13/12/2013
Canon de Pachelbel par le Canadian Brass
http://www.youtube.com/watch?v=Ut_vq0eN1WA
Joué ainsi ce canon fait penser à la musique de Lulli et au brillant des théâtres du Grand Siècle.
Mais ces cuivres arrivent à mettre tant de douceur dans leurs sons que l’on voit les bateaux défiler sur le Mississipi derrière la platitude de la campagne. Ils avancent lentement et s’enfuient au loin vers la gauche là où rien ne les retient plus à la terre, vers le large. C’est presqu’une noyade sonore suivie du silence apaisant.
Alors on veut réécouter ces sons étranges, inhabituels ; ils vous charment à nouveau, jusqu’à la fin ; et l’on meurt à nouveau aux sons des cuivres étincelants.
07:58 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : musique, canon, classique, harmonie | Imprimer
12/12/2013
L’eau coule et sa retenue crée la vie
L’eau coule. Elle dévale la pente plus ou moins vite selon les uns ou les autres. Elle est vive et fuyante, mais elle coule et rien ne peut l’empêcher de couler.
Pourtant chaque jour, la vie des hommes se constitue comme un obstacle à cet écoulement du temps. Chacun tente de retenir ces flots qui se déversent en lui. Et l’eau devient bonheur et plénitude si les jardins qu’elle crée ne l’empêchent pas de couler malgré tout. L’eau monte devant cet obstacle divin qu’est la vie. Elle se gonfle de cet écoulement. Elle grandit et devient adulte. Elle façonne de nouveaux jardins.
Mais vient le jour où tous les efforts du monde ne peuvent l’empêcher de continuer de couler. Elle détruit peu à peu ce qu’elle a façonné, elle submerge son œuvre qui s’en va dans le courant inépuisable du temps jusqu’à ce qu’un nouvel obstacle fasse naître une autre vie et un nouveau cycle.
Alors rien ne sert de retenir à tout prix l’eau. Mais rien ne sert de la laisser couler sans la retenir. C’est cette alternative du mouvement qui permet à l’univers d’exister et de poursuivre sa route.
L’équilibre est dans l’aptitude à retenir pour ensuite laisser s’échapper le don de la vie et chaque jardin est un lieu d’épanouissement.
07:54 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : temps, eau, vie, société, homme | Imprimer
11/12/2013
Le pauvre clown
Il tient encore sa carcasse
Elle tient debout, raide de volonté
Laisse-toi aller !
Il s’enfonce dans le brouillard
D’une vie misérable d’impatience
Il élague son parapluie
De quelques baleines supplémentaires
Et sous cette tente improvisée
Il devise plaisamment
Avec son moi devenu lui
Mais qui es-tu toi ?
Je suis ce que personne ne sait
Le vent sur la colline,
L’eau coulante et fuyante
La caresse d’un enfant,
La clairvoyance d’une femme
La force de l’adolescent
Et la vigueur du vieillard
Le grain de sable dans le désert
La seconde d’un temps qui passe,
Le mètre entortillé sur lui-même
L’univers en un point sans cédille
L’alfa et l’omega
Le lendemain, il saisit sa chance
Monta sur le toit de la mosquée
Et entama son chant rauque
Et toutes les forces de la lune
Mises en place hâtivement
Se mobilisent pour applaudir
Le pauvre clown qui vient de mourir
© Loup Francart
07:50 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
10/12/2013
Hélicéchappée 5
© Loup Francart
La voici dans tout son épanouissement, ouverte, forteresse enjôleuse, filet de reître, labyrinthe sacré, emplie de poils piquants et pourvue d'une toile où l'insecte marche vers la mort. Et ses métamorphoses continuent... Que de plis encore possibles, que d'expériences peuvent être faites... Longue marche vers l'unité introuvable.
07:06 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : op'art, art cinétique, dessin, peinture | Imprimer
09/12/2013
Dieu n’est pas un objet de pensée
« La difficulté majeure, c’est que l’homme pense Dieu ; Dieu n’est pas un objet de pensée. » (M.M. Davy, Un itinéraire, à la découverte de l’intériorité, EPI, Paris, 1977)
Marie-Magdeleine Davy, reprend la question de Socrate : « Qui es-tu toi qui sais ? ». Comment faire pour répondre sans s’adresser au savoir ?
C’est pourquoi, dans la tradition d’un certain nombre de mystiques, elle distingue Dieu que l’homme met à son service pour justifier son comportement et la Déité, au-delà de l’être et de la personne. Dieu fait partie de la croyance encrée par l’éducation. Il existe en fonction de l’homme. Au-delà, se trouve le vrai mystère, inaccessible, mais vivant dans la réalité de la profondeur de l’homme.
Avec Dieu, l’homme bavarde. La déité est silence : « Tais-toi, ne me parle pas. Si tu parles de moi ou si tu me parles, c’est parce que tu me considères en dehors de toi. »
Démêler ce qui vient de nous, c’est-à-dire de l’humain au sens pluriel, de ce qui est. Mais ce n’est pas pour autant que l’on saisit la Déité. C’est la différence entre la théologie et la mystique. L’une parle de Dieu en langage humain, l’autre le vit sans parler.
07:01 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : homme, dieu, connaissance de soi, théologie, mystique | Imprimer
08/12/2013
Monde sans oiseaux, roman de Karin Serres
« Il paraît qu’autrefois certains animaux traversaient le ciel grâce à leurs ailes, de fins bras couverts de plumes qui battaient comme des éventails. Ils glissaient dans l’ait, à plat ventre, dans tomber, et leurs cris étaient très variés. (…) On les appelait les oiseaux. Petite, j’ai demandé à ma mère de me raconter, mais elle a changé de sujet. Cette histoire d’oiseaux est-elle vraie ? »
Ainsi commence ce roman. Mais est-ce un roman ? On pense à un conte presque philosophique, à une fable, à un récit fantastique sans qu’il soit récit de science-fiction. Le quotidien banal cache un monde qui n’existe pas en dehors de l’imagination de l’auteur. C’est une sorte de civilisation perdue, pauvre, habitant près d’un lac qui monte parfois jusqu’à contraindre les maisons à se déplacer sur roulettes. Des cochons bleus génétiquement modifiés et fluorescents y nagent et se laissent débiter un jambon qui repoussera. Les cercueils des villageois sont envoyés par le fond et se laissent dévorés grâce aux trous qui y sont pratiqués.
Dans ce monde naît, vit et meurt « petite boite d’os », une jeune fille comme les autres, qui est parfois délaissée par ses parents qui parlent de Dieu en faisant le tour du lac. Son père est le pasteur de la communauté. Mais progressivement son corps change. Des seins lui poussent, des poils également. Elle découvre le sexe comme une fonction normale qui ne change rien à sa destinée. Mais le vieux Joseph qui l’emmenait pêcher dans le lac lui explique que l’amour est autre chose : « Je t’aime Petite Boite d’Os. Plus d’une génération nous sépare mais depuis que je t’ai aperçue, dans l’ombre de l’église, qui me regardait, j’ai compris que j’étais revenu pour toi. Tu m’es destinée, petite. N’ai pas peur, j’attendrai. Je suis à toi. » Elle ne comprend pas : « Pourquoi il ne prend pas, alors, couchée sous lui. S’il m’aime, comme il dit, pourquoi il ne me prend pas ? L’amour c’est dans le sexe que ça se passe, je connais. A l’école, les garçons nous donnaient des bonbons pour qu’on baisse nos culottes. » Un jour, après avoir enfilés une combinaison et fixés une bouteille d’oxygène sur leur dos, ils partent explorer le fond du lac. Au retour : « Soudain, sur la pointe de mes palmes, j’embrasse ses yeux trempés, l’un après l’autre. Je lèche, je bois, je lape ses paupières salées. Il tremble. Ma bouche redescend. Nos langues au goût de vase se cherchent, s’emmêlent. Nos corps de caoutchouc s’étreignent et couinent. On voudrait se frapper tellement ce qui nous prend est fulgurant. » Elle se marie avec Jeff. Elle a une amie qui attend un enfant comme elle. Elle le perd, mais recommence. Elle a un enfant dénommé Knut. Jeff lui donne un cochon Appelé Rosie, il tient sa tête en l’air, pattes avant repliées, et son poil rose phosphorescent se soulève et s’abaisse régulièrement. Contre elle, Knut, collé, sans le même sommeil animal partagé. Knut grandit, il a un accident, il perd ses jambes et finit sa vie comme un animal.
Le cœur de Petite Boite d’Os est pur, exempt d’arrière-pensée. Elle va dans la vie sans trop se poser de questions. « Pour mes quarante-huit ans, Jeff m’offre des palmes translucides avec lesquelles je nage pendant des heures dans le lac, au milieu des bancs de cochons fluorescents, c’est la seule chose qui peut me consoler. Pour mes quarante-neuf ans, un long foulard de soie bleu ciel, si doux et si chaud que je ne le quitte pas pendant des semaines. Magique, il soigne torticolis et maux de gorge. Pour mes cinquante ans, un harmonica dont je joue tout bas dès que je suis seule, comme si ma vie était un film de cow-boys. » Elle aime son homme qui meurt un jour en faisant son jardin. Elle poursuit sa lente marche vers la mort, se retrouve à l’hôpital. Elle rêve : « J’aimerais que le ponton soit en pente. J'aimerais que mon fauteuil avance, bascule dans l’eau opaque où il me projetterait aussi. Je coulerais, les yeux grands ouverts, à travers les nuages de vase. (…) Je coulerais à pic, mes bras s’écarteraient de mon corps, mes bras et mes jambes que je ne contrôle plus, le courant les soulèverait puis les rabattrait, mes cheveux danseraient autour de moi et je volerais. »
C’est un livre qui laisse un goût amer, mais plein de charme. Quelle étrange vision : réaliste, la vie de Petite Boite d’Os s’écoule comme n’importe quelle vie, mais parfois on est plongé dans un fantastique ahurissant qui fait virevolter les deux parties du cerveau. Suis-je à droite ou… à gauche ?
07:59 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, fantastique | Imprimer
07/12/2013
Prenez un jour comme les autres
Prenez un jour qui commence tôt
Il fait encore noir… ça bouchonne…
Son esprit vaque en d’autres latitudes…
Soudain, l’air passe en direct
La colonne s’écoule, droite et fraîche
Et monte, envahissant l’espace
De l’âme et du corps liés ensemble…
S’éclaircit la brume intérieure
Jusqu’à la transparence légère
Le silence des abîmes l’envahit
Ouverture vers l’inconnu empesé
Les plans se déplacent avec lenteur
Au ralenti... dévoilant la chute profonde
Du personnage en quête d’absence…
« Frappez et l’on vous ouvrira ! »
Videz-vous de vous-mêmes
Et courrez prestement vers le rien
Qui d’un coup devient tout
Et empli votre cœur d’extase…
Il se retourne et entre dans l’amnistie
Ni la présence qui gratte
Ni la privation qui blesse…
Suspendu à son souffle
Le regard s’affaisse
Il pénètre les profondeurs
D’un nouveau monde…
S’envole le personnage
Apparaît l’homme libre
Délesté de toute ambition
Allégé de toute réserve…
Le rien devient le tout
Le tout n’a plus rien
Sauf cette chaleur doucereuse
Qui berce la carcasse
D’un matin comme les autres
© Loup Francart
07:50 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
06/12/2013
Félix Vallotton, trois aspects parmi d’autres
Vallotton, un peintre oublié, un très grand peintre, réanimé par cette exposition. Allons droit au but. Voici le plus beau tableau de l’exposition : Derniers rayons, peint en 1911. Ce n’est bien sûr que mon opinion, mais je la maintiens. Une luminosité exceptionnelle du ciel, un dessin qui transforme les branches en bras de femmes élevés vers la pureté, une robe de feuillages qui recouvre chastement ces membres nus, des troncs poilus comme une jambe masculine, ce rouge splendide du départ des branches comme un feu de joie qui semble danser sous la frondaison. Le symbole de la beauté pudique, de l’enchantement de l’univers, du mystère impalpable de la création. On sent vibrer l’âme même du peintre, sa réalisation par cette fusion entre lui-même et son motif. Si je devais garder un seul tableau de lui, c’est celui-ci qui me permettrait de conserver l’unique que le peintre représente.
Mais revenons à l’expo du Grand Palais. Une très charmante présentation réaliste et romantique de celle-ci. Elle est originale et dépeint bien l’ambiguïté de sa peinture :
http://www.grandpalais.fr/fr/article/felix-vallotton-la-bande-annonce
Ses objectifs ne sont pas la séduction par la beauté. Ils sont variés. Il peut être charmeur, classique, attiré par les femmes, enchanteur de la nature, voyeur, voire pervers. Il a toutes les qualités qui enchantent par leurs aspirations et tous les défauts qui déplaisent parce que trop proches de nous-mêmes. Cest en cela qu’il est un grand peintre.
Trois présentations de cette personnalité multiple permettent de saisir cette ouverture exceptionnelle au monde qu’il apporte au spectateur :
Le regard érotique de Vallotton :
L’inconscient de Vallotton :
Le dessin, la peinture elle-même ne sont pas beaux. Le visage de l’homme laisse à désirer. Mais tout dans ce tableau traduit l’ambiguïté du mensonge. Tout est rouge, dont bien sûr la femme qui murmure quelque chose à l’oreille de l’homme. Celui-ci semble ressentir ce mensonge, il sait qu’elle ment. Mais il l’accepte au nom de ces instants de fièvre et d’intimité. Il en est aigri. Mais malgré son blindage noir devant ce mensonge rouge il se ment à lui-même et entre en osmose avec sa compagne. Qui ment au final : le rouge féminin ou le noir masculin ?
Les paysages de Vallotton :
Oui, il s’agit bien pour lui de poser un regard nouveau, comme celui de la mouette sur le paysage des Andelys. Le vol d’une mouette et l’envol de l’âme derrière le réalisme de la peinture.
07:31 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, nabis, femme, société | Imprimer
05/12/2013
Film documentaire sur Michel Petrucciani
Partie 1 : https://www.youtube.com/watch?v=cNW5qVzHM-o
Partie 2 : https://www.youtube.com/watch?v=IW99KALJcf0
Partie 3 : https://www.youtube.com/watch?v=3q-Xk-vilaI
Partie 4 : https://www.youtube.com/watch?v=w6au-FP7rS0
Un très grand pianiste de jazz. Né en 1962, il meurt en 1999. Il est malheureusement moins connu en France que dans le monde. C’est un homme extraordinaire : handicapé de naissance par la maladie des os de verre, il est initié au jazz par son père. En 1980 il décide de partir aux Etats-Unis, d’abord en Californie, puis à New-York. Il joue dans le monde entier, aux côtés des plus grands musiciens de jazz. Un grand bonhomme, malgré sa petite taille.
« J’ai peur de la mort. Je crois en Dieu et en même temps je n’y crois pas. » Ce qui ne l’empêche pas d’aimer l’humour et d’en mettre dans sa musique.
Pour lui, la musique s’apprécie et se voit avec des couleurs : le sol c’est le vert, on voit réellement du vert. Le bleu-gris est romantique et embrouillé.
L’improvisation avec Stéphane Grappelli est magnifique (partie 3). Il leur faut peu de temps pour s’accorder, même sur le tempo.
C’est une leçon de vie que donne Michel Petrucciani. Ce petit homme était un explosif attendrissant.
05:29 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, jazz, pianiste, piano | Imprimer
04/12/2013
Hélicéchappée 3
Directement issue d’hélicéchappée 0, après une ratée sur les pales, avant d’en arriver à un véritable dessin, cette symétrie bizarre et rigoureuse, instantané piquant qui ne sait où il va. Mais il est bien en rotation autour d’un axe.
© Loup Francart
07:37 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : op' art, art cinétique, abstrait, série | Imprimer
03/12/2013
La chouette
Une petite chouette est tombée du ciel en passant par la cheminée, comme le père Noël. Seule dans la maison, elle a cassé pas mal d'objets avant d'être rejetée dehors. Quelle aventure. Depuis, elle vient la nuit nous rappeler son voyage mystérieux au pays des humains.
Elle est tombée du ciel, comme le père Noël
Passée par la cheminée, noire comme le vent…
Comment a-t-elle fait ? Elle avait trop bu ?
Les taches de suie montrent sa dégringolade…
Elle a débarqué dans la cendre grise
S’est ébrouée, hagarde et la pépite dans l’œil
Que suis-je venue faire dans cette galère ?
Aucun arbre, pas d’eau, pas un brin d’herbe
A quoi servent ces moutonnements colorés
Que je vois par terre, picorons-les pour voir !
Le tapis s’est trouvé ébouriffé d’une touffe
Pouah, quelle horreur cette sorte de graminée
Pas de goût, une odeur de poussière…
En se dandinant, elle se déplace et avance…
Elle ose en un instant ouvrir ses ailes
Oui, je peux voler pense-t-elle. Explorons !
Mais l’espace est limité, cloisonné, rapetissé
Elle se heurte à un abat-jour jaune
Tente de se poser dessus, mais il s’effondre
Un bruit d’enfer, mille morceaux par terre…
Tant pis, volons puisqu’on ne peut se poser
Le ciel est dur, j’ai mal à la tête
Ah, voici le jour, sans restriction
Clac, je me casse le bec sur une cloison
Qu’y a-t-il ? Je vois le vrai espace, la démesure
Dans laquelle je m’exprime à l’habitude
Et je me heurte à l’invisible
Rien n’y fait, je ne passe pas. Pourquoi ?
Changeons d’univers, voici la porte
Encore la prison, plus large cette fois
Mes ailes heurtent une étrange machine
Des aiguilles tournent lentement
Dans un tic-tac qui fait mal à la tête
Tiens, elle tombe, à nouveau bruit infernal
Elle projette de minuscules gouttelettes
Qui restent intactes sur le sol délavé
Je veux en gouter une, mais c’est dur
J’ai la langue en sang, ça fait mal
N’y touchons pas, c’est belliqueux…
Enfin, des branches entremêlées
Un vrai arbre au-dessus d’un pigeonnier
Les branches sont si fragiles
Qu’elles se laissent aller jusqu’au sol
Pourtant ces paniers ne contiennent rien…
Et la chouette continua de tourner
Pendant une partie de la nuit
Et une partie de jour, sans repos
Ne sachant où poser sa carcasse…
D’épuisement, elle s’effondra, défaillante
Jusqu’à ce qu’un humain, effrayé et dépité
Ose ouvrir la fenêtre et la laisser aller…
Elle est sortie, incrédule et épanouie
Avec un hululement de joie
Et s’est perchée sur le toit
Pas sur la cheminée, ce volcan éteint
Qui engloutit les oiseaux distraits
Et les conduisent en des lieux
Qui sont plus l’enfer que le purgatoire
Des animaux peu chanceux…
Cette chouette fut le premier être
A reprendre son envol
Ressuscitée, hilare et légère
Voguant à nouveau sur les branches
Et plongeant dans la rivière
Pour boire les quelques gouttes
Etincelantes et tourbillonnantes
Qui furent un baume à sa langue déchue
© Loup Francart
07:21 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
02/12/2013
Le café du matin
L’homme se pencha sur sa tasse. Le café était noir. Il reflétait l’éclat de l’ampoule au-dessus de la table. En se penchant, il voyait même les quelques mèches de cheveux qui lui restaient. Pour la première fois depuis longtemps, il avait dormi jusqu’à six heures, enveloppé dans une couette chaude, la fenêtre ouverte sur la nuit calme. Il s’était réveillé avec douceur alors que bien souvent, en une seconde, il était sur ses gardes, prêt à tout.
Il n’avait pas pris conscience de cette exceptionnelle nouveauté. Il était allé fermer la fenêtre, avait passé sa robe de chambre et était descendu à la cuisine. Machinalement, il avait rempli d’eau le réservoir, avait versé le café moulu dans le filtre et avait attendu que la magie s’opère. Pendant ce temps, il avait été cherché dans le frigidaire le nuage de lait nécessaire pour combattre l’amertume du café au réveil. Il en versa un filet dans ce noir étincelant, lumineux. Celui-ci se troubla, commença à tourbillonner, laissant voir des filaments blancs dans ce maelstrom qui sembla accélérer, puis progressivement ralentir. Le noir dominait. Le lait cachait sa blancheur. Où était-il passé ? Bientôt, le liquide redevint sombre, juste un peu troublé. Il prit sa petite cuillère et la remua légèrement, avec douceur et précaution. Apparurent des nuages blanchâtres, accumulés en volutes, comme un ciel précédent l’orage. Ils se remuaient avec lenteur, comme chargés d’électricité, montaient vers la surface du liquide et redescendaient sans offusquer le miroir. Un petit coup de doigt sur la cuillère et les circonvolutions s’épaissirent, envahirent le liquide d’une crème chocolat mêlée de chantilly. En une seconde, le café prit la couleur de la savane, des dunes et de l’argile. La pureté de son ton dépassait l’espérance. La surface ne reflétait plus l’ampoule au-dessus d’elle. Elle rayonnait de l’intérieur, par sa blancheur crème, par sa noirceur voilée. L’osmose était là. Elle le laissa rêveur.
« C’est ma vie. Je la voyais noire comme l’encre. Parfois j’entrevoyais quelques bonnes choses sous-jacentes. Mais, le plus souvent, elles étaient recouvertes de l’obscurité de l’effort et de mes insuffisances. Mon destin s’achève. Je l'imaginais noir. Il vient de prendre sa couleur finale, celle d’un galet usé par l’eau qui dévale maintenant sous la poussée du courant la pente des générations. Il a la fragilité d’une coquille d’œuf, la réfraction des embruns de la mer, la majesté d’une étoffe de lin. Oui, Dieu nous façonne à notre guise. Il est temps de partir et de laisser ce brassage à d’autres. Je ne suis ni le noir du café, ni le blanc du lait. Mais je vois maintenant un ciel d’ivoire dont la lumière intérieure éclaire un destin unique. »
07:37 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : méditation, illumination, vie, être | Imprimer
01/12/2013
Apparition, Klaus Obermaier & Ars Electronica Futurelab
http://www.youtube.com/watch?v=-wVq41Bi2yE
Quelle étrange impression. Le courant passe-t-il ? Oui, on le dirait. Fusion et séparation. Puis saucissonnage horizontal, vertical et en profondeur, à la mémoire de Vasarely. Enfin, une tempête d’ondes, une lutte de l’esprit.
En 3.05, l’écriture devient révélatrice de la forme. Progressivement, la surface est initiation d’un autre monde, jeu de lumière et de trajectoires qui engagent l’homme dans sa danse infernale. L’infini, fuite du temps, nous conduit à un déchaînement de forces que l’homme fait naître par son mouvement. La vie se résume à la palpitation des particules, elle ne s’arrête jamais, mais si le mouvement est continu, il est sans cesse renouvelé. La vie fuit et se poursuit. Elle perdure par la régénération et non par l’immobilisme.
Entre la danse, l’art cinétique et la musique électronique. Ce mélange des genres n’est pas sans beauté. Seule la musique laisse à désirer. Bruit ou musique ? Là aussi, le mélange. Mais il est moins heureux parce que plus artificiel.
07:39 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : danse, art cinétique, musique contemporaine, espace, vie, temps | Imprimer
30/11/2013
Le rire du grand blessé, roman de Cécile Coulon
Pays : Inconnu
Régime : Totalitaire
Ennemi Public : La littérature
Numéro : 1075
Particularité : Analphabète
Seuls circulent les livres officiels. Le choix n’existe plus. Le « Grand », à la tête du Service National, a mis au point les « Manifestations A Haut Risque », lectures publiques qui ont lieu dans les stades afin de rassembler un maximum de consommateurs. Peuvent alors s’y déchaîner les passions des citoyens dociles. Des Agents de sécurité – impérativement analphabètes – sont engagés pour veiller au déroulement du spectacle et maîtriser les débordements qui troublent l’ordre public. 1075, compétiteur exceptionnel, issu de nulle part et incapable de déchiffrer la moindre lettre, est parfait dans ce rôle. Il devient le meilleur numéro ; riche, craint et respecté. Jusqu’au jour où un molosse – monstre loué pour pallier les défaillances des Agents – le mord.
Le livre n’est pas long (116 pages). Peu de dialogue. L’histoire est quelque peu abracadabrantesque. On s’y accroche en pensant que le suspense ou simplement l’intérêt va surgir au fil des pages. Oui ! 1075 transgresse et, ayant découvert dans l’hôpital où il est soigné un professeur qui enseigne la lecture, il apprend à lire tout seul en cachant les textes dans des tuyaux de sa salle de bain. Il n’est découvert qu’à la fin du livre par Lucie Nox, celle qui inventa le Programme Nox. Lucie avait trouvé un moyen de gérer les sensations des hommes, alors que ses confrères s’étaient toujours arrêtés au contexte social.
Le livre n’a plus pour objet d’apprendre ou de renseigner et encore moins d’élever le lecteur. Non. Il est produit en usine, il est la parole du Grand. Il divertit sur ordre comme les jeux du cirque.
C’est un exercice de style, brillant, une sorte de conte philosophique. Mais ce scénario ne suffit pas à faire un vrai livre dans lequel on entre vierge et dont on sort chargé d’impressions, de sensations, de sentiments et d’une plus grande compréhension de l’être humain. Il est à l’image de l’histoire.
07:14 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, science fiction, totalitarisme, littérature | Imprimer
29/11/2013
Ronds ou carrés ?
Ronds ou carrés, que choisir ?
Mettre un rond dans un carré
C’est emprisonner le féminin
Mettre un carré dans un rond
C’est l’amoindrir de douceur
Un rond n’est qu’un carré raboté
Et l’angle est formé, accidenté
Par une poussée sur un coin
Où va le noir, où est le blanc ?
Le noir est-t-il l’opposé du blanc ?
Le blanc est-il son vis-à-vis ?
Le gris embrasse les deux et les lie
Il peut être tendre et enlaçant
Il peut se faire vigoureux…
Il éclaire ou obscurcit
C’est selon… la mère ou le père…
La caresse qui passe
Ou l’éclair entre deux
Et tout cela peut faire un rêve
Onduler sur la vague
Durcir dans le cocon de l’esprit
Partir en fumée colorée
Et revenir en force
Pour s’imposer au pinceau
Rêver en noir et blanc
C’est la richesse du rien
Le gris y ajoute le sel
Qui a dit qui dort dîne ?
L’insomnie est survenue
Devant l’étendue du blanc
Mais bientôt le noir
Envahira le cerveau
Et la nuit montera
Au coin des rêves inédits
Alors naitront les couleurs ?
© Loup Francart
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28/11/2013
Les micro-humains, roman de Bernard Werber
Le roman commence par un sauvetage. Elle, Emma 103 683, la minuscule humaine de 17 centimètres, vient de sauver une centaine d’hommes coincés sous la terre après un éboulement. Elle vérifie que ces êtres dix fois plus grands qu’elles respirent encore, puis elle annonce dans le micro de son casque : « Mission accomplie ». Surmontant la douleur de sa blessure, elle précise : « Ils n’ont pas l’air bien frais, mais ils sont vivants. Vous pouvez les sortir de la Terre. »
Ce ne sont pas les seuls êtres extraordinaires. Dans ce roman, la Terre a une conscience : "Ils m’appellent la Terre. Ils me voient comme une grande pierre sphérique. Ils oublient qui je suis vraiment. Ils n’imaginent même pas que je suis vivante, intelligente, consciente."
Ainsi commencent les deux premiers chapitres du roman. Les chapitres se suivent sans se ressembler. On y parle d’actualité, de faits divers, du président Stanislas Drouin qui, à l’Elysée, a donné son accord pour la création de ses micro-humains et a inventé le jeu d’échec à sept camps (échiquier en forme d’heptagone) représentant les sept branches de développement possible pour l’humanité : la voie du capitalisme, la voie des religieux, la voie des machines, la voie des fuyards de l’espace, la vois de l’allongement de la vie par le clonage, la voie de la féminisation, la voie du rapetissement des micro-humains. Sont également évoqués des humains géants qui vivaient dans l’Atlantide. Quetz-Al-Coatl, leur explorateur, découvre le Mexique et des humains beaucoup plus petits (notre humanité) dont la majorité n’aimait pas penser par elle-même et est embarrassée par la notion de liberté. « Jadis il y avait des géants sur Terre. Maintenant il y a des hommes. Demain il y aura des micro-humains… ». Autres insolites chapitres, ceux constitués par l’Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, d’Edmon Wells (un livre écrit préalablement par l'auteur).
Les micro-humains ou Emach sont ovipares et ils se reproduisent vite. Microland est leur capitale, sous verre. Mais les chinois volent trois mâles et créent leurs propres micro-humains. C’est désormais une guerre entre les Chinois et les Français. L’industrie chinoise est plus rapide, moins surveillée et elle envahit le marché. Les concepteurs des micro-humains sont débordés et perdent leur brevet. N’en dévoilons pas plus. Laissons au lecteur le plaisir de la découverte.
Le roman aborde de nombreux points intéressant l’humanité. Il s’attaque au problème de ce qu’est l’être humain à travers l’avenir des Emach : objet de consommation, animal, être humain, autre ? Quand un candidat au statut d’humain peut-il être admis ? La multitude des raisons pour et contre est impressionnante, bien étudiée et sans réponse. Par contre le rappel permanent des lois de Murphy finit par être lourd. Elles apparaissent sans véritable relation avec le récit et n’apportent pas grand-chose.
Il faut quand même que je lise le premier de la série !
07:15 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, roman, werber, actualité | Imprimer
27/11/2013
Exposition Serge Poliakoff au musée d’Art moderne de la ville de Paris
Une exposition bien préparée, avec des chapitres décrivant les différentes étapes de sa peinture sur les chemins de l’abstraction. Le dépliant donné à l’entrée a pour ambition de souligner la singularité d’une approche particulièrement sensible qui appelle à la contemplation, et de révéler l’intensité d’une œuvre qui n’a d’autre objet que « ce rêve des formes en soi qui est le grand mystère à élucider de l’abstrait » comme l’a écrit le critique Pierre Guéguen en 1950.
L’évolution du peintre se caractérise par 10 périodes qui commencent avec les premières peintures abstraites entre 1946 et 1949. Une très belle huile sur toile se remarque dans cette période. Elle laisse présager de l’avenir. Les couleurs : le rouge, pas trop vif, le jaune empereur de Chine, le bleu très foncé en fond ou plus clair au premier plan. C’est un travail sur les contrastes : clair sur foncé.
5ème période : Lumière de la couleur. Composition rouge-jaune-blanc (1952, huile sur toile). Je n’en ai malheureusement pas trouvé une photographie.
7ème période : Transparences. Une des plus belles toiles, mais qui n’est pas exposée, est cette composition en jaune – orange et rouge, d’une transparence étonnante. Peinte à la manière des icônes, le jaune est particulièrement étincelant.
10ème période : Formes. Cette dernière salle donne le meilleur de sa production. Des tableaux dépouillés représentant chacun une sorte de conque fendue à la hache, en deux ou trois couleurs. Poliakoff donne une idée de ce que sera par la suite la peinture de Soulages.
Le triptyque de 1968 est composé de trois toiles à peu très semblables aux couleurs noir, bleu rappelant l’eau et l’air, rouge vif et foncé, vert foncé. Simple, tellement simple qu’il en est majestueux.
« Quand un tableau est silencieux, cela signifie qu’il est réussi (…) Une forme doit s’écouter et non pas se voir. » La caractéristique de ces toiles : la profondeur de l’intensité des tons utilisés, la vibration obtenue, les contrastes savamment constitués. Une fête pour les yeux et les oreilles. Et l’on n’entend que le silence de l’émerveillement.
07:46 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture abstraite, formes et couleurs, peinture moderne | Imprimer
26/11/2013
La lune, dansée par Yang LiPing
http://www.youtube.com/watch?v=ZkLrFpo0lHA
Elle se dévoile comme un diamant dans cette lune qui apparaît quartier par quartier. Elle semble s’envoler sur ses petites ailes, comme un moulin dont on aurait rogné les pales.
Elle devient l’eau ondulante, la femme grecque des vases funéraires, Shiva aux mille bras, la danseuse de flamenco, la statue prise de tremblements, le feu et ses flammes, le ying et le yang. Elle endort les perceptions, elle crée le brouillard dans la nuit, elle trouble la vue de ses tressaillements. Elle vit et cette vie est la vie, mystérieuse, envoûtante, donnant un aperçu de toutes ses facettes.
C’est la lune, l’envers de la lumière et pourtant lumineuse. On la distingue, mais lointaine, passant à travers les nuages, inatteignable et pourtant si proche. Une belle facétie de l’astre légendaire.
07:14 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : danse, femme, mystère | Imprimer
25/11/2013
Rien ne nous empêche d'être grands
Rien ne nous empêche d’être grands
Seul l’attendrissement pour nous-mêmes
Nous conduit à l’abandon...
Alors le cœur part à la dérive
Il flotte sur les eaux de l’incertitude
Du désespoir et de la solitude...
Pourtant nous nous maintenons encore
Droits et secs comme une branche morte
Regardant au loin vers l’horizon
Cet au-delà de nous-mêmes
Qui flotte sur les mers et court dans le vent
Et tous nos espoirs se portent sur lui...
Où va-t-il ? Que présage-t-il ?
Nous ne le savons, mais peu importe
Seul le regard franc des cœurs
Peut combattre l’errance de l’âme
© Loup Francart
07:39 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
24/11/2013
Vues urbaines, peintures de Tommaso Otieri
Il peint des monuments qu’ils soient églises, théâtres, usines ou même paysages urbains, le plus souvent en vues aériennes. C’est beau, mais pourquoi ?
La lumière, la couleur et l’animation. Trois variables qui peuvent être déclinées de manières très différentes. Et une dominante : le grandiose et le théâtral sous les apparences de la réalité.
Comme sous l’œil d’une caméra, on regarde la ville avec le sentiment d’assister à un enterrement. Chaque tableau possède une vie intérieure propre, mais celle-ci semble appartenir au passé, malgré le mouvement permanent qu’il décrit et met en évidence.
Il est également architecte et le bâtiment, quel qu’il soit, s’anime par son harmonie, ses stucs, décors et clairs obscurs. Car il ne peint pratiquement que des vues de nuit : la ville dans sa vie nocturne. Les habitants sont endormis et les trajectoires se poursuivent sans que l’on y voit un seul humain.
Vous remarquerez que les perspectives sont le plus souvent détournées, comme si les façades étaient accolées sans une véritable cohérence d’ensemble. La ville devient fantomatique, un univers en soi, un rêve éveillé que l’on contemple avant de s’endormir.
Il expose à la galerie Ariel Sibony, 24 place des Vosges 75003 Paris.
07:27 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, ville, société, paysage, perspective | Imprimer
23/11/2013
Hélicéchappée 0
L’hélice brisée va se lancer dans l’espace. Sa rondeur est atteinte, elle forme des angles incongrues, mais elle a la beauté de l’insolite, de la géométrie décalée. Elle fait rêver. C’est un signe dans la nuit.
© Loup Francart
07:19 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : op'art, art cinétique, abstrait | Imprimer
22/11/2013
Le médecin de famille
En fait il ne s’agit nullement d’un médecin de famille, mais d’un criminel nazi réfugié en Patagonie. Josef Mengele était bien médecin, mais exerçant dans des conditions particulières puisqu’il est connu sous le pseudonyme d’« ange de la mort ». Mais en 1960, à San Carlos de Bariloche, il est inconnu. Il se réfugie dans un hôtel qui vient de rouvrir et s’intéresse à une des enfants du propriétaire, qui a des problèmes de croissance. Il la soigne contre le gré du père, puis s’intéresse aux jumeaux attendus par la mère. Repéré par des informateurs, il doit fuir avant que ses projets n’aboutissent.
L’histoire en elle-même ne retient pas l’attention. Mais le film revendique un intérêt en raison de trois facteurs. Le premier : l’incertitude, puis l’implication de certains membres de la famille qui s’opposent à d’autres, plus particulièrement le père, créant un climat de tension imperceptible qui donne au film une ambiance spécifique. Lillith, la fille, soignée par Mengele, fait confiance à ce dernier, malgré certains signes qui pourraient la faire douter. Le deuxième facteur bienveillant, moins psychologique, consiste en un environnement grandiose, un hôtel sur les rives d’un lac splendide, entouré de montagnes enneigées. Le troisième est l’acteur qui joue Mengele. Il est sobre, à la fois charismatique et modeste. Il joue le jeu subtil de la séduction tant vis-à-vis de Lillith que vis-à-vis de sa mère.
Ces trois facteurs, travaillés par un réalisateur qui n’insiste jamais sur l'aspect obsessionnel du personnage de Mengele, donne à ce film une qualité que n’a pas l’histoire en elle-même. On en finit par oublier, contrairement à ce que prétendent les critiques, le passé et le présent criminel de Mengele. Mais l’acteur, plus encore que le réalisateur, y est pour beaucoup.
07:01 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, nazi, amérique du sud, médecine, allemagne | Imprimer
21/11/2013
Bruissant sous la larme
Bruissant sous la larme des nuages
La forêt abritait nos regards verts
La frange houleuse des flaques
De nos rires imprégnait nos vêtements
De perles ternies d’indifférence
Le regard étonné de tes doigts
Pénétrait le chien de lumière
Et les reflets mauves de son apparence
Coloraient d’une ombre de joie
La frontière qui sépare tes lèvres
Le chien sous la dent d’un humain
Prend l’œil des petits enfants
Il gémit pieusement, caninement
Sous sa couverture de poils damés
S’interroge son cœur de chien
Fidélité ?
© Loup Francart
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fidélité, chien, rire, insolite | Imprimer
20/11/2013
L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, roman de Romain Puértolas
Il s’agit bien d’un fakir, un vrai, ou presque, comme on en rencontre en Inde : dissimulateur, affabulateur, magicien et un rien charmant de naïveté et d’humour. On fait sa connaissance par l’intermédiaire d’un chauffeur de taxi à la sortie de l’aéroport Charles de Gaulle : Il vit sur la banquette arrière de son véhicule un homme d’âge moyen, grand, sec et noueux comme un arbre, le visage mat et barré d’une gigantesque moustache. De petits trous, séquelles d’une acné virulente, parsemaient ses joues creuses. Il avait plusieurs anneaux dans les oreilles et sur les lèvres, comme s’il avait voulu refermer tout cela après usage à la manière d’une fermeture éclair. (…) Le costume en soie grise et brillante de l’homme, sa cravate rouge, qu’il n’avait pas pris la peine de nouer mais d’épingler, et sa chemise blanche, le tout horriblement froissé, témoignaient de nombreuses heures d’avion. Mais étrangement, il n’avait pas de bagage.
Il veut se rendre chez Ikea pour y acheter un lit à clous. Ajatashatru Lavash Patel (prononcez : J’attache ta charrue, la vache) était célèbre dans tout le Rajasthan pour avaler des sabres escamotables, manger des bris de verre en sucre sans calories, se planter des aiguilles truquées dans les bras et pour une ribambelle d’autres tours de passe-passe dont il était le seul, avec ses cousins, à connaître le secret, et auxquels il donnait volontiers le nom de pouvoirs magiques pour envoûter les foules. Aussi ne fait-il que semblant de payer le taxi avec un faux billet de cent euros imprimé d’un seul côté qu’il récupère aussitôt grâce à l’élastique invisible qui reliait son petit doigt au billet vert.
Ainsi commence les aventures ou plutôt l’extraordinaire voyage du fakir qui va parcourir une bonne partie de l’Europe dans des aventures rocambolesques et parfois douteuses de crédibilité. Il parcourt en un temps record la France (surtout Paris), la Grande Bretagne, l’Espagne, l’Italie, la Lybie et à nouveau la France. Il voyage dans des conditions inconfortables la plupart du temps, le plus souvent dans des armoires ou penderies. Il rencontre des immigrés soudanais, des compatriotes, des Gitans, une belle femme dénommée Marie (au restaurant d’Ikea) auprès de laquelle il s’arrange pour extorquer 20 €, une star qui l’invite dans sa suite et bien d’autres personnages encore tels Wiraj l’Africain.
Le style est gai, jeune, moqueur, sans jamais être vulgaire. Disons qu’il est glamour, à l’image d’une France décomplexée, mais de quoi ? On franchit de nombreuses frontières, toujours inquiétés par les douaniers et policiers. Tout se complique lorsque le fakir se met à écrire un roman et qu’il est payé par un éditeur. Il promène alors son attaché case plein de billets, s’en fait ravir quelques-uns, mais finit par en donner une bonne partie.
Le succès planétaire du livre d’Ajatashatru avait permis à Wiraj de retrouver la piste de l’indien exilé. Il lui avait écrit une lettre dans laquelle il le félicitait et le remerciait encore pour son geste. Avec cet argent, ils avaient construit une école dans son village et sorti plusieurs familles de la pauvreté et de la faim. Les mouches étaient restées. Il n’y avait rien à faire contre cela.
La fin du livre est à l’image de son contenu. Il épouse Marie et le rêve se poursuit. La voiture qui l’accompagnera de Montmartre au temple hindou, elle, est déjà prête. C’est une vieille Mercedes rouge ; légèrement cabossée à laquelle on a accroché une batterie neuve de casseroles Ikea que l’on entendra tinter jusqu’aux lointaines dunes étoilées du désert thartare (sic).
Un livre un peu fou, drôle, extravagant, plein d’imagination et de surprise. Mais on se lasse au bout d’un moment de ces situations et de ces plaisanteries. Il n’y a rien derrière, sauf quelques réflexions sur l’immigration, les pauvres et les riches, les astucieux et les benêts. Une morale de peccadille derrière des pirouettes bien exécutées. Alors on ferme le livre. On s’est bien amusé. Mais on a un peu mal au cœur.
07:37 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, inde, voyage, société | Imprimer
19/11/2013
Exaltation
Principes d’André Gide :
§ Nous ne sommes jamais si heureux que dans l’exaltation.
§ Ce qui augmente beaucoup le plaisir de l’exaltation, c’est de l’analyser.
Quelle profonde exigence. Non seulement être exalté, mais encore analyser celle-ci pour en augmenter l’effet.
Il est certain que Gide parle là de l’exaltation personnelle, éprouvée par l’intimité de l’être, et non de l’exaltation qu’un tribun pourrait introduire dans l’esprit d’une foule pour obtenir d’elle des réactions favorables.
Cette exaltation personnelle peut être en décalage avec l’environnement. Elle crée des sentiments élevés, une impression d’être au-dessus des contingences de la vie. Elle peut aussi être portée par un évènement qui vous exalte par son originalité, sa beauté, sa vérité. Cet événement vous transforme et fait de vous un autre vous-même.
Mais dans tous les cas, quelle que soit la cause de votre exaltation, elle ne peut s’entretenir que par cette introspection dont parle Gide : l’analyse de l’exaltation. L’exaltation n’est en effet qu’une émotion fugace qui s’évapore aussi vite qu’elle est apparue. La faire vivre, revivre, suppose une attention de tous les instants. Comment est-elle née ? Pourquoi son origine a-t-elle causée en moi un tel trouble ? Ce trouble est-il bienvenu et pourquoi ? Instaurer une méditation froide de l’exaltation, rester au-dehors de sa propre émotion va permettre d’en accentuer les effets et de les prolonger.
Alors laissons-nous griser par la vie, mais méditons sur celle-ci pour mieux la sentir, en éprouver les émotions, les sensations, les sentiments qui vont permettre de l’exalter.
07:41 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie en société, méditation, ardeur, passion, enthousiasme | Imprimer
18/11/2013
La liseuse
Il y a peu, m’a été offerte une liseuse. Vous savez, ces petits appareils qui s’allument dans le lit (d’où son nom) et que l’on regarde sous les draps pour laisser filer les quelques heures d’insomnie de la nuit. Connaissant ma soif inextinguible d’éveil actif, cet engin me fut remis solennellement au cours d’une cérémonie familiale. Enrobé dans un linceul en peau de zébu intitulé BOOKEEN qui signifie bourrin ou bouquin en langue zébu, il est gris et terne comme un livre de messe et contient un paquet d’ordonnances qu’il faut activer avec un bouton situé sous le linceul. Il faut pour cela utiliser un ongle que vous laissez pousser de façon à pouvoir le glisser entre la coque de la protection et le corps du sujet.
Vous réussissez à l’allumer. Par inadvertance, il faut le dire. Surtout ne réappuyez pas aussitôt, sinon vous risquez de ne plus pouvoir le remettre en route avant un moment. Alors profitez de votre adresse momentanée et regardez la fenêtre entrouverte sur les carrés accompagnés de texte. Ce sont tout simplement des images des couvertures de livres. Pas suffisamment gros pour en lire les titres, pas suffisamment petits connaître l’ampleur de votre bibliothèque. En cherchant comment faire évoluer ces carrés et faire le décompte des objets babyloniens (la bibliothèque de Babylone, de Jorges Luis Borgès, n’en contenait pas autant !) et prenant votre liseuse à pleine main, les petits carrés bougèrent et défilèrent à une allure impressionnante. Est-ce le fait d’avoir changé son équilibre par rapport à son centre de gravité ? Vous réessayez de refaire le même geste, mais rien ne se passe. Bizarre ! Le fait de la tenir vous procure de nouvelles sensations, son écran bouge au lieu de rester immobile. Vous reprenez votre engin, à nouveau l’écran défile, dans un sens, puis dans l’autre sans que vous compreniez pourquoi. Vous regardez le cadre de l’appareil et apercevez de petites fentes qui forment un bouton sur lequel vous appuyez. Brillll…lt. C’est un défilé qui ne s’arrête plus. Ah zut ! Je suis déjà à la fin du livre alors que je n’ai même pas vu son titre. Reprenons…
Vous apercevez un bouton rond, noir, entouré d’un cercle d’acier, trônant au milieu de l’appareil, sous l’écran. Vous appuyez dessus. Miracle. Une fenêtre s’ouvre avec des petits dessins d’enfant : une niche à chien, un sac à main, une ampoule électrique et quelques autres signes cabalistiques dont vous ne comprenez pas la signification. Vous croyez que le gnome qui se cache dans l’appareil se moque de vous. Pas du tout. Il vous teste. Serez-vous assez intelligent pour savoir dire pourquoi la niche n’aboie pas lorsque vous appuyez dessus, comment s’ouvre le sac à main et si l’ampoule s’allume réellement et de quelle manière ?
Alors vous vous livrez au test, persuadé que vous allez réussir haut la main cet examen préliminaire avant d’aborder des étapes plus périlleuses. Vous appuyez sur l’ampoule et l’écran s’illumine pour faire la fête. Pas besoin d’allumettes ! Vous êtes aveuglé par mille petits points brillants qui diffusent une lueur irréelle qui, même sous le drap, risque de réveiller votre conjoint(e). Un rail glacial vous permet de régler la luminosité. Tant mieux, vous ne serez pas contraint de porter la nuit des lunettes noires, désagrément majeur lorsque vous ne les trouvez pas dans votre table de nuit.
Vous appuyez sur le sac à main. Il s’ouvre sur un seul mot : Wi-Fi. Oui au défi ! Un triangle zébré trône au dessus du mot comme la devise Liberté-Egalité-Fraternité au dessus des mairies de notre enfance. Rien ne se passe. Vous palpez l’écran, vous le caressez comme la joue d’une femme un soir de fête (l’appareil est illuminé). Rien. Est-il en panne ? Ah, une marche sort de la feuille virtuelle avec des sigles et des explications : activez le Oui Défi, désactivez, etc. La petite croix en haut à droite vous rappelle que vous pouvez effacer cette marche et ouvrir un véritable escalier par quelques touches soigneusement dissimulées sur l’écran qui s’éclairent à ce moment, vous ne savez pas pourquoi.
Vous finissez par appuyer sur la niche, puis sur la photo d’une couverture de livre. Miracle, elle s’agrandit toute seule et vos yeux émerveillés voit enfin un titre, un vrai livre que vous tenez entre vos mains. Il est plat. Il n’a qu’une seule page. Vous la lisez, au petit bonheur la chance. Comment faire pour continuer ? Vous vous rappelez les boutons sur les côtés de l’appareil. Dieu, que cela défile vite. Vous êtes incapable de courir suffisamment vite pour rattraper toutes les pages déjà avalées. Alors, comme sur les touches d’un piano vous donnez juste un petit coup de doigt. La page suivante s’affiche. Vous lisez. Une autre page. Ca y est ! Vous commencez à entrer dans l’histoire, vous vous installez confortablement sous les draps, emprisonné dans cette tente improvisée, commettant le péché de lecture qu’enfant vous aviez sacrifié à la bonne cause. Un geste malheureux et à nouveau votre texte déraille, prend des chemins de traverse et vous atterrissez 46 pages plus loin sans vous rappeler la page que vous lisiez.
Enfin, après trois jours d’errance dans les pages virtuelles de livres dont vous ne connaissez pas le titre, vous maîtrisez votre engin. Vous savez mettre le clignotant quand vous changez de page, vos feux rouges s’allument lorsque vous ralentissez et la clé de contact arrête sans difficulté un texte noir sur fond gris dans lequel vous vous noyez.
Quel merveilleux engin pour vous endormir avant d’avoir eu le temps de lire une ligne ! A moins qu’inversement cela vous empêche définitivement de sombrer dans les brumes colorées d’un sommeil réparateur.
07:43 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, numérique, société, écriture | Imprimer
17/11/2013
Partita N°1 de Jean-Sébastien Bach, jouée au luth par Hopkinson Smith
http://www.youtube.com/watch?v=NvGnSxxxwM4&list=RDLtjtuljFPa8
Quelle sonorité ! Elle s’infiltre dans le corps, le faisant palpiter en surface et vous devenez un univers en vibrations. Vous contemplez du fond de votre abri, au cœur du toucher des cordes, cet insaisissable tremblement, calme, sans soubresaut. Il vous émeut en douceur, sans intempestive éruption. Bach, la perfection de la musique, dans sa toute puissance évocatrice de sensations, d’émotions, de méditation.
Hopkinson Smith a transcrit les sonates et partitas pour violon de Bach :
"Un musicien peut passer certaines heures les plus merveilleuses de sa vie avec les Sonates et Partitas pour violon seul de Bach. C'est une musique qui nourrit directement l'âme et stimule constamment l'esprit. En repensant ces œuvres pour le luth, j'ai souvent enrichi certaines harmonies, ajouté des notes de basse qui n'étaient que suggérées ou impliquées. Je n'ai pratiquement jamais jugé nécessaire de doter certains épisodes polyphoniques d'une voix supplémentaire indépendante, ni de compléter une mélodie apparemment fragmentaire. D'une manière générale, j'ai recherché un langage "naturel" n'accroissant en rien la complexité de la musique, mais insistant davantage sur son côté direct."
Hopkinson Smith nous livre ici une compréhension directe de la musique. Elle enserre l’âme et la conduit vers une autre dimension, celle de l’harmonie universelle. Laissons ces pétillements nous charmer, nous enjôler, nous transformer. C’est un bain chaleureux, une plongée dans un monde sans faiblesse, sans heurt, sans aléa.
07:34 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, baroque | Imprimer
16/11/2013
Eblouissement matinal
Le soleil commençait à monter sur l’horizon. Le ciel était pur, dénué de toute gêne. Pas un bruit. Je me pinçais le nez et soufflais pour déboucher mes oreilles, mais cela ne changea rien. Le silence était là, un monde sans un mouvement, sans une manifestation d’activité. Le temps s’était arrêté. L’espace prenait toute sa place, envahissant l’immensité de la voute céleste, la platitude de l’horizon et la granulosité des champs. Il dévorait et figeait les minutes qui passaient. Les secondes ne s’égrainaient plus. Elles semblaient de grosses gouttes de pluie qui hésitent à tomber et restent à se balancer sur la gouttière.
La voiture elle-même se mit à ralentir. J’étais ébloui par ce soleil qui tapait comme en plein jour à l’heure où il est le plus haut. Et progressivement, comme en mourant, le moteur s’arrêta, en accord avec mes impressions. Nous descendîmes sur le bord de la route, incertains, électrisés par cette ambiance insolite. L’air était frais, presque froid, mais les rayons de l’astre en feu réchauffaient les pommettes. On avait presqu’envie de se mettre nus et de se laisser bronzer, étendus à même le sol. Et toujours ce silence presqu’effrayant, extraordinaire, anormalement pesant. Nous fermions les yeux et nous laissions pénétrer par cette douce chaleur qui complétait le froid du matin. Nous devenions une tarte à la croute bien ferme, mais à la chair encore moelleuse, à peine cuite.
Ne pas parler, surtout ne pas crier. Prolonger cet instant de grâce infinie et de lourdeur sans fond. Le cosmos et la matière s’offrait à nous, bruts, étincelants, nettoyés de tout artifice, à portée de main. Nous contemplions l’astre lumineuse sans lunettes, sans peur de se brûler les yeux, l’extase nous prenait et nous devenions aussi léger que l’air. Ce silence extérieur devenait silence intérieur. Plus de pensée, plus de sentiment, une émotion pure qui ne soulevait aucune image. Le temps est arrêté, l’espace se dilue, l’âme se fait palpable, tout se concentre dans ce cœur dilaté qui bat la chamade.
Tout à coup, un froissement de feuilles et de terre, suivi aussitôt d’une galopade étouffée. Un lièvre est sorti de sa forme, nous a probablement contemplés avant de prendre la fuite. Il court sur cette terre fraichement labourée, émettant de petits nuages de poussière et de respiration, délivrant la nature de cette torpeur obsédante, lui redonnant vie. Progressivement on entendit un petit souffle de vent sur l’herbe rase, un camion qui passait au loin sur la nationale, le bêlement d’un agneau venant de l’est. Le monde se remit en marche, avec sa puissance habituelle, comme si de rien n’était.
Mais que s’est-il passé ce matin-là. Un instant d’éternité ou l’angoissant arrêt du mouvement cosmologique ?
07:57 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cosmos, majesté, nature, vie, silence | Imprimer
15/11/2013
Homme et femme
La mort est la seule façon pour un homme d’être beau. La splendeur des femmes est à chaque seconde dans l’affirmation de la vie, prometteuse, orgueilleuse, superbe. Celle des hommes ne peut être que dans l’ultime seconde, qui se voit clairement sur le visage de certains.
(Pascal Jardin, Je te reparlerai d’amour, Julliard, 1975)
Sous des apparences légères, Pascal Jardin nous livre une vérité humaine qui tient à la nature de l’homme et de la femme.
La nature féminine se caractérise par l’ouverture. La femme a besoin d’être admirée, aimée. Elle s’épanouit dans l’admiration et le don de soi. Ce don affirme sans cesse la nature glorieuse de la vie, sa beauté, sa magnificence. La femme est procréation. Elle laisse agir en elle les forces de la nature et s’épanouit dans cette mécanique céleste.
La nature masculine est profondément différente. Elle est tension vers. Et c’est dans cette tension que l’homme se réalise. L’homme est acte et cet acte l’accomplit. L’homme est créateur et cette création lui donne sens. Sans création, sa vie n’a pas de sens.
Cependant, la véritable réalisation de soi pour les deux natures humaines s’accomplit par l’assimilation de la nature de l’autre. C’est dans cette symbiose que chacun se trouve. Alors, la beauté transparaît : naturelle pour la femme, conquise pour l’homme.
07:26 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, philosophie, femme, culture, réalisation | Imprimer
14/11/2013
Stephane Halleux : transports pas communs (galerie Sibony)
Ce sont des sculptures. Rien à voir avec la sculpture d’artistes bien soignés. Ce sont des œuvres dérangeantes, drôles, surréalistes. Ces étranges petits bonhommes, mi- poupées, mi- soldats de plomb, font rêver et ouvre chez le spectateur une vision décomplexée, à la limite du rêve et de la science-fiction.
Regardez cet étrange guerrier, prêt à s’envoler du rebord de sa fenêtre pour donner des hallucinations au petit peuple des sans imagination. Il est prêt à tout, dans une pensée obsédante et bizarre : voler pour la gloire de son auteur.
Admirez cet étrange comptable qui ausculte les comptes au microscope et part en apnée dans les cagots poussiéreux des archives de sociétés anciennes ou non encore créées. Quel sérieux pour une tâche si futile.
Une cosmonaute flottant dans le vide de sa combinaison, dans un air léger et guilleret en prise au mal de l’espace, chantant à tue-tête des comptines enfantines.
Quel monde étrange, irréel, enchanteur, fait de matériaux divers, mais qui sent bon le cuir et l’huile. Tous ces rouages font tourner la tête bien qu’ils ne fonctionnent pas. Et progressivement ce n’est plus par la vue que ces personnages vous impactent, mais par l’imagination, la fiction, la fantaisie. Vous vous laissez porter par ces personnages qui vous ramènent à une enfance délicieuse. Quand le rêve ouvre à un autre monde…
Allez voir cette exposition, à la galerie Sibony, place des Vosges. Elle vous donnera une bouffée d’oxygène pour vaincre ce temps brumeux et froid.
07:42 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sculpture, science-fiction, surréalisme, imagination | Imprimer