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04/11/2016

Voyage

Elle porte une toilette en fibres d’or, sourit de toutes ses dents, à genoux dans l’eau, offerte au soleil. Elle se relève, les mains vers le ciel, puis se caresse le cou, descend, arrive aux seins, laisse tomber les gouttelettes d’eau sur sa robe, puis s’enfuit dans le soleil, ivre de liberté, la fausse, celle de la publicité, du voyeurisme et du consommateur enfiévré. Une pause quasi obscène, offerte, les jambes écartées, ventre en avant. C’est l’or de Dior, « J’adore », qui trône sur tous les écrans en même temps dans l’aéroport.

Sans cesse nos sens sont sollicités, les hommes par les femmes, les femmes par les femmes. Oui, il n’y a pas de réciprocité. La beauté et la douceur féminines surclassent largement la force et la virilité masculine.

Arrivée dans l’avion. Les hôtesses gantées sourient, vestales sévères et raides entre les sièges, vous désignant du doigt votre siège, telles des aiguilleuses du ciel. Partis dans un ciel bleu sans nuages ni soucis, la tête près de l’azur, les pieds dans le vide, nous planons au-dessus des eaux blanches d’écume et rêvons d’une autre existence, de liberté réelle et de vide cosmique.

D’un coup, ce manque vous assaille, emportant votre être dans l’éther qui vous passe à travers le corps et remonte jusqu’à la tête. Vous planez, en suspension sous votre ceinture de sécurité. Vous rêvez d’images pailletées, d’eau fraîche, vous descendez en vous-même jusqu’à ce lieu où plus rien n’existe hormis les battements de votre cœur dans ce glissement sans fin vers la lumière. Vous vous réveillez, ébloui par les rayons du soleil qui vous caressent le visage à travers le hublot. Le ronronnement permanent vous reprend, vous envahit la tête. Quand arrivons-nous ?

12/07/2014

De quoi me parle-t-on ?

Ce matin, après avoir pris un bol de café, je m’installe devant mon ordinateur, l’esprit ailleurs (où, je ne sais !). J’ouvre le site fatidique « Regards sur une vis-sans-fin » afin d’inscrire quelques riens dans la page blanche. Quel ne fut pas ma surprise de voir que celle-ci n’était plus blanche. Un rectangle avec un dessin et une plage grise est apparu au cours de la nuit.  

– Je rêve, me dis-je. Je passe un voile gris avec la souris dévoreuse et clique sur Suppr. Rien ! L’image est toujours là, ineffaçable. Que signifie-t-elle ?

Le 21, je dévoile le bas

Tiens, cela me rappelle quelque chose. Alors, attendons avec impatience le 21 juillet. Que va-t-il se passer ? 

22/09/2013

Roy Lichtenstein

Roy Lichtenstein était un peintre facétieux que la galerie Gagosian, près desDrowning girl.jpg Champs Elysées, expose actuellement.  Son style convient à toutes les peintures, puisqu’il ne pratique qu’une conversion de tableaux ou de dessins originaux. Il s’est illustré en tant que promoteur de la bande dessinée. Qui n’a pas vu ces femmes au dessin voluptueux, exprimant des sentiments de midinette. Mais ce n’est pas sa seule source d’inspiration. Il se commet également avec la publicité et, plus étrange, avec l’histoire de la peinture, dont le surréalisme et le cubisme.

L’exposition Gagosian nous montre des œuvres propres à la période 1979-1980 pendant laquelle Roy Lichtenstein découvre l’expressionnisme allemand. Il va s’approprier le style en le transformant à sa manière, cela va sans dire. Il reprend, par exemple, les jaunes et les verts criards, les contours noirs, les visages anguleux d’Ernst Ludwig Kirchner. Il s’inspire des gravures sur bois du Blau Reiter, tel ce portrait du Dr Waldmann de 1980.

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Il reprend les paysages expressionnistes de Cézanne (les baigneuses) recréant à sa manière l’atmosphère et la lumière du midi.

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Il peut également se stimuler en utilisant l’art nègre :

 

 

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 Sa manière : une utilisation des couleurs primaires, l’emploi de points ou de traits pour représenter des ombres, mettre en valeur ou au contraire brouiller le sujet dans son environnement, comme cette tête de femme qui est à la fois triste ou au moins mélancolique, et joyeuse ou fraiche par le bleu qui traverse le tableau.

  

Une exposition qui nous contraint à nous demander où se trouve la frontière entre l’art et l’usage habituel d’autres types d’information tels que la publicité, le stylisme, l’objet culte, voir les illustrations pour enfants, etc.

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 Allez… Un retour sur son style habituel :

 

 

 

 

20/01/2013

Rue du Mail (2ème arrondissement, Paris)

Une rue qui n’a rien d’extraordinaire habituellement. On peut penser que son appellation ne date pas d’hier, ni d’Internet, et que donc il ne s’agit pas de courriels, mais de promenade publique, voire de boulevard. Alors quelle idée de superposer des synonymes : l’avenue de la promenade ou mieux la rue de la rue ! Elle est petite, étroite, un peu noire, mais contient des magasins de décoration assez chics.

Eh bien, pour les soldes, les commerçants ont inventé une belle décoration, originale, lunaire pourrait-on dire : des abat-jours géants suspendus dans les airs. Oui, cela surprend, mais en bien, ce qui est rare.

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Et me voici passant sous les abat-jours, pas plus éclairés puisqu’il fait jour, mais le crâne tamisé par ces éteignoirs à bougies. Quel chapeau !

Chaque magasin dispose d’une flamme de tissu jaune qui semble inviter le passant à l’intérieur. Et pour plus d’attirance, les devantures sont fournies, fourbies avec des intentions artistiques : défilés de tissus, coin de fenêtre miroitant, même un dragon veillant sur l’ameublement.

 

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Et je repars sous les abat-jours, étonné bien sûr, pas blasé. Les étrangers disent que les Français sont frivoles et imaginatifs, on va finir par le croire.

Allez, encore un tour d’abat-jours :

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Je remonte sur ma bicyclette, le cœur léger, j’arrive à la fin de la rue, qui possède un bistrot bien de chez nous, intitulé « Chez Georges ».

Mais... Il est temps de rentrer.

 

08/12/2011

Les têtes fleuries, un magasin des jardins du Palais royal

 

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Quel monde imaginé pour vendre de vulgaires sacs à main ou des vêtements ! Certes ces derniers ont du chic, quoique, encore, ils sacrifient à la mode du noir. Mais ici ce noir a quelque chose d’aérien, comme un dessin en noir et blanc qui laisse passer le souffle quotidien entre les interstices pour le conduire vers des sommets difficilement atteignables.

Pour mettre en évidence ce constat, cette évaporation du souffle vers le ciel, les décorateurs ont trouvé un artifice : la tête dans les nuages et, bien sûr, des nuages noirs et blancs. Ils forment une grosse boule de papier, comme un cumulus vu d’avion, et l’on devine, au dessous, mais l’on ne sait où, la tête hilare des mannequins qui respirent cet encens, les yeux clos, les lèvres entrouvertes, un sourire s’esquissant sur le coton gazeux. Alors ces femmes deviennent des déesses immatures, qui, par leur corps banal, posent dans la mode conventionnelle d’une publicité tapageuse, et qui prennent une autre dimension grâce à ce fumet vaporeux qui coiffe leurs prétentions relationnelles. Vous imaginez tout : hors du temps, elles flottent dans un ciel limpide et passent sur les consciences pour leur dire : « Evadez-vous, ne vous laissez pas engluer dans un quotidien grisâtre ! Vous valez mieux. Planez en toute liberté dans les coulisses des songes et laissez votre esprit se divertir comme ces papillons qui nous entourent et nous chantent des chants merveilleux ».

 

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Et, peu à peu, vous laissez vos pensées se rafraichir dans les nuées, se diluer dans un éther lumineux et monter, s’élever, se surélever jusqu’à ce jour, encore une fois, qui vous laisse un souvenir impérissable, comme une fuite de gaz s’échappant par une fenêtre ouverte dans un appartement vide. La vie devient transparente, à l’image du mannequin de droite dont l’ébauche d’une radiographie laisse discerner une demi-colonne vertébrale et deux seins frêles qui ressemblent aux phares sur une calandre de voiture.

Mais elle peut aussi évoquer un monde sous-marin illuminé par le projecteur que vous pouvez distinguer sur cette dernière photo : les mannequins deviennent objets inanimés flottant dans une eau trouble, sereins malgré tout.

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