21/09/2020
Les arts florissants
https://www.youtube.com/watch?v=wNmyYgkG2z8&pbjreload=101
Des pièces magnifiques chantées avec virtuosité et drôleries qui méritent toutes une place plus qu'honorables au panthéon de la musique.
Ensemble de chanteurs et d’instrumentistes voués à la musique baroque, fidèles à l’interprétation sur instruments anciens, Les Arts Florissants sont dans leur spécialité l’une des formations les plus réputées au monde. En 2019 Les Arts Florissants ont fêté leurs 40 ans.
( https://www.arts-florissants.org/les-arts-florissants.html )
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24/08/2018
Violoncelle et piano
Petites routes et chemins pour se rendre au "concert". C’est ainsi qu’est appelé ce rendez-vous avec un piano et un violoncelle : repérage cartographique, puis l’aventure, facilitée par une lecture attentive. Entrée dans un chemin couvert, un long bras sorti des feuillages, comme un trou de souris dans la ouate doucereuse. Débouchée sur un bâtiment, à gauche, environné de personnages fantômes. La maîtresse de maison s’avance. Oui, nous la connaissons : quelques jours avant, elle était venue nous porter un papier expliquant le concert. Elle s’avance d’un pas serein, vêtue d’une robe longue, dévoilant le bas des jambes, modestement. Une ceinture portée haute, presque sous les seins, rappelle ce XIXe siècle romantique, sage et endolori. Et ce sera bien l’intonation de la soirée, la marque que garderont nos esprits dans ce brouillard irréel d’un soir de fin de vacances.
Les lieux ? Arbres et verdure, une éclaircie sur la droite, un pré sans clôture, à l’herbe mi-haute, dans lequel nous garons la voiture. Quelques bâtiments que nous distinguons peu, enfouis sous les pousses d’arbrisseaux. Nous n’y prenons pas garde, préoccupés par les quelques personnes semblant attendre d’un air las. Nous en saluons quelques-unes, échangeons quelques mots avec l’hôtesse nous rappelant notre rencontre de la veille. Elle nous indique l’entrée dans un grand bâtiment, ressemblant plus à une grange qu’à une maison, dont la béance grise reste mystérieuse. Allons-y !
Nous pénétrons dans une grande pièce, mi-empierrée, mi-chaulée, recouverte de deux poutres monumentales. Un piano, un Schimmel si me souviens bien, sévère et tendre, étale son clavier. À ses côtés, un fauteuil vide. C’est le seul décor sur cette partie de la pièce où il faut maintenant accéder à une place. Peu de sièges, disparates, quelques bancs, quelques coussins, plusieurs tapis. Des gens silencieux, en attente, dont on se demande s’ils vont se mouvoir et s'émouvoir lorsque résonneront les premières notes. Nous finissons par trouver un canapé dans lequel est assise une jeune fille, ou plutôt une jeune femme d’une trentaine d’années. On s’assied en se tassant et ce rapprochement des corps réchauffe le cœur et donne à l’inconnu une impression de civilité. On attend, dans le silence compassé de l’ignorance de ce qui va advenir. Alors, on regarde la pièce. Une magnifique cheminée, forte, seigneuriale, mal jointe, il faut le dire, prend la salle sous sa protection, telle une main immense se fermant sur la passivité des spectateurs languissants. Nous sommes dans la salle d’apparat d’un châtelet et, ma foi, nous nous y trouvons bien. Elle est, malgré sa sobriété, chaleureuse et décorée avec goût.
Enfin, les derniers arrivants installés, la compositrice et pianiste Christine Jeandroz présente en quelques mots la jeune violoncelliste Mathilde Reuzé et la première partie du concert. Applaudissements… Silence… Installation de l’artiste… recueillement et… les premières notes : courante de la 6e suite pour violoncelle de Jean Sébastien Bach, mon musicien préféré. C’est difficile pour une jeune musicienne de commencer seule un concert. Elle le fait avec assurance, une technique parfaite, le cœur un peu serré, ce qui l’empêche d’y mettre toute la chaleur de l’âme qu’on attend d’une écriture musicale si assurée. Peu importe. On se laisse emporter par ces phrases de Bach qui prennent et reprennent le thème, explorant toutes les possibilités qu’offre le professionnalisme et l’intensité de l’émotion du grand compositeur. Précise, presque mathématique, mais empreinte de mysticisme, la mélodie se déroule et enchante nos oreilles, notre corps, notre cœur et notre esprit. Oui, Bach reste inégalé par sa capacité à émouvoir l’ensemble de l’être et à l’élever au-delà de l’apparence quotidienne.
Du piano, je ne retiendrai que le premier impromptu de Franz Schubert et le commentaire du programme : « Une femme amoureuse se souvient : la rencontre avec l’homme, les battements de sœur, l’attente.. Le reverra-t-elle ? L'amour naissant, la douceur, le désir, la complicité, puis les tensions, les apaisements, la passion, les ruptures, les retrouvailles, la douleur, la douceur, à nouveau. Et toujours, dans son cœur… l’amour. » Les notes s’égrainent, la mélodie se déploie, les sentiments s’expriment et l’âme s’envole. Je suis dans le salon de Georges Sand, parfois de la comtesse de Ségur, revivant les jours de l’adolescence où le romantisme prédomine.
Retour au violoncelle, accompagné par le piano dans la troisième partie du concert. Le jeu de la violoncelliste dépasse maintenant le seul aspect technique. À dix-sept ans, elle joue merveilleusement, avec retenue. Nocturne de Tchaïkovski, puis une composition de Christine Jeandroz. Enfin, un bis de Chopin, comme toujours, aérien.
Nous restons sous le charme de cette soirée hors du commun, parlons avec les uns et les autres autour d’une table emplie de verres et de friandises. La nuit est tombée, on fait connaissance sans presque se voir, ce qui ajoute au mystère de la soirée.
Il fait froid, il faut rentrer. Merci aux deux musiciennes de nous avoir enchantés en nous plongeant dans l’atmosphère intimiste du XIXe même si les pièces jouées dépassaient ce siècle mouvementé.
06:53 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : concert, piano, violoncelle, romantisme, xixe | Imprimer
09/04/2017
Choral BWV 647 de Jean Sébastien Bach, interprété par Leo van Doeselaar
https://www.youtube.com/watch?v=08dRG-7KrHA&index=3&a...
Un doigté sûr, un entrain sans pareil, une pièce qui est un trésor d’ingéniosité musicale, voilà de quoi satisfaire ce matin, les musiciens !
Bach est bien le meilleur. L’entrée dans la pièce est légère, enlevée, étonnante de fraîcheur, et puis, comme du fond des âges, le choral retenti, joué sur la pédale. Il laisse une impression d’ailleurs, comme un rappel, celui de la présence de l’éternité, sur fond de gaité des hommes. Le calme du royaume de Dieu dans l’agitation du monde des humains. Puis, peu à peu, les deux mondes se mélangent et s’organisent pour former un chant pur de louange qui monte vers le ciel, chant à la fois très structuré musicalement et très libre d’émotion retenue.
Oui, Bach est bien le meilleur.
07:17 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : orgue, concert, choral, organiste | Imprimer
23/03/2013
Passion selon Saint Jean de Jean-Sébastien Bach
Hier, concert en l’église de la Sainte Trinité, achevée en 1867 et d’un style moitié-gothique, moitié-renaissance. Je me suis demandé au début du concert si l’église avait le pouvoir de brouiller les sons et de passer au mixeur la magnifique musique de Bach. Il est vrai qu’il faut être particulièrement chaud pour débuter sur le chœur qui proclame la glorification du Christ :
Christ, notre Maître, dont la gloire
Domine en tous pays !
Montre-nous par ta Passion
Que toi, le vrai Fils de Dieu,
Eternellement,
Même dans la plus grande humiliation,
As été glorifié !
Mais progressivement le rythme, la vitalité et la dramaturgie de cette musique se sont mis en place et ce fut un beau concert. Je ne peux vous faire entendre l’interprétation de l’Ensemble Jubileo, spécialisé dans les concerts spirituels dans des lieux insolites tels que des gares, des hôpitaux, des prisons. Cette interprétation de l'abbé Amaury Sartorius vous en donne un aperçu. L’explication donnée par Gilles Cantagrel, musicologue de France Musique, permit de prendre toute la mesure et la singularité de l’œuvre. Plus qu’une construction musicale, c’est bien un véritable drame qui est joué avec au centre le récit de l’évangile. Elle permit également de comprendre les choix fait par l’Ensemble : pas de récitation du conteur prévu dans la partition, mais le texte est lu par Michael Lonsdale. Cela retire l’ennui que peut procurer ces longs moments difficilement compréhensibles pour ceux qui ne parlent pas allemand.
Ecoutez encore Rutht wohl, tendre et annonciateur de la vie divine, merveille d’amour contenu et de promesses à venir.
http://www.dailymotion.com/video/x572ar_bach-passion-selon-st-jean-6-ruht-w_music
Peu à peu, nous sommes entrés dans cette cathédrale musicale et, plus profondément, dans le drame divin et humain à la fois, du sacrifice du Christ. Belle entrée dans la semaine sainte. Quelle méditation dans la beauté d’une musique exceptionnelle. Bach, ce grand maître, continue de nous bouleverser presque 300 ans après qu’il ait composé son oratorio !
07:44 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique sacré, oratorio, concert | Imprimer
13/03/2012
Ecoute d’une fenêtre ouverte sur un piano
Ecoute d’une fenêtre ouverte sur un piano…
Cristallines, les notes tombent une à une,
En cascade, ralenties, comme gelées,
Et la pesanteur les laisse s’écraser
Sur la surface lisse et froide,
Entre les rochers de la solitude.
Emportées par le tourbillon des flots,
Elles forment un renflement
Et s’évasent entre les cailloux
Qui parsèment la main gauche
De coupures subtiles.
Certains passages, entre les pierres,
Entraînent un modelé accéléré
Dans lequel les notes se noient
Dans une harmonie prudente,
Avec une retenue évidente.
Enfin... La plaine luxuriante
Où la mélodie prend de l’ampleur,
Accompagnée de nombreux accords :
Septième dominante,
Neuvième parfois,
Toujours suggérés,
Susurrés à l’oreille.
Tout s’éteint,
Se dilue,
Se perd,
Dans le grand bleu turquoise.
Alors on se laisse endormir,
L’esprit libéré de ce tout
Qui nous empoisonne
L’existence de son obsession :
Penser = vivre.
Quelle erreur !
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, écriture, poésie, poème, musique, piano, concert | Imprimer
11/02/2012
Concert en l’église Saint Vincent de Paul
Concert dans notre église, bien sûr que l’on y va !
Un véritable orchestre, un chœur fourni, des solistes émouvants, tout cela dans une église du XIXème siècle, consacrée à Saint Vincent de Paul.
Evoquant plus une basilique qu’une église paroissiale, elle emprunte à toutes les architectures religieuses sans cependant en adopter aucune. Avec un portique grec donnant sur la place Franz Liszt, surmonté d’un fronton représentant la glorification de Saint Vincent de Paul, elle contient de part et d’autre de la nef quelques deux cent personnages exécutés par Hippolyte Flandrin et une magnifique charpente polychromée
Dominus regnavit et In exitu Israel, motets de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772)
http://www.musicologie.org/Biographies/mondonville.html
(Vous y trouverez des extraits de ces deux œuvres)
Sans connaître le psaume 92, vous êtes immédiatement pris par sa description chantée d’une tempête qui s’accorde avec les paroles :
Les fleuves ont élevé leurs flots par l’abondance
Des eaux qui retentissaient avec grand bruit,
Les soulèvements de la mer sont admirables,
Mais le Seigneur qui est dans les cieux est encore plus admirable.
En voici un extrait, ce n’est malheureusement pas le mouvement de la Tempête, mais je ne l’ai pas trouvé sur Internet. Il s’agit de l’entrée dans le psaume, avec le Domine regnavit, petite phrase répétée jusqu’à former une véritable pièce avec toute la magnificence du siècle des lumières. Puis le petit chœur des solistes vous élève dans un calme contrastant avec la fureur préalable. Vous reposez dans la paix toute masculine des voix d’hommes, puis dans la grâce aérienne des deux voix de femmes.
Ecoutez également des extraits du motet In exitu Israel. On se laisse vite prendre par l’harmonieux accompagnement par l’orchestre de la soliste qui forme un duo inédit et enjoué.
Tranfige dulcissime Jesu, motet de Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) :
Ce motet, plus ancien, contient un petit chœur qui commence très classiquement en laissant les solistes masculins s’exprimer en réponses successives, puis en duo homme-femme très tendre, presque sensuel, bref, mais plein de rondeurs. C’est une lente montée vers les cieux ou vers une intériorisation avant le bouleversement émouvant de la rencontre divine.
Elle se manifeste par un passage assez extraordinaire, avec changement de rythme fréquent d’un contrepoint serré qui se termine dans un retour au calme très harmonieux dans un enchaînement interrogatif de l’ensemble des voix jusqu’au final qui vous fond dans une béatitude bienfaisante.
07:25 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, concert | Imprimer
22/12/2011
Le concert vu par un choriste qui n’a rien compris à la musique
Ce ne sont que des impressions, sans plus, qui ne rendent nullement compte de l'atmosphère réelle du véritable concert. La musique vue par un non initié qui s’intéresse aux réactions plutôt qu’à l’effet musical.
Instants précédents, dans l’église
Lorsque les spectateurs toussotent benoîtement
Lorsque les choristes deviennent ordonnés
Lorsque le chef de chœur sent un nœud
Au plus profond de son ventre
Avant de dire : A Dieu va !
Entrée, à pas menus, celui des femmes
Montée sur l’estrade, face au public
Regard des choristes sur celui-ci, curieux
Puis report de l’attention sur l’initiatrice
Qui dresse ses mains comme une déesse
Un battement et l’orchestre commence à jouer
Ensemble, les violons chatoyants,
La clarinette sourde, la flute aigrelette
D’où sort un air réglé, sonore et vaillant
Rythmé par les battements du chef
Amoureusement, avec souplesse
Elle imprime sa volonté aux instrumentistes
Réservant sa verve gestuelle
Aux choristes qui pour l’instant écoutent
Enfin, voilà leur tour, ils s’agitent, pas trop
Placent leur partition en face de leur regard
Respirent en mesure, grandement
Et entrouvrent leur bouche, rondement
Pour sortir un accord devenu parfait
A force de répétitions et d’encouragements
Dans le sens voulu par le compositeur
Peu à peu, le chant s’harmonise et se fond
Module avec une précision mathématique
Les notes entremêlées, individuelles
Jusqu’à former une conjonction de mélodies
Que l’oreille avertie peut distinguer
Et qu’entendent ceux d’en face
Assis sur leurs chaises branlantes
Bougeant en périodes indéterminées
Pris d’une soudaine envie de tousser
Mettant discrètement la main
Devant une bouche ouverte et silencieuse
Quel spectacle ! Les spectateurs observés
Par les chanteurs qui s’attendent
A une manifestation chantée de leur part
Mais rien ne vient, rien qu’un discret grondement
De celui qui ne peut se retenir
Mais qui cherche à le camoufler
Par un mouvement de sa chaise
Et pendant ce temps la pièce musicale
Egraine sa mélodie, avec toutes ses embûches
La voix collée au palais, ils chantent
Encouragés par l’attention soignée
Du maître de musique tout en rondeur
Et sourire affectueux et prudent
Reprise des instruments, au fil du temps
Organisant l’espace musical
Découpant la musique en pièces
Piécettes et comptes d’apothicaire
Silence, soupirs, reprise
Rien n’est épargné à l’auditeur
Qui se délecte sur sa chaise
Se gratte l’oreille, croise ses jambes
Fait mille bruits incongrus, en murmure
Inaudible à l’inhabitué des concerts
Et voilà, déjà les dernières mesures
Un geste apaisant, menu
Avant celui définitif d’une fin annoncée
Fermées les bouches des choristes
Sans souffle ni toucher pour les instruments
Un instant de suspension
Un air plus léger, résonnant encore
Des derniers accords jusqu’au fond
De l’église avant de revenir atténués
Vers les exécutants. Encore un instant
De silence encouragé par le chef
Qui lentement abaisse ses bras,
Relâche ses épaules, incline la tête
Avant que les applaudissements
Ne lui laissent un sourire au coin des lèvres
L’esprit tranquille, elle respire
L’air des fleurs du travail bien fait
Quel beau concert, merci à tous
Semble-t-elle dire en regardant
Sa petite ménagerie chantante
Mais où est donc passé le compositeur
D’une aussi divine musique
Et le chant a-t-il élevé les sopranes
Enrobé les alti, approfondi les basses
Ennuagé les ténors ?
Oui, sans doute, mais seuls
Les auditeurs peuvent le dire
Il leur reste au creux de l’oreille
Des souvenirs et des caresses
Et l’âme encore endolorie
D’une nostalgie incontestable
Troublante et difficilement exprimable
04:22 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, musique, concert | Imprimer