16/01/2021
La musique sacrée : voie de purification (10)
L'harmonie
Le but ultime recherché dans la musique est alors atteint. L'âme devient réceptacle, vase transparent où les vibrations s'harmonisent et se complètent. L'invisible s'unifie au visible dans l'âme devenue vierge, le visible laisse entendre les sons de l'invisible. Chaque chose, chaque être exprime totalement l'amour divin avec lequel il a été créé.
Ainsi parle l'apôtre divin : "depuis la création du monde, les choses invisibles sont contemplées à travers les créatures". Si à travers les choses visibles les invisibles sont contemplées, dans une bien plus grande mesure les choses visibles sont approfondies à travers les invisibles par ceux qui s'adonnent à la contemplation. Car la contemplation symbolique des choses spirituelles à travers les visibles n'est autre que la compréhension dans l'Esprit des choses visibles à travers les invisibles. Maxime le Confesseur
En celui qui atteint cette harmonie inexprimable faite d'amour brûlant pour tous et tout, les deux aspects qui semblent parfois s'opposer dans la musique se réunissent. Celui qui écoute avec l'ouïe de l'âme rejoint pleinement celui qui joue ou qui chante. Le musicien entre dans la magie divine de la création, il devient créateur non dans l'effort et le travail, mais dans la co-naissance et le vécu. Il est unifié intérieurement et uni à l'univers et à Dieu.
Dans la connaissance, l'esprit offre les essences spirituelles de l'univers, comme autant de dons qu'il fait à Dieu. Dans l'existence, l'esprit reçoit des dons en explicitant par la vie toute la splendeur de la sagesse divine déposée invisiblement dans les êtres. Maxime le Confesseur
Le musicien, le chanteur, se laisse enivrer par l'Esprit qui s'exprime à travers son art. Ce n'est plus lui qui joue avec sa vision personnelle du monde, avec sa culture et ses connaissances musicales. Quelque chose, quelqu'un de plus grand que lui, joue en lui, chante en lui avec des gémissements ineffables, avec des cris de joie, avec la tendresse de l'amour, avec les larmes de la compassion.
La musique trouve alors sa véritable finalité. Elle dévoile l'harmonie qui existe entre le créé et l'incréé, le visible et l'invisible, le son et le silence. Elle conduit celui qui la pratique à s'harmoniser lui-même avec le visible et l'invisible. Elle participe à l'acte créateur, elle devient voie d'expression du Verbe.
Le but de la foi, c'est la vraie révélation de son objet. Et la vraie révélation de l'objet de la foi, c'est la communion indicible avec lui... Et cette communion est le retour des croyants à leur principe comme à leur fin... et donc le rassasiement du désir. Et le rassasiement du désir, c'est la stabilité éternellement en mouvement des désirants autour de l'objet désiré... et donc l'éternelle jouissance sans séparation... la participation aux choses divines. Et cette participation aux choses divines est la similitude du participé et des participants. Et cette similitude, c'est, selon l'énergie, l'identité des participants avec le participé... Cette identité, c'est la déification. Maxime le Confesseur
07:05 Publié dans 52. Théorie de la musique, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chant, spiritualité, numineux, religion | Imprimer
10/01/2021
La musique sacrée : voie de purification (9)
Purification et unification
La musique sacrée méditative donne à l'homme un moyen de concentration. Cette concentration le purifie. La purification conduit à l'unification de l'être.
La première qualité de ce type de musique doit être de permettre la concentration, c'est à dire de calmer le mental, d'évacuer peu à peu le dialogue intérieur qui sans cesse s'impose à nous, malgré nous. C'est l'attention sur la mélodie qui mène à la concentration en en faisant le fil conducteur des pensées. Le but de l'harmonie, lorsqu'elle est jointe à la mélodie, est de créer l'ambiance intérieure sans distraire la concentration. La musique modale où le rythme et le rappel de formules mélodiques créent un univers sonore particulier, est plus appropriée à cette recherche que la musique dite classique, c'est à dire formée à partir de gammes mineures ou majeures.
Lorsque l'esprit a atteint un certain calme, le corps va pouvoir s'éveiller aux sons. La musique n'est plus entendue par l'intermédiaire de l'ouïe. L'ensemble du corps, devenu perméable aux vibrations, se laisse pénétrer par la mélodie qui l'enveloppe et le fait vibrer. Les sens s'éveillent, libérés de la tyrannie du mental. Le corps apprend à co-naître par lui-même. Ce n'est plus la mémoire des sensations qui s'impose, mais la sensation elle-même, pure, dans l'instant. C'est ici et maintenant que je suis, et non hier ou demain, là ou là-bas. L'instant saisi dans toute sa plénitude ouvre alors à l'éternité.
Le mental et le corps purifiés vont permettre au cœur de s'ouvrir. Pour les Pères de l’Eglise, le cœur est le lieu de l'esprit purifié, le centre de l'homme, l'endroit d'où tout doit venir. Il faut d'abord le débarrasser de ce qui l'opacifie, séparer les émotions des sentiments et les sentiments de l'amour, sentiment ultime, vie du cœur. La musique sacrée fait fondre les cœurs de pierre, les purifie et les transforme en calice pur, coupe offerte au monde et à Dieu.
L'être unifié, purifié d'un moi dominateur, devient prêtre dans toute la plénitude du mot, c'est à dire intermédiaire actif entre Dieu et l'univers. Offert en totalité à la vie divine, il fait monter vers Dieu le cri du monde et renvoie au monde la réponse divine de l'amour, la plénitude de l'Esprit. Temple du Saint Esprit, l'être se transfigure et se divinise.
C'est ainsi qu'en réalité cela devrait être, la grâce divine habitant au plus profond de nous, dans notre cœur. Le Seigneur a dit : "Le royaume des cieux est au-dedans de vous". Par le royaume des cieux, il entend la grâce du Saint-Esprit. Ce royaume de Dieu est en nous maintenant. Le Saint-Esprit nous illumine et nous réchauffe. Il emplit l'air ambiant de parfums variés, réjouit nos sens et abreuve nos cœurs d'une joie indicible. Staretz Séraphim de Sarov
03:08 Publié dans 52. Théorie de la musique, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
08/01/2021
Perception
Lorsque la conscience s'abandonne, c'est-à-dire lorsque la perception de soi se résume à un voile transparent entre le naturel et le surnaturel, l'univers se dévoile : la distance et la durée, l'espace et le temps s'abolissent, chaque chose, chaque être peuvent être perçus intérieurement.
06:52 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moi, soi, intérieur, extérieur | Imprimer
07/01/2021
Conscience et paradoxe
Être là ou l’absence
Quand tu es là où es-tu?
Seul ton corps est présent
Il est là
Il occupe une part de l’espace-temps
Il peut lui arriver de bouger
Il passe du temps à changer d’espace
Il change d’espace en prenant du temps
Espace et temps sont une seule et même chose
Le mouvement c’est la vie
Et la vie c’est la conscience de ce mouvement
La conscience est seule intemporelle
Et donc non spatiale ni temporelle
Mais pour en prendre conscience
Il faut l’oublier
La conscience n’existe réellement
Que lorsqu’elle n’est plus
Ou plutôt lorsqu’on n'en a plus conscience
07:04 Publié dans 42. Créations poèmes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : présence, absence, conscience, non-être | Imprimer
05/01/2021
La musique sacrée : voie de purification (8)
Enfin, la musique fait appel à l'intellect de deux manières : . Par le son et les rapports entre eux, elle est un phénomène mathématique, quantifiable. Déjà les grecs, il y a deux mille ans, étudiaient la musique pour y trouver les lois de l'univers. Le solfège, l'étude de l'harmonie et du contrepoint, sont une science exacte, une mathématique complexe faisant appel aux bases 7 et 12. C'est la mise au point de l'écriture musicale qui a transformé, en Occident, la conception de la musique. Le chant, par la lecture, s'est intellectualisé, est devenu plus savant, mais a perdu sa spontanéité, son jaillissement intérieur. . Par l'évolution progressive des possibilités musicales, la musique contemporaine est devenue un art d'intellectuel, réservé à une élite qui admire les constructions mathématiques, la technicité poussée à son maximum. Dans cette forme d'art, qu'on retrouve dans certaines œuvres cubistes, dans le Nouveau Roman, l'artiste se met en valeur et évacue souvent la dimension sacrée de l'art. En conclusion, le moi n'est pas permanent. Son aspect momentané dépend de la fonction activée du moment. Il évolue sans cesse. En quelques instants, je passe du raisonnement à l'émotion, du sentiment au désir. Généralement il y a une fonction qui prédomine en nous : la présence physique ou l'intellect est plus marquée chez l’homme ; la femme vit plus dans l'affectivité. Mais ce ne sont que des tendances générales. Notons également qu'à travers la musique, nous pouvons prendre conscience que chacun de ces centres existant en l'homme possède un aspect positif et un aspect négatif. Ainsi, la rêverie romantique recherchée dans la musique accentue l'aspect négatif de l'imagination qui n'est dirigée vers aucun but précis. L'oubli des pensées négatives que permettent certaines musiques constitue une utilisation instinctivement positive de la musique.
Le lieu du moi
La voix humaine n'est pas seulement un moyen d'expression. Elle est aussi un instrument de connaissance, un indicateur de l'état d'être du moment et au-delà de notre véritable être. Chacun sait que la voix trahit l'émotion, que son débit, sa hauteur indique l'état émotionnel du moment. Les comédiens et les chanteurs apprennent à contrôler leur voix, en travaillent les inflexions et pratiquent l'imitation pour arriver à la maîtrise de l'émission. Dans le domaine spirituel, les maîtres se penchent sur l'origine physique de la voix : où le moi résonne-t-il en moi lorsque je dis moi?Expérience intéressante à pratiquer dans la solitude : je prononce moi à haute voix, je chante moi, et je tente de saisir où, en moi, résonne le mot, d'où part la vibration profonde de l'évocation du moi. Cela peut se situer dans la tête, dans le cœur, dans le ventre, ou encore entre deux. Cette sensation de lieu indique la fonction dans laquelle nous vivons le plus : l'intellect, l'affectivité, le centre moteur... Ce lieu se révèle dans la voix, car il est le point de naissance du verbe. Ainsi, au fond de lui, chaque être a sa propre harmonique, son propre son qui entre en vibration avec d'autres sons. Ce son n'est jamais pur. Son timbre est voilé par l'aspect négatif de chaque fonction (la crainte, le désir de raisonner, le contentement du moi, etc.). Sa hauteur dépend du lieu de l'être où se situe le moi. Sa profondeur dépend de l'harmonie qui existe ou non entre chaque fonction.
07:15 Publié dans 52. Théorie de la musique, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chant, spiritualité, numineux, religion | | Imprimer
27/12/2020
La musique : voie de purification
La musique sacrée n’a pas seulement pour fonction d'exprimer le mystère divin et de faire percevoir à celui qui l'écoute le Verbe caché dans les êtres et les choses. Elle est aussi voie d'ascèse et de purification. Dans la musique et en particulier le chant, l'être s'oublie, s'ouvre, se purifie, se livre au mystère et le découvre par communion intime du corps, du cœur et de l'intellect. Celui qui s'engage sur cette voie a déjà été touché profondément par les deux autres aspects de la musique sacrée. Consciemment, il va chercher à progresser sur le chemin en plusieurs étapes : . prise de conscience de son absence d'unité, . perception de son état d'être, . purification du moi et unification, . harmonie. La musique devient ascèse. Elle n'est plus perçue de l'extérieur, elle devient son intérieur qui naît dans le silence de l'âme, prière purifiée de l'agitation du mental.
Prise de conscience de son absence d'unité
L'homme n'a pas de moi permanent et immuable. Chaque pensée, chaque humeur, chaque désir, chaque sensation dit "moi". Et chaque fois, on semble tenir pour assuré que ce "moi" appartient au Tout de l'homme, à l'homme entier, et qu'une pensée, un désir, une aversion sont l'expression de ce Tout. En fait, nulle preuve ne saurait être apportée à l'appui de cette affirmation... L'homme n'a pas de "moi" individuel. A sa place, il y a des centaines de petits "moi" séparés, qui le plus souvent s'ignorent, n'entretiennent aucune relation, ou, au contraire, sont hostiles les uns aux autres, exclusifs et incompatibles. A chaque minute, à chaque moment, l'homme dit ou pense "moi". Et chaque fois son "moi" est différent. A l'instant c'était une pensée, maintenant c'est un désir, puis une sensation, puis une autre pensée, et ainsi de suite, sans fin. L'homme est une pluralité, le nom de l'homme est légion. Il n'y a rien dans l'homme qui soit en état de contrôler ces changements des "moi", principalement parce que l'homme ne les remarque pas ou n'en a pas idée. Il vit toujours dans son dernier "moi".
Ouspensky, Fragments d'un enseignement inconnu
Percevoir cette absence d'unité que tous les spirituels décrivent, c'est prendre conscience de la fonction qui en nous prédomine sur les autres et nous empêche d'avoir une perception globale du monde.
07:35 Publié dans 52. Théorie de la musique, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique religeuse, spiritualité, chant monodique | Imprimer
26/12/2020
Chants grégoriens
https://www.youtube.com/watch?v=ljci52UccLE&prefetch=1
J'erre et ne suis plus
viens et entre en toi-même
il trouva la paix
05:54 Publié dans 51. Impressions musicales, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chants monodiques, grégorien, a capella | Imprimer
25/12/2020
Le jour de Noël
La liturgie du temps de Noël nous convie à méditer les trois aspects du mystère de l’Incarnation.
D’abord la naissance éternelle du Verbe qui reçoit éternellement la nature divine du Père. C’est à ce titre qu’est lu dans la messe du jour de Noël le prologue de l’évangile de Saint Jean : Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout s’est fait...
Ensuite, la naissance temporelle du Verbe dans l’histoire des hommes : et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous...
Enfin, la naissance spirituelle du Verbe en chacun de nous pour donner vie à l’église, corps mystique du Christ : tous ceux qui l’ont reçu, ceux qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu.
Comme les enfants dans la nuit de Noël
Cache-toi sous ta tente et entre en toi-même
Considère le passé, envisage l’avenir
Interroge-toi sur le présent
Prend conscience du faux plein en toi
Envisage le vide de ta conscience
Laisse aller ce moi que tu chéris
Et fait naître en toi celui qui est
Il t’ouvrira les portes de l’infini
07:08 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fête, intériorité, aspiration | Imprimer
19/12/2020
Certitudes
Ne pas vivre de certitudes. C’est à la fois plus simple et plus difficile que d’en vivre.
Plus simple parce que cela soutient devant le vide. Plus difficile parce qu’il faut perpétuellement les consolider ou même les rebâtir.
La seule certitude est l’amour. La connaissance n’apporte pas de certitudes, elle ne fait qu’aider à ne pas en avoir.
Comme il est difficile de n’être sûr de rien, sauf de l’amour. Au fond, l’amour c’est l’espérance : garder l’espérance devant toutes les incertitudes.
01:59 Publié dans 45. Maximes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : principe, connaissance, amour | Imprimer
13/12/2020
Osmose
Le chemin de la vie est long.
Il consiste, dans un premier temps, à connaître le monde et tout d’abord son environnement immédiat. C’est le rôle de la première enfance : trouver sa place parmi ses proches. Puis, s’étend votre connaissance de la vie et de la beauté du monde lors de la grande enfance et de l’adolescence qui va permettre de découvrir une vie intérieure, personnelle, par petites touches réalistes, comme un autre monde faisant irruption dans le monde habituel. On ne sait d’où viennent ces impulsions, impressions, désirs ou rejets, mais ils s’ancrent en nous et ressortiront plus tard. Ce sont des instants brefs, qui marquent au fer rouge l’écoulement du temps et la connaissance du soi. Alors, progressivement, apparaissent, sans vraiment y songer la question de ce que l’on faire de sa vie. Ce ne sont que des images qui, peu à peu, s’imbriquent les unes dans les autres, parfois de manière contradictoire, pour laisser des choix à prendre en compte consciemment jusqu’au choix de l’adolescence. On croit savoir alors ce que l’on veut faire de sa vie, mais ce n’est que la vie extérieure, le plongeon dans la machine à laver du monde.
Puis vient la découverte de la vie intérieure et de la connaissance de soi. Là aussi, ce ne sont que de petites touches : ses faiblesses, ses fausses certitudes, ses échecs, ses espérances d’autres choses. On a déjà construit sa vie extérieure et l'on découvre qu’il existe une nouvelle frontière, invisible, qui vous étouffe en raison des habitudes qu’elle entraîne et qui vous lient à votre destin d’homme dans le monde. Vous découvrez le monde intérieur, l’entrée en vous-même et l’infini de votre personne qui va bien au-delà de ce que vous-même et les autres connaissez. Vous faites alors connaissance de votre dualité, le moi, ce personnage intime que vous vous efforcez de mettre en avant et un soi, lointain, mais étrangement proche et plus vrai, que le personnage. Vous pouvez décider de partir ou non en exploration de ce nouveau monde, si différent de celui que vous connaissez. Mais il faut apprendre à franchir la frontière invisible et impalpable entre l’extérieur et l’intérieur, le moi et le soi, le mensonge à soi-même et la vérité à percer.
C’est une nouvelle quête que cette entrée en soi-même qui vous fait découvrir et l’infini de votre être et par là même l’infini du monde et de sa réalité. Il faut alors apprendre à entrer en osmose avec vos deux vies, puis à les unir dans votre propre réalisation.
05:05 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, spiritualité, inrérieur et extérieur, exploration, expérience | Imprimer
24/11/2020
La musique sacrée: expérience du lumineux
Le terme mystique, qui se rapproche en français du terme musique, est devenu un terme galvaudé et péjoratif. Pour l'esprit scientifique moderne, le mystique est un doux rêveur dont les fantasmes religieux lui permettent d'éviter les souffrances du monde. Pourtant depuis des milliers d'années, des hommes de toutes races, de toutes religions, ont consacré leur vie à ce désir impérieux qui les poussait vers Dieu.
Ne pouvant exprimer cette expérience, ils l'ont transmise par d'autres moyens : symboles, rites, liturgie, musique spécifique.
Mais d'abord, quelle est cette expérience ? Comment l'éprouve-t-on ?
L'au‑delà du voile
Tout homme un jour ou l'autre, sans en avoir une conscience bien nette, a fait l'expérience de la caresse de Dieu qui fait tomber les écailles des yeux, qui débouche les oreilles et dévoile l'empreinte de son amour sur le monde et les êtres:
C'était un matin d'hiver quand le givre envahit la campagne...
C'était un soir d'été lorsque le soleil cesse sa course à l'horizon et suspend le temps...
C'était un jour un regard qui bouleverse par sa transparence et sa profondeur...
C'était le chant des moines au cours d'un office, lors de la visite d'une abbaye...
Instant d'émerveillement, de pureté et d'éternité.
Le monde se dévoile alors dans sa beauté intime comme la jeune mariée se dénude devant celui qu'elle aime.
L'expérience de cet au‑delà du voile peut se manifester très différemment, bien que ce soit une seule et même expérience :
. tremblement et crainte : le tout autre nous fait prendre conscience de notre petitesse ;
. intuition du mystère : comme un mot que l'on cherche dans sa mémoire et que l'on ne peut trouver ;
. dévotion et respect : l'être est pénétré d’admiration ;
. joie et allégresse : elle s'exprime par les cris, le rire et la danse, mais aussi par l'oubli des soucis du monde ;
. amour et communion : c'est la découverte de l'agapè, amour pour tous les êtres, toute la création, que chante si bien le cantique des trois enfants dans le livre de Daniel.
La quête du numineux
Alors commence la quête. Alors l'âme, comme la bien-aimée du Cantique des cantiques, ne cesse de chercher le bien-aimé qui l'attire dans une distance toujours renouvelée.
L'épouse parle : "J'ai cherché dans la nuit à savoir quelle est son essence... Mais je n'ai pu trouver. Je l'ai appelé d'autant de noms qu'on en peut nommer, mais aucun nom n'a eu la force de l'atteindre. Comment en effet pourrait-on atteindre par un nom celui qui est au-delà de tout nom".
Grégoire de Nysse
Cours aux sources, aspire aux fontaines,
En Dieu jaillit la source de la vie,
Une source qui ne peut tarir.
Dans sa lumière se trouve une lumière
Que rien ne pourra obscurcir.
Que ton désir aille à cette lumière
Que tes yeux ne connaissent pas.
L'œil intérieur se prépare à voir la lumière.
(L'ouïe intérieure fait silence face au logos)
A la source, la soif intérieure brûle de s'abreuver.
Augustin d'Hippone
Cette recherche est la recherche propre du mystique, au‑delà des doctrines religieuses. Elle s'exprime différemment selon les lieux, mais elle est même.
Notre culture chrétienne l'évoque à travers des termes que nous avons peu à peu déchargés de leur contenu mystique. L'église catholique propose les termes de naturel et de surnaturel au risque de dénaturer la puissance évocatrice du second et son étroite communion avec l'autre. En effet :
Le surnaturel est une adoption, une assimilation, une incorporation, une transformation qui assure à la fois l'union et la distinction de deux incommensurables par le lien de la charité... Il est fait pour être en nous, sans être jamais pour cela issu de nous, venu de nous.
Maurice Blondel
Puisant ses sources dans les écrits des Pères de l’Église, l'orthodoxie parle d'invisible dans le monde visible, ou d'immatériel ou encore d'inconnaissance.
La manière de connaître Dieu qui est la plus digne de Lui, c'est de le connaître par mode d'inconnaissance, dans une union qui dépasse toute intelligence.
Denys l'aéropagite
Cependant, on note chez un théologien orthodoxe contemporain, Paul Evdokimov, la recherche d'un mot qui pourrait lui permettre d'exprimer justement ce que la notion de surnaturel recouvre :
Avant tout, le sacré s'oppose aux éléments de ce monde et présente l'irruption de ce que R. Otto appelle "l'absolument autre", différente de ce monde... L'acte qui rend sacré retire une chose ou un être de ces conditions empiriques et le met en communion avec le numineux, ce qui change leur nature et fait immédiatement ressentir à l'entourage le mysterium tremendus, le tremblement sacré devant la présence du numineux. Ce n'est point la peur de l'inconnu, mais un effroi mystique très caractéristique qui accompagne toute manifestation du transcendant, son rayonnement énergétique à travers les réalités de ce monde.
Paul Evdokimov
Le terme numineux est de R. Otto :
"Si lumen a pu servir à former lumineux, de numen (divinité, puissance divine), on peut former numineux." (Le sacré, Paris 1929, p.22)
05:38 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, harmonisation, être, invisible | Imprimer
11/11/2020
Sincérité
Pouvoir et savoir toujours être sincère. Être de plus sincère non seulement avec les sentiments, mais également par la raison. Se référer plutôt à ce que l’on sait qu’à ce que l’on croit. Il n’est pas donné à tous de savoir par l’amour. Si nous savions tout aimer, nous n’aurions pas besoin de la connaissance pour savoir.
06:20 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vérité, ouverture | Imprimer
27/10/2020
L'autre
L’autre est un être à part. Le vois-tu sans le voir ? Alors tu ne vois pas non plus l’univers, ni même le monde spirituel, pire, ni même le néant.
Tu n’es toi-même qu’un néant face à l’existence.
Ouvre tes yeux, ouvre ton cœur et habite ton être ! L’autre vaut plus que toi-même.
02:15 Publié dans 11. Considérations diverses, 45. Maximes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sentence, maxime, considérations | Imprimer
24/10/2020
L'autre
L’autre, qu’est-il ?
Un inconnu ? Je ne sais d’où il vient, ce qu’il fait, ce qu’il est. C’est un autre moi-même, inconnu.
Une connaissance ? Je sais ce qu’il fait, voire d’où il vient, mais j’ignore qui il est. Je ne connais que son moi, plus ou moins prenant.
Un ami ? il a dévoilé quelque peu qui il est. Je suis entré dans son intimité, ses secrets personnels à un certain moment de sa vie. Puis les liens se sont relâchés ou ont duré. Il est devenu un souvenir sympathique.
L’amour de ma vie. Qu’elle est belle dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps. Elle me porte, me soutient, m’accompagne. Avec elle, je suis ? Sans elle, je ne suis rien, qu’un morceau de chair qui attend la fin. Elle m’ouvre à d’autres horizons et m’enferme dans un cocon de douceur. Elle est mon refuge. Je deviens elle et cela m’aide à vivre.
Respire le vent du large et laisse tomber ta prison, ce moi que tu ne peux et que tu ne peux lâcher.
04:51 Publié dans 11. Considérations diverses, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : toi, moi, autre | Imprimer
20/10/2020
Il est deux
Fermé sur lui-même
il s'efforce d'être un
il est pourtant deux
Le Moi est support
le Soi est évanescent
le rien entre deux
pourtant il revient
contemple sa moitié
et pleure de joie
03:36 Publié dans 21. Impressions picturales, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, symétrie | Imprimer
18/10/2020
Lumière
Dieu, c’est l’autre
Mais il faut ouvrir grand les yeux
Cela ne signifie pas qu’il faut voir avec les yeux de l’autre
Mais simplement ne voir que la lumière
04:40 Publié dans 42. Créations poèmes, 45. Maximes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture, littérature | Imprimer
17/10/2020
La foi
Avoir la foi. Je me suis toujours demandé ce que cela pouvait être. Cela semblait tellement rébarbatif et austère. Je me rendais bien compte que je ne l’avais pas, mais également que je n’avais pas envie de l’avoir. Cela semblait trop triste, comme un écrasement de soi.
Je vois maintenant que je confondais foi et anéantissement du moi. Auparavant trouver l’âme, découvrir le Soi. Peu importe l’appellation qu’on lui donne. Se sentir soulevé par l’esprit et pleurer de joie de cette découverte.
04:34 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : retournement, moi, soi | Imprimer
15/10/2020
Déité et humanité
Dieu est Dieu parce qu’il est créateur
L’homme ne devient homme que lorsqu’il est créatif
07:10 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : création, divin, humanité | Imprimer
11/10/2020
Sentence
L’amour, c’est l’action dans le renoncement de soi.
Alors l’action ne peut être que juste.
06:59 Publié dans 45. Maximes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sentence, maxime, axiome, apophtegme | Imprimer
06/10/2020
La sainteté
Il y a trois sortes de saints.
Les saints d’un jour meurent en héros, sur l’impulsion du moment ou, parfois, en fonction des circonstances. Ils sont l’objet d’acharnement des autres, mais restent profondément enracinés dans leur foi, alors qu’ils auraient pu la renier et vivre. Ils sont le don à l’état pur, l'impulsion du moment.
Les saints de toujours ne savent pas ce qu’est la sainteté. Il leur paraît naturel de faire et d’être selon ce qui les incline à la transparence. Ils perçoivent la pureté comme étant le but de leur vie et celle-ci leur paraît naturelle. Leur seule volonté est de sentir la présence de Dieu à chaque instant de leur vie.
Les saints sans recours sont des êtres de foi qui agissent parce que la règle est la règle et qu’elle ne peut être dérogée. Ne vous laissez pas prendre dans leurs filets. Ils meurent droits dans leurs bottes, mais n’ont jamais profité du regard déifiant de Dieu. Seuls les hommes les proclament saints.
07:47 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sainteté, comportement, ouverture | Imprimer
05/10/2020
Être
jE NE PENSE PAS, DONC JE SUIS
JE NE SUIS PLUS, DONC JE SUIS
Ce n'est qu'au-delà de la pensée que se manifeste la perception de l'être, lorsque, en nous, est mort ce qui constitue le moi, que nous pouvons dire Je Suis. Alors la déité se manifeste, l'existence devient lumière et nous irradie de bonheur. Je suis parce qu'Il Est en moi.
07:48 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : existence, déité, présence | Imprimer
02/10/2020
L'art religieux
L’art a deux buts. L’un, d’ordre matériel, humain, naturel, qui est d’exprimer la beauté de l’univers. L’autre est plus mystérieux. L’art religieux est une prière de reconnaissance vers la déité, l’expression de la plénitude de la vie par la découverte de la magnificence du don divin. Il participe à la création divine en renvoyant l’homme à son être intérieur qui, lui-même, renvoie au monde divin la prière humaine. Le véritable résultat de la prière est cette symétrie cachée de l’action humaine envers le monde divin : l’homme est une parabole qui recevant le don de la vie, la renvoie au monde divin par la prière pour faire progresser l’avènement ultime de l’univers.
Ainsi une église, un tableau, une musique, un poème sont des prières l’état latent, en ce sens que l’homme entrant en harmonie avec elles les font monter ver Dieu. Le corps de l’homme devient ainsi un temple où l’objet religieux se transforme en prière par l’action de chaque personne qui entre en vibration avec l’œuvre. L’homme devient intermédiaire entre le monde matériel et le monde divin, une sorte de récepteur-émetteur qui aide à l’évolution cosmique. De même qu’il existe des lieux privilégiés où l’homme est plus enclin à la prière et devient l’intermédiaire, de même il existe, par exemple, un espace musical ou visuel que chaque homme peut transformer à tout moment en prière. Toute œuvre d’art n’est qu’une prière potentielle qui participe d’autant mieux à son but qu’elle pousse le commun des mortels à se tourner vers une rencontre avec le divin.
Il y a donc un double mouvement : l’homme devient temple spirituel en étant lui-même temple matériel de l’univers participant à la création et renvoyant au monde divin la participation à l’avènement final de la création, l’union de l’homme et de Dieu dans la parousie.
04:29 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : prière, art religieux, intériorité | Imprimer
01/10/2020
Sentence
L’amour, c’est l’action dans le renoncement de soi.
Alors l’action est ne peut être que juste.
07:06 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sentence, maxime, axiome, apophtegme | Imprimer
11/09/2020
Dans la peine
Dans la peine, choisis ton camp
L’un ou l’autre ou aucun des deux
Le moi choisit, le soi attend
L’esprit va sans savoir où il va
Il ne se trompe pas de chemin
Il va vers la lumière
Même s’il l’ignore encore
07:15 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
29/08/2020
Que ma prière s'élève devant toi comme l'encens
https://www.youtube.com/watch?v=nG5gEzymh5c
La vie est dans l'autre et le monde
non en soi
mais il faut entrer en soi pour la trouver
02:49 Publié dans 51. Impressions musicales, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : psaume, chant orthodoxe | Imprimer
18/08/2020
Humanité
Un soir, une chambre d’hôtel. Le vide devant ce monde qui va et vient. Pourquoi tout ce mouvement ? Qu’y trouve-t-on ?
Seul l’amour sauve du désespoir.
Avec l’amour, le monde devient humain.
Ne te laisse pas submerger par le monde.
04:09 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vide, monde, social, amour, désespoir | Imprimer
17/08/2020
Il est vivant.
« Le Christ est vivant ».
Deux voies conduisent à sa rencontre : une voie externe, une voie interne.
La voie externe est la contemplation du monde et des hommes (de tout ce qui est hors de son corps) en s’oubliant soi-même (et c’est là le plus important. Le Christ se manifeste alors à travers la création, à travers la vie puisqu’il est la vie.
La voie interne est la contemplation du Christ en soi, en oubliant le monde et en s’oubliant soi-même pour n’être que son tabernacle. Instant divin où l’on sait que le Christ est vivant puisqu’on le sent vivre en soi, agir en soi. Ce n’est qu’alors qu’on peut se dire témoin du Christ, en ayant celui-ci en soi et en étant en Lui.
07:01 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, soi, lui, témoin | Imprimer
14/08/2020
Chercher
Presque chaque jour, il faut refaire le chemin, redécouvrir la porte de l’autre monde, s’en pénétrer et chercher, toujours chercher. On ne peut croire et vivre qu’en étant conscient de cet autre monde que l’on découvre en nous et qui nous submerge jusqu’à nous faire disparaître. La clé du royaume est en nous et sa serrure en est le cœur.
Quelle difficile montée que cette descente en nous. L’illusion sans cesse nous rattache au monde. Aller au-delà des contraires et passer de la perception habituelle du moi où l’on se perçoit face au monde à la perception d’un nouveau monde qui grandit en soi et où nous ne devenons qu’une enveloppe donnant sur l’extérieur qui grandit à l’infini jusqu’à abstraire le monde matériel. Le moi alors n’existe plus.
La porte de ce nouveau monde est le cœur. Lui seul, par la vie qui est en lui, nous ouvre les sens intérieurs et permet une vue pure. La lutte consiste à vivre avec la claire vision du monde spirituel en nous. La grâce est cette pulsion interne ressentie dans le cœur qui nous porte vers le monde spirituel et entretient la lumière et la paix intérieure. Mais cette paix n’est pas la paix divine. Il faut toujours s’efforcer de la chercher au-delà et nous surpasser pour entretenir sa présence.
07:20 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le royaume, le moi, le soi, le coeur | Imprimer
08/08/2020
Etapes
La méditation est double. Il y a une première méditation, méditation inférieure, dirigée par le mental, destiné à augmenter la concentration sur un point, puis une méditation supérieure où le mental est transcendé, moment où l’Esprit divin s’empare du moi et nous guide. Il y a alors une rupture perçue physiquement et consciemment dans un mouvement de double spirale, ascendante de l’âme vers le spirituel, descendante du corps vers le matériel (corps : mental, sentiment et physique)].
Là, il n’y a plus de pensées conscientes, mais des intuitions plus ou moins fortes selon la grâce de l’Esprit en nous. L’âme est orientée alors soit vers l’intelligence divine, soit vers l’amour divin.
Au-delà de la méditation est la contemplation du monde divin, grâce immense qui n’est pas toujours accordée malgré les efforts. Celle contemplation est au-delà de toute pensée, dans une tension entière de l’âme vers Dieu, amour sans imagination, mais très réelle, même plus réelle que l’amour avec imagination.
07:32 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : méditation, contemplation, intuition | Imprimer
31/07/2020
Frontière
Entre la résignation et la révolte…
Une frontière à rebâtir chaque jour, un équilibre à trouver.
Peut-être est-ce cela la richesse : ne tomber ni dans l’un ni dans l’autre.
Être, c’est sans doute ne plus pouvoir choisir.
Mais cette pauvreté est richesse personnelle !
07:10 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pauvreté, richesse, choisir | Imprimer