. Il finit par gagner. Trajan « se suicide » au jour et à l’heure prévus. L’Etat gagne contre l’individu. L’énergie collective a été plus forte que l’énergie spirituelle. Le paradis communiste peut continuer à exister.

Et pourtant il est tombé tout seul, se prenant les pieds dans le tapis !

17/02/2013

Danse argentine No.3, de Alberto Ginastera

http://www.youtube.com/watch?v=LunXZJtfgJQ&feature=related

 

 

Compositeur peu connu en Europe, Alberto Ginastera était argentin. Il a enseigné la composition au Conservatoire de Buenos Aires, puis quitta l’Argentine au moment de la dictature. Il a écrit des opéras, des symphonies, des concertos, ainsi que de la musique de chambre, et des pièces de piano ou de chant. Il créa de nombreuses musiques de film. Aux débuts des années soixante, il produit son chef-d’œuvre inspiré des musiques indigènes, Cantata para América Mágica op. 27, pour soprano et orchestre de percussions (1960), ainsi que le Concerto pour piano et orchestre op. 28 (1962).

Pianiste surdoué, il compose ses danses argentines à la fin de sa vie, mais elles restent inachevées. Intitulée « Danza del gaucho matrero », cette troisième danse demande une grande dextérité. Elle est échevelée et ressemble à une course haletante, au galop dans la pampa, sautant les obstacles, descendant des terrains abruptes, avant de repartir, toujours au galop, dans la plaine désertique.

On s’interroge sur l’objectif du compositeur : un morceau purement argentin, dédié aux gauchos et à l’immensité du pays, ou une pièce destinée à montrer la maîtrise de l’interprète. Ce n’est probablement ni l’un, ni l’autre : un morceau composé pour ravir notre ouïe, sans recherche, comme un courant d’air passant derrière le cou, entre les deux oreilles, comme un train qui passe et que l’on continue à entendre dans le lointain.

16/02/2013

La peinture

La peinture. Elle me colle au cerveau
Blanche ou noire, elle se déploie
Et envahit mon champ de vision interne
Il n’y a plus qu’elle, immense
Etalée en couches serrées, striées
Mes mains s’agitent, ouvertes
Sur un monde de couleurs vives
Entre la forme et le trait
Fine pointe de rasoir sur le regard
Etincelle de brillance aiguë
Pierre précieuse qui résonne
Dans l’univers impitoyable
Des sensations rondes et chaudes
Certes, je fatigue, je me bas
Contre l’erreur, le poil de pinceau
Qui se tord et chavire
Contre l’angle qui se courbe
Contre le trait qui fuit
Contre la goutte qui déborde
Contre la lassitude qui m’ensevelit
Mais lorsque tout est fini
La lumière apparaît dans la nuit
Déborde de la toile
Et illumine l’esprit
Oui, peindre est une tâche
Sublime et épuisante
Qui, au final et à chaque fois
Fait respirer un air d’éternité

15/02/2013

Pierre Parat, peintre et architecte, à la galerie Deprez-Bellorget (15 rue de Seine 75006) – 2ème partie

Les dessins sont une façon de mettre en évidence la maîtrise de Pierre Parat. Admirez par exemple ce quatuor à cordes vu dans le tressaillement de la mélodie dont le mouvement pictural permet d’entendre la sonate de Beethoven. Chaque musicien semble réalisé d’un trait de plume, vibrionnant. Pas de visage, aucun décor, mais des sons qui se perçoivent hors de l’oreille, entre l’œil et le souvenir de concerts.

Musiciens.jpgMusiciens 2.jpg

 

 

 

 

 

 

 

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Des encres de Chine, également, abstraite, d’un style complètement différent, mais aussi captivant.

 

 

 La peinture reste cependant son mode d’expression préféré, qu’elle soit en couleurs ou noire et blanche, tel « Ecroulements d’eaux » :

Ecroulements d'eaux.jpg

Ou « Jeté par l’ouragan » :

jeté par l'ouragan.jpg

La lumière. Elle jaillit, vêtue de blanc, comme un chant dans le silence d’un éclatement de couleurs : en aplats, horizontaux, verticaux, obliques, groupées ou éparpillées, dissimulées derrière la surface des apparences ou au contraire éclatantes de présence.

Soleil bas.jpg

parat-tsunami.jpg

En opposé, l’obscurité, toujours plus importante, comme pour mieux faire ressortir l’importance de la lumière : elle mange la toile, envahit l’esprit, le brouille, le trouble. Ce d’autant plus qu’entre les deux, la couleur s’affirme, pleine, entière, liant les opposés en larges taches claires, pures.

(Ci-joint "Tsunami")

Seul le trait évoque le sujet du tableau, comme un rappel léger du texte derrière la musique. Mais le mouvement pallie à cette absence de signification immédiate. Il permet de laisser l’imagination libre d’interpréter directement sans effort conceptuel et de laisser les sensations envahir l’espace visuel. (ci-dessous "Femmes au Yémen")

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Bravo à ce surdoué qui reste jeune grâce à sa faculté de création. Puisse-t-il continuer encore longtemps à nous charmer !

14/02/2013

Pierre Parat, peintre et architecte, à la galerie Deprez-Bellorget (15 rue de Seine 75006) – 1ère partie

Allez voir le site de cette galerie. Il expose de nombreux tableaux de Pierre Parat. De même pour le site suivant :

http://www.deprez-bellorget.com/index.php?id_artiste=44

http://francais.agonia.net/index.php/article/1763617/index.html

Dommage que cette galerie commence par un boyau d’un mètre de large dans lequel toute œuvre perd de sa puissance par l’obligatoire proximité de l’œil. Ce n’est pas le meilleur des œuvres de Pierre Parat qui y est accroché, mais cela donne une mauvaise impression au départ. Arrivé dans la véritable galerie, une grande pièce au fond du couloir, on peut voir quelques tableaux de Pierre Parat. C’est ainsi que l’on fait connaissance avec un peintre, par hasard, au fil des promenades. En un instant se crée une symbiose entre l’œuvre et votre être intérieur. Vous êtes touché par une couleur, une ombre, une forme, et vous tombez amoureux de cette toile.

Cieux ultramarins.jpg

Alors vous recherchez sur Internet ce qui est dit sur celui qui vous livre sa conception du monde et sa vie. Pierre Parat est avant tout un architecte très connu ayant réalisé de nombreux gratte-ciels, bureaux ou habitations. Mais trêve de baratin, regardez cette vidéo :

http://www.dailymotion.com/video/xvlx6c_pierre-parat-l-architecture-a-grands-traits_creation


 

L’exposition est malheureusement finie. Mais allez à la galerie Deprez-Bellorget (15 rue de Seine 75006) et vous verrez quelques-unes de ces œuvres. Si vous n’avez pas le temps, jetez un œil sur son site. Vous y trouverez dessins et peintures.

13/02/2013

Entrée en Carême, entrée en soi-même

 Le terme Carême signifie quarantaine. C'est le chiffre indiquant le temps d'une étape spirituelle, d'une transformation. Il y a ainsi les quarante ans d'exode, les quarante jours de méditation de Moïse sur la montagne, les quarante jours au désert de Jésus.
 C'est une période où l'homme entre en lui-même pour renaître à une vie nouvelle.
Cette renaissance, ou passage, ou Pâque, est nécessairement précédée par une période difficile où l'homme connaît des hauts et des bas, une nécessaire épreuve où il apprend peu à peu à abandonner sa volonté entre les mains de Dieu alors qu'il a besoin en même temps de sa volonté pour lutter contre lui-même.
 L'expérience du Carême, c'est la découverte de l'amour que Dieu nous porte et qui nous pousse à aller au-delà des apparences. C'est à la fois un effort et une délivrance joyeuse.

12/02/2013

L’éternité est-elle cette grande page blanche

L’éternité est-elle cette grande page blanche
Vide de signes, volant dans le silence assourdissant
Ne l’attrape surtout pas ! La mort t’attend
Cours derrière, mais attention au changement de vent
Tu frissonnes dans la pâleur du jour levé
Dernier jour d’une multitude d’autres
Pas une tache sur la feuille immaculée
Partir sans laisser d’adresse comme un voleur
Dans le ciel clair, le cœur étreint
Par une envie d’air frais. Mais pas un souffle
Où est donc passé l’écriture de l’éternité
Rien que le blanc, noyé dans cette laine
Et tu t’envoles dans l’espace entre les astres
Tu contemples ce monde bleu quitté à jamais
Il s’éloigne et tu ressens le froid de l’absence
Tu oublies la caresse de la lune sur tes joues
Tu… Tu… Mais es-tu, toi ? Tu ne te connais plus
Tu voles de concert avec la page blanche
Enfoui dans ses grains, sourd au sifflement du vent
Et tout devient blancheur immaculée
Ah, le blanc est fini. Il m’a bien fait rêver.

11/02/2013

Denis Jully, à la galerie Claudine Legrand (49 rue de Seine 75006)

Si l’on recherche des contrastes, il suffit de se déplacer de quelques mètres dans la rue pour découvrir la peinture de Denis Jully, très différente de celle de Numa Droz. Ce sont aussi des paysages, sans êtres vivants, intemporels, mais proches de la catastrophe industrielle. On est attiré par la peinture, mais dans le même temps on ne peut l’approuver totalement. Elle rend trop compte de l’inconscience de l’homme dans ce monde qu’il fait et défait sans cesse. L’oppression nous gagne à contempler ces panoramas noirs, poussiéreux, informes de cendres et de débris. La main de l’homme est passée par là, détruisant la verdure, annihilant les couleurs, pour ne laisser qu’un monde de constructions industriels en ruine, dans lequel l’œil se noie, brouillé par les particules en suspension.

Paysage.jpg

La peinture est, disons, rugueuse. Elle laisse de larges conglomérats de noir, gris, brun, sur lesquels tranchent les notes de blanc, jaune ou rouge. On ne distingue pas les nuances du paysage qui est noyé dans une épaisse couche de poussière et de brouillard. On a l’impression de voir en aveugle, les mains en avant, cherchant des yeux notre chemin impossible à trouver dans cet amas de semi-obscurité. Alors on marche la tête entre les épaules, les yeux mouillés d’une brume fantomatique. Parfois, on sent un pincement au cœur, quelle est cette lueur qui donne espoir et rend la vie supportable ? Mais très vite on retombe dans l’inconsciente moiteur de l’atmosphère.

Paysage 5.jpg

Cependant, ces paysages catastrophiques laissent une impression d’arrière-main qui permet de ne pas sombrer dans la dépression. Il suffit d’un rayon de soleil qui transparaît, d’un rebord de rivière qui reflète un argent pur, d’une lueur même de haut-fourneau qui rougeoie et enrobe la campagne d’un peu de fièvre. C’est le cas de cette mine ou haut-fourneau abandonné, dans un environnement désolé, mais qui nous dévoile un ciel plein de promesse qui ressemble à une plage tranquille sur laquelle on s’étend après avoir couru et que l’on contemple, l’esprit au repos.

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C’est également le cas cette banlieue qui semble s’évanouir dans le rêve, épuisée par l’absurdité de l’existence. Ce contraste entre la campagne sous la pluie, la ville en fond de tableau et la part d’inconnaissance de la partie droit du tableau procure un sentiment d’avenir possible, même si l’on ne sait encore ce qu’il sera.

Paysage 4.jpg

 

Paysage 2.jpg

Et là, le simple effet de blancheur accentuée des nuages et d’une légère ouverture du ciel dans un bleu tendre donne une note d’espoir dans ce paysage digne des romans sociaux du XIXème siècle :

 

paysage 3.jpg

 

 

 

Là encore, un paysage certes plus champêtre, mais qui laisse supposer que, peut-être, le jour va réellement se lever et ensoleiller cette glèbe endormie :

 

 

Allons ! Ne désespérons pas de la vie. Elle réserve toujours des surprises. Ce qui compte c’est d’y faire face sans rien perdre de son acuité à la contempler avec recul pour en extraire la substantifique moelle, la part qui vous appartient et qui vous fait progresser.

 

10/02/2013

Le caquètement de Sheila Chandra

http://www.youtube.com/watch?v=-5nzeG052_c


Une performance étonnante qui n’est ni de la musique, ni du langage parlé. Cela doit avoir un nom, mais je l’ignore.

Son « ta-que-ta » est extraordinaire. Ce type de performance est appelé « speaking in tongues ». Pourquoi ? Cela n’a pourtant rien à voir avec le parler en langue des charismatiques. Il ne s’agit pas ici d’exaltation quelconque. Tout ce langage est rationnellement conçu, même s’il ne signifie rien. Ce n’est qu’une performance vocale conçue pour mettre en évidence sa maîtrise de la voix et de l'élocution.

Ce Ta-que-ta et sa suite nous laisse sans voix !

09/02/2013

Imaginaire et réel

Victor Segalen dans Equipée (p.11) pose une drôle de question : « L’imaginaire déchoit-il ou se renforce-t-il quand il se confronte au réel ? »

J’ai d’abord cru à une galéjade devant cette proposition. L’imaginaire et le réel sont différents et n'ont pas de rapport entre eux. Mais, en réfléchissant, il m’apparut qu’il n’était pas inintéressant de se poser la question. Mais elle peut se poser de deux manières : soit l’imaginaire mène au réel, soit le réel est le point de départ de l’imaginaire.

En réalité, chaque jour, l’homme élabore son avenir en l’imaginant. C’est même pourrait-on dire le propre de l’homme : voir loin, imaginer et agir dans le sens de son intérêt ou de ses valeurs. Il dispose maintenant d’outils spécialisés pour affiner sa réflexion : statistiques, méthode des scénarii, et même, depuis longtemps, voyance.

Mais l’inverse est également vrai : on ne peut commencer à imaginer un avenir qu’à partir du présent, c’est-à-dire du réel. La boucle est bouclée, les deux hypothèses sont vraies.

Ce n’est cependant pas exactement ce que dit Victor Segalen : « L’imaginaire déchoit-il ou se renforce-t-il quand il se confronte au réel ? » On peut déjà supposer que l’imaginaire dont il parle n’est pas la capacité d’imaginer un avenir, mais celle de créer un monde nouveau, déconnecté de la réalité, réellement né de son imagination. Il ne s’agit donc plus d’utiliser l’imaginaire pour se rapprocher du réel en le confrontant aux exigences des contraintes. Il s’agit de savoir si l’utilisation de la réalité dans l’imaginaire affaiblit celui-ci ou, au contraire, le renforce.

Disons d’emblée et tout net : l’imaginaire s’inspire toujours de la réalité, sinon il serait incompréhensible et non porteur de valeurs. La réalité est obligatoirement un point de départ de l’imaginaire. En effet, il faut bien utiliser les images, les sons, le langage, qui représentent la réalité quotidienne, pour commencer à imaginer quelque chose qui en dérive. Au-delà même de ces matériaux communs au réel et à l’imaginaire, il y a l’utilisation d’un contexte ou simplement d’un objet ou même d’un sentiment qui permet de passer du réel au fictif. On peut penser que l’imaginaire s’inspirant du réel pour ensuite bifurquer vers la fiction, renforce nettement l’intérêt du spectateur, lecteur, auditeur ou autre pour l’imaginaire né de cette réalité. La bonne science-fiction est proche d’une réalité qui peu à peu bifurque. Les extraterrestres n’intéressent le lecteur que dans la mesure où ils sont confrontés aux humains. Rien ne sert de les décrire si aucun homme n’est présent, ou, au moins, des créatures proches de l’humain.

Mais en est-il de même de l’imaginaire pictural ? Il semble bien que non, tout au moins au premier degré. La peinture abstraite est totalement imaginaire, sans référence au réel, au moins une partie. Cependant, est-ce si vrai ? Les tachistes, sans véritablement s’inspirer du réel, rejoignent le réel dans leur peinture, réel naturel et minéral, réel quasi artificielle, dû au grossissement du microscope électronique, ou encore réel conceptuel de la géométrie, qui rend compte d’une réalité abstraite, tels l’art cinétique ou l’art optique. Là aussi, in fine, et contre parfois l’avis des artistes, l’imaginaire se renforce du réel.

Enfin, l’imaginaire mathématique se renforce-t-il du réel ou au contraire s’appauvrit-il ? On peut tout de suite dire que le but des mathématiques est de conceptualiser le réel, de le rendre compréhensible, de le réduire en équations simples qui explique de manière claire la complexité du monde. Le réel renforce bien l’imaginaire pour l’aider à tendre vers une compréhension du monde.

In fine, on peut sans doute conclure que c’est l’imaginaire qui permet non pas de construire le réel, mais de l’aménager dans un sens favorable. Il se renforce dans sa confrontation au réel. Mieux même, il renforce lui-même le réel, le rend plus humain (pas forcément plus juste). L’imaginaire est l’énergie de l’évolution.

08/02/2013

Le rêve

OK… Voilà la poupée huilée et cosmétique
Des publicités tapageuses et anonymes
Elle est prête à tout, peu importe
Ce qui compte, c’est attirer l’œil et l’attention
Pendant une minute ou deux
Pas plus, pas moins, et encore…

Le rêve, nature indissoluble d’une réalité
Inventée de toutes pièces et entraînant
Des débordements tumultueux

Le rêve, nuage poussé par les vents
De l’imagination incontrôlée
Pour notre plus grand plaisir personnel

Le rêve, méditation interne  et exaltée
Qui conduit aux extrêmes la vision
De la comédie humaine

Et pourtant, on peut rêver aux anges
De plaisirs à venir et de délires joyeux
De départs pour des contrées lointaines
De séjours dans des grottes oubliées

Oui, les rêvoirs sont infinis
Une vie ne suffirait pas à les connaître
Les plus beaux ne sont pas les mieux aimés
Un rêve dans les étoiles et le cosmos
Vaut bien celui de bals enchantés

Mieux vaut rêver sa vie
Que vivre sans motif

07/02/2013

Passage de Lancre, Paris

P2060024.JPGCe passage se situe entre la rue Saint-Martin et la rue de Turbigo, dans le 3ème arrondissement.  Il apparait soudainement, alors que vous passez en vélo à sa hauteur, ouvrant par une porte de cirque, sur une campagne en miniature, une sorte de forêt verte, étroite, un long boyau dans les entrailles de la ville, perdu entre les immeubles.

 

 

 

Il est ainsi nommé par déformation de son nom pendant la révolution (passage de l’ancre nationale) et sous la monarchie (passage de l’ancre royale). Mais il existe une autre explication : l’ancien passage du puits (quel puits ?) s’est muté en passage de l’ancre en raison d’une ancre servant d’enseigne à une auberge.

 

P2060022 (2).JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D’abord, le P2060023 (2).JPGcalme. Pas un bruit. Vous marchez sur du velours, les doigts de pied écartés, n’osant pas regarder derrière les vitrines de peur de réveiller les habitants. Et il est vrai que le passage fait un peu Belle au bois dormant : « La princesse se piquera le doigt sur un fuseau et en mourra, mais au lieu d'en mourir, elle tombera seulement dans un profond sommeil qui durera cent ans, au bout desquels le fils d'un Roi viendra la réveiller ». Mais cela ne risque pas de  vous arriver, car il n’y a pas un siège et encore moins une table. Ce n’est qu’un passage qu’emprunte un habitant du quartier.

Alors vous errez dans cet étroit couloir bordé de petites boutiques aux flancs laqués de couleurs vives. Vous vous laissez subjuguer par les lierres et bambous qui gênent votre marche et voilent les devantures. Circulez, il n’y a rien à voir. Laissez-nous dormir !

P2060019 (2).JPG

Après un dernier coup d’œil, vous vous laissez convaincre que s’il y a quelque chose à voir, il faudra que vous reveniez.

Oui, passage de  l’Ancre parce qu’on s’y sent à l’abri comme dans un port ou passage du puits creusé dans les flancs de pierre de groupe d’immeubles. Bel endroit de Paris !

06/02/2013

Bélard et Loïse, roman de Jean Guerreschi

Un roman, un récit de mœurs, un livre érotique ? On ne sait comment qualifier ce livre de Jean Guerreschi et, de plus, on ne sait comment le lire. Doit-il être lu vite, en impatience de nouveaux incidents palpitants, ou doit-il être savouré13-02-02 Bélard et Loïse.jpg lentement, avec toute l’attention qu’il réclame, en raison de la qualité du style et de la narration ? Ce fut selon les moments. Mais plus l’on avance, plus on tente de profiter de cette lecture, s’intéressant plus à l’écriture de l’auteur qu’à l’histoire qui s’allonge, sans doute un peu trop.

C’est une histoire qui pourrait être banale. L’amour d’une étudiante pour son professeur qui pourrait être son père. Elle a choqué certains critiques : « Jean Guerreschi a beaucoup d'imagination. On ne saurait le lui reprocher. On ne peut pas non plus lui reprocher de nous livrer ses frustrations en décrivant ses fantasmes. » (François Jardin, Pour les amateurs de mélo, A-lire.info)

Mais les prémices de cet amour sont enchanteresses : e-mail à double-sens,  messages codés, et le désir qui monte intensément : Ils se trouvèrent soudainement tout près, trop proches l’un de l’autre. Loïse l’éprouva la première. Je suis trop près de lui, se dit-elle, je sens la rétraction de sa zone intime, mais je ne peux faire autrement que de rester là. Elle ne bougea donc pas. (…) Il était si près d’elle qu’il voyait le duvet de ses phalanges. Elle était si proche de lui qu’elle serra la main sur l’étagère pour ne pas verser. S’il me touche, je crie, pensa Loïse. S’il ne me touche pas, je hurle, pensa-t-elle l’instant d’après. Si je la touchais, songeait Bélard, elle ne me repousserait pas. De cela il était sûr. Puis il pensa au futur simple. Si je la touche, je l’aurai dans les bras toute la vie.

La narration de leurs aventures amoureuses est hors du commun : tendre, extatique, mais aussi érotique, sinon pornographique. Mais écrit avec une langue merveilleuse, pleine de justesse, de délicatesse également : Bélard vit Loïse nue. Il oublia son âge. Bélard oublia son âge. Il s’étonna de sa jeune faim. Loïse goûta au corps de Bélard. Elle le trouva bon. Son appétit d’elle surprit Loïse. Son appétit de lui la troubla. Bélard s’étonna de sa jeune faim. Que si jeune faim eût appétit de lui le surprit.

Lorsqu’il se retrouve seul, Bélard s’extasie : Je suis comme un bœuf amoureux… Elle répondit qu’elle serait volontiers sa génisse. Il protesta qu’ils étaient au milieu du carrefour, que la morale publique les écraserait plus vite et plus certainement qu’un semi-remorque. (Il pensait : m’écrasera moi, mais il ne l’écrivit pas.) Elle répondit que, sous lui, elle ne sentirait pas le semi-remorque.

Ne poursuivons pas ce récit. Laissons au futur lecteur le soin de le découvrir. Il se tire un peu en longueur, en étrangeté (mêler l’actualité du 11 septembre à cette histoire forte). Le livre ne vaut en fait que par la langue, le style, la justesse des comparaisons. La crudité du compte-rendu des ébats des deux amants pourra choquer, mais c'est écrit avec une telle délicatesse.

Le livre fait penser à « Belle du Seigneur » d’Albert Cohen. Même art de la narration juste, même hymne à la femme, même délectation de ces rencontres, étreintes, tensions et détentes amoureuses. Mais : Le plus étrange, c’est qu’un tel roman fasse aujourd’hui scandale — au point qu’une œuvre constamment maîtrisée, souvent admirablement écrite, soit boycottée par des journalistes plus pressés de rendre compte des pauvretés nothombiennes ou houelbecquiennes, écrit Jean-Paul Brighelli sur le site de Marianne.

05/02/2013

Numa Droz, peintre paysagiste

« Le paysage est mon unique préoccupation », explique le peintre Numa Droz, qui expose à la galerie de l’Europe (55 rue de Seine, 75006). Il ne s’agit pas de paysages industriels ou citadins. Ce sont des paysages peints dans la tradition des peintres paysagistes du XVIIème siècle.

Bosquet dans un pré.jpg

Lenteur du regard et du corps devant cette tranquille assurance. L’éternité est à nos portes et nous ne le savons pas. Nous passons en courant devant des paysages époustouflants et il faut qu’un peintre nous le rappelle : arrêtez-vous et regardez, respirez calmement, laissez votre tête reposer ! Et l’on prend conscience que, malgré ses transformations permanentes, la terre reste la même, chaleureuse, accueillante, splendide de sérénité, nous apprenant par sa beauté notre vocation première, rendre grâce pour ces dons immenses.

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Il part d’émotions réelles survenues dans ses promenades en Bourgogne, dans le Vercors ou encore les Pyrénées. Il aime affiner ses éclairages, aussi choisit-il des moments particuliers tels que les lever ou les coucher de soleil. Les ciels sont clairs, exempts d’une couche grisâtre qui fait le plaisir de nombreux peintres contemporains. Il reflète la tranquillité intérieure du peintre, un peu de brume, une coloration venant de la montée de la lumière, légère, attendrissante comme l’épiderme féminin. En contraste, la chair rurale se fait plus foncée, parfois presque noire, pleine de recoins cachés, de mystères insoupçonnés. Elle s’éclaire progressivement, sans perdre de son mystère, jusqu’à l’horizon qui se noie dans la clarté du ciel.

Mer en fond de tableau.jpg

Lorsqu’il trouve un paysage qui lui parle, il prend des photos, quelques croquis, et range tout cela dans sa mémoire jusqu’à ce que l’émotion ressentie pendant la flânerie devienne impression, sentiment, puis connaissance d’un au-delà de la vision brute du paysage. Celui-ci est alors une source de joie sereine pour le peintre et un message à faire passer au spectateur. Il devient habité d’une présence qui n’est nullement humaine (il n’y a aucun personnage sur ses toiles), une manifestation de l’éternité qui nous enveloppe. Le temps n’a plus de prise sur lui, il devient éternité.

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Allez voir ce peintre aux paysages enchanteurs. Il expose jusqu’au 28 février. Vous y admirerez la finesse, l’élégance et la précision de cette peinture qui semble sortir d’un autre siècle et qui hante nos esprits lassés des paysages grisâtres que nous voyons tous les jours.

04/02/2013

J'ai vécu de multiples vies

J’ai vécu de multiples vies
Pour chercher celle qui me convient
J’ai trouvé la folie, la persévérance…
Toujours à fond pour tirer la corde
Du rêve qui ne mène à rien…
J’ai chevauché les centaures,
Etroitement enlacé à leur piétinement
J’ai parcouru en pensée
Toutes les geôles endoctrinées
J’ai contemplé l’océan des sentiments
Et subi les balbutiements mondains
Je me suis donné aux notes, fraiches
Qui font naître l’élégance et le secret
J’ai tordu le fer et assoupli le bois
Fait de la matière une ébauche de vie
Représenté ce que je ne pouvais dire
Couleurs et formes répandues
Je me suis adonné à la méditation
Contemplant l’épais nuage de l’ignorance
Jusqu’à ce qu’il devienne blancheur
J’ai quitté la pensée et l’action
Pour plonger hagard et bienveillant
Dans les univers dépeuplés
Et j’ai trouvé dans cette immensité
Ce creux de chaleur intense
Qui guide la vie et voile les heures…
Explosion !
Quel chemin depuis le jour
Où je me suis réveillé dans la nuit
Planant au-dessus du destin…
C’est là que j’irai, mais comment ?

03/02/2013

Explosion en étages

Coup de grisou, attentat, voire Big bang !

Et pourtant, n’est-ce pas harmonieux cette échappée en étages. Cela rappelle la technique d’effondrement des immeubles, explosion après explosion, jusqu’à l’anéantissement complet. Et cela se poursuit dans le temps, en permanence, jusqu’à la fin des univers. Mais d’autres naissent au même moment. On pourrait croire que le temps est un éternel recommencement.

Optimisme, c’est sûr, en harmonie et en musique !

 

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02/02/2013

Messe en si mineur, de Jean-Sébastien Bach BWV 232

http://www.youtube.com/watch?v=YgVWaFvF0mg 

 

Magnifique interprétation, très aérienne, du chef Seiji Ozawa et de son ensemble, le Saito Kinen Orchestra. Notez qu’il dirige sans partition et que les chanteurs connaissent également par cœur leur texte.

Certains trouveront le kyrie un peu mièvre, interprété de manière trop classique, sans émotion. On aime de nos jours impressionner par certaines bizarreries d’interprétation dont on parsème la partition. Là rien de tout cela. Un déroulement calme, balancé, équilibré. Le chef ne fait pas d’effets, la polyphonie s’écoule comme un fleuve lent, serein. Il n’y a pas respiration marqué, de coupures du déroulement.

Ne sommes-nous pas déjà en paradis, dans les affres de la pureté et de l’éternité ?

01/02/2013

Désirs et reflets

A l’image de la vie : Les fruits et légumes bien encadrés dans leurs cases. Ils servent à la cuisine du restaurant et montrent leur aspect frais et réel.

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Mais tout ceci se trouve derrière une vitre qui reflète le monde extérieur. On neP1230006.JPG peut voir à l’intérieur ce que font les cuisiniers. S’agitent-ils ? Méditent-ils et laissent-ils légumes et fruits se couper, se saler, se prélasser dans l’eau chaude jusqu’à devenir une soupe bienfaisante ou un accompagnement de viande ? C’est l’alchimie mystérieuse de la vie, l’apprentissage permanent des décisions qui ne vous appartiennent pas.

 

Et le monde défile sous le regard des légumes, sans les voir, sans en sentir la subtile odeur et contempler leurs couleurs éclatantes. La beauté à portée de main. Mais que faire des aveugles passants qui ne savent pas la richesse qu’ils côtoient ?

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Signalons cependant que nous n’avons pas goûté la cuisine de ce restaurant. La vue de ses trésors nous a rassasiés.

31/01/2013

Quand reviendras-tu de ton pays des rêves ?

Quand reviendras-tu de ton pays des rêves ?
Tu es là, absente, seule dans la foule
Hésitante, trébuchante, sans but ni projet
Une vie, pourtant, ce n’est pas une promenade
On ne démarre pas assis dans la voiture
Sans plein d’essence ni biscuits
Silence, en réponse... Je me cache
Derrière mes esbroufes et pirouettes
Tu n’as rien à connaître de ma vie secrète
Blanche, transparente, je passe
Sourires, rires même, discrets
Qui transforme la statue en marionnette...
Ton ombre s'en va, légère, uniforme
De lassitude heureuse et dénudée
Tu marches, tu marches, je te vois
Je te perds de vue...
Où se trouve l’horizon de la vie ?

30/01/2013

La magie d’un instant

Sur le tapis déroulé, ils dansaient tels des lutins, dans la joie de Noël. Et plus ils sautaient, plus ils devenaient invisibles aux yeux des adultes, perdus dans leur monde de rêve, de mouvements et d’exaltation.

Ils rejoignaient ainsi les rescapés de la gravitation.

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29/01/2013

Manuella, roman de Philippe Labro (Gallimard, 1999)

Une collégienne, sympathique, qui ne sait si elle va avoir son bac. Quoi de plus classique ! Mais, j’ai revu la libellule de mon rêve et je me suis dit qu’une fille qui commençait la matinée la plus horrible de sa vie avec une libellule dans un carré d’espace bleu ne pouvait pas être entièrement foutue.

Pourtant, elle est vierge et la plupart de ces amies ne le sont plus. Lorsqu’un13-01-31 Manuella.jpg garçon veut coucher avec elle, elle répond : « Je t’aime bien, mais je ne t’aime pas. » Quand une fille dans le train, assise en face d’elle, lui demande : « Est-ce que vous êtes vierge ? » Elle la regarde, stupéfaite : « Ça va pas bien, non ? Ça te regarde ? »

En fait l’intérêt du livre n’est pas dans l’histoire, mais dans les réflexions et les anecdotes concernant la vie d’une adolescente qui se dit ratée.

Ainsi l’auteur consacre un chapitre à la mode du noir : Dehors dans la rue, j’ai l’impression que tout est en noir, que tout le monde s’habille de noir. Le deuil de qui ? Ils portent le deuil de quoi, les gens ? Ils vont à l’enterrement de quoi ? C’est une cérémonie, c’est une manif ou c’est un film ? (…) Oh ! Les mecs, les filles, vous affichez quoi exactement, là ? Vous avez peur de quoi ? Parce que si vous vous ressemblez tous autant les uns les autres, c’est que vous avez peur de quelque chose ? La couleur du jour, pour vous, c’est ça ? C’est la couleur de la nuit ?

Sa mère lui fait remarquer qu’elle utilise le terme pur très souvent : un pur film, un pur chanteur, une pure note de classe, une pure soirée, un pur plat de spaghettis, un pur CD. _ Qu’est-ce que tu préfères, lui ai-je répondu, que je dise pur ou putain ?

Et, malgré ses impressions, elle est reçue au bac : une profonde sensation de plénitude, jouissance, gaité, plaisir sensuel qui ne s’affaiblissait pas et qui allait, au contraire, grandir, grandir, pousser toute la journée dans mon corps (…) Question : Peut-être que l’amour, ça ressemble à ça, la légèreté totale du corps et de l’esprit ?

Mais elle revient souvent sur l’amour tel qu’elle le conçoit : On sait tout ça, maman. On a tout lu, on a tout vu, on a tout entendu. Du cul, du cul, du cul, au cinéma, sur les affiches, dans les bouquins qui se vendent bien, les magazines, à la télé, c’était incroyable ce que les gens pouvait parler de cul et montrer du cul. Ils préféraient utiliser le mot sexe, ça faisait plus noble et plus technique, d’ailleurs, sexe, en soi, il faut bien le dire, c’est un mot irrésistible. C’est pas vulgaire. (…) Je voulais bien être comme les autres, Yami, Daph, Nade, je voulais bien connaître l’amour au moins une fois, mais j’aurai souhaité que ce ne soit pas… banal. Plus la société avait trivialisé l’amour, plus j’attendais autre chose que du trivial.

Elle le rencontre ce garçon qui la fait frissonner. Il est frimeur, mondain, une machine à sortir des aphorismes (cette salade est incongrue, mais digne d’intérêt), à citer des auteurs (on peut rêver qu’un jour la vérité soit à la mode. C’est du Raymond Queneau). Mais,  au loin, le grand bateau bleu et blanc prenait le large, et moi, Manuella, j’étais gagnée par une sorte de gaité rêveuse, une petite joie intérieure, comme en attente d’un événement.

Et, à la fin du livre : j’avais toujours souhaité que la première fois me change, que ça se passe de façon telle que j’en sorte différente, transformée. Le suis-je ? Quand j’y pense, ce n’est pas une courte nuit avec un garçon en été qui a modifié ma vision des choses. Je m’étais donnée à lui parce que c’était plus qu’un geste, mais ce n’était aussi que cela, une série de gestes. Aimer sans amour n’est pas aimer.

28/01/2013

Dieu(x), modes d’emploi, au Petit Palais (2ème partie et fin)

L’exposition est partagée en plusieurs sections :

Section 1 : les divinités

Elles sont représentées par leur image ou absence d’image :

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Bouddhisme : Le Bouddha, suprême Vajradhara, Tibet, XIVe siècle – bronze doré.



 

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Hindouisme : Siva, "Roi de la danse", Tamil Nâdu, Inde du sud, XIe siècle – bronze.

 


 

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Christianisme : Christ en croix, Le Puy-en-Velay, XIIe siècle – bois polychrome.

 

  

Section 2 : les cultes

Cette section expose une variété d’objets cultuels destinés à « la communication » avec le divin. Mais la plupart de ces objets sont exhibés à la manière d’un cabinet de curiosités.

Section 3 : Passages

Evocation des rites de passage tout au long de la vie au travers les cérémonies des différentes religions. C’est plus une évocation de la société que la découverte des rapports entre l’homme et le divin : entrée dans la communauté avec la naissance, passage à l’âge adulte, mariage et rites mortuaires.

Section 4 : les intercesseurs, c’est-à-dire les prêtres, prophètes, chamanes, etc. Je ne m’en souviens pas !

Section 5 : le corps

De l’ascèse aux interdits alimentaires et à l’habillement, jusqu’à la possession. Est-ce attrayant ?

Section 6 : conflits et coexistence

Seul intérêt, anecdotique, une « œuvre musicale » de Cédric Damfrain, intitulée Tempora 2006, qui n’est pas réellement de la musique, mais une synthèse sonore de musiques, chants et bruits religieux de toute nature. Bref, un syncrétisme musical.

Section 7 : les lieux

Quelques maquettes de lieux de culte modernes, innovants, curieux, hors souvent des conceptions classiques de l’architecture religieuse.

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Chapelle de Villéaceron, Espagne

 

 

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Eglise San Paola, Foligno, Italie

 

  Section 8 : Cycles

(sans intérêt)

Section 9 : Au-delà

« Que croyez-vous qu’il va advenir de vous après votre mort ? » Dans cette salle, la dernière, huit personnes sont interrogées et proposent leur réponse à cette question selon leur religion ou leur absence de croyances dans le cas de l’athéisme. Ce n’est pas forcément la meilleure section. Disons qu’une ou deux des personnes interrogées ont de véritables réponses et non des clichés.

 

Mais cette exposition reste plate, muséologique. Bref, une soupe sans sel ni poivre, ni même ingrédients qui font de la nourriture un vrai plat cuisiné, voire un enchantement des sens et de l’être.

Deux aspects essentiels des religions manquent :

L’évocation de la musique religieuse, voire sacrée, et en particulier le chant. Cet aspect n’est nullement abordé alors qu’il ouvre l’être à l'inconnaissance (voir les articles consacrés à la musique sacrée sur ce blog).

Enfin et surtout : Où se trouve la seule vraie dimension de toutes les religions, l’intériorité, l’expérience du divin et la réalisation mystique ? Bref, comment l’homme répond-il à la question : « Où vais-je ? Que fais-je de ma vie ? »

27/01/2013

Sortir sans conscience dans le froid

Sortir sans conscience dans le froid
Vous la laissez à la maison, au chaud
Et allez libre de toute contrainte…

L’air vivifiant envahit vos poumons
Comme une sucette à la menthe
Vous êtes retourné de fraicheur
Qu’il est bon de ne plus disposer
De pensées délétères et ruineuses

Pas à pas vous laissez le pavé résonner...
Il sonne plus fort aujourd’hui
Cloches environnées de crème chantilly
Les sons ont une autre allure
Secs, revigorants, ils s’affrontent
Dans la tête vide et éclatent
En bruits de verre éparpillé
Ils remplacent le toucher interdit
Par la caresse collante du métal refroidi
Et le pincement détaché des doigts

Et soudain vous vous envolez
Dans la nuit blanche de froidure
Contemplant la ville émasculée
Repliée sur elle-même, résorbée
Dans ses cubes rayonnants
Où l’homme et la femme reposent
Sous les couettes des délices...

26/01/2013

Ils ont perdu la boule !

Des extra-terrestres à la mode, quelle aubaine !

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N’est-ce pas nos attitudes habituelles ? Bien mis, en conversation, mais chacun dans son monde. La face blindée dans ce lieu magnifique, les jardins du Palais Royal. Ils ne savent pas qu’ils sont là, les yeux fermés sur leur complétude. Et pourtant ils reflètent ces jardins, ces arbres, les jets d’eau, mais à leur manière, en rond, laissant leurs pensées errer en boucle.

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Et ceux-ci, que sont-ils, jeunes hommes ou femmes déjà ? Un délicieux mélange pour vendre, encore, vêtements et colifichets. Ils réfléchissent la nature dans leur magnificence pour mieux attirer le client dans ce monde clos des achats frénétiques. Mais tout ceci avec élégance.

 

En ces jours de solde, nous sommes conviés à une évasion hors du temps. Se perdre dans les rêves les plus fous, les atours les plus séduisants, et marcher sur la tête, les yeux dans les nuages de la cupidité.

25/01/2013

Dieu(x), modes d’emploi, au Petit Palais (1ère partie)

Ainsi est présentée l’exposition "Dieu(x), modes d’emploi", au Petit Palais jusqu’au 3 février : « Croyants, agnostiques ou athées, chacun a pris en France l’habitude de vivre dans une société largement laïque. Ce n’est pas le cas ailleurs. Or nous voici tous confrontés à un phénomène nouveau : à la faveur des échanges migratoires et de la mondialisation des communications, les villes d’Europe sont devenues le creuset des religions du monde. Cette rencontre n’est pas facile. Les croyants connaissent leur propre religion, très peu celle des autres ; les non-croyants appréhendent mal le fait religieux. Beaucoup ont tendance à ne voir dans la résurgence du fait religieux que ses aspects les plus révoltants. Aussi est-il urgent de comprendre ce phénomène, qui risque d’être la grande affaire du XXIe siècle. »

Soyons sérieux ! C’est tout de même un peu agaçant de nous faire croire que les religions ne sont plus que des cas d’études anthropologiques. Cette présentation des religions, malgré la beauté des œuvres présentés, laisse pantois. L’ambiance est celle des trésors du Louvre : bien présentés, attrayants, emmitouflés de commentaires trop souvent banals, mais faisant savants. Bref, c’est tout sauf vivant alors que les religions sont l’essence même de la vie humaine, ce qui distingue celle-ci de la vie animale. Pour les organisateurs, ce n’est qu’un « phénomène », comme ils le disent dans cette présentation. Certes, ils retiennent le mot attribué à Malraux : « Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas ! », mais plus pour dire l’importance politique et sociétale des religion,exposition,société,culturereligions que pour penser à une évolution spirituelle de l’homme.

Donc le Petit Palais propose un voyage au travers des religions d’aujourd’hui, telles que pratiquées aux quatre coins du globe et de Paris. On y croise les quatre religions monothéistes (judaïsme, christianisme, Islam et sikhisme), les religions polythéistes comme le bouddhisme, l’hindouisme, le taoïsme, mais également l’animisme, le culte des ancêtres, le vaudou, jusqu’au syncrétisme et même l’athéisme ( ? ). Mais l'on commence par cette magnifique stèle de Hasor prêtée par le musée d'Israël, à l'entrée de l'exposition.

Œuvres d’art, objets ethnographiques, maquettes côtoieront photos, films et bornes interactives pour tenter d’éclairer la variété de la foi et témoigner de la richesse des cultes pratiqués ici et là sur la planète.

24/01/2013

Les incertitudes de la science

 

« La cible privilégiée de René Thom, ce sont tous les savants qui, à la manière de Prigogine, nous expliquent que le monde n’est que bruits et hasards : la « prétendue science du chaos ».

Prigogine, selon Thom, a amalgamé dans une science du chaos des phénomènes essentiellement différents, dont relèvent du déterminisme et d’autres de la description probabiliste. Thom reprend l’exemple de la pièce de monnaie cher à Prigogine : Prigogine nous a expliqué qu’il est par définition impossible de prévoir si une pièce lancée en l’air retombera sur pile ou sur face, et que la seule détermination est d’ordre statique. Cette image d’incertitude et de probabilité résumerait assez bien, selon Prigogine, l’état actuel de la science contemporaine. Mais, me dit Thom, Prigogine nous abuse : si les physiciens ne peuvent pas prévoir le mouvement de la pièce, ce n’est pas parce que c’est impossible, mais parce que c’est expérimentalement difficile et coûteux. Cette prévision reste théoriquement possible pour un observateur qui contrôlerait les conditions initiales du jet de manière assez précise. »

Guy Sorman, Les vrais penseurs de notre temps, Fayard, 1989, p.61

 

René Thom, mathématicien français (1923-13-01-25 René Thom1.jpg2002), n’était pas que mathématicien. Il s’intéressait également à la philosophie. C’est cette alliance entre les mathématiques et la philosophie qui lui font dire que la théorie du hasard et du chaos n’est qu’une mode intellectuelle. Prétendre que la matière ou la vie sont les produits du hasard, c’est se glorifier de son incompréhension, accepter que le monde ne soit pas intelligible.

Bref, Thom pense qu’il faut retrouver Aristote et rapprocher le quantitatif du qualitatif, le sensible et l’intelligible, la science et la conscience.

Le génie est moins dans la science des mesures que dans une science herméneutique : l’interprétation des signes par les mathématiques.

23/01/2013

Téléphone

Un coup de fil, qu’est-ce ?
Le téléphone sonne
On suit le grésillement du câble
Sans savoir où l’on va
Et qui nous appelle
Exclamation,  déception
Peut-être enchantement, qui sait !
C’est toi, c’est vous, c’est nous
A nouveau réunis, collés à l’écouteur
Cela revient, l’ancien langage
L’intonation chaude des voix de femme
La glaciale attitude des hommes d’affaires
La camaraderie bon enfant des adolescents
Et les souvenirs explosent
Mais ce qui compte c’est l’évanescence
D’une sensation, d’un sentiment
Là tu étais assise, riante
Ici vous avez versé vos larmes
Tous nous laissons tourner
Ces éclairs en volutes
Et entretenons nos souvenirs communs
Au revoir, adieu ou à bientôt
Qui sait ce qu’il adviendra de nous
Mais ce réveil de la mémoire
Regonfle ces instants délicieux
Où nous avons connu
L’osmose, la superposition des émotions

A quand ? Tout à l'heure, demain...