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04/11/2021

Capricho arabe


le Capriccio arabe est l’œuvre de Francisco Tarrega (1852-1909). Elle est en ré mineur.

Vous en trouverez une bonne analyse dans

https://www.guitareclassiquedelcamp.com/viewtopic.php?t=13908.

Laissez-vous charmer par son introduction, puis le rythme de la mélodie.

 

27/09/2020

"El currucha" Arpeggiata

https://www.youtube.com/watch?v=t4p7s2atGE0


 

Les musiciens s’amusent et nous amusent.
Ont-ils bu ?
Pris au jeu, ils se laissent aller
Jusqu’à s’oublier eux-mêmes
La tête leur tourne
Seule la langue reste vive
Exprimant le désespoir
Ou la joie débridée
D’un monde en folie 

30/08/2018

Lullaby in Celestial Night, composé par Takashi Yoshimatsu

Pacifiant, telle pourrait être la qualification de ce compositeur.

 https://www.youtube.com/watch?v=JtpVk_2RZyI


 

Voici ce que dit wikipedia de ce compositeur japonais :

“ Il était un fan des Walker Brothers et des Ventures quand il avait 13 ans, mais à 14 ans, il a été fasciné par les symphonies de Beethoven et de Tchaïkovski. Il a commencé à composer de nombreuses pièces avant de se faire un nom en 1981 avec « Threnody for Toki » marqué par le sérialisme. Peu de temps après, il s'est éloigné de la musique atonale, et a commencé à composer dans un style néo-romantique libre avec de fortes influences du jazz, du rock et de la musique classique japonaise, renforçant sa réputation avec son concerto pour guitare de 1984. En 2007, Yoshimatsu avait composé cinq symphonies, des concertos pour basson, violoncelle, guitare, trombone, saxophone alto, saxophone soprano et pour les instruments traditionnels japonais, ainsi que deux concertos pour piano (un pour la main gauche seule et un pour les deux mains), un certain nombre de sonates, et diverses pièces plus courtes pour les ensembles de différentes tailles. Ses « Atom Hearts Club Suites » pour orchestre à cordes rendent explicitement hommage aux Beatles, aux Pink Floyd et Emerson, Lake & Palmer.”

 Sa musique de piano est calme, envoûtante et légère en même temps. Les notes s’égrainent peu à peu, en cascade ou isolément. Elles introduisent un rêve imaginaire, une sorte d’état second, proche de l’avant-sommeil : encore une perception de la réalité, mais doublée d’un léger strabisme. Alors votre être est pacifié et repose dans le creux de votre main, clignotant de douceur.

26/01/2018

Karina Gauvin : "Lascia chi'o pianga" de l'opéra Rinaldo de Haendel

 

https://www.youtube.com/watch?v=ZsF1w25mWhw


 

16/09/2017

Philip Glass - Metamorphosis

https://www.youtube.com/watch?v=M73x3O7dhmg


 

Un bel exemple de musique minimaliste et répétitive, que le compositeur préfère appeler « musique avec structures répétitives ». Étrange musique dont l’enchantement naît de la reproduction à l’infini d’une petite phrase musicale qui sert de fond sonore sur lequel il disserte avec des sons variés et produit des effets sonores qui laissent une impression de revenez-y obsédant. Musique mélancolique au possible !

15/07/2017

Divination by Snow (Adagio), de Takashi Yoshimatsu

https://www.youtube.com/watch?v=whbaUjWPax4


Quelques flocons de neige sur le zinc de la perception, qui tombent telles des perles dans le silence de la nuit. Une phrase musicale ouverte, comme une interrogation, suivi d’un rêve coloré, mais très bref, qui résonne dans la tête avec insistance, puis s’organise avant de disparaître. Une tempête se lève, protestation de l’humain devant la vie naturelle qui la surpasse. Le calme réapparaît, plus lancinant, plus bref aussi, comme une petite mort et une ouverture vers un autre lieu, un autre état, ignoré, mais attirant.

La fraîcheur caractérise le morceau, presque un froid qui vous prend le cerveau en premier lieu ; puis le plongeon de l’acier trempé qui vous secoue et vous entraîne dans un cataclysme, avant de revenir au repos dans la poudreuse. C’est une pièce courte, à écouter plusieurs fois, qui laisse une impression étrange, un résumé de vie où les images défilent rapidement, comme lorsqu'on se trouve face à un danger imminent.

 

« Takashi Yoshimatsu est né à Tokyo, au Japon, et comme Toru Takemitsu, il n'a pas reçu de formation musicale dans sa jeunesse. Il a quitté la faculté de technologie de l'Université Keiō en 1972, et a rejoint un groupe amateur nommé NOA comme pianiste, imitant la musique des Pink Floyd. Il s'est intéressé au jazz et au rock progressif, en particulier en explorant les possibilités offertes par la musique électronique.

Il a commencé à composer de nombreuses pièces avant de se faire un nom en 1981 avec « Threnody for Toki » marqué par le sérialisme. Peu de temps après, il s'est éloigné de la musique atonale, et a commencé à composer dans un style néo-romantique libre avec de fortes influences du jazz, du rock et de la musique classique japonaise, renforçant sa réputation avec son concerto pour guitare de 1984. En 2007, Yoshimatsu avait composé cinq symphonies, des concertos pour basson, violoncelle, guitare, trombone, saxophone alto, saxophone soprano et pour les instruments traditionnels japonais, ainsi que deux concertos pour piano (un pour la main gauche seule et un pour les deux mains), un certain nombre de sonates, et diverses pièces plus courtes pour les ensembles de différentes tailles. »

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Takashi_Yoshimatsu)

08/05/2017

Piano Concerto in la mineur, Op.16 (1868), d’August Winding

https://www.youtube.com/watch?v=0fyFRKKDZbg


Inconnu et pourtant brillant et romantique, Auguste Winding est un pianiste et compositeur danois (1835 – 1899). Certes sa musique est conforme aux thèmes de l’époque et a des ressemblances avec celle de Beethoven (2ème mouvement : andantino). Mais est-ce une raison pour l’oublier ?

25/06/2016

Concerto for 3 Pianos K.242 (Mozart), par l'ensemble MultiPiano

https://www.youtube.com/watch?v=eZBTVismQBk


La musique, une fois encore, enchante nos oreilles. Ne rien en dire, écouter !

Une remarque cependant :

Un orchestre, petit certes, d’un côté, trois pianistes de l’autre, un chef qui ne s’intéresse qu’à son orchestre. Les uns et les autres éparpillés dans l’espace sonore, chacun cherchant à faire entendre sa mélodie, celle des cordes caressées contre celle des cordes frappées.

Et pourtant, on arrive à une unité réelle, à laquelle il manque juste un peu d’âme.

 

 

03/02/2016

Le chant du violoncelle

https://www.youtube.com/watch?v=Ry4BzonlVlw

L’interprétation de cette Suite pour violoncelle N°1 en Sol Majeur Bwv1007 de Jean-Sébastien Bach est osée et n’a pas dû être facile à enregistrer, mais n’est-elle pas enchanteresse.

Ajouter un accompagnement à la suite, il fallait y songer !

30/01/2016

Une prestation de l'Ensemble MultiPiano

https://www.youtube.com/watch?v=7OwQOb6bd1M


 

15/01/2016

La mélodie, de Francesco Tristano et Carl Craig

https://www.youtube.com/watch?v=ZFHD9QpQDFA

Peut-on parler de mélodie? J’en doute. Mais cela n’empêche pas cette pièce d’avoir de la beauté. Elle commence comme une complainte ou une berceuse, puis se noie dans le rythme qui très vite se complique, se complète entre le piano et l’électronique. Rencontre de deux musiciens de formation totalement différente ; un pianiste classique, Francesco Tristano, et un branché de la techno aux machines analogiques, Carl Craig. Impressionnant !

Voici une autre version de La Mélodie, plus électronique, dans laquelle le piano est plus en sourdine, mystérieux, d’un charme différent, mais tout aussi sensuel.

https://www.youtube.com/watch?v=xKYAelOzf8s


 

 

27/12/2015

2cellos

Un duo extraordinaire de violoncellistes. Ils sont slovène-croates et s'appellent Luka Šulić et Stjepan Hauser. Aussi à l'aise dans la musique classique que dans le rock ou la pop, ils manient leur archet avec virtuosité, sortant du violoncelle des sons insolites, mais envoûtants d'énergie condensée.

10/03/2015

Paysage musical

 podcast

Cela commence mystérieusement, quatre notes plongeantes, profondes, interrogatives. Puis la caresse du piano, joyeuse, mais méditative, donnant l’espoir nécessaire à la vie, disant la joie et la mesure, avec des ruptures de rythme pour annoncer que l’existence est toujours pleine de surprise.

Un arrêt (en 2.40), une plongée dans la réflexion, comme un retour sur soi-même : qui es-tu ? Où te trouves-tu ? Jusqu’à quand ? La vie reprend plus passive, plus attentiste. Elle s’achève sans qu’on ait pu le prévoir et la tentation immédiate est de la réécouter, la revivre.

Bravo au compositeur, un jeune garçon passionné de musique qui tripatouille son ordinateur pour en tirer des sons dignes d’un instrument. Est-ce une musique de film, un rêve réel, une fiction sonore ou la matérialité qui s’échappe en paillettes d’or. C’est fou ce que peut faire la virtualité !

27/11/2014

Impromptu opus 90, N°3 de Franz Schubert, interprété par Krystian Zimerman

https://www.youtube.com/watch?v=KkqDEh-fXVI


  

C’est un nuage de rêve qui passe et laisse dans le cœur une impression de plénitude et d’espérance.

A quoi tient la beauté de ce morceau ?

Tout d’abord à sa mélodie, une plainte légère débutant sur quatre Si bémol. Puis vient la deuxième tonalité de la mélodie, le La bémol qui constitue le point d'encrage de la musicalité et cet entrelacement de ces deux notes proches crée tout le charme romantique de la pièce. C’est léger, simple et envoutant et cela s’achève sur un Sol bémol qui semble clore la mélodie alors qu'elle va continuer à se déployer. C’est l’équilibre entre ces trois notes qui exerce sur l’âme cet attrait irrésistible.

L’accompagnement précis, une montée et descente de trois notes rapides comme des vagues courtes et caressantes lui donne un air guilleret qui tranche avec la mélodie et lui donne un ensorcellement irrésistible. Enfin n’oublions pas en basse le renforcement de la mélodie par des touches profondes et discrètes qui sont de brefs rappels sonores de celle-ci et lui donnent une profondeur inégalée.

Ces trois mélanges sonores, qui règnent en continu sur la pièce, lui apportent un caractère calme et serein qui rappelle l’adagio de la sonate au clair de lune avec la mélodie jouée par le petit doigt de la main droite pendant que les autres déroulent un accompagnement au fond assez proche.

20/11/2014

Piano à 24 mains

http://www.youtube.com/watch_popup?v=MS9SdWBzy6Q#at=122&vq=hd720

Un vrai ballet, où personne n’est manchot, dans lequel les mains tricotent d’un air guilleret et se mêlent joyeusement pour donner un concert singulier.  Très probablement de nombreuses répétitions ont été nécessaires pour que chacun trouve sa place dans cet étrange ballet de mains.

09/02/2014

Adagio du concerto pour clarinette et orchestre en la majeur KV 622 de Mozart, avec Michel Portal

http://www.youtube.com/watch?v=TOqg8H7Ynxk


Composé quelques mois avant sa mort, ce concerto est le seul écrit pour clarinette par Mozart. L’adagio et connu et souvent utilisé dans les musiques de film. Il est lent, calme, mélancolique avec une alternative régulière des parties d’orchestre et de clarinette.

Il est écrit à la manière d’une aria, c’est-à-dire sous la forme d’un lied (un thème A suivi d'un thème B, puis d'un retour au thème A) : ce type d'aria est aussi connu sous le nom d'aria da capo ou aria avec da capo, c'est-à-dire reprise du commencement. Il est introduit par la clarinette qui joue le thème principal, repris ensuite par l’orchestre.

C’est un thème simple, une première phrase avec une montée en majeur et une demi-descente dans un rythme lent, expressif, charmeur. Puis une deuxième montée jusqu’à l’octave, sur le même thème et le même rythme. Enfin, une alternance de quarte et quinte en descente et une conclusion à la tierce finissant sur la note de départ. Le thème est ensuite repris par l’orchestre dans la même simplicité. La clarinette reprend alors la partie solo pour développer le thème dans le même rythme lent, mais avec des variantes descendante et finissant sur la même conclusion. Puis le thème se développe entre le soliste et l’orchestre, toujours dans la même simplicité tranquille avec reprise du thème de départ comme le rappel d’une quiétude permanente troublée modestement par quelques montées émotives de la clarinette.

Le film Amadeus de Milos Forman a fait beaucoup de mal à l'image de Mozart. Dans l’esprit de beaucoup de gens, il ne fut qu’un voyou doté de génie musical, avec une vie émotive indisciplinée. Comment une telle personne, proche d’une folie certaine, pourrait avoir composé une musique aussi sensible et équilibrée que celle-ci ? De la même manière, comment imaginer que c'est Michel Portal, musicien de jazz, aux couacs retentissants et obscènes pour le classique, qui joue avec brio cette aria, enchantant nos sens et réveillant en nous le meilleur. La musique parle mieux de ce que nous ne connaissons pas que l'analyse sociologique, culturelle ou psychologique.

 

22/10/2013

Suite pour violoncelle N°1 en sol majeur, interprétée par Mischa Maisky

https://www.youtube.com/watch?v=mGQLXRTl3Z0

Le prélude est une onde intuitive au-delà de la musique…

Une vibration troublant la pensée qui ne peut l’évaluer, entraînée par cette danse qui n’en est pas une… Une onde de notes qui s’enchaînent dans une logique absolue sans que l’on puisse la prévoir.

Bach, musicien de l’âme, a réussi la synthèse entre l’intuition musicale et la raison poussée à l’extrême de la logique musicale. Et cette rencontre entre ces deux manières d’aborder le monde lui donne une force sans équivalent encore dans le monde de la musique.

Laissons-nous porter par ces vagues de notes qui nous entraînent dans un ciel plus pur, dénué de nuages, vierge de l’aspérité égocentrique. Nous volons sur la pensée, la contemplant de loin, comme un pilote de Montgolfière, sans bruit, bercé par le vent léger qui nous entraîne au-delà des idées, au-delà des mots dans cet amas de sensations sans formes qui procure les délices d’une connaissance différente, irraisonnée, mais fortement prégnante. C’est un courant d’ondes, une danse sur un fil électrique que l’équilibriste n’ose toucher longuement. Et l’esprit ne se lasse pas de cet intermède qui s’insinue dans tout le corps, le laissant en transe.

Oui, Bach est vraiment le plus grand des musiciens par la synthèse qu’il effectue entre le cœur, vision intuitive d’une mélodie au-delà d’une phrase musicale, et la raison, construction intelligente et ordonnée des notes entre elles.

26/09/2013

Sonate n°1 pour piano de Robert Schumann

http://www.youtube.com/watch?v=CcKMPCmQkYM

 

 

Une magnifique pièce de Schumann, l’introduction de la sonate n°1, un poco adagio. Elle part dans tous les sens et vous donne des frissons et trémolos sur tout le corps. Elle vous caresse et vous titille.

Les premières notes sont mélodramatiques, puis très vite romantiques et cette allée et venue est pleine de charme. Elle vous entraîne dans des pays imaginaires, ceux des sons chaleureux et diserts.

Vient l’allegro vivace, une course effrénée dans les bois avec quelques poses sur les hauteurs. C’est un printemps radieux qui enchante le corps malgré l’essoufflement de la course.

Quel bel exemple de passage de la fougue sonore au romantisme apaisant. Schumann est un enchanteur qui entraîne ses auditeurs dans les recoins ignorés de leur personnalité. Merci aussi au pianiste Ionel Streba malgré un piano au son un peu grêle.

21/08/2013

"La Poule", de Jean-Philippe Rameau, interprété par Grigory Sokolov

http://www.youtube.com/watch?v=xcXY7dyK7eQ

 

On est projeté dans le poulailler, caquetant en chœur avec les gallinacés, piétinant sur la paille, évitant les œufs, nullement incommodé par l’odeur. Quelle imagination de la part du compositeur, Jean-Philippe Rameau. On imagine les poules au pas de l’oie, embrigadées, mais cherchant à se libérer de cette emprise, s’égaillant à maintes reprises, fuyant tout ce qui les contraint, restant malgré tout poules, dodues, échevelées, coquettes, secouant la tête avec obstination, avec quelques remords ou hoquets, puis reprenant leur rythme.

Où se trouve le coq ? C’est le triomphe de la féminité, dans toute sa vigueur. Un piétinement de talons hauts, de valses endiablées, telles les coquettes qui se mirent dans le miroir et sourient à leur image, entre elles, bien dans leur peau, heureuses d’être débarrassées d’une présence masculine qui les oblige à jouer le jeu de la séduction. Mais elles restent femmes, imaginatives et groupées, fières de leur indépendance, riant comme des folles, s’amusant d’un rien, se prenant par le bras, s’entraînant les unes les autres, relevant leur gorge pour mieux glousser, levant leur crête et humant l’air avant de hoqueter et de se donner en chœur. Quel bel ensemble que ce poulailler ! N’est-il pas aussi beau qu’une cour du XVIIème siècle, avec ses robes de taffetas, ses cerceaux, ses rires entendus, le tout caché derrière un éventail pour mieux médire contre les hommes.

Admirons le jeu de Grigory Sokolov qui comme toujours nous donne un aperçu de sa délicatesse et de sa virtuosité. Merci pour cette pièce brillante faisant rêver sans vouloir médire sur la féminité qui égaille le monde.

17/01/2013

Le Tic Toc Choc ou Les Maillotins, de François Couperin

 

Interprétation de Sokolov :

http://www.youtube.com/watch?v=wPWMlozkn58

 

C'est frais, coulant, sans une aspérité, sans un son trop fort ou faible, et cela se poursuit jusqu’à la fin avec douceur et célérité. Une source de volupté sonore !

Le rondeau est d’abord un poème à forme fixe de 13 vers comportant 3 strophes. Puis il fut chanté et organisé en polyphonie pour finalement être joué par un ou des instruments.

Celui-ci est particulièrement complexe à jouer. En effet, il est vraisemblablement conçu pour être joué sur un clavecin à deux claviers. L’interpréter sur un seul complique singulièrement le jeu. De plus, si l’on écoute en même temps qu’on lit la musique, on s’aperçoit que les sons de la mélodie et de l’accompagnement sont mêlés entre la main droite et la main gauche. Ce qui complique encore plus une interprétation mélodieuse et coulante.

Merveilleuse interprétation de Sokolov qui est un pianiste extraordinaire : une justesse de jeu imparable, un rythme infaillible qui s’écoule sans effort, des sons nets, vivants, dansants.

Et si l’on écoute l’interprétation de Cziffra, on est nettement déçu :

http://www.youtube.com/watch?v=s5hbKUr5WnE

 S’agit-il du même morceau ? On peut se le demander. Ce n’est qu’à la deuxième reprise du rondeau que l’on retrouve l’air bien découpé de Sokolov. Les deux premiers énoncés du rondeau sont très décevants. Oui, ce sont bien des maillotins, mais leurs tic toc choc ne sont pas aussi coulants que celui de Sokolov. Ils font déréglés, hésitants et ne commencent à s’harmoniser qu’au premier couplet. Puis progressivement tout cela se met en forme. On peut se laisser aller et apprécier. Mais Sokolov est d’une autre classe.

14/12/2012

Les lis naissants, de François Couperin

http://www.youtube.com/watch?v=eu2qfGmaN74&feature=related

 

Vous vous promenez au printemps dans la campagne, au bord d’une rivière et vous vous laissez bercer par l’écoulement de l’eau sur les pierres. Rien ne trouble ce repos. Le temps s’est arrêté et pourtant l’égrenage de la musique vous poursuit et fait fuir toute pensée.  Quatre notes en variation dont la seconde comporte un mordant. Rien que cela ou presque. Et vous êtes enchantés, au septième ciel. Vous planez au-dessus des humains dans votre sphère sans pensée, j’allais dire sans bruit et sans musique.

Une vraie leçon de composition de part sa simplicité mélodique et harmonique, sans qu’aucun effet de changement de rythme ou de sonorité ne cherche à séduire l’auditeur.

Cinq heures, je peux maintenant aller me coucher… dans les nuages…

07/12/2012

Douze variations en sol majeur pour violon et piano, de Wolfgang Amadeus Mozart

http://www.youtube.com/watch?v=HoGdiwtvt10

 

Une musique fraiche et enfantine, mais si difficile à jouer ! Elle vous enchante l’ouïe et vous détend le corps. Vous êtes baigné d’ondes chaleureuses et vous partez au bord du Danube pour une promenade intemporelle dans un autre siècle, sans souci.

L’interprétation est parfois un peu lourde pour le piano, à tendance appuyée (il n’est pas dit qui interprète), mais les nuances sont brillantes, avec ses ralentissements et glissandos. Ces défauts sont peut-être dus à l’enregistrement, le piano couvre parfois le violon.

Il n'empêche, quelle fraicheur !

26/11/2012

4ème mouvement « Fuga, allegro con spirito » de la sonate pour piano opus 26 de Samuel Barber (1949)

http://www.youtube.com/watch?v=Ga_280If08A&feature=fvwp&NR=1

 

Le thème donne un accent guerrier, triomphant, à cette fugue équilibrée, à la fois classique dans son organisation et moderne à la manière de Stravinsky.

Déferlement de notes en cascades avant une pause à la manière de Bach en 0.24 : cela dure peu, mais quel rappel au grand compositeur.

En 1.50, introduction d’un nouveau thème, rappelant la musique de Gershwin ou de Bernstein (West Side Story). C’est bref puisqu’en 2.06 on revient au thème principal, arrangé, clairsemé de bouquets de notes, comme un rappel nostalgique.

La sonate finit en étincelles, en gerbes de notes distendues, feu d’artifice en finale qui laisse l’auditeur épuisé, mais heureux.

 

 

Admirons le jeu de Marc-André Hamelin. La partition est extrêmement difficile et trouver une unité dans ce puzzle demande un effort de réflexion, puis de restitution dans le jeu, dont peu de pianistes sont capables.

14/09/2012

Les barricades mystérieuses, de François Couperin

1. Interprétation au clavecin :

Ecoutons d’abord la pièce jouée au clavecin. Le clavecin a une sonorité aigre très différente du piano. En réalité, le caractère du clavecin se rapproche plus de celui de l’orgue que de celui du piano. Camille Saint Saëns nous dit que la musique écrite pour le clavecin est délicate et que son charme ne résiste pas à une exécution brutale. Les nuances sont inconnues dans le monde du clavecin. Seul l’emploi des registres peut faire varier la puissance de la sonorité (si l’instrument en possède plusieurs).

Haendel, dit Camille Saint Saëns, nous montre que pour goûter la musique des siècles passés, il faut, comme lorsqu’on regarde les peintures des Primitifs, se défendre de chercher, dans les œuvres d’art d’un âge différent du nôtre, des effets et des expressions de sentiment qui ne sauraient s’y trouver, faire table rase, autant que possible, de ses habitudes journalières et se laisser aller naïvement à l’impression produite par le contact avec des formes inusitées.

 

Scott Ross :

http://www.youtube.com/watch?v=sf-LMHrslHw&feature=related

Belle interprétation de Scott Ross, dans l’esprit du jeu du clavecin, avec un jeu fait de légers ralentissements et accélérations. Il est dans la juste mesure, et la musique en sort raffermie.

Bruno Procopio :

http://www.youtube.com/watch?v=8O_oeMTnn84&feature=related

Quel rythme ! Y a-t-il une âme derrière cela ? Oui sans doute, mais la technique prime. C’est ennuyeux, car cela n’a pas la rondeur du précédent interprète.

Russel Piti :

http://www.youtube.com/watch?feature=endscreen&NR=1&v=md0nW7bL2vI

C’est plus lent, sans doute un peu trop. Où se trouve le mystère ? C’est également ennuyeux.

 

2. Interprétation au piano

Le piano apporte une profondeur qui n’existe pas au clavecin. La pièce prend du volume et du sentiment. Le son, la sonorité et les émotions soulevées sont vraiment différents. 

Georges Cziffra :

http://www.youtube.com/watch?v=1lvBZhXEJXY&feature=ymg

Un jeu assez proche du jeu du clavecin, très classique. Un bon rythme qui permet de faire ressortir les nuances et le charme de ce morceau.

Sylviane Deferne :

http://www.youtube.com/watch?v=JeJClooBYqY&feature=related

Quelle chaude sonorité et quelle nuance ! Une leçon de musique dans la douceur et la subtilité de la féminité. Très belle interprétation  dans un rythme parfois peut-être un peu lent vers la fin, mais un jeu si profond que cela s’oublie.

Alexandre Tharaud :

http://www.youtube.com/watch?v=IDavx0eyjUY&playnext=1&list=PLAFCB0C4B28BD5242&feature=results_video

Est-ce une course ? Ce n’est plus le même morceau. Une page virtuose qui n’a pas grand-chose à voir avec le sens initial et l’écriture pour clavecin. Il y a cependant des nuances et une certaine douceur qui laisse deviner une certaine sensibilité. Cela berce le mystère et reste une interprétation intéressante, mais hors norme.

3. La pièce

 Empruntons au blog  de Viviane Lamarlère, que nous remercions, cette bonne analyse de la pièce de Couperin :

Le titre lui-même ne laisse pas d'interroger et pourtant, il suffit de regarder la partition pour comprendre qu'entre la main droite et la main gauche se tissent des lignes verticales et horizontales qui évoquent bien figurativement une barricade.
Mystérieuse pourquoi? Tout simplement parce que la ligne mélodique va être très judicieusement répartie, dans cet inextricable treillis, entre main droite et main gauche, demandant à l'interprète de peser sur certaines notes, d'en alléger d'autres, le tout sur chacune des deux mains et en permanence à contretemps...
La basse (ce que joue la main gauche) est écrite dans un registre très grave pour l'époque. Elle se répète à l'identique tout du long du morceau, constituant ce qu'on nomme un ostinato.

Cette répétition va conférer à l'œuvre une forme circulaire hypnotisante dans laquelle le refrain vient jusqu'au bout, avec ses ornements légers, contredire les couplets plus interrogatifs.

On a l'impression que c'est la main droite qui tient la mélodie, que nenni, par le jeu des registres ce sera parfois la main gauche qui fera entendre la fin d'un trait ou d'une phrase...

(http://www.vlamarlere.com/article-10825431.html , le lundi 11 juin 2007)

 

08/06/2012

Canon de Pachelbel revisité par Hiromi Uehara

http://www.youtube.com/watch?v=FKGwIjqdm3A

Quelle merveille, des sons coulants, qui tombent en cascade, qui vous lavent de vos impuretés tout en vous dynamisant, le tout avec une facilité et une aisance déconcertante.

Pachelbel joué, puis imité, puis revisité et enfin oublié dans une frénésie de notes rythmées, mais restant néanmoins dans une perspective classique, plus ou moins.

C’est le propre de l’improvisation, partir sur une mélodie connue avec un arrangement classique et progressivement en dévier, doucement, mais surement vers d’autres cieux, d’autres horizons jusqu’à changer complètement les sensations, les impressions, les images suggérées. Alors se déchaîne l’esprit de l’improvisation, où la fougue et le rythme deviennent le seul motif de la poursuite débridée. Une petite pose (voir à 5 mn) et l’improvisation repart dans une autre direction, toujours aussi entraînante. Hiromi Uehara est espiègle, elle sait préparer ses effets et elle en rit, comme d’une bonne blague alors qu’il s’agit d’un instant de virtuosité que peu de pianistes pourraient donner. Quel prodige que cette japonaise qui joue comme un jazz man de Chicago !

Seul bémol, le bricolage de la table d’harmonie avec des instruments qui ne sont sans doute pas utiles pour démontrer la virtuosité de la pianiste. Nous verrons cependant qu'en d'autres occasions, elle s'en sert pour produire des effets plus qu'intéressants.

 

03/12/2011

Cinquième symphonie de Beethoven … façon moderne

 

Quelle extraordinaire imagination ont les musiciens modernes pour assaisonner la 5ème de Beethoven. A toutes les sauces : les uns utilisent le thème, d’autres mélangent le classique orchestral et la guitare électrique ; d’autres innovent carrément  avec force bruits et batteries ; d’autres transforment en danse mêlée de bruits de foule la furie beethovenienne du premier mouvement.

Quelle cmusique classique,musique metal,metal rockuisine ! On utilise tous les instruments, du hachoir au fendoir de boucher, en passant par la meule pour l’affûtage de couteaux de désosseur. Parfois, les choses se passent plus en douceur, un assaisonnement mêlé de senteurs diverses : thym, mais aussi formol ; gingembre avec sauce crevettes ; menthe à la manière britannique moderne, aigre et métallique.

La préparation est longue, avec beaucoup de répétition et force gestes et circonvolutions, comme lorsque l’on monte les blancs en neige en tournant toujours dans le même sens. Mais cela monte progressivement dans un bruit de casseroles qui s’entrechoquent, assourdies par les torchons de cuisine vivement agités. Parfois les cris étouffés des cuisiniers apportent une note humaine qui semble néanmoins animale. Et cela dure le temps que l’oreille s’imprègne de ces sons inconnus et bizarres et rende hommage à l’inventeur de sonorités incongrues. Alors lentement, sans même vous en rendre compte, vous esquissez avec la jambe un rythme que l’ouïe refuse, vous accompagnez de claquements de doigts inconscients cette première ébauche de mouvement et progressivement vous laissez encombrer d’un tremblement léger partant du corps et envahissant votre esprit pour s’en emparer, bon gré, mal gré, et l’emplir de percussions sévères, parfois chatoyantes, souvent sur-audibles, toujours extravagantes.

La recette étant prête, encore faut-il l’arranger sur un plat et l’enjoliver de quelques feuilles diverses, salade avec huile d’olives pour faire passer, cornichons acides à l’oreille, faisant grincer les dents, ou encore un peu de sucreries sous forme de confitures étouffant les timbres ou figues molles résonnant creux.

Enfin, le plat se présente à vous, parfois beau à l’œil, d’une beauté de surface, sans consistance à l’oreille, comme cette interprétation de Vanessa Mae, qui manque totalement d’imagination (répétitions et crin-crin) :
http://www.youtube.com/watch?v=HYNCvf1AF3E&feature=re...

Il peut aussi faire penser à ces vermicelles chinois qui tremblent dans l’assiette avec un peu de sauce soja pour masquer un goût incertain, accompagnés de légumes bouillis qui s’entrechoquent avec des bruits métalliques comme s’ils manquaient de cuisson. On est noyé de multitude de sonorités patchwork qui s’entremêlent jusqu’à l’écœurement :
http://www.youtube.com/watch?v=wl2GtGBonTY&feature=re...

Il se présente aussi en flots de bruits sourds et lourds, agrémentés de force grognements et petits bruits acides comme un plateau de fruits de mer étalés sur la glace que l’on mange avec une vinaigrette entrecoupée d’échalotes. Il faut une bonne dose de pain et de beurre pour arriver au final. Mais on y arrive, car, finalement, c’est assez proche de la recette initiale, même si l’assaisonnement est totalement différent. C’est comme si l’on mangeait un bœuf bourguignon à la sauce huître et cuisiné façon chinoise :
http://www.youtube.com/watch?v=kWVMf4rdYYc&feature=re...

Au fond, n’est-ce pas cela la mondialisation. Toutes les cuisines du monde sur un même plateau. En musique, c’est sans doute un peu fatigant et décalé. Mange-t-on un faisan bouilli ou fait-on griller un artichaut à la poêle ? Cela pèse sur l’estomac et laisse un goût bizarre, comme un fromage sucré !

Et, pendant ce temps, le pauvre Beethoven, sourd, ne sait pas ce que l’on fait de sa musique divine.

 

11/05/2011

Andante du concerto n° 21 pour piano et orchestre en do majeur KV467, de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)

 

« L'une des plus belles mélodies de Mozart et peut-être aussi l'une des plus belles de toute la musique. » (Olivier Messiaen)

 

http://www.youtube.com/watch?v=45drOlTTTA8&playnext=1&list=PLA416483FE1A90658

Magnifique interprétation d'Alfred Brendel.

http://www.youtube.com/watch?v=df-eLzao63I&feature=related

 Interprétation un peu ralentie et lourde qui gâche le plaisir.

 

Le thème du concerto est introduit par les violons, légers, furtifs, caressants, pour exploser ensuite par tous les timbres de l’orchestre en écho, puis il est à nouveau repris par les cordes, en écho. Alors le piano reprend la mélodie, discret et émouvant, telle les notes sereines d’un après-midi de printemps lors que les bourgeons se lèvent aux premiers soleils. Le thème se développe ensuite, serein, simple, avec le seul piano, ou chargé d’émotion dès que l’orchestre accompagne avec la puissance évocatrice de ses violons. La beauté du thème tient à cette harmonie entre la solitude du piano égrainant avec sérénité la mélodie et son développement par l’orchestre, comme en écho, mais y ajoutant toute la prégnance de ses possibilités évocatrices, grâce en particulier aux cordes qui associent la pureté du thème et un nécessaire rythme, léger, parfois douloureux, ou à d’autres moments joyeux avec modération, laissant une impression délicieuse de fraicheur et de mélancolie.

 

Le jeu d’Alfred Brendel est particulièrement juste, majestueux sans ostentation, fait d’une sérénité joyeuse, mais emprunte de gravité. La musique à l’état pur, sans fausse sentimentalité, ni virtuosité mal placée.

 

Cet Andante constitue le fond musical du film Elvira Madigan, film suédois du réalisateur Bo Widerberg, sorti en 1967, avec l’actrice Pia Degermark, un très beau film qui doit sa notoriété en partie à cette trame sonore qui accompagne cette histoire d’amour impossible entre Elvira Madigan, funambule dans le cirque de son père et Sixten Sparre, lieutenant de dragons. C’est leur escapade jusqu’aux derniers instants, tragiques, que conte le film, avec des images émouvantes d’un été dans la campagne.

 

Présentation du film :

http://www.youtube.com/watch?v=qi_J3_co3dQ&NR=1&feature=fvwp

La scène de la funambule :

http://www.youtube.com/watch?v=gxmwG-1j6DY&feature=related

La scène finale :

http://www.youtube.com/watch?v=5QU9wb0Q77E&feature=related

 

 

15/02/2011

Adagio du Concerto n°5 pour piano et orchestre, en mi bémol majeur, de L. von Beethoven

http://www.youtube.com/watch?v=vr2AKxf8m14 : Van Cliburn et Leonard Bernstein, New York Philharmonic & Rudolf Serkin - Concerto No. 5 in E-Flat Major for Piano and Orchestra, Op. 73 "Emperor": II. Adagio un poco mosso

Oui, c'est un vieil enregistrement, mais combien émouvant et beau par la simplicité de l'interprétation de Van Cliburn et de Léonard Bernstein et ses nuances subtiles, imperceptibles, qui en font un chef d'œuvre.

http://www.youtube.com/watch?v=419h93TiCFg&feature=related Glenn Gould – Piano Concerto No. 5 in E-Flat Major, Op. 73 "Emperor": II. Adagio un poco Mosso

Glenn Gould, c'est Glenn Gould, le passionné, l'interprète exceptionnel de Bach. Il est plus fade ici, moins à l’aise dans un jeu trop romantique pour lui.

http://www.youtube.com/watch?v=TSf246tdR_g&feature=related  Valentina Lisitsa– Piano Concerto No. 5 in E-Flat Major, Op. 73 "Emperor": II. Adagio un poco Mosso

Valentina Lisitsa est plus proche de l’interprétation de van Cliburn que de celle de Glenn Gould. Mais l’introduction par l’orchestre est trop rapide, trop légère pour permettre d’entrer dans le mystère des premières notes du piano. Le jeu de Valentina Lisitsa n’a pas la conviction émotive de chacune des notes de Cliburn. C’est bien interprété, mais plus plat.

 

 

L’Adagio du Concerto n°5 pour piano et orchestre, en mi bémol majeur, de  Beethoven, comme les sons graves et mélodieux de l’orgue qui endorment peu à peu la perception extérieure du fidèle et l’élèvent vers une idée plus haute de Dieu, débute dans un recueillement  religieux, aiguisé et mis à vif par le rythme irrégulier des cordes des violoncelles qui pénètrent l’émotion de plus en plus intensément , comme à la descente folle et majestueuse par un cortège sacré des marches d’un parvis vers la foule qui attend toute entière tendue vers ce mouvement rythmé par ses arrêts entre des séries de marches incontrôlables dans leur symétrie.

Le chant s’imprègne alors d’une adoration plus subtile, d’une émotion soulevée plus haute comme le bateau pris dans la tempête qui s’élève dans une altitude insolite vers le sommet de la vague pour redescendre plus vite de façon à reprendre aussitôt son mouvement ascendant. Les deux brefs silences qui entrecoupent chacun de ces points hauts de notre émotion pour ensuite la porter à sa plénitude dans l’achèvement de la phrase, semblent en fait deux notes dans le silence de l’âme, deux notes qui produisent la même émotion physique que celle que produit un arrêt, ne serait-ce que d’un temps imperceptible à notre cerveau, des battements habituels du cœur (et c’est justement parce qu’il y a un arrêt imperceptible que nous goutons toute la saveur inconnue jusque là d’avoir un cœur qui bat). Le début de la phrase est alors repris avec la même intensité comme pour nous faire retrouver plus profondément le goût que nous avons éprouvé à entendre son déroulement découpé à vif par les silences, puis est à nouveau disloquée par deux arrêts entre les trois dernières notes déjà entendues de façon à bien en pénétrer la signification d’une manière à la fois plus simple et plus vraie que la première fois et à introduire la fin du chant, mystérieusement ciselée et dentelée comme des gouttes d’or qui aurait été coulées directement dans l’eau gazeuse, empruntes de la gravité et de la majesté des premiers violons et isolées par la pureté et la piété des seconds violons qui sont comme ces gouttes d’or qui tomberaient dans l’eau gazeuse  d’une verre en cristal avec la lenteur que donne la pénétration des objets dans l’eau au moment où ils rebondissent sur le fond si délicatement que seule la perception de l’onde pourrait nous la faire resentir.

Alors éclate joyeusement, seule, unique, la première note du piano comme si ces gouttes d’or qui tombent dans le verre avaient heurté légèrement le rebord où l’on pose ses lèvres et descendent ensuite en jouant avec les bulles de gaz qui la feraient remonter et toucher par moment la paroi de cristal. Et pour renouveler le périple de notre émotion, pour bien nous en pénétrer, une nouvelle note tombe en suivant le même parcours, mais quelques tons plus bas comme si la première avait alourdi la clarté du son que produit le cristal. Le piano alors brode en montant lentement et irrégulièrement de la note grave sur laquelle finissait le périple de la première note, vers la droite du clavier comme un danseur qui, par ses entrechats ne semble pas avancer et qui pourtant parcourt toute la scène pour ensuite revenir, sans donner l’impression de changer l’espace de l’air dans lequel il évolue, à son point de départ, et l’orchestre accompagne la main gauche du pianiste dans cette montée de notes essentielles pour laisser redescendre seule la droite dans le même mouvement qu’elle l’avait fait précédemment en finissant sur une trille. Cette trille comme pour donner un tremblement léger à l’émotion qui va suivre et peut-être pour voiler aussi son mouvement, annonce la reprise de quelques mesures du thème de l’introduction sur un ton moins religieux, mais plus voilé, plus discret, plus enfoncé dans les profondeurs de notre esprit où s’écoule encore le souvenir de l’introduction et qui en ravive avec douceur le feu à la manière du tisonnier qui ravive l’éclat des cendres dans l’obscurité. Le piano pour répondre à cette invitation des violons vers le souvenir des premiers instants reprend lui aussi le thème des premières notes, mais également transposé dans un ton plus bas et plus discret.

Un jeu lointain des cors, sur trois notes, qui semble un appel à la réflexion après la limpidité et la fraicheur du détachement des notes du piano et la reprise, qui paraît plus mordante et plus saccadée encore qu’elle ne l’est en raison justement des trois notes immatérielles que jouent les cors de la suite du thème du piano, tout ceci renouvelé une deuxième fois, mais la première note des cors reprenant la dernière des trois qu’ils avaient jouées auparavant et repris une troisième fois par l’orchestre, annoncent le forte du pianiste. Celui-ci remonte et redescend les touches, pour remonter ensuite, mais d’une ampleur moindre et à nouveau encore, comme le fait le jeu des vagues sur la plage, quand, regardant le feston mousseux du bord de la vague, on perçoit nettement ce va-et-vient continu dans son rythme et discontinu dans son ampleur, une plus forte vague venant en un mouvement inattendu et plus gracieux que les autres, recouvrir les traces laissées par le recul des vagues précédentes.

Dans un crescendo de la puissance des notes et de la hauteur de l’une par rapport à l’autre, le piano, ayant recours aux trilles qui, en changeant notre impression, ravivent notre émotion en la matérialisant complètement dans son tremblement léger du corps et de l’esprit que donne l’attente pure, annonce une nouvelle période, une nouvelle phase du recueillement de l’esprit avec une nouvelle mélodie qui pourtant nous paraît familière, car elle contient ces trois notes déjà entendues dans l’introduction, bien mises à nu par les silences et dans le jeu des cors par deux fois et repris par l’orchestre. Ce sont ces trois notes si simples par leur ascendance d’un ton, mais si émouvantes par leur détachement dans l’ensemble de la musique, qui entretiennent en nous le renouvellement du souvenir du thème, inconsciemment car elles ne font justement pas parti intégrante de la mélodie, de la même manière que le mouvement en volutes des nuages et leurs ombres sur la terre un jour d’été nous rappellent en un instant la tristesse d’un automne sans soleil. Cette nouvelle mélodie, brodée de festons de lumière indolents et fragiles, est d’abord exprimée par la voix pure du piano en un jeu très simple, mais orné par moment de fioritures graciles et rythmées par les cordes des violons qui soutiennent la mélodie en la reprenant, puis elle est reprise par les violons et accompagnée au piano sans que l’on sache exactement à quel moment le piano change son rôle comme ces petites filles qui jouant à la ronde passent du milieu de la ronde, isolées et immobiles, à un cercle virtuel tracé par le mouvement circulaire des autres.

 

Dans un recueillement plus sensible et plus véridique du fidèle recueilli dans une petite chapelle dépourvue de tout ornement, quand déjà le jour fait place à ce dilemme entre l’ombre et la lumière, l’œil ne percevant plus très bien où commence la lumière et où l’ombre se termine, l’adagio s’achève par la reprise du thème de l’introduction, rythmé, bercé, psalmodié par un enjambement successif de deux notes du piano qui paraissent si semblables dans leur rythme et ne sont jamais les mêmes dans leur son.