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25/01/2017

Un silence étonnant

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Ils tendent leurs bras vers le ciel,
Tels des prisonniers revêtus de chaînes,
Leur taille n’impressionne plus.
Seul le silence étouffé par le gel
Crie leur souffrance.
Rien ne bouge.
Ce n'est qu'avec leurs ailes déployées
Qu'ils tiennent encore debout !

 

 ©  Loup Francart

08/11/2015

La Mayenne, sens dessus dessous

L’irréalité du soir envahit les bords de l’eau. Elle devient ciel et cette beauté transmise par l’oeil du photographe vous dédouble vous-même et inspire un double fortuné de rêves délirants.

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Mais s’agit-il d’un rêve ou d’une réalité transformée par la symétrie. L’univers serait-il dédoublé pour le plaisir des yeux ?

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Le ciel et la terre confondus en un ensemble dont la symétrie fait douter de son existence :

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18/10/2014

Arrière-plan

Tel est le titre de l’exposition d’Alain Bublex à la galerie Vallois 36 rue de Seine Paris 6ème. Mais ce sont tantôt des arrière-plans, tantôt des avant-plans, tantôt des retouches dans un paysage encore entier que pratique Alain Bubex. Admirez par exemple ce pont peint sur ce paysage sylvestre. Il semble vrai, enjambant la vallée, féminisant le décor de sa gracieuse courbure, donnant un poids humain à la sauvagerie du lieu.

Là c’est cette fois l’inverse. Le mont Fuji est peint derrière ce paysage de mer. Tout l’arrière-plan est inventé et produit un effet de décalage qui s’accommode cependant bien avec le premier-plan.

Ici, seul le premier-plan est photographique. Et encore, on voit le reflet de l’usine dans les divergences de l’eau ? Où commence la réalité, ou finit la fiction ? On ne le sait et cette ignorance provoque un trouble dans les certitudes de notre cerveau. Est-ce que je rêve ?

Mais Alain Bublex peint également des paysages modernistes et industriels tel ce tableau au dessin simple, à la peinture à plat, qui semble sortir d’un papier de bonbon des années 70.

Quel contraste avec cet autre paysage  montagnard où l’homme apparaît perdu dans le coin gauche du tableau, à cheval. Là aussi une peinture à plat, irréaliste, mais poétique par cette lumière mystérieuse éclairant l’arrière-plan sans cependant illuminer l’avant-plan.

Enfin, que dire de cette transformation d’une maison de banlieue en usine à gaz ?

D’une manière générale, les tableaux d’Alain Bubex tournent autour de deux thématiques ; l’architecture et les moyens de transport, automobiles en particulier. Mais disons également que c’est le contraste entre la modernité réaliste et la nature réelle des rues, paysages ou autre objet, qui l’intéresse. Ce mélange surprenant entre la photo et la peinture donne une vision décalée qui interpelle le spectateur et l’oblige à entrer dans la poésie du mélange.  

12/04/2014

Bertrand Flachot, photographe et dessinateur

Bertrand Flachot ne se contente pas de prendre de bonnes photos, il les "enrêve" de barbe à papa et les transforme en paysage magnifique et évocateur qui prolonge la réalité au-delà de l’espace stricte de la photo elle-même.

 

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Oui, ce sont bien des photos, soignées et enjolivées de traits brouillons et sans forme qui leur donnent un air d’irréel plein de charme.

  

 

Il élabore ainsi des séries : arborescences, sédiments, diffractions, involutions, qu’il compose avec patience, acharnement, jusque dans la galerie en débordant sur les murs. Il a dû, enfant, être le champion du gribouillage, et cela lui a réussi, car c’est un artiste et non un communicateur qui cherche à en mettre plein la vue.

 

 

  

Voici ces cahiers de dessin : des cartes du temps et de l’espace, trace de l’homme dans l’éternité. Oui, c’est beau de simplicité et d’innocence.

 

 

 

  

La montagne vient à lui, s’insère dans la maison, se fond entre les murs, imprégnant l’atmosphère de paysages obsédants et de neurones qui pénètrent la conscience. Est-ce une photo, un dessin, un rêve, une réalité flou. On ne sait et peu importe. Ce qui compte, c’est l’impression que le sujet procure à celui qui le regarde.

Même l’humain est sujet d’étonnement frisotté d’un romantisme délicat :

Allez voir cet artiste étonnant à la Galerie Felli, 127 rue Vieille du Temple 75003 Paris. Vous ne perdrez pas votre temps et en découvrirez un autre !

14/10/2013

Les photographies de Robert et Shana Parke-Harrison

Et voici d’autres artistes américains tout aussi loufoques qu’Ethan Murrow, mais aussi doués, dans un processus de création très différent. Ce sont en effet des photographes. Mais dotés d’une imagination sans limites.

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Ils réalisent leurs tableaux, parce que l’on peut bien parler de tableaux, c’est-à-dire d’une vision du monde propre à l’artiste, à partir de premières photographies montées sur papier grand format, qu’ils ajustent de façon à créer une véritable scène, dans laquelle leurs personnages jouent un rôle comique, naïf, navrant ou poétique. Tout cela est photographié à nouveau pour donner ces chefs d’œuvre imaginatifs.

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« Notre processus de création tente bien souvent de faire une réplique de ce qui se passe dans les rêves, où des éléments n’ayant visiblement rien à faire ensemble, obéissent tous à un instant placé dans un cadre narratif plus grand (…) Nous recherchons divers sujets pendant quelques mois. Ensuite nous commençons à développer les idées et à faire des croquis des images. À partir de là nous fabriquons les accessoires et commençons à expérimenter en photographiant tout cela. Nous continuons à développer les accessoires et les idées jusqu’à ce que nous obtenions l’image désirée. Nous la photographions à ce moment-là. Puis nous collons plusieurs images afin d’obtenir l’impression finale qui est ensuite montée sur un panneau puis peinte. »

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Chaque personnage est confronté à la nature, envoûtante, belle et étrange. Chaque morceau de celle-ci est détourné de sa fonction réelle. Regardez ce pré tout ce qu’il y a de plus banal. Il devient une couverture gigantesque que le personnage s’efforce de tirer vers lui pour recouvrir une terre aride, le tout sous un ciel normal, tranquille, un ciel de tous les jours.

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Et là, quelle étrange machine, une sorte d’avion, dirigeable, hélicoptère, encombrée d’hélices, de seaux, tournant dans un ciel irréel, avec un personnage qui sème ou laisse tomber quelques pièces d’on ne sait quoi !

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 Oui, il faut sauver cette terre qui, malgré ses défauts, fait de nous ce que nous sommes, des hommes perdus dans l’immensité, et dont la tâche est d’instaurer un monde plus clair, plus humain. Mais quelle tâche difficile qui demande tant et tant d’efforts !

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 Alors, parfois, cet homme pète les plombs et s’envole vers un monde encore plus irréel…

 

 

 

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Ou plus poétique…

 

 Ces artistes sont exposés à la galerie Suzanne Tarasieve, 7 rue Pastourelle 75003 Paris.

24/08/2013

Où sommes-nous ?

Il arrive parfois qu’à la vue d’un paysage l’œil se demande ce qu’il regarde. Où suis-je ? me murmure-t-il à l’oreille. Alors le cerveau s’enflamme. Ce qu’il voit ne correspond pas à ce qu’il ressent, ni à ce qu’il sait. Là, la réalité dépasse la fiction. Cela tourne dans la tête comme dans le tambour d’une machine à laver et même quand cela s’arrête, ce n’est pas suffisamment à l’horizontal pour qu’on commence à avoir une idée précise de la réalité. J’ai un kaléidoscope dans la tête, et j’ai beau remuer les morceaux de verre pour les mettre à l’endroit, rien ne vient. On s’affole donc : qu’est-ce ceci ?

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Un lac vu de la rive boisée avec quelques bateaux flottant tranquillement sur la surface calme de l’eau. Le soleil est actif, l’eau devient ruisselante de lumière et prend ce ton éblouissant, quasi aveuglant, qui procure à l’œil un défaut de vision par saturation. Lac enchanteur des jours d’été, envie impulsive de plonger dans une eau pure et fraiche, bonheur sensuel des corps au-delà de toutes considérations intellectuelles.

La photo suivante, enclenchée cinq à six secondes après cette première prise de vue, donne une vision fondamentalement différente.

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Je suis transporté à l’ombre des bois, en pleine campagne, auprès d’une prairie verdoyante où paissent quelques bêtes. C’est le matin, la lumière est crue, mais tamisée par la tendresse de l’éveil. C’est là aussi l’été, mais un été plus tendre, plus alangui, et cependant revigorant.

Le plus curieux n’est pas cette différence de sensation entre deux clignements d’œil qui fait bouger les pièces du kaléidoscope, mais le fait que cette sensation bizarre n’est pas due à la réalité, mais aux photos de cette réalité. Il n’y a aucun trucage. Mais l’œil mécanique a manifesté un semblant d’insuffisance humaine. C’est bon de savoir que la technique a également des difficultés d’adaptation.

28/12/2012

Retour à l’intime, la collection Giuliana et Tommaso Setari, à la maison rouge

L’opuscule qui nous est remis à l’entrée précise que cette neuvième collection est une étape hors des sentiers battus. J’ajouterai, pour être plus exact, que c’est un saut dans l’artefact au sens où l’artéfact est un effet (lat. factum) artificiel (lat. ars, artis). Le terme désigne à l'origine un phénomène créé de toute pièce par les conditions expérimentales, un effet indésirable, un parasite. Mieux même, « dans plusieurs domaines scientifiques, un artéfact est un phénomène ou un signal artificiel dont l’apparition, liée à la méthode utilisée lors d’une expérience, provoque une erreur d'analyse » (article Wikipedia). A lire l’opuscule et à voir les œuvres, c’est à peu près ce que l’on ressent.

Avant d’entrer dans la première salle, on voit au bout du couloir une glace sur laquelle est12-12-24 Miroir.jpg reportée une photographie, celle d’un homme des années 50. « Posé à même le sol pour être de plain-pied avec le spectateur, qui partage ainsi l’espace du tableau avec la silhouette anonyme de cet homme au tabouret. L’œuvre intègre à la fois l’espace (environnant) et le temps (les reflets successifs qui s’inscrivent sur sa surface) ». L’effet est intéressant, décoratif même, mais est-ce une œuvre d’art ?

Et je poursuis ma lecture de l’opuscule pensant trouver dans le texte ce que je ne vois pas. Le problème est qu’au fil des descriptions, je ne vois même pas de quelle description il s’agit. Je me rappelle un tableau abstrait de couleur fade, si fade qu’il semblait lavé à l’eau de mer. Mais où se trouve sa description dans le document. Après de nombreuses diversions, je finis par la trouver. « D’abord proche d’une abstraction informelle, elle se démarque à partir de 1965 par son utilisation de matière translucide, le Sicofoil, qui laisse passer la lumière, les motifs d’arabesques, infiniment répétées, que l’artiste rapproche elle-même de l’art islamique dans des couleurs vives… » Zut, cela ne doit pas être cela ! Ah, c’est peut-être cela : « L’énergie qui se dégage du tableau crée un contrepoint à la délicatesse chromatique des œuvre d’Ettore Spalletti…. La couleur prend un aspect velouté, aérien, grâce à une technique basée sur celle de la fresque ; les structures sont recouvertes de plusieurs couches de mélange de pigments poncées successivement, pour obtenir une surface poudreuse… Une impression d’harmonie et de sensualité se dégage de la simplicité formelle de cette installation. » Bon, bref, je ne sais où trouver la description de ce tableau.

Poursuivons ! « La vasque de verre de Lucialo Fabro (Iconografia Gandhi, 1975) rend hommage à des hommes ayant sacrifié leur vie pour leur cause. Le soin que l’œuvre réclame (l’eau doit toujours rester au même niveau) prend dès lors valeur de rituel, perpétuant la mémoire du grand homme, dont le nom est gravé sur le cylindre de verre. » Quel hommage : c’est une œuvre parce que la chaleur laisse évaporer l’eau !

Nous nous arrêterons sur cette description : « L’atmosphère est au recueillement dans cette salle que rassemble des œuvres autour de la thématique de l’absence et de la mort. L’italienne Vanessa Beecroft est essentiellement connue pour ses performances exposant, le temps d’une soirée ou d’un vernissage, des corps humains archétypiques, présentés dans une mise en scène  aseptisée et artificielle. Ici toutefois, il ne s’agit pas d’un corps parfait, mais d’un corps meurtri. La fascination pour la beauté que Beecroft exploite d’habitude se mêle à une fascination pour le morbide. » Il s’agit d’une femme nue, offerte, mais couverte de plaies, effectivement morbide. Non, ce n’est pas elle, mais qui est-ce ? J’aurai dû noter chacune des œuvres !

Et plus on avance vers la sortie, plus les thèmes et leurs commentaires semblent dissociés. On se demande de quoi l’on parle ! Peut-on parler d’œuvres absconses ou de commentaires sur-élogieux ?    

Oui, il s’agit bien d’artefact et non d’art de facto !

19/10/2012

Cindy Sherman, à la galerie Gagosian (1ère partie)

En entrant dans la galerie Gagosian, on ne sait ce que l’on va trouver. Les fenêtres sont obturées, une sorte d’appariteur, tout de noir vêtu, ouvre la porte et l’on est englouti par l’immensité des pièces. Les tableaux ou objets exposés sont également immenses, à la mesure, ou démesure, du lieu. Qui est donc cette Cindy Sherman ?

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 Deux grandes toiles, imposantes… Un paysage, beau certes, dans lequel on trouve une femme, différente chaque fois, posant de manière tantôt grotesque, touchante, insolite, effrontée. Elle est plantée au milieu du décor, vêtue de tenues extravagantes, venant de la collection Chanel. On s’interroge. On regarde à nouveau le paysage, est-il peint ou photographié ? On ne sait pas exactement. Chaque paysage est particulier, le plus souvent grandiose. Tous sont désolés, d’une solitude démesurée, avec la beauté de la nature vierge. Que vient faire cette femme au milieu de ces scènes de nature brute ? La contradiction entre celle-ci et le fond est flagrante, voulue, obscène.

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Tout d’un coup, on se demande s’il s’agit de peinture ou de photo. On s’approche de plus près, on ausculte le tableau, on croit dans un premier temps à la peinture. Quel réalisme et quelle précision des traits ! Trop, sans doute pour que ce soit vrai. Alors on penche pour la photographie. Oui, certainement, mais pourtant. En fait c’est de la photographie remaniée, tant pour les paysages que pour les portraits. Les paysages viennent de Capri, du Stromboli, de l’Islande de New York (Shelter Island). Ils ont été manipulés numériquement et rappellent maintenant les peintures de Turner ou de l’école de Barbizon. Elle s’est photographiée dans des robes ou des atours sophistiqués, comme au théâtre. Les tenues sont très variées : Coco Chanel, vêtements des années 1920, d’autres plus modernes (Karl Lagerfeld). Elles sont baroques, avec broderies, plumes, volants, et font dire : « Mais que vient-elle faire dans cette galère ? »

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Est-ce beau ? Certes, le contraste est saisissant. Les paysages sont déshumanisés, la femme est désocialisée, voire dés-efféminée. On sent dans sa gorge une impression bizarre, c’est trop théâtral, trop organisé pour faire vrai. C’est comme manger de la soupe pour chien dans un restaurant quatre étoiles !

On ressort de la galerie avec un certain malaise : est-on trompé ou ne voit-on pas ce que la photographe a voulu dire ?

 

09/10/2012

Vous montez ou vous descendez ?

 

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Cette photo prise dans l’escalier de la mairie de Brantôme n’est pas sans rappeler les gravures d’Escher où les personnages montent, descendent, errent dans les escaliers fantomatiques.

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Admirons également cette photographie d’Ezekiel (http://www.mayoz.fr/photographe/ezekiel/) :

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Serait-ce une nouvelle forme de labyrinthe ? Un monde sans gravité qui nous entraîne vers des espaces sans fin et non plus seulement des surfaces ?

De quoi nous interroger comme le fait Jean-Pierre Luminet sur la forme de l’univers :

http://luth2.obspm.fr/~luminet/LeMondeSciences.pdf