Quelle différence entre la littérature, la musique et l’art plastique ? (06/03/2013)
Quelle différence entre la littérature, la musique et l’art plastique ?
La littérature est là pour raconter une histoire, que celle-ci soit une histoire dans l’histoire, des réflexions sur l’histoire de l’homme ou encore l’histoire de ce qui pourrait se passer dans l’avenir. Bref, la littérature raconte, avec sérieux, avec humour, avec vindicte, avec émotion, le temps qui passe et ce qui reste de ce temps.
La peinture est plus subtile. Certes pendant longtemps, elle a elle aussi raconté une histoire, à sa manière, par les yeux et non les oreilles. Mais la photographie, puis, le cinéma, la télévision et maintenant les multimédias ont mis à mal la peinture d’antan, les paysages, les portraits et l’académisme. Désormais la peinture, pour une bonne part, ne raconte plus, elle rêve, en couleurs, en formes, en mouvement ou même à l’arrêt tel le carré blanc sur fond blanc, de Malévitch. Son objet est d’éveiller en nous des émotions, des sensations, des sentiments, bref du rêve qui reste encore palpable parce qu’on peut toucher les œuvres, qu’on peut les regarder, qu’on peut même les sentir. Mais elle s’approche tranquillement de la musique, en sœur plus jeune. Il faut une part d’imagination, d’exaltation, voire de délire, pour apprécier la peinture telle qu’elle se présente aujourd’hui. Beaucoup n’y comprennent plus grand-chose. L’abstraction leur est négation parce que coupée de l’histoire et des histoires.
La musique ne raconte rien, sauf la musique de films et quelques pièces drôles parce qu’imitant les bruits de la vie humaine, animale, végétale ou minérale. Telles sont la Poule de Rameau, le Tic toc choc de Couperin, le Carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns, le Catalogue d’oiseaux d’Olivier Messian et bien d’autres compositions charmantes. Mais la musique va au-delà de l’histoire et de ses apparences. Que fait-elle ? Elle nous enchante sans que l’on puisse réellement savoir pourquoi. Elle va même plus loin. Elle est construite autour d’une mathématique différente de celle qui nous est enseignée: pas de système décimal, mais plusieurs systèmes (octave à cinq notes comme dans la musique asiatique, à sept notes dans la gamme diatonique, à douze notes chromatiques, voire d’autres comme dans la musique indienne). Les écarts entre les notes ne sont pas exactement semblables selon la manière d’accorder l’instrument et l’époque, etc. Qu’est-ce à dire ? L’harmonie des sons procède d’une autre logique que la logique décimale. Diviser l’octave en dix sons et vous n’aurez qu’une cacophonie. Il ne s’agit donc pas de penser la musique en termes de fréquences, c’est-à-dire en considérant la succession des notes, mais d’atteindre la véritable cosmologie de la musique, dans son étendue temporelle et spatiale. La musique exprime le Tout Autre derrière la matérialité des instruments et la physique des sons.
Et pour accompagner cette réflexion, appuyez-vous sur une musique de John Cage :
https://www.youtube.com/watch?v=NR0zVdjYXcw
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