03/06/2012
Plus près de toi, mon Dieu, interprétation au violoncelle, par ThePianoGuys
http://www.youtube.com/watch?v=gosY-UrpHcA&feature=related
Encore une très belle improvisation des Piano Guys, sur ce choral bien connu : Nearer, My God, to Thee, choral chrétien du XIXe siècle, écrit par la poétesse britannique Sarah Flower Adams (1805-1848) sur une musique du compositeur américain Lowell Mason (1792-1872).
Les paroles sont inspirées des confessions de saint Augustin, livre 1 : « Fecisti nos ad te, Domine, et inquietum est cor nostrum donec requiescat in te » (Tu nous as fait orientés vers toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu'il ne commence pas de reposer en toi).
Joué ainsi, cela nous change des interprétations guimauves que l’on nous impose sous des prétextes puritains ou en raison d'incompétence musicale notoire. Certes, ce n’est pas non plus une interprétation liturgique. Néanmoins, dans la profondeur du chant des violoncelles, résonne en chacun de nous le vide, plein de l’inconnaissable, de cet autre nous-même qui nous transporte vers un renouvellement de l’être.
07:29 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chanson, chant liturgique | Imprimer
02/06/2012
Chapeau...
Plus généralement partie supérieure d’un appareil…
Chapeau bas, Monsieur, qui d’autres l’aurait fait ?
Ainsi s’esclaffe le quidam sur la pirouette des mots
Mais ce couvre-chef a d’autres vertus
Telles que le salut des grands aux petits
Ou encore l’élongation des silhouettes
Ne parlons pas de ce galimatias éclairé
Qui défie les juristes tout en les rassurant
Indéniablement, ces résumés sommaires
Interdisent le sommeil aux néophytes du droit
Pourtant il leur faut bien, un jour ou l’autre
Faire porter le chapeau à un coupable
Sous peine de ne pouvoir survivre
A de telles manipulations en prétoire
Et finir derrière la grille du confessionnal
Certains travaillent du chapeau, encombrés
De rumeurs, de chaleurs, de torpeurs
Ils se laissent guider, obscures victimes
Par les cris entendus en écho des pensées
Mais ont-ils réellement des pensées plutôt
Que des images qui les guettent le soir ?
Quel est donc cet objet que l’on met sur le crâne
Qui nous conduit à tant de détours ?
Certes il porte d’autres noms :
Coiffe du boit-sans-soif, bonnet du benêt
Panama du skipper trois-mâts,
Casquette des coquettes, turban des forbans
Bicorne des bornes, galurin de Tartarin
Ainsi, chaque jour enturbannés s’en vont les têtus
Ceux qui pour rien au monde ne sortiraient têtes nues
Ils se voilent la face d’un haut de (ou sans) forme
Et s’en vont droit devant eux en saluant
D’un coup de chapeau bien maîtrisé
Le maître du district ou le menu peuple
Pour le simple plaisir de tirer son chapeau
Et montrer ainsi son crâne dénudé et aigri
07:52 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, poésie, poème, littérature | Imprimer
01/06/2012
Jeune fille, roman d’Anne Wiazemsky, Gallimard, 2007
A sa lecture, je me suis étonné qu’Anne Wiazemsky ose écrire un livre qui met en scène un grand cinéaste, Robert Bresson, et un grand écrivain, François Mauriac, ainsi qu’un certain nombre d’autres personnages tels que Jean-Luc Godard ou encore Pierre Lazareff. On y découvre une jeune fille, presqu’une enfant, face à un Robert Bresson, attirant et tyran, qui la choisit pour le rôle principal dans son film « Au hasard Balthazar ». Il hésite, la fait parler, puis lire quelques pages du manuscrit, puis tente un essai cinématographique, pour, finalement, la choisir.
Je dus lire et relire la même scène des Anges du péché. Les indications claquaient, brèves et sèches ; « Pas de sentiment », « Plus vite », « Encore plus vite », « Ne pensez à rien ». L’homme assis en face de moi ne me lâchait pas des yeux. Il me donnait la réplique comme on joue au ping-pong, avec un automatisme parfaitement rodé. Je croyais en avoir fini ? Non, il fallait reprendre. Nos respirations s’étaient vite accordées. Laquelle s’était adapté au rythme de l’autre ? Peu importait. Ce qui comptait, c’était la relative facilité avec laquelle je me pliais à ses directives, hypnotisée par le débit monotone de sa voix, la puissance de son regard, le silence autour de nous.
Et le tournage commence, en été. Il la veut toujours à côté de lui, attentive à ce qu’il fait. Ils logent presqu’ensemble, chez un habitant du lieu. Et au cours de cet été, elle se prend un amant d’un jour, son premier jour de femme ; dans le même temps, elle se refuse au metteur en scène qui la traitait comme une petite fille ; enfin, elle découvre la vie, si différente de ce qu’elle connaissait. Bref, Anne sort de sa chrysalide, devient femme, avant de reprendre ses études en septembre. C’est ce rite initiatique, inconsciemment vécu, qui est décrit par Anne Wiazemsky.
Le roman parait juste, tout simplement parce qu’Anne a réellement joué le rôle et vécu ce qu’elle décrit. Elle est bien la petite-fille de l'écrivain François Mauriac. Sa carrière cinématographique commence bien en 1966 avec le rôle principal (avec l'âne) d'Au hasard Balthazar de Robert Bresson. Elle épouse bien Jean-Luc Godard le 21 juillet 1967 avec lequel elle tournera plusieurs films. Elle dépeint Robert Bresson comme un cinéaste exigeant, uniquement préoccupé de son film, mais aussi une sorte de séducteur qui tente de passer du rôle de parent protecteur à celui d’amoureux, voire d’amant, mais qui finit par y renoncer. L’histoire du film, on ne la connaît pas. Voici ce qu’en dit Robert Bresson : « Je voulais que l'âne traverse un certain nombre de groupes humains qui représentent les vices de l'humanité. Il fallait aussi, étant donné que la vie d'un âne est très égale, très sereine, trouver un mouvement, une montée dramatique. C'est à ce moment que j'ai pensé à une fille, à la fille qui se perd. »
Cependant, quelque chose m’interdit de dire que c’est un très bon livre comme beaucoup de critiques l’ont proclamé. Ils nous parlent de l’émoi de l’adolescence, et Anne Wiazemsky elle-même nous dit : « Pour prendre une image assez simple, c’est une espèce de chenille qui, au cours d’un été un peu particulier, se transformera en papillon – un cas assez banal. » Elle ajoute : « J’espère que c’est une jeune fille qui est assez représentative d’autres jeunes filles ».
C’est sans doute cette dernière affirmation qui me gêne. Son entrée dans l’âge adulte est pour ainsi dire unique. Elle la décrit sans réellement y inscrire le combat que vit chaque adolescent entre son enfance et la vie qui se profile, pleine d’incertitude. Elle n’a pas de doute, elle semble vivre cela comme le lui a appris Bresson, presqu’indifférente, sans sentiment, monocorde comme la voix exigée par le metteur en scène, à l’image de cet extrait du film :
http://www.dailymotion.com/video/x3rj9q_au-hasard-balthazar_shortfilms
Oui, c’est un livre atone malgré de nombreuses qualités : où est la foi de l’adolescence, quelles sont ses références ? Rien de tout ceci n’apparaît. L'histoire est sortie de son contexte. Le plat est bon, mais il manque un peu de sel. Cette jeune fille, même adolescente, est trop vieille.
06:04 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, cinéma, film, adolescence | Imprimer
31/05/2012
Françoise Nielly, galerie Menouar
Ses portraits vous explosent au visage, un feu d’artifice de couleurs fluorescentes d’où les yeux apparaissent grands ouverts et les bouches pulpeuses jaillissent du fond du cratère incandescent.
Surprenant ce style : une peinture achevée, élégante même dans son dessin et sa composition au couteau, mais en même temps exprimant toute la force de la révolte de la rue, toute la désolation d’une humanité qui se transforme en clones. Car, lorsqu’on regarde ses nombreux tableaux, on a peu à peu l’impression de voir le même visage ou du moins la même démarche picturale : mêmes couleurs flashantes, même lèvres charnues, mêmes pommettes aux reflets verts, bleus, rouges. Les ombres ne sont pas sombres, elles ressortent au contraire en teintes claires étalées en gestes larges, au couteau, empâtés, mais toujours vifs et aériens.
Françoise Nielly s’intéresse avant tout à l’humain, même si, parfois, elle fait des incursions dans l’abstrait ou le monde animal. Les visages sont souvent durs, à l’image de la mode actuelle qui met en scène des femmes masculines au regard tueur. Mais ils peuvent aussi exprimer une certaine douceur, une nostalgie voilée de tristesse, ou encore une espérance lointaine. Dans la plupart des cas cependant, une détermination à toute épreuve.
La galerie Menouar se trouve 16 rue du Parc Royal 75003 Paris.
07:21 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, exposition, art contemporain | Imprimer
30/05/2012
Menus abîmes, poèmes d’Emily Dickinson, traduit par Antoine de Vial (1ère partie)
Emily Dickinson a écrit près de mille huit cent poèmes, dont seuls moins de dix furent publiés. Née en 1830, elle est morte à 55 ans.
A sa demande son « cercueil ne fut pas conduit, mais porté à travers un champ de renoncules ». Elle ne s’éloigna d’Amherst, sa maison natale, où elle disait tant se plaire, que pour passer une année au collège de Mount Holyoke à South Hadley ou lors de rares séjours, à Washington ou à Boston. Elle n’a guère quitté le cercle de cette petite communauté puritaine de Nouvelle-Angleterre. Elle a vécu entre son père juriste et homme politique, admiré et craint, et sa mère plus effacée ; entre sa sœur Lavinia, qui ne partit jamais non plus et son frère Austin, installé dans la maison voisine avec sa femme Susan, amie de cœur de la poétesse.
On se plonge dans la poésie et l’on en sort transformé. C’est un grand bol d’air frais qui vous descend dans la gorge et vous fait voir le monde autrement. Emily vit de sa poésie, elle est poésie. Chaque instant est l’occasion d’un poème, mais sa faveur va à la nature, chantée, dite, criée, sans jamais se lasser. Et son monde de vers est bouleversant d’humanité, non de sentimentalité, de sensibilité sociale, mais de viril abord de la grandeur de la vie.
Mon cocon me serre –
Les couleurs m’agacent –
Je ressens – avec un besoin d’air –
Une obscure aptitude à voler –
Que mon habit entrave –
----
Je donne à entendre et déconcerte –
Je déchiffre jusqu’au signe –
Mais de bévues en bévues – enfin –
Je pressens l’indice du divin –
Elle utilise le tiret et non la ponctuation habituelle. Il lui permet de donner une résonance nouvelle aux mots, de les isoler de leur contexte et mettre en valeur telle ou telle idée. Il donne également l’eurythmie du poème, fait d’élans et de pauses dans la cadence pointilliste de l’anglais.
J’ai plongé et nous y replongerons bientôt. C’est tellement enchanteur !
Merci à Alice de m’avoir donné ce livre qui renferme de tels trésors de l’âme.
08:29 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
29/05/2012
Partir en sautant dans une voiture
Partir en sautant dans une voiture,
Sans savoir où l’on va
Uniquement pour le plaisir, pour
Quitter ce que l’on connaît trop et
Aller sur ce chemin désiré parce qu’inconnu !
L’excellence des détours afin d’atteindre
Le but inconnu, insoupçonné et désirable
Alors on part à l’aventure, sans savoir
On cherche l’impression, le vide, l’absence
Et chaque départ se fait sans désir de retour
Oui. Elle est partie, cheveux au vent
Enveloppée dans sa robe fuchsia
La main levée, les yeux baissés
Sans bagage, sans souvenir
Pour voir ce qu’il y a, au-delà
Elle a laissé l’odeur de sa délicatesse
Le parfum de ses remords et de ses désirs
Plus rien de tout cela ne lui appartient
Même son cahier reste en souffrance
D’une écriture hâtive et malhabile
Elle n’est plus qu’un point noir
Sur le feston de l’horizon
Un point que l’on regrette, chaud
Comme le sang du mouton
Que l’on égorge pour l’Aïd al-Adha
07:46 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, poème, poésie, littérature | Imprimer
28/05/2012
Un trou noir dévore une étoile
« Les trous noirs ont beau avoir une réputation d’insatiables dévoreurs de matière, ils ne mangent pas en permanence, loin de là. Ainsi, avaler une étoile n’est pas le menu du quotidien : un tel événement ne se produit que tous les 10.000 à 100.000 ans pour un trou noir. C’est un tel repas exceptionnel que des astrophysiciens ont pu observer de la première à la dernière miette. Ils publient leurs résultats aujourd’hui dans la revue Nature. »
Aspiration de la matière,
Fragmentation des éléments,
Retour à la poussière…
06:02 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : op'art, art cinétique, trou noir, dessin, univers | Imprimer
27/05/2012
Magnificat, d'Arvo Part
http://www.youtube.com/watch?v=1A6BfyhFSVQ&feature=related
Entrée au paradis comme une plongée dans l’espace intersidéral. Oubliez votre petit moi, laissez-vous gagner par cette grande solitude face à Dieu qui, malgré l’inconnaissance, vous réchauffe l’âme. C’est le propre de l’espérance : derrière l’apparent vide du soi se cache le retour au divin, qui résonne dans la totalité de votre être et votre joie renouvelée vous conduit à l’ignorance bienheureuse de celui qui se laisse bercer par cette exaltation.
Mon esprit a exulté en Dieu, mon Sauveur !
Quel compositeur, grandiose d’intimité avec le divin ! C’est un estonien qui a fait ces études musicales en URSS et a commencé par la musique sérielle, qui n’a rien à voir avec ce que nous entendons. Dans les années soixante, il se consacre à l’étude du grégorien et des musiciens médiévaux comme Machaut et Josquin des Prés. Il invente le style « tintinnabuli », appelé ainsi parce qu’il rappelle les clochettes et qui se caractérise par l'utilisation simultanée de deux voix, l'une arpégeant sur une triade tonique dite « tintinnabulante » et l'autre reposant sur une basse évoluant de manière diatonique.
Il se lance dans la musique minimaliste, d’inspiration religieuse, presque simpliste de par les éléments de la composition : utilisation d’harmonie tonale et parfois modale, utilisant le plus souvent les trois notes de l’accord parfait, peu d’instruments, quelques voix, très peu de modulations. La musique minimaliste se caractérise par l’utilisation de la répétition de motifs musicaux courts, qui se projettent en pulsation régulière. Ecoutez « Tabula Rasa » qui met en évidence toutes ces caractéristiques :
http://www.youtube.com/watch?v=bxDc24zSuzU&feature=related
02:26 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, musique sacrée, minimalisme, tintinnabulisme | Imprimer
26/05/2012
L’après-guerre 1945-1950, vu par Stick caricaturiste, écrit par Jeanne de Gérin-Ricard
Voici ce que dit l’auteur de S’tick caricaturiste :
Le dictionnaire des Marseillais nous apprend que S’Tick se nommait Raoul Garcin… On peut dire qu’il était un dessinateur de grand talent. Il avait une solide connaissance de l’actualité, s’intéressant au monde dans lequel il vivait… Il avait aussi une bonne culture classique… S’Tick dessine sur des bouts de papier, à l’encre de Chine, après un dégrossi à la mine de plomb… Vivant à Marseille, il n’a probablement pas eu l’occasion d’avoir une audience méritée.
Au premier abord, le texte semble brouillon. Cela tient d’une part à la forme du livre, les titres étant en police cursive, c’est-à-dire proche de l’écriture manuscrite, et aux explications historiques qui ne sont que des résumés des événements de cette période.
Cependant, si l’on convient d’aller au-delà de cette première impression, il apparaît que le livre, alternant dessins et textes, est bien fait. Son objectif n’est pas de faire un livre d’histoire, mais de mettre en valeur les moments historiques saisis par un dessinateur de talent. Les grands personnages du moment sont caricaturés et une petite biographie accompagne l’image, donnant du relief à l’explication de l’événement. De plus, si l’on fait l’effort d’analyser de plus près l’organisation du livre, on se rend compte que chaque période de ces cinq années est découpée en un zoom sur l’histoire qui en donne les grands événements, une analyse graphique du ou des dessins de S’Tick sur le ou les évènements du moment, et enfin les biographies des personnages politiques clés. C’est, au final, une bonne approche des faits et des personnages de ces années d’après-guerre, ainsi que de l’ambiance qui régnait à cette époque : politique des prix, problèmes de ravitaillement, marché noir et scandales à répétition.
Sous des dehors assez anodins, ce petit livre met en évidence l’intelligence du dessinateur caricaturiste, sa compréhension des épisodes successifs de ces cinq années, sa truculence et son humour au service de l’histoire.
L’auteur écrit : Pour conclure, merci à mon père qui m’avait demandé d’effectuer ce travail. Nous pouvons de même lui dire merci pour l’avoir bien effectué.
06:42 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, dessin, écriture, littérature | Imprimer
25/05/2012
Il était là sans y être (rencontre dans une rue de Paris)
Il était là sans y être, au pied d’une porte cochère,
Assis sur un sac sans forme ni couleur, en jachère,
Il dormait à poings fermés, ivre et sans consistance,
Rien ne l’aurait réveillé, pas même les femmes de l’assistance.
Il remua soudain, pris de délire et de tremblements.
Les yeux fermés il redressa la tête, hagard vraiment.
Il battit l’air de ses bras forts, sans conscience,
Et se rendormit difficilement, mais avec vaillance.
Il ne me vit pas le dessiner, caché derrière les vélos,
Regardant la chair humaine simuler ses sanglots.
Il bailla d’une gorge profonde, poussa un cri,
Regarda son état et hurla « A mort l’escroquerie ! ».
Alors il se leva, passa une main dans ses cheveux.
Il prit son sac, essuya son menton baveux,
Fit un pas ou deux avant de s’écrouler à nouveau,
Pleura sur sa misère, hennissant comme les chevaux.
07:57 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, poésie, poème, écriture, dessin | Imprimer
24/05/2012
L’art urbain ou street art : quai de l’Aisne (3ème partie)
Rappelons que l’art urbain est apparu en France à partir de mai 68 et c’est dans les années 80 que Jack Lang, ministre de la culture, lui a donné ses lettres de noblesse, si l’on peut dire. C’est vrai, je vous l’accorde, s’agit-il réellement de beauté lorsqu’on voit ces signatures torturées envahir nos bâtiments, dénaturant leur beauté occidentale de symétrie et de richesse. Mais est-on réellement à Paris et non sur d’autres continents devant ce bâtiment désaffecté, vestige d’une industrialisation à outrance de la banlieue, puis abandonné aux passants de nulle part qui y trouvent de quoi épancher leur passion pour le tag ou le graffiti. Seul reste le ciment brut qui sert de toiles à ceux qui n’ont pas les moyens de s’en payer et qui peuvent ainsi montrer au monde leur rage et leur art, s’ils en ont. Car, il faut l’avouer, comparer ces gribouillis et les peintures préalablement montrées est une tromperie certaine.
Alors pour finir, regardons cette maison de Pantin, sur le canal, quel bonheur ! Un éclatement de génie journalistique au-dessus de la fenêtre du restaurant.
Oui, admirons-la en grand ! C’est l’œuvre d’un professionnel. C’est moins onirique, mais c’est un rappel des bandes dessinées de notre enfance.
07:58 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, art urbain, street art, tag, trompe l'oeil | Imprimer
23/05/2012
Manoir de mes rêves, avec Angelo Debarre, soirée de jazz manouche
http://www.youtube.com/watch?v=qTmwZsy8xbg&feature=related
Le jazz manouche possède la profondeur du flamenco, la fougue de la musique tsigane, la ferveur du tango argentin, le rythme du be-bop. C’est une musique chaleureuse, entraînante, parfois poignante, pleine d’imprévue et d’improvisations débordantes.
Merci à ces musiciens exceptionnels pour cette soirée de jazz qui donnent un bon aperçu de la musique de Django Reinhardt, le fondateur de ce style de musique. On se laisse envahir de langueur, l’œil dans le vague, l’oreille grande ouverte, le corps assoupli par les déchaînements virtuoses sur les cordes.
La première pièce, pour guitare seule, jouée par Angelo Debarre, est magnifique de simplicité et de virtuosité. On se voit en bord de mer, autour d’un feu. La nuit est tombée, et dans l’obscurité, monte le chant de la guitare, un long enroulement de notes qui vous prend à la gorge et vous conduit à l’oubli de vous-même, au creux du ventre, là où résonne ces accords graves, frais, parfumés d’insolites, où l’on se reconnait malgré tout.
La seconde pièce est de style plus populaire, presque musette, au moins au début. L’accompagnement du violoncelle lui donne également un air de jazz noir avec une certaine profondeur. Une entente naît entre les instruments, guidée par la guitare d’Angelo Debarre. Le chant paraît s’arrêter pour repartir de plus belle jusqu’à la fin, déchaînée.
Accordéon cette fois, mais plutôt de style argentin, un peu fou, délirant même, un morceau d’anthologie. C’est beau, d’une beauté sauvage, comme un déchainement calculé d’improvisations.
L’harmonica gagne ses lettres de noblesse avec le morceau de Django Reinhardt « Vamp ». Il résonne dans la nuit comme un chant sans parole, comme un souvenir particulier qui ne sait plus dire d’où il sort. La nostalgie vous gagne et vous vous laissez aller, solitaire, face au feu, tentant de vous réchauffer avec cette musique langoureuse.
Enfin la clarinette de Ioan Streba vous jette dans le jazz américain, rythmé, entraînant, à la manière des improvisations de Sydney Bechet.
Belle soirée musicale qui réchauffe le cœur au rythme des guitares et du solo d’autres instruments. On est loin des délires sonores de la musique métal. Ici le bruit n’existe pas, rien que des accords et des sonorités qui vous mettent l’âme à nue.
07:45 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, jazz manouche, guitare | Imprimer
22/05/2012
« Resisting the present », Mexico 2000/2012, musée d’art moderne de la ville de Paris
http://www.dailymotion.com/video/xpjozg_resisting-the-present-mexico-2000-2012_creation
On entre dans un froissement d’ailes, corbeaux en grappes qui s’élèvent vers d’autres cieux ne laissant que leurs déjections symbolisées par des cailloux. Les salles sont immenses, un peu vides, parsemées d’images, de dessins, de mots, de vidéos, de briques et autres matériaux insolites. On est un peu perdu, effaré de ces morceaux d’art qui nous sont présentés sans réelle unité, sinon les cris d’alarme contre la civilisation qui sont proférés par 6 manches à air ventilateurs intitulés « Credibility crisis » et qui poussent des mugissements sauvages.
Entre les corbeaux et leurs cris mécaniques déformés par les manches à air, se trouve une fresque de bonne facture artistique qui dépeint la société mexicaine. Certes, la dérision est obligatoire, mais elle reste acceptable en raison de la beauté du coup de crayon et l’organisation des symboles.
L’artiste, car on peut parler d’artiste, place sa société sous l’impérialisme de l’aigle américain qui tient dans ses serres la plante à drogue et la mitrailleuse. C’est la guerre, une guerre sale avec des cercueils, des squelettes, sous les volcans de la colère. Le pouvoir en place est délétère, condamné par ses actes, profiteurs sans tête ou cadavres affublés de signe de leur autorité. Ce n’est pas très réjouissant, mais la construction de l’ensemble et les détails de chaque partie montre une véritable conscience de la composition artistique.
Plus loin, pour en finir avec cette salle en L, on voit projeter sur un mur les phrases poétiques ou non, d’Alejandro Jodorowsky qui proclame son idée de la société :
• La justice et une injustice partagée par la majorité.
• La société vit en reproduisant le passé. Si tu la suis, tu deviendras un mort vivant.
• L’unité n’est pas l’exclusion des contraires, mais la somme des contraires.
• Poésie : un coup de feu vers l’avenir.
• Les guenilles du mendiant peuvent révéler la danse du vent.
On passe dans une petite salle, consacrée à la géologie et l’hydrographie du Rio Grande. Que vient faire dans cette exposition ces images et ces pierres et autres objets ? Mystère. Peut-être tout simplement, parce que le grand fleuve est frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
Et l’on entre dans l’autre grande salle aux recoins multiples. Franchement, rien de remarquable ! Là aussi, dessins (très peu), photographies, vidéos, sculpture (hum ! en plastique et démonté au sol) et autres objets dits artistiques tels ces livres recouverts de papier de verre et empilés sur une étagère ou encore cette chaîne de vélo qui tourne autour d’axes innombrables avec le cambouis qui s’écoule le long du mur. Grandiose peut-être ; incompréhensible, sûrement. Mais ce n’est qu’une métaphore visuelle de la société !
« Le dessin, très présent dans la culture mexicaine à travers la caricature, le surréalisme, le street art, est bien représenté. Il illustre la synthèse souvent brillante que le Mexique opère entre art populaire et art savant », nous dit le dépliant que l’on nous confie à l’entrée de l’exposition. J’espère cependant qu’il existe d’autres artistes au Mexique pour lesquels l’art n’est pas l’expression d’un rejet de la société et de revendications, mais qui tentent de faire passer un peu de beauté dans ce monde qui semble si triste.
07:58 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, art contemporain, sculpture, mexico, poésie, art populaire | Imprimer
21/05/2012
Jour du peintre
Jour du peintre, le soleil dort
Bordé de plumes, il se cotonne
Emergence sereine, sans contours
Il délivre sa myopie de cyclope
Terre de verre teintée, molle
Araignée laiteuse et géométrique
Je m’englue dans ta toile déployée
Jusqu’à cet œil pâle et soyeux
Mes pas étouffés par ta chair
Ne peuvent pas monter jusqu’à moi
07:47 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, poésie, poème, littérature | Imprimer
20/05/2012
Suite n°1 pour violoncelle de J-S Bach : dans le bruit et la musique
http://www.youtube.com/watch?v=V7edkwJsgN0&feature=related
Le métro et Bach, qui aurait pensé à un tel assemblage.
Et pourtant, c’est beau et poignant ! Cela tient-il à la jeunesse des musiciens, à leur ensemble, à leur position, ou à l’ambiance particulière du métro, le bruit des rails, le défilement des images, l’absence de voyageurs, ou encore à la musique de Bach, entraînante, mais faite de pauses, de diminuendo, de forte et de piano.
La musique est plus forte que le quotidien semblent-ils dire à travers ce qu’ils jouent. Ils ne sont pas dans le métro, mais dans Bach, le compositeur génial, toujours d’actualité, intemporel, immortel pourrait-on dire. Rien ne les trouble, ni le bruit, ni les sautes de lumière, ni le déplacement. Rien, le prélude de la suite n°1 se joue, émeut, fait monter les larmes aux yeux des connaisseurs, quelle beauté que cette musique extraordinaire, faite de tendresse, d’entrain, d’émotion, de générosité et d’élévation jusqu’à nous sortir de nous-mêmes pour nous laisser porter dans un au-delà qui nous semblait pourtant inaccessible.
Et pour ne pas tromper les vrais amateurs de musique, écoutons le même morceau joué par Rostropovich, plein de sérénité, mais très vif, comme empreint d’une illumination qui lui permet de jouer avec un tempo rapide, mais empli de paix.
http://www.youtube.com/watch?v=MUAOWI-tkGg&feature=related
07:53 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, classique, violoncelle | Imprimer
19/05/2012
Loire ensorceleuse
Loire peinte un jour d'orage quand plus rien ne va !
Loire ensorceleuse et orageuse
Que de fois me suis-je tenu
Devant ta magnificence
Ebahi, le cœur soufflé
A chaque regard une vision différente
Aujourd’hui, ciel d’orage
Empreint de mélancolie
L’eau, lourde, se laisse caresser
Les collines aux couleurs d’automne
Divaguent au soleil couchant
Et, le cœur dilaté m’entraîne
Vers une rêverie sans fin
07:25 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, huile, paysage, impression | Imprimer
18/05/2012
Exposition Christopher Wool, au musée d’art moderne de la ville de Paris
Le musée d’art moderne nous annonce que Christopher Wool est une des figures majeures de la scène internationale et l’un des peintres américains contemporains les plus influents.
Pourquoi pas ? Admirons donc :
Après ce regard incertain, nous avons le droit d’avoir quelques doutes sur les qualités de ce peintre international. Cela rappelle Damien Hirst (voir le 10 mars 2012). Même toiles grandioses par leurs dimensions, même salles d’exposition encore plus grandioses, même public, absent, malgré toutes ces qualités. Que nous montre-t-il ?
Des tags qui, à l’inverse de la passion pleine de liberté des street artists, sont peints avec beaucoup de réflexion sur des toiles. Mais cela reste des tags, et pas des meilleurs. Il s’agit de tortillons sans début ni fin. Beaucoup de ceux-ci sont d’ailleurs à moitié effacés, comme si le peintre lui-même s’était rendu compte de leur inanité.
Parfois les gribouillis sont remplacés par des lettres, voire quelques mots (exemple : SEX LUV !). Quelle preuve de créativité ! Là aussi, m’objectera-t-on, il s’agit par la dérision de mettre en évidence le décalage entre l’artiste et la société bourgeoise. Mais je ne crois qu’il en soit ainsi, du moins en ce qui le concerne. Il s’est parfaitement intégré à la société artistique contemporaine fabriquée de toute pièce par un système médiatique qui vante ses qualités picturales : « La composition des éléments picturaux – des lignes noires peintes à la bombe ou des clichés d’images sérigraphiées sur toile – se fait de plus en plus complexe et diffuse. Ses peintures plus récentes associent techniques sérigraphiques et peinture à la main. Entre improvisation et composition, ces œuvres aux techniques multiples font preuve d’une grande liberté formelle. » (MaM Paris)
Allez, faisons une exception pour cette toile, taches qualifiées de picturales, faites à la manière d’Henri Michaud, avec, malgré tout, moins de génie. Mais… les toiles sont beaucoup plus grandes !
07:29 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, exposition, street art, art contemporain | Imprimer
17/05/2012
Il était revenu aux lieux de son enfance
Il était revenu aux lieux de son enfance,
Il se revit, petit, sautant sur ses gambettes,
Plus rien ne sera comme hier, et ta prestance,
Retrouvée, anoblie, te dispense de courbettes.
Merci à vous tous, pour votre soutien esseulé,
J’imagine l’être solitaire, empressé,
Revenir vers ses souvenirs et les caresser
Pour qu’ils reprennent une existence froissée.
L’eau coule, sereine, lavant tes désirs obscurs,
Et les transforme en pesante sinécure.
Tu aimes la pétrir de tes doigts malhabiles.
Rien, les souvenirs refusent leur présence.
Le temps a filé et consacré ton absence.
Rien ne rebranchera le passé immobile.
07:35 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, poésie, poème, littérature | Imprimer
16/05/2012
O Magnum Mysterium, Morten Lauridsen, par le Westminster Cathedral Choir
http://www.youtube.com/watch?v=9y9yM53TowA&feature=related
Entrée dans le mystère des mystères, piano, pianissimo, comme l’entrée dans un lac en montagne, nu comme un ver, débarrassé de tout vêtement cachant notre condition d’homme. Le Christ s’offre à nous dans son infinie plénitude, couvrant de sa plénitude la surface de la terre, comme un voile transparent.
La partition fait appel parfois à deux voix de sopranes, à des accords à deux voix de ténors et de basses. L’harmonie est densifiée par des accords de seconde qui se fondent dans des harmonies classiques et apportent une coloration particulière et mystérieuse. Des accords de neuvième complètent la signature caractéristique de ce compositeur américain, Morten Lauridsen, contemporain, auteur de nombreux chants chorals.
N’en disons pas plus, et écoutons les paroles si simples de ce merveilleux chant. La musique est là pour nous faire pénétrer dans le grand mystère de l’incarnation.
O magnum mysterium
et admirabile sacramentum,
ut animalia viderent Dominum natum,
jacentem in præsepio.
Beata virgo, cujus viscera meruerunt
portare Dominum Christum, Alleluia!
Quel grand mystère et admirable sacrement,
que des animaux aient pu voir, couché dans une crèche, le Seigneur qui vient de naître !
Bienheureuse Vierge
dont les entrailles ont mérité de porter le Christ-Seigneur. Alleluia!
06:01 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, incarnation, poème, composition, chant choral | Imprimer
15/05/2012
La notion de valeur
La notion de valeur est une notion suffisamment variée pour que nous interrogions sur sa signification. De nombreuses personnes se réfèrent à cette notion pour se justifier, qu’elles soient de droite ou de gauche, intégristes ou libérales, tournées vers le passé ou vers l’avenir. Toutes se disent guidées par les valeurs qui les portent.
Le terme valeur désigne, en premier sens, le prix d’une chose, voire d’un être vivant, animaux ou, cela a existé, hommes ou femmes ou même enfants. Ce terme implique donc obligatoirement une relation entre celui qui émet un prix et celui qui achète. L’un et l’autre doivent se rapprocher d’un juste prix qui leur permet de conclure une affaire, ce qui exige au moins une règle commune de jugement, rapprochement entre la valeur personnelle d’une chose, estimée par le vendeur et le désir d’acquisition de l’acheteur. Il y a donc à la fois un jugement d’ordre personnel (j’aime suffisamment cette chose pour lui attribuer tel prix) et un jugement commun (nous finissons par faire concorder notre besoin ou désir de céder ou d’acquérir la chose).
Mais depuis le XIXe siècle s’est développée une autre vision de la notion de valeur, qui oppose ce qui devrait être par rapport à ce qui est. La valeur devient une référence qui permet d’ « évaluer » une idée, un fait, une chose. Elle s’érige en assurance ou en cautionnement et ne peut donc plus être discutée par ceux qui l’adoptent. La valeur se place au-dessus de l’homme pour conduire son jugement et l’amener à une vision commune. Dis-moi qu’elles sont tes valeurs et je te dirai qui tu es ! Choisir une chose plutôt qu’une autre, c’est se déterminer pour ce que l’on choisit et contre ce que l’on rejette. Au sens commun, la valeur permet un jugement critique, une attitude d’adhésion ou de rejet. Mais de cette notion d’attitude on est arrivé à la notion d’absolu : la valeur est la référence universelle à laquelle chacun se réfère. Puis on s’est interrogé sur ce qui peut nous inciter à adhérer ou rejeter, à aimer ou détester. Quelles sont les critères qui permettent d’adopter une attitude commune ? Cette notion de valeur est alors devenue un objet de philosophie : comment choisir, qu’est-ce qui m’incite ou me contraint à tel choix plutôt que tel autre ? Cela mène à la notion de jugement de valeur qui dépend de manière plus large de l’identité de la personne ou plutôt des personnes qui s’accordent pour attribuer telle valeur à telle chose. Leur appartenance commune leur permet de s’accorder aux mêmes valeurs. La notion de valeurs serait donc dépendante du contexte, de la culture de ceux qui s’y réfèrent.
Alors, existe-t-il des valeurs universelles ? On voit bien que certaines notions telles que, par exemple, la liberté, l’égalité et la fraternité, ne sont pas réellement comprises par d’autres peuples qui considèrent ces valeurs comme purement individualistes : l’individu prime sur la société. Pour les sociétés orientales, cette vision est inversée : la société est la valeur suprême qui passe avant tout désir individuel. On peut cependant envisager un certain nombre de valeurs considérées comme suprêmes : le bien qui inclut le bien commun et le bien personnel ; le bon : la bonté ; le juste : la justice ; le beau : la beauté ; le vrai : la vérité. Que de chemins parcourus par les civilisations pour en arriver là ! Et encore, cela n’est pas encore encré dans les esprits, mais promu comme une idée de ce qui devrait être et non de ce qui est. Et c’est cette tension vers ces idéaux qui en font une véritable valeur. Les valeurs sont une aspiration plus ou moins commune vers une adhésion de référence qui permet d’accorder les visions individuelles. Mais que de chemins restent encore à parcourir pour qu’elles soient reconnues !
07:29 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, philopsophie, élections | Imprimer
14/05/2012
L’art urbain ou street art : quai de l’Oise (2ème partie)
suite du 30 avril :
Sur le canal Saint-Martin, près de la Villette, existe aussi un mur magique, évocateur de l’Afrique par ses personnages, de l’Amérique centrale et du rêve intégral qui permet de digérer l’ensemble.
Tout d’abord les personnages avec une belle africaine qui cache pudiquement ses seins, sous le regard d’un sorcier inca, sorte de gargouille sortie du magma incandescent de l’imagination de l’artiste. Plus à gauche, l’Afrique jeune brise ses chaînes, le regard effrayé de son acte, ne sachant ce qu’il va advenir. 2013, dans un an, la révolution africaine ? Et encore plus à droite, jusqu’au bout de la rue, le monde précolombien des mayas ou des incas ou des aztèques, imagé, transposé, mais bien là. Il nous tire la langue, comme pour se moquer de nous, petits bourgeois français habitant dans cette ville de Paris, cosmopolite, au sang chaud.
Sur l’autre angle du mur, une transition représentée par la femme française dont les seins et le nombril constituent des cibles privilégiées, qui dit au revoir ou bonjour, à la chevelure d’or (ou presque) et un sourire radieux. Bref, la femme telle que la rêve des millions de français (semble-t-il !).
Prolongation sur la droite avec ce rêve onirique de pieuvre entourant le psy, dont les lettres semblent affolées par cette apparition inusitée. Une bataille imaginaire de l’esprit qui étouffe entre ces murs trop petits.
Enfin, plus à droite, une usine à gaz précolombienne qui rappelle quelque peu le dessin opposé, mais plus torturé, à mi-chemin aussi des dessins africains. Mélange extraordinaire des civilisations comme un résumé de la mondialisation de la rue.
07:07 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, street art, tag | Imprimer
13/05/2012
Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran
Pour poursuivre sur l'Islam et y puiser de la sagesse, malgré l'ambiance actuelle, ou peut-être à cause d'elle :
Parce que son père pense qu’il lui vole de l’argent, Moïse, dit Momo, jeune juif, casse sa tirelire et décide de devenir un homme en se payant une fille, rue de Paradis, à côté de chez lui. Peu après, il fait la connaissance de Monsieur Ibrahim, épicier musulman ouvert de huit heures du matin au milieu de la nuit. Le commerçant sait celui-ci malheureux. Il lui apprend en premier lieu à sourire, sourire de tout et à tous. C’est bête, mais ça marche. Ils s’apprécient et après le départ et le suicide de son père, Momo devient le fils adoptif d’Ibrahim. Pour fêter cela, ils décident de partir dans le Croissant d’Or, en Méditerranée. Ils achètent une voiture et Momo prend le volant. Tout au long du voyage, Ibrahim l’initie à la vie, la vraie vie, celle des sentiments, de l’amour et de la spiritualité. Il lui apprend comment distinguer les riches des pauvres. « Lorsque tu veux savoir si tu es dans un endroit riche ou pauvre, tu regardes les poubelles. Si tu vois ni ordures ni poubelles, c’est très riche. Si tu vois des poubelles et pas d’ordures, c’est riche. Si tu vois des ordures à côté des poubelles, c’est ni riche ni pauvre ; c’est touristique. Si tu vois les ordures sans les poubelles, c’est pauvre. Et si les gens habitent dans les ordures, c’est très très pauvre. »
En Turquie, ils s’arrête dans un village de montagne et Ibrahim emmène Momo danser. C’est la danse des soufis. Comme le lui explique Monsieur Ibrahim, ils tournent sur eux-mêmes, ils tournent autour de leur cœur qui est le lieu de la présence de Dieu. C’est comme une prière. Essaie, Momo, essaie.
Quant aux filles, lorsque Momo demande s’il sera assez beau pour leur plaire sans payer, Monsieur Ibrahim répond :
- Dans quelques années ce seront-elles qui paieront pour toi ! »
Et il poursuit :
- Tu les fixes en ayant l’air de dire : « Vous avez vu comme je suis beau. » Alors, forcément, elles rigolent. Il faut que tu les regardes en ayant l’air de dire : « Je n’ai jamais vu plus belle que vous »… Ta beauté, c’est celle que tu trouves à la femme.
Mais Monsieur Ibrahim a un accident. Il meurt tranquillement, heureux d’avoir si bien vécu. Momo médite un poème du soufi Rumi : Ce qui n’existe pas, produis-le : c’est l’intention.
Et il tourne. Je tourne une main vers le ciel, et je tourne. Je tourne une main vers le sol, et je tourne. Le ciel tourne au-dessus de moi. La terre tourne au-dessous de moi. Je ne suis plus moi mais un de ces atomes qui tournent autour du vide qui est tout.
Le livre se termine ainsi :
Voilà, maintenant je suis Momo, celui qui tient l’épicerie de la rue Bleue, la rue Bleue qui n’est pas bleue.
Pour tout le monde, je suis l’arabe du coin.
Arabe, ça veut dire ouvert la nuit et le dimanche, dans l’épicerie.
Oui, il faut le dire, Eric-Emmanuel Schmitt est un grand romancier. Sous des dehors d’une petite littérature pour midinette, il enseigne la vie à ceux qui ne peuvent entendre le langage savant. Et ses récits sont plein d’humour, les dialogues délicats, les personnages fantasmagoriques, hauts en couleur, inhabituels malgré leur extrême manque de connaissances intellectuelles. Alors on referme le livre avec un rien de regret qu’il soit lu si vite, et l’on rouvre les pages en cherchant les plus belles, mais toutes vous font vibrer et vous enrichissent d’une pointe d’humanité et de spiritualité.
07:22 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, écriture, roman, spiritualité, islam | Imprimer
12/05/2012
J’ai cinq doigts
J’ai cinq doigts et tu en as cinq
Si je les entrelace, j’ai dix doigts.
Nous sommes alors comme les marins
Qui tirent ensemble sur leur corde de bois.
Tu as les doigts les plus fins
Cela semble aller de soi.
Ce sont de petits verres de rien
Aux ongles rouges de désarroi.
Tu as aussi de petits plis
Qui forment de grands rires
Sur ta paume encore assoupie
Par les grands yeux qui l’admirent.
07:06 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, écriture | Imprimer
11/05/2012
Le cent-quatre (104 Rue d'Aubervilliers 75019 Paris)
Le cent quatre, c’est à la fois une usine, une grotte, un endroit fou, un cirque, une détente, une spontanéité, bref un lieu à nul autre semblable !
On y pratique toute sorte d’arts ou d’artisanats, voire d’artifices ou même d’artefacts. Ce ne sont pas des artistes professionnels installés dans la vie, de simples amateurs, déjà avancés, un peu perdus, la tête dans les nuages, les pieds pas forcément sur terre, mais avec un cœur qui s’évade par les verrières. Ils pratiquent la musique, la danse, le théâtre, les arts visuels, la magie. Ils sont résidents dans les bâtiments (ils ont bien de la chance !). A côté d’eux, et c’est étonnant cette promiscuité insolite, des entrepreneurs, chercheurs, regroupés dans un incubateur (les poussins sortent sur leurs pieds, un peu ahuris de se trouver là !).
Le bâtiment fut édifié par le diocèse, mais repris par l’Etat et transformé en Service municipal des pompes funèbres : tous avaient enfin droit à un service funéraire. En 2008, il ouvre au public avec une toute autre vision, en faire un espace de création, d’expériences et d’innovations dans le monde contemporain.
Il y a beaucoup de délire créatif, se contentant souvent de créatique (techniques de stimulation de la créativité), de mouvements pas forcément ordonnés, de singeries, parfois drôles, de contorsions « époumonantes ». On y trouve aussi un chef étoilé qui pratique la cuisine du quotidien et de l’extraordinaire, dont la carte se veut, est-il indiqué, éthique. Il y a bien sûr une librairie, dite du merle moqueur, bien achalandée, de livres intéressants, mis sur le marché par de petits éditeurs, emplis de poèmes fous et d’histoires désopilantes, côtoyant des monuments de pensées turbulentes.
Lieu insolite, décoiffant, peuplé de toutes sortes d’individus, vêtus parfois bizarrement, ou d’animaux, à poil et à plume. Le ciel se montre au-delà des verrières, serein, tiédasse, grisou ( ?), comme d’une humeur interrogative. Jusqu’où va-t-on ou jusqu’où peut-on aller ? Mais ce grenier caché est un trésor, malgré tout bien ordonné par des employés municipaux qui sont pléthores.
07:47 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art contemporain, paris, société, danse | Imprimer
10/05/2012
Imbrication
Si les astres étaient immobiles, le temps et l'espace n'existeraient plus. (Maurice Maeterlinck)
Et pourtant, ils semblent figés dans le temps et l’espace. Mais la vie est en eux comme un cœur qui bat, ordonné, réglé, construit. Et si cet agencement bouge si peu que ce soit, tout s’écroule et le monde perd un astre de la même manière que l’humanité perd un homme.
06:26 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : op'art, art cinétique, dessein, peinture, beaux-arts | Imprimer
09/05/2012
Rumi, ballet de Maurice Bejart, musique de Kudsi Erguner
http://www.youtube.com/watch?v=enOmxQP6JWs
La flûte, comme l’appel du muezzin, et la lente marche des danseurs qui semblent sortir de la nuit, après une veille mystique. Nous assistons à une véritable purification, pour ne pas dire une initiation. « Il y a un rapport mystérieux entre le corps et l’âme, et ce qui purifie le corps, par les ablutions et les gestes physiques de la prière rituelle ainsi que par la prononciation des paroles sacrées, aide l’âme à se purifier de la rouille qui ternit le miroir du cœur (sourate LXXXIII, verset 14) et qui l’empêche de refléter la vérité. Ghazâli précise qu’il ne suffit pas que le miroir soit net, car il doit être convenablement orienté, pour pouvoir donner une image. »[1]
Les corps tourne autour de « l’œil intérieur, l’œil du cœur, qui lui permet de voir les réalités supra-sensibles et d’être éclairé par les lumières célestes d’abord, puis par la lumière divine. » [2] Mais atteindre cet œil intérieur nécessite de la discipline, de la purification. On les voit se plier à la reconnaissance de leur petitesse devant la munificence de Dieu. Le cercle est d’abord imparfait et il se forme en un instant, inattendu, après que chacun succombe à l’aspiration mystique. Alors les corps ne font plus qu’un seul corps, les âmes se rapprochent et se tournent vers la lumière divine. L’œil intérieur se forme et se déforme. Quoi de plus beau que cette marche en rond, simple, pure, débarrassée de toute obscurité. Le corps devient léger, il s’envole et les robes se font ailes, les bras s’élèvent vers le ciel, tendus vers plus haut que soi. Apaisé par la lumière divine, l’homme peut se reposer dans sa chaleur et laisser en lui circuler l’énergie de l’esprit.
Il ne reste plus que l’unique réel ; et le sens de sa parole : « Toute chose est périssable sauf sa Face » est devenu pour eux une expérience personnelle (dhawq) et un état vécu (hâl).[3] Cette expérience personnelle désigne à la fois une connaissance intime, une participation sensible et émotionnelle, qui apporte certitude et compétence.
Merci Maurice Béjard pour cette leçon de vie qui ne s’exprime que par le tournoiement des corps et qui finit comme les astres qui tournent autour de la lumière divine.
05:09 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, danse, spiritualité, soufisme | Imprimer
08/05/2012
Tuer le père, roman d'Amélie Nothomb
D’emblée, Amélie Nothomb introduit au cœur de l’intrigue, un duel entre deux visions éthiques de la vie. L’un, Joe Whip, joueur invétéré, très doué de ses mains, l’autre, Norman Terence, hippie bon enfant, qui ne triche pas.
Le premier rencontre le second par l’intermédiaire d’un homme, un belge, sans que l’on sache ce qu’ils se sont dits. Joe s’introduit dans le couple Norman-Christina et devient pratiquement leur fils, malgré un manque évident de différence d’âge. Norman lui enseigne les tours de cartes et lui apprend, contre son gré, à tricher. Le récit développe ensuite le combat entre les deux hommes, le second voulant faire du premier son fils adoptif, malgré les tricheries, l’absence de reconnaissance, les attaques de son couple, l’indifférence de Joe.
Qu’en retenir ? Eh bien, je ne sais. Le récit est assez inhabituel chez l’auteur. Le ton également. On était habitué à plus d’humour et plus de verve. Ce n’est pas que le récit s’éteint par manque de vigueur. Non. Mais en fermant le livre, quel arrière-goût ! Un rien nous gène pour dire qu’il s’agit d’un bon roman. Le manque d’explication sur l’attitude de Joe ? L’incompréhensible pari entre Joe et le belge au détriment de Norman ? Tout cela laisse un goût amer malgré la nouveauté de l’écriture et de l’ambiance générale du livre.
Au fond, un bon livre est celui qui apporte un plus à notre manière de voir le monde. Là, on reste perplexe, que signifie tout ceci ?
06:36 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman | Imprimer
07/05/2012
Bois de Boulogne
C’était mardi, fête du travail. Quelle idée d’honorer le travail par un jour de repos ! Donc, couchés dans l’herbe, nous regardons tour à tour la cime des pins qui laisse filer les bulles de nuages sur l’écran et les barques et leurs passagers qui, lentement, glissent à hauteur des yeux.
L’eau, plane, lisse, reflète les arbres et un bout de la tour Eiffel. Ça caquette, ça vrombit, les paroles s’échappent des lèvres des groupes reposant près du lac. Et passent les joggeurs isolés derrière leurs lunettes noires et leurs casques à musique. Concentré, chacun à sa manière : rythmiquement, lourdement, au ralenti, en accéléré, les bras collés au corps, les mains fermées sur la poitrine, soufflant en cadence, peinant sans cadence, parfois même ne soufflant pas, asphyxiés. Les cyclistes, eux, passent en bandes, l’œil sur le prochain tournant, pérorant et pédalant. Parfois l’un d’eux s’arrête, sort son appareil, se concentre, puis rengaine, l’air satisfait.
Quelle après-midi heureuse ! Conversations, rires, cris même, tout ceci se fait dans la durée. Le temps s’étire, rajoute des minutes aux minutes, plus rien ne vient de la ville. Oubliés les rues, les voitures et le métro. Devant ce tableau lisse, glissent mes yeux et mes oreilles.
Le vide plein d’un après-midi campagnard aux portes de Paris.
07:13 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paris, société, 1er mai | Imprimer
06/05/2012
L'esprit politique
« Avoir l’esprit politique, c’est prendre plus grand soin du monde, qui était là avant que nous n’apparaissions et qui sera là après que nous aurons disparu, que de nous-mêmes, de nos intérêts immédiats et de nos vies. Par-là, je ne veux pas dire héroïsme : simplement qu’en entrant dans le domaine politique, toujours en provenance de la sphère privée de notre vie, nous devons être capables d’oublier nos soucis et nos préoccupations. »[1]
Puissions-nous ce soir nous convaincre que, quel qu’il soit, notre Président de la République prendra soin de la France et non des intérêts immédiats d’une partie des Français contre une autre partie. Et que les Français qui n’auront pas voté ou qui auront voté blanc dépassent leur rancœur contre les deux candidats. Il en faut, alors, choisissez, même si aucun ne vous convient pleinement !
Combien, en dehors du débat de mercredi où ce sont les candidats qui ont mené le jeu, cette campagne a été décevante. Chamailleries, mots félins pour ne pas dire assassins, ragots, rien n’aura été épargné aux Français. Mais peut-on dire que ce n’est que de la faute des candidats et de leur équipe ? Nos rapporteurs médiatiques ne sont-ils pas en grande partie responsables ? A l’affut de la moindre parole ou du moindre geste opposant les candidats, ils n’ont montré, ces trois derniers mois, que les aspects les plus veules d’une campagne plus médiatique que politique. Très peu de choses sur les programmes, cela ne les intéressent pas. Ils ne relaient que ce qui fait polémique et non ce qui est édifiant ou édifiable. Les questions posées aux candidats pendant leurs interviews individuels sont désespérantes de bêtise : « Comment vous sentez-vous face à untel ? », « Que pensez-vous du fait que tel candidat a deux points de plus que vous ? ». A croire que les journalistes vivent dans un autre monde, artificiel, fait de paroles superficielles qui créeront d’autres paroles pleines de fiel dont ils se pourlècheront de manière substantielle.
Les médias se complaisent dans l’émotion qu’ils cherchent à provoquer. De l’intelligence politique, à quoi cela peut-il servir ? Seul compte ce que ressentent les candidats et le public. « Quel est votre sentiment sur… », telle est la question favorite d’une société médiatisée à outrance. Nous aurions aimé plutôt connaître le point de vue du candidat sur la situation dans tel ou tel domaine et les améliorations qu’il compte y apporter. Vous me direz qu’il suffit de regarder Internet pour trouver ces programmes. Oui, mais les avez-vous lu, et jusqu’au bout ? De plus, si on leur donne la parole, c’est bien pour qu’ils nous expliquent ce qu’ils comptent faire !
[1]H. Arendt, citée dans E. Tassin, Le trésor perdu, Hannah Arendt, l’intelligence de l’aciton politique, Payot, 1999, p.50.
07:02 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, élection, société, france | Imprimer
05/05/2012
C’est votre univers
C’est votre univers, ce bureau délavé.
Et, présent, vous laissez partir votre esprit ;
Absent, sans vergogne, vous y revenez.
Apparition, disparition, tromperie !
Environné de fantômes, muselé,
Vous vous condamnez en imagination
A devenir sec et pâteux, dépoilé,
Dans cette enceinte de distanciation.
Votre transparence devenue réelle,
Vous errez dans les couloirs solitaires,
Trainant derrière vous vos péchés véniels,
Jusqu’à cette résidence balnéaire.
Et vous vous ébattez, le cœur en fête,
Là où aucune envie ne vous attend.
Vous vous délestez d’une âme inquiète
Jusqu’à baigner dans le vide dilatant.
05:02 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, poésie, poème, littérature | Imprimer