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31/10/2013

FIAC 2013 - 3

Commençons par une très belle sérigraphie abstraite de Julio Le Parc, intitulée "A partir d’un ciel de van Gogh".

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Quelle élégance ! Faite de vides et de pleins symbolisés par le cercle noir en haut et le demi-cercle blanc en bas, elle se conjugue, dans la deuxième moitié supérieure, avec la délicatesse des cercles qui s’enchevêtrent, en noir ou en blanc, en lunes, demi-lunes, quart de lunes, sous forme de dentelles précises qui arrêtent le regard sans qu’il y trouve quelque chose de précis.

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Une huile sur toile de Jakob Bill, de 2005, à la galerie Denise René, très simple, harmonieuse comme un château à la Française, si l’on songe à lui faire faire un quart de tour à droite. Deux couleurs, deux types de traits horizontaux et verticaux, avec au centre une symétrie retournée. On peut penser qu’il manque en bas un trait horizontal à partir duquel partiraient les deux traits verticaux. Eh bien non ! Et c’est sans doute ce qui en fait le charme.

Toujours à la galerie Denise René, cette œuvre qui n’est ni une toile, ni une sculpture, un tableau sur lequel sont collées ces formes, blanches d’un côté et noires de l’autre. C’est l’œuvre d’un groupe d’artistes bruxellois qui explorent de vastes champs (architecture, urbanisme, art, design, musique, danse contemporaine). « Le nom du groupe abrite une signification phonétique et une signification écrite : celle de la prononciation «labo» pour leur approche expérimentale et celle, écrite, de «bau», le mot allemand pour «construction». Ce double sens à la croisée du médium oral et écrit, représente le cadre d'un travail conceptuel, théorique et artistique étudiant l'influence des technologies de pointe sur l'art ; c'est une conception de l'art comme média. Dans cette perspective, leur nom est aussi une référence au Bauhaus qui poursuivit les mêmes objectifs puisque le design industriel peut être vu comme le résultat d'une méthodologie, d'une réflexion interdisciplinaire et expérimentale sur l'influence de l'industrialisation en cours sur le langage de l'art. » (From : http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=1829)

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Admirons cette sculpture discrète et équilibrée, pleine de majesté, faite de rayons de vélo, de fils entremêlés et de morceaux de toile. Elle a de la classe, mais j’ai mal photographié le nom de l’auteur et ne peux vous le donner.

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Pour vous laisser sourire, cette œuvre qui n’a que la beauté de l’insolite. Elle est signée Marcus Oehlen et se dénomme Freefidelity-camp (2001).

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Enfin cette sculpture curieuse de deux personnages conversant dans leurs fauteuils, riant furieusement d’être ainsi suspendus sur un mur, comme si le mouvement de leur balançoire avait stoppé sa course contre le panneau. Ils sont gris, pourquoi, je ne sais, et je sais encore moins pourquoi l’un d’eux à deux pantoufles de cuir jaune. L’auteur est Juan Munoz qui a intitulé son œuvre « 2 seated on the wall with big chairs (2000).

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30/10/2013

FIAC 2013 - 2

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L’art cinétique ou l’optique art et surtout l’art abstrait ont une place importante à la FIAC. Certaines galeries en ont fait leur spécialité, telle la galerie Denise René, qui expose deux très beaux Aurélie Nemours, l’un au-dessus de l’autre, appelés 4+3+9+16 b+t+6 et 7 (facile de s’en rappeler !).

Leur beauté tient à leur simplicité. Surtout ne rien chercher à voir, car alors ils ne signifient rien. Simplement se laisser charmer par leur rondeur (bien qu’il n’y ait que des angles droits) et la couleur des sentiments qu’ils inspirent (malgré l’absence de couleurs si l’on considère que le noir et le blanc ne consacrent que des limites).

 

Une galerie de Berlin (Captain Petzel) expose une magnifique toile de Sarah Morris, intitulée Marquès de Herval et peinte très récemment.

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Elle est tendre, veloutée, très féminine dans ses couleurs, mais très masculine dans ses formes. L’oblique (ni debout, ni couché) le caractérise. L’œil saute immédiatement sur le rectangle le plus grand (en haut à gauche) et sur le saumon prédominant sur l’orange. Puis, les diagonales du bas, à gauche encore, semblent dire : « N’ai-je pas mon élégance ? » Enfin, le troisième coup d’œil va à la rencontre des diagonales et des droites verticales et horizontales, dans ce petit carré non clos, à l’emplacement du nombre d’or. Oui, c’est harmonieux, viril et envoutant.

Tout ceci dans un décor de rêve, du moins en certains lieux, loin des pâtés de certains artistes :

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A propos, restons sérieux. La lance à incendie d’hier n’est pas une œuvre d’un artiste connu ou inconnu. Il s’agit tout simplement d’une véritable lance que des gens mal intentionnés ont déroulée de son support. Néanmoins, elle est bien présente à la FIAC ou au moins au Grand Palais.

28/10/2013

FIAC 2013 - 1

La FIAC 2013 ressemble à s’y méprendre à celle de 2012 : même foule, composée de personnes âgées habillées en Play boy (pantalon violet, petite veste serrée, col ouvert ou foulard maghrébin, et, pour les femmes, pantalon encore plus serré, ceinture gigantesque, maquillage éprouvé), de messieurs très stricts en costume trois pièces, de jeunes de deux sortes, farfelus de style pseudo-artistes ou élégants comme un homme d’affaires et bien sûr des inévitables hôtesses d'accueil au sourire chaleureux. 

Les œuvres, si l’on peut appeler ainsi certaines d’entre elles, sont à plus de cinquante pour cent désolantes, à trente pour cent affligeantes et ilIncendie.jpg ne reste que vingt pour cent sur lesquelles on peut se pencher avec intérêt, et encore… Qu’est-ce qui les caractérise quasiment toutes : le paraître, au même titre que les gens qui les regardent. Et, pour paraître, il faut se faire remarquer. Cela a toujours été le cas, me direz-vous. Oui, mais dans l’art on cherchait, jusqu’à il y a peu, à le faire par la beauté. Maintenant, le laid, le vulgaire, l’insipide servent à attirer autant que la beauté. Surprendre est devenu le maître mot et le seul acte possible dans ce monde curieux où le paraître est le seul mode de vivre. Admirez cette lance à incendie, modèle 1980, inutilisable, symbole d’une humanité molle, acceptant tout, même l’insipide. Ce pourrait être, paraît-il, la vie politique de notre pays…

Cependant, rassurez-vous, il y a également quelques œuvres dignes d’un vrai salon et quelques galeries qui font perdurer l’idéal millénaire. Aujourd’hui, rendons hommage à Louise Nevelson, que j’ai découverte à l’âge de vingt-cinq ans et que je retrouve, intacte et enchanteresse dans ce meuble, objet, œuvre, que sais-je… La poésie des boîtes qui s’assemblent les unes dans les autres, boîtes dont le sens n’apparaît pas parce que contenant et non contenu. Peintes en noir, accumulant parfois quelques autres objets, elles défient par leur équilibre et leur beauté sauvage la notion même d’esthétisme. Cela peut aller jusqu’à d’étranges machines pour ne rien faire, pourvus d’engrenages, de roues qui ne bougent pas, voire de robinets d’où rien ne peut couler. Ici, c’est une sorte de meuble, armoire, buffet, inutilisable, objet de décoration inopérant, ou encore instrument de musique des musiciens ambulants, dont on ne peut bien sûr tirer aucun son.

En quoi est-elle belle, cette pièce ? Tout d’abord l’équilibre harmonieux des différentes boites qui la composent. Mais surtout, et c’est en cela qu’elle constitue un œuvre d’art, elle se laisse regarder, on ne sait que dire, mais on la regarde encore et peu à peu s’installe la paix. Vous êtes transformé par cet objet insolite qui capte votre regard. Vous éprouvez ce tremblement intérieur qui vous fait dire « C’est beau ». Vous ne savez pourquoi, mais cela vous suffit.

 

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27/10/2013

Fin

Un fil, ténu, isolé, tendu comme un arc
Il balance entre le ciel et la terre
Et le cœur chavire entre ces deux extrêmes
Le plein des souvenirs et le vide de l’avenir

Qui donc coupera de sa lame aiguisée
Ce hauban secoué par le vent et l’âge
Et laissera partir l’âme purifiée
Vers l’inconnu attendu et craint

La vive force s’est calmée, sereine
Et assume sa faiblesse, gracieusement
Le regard dit encore la volonté
Mais elle est désormais intérieure

Et le souffle de la vie se dérobe
Comme le filet d’eau d’une source
Désormais tarie. Quelques gouttes encore
Et l’âme s’échappe en un soupir

Est-elle passée de l’autre côté ?
A-t-elle franchi le rubicond lumineux
Parcouru le tunnel d’inversion
Où l’envers devient l’endroit ?

Partagé entre le silence et la parole
Chacun est réservé devant le mystère
Une aspiration vers un sourire
Ou l’effondrement d’un rêve ?

© Loup Francart 

26/10/2013

Jesu, meine Freude (Motet BWV 227) de Jean-Sébastien Bach par le Vocalconsort Berlin

http://www.youtube.com/watch?v=a4SKrGYMp7A

 

 

Un moment de pleine paix, un acte d’abandon, l’homme face à l’amour divin, l’agapè, un amour pur qui s’exprime sobrement, à plusieurs voix qui met en évidence son amplitude. L’harmonie chantante n’est perceptible qu’à certains moments, laissant sur d’autres mesures chaque voix indépendante, comme détachée des autres. Et cette succession de passage font du motet un morceau singulier, plein d’inattendus et de variations. L’accompagnement très discret de l’orgue renforce les voix sans jamais les écraser comme c’est souvent le cas.

Alors laissons-nous porter par ce chant magnifique dont les paroles,même si elles sont quelque peu désuètes, oscillent entre l’abandon amoureux et l’impératif moral :

 

Jésus, ma joie, la prairie de mon cœur,

Jésus, mon ornement,

depuis longtemps, ce (mon) cœur est anxieux

et te réclame !

 

Agneau de Dieu, mon fiancé,

hors toi, sur la Terre,

rien ne doit m'être plus cher

25/10/2013

Ni trop, ni trop peu : le juste milieu

Le juste milieu est la voie de Dieu. C’est un équilibre fragile, toujours en suspend, mais combien prometteur, car il prolonge l’intentionnalité de la vie.

Equilibre des forces, équilibre des volontés, équilibre de tout ce qui s’affronte ou au moins s’oppose. Equilibre et non extinction des affrontements par une entropie des forces et des volontés opposées.

L’univers ne nous conduit ni vers la fuite dans l’infini, ni vers le retour au big bang. Il cherche la maîtrise physique, informationnelle et psychique des influences qui concourent à la réalisation de sa divinisation. Telle est l’intentionnalité du créateur.

La création de la noosphère, nappe de pensée enveloppant la biosphère, puis son développement, comme une enveloppe immatérielle, constitue l’outil qui doit permettre cet avènement. Un outil et non une fin.

 

« Par jeu conjugué  de deux courbures, toutes deux de nature cosmique, – l’une physique (rondeur de la Terre), et l’autre psychique (l’attraction du réfléchi sur lui-même) – l’Humanité se trouve prise, ainsi qu’en un engrenage, au cœur d’un « vortex » toujours accéléré de totalisation sur elle-même. » (Teillard de Chardin).

24/10/2013

La galerie Véro-Dodat

DéserEntrée.jpgte, mais splendide, aux boutiques regorgeant d’objets rares, chers ou insolites, la galerie Véro-dodat est une curiosité parisienne, précieuse et bien peignée.

L’entrée est discrète, en particulier dans la rue Jean-Jacques Rousseau. L’autre est plus grandiose de par ses statues qui surmontent le portail.

L’impression de profondeur est donnée par les carreaux de marbre noirs et blancs. On a presqu’envie de se laisser glisser sur les fesses jusqu’à l’autre bout, comme dans un toboggan. La symétrie avec la verrière en fait presqu’une œuvre d’art optique : quelle ligne de fuite parfaite !

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Le plafond de verrière possède cependant quelques peintures du siècle dernier, romantiques comme le reste.  34942688.jpg

 Vous entrez dans un salon aux vitrines strictes, taillées dans le bois et un alliage de cuivre. Elles sont magnifiques, petites fenêtres arrondies en haut, portes somptueuses, éclairages de boules suspendues au-dessus de chaque porte.

Et chaque boutique est souvent un trésor de présentation, parfois d’objets inutiles, comme abandonnées, à la manière des romantiques du XIXème siècle. On s’attend à voir sur un lit de repos une créature rêveuse, pas tout à fait endormie, ni non plus entièrement réveillée. Mais le bruit des pas d’un passant résonant sur le carrelage vous ramène à la réalité : le vide d’un désert grandiose peuplé de cadavres exquis conservés dans leur bocal de verre. 

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Des friandises, bien sûr, ou des produits de beauté 

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Et même des jambes dans tous les sens 

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23/10/2013

Avant le big bang

Avant le big bang, qu’y avait-il ?
Le néant, le vide, l’inexistant ?
Ou le Tout, la vie pleine, le créateur ?

Qui a mis cette étincelle en route ?
Cela craque une allumette
Et tout commence par une explosion

"Au commencement Dieu créa le ciel et la terre"
Rien et deux mondes, le psychique et le physique
Le ciel ne se mesure pas. Il vous prend
Et son parfum vous le fait désirer

"Que la lumière soit et la lumière fut"
Transpercé par ce coup de lance
Le monde se mit à bouger. Première nuit
Plongée dans la matière. Quel dépaysement…

© Loup Francart 

22/10/2013

Suite pour violoncelle N°1 en sol majeur, interprétée par Mischa Maisky

https://www.youtube.com/watch?v=mGQLXRTl3Z0

Le prélude est une onde intuitive au-delà de la musique…

Une vibration troublant la pensée qui ne peut l’évaluer, entraînée par cette danse qui n’en est pas une… Une onde de notes qui s’enchaînent dans une logique absolue sans que l’on puisse la prévoir.

Bach, musicien de l’âme, a réussi la synthèse entre l’intuition musicale et la raison poussée à l’extrême de la logique musicale. Et cette rencontre entre ces deux manières d’aborder le monde lui donne une force sans équivalent encore dans le monde de la musique.

Laissons-nous porter par ces vagues de notes qui nous entraînent dans un ciel plus pur, dénué de nuages, vierge de l’aspérité égocentrique. Nous volons sur la pensée, la contemplant de loin, comme un pilote de Montgolfière, sans bruit, bercé par le vent léger qui nous entraîne au-delà des idées, au-delà des mots dans cet amas de sensations sans formes qui procure les délices d’une connaissance différente, irraisonnée, mais fortement prégnante. C’est un courant d’ondes, une danse sur un fil électrique que l’équilibriste n’ose toucher longuement. Et l’esprit ne se lasse pas de cet intermède qui s’insinue dans tout le corps, le laissant en transe.

Oui, Bach est vraiment le plus grand des musiciens par la synthèse qu’il effectue entre le cœur, vision intuitive d’une mélodie au-delà d’une phrase musicale, et la raison, construction intelligente et ordonnée des notes entre elles.

21/10/2013

Ombres et lumières de Venise : Bernard Bouin

Venise, entourée de sa brume d’ondes et de rêve, mystérieuse comme une femme qui ne se dévoile que prudemment. Elle attire par la tendresse de l’eau et de la lumière qui s’y reflète. Elle rejette par la froideur et l’inaccessibilité de sa masse composée de ruelles et de couloirs.

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Et Venise à nouveau, soleil couchant, dans la gloire de son site exceptionnel, eau, ciel et terre confondus, contraste des lumières, diaphane de l’air, aérien de l’eau, noirceur des terres et de la ville.

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Encore Venise, approchée, domestiquée, laissant voir ses deux campaniles, chiens de garde de sa virginité. Elle ne se dévoile toujours pas, reste sur son quant-à-soi, imprenable, inimaginable, comme un mythe inatteignable, mais vivant, comme une naissance.

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Cette exposition se trouve galerie de l’Europe, 55 rue de Seine, jusqu’au 22 octobre (alors pressez-vous !). Nous en reparlerons, ainsi que du peintre évidemment, qui est Bernard Bouin.

20/10/2013

Matière et esprit

Est-il possible que nos scientifiques ne prennent comme objet d’étude que la matière ? Ignorent-ils que la pensée existe ? Surement pas ! Pourtant, pour eux, seule la matière est réelle. L’esprit ou l’âme, ou le moi et le soi, n’existent pas. L’intelligence ? Peut-être. Un simple assemblage de cellules qui, par le hasard ou la nécessité, est devenu un objet capable de produire de la pensée.

Mais qu’est-ce que la pensée ? Une activité psychique (et non physique) ou une représentation psychique permettant de concevoir le monde (pensare : peser), c’est-à-dire se le représenter et s’en faire une idée. La pensée, nous dit Platon, est le « discours que l'âme se tient à elle-même sur les objets qu'elle examine ». Elle établit, grâce aux informations fournies par nos sens, une sorte de miroir face au réel qui lui permet d’émettre un jugement et de prendre des décisions. Peut-on dire que toute cette merveilleuse machine qui permet la connaissance n’existe pas ?

Theillard de Chardin donne, à la suite d’autres philosophes (et maintenant, imperceptiblement, de quelques scientifiques), une explication : chaque parcelle de matière est faite d’un extérieur (perceptible par nos sens et étudié par la science) et d’un intérieur, qui échappe à l’étude de l’extérieur. Il y aurait donc un psychisme de la matière comme elle a un physique : chaque particule de matière dispose d’une psyché. Ce n’est que récemment que l’homme s’est rendu compte que non seulement les animaux, mais également les plantes pensaient et même agissaient. La mécanique quantique décrit la structure et l'évolution dans le temps et l'espace des phénomènes physiques à l'échelle de l'atome. Elle montre que « les électrons ne sont ni vraiment des ondes ni vraiment des particules. (…) Le monde quantique est étrange, le flou probabiliste y règne et au fond, il indique une structure sous-jacente aux phénomènes qui est au-delà de l'espace et du temps » (www.futura-sciences.com). Cela expliquerait le principe de superposition dans lequel un système physique peut se trouver dans un état et dans un autre (le chat de Schrodinger).

Mais n’entrons pas dans ces considérations trop compliquées pour nous et contentons-nous d’une réflexion d’hommes ordinaires. Certes, la science (mais laquelle ?) prend bien en compte le psychisme en tant que données d’étude permettant à la médecine et la psychologie d’établir des règles et de définir des principes. Mais inversement, la pensée en soi est exclue de l’étude de l’univers en tant qu’élément important pour le comprendre. On sait maintenant que la compréhension, c’est-à-dire toute vision de l’univers, dépend de la position de l’observateur (donc de son point de vue). Il y a ainsi une imbrication étroite entre l’univers physique, dit réel, et un univers psychique ou plutôt entre une vision de l’univers extérieur et une vision intérieure.

Oui, nous avons besoin de commencer à rapprocher philosophie et science, métaphysique et physique. C’est un des plus grands défis posé à nos chercheurs : agrandir la vision de ce qu’ils ont à chercher.

19/10/2013

Les taches sur le mur

Les taches sur le mur
Sont l’ombre de mes pensées...

Une fenêtre recèle le ruban
Que porte un homme dans la rue...

La glace reflète l’envers des murs
Et les ombres transformées
Sont sans doute la vérité…

Qui se cache parmi les mots ?
C’est une longue énigme
Que je cherche encore

© Loup Francart

 

18/10/2013

Hélicéchappée

Elle aurait pu tourner et s’échapper dans le vent de l’espace, mais la pesanteur a refreiné ses envies. Elle est rivée à son cadre et rien ne peut l’en faire bouger. Elle rêve pourtant de partir au loin, d’acquérir l’autonomie du trait, de la forme, voire de la couleur. Mais... Elle est figée pour l’éternité !

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 Acrylique sur toile, 80x80cm

© Loup Francart

17/10/2013

La formule de Dieu, roman de José Rodrigues dos Santos

Acheté dans une brocante, qui trainait sur une table… Un thriller qui traite de l’origine de l’univers, à la frontière de la science et de la théologie mystique… Il n’est pas vieux (il date de 2006), il est important (575 pages), il combine deroman,thriller,religion,science,big bang,dieu,mystique manière fine les dernières découvertes de la science sur le Big bang et son origine avec la Bible, le bouddhisme, le Tao, le Zen et autres philosophies ou religions. Tout cela est enrobé, comme une tarte tatin, d’une couche de messages codés où la cryptographie a fort à faire et se trouve surmonté du fantôme d’Einstein à l’origine de l’énigme.

Quel galimatias me direz-vous. Eh bien non ! C’est, malgré une histoire qui ne sert que de couverture au vrai fond du livre, un trésor de construction et de connaissance. Le point de vue de tous les grands savants y passe, chacun apportant sa pierre. L’illumination des grands mystiques également : la Cabbale avec ses sephirot, la bhagavad gita, le ying et le yang.

C’est beaucoup mieux que Dan Brown ou même Umberto Ecco. Bravo à ce journaliste qui met en scène Tomas Noronha, professeur de cryptologie et de langues anciennes et Ariana Pakravan chargée d’identifier un manuscrit écrit par Einstein, qui donnerait une formule permettant de construire une bombe atomique avec des moyens très simples. En fait, ce manuscrit cacherait la formule de Dieu, c’est-à-dire de l’origine du monde. Tout se précipite dans un tourbillon incessant entre l’Iran et ses ayatollahs, les Etats-Unis, bien sûr avec la CIA, le Tibet, toit du monde, et la fin de la vie, interrogation aussi pressante que celle de son commencement. La boucle est bouclée, mais comment : Que la lumière soit (telle est la formule de Dieu) ! Qui a fait naître cette lumière ?

L’univers naît, vit, meurt, entre dans la non existence et renaît à nouveau dans un cycle infini, dans un éternel retour qu’ils appellent la nuit et le jour de Brahman. L’histoire hindoue de la création du monde est celle de l’acte par lequel Dieu devient le monde, lequel devient Dieu. (p.570)

A la fin du silence se trouve la réponse.
A la fin de nos jours se trouve la mort.
A la fin de notre vie, un nouveau commencement. (p.571)

La fin est décevante. Elle ne nous apprend rien. Mais que de chemins parcourus entre la première et la dernière page.
Qui a créé la lumière ?

16/10/2013

Le vol du bourdon, de Rimski Korsakov

 http://www.youtube.com/watch?v=XZXippwOh8Q

Un moment de virtuosité, où le temps suspend son vol. Le bourdon est là, actif comme à son habitude, feuilletant chaque bouton de trèfle. Est-ce réellement un bourdon ? On pense plutôt à une abeille ou une guêpe. Le bourdon est trop lourd et maladroit. Mais Rimski Korsakov a dû en étudier beaucoup avant de pouvoir créer cette musique géniale. Exemple parfait d’une musique descriptive, alliance du son et de l’image, l’un réel, l’autre virtuelle, mais si profondément ancrée en soi que l’on se voit couché dans l’herbe, à l’écoute de ces battements d’ailes qui créent une tempête dans les nuages de l’imagination. 

 http://www.dailymotion.com/video/x111qdx_le-vol-du-bourdon-au-piano_music

Les deux interprétations se valent. La bassiste est aussi frêle que son basson. La pianiste a des mains ailées comme la voilure du bourdon.

Elles nous donnent à tous une leçon de travail qui vaut toutes les morales du monde !

15/10/2013

Les yeux

L’œil est le fond de l’âme
Mais celle-ci est-elle noire ou bleue ?
Le tripot ou les enfants sages ?

Trou d’épingle dans une feuille de papier
On y admire la pointe de l’humain
Source d’un rayonnement intense…
Ce peut être un soleil chaleureux
Une lune chafouine et malheureuse
Un astre inconnu et sans vie
Une étoile aiguisée et scintillante
Ou même un trou noir aspirant ton regard…

Les yeux de l’esprit sont la lampe de poche
De l’explorateur du château de verre
Ses larmes sont la seule vérité
Que la vue entraperçoit dans la brume…
Un tremblement à la surface de l’eau
Un grattement de doigts fragiles
Fuite du temps, absence d’espace…
Tu n’as plus que les yeux pour pleurer…

Il coûte les yeux de la tête !
Rien que cela ! Fait à l’œil pourtant
Par un aveugle aux mains de fée
Et la femme enceinte jusqu’aux yeux
L’achète comme un talisman précieux
Pour les beaux yeux de son amant…
L’argent, elle s’en bat l’œil
Ses rondeurs ne lui font pas froid aux yeux…

Et lorsque le regard, aux soirs d’été,
Dénote l’harmonie des sentiments
Qui est le mieux loti, l’œil de chat
Ou la larme de gazelle…
Manger des yeux vaut mieux
Même s’ils sont plus gros que le ventre
Que se manger le blanc des yeux…
L’œil de verre seul est impassible
Devant tant de provocations…

Ouvre l’œil ô mon âme
Et marche vers la lumière, impassible…

Quel coup d’œil ! Verts, les a-t-elle
Emeraudes en couple, deux phares dans la nuit…
De braise, l’autre les porte
On ne peut l’approcher, elle brûle…
De jais, ceux-ci roucoulent tendrement
Surpris de ne pas trouver la paire…
Noisettes, ils sortent des bois, tendres
Et se posent sur vous, charmeurs…
Vairons, l’âme boite dans son logement
Merlan frit ou œil de biche ?

Oui, le monde vu de l’œil de bœuf
Devient le centre du cyclone
Alors…
Ne gardez pas vos yeux dans votre poche

© Loup Francart

14/10/2013

Les photographies de Robert et Shana Parke-Harrison

Et voici d’autres artistes américains tout aussi loufoques qu’Ethan Murrow, mais aussi doués, dans un processus de création très différent. Ce sont en effet des photographes. Mais dotés d’une imagination sans limites.

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Ils réalisent leurs tableaux, parce que l’on peut bien parler de tableaux, c’est-à-dire d’une vision du monde propre à l’artiste, à partir de premières photographies montées sur papier grand format, qu’ils ajustent de façon à créer une véritable scène, dans laquelle leurs personnages jouent un rôle comique, naïf, navrant ou poétique. Tout cela est photographié à nouveau pour donner ces chefs d’œuvre imaginatifs.

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« Notre processus de création tente bien souvent de faire une réplique de ce qui se passe dans les rêves, où des éléments n’ayant visiblement rien à faire ensemble, obéissent tous à un instant placé dans un cadre narratif plus grand (…) Nous recherchons divers sujets pendant quelques mois. Ensuite nous commençons à développer les idées et à faire des croquis des images. À partir de là nous fabriquons les accessoires et commençons à expérimenter en photographiant tout cela. Nous continuons à développer les accessoires et les idées jusqu’à ce que nous obtenions l’image désirée. Nous la photographions à ce moment-là. Puis nous collons plusieurs images afin d’obtenir l’impression finale qui est ensuite montée sur un panneau puis peinte. »

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Chaque personnage est confronté à la nature, envoûtante, belle et étrange. Chaque morceau de celle-ci est détourné de sa fonction réelle. Regardez ce pré tout ce qu’il y a de plus banal. Il devient une couverture gigantesque que le personnage s’efforce de tirer vers lui pour recouvrir une terre aride, le tout sous un ciel normal, tranquille, un ciel de tous les jours.

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Et là, quelle étrange machine, une sorte d’avion, dirigeable, hélicoptère, encombrée d’hélices, de seaux, tournant dans un ciel irréel, avec un personnage qui sème ou laisse tomber quelques pièces d’on ne sait quoi !

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 Oui, il faut sauver cette terre qui, malgré ses défauts, fait de nous ce que nous sommes, des hommes perdus dans l’immensité, et dont la tâche est d’instaurer un monde plus clair, plus humain. Mais quelle tâche difficile qui demande tant et tant d’efforts !

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 Alors, parfois, cet homme pète les plombs et s’envole vers un monde encore plus irréel…

 

 

 

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Ou plus poétique…

 

 Ces artistes sont exposés à la galerie Suzanne Tarasieve, 7 rue Pastourelle 75003 Paris.

13/10/2013

Première prise de fumée

Il y a des souvenirs corporels qui restent même si l’on en oublie les circonstances. Ainsi, lisant un livre où l’auteur évoque sa première cigarette, il se souvint de sa « première prise de fumée ». Au moulin, comme ils avaient coutume d’appeler le lieu de leurs ébats, on trouvait de nombreux sureaux dans la haie de séparation avec le voisin. Vous connaissez ces petits arbustes de bois souple et léger qui produisent des fleurs blanches et odorantes, puis des fruits noirs en grappes serrés.  Des fleurs, on peut faire des beignets au parfum sublime. Des fruits, on extrait de la gelée ou du sirop. Du bois, on tire d’excellentes cigarettes s’il est suffisamment sec. Ils ne le savaient pas. Un enfant du pays leur révéla l’intérêt de ces branches séchées et leur montra comment tirer au travers de ce tube pour fumer élégamment et tousser au mieux.

L’initiation faite, ils firent des provisions de branches de sureau, droites et grosses comme des cigares de la Havane. Ils les firent sécher à l’abri des regards des parents et quelques jours plus tard, prirent une après-midi pour fumer, comme les adultes prennent une heure ou deux dans un bistrot pour déguster un bon vin. Ils avaient dérobés dans la cuisine une boite d’allumettes. L’ainé s’essaya le premier à cette tâche nouvelle : tirer sur un morceau de bois pour en extraire une fumée foncée et lourde qui le fit immanquablement tousser. Qu’à cela ne tienne ! Tous voulurent s’éprouver. Les yeux piquants de cette fumée acide, les lèvres imprégnées de poussière de bois coupé, les poumons enflammés par cette vigueur bizarre qui leur faisait croire qu’ils goûtaient la drogue du diable, ils riaient et parlaient forts sous l’emprise de cette nouvelle addiction.

Ce n’était qu’une illusion qui avait le charme du prohibé. Pendant une année, ils se réservèrent des après-midis au fond du petit bois, à l’abri des regards soupçonneux, pour fumer à loisir. Ils en ressortaient fatigués, avec un mal de cœur obligatoire, mais heureux bien sûr de s’essayer à l’interdit.

12/10/2013

Le défi de l’artiste

« Un défi ? C’est d’avoir trente mille francs pour exécuter une œuvre monumentale et de sortir, pour ce même prix, une œuvre qui vaudrait dix fois plus si elle était réalisée par des gens salariés et protégés – et cela sans compter le prix de la conception de la forme.

Un défi permanent, c’est d’affirmer que notre temps de travail ne vaut rien par lui-même, que seule compte l’œuvre qui nous satisfait, c’est d’être capable sans sourciller de détruire un travail qui nous a pris deux mois d’exécution et de peine. Notre défi, jeunes Sculpteurs, c’est de ne pas compter, de ne jamais compter dans une société qui veut nous transformer en comptables. De ne pas plus compter nos efforts que nos victoires, que nos déceptions, que notre argent. Notre défi, c’est de donner notre vie à un métier qui n’a pratiquement plus de sens dans notre civilisation. » (Vincent Batbedat, Le prix de mon âme, Editions Alain Gorius, 2012, p.37)

 

Oui, on comprend l’auteur de ces lignes. Pour un artiste, le temps de travail compte peu. Quelle est l’œuvre produite ? La satisfait-il, lui ?

Le premier juge de ce qui est produit est le créateur lui-même. Certes, il est toujours enthousiasmé par ce qu’il a réussi à faire après de nombreuses heures d'exaltation mêlées d'inquiétudes. Il en connaît les courbes, les droites, la masse, les apparences et la réalité. Elles lui ont donné beaucoup de peine pour en arriver là.

Alors, selon son caractère, il montre sa composition à ceux qui connaissent la valeur du travail effectué et qui ont la capacité de juger de l’efficience et de la qualité de cette production. Ou encore il la dévoile à ses proches, juste pour voir l’effet produit, le coup de cœur ou le rejet.

Puis, quelques jours plus tard, il pourra à nouveau regarder son œuvre d’un œil neuf, avec les avis des uns ou des autres. Il y décèlera ce qu’il n’avait pas vu, tellement préoccupé par la finition. Il remarquera le léger défaut, si visible qu’il ne l’avait pas remarqué, ou si bien caché qu’il en est invisible. Il pourra ou non le corriger.

Il se remettra à l’ouvrage. Il aura à nouveau recours au pinceau, au burin, au stylo, pour affiner ce qu’il a chéri au cours des longues heures de sa création. Mais si c’est un défaut de conception, à l’origine de l’œuvre, il n’aura plus qu’à la détruire, irrémédiablement. Il considérera soit qu’elle n’est pas digne de lui parce que d'habitude il fait mieux, soit qu’il n’est pas digne d’elle, c’est-à-dire qu’il n’a pas l’envergure pour produire ce qu’il avait cherché à créer. Au panier, à la décharge ! Ce n’est qu’un objet sans intérêt, un encombrant, un ouvrage fâcheux.

Et il repartira, toujours vaillant, les yeux révulsés, le tremblement dans les mains, la tête pleines d’images et d’idées, à la conquête d’une nouvelle phobie, toujours plus belle, toujours plus attirante, comme une femme rêvée, mais jamais tenue dans ses bras.

11/10/2013

Ton âme

Ton âme, un univers en soi…
Tu pars dans l’immensité
Et tu retournes au point de départ…
Tu en fais vite le tour…
Elle est emplie de vide
Et ce vide t’aspire, t’attire
Broie tes doutes et tes vertiges…
Ce globe précieux
Que tu chéris tendrement
Est ton talisman…
Sans lui tu n’es rien
Avec lui tu n’es plus…
Et n’être plus te mènes
Dans l’espace chaleureux
De l’absence du moi…
Garde ton âme
Et perds le reste
C’est ton seul bien
Au-delà de toi…

© Loup Francart

 

10/10/2013

American ego, dessins d’Ethan Murrow

Il est américain et il expose pour la deuxième fois à la Galerie Particulière, 16 rue du Perche 75003 Paris.

C’est un excellent dessinateur. On pense parfois aux gravures passées, celles qui illustraient les aventures extraordinaires de Jules Verne. Il en possède l’imagination, le talent, la poésie de l’insolite, le charme vieillot (mais pas tant que cela).

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Mais il pratique en même temps la science-fiction, ou presque, voire l’insolite à la manière de Magritte.  

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On peut également penser à Monsieur Hulot, éternel égaré dans un monde rationnel.

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Et, pourquoi pas, Michel Strogoff :

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Alors, si vous voulez rêver, passer un moment d’irréalité si proche du réel, participer à la folie de la création artistique, allez voir cet artiste qui, cette fois-ci, se consacre à la culture américaine, à ses stéréotypes.

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Il tente de mettre en évidence les paradoxes d’un « American Ego ». Il est constitué d’orgueil patriotique, de courage, de foisonnement mais aussi de chauvinisme, d’un romantisme provincial, d’une idéalisation des rapports à établir entre les pays. Oui, l’exposition tente de détecter, derrière des scènes de vie insolites, l’extraordinaire imagination des Américains.

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09/10/2013

Que l’esprit vienne au secours de notre faiblesse

L’Esprit se découvre lorsqu’on atteint le fond de soi-même. Ayant perdu toute richesse et nous découvrant nus, se révèle cette part de nous-mêmes qui n’est plus notre personnalité, mais notre être véritable. C’est comme un grand souffle glacé, un vide ineffable qui, paradoxalement, réchauffe le cœur.

Maranatha est un mot araméen qui signifie "Maître vient" (1 Corinthiens 16:22).

 

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© Loup Francart

08/10/2013

Remembering, par le trio Avishai Cohen

http://www.youtube.com/watch?v=E4kc0Aby2vA


C’est une promenade hors du temps, dans les champs d’étoiles, loin de la vie réelle, une sorte de rêve dans un sommeil lourd, mais si vivant. Souvenirs d’instants uniques, entrecoupés de trous de mémoire. Tous ces moments se succèdent dans le même vide de décors et de personnages. Ce sont des images, tendres, presque joyeuses : les courses dans les prés, les éclats de voix dans la rivière, le jus des fruits mangés à pleine bouche, les premiers baisers. Ces images défilent sous vos yeux, dans le désordre, au fil des évocations, sans queue ni tête, mais si agréables à revivre. Un pincement au cœur et vous repartez dans vos rêves, scotché, drogué, enserré dans vos souvenirs qui n’en sont pas forcément.

En 2:45, vous vous brouillez, votre rationalité s’estompe, votre jugement vous échappe. Le violoncelle gratte ses quelques notes de manière intempestive pendant que le piano bafouille son thème éternel.

Où allez-vous ? Instants semblables au mélange dans un verre de deux liquides de densité différente. Ils ne se mélangent pas, puis, doucement, leurs couleurs finissent par se confondre, d’abord en longues trainées, puis en larges taches qui se perdent dans une nouvelle matière. Vous bougez le verre, et tout ceci n’est plus qu’une impression.

Spleen, mélancolie bienheureuse si elle ne dure pas. Se réfugier dans les replis de sa mémoire et se laisser bercer comme on se jette d’une montgolfière rien que pour sentir l’air frais vous saisir.      

07/10/2013

Merci

Quel petit mot sublime et doux
A peine glissé entre les lèvres mi-closes
Avec une ébauche de sourire gêné…
Mot pudique, petit, sans brillance
Comme le cri d’un oisillon sur l’arbre
C’est un murmure inaudible, mais réel
Qui éveille le récipiendaire…
Il chemine de l’oreille distraite
Aux neurones enchevêtrés
Et produit ce déclic enchanteur
Qui fait fuir les nuages…
Cette goutte tombée d’un mot, un seul
Provoque les ondes de la félicité
Qui s’échappe jusqu’aux tréfonds
De votre être intime et assoiffé…
Et ces lèvres qui l’ont prononcé
Connues ou inconnues
De rose vêtues et de parfum céleste
Délivrent leur message divin
Avec allégresse et insouciance
Merci… Merci… Merci…
La chaîne monte dans l’azur
Et explose à la face du monde
Pour remercier le créateur anonyme…
Ame et nature, étroitement unies
Par ce mot si petit et si simple
Qu’il passe inaperçu…
Mais quel émoi en chacun de nous…

© Loup Francart

06/10/2013

Cordages

Achetez ces liens qui tissent l’amitié. Ils trainent par terre et tous peuvent en faire provision. Il suffit de quelques billets qui vous ouvrent la porte et font de vous l’homme le plus heureux du monde.

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 Serrés en rouleaux étroitement enlacées, ces cordages sont adaptés à tous, petits ou grands, maigres et gros, bien-portants ou malades. Ils ont l’air inoffensifs, mais font preuve d’autorité. On dirait des rouleaux de cordons explosifs : « Achetez-moi, sinon… »

 

  

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Quelle envie enfantine ! Acheter une grande brassée de cordages et en décorer sa pièce de travail : couleur et tension. Des roses vifs, des jaunes lumineux, des bleus étincelants, des verts attendrissants, des blancs insoutenables. Et ces couleurs clignotent devant vos yeux, attirantes comme des éclairs de pierres précieuses.

 

 

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Cet instant de pure folie vous fait oublier où vous êtes. Plus rien ne compte que cette symphonie de ficelles et cordes qui vibrent ensemble pour le plus grand plaisir des yeux.

 

Allons, il est temps de reprendre ses esprits et de poursuivre sa promenade au long des rues encombrées d’objets hétéroclites. Quel déballage et comme nos greniers regorgent de richesses oubliées qui sentent la poussière et font éternuer.

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Mais vous conservez en vous-mêmes l’image ineffable des cordes vibrantes et colorées qui chantent seules dans leur caisse en un chœur vierge et pur.

05/10/2013

Homme Z

L’homme Z, archétype de l’individu machiste et faible qui se cache derrière une apparence brillante. Une façade inaltérable dans un smoking bien taillé. Un trou d’épingle le dégonfle, mais il faut trouver l’endroit où le piquer. Il peut être de toute condition, riche ou pauvre, bien habillé ou mal vêtu, drôle ou prétentieux. Il est carré et viril et fait ressortir ses angles. Sa posture est la force. Il saura vous parler, même en vous choquant, mais il aura toujours une idée en tête : vous utilisez pour sa propre réputation.

Alors, ne vous laissez pas séduire par une fausse prestance !

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04/10/2013

Introduction et danse chamane de l’Equateur, par Patricio Cadena Perez & Miguel Arcos

http://www.youtube.com/watch?v=wxiSJxwOzos&list=UUCXpMqfV5bos-JTzm1iONpg


Une longue litanie qui s’égrène sans fin et qui commence sur quatre notes en mineur, sorte de support à la mélodie principale qui monte comme un cri ou un gémissement. Oui, ce sont des pleurs qui exprime l’inquiétude de l’homme face à l’immensité du monde et l’incompréhension qu’il en a. Derrière la mélodie principale apparaît tout à coup une sorte de chant sourd, puis plus clair, comme un appel venant du plus profond de l’âme, une âme perturbée, égarée, noyée dans l’immensité du cosmos. Parfois un hoquet dans le souffle de l’instrument. Progressivement le chant se transforme en une demi-danse rythmée, accompagnée par la guitare qui devient diserte. Elle prend de la place, s’exprime à son tour, en contrepoint du chant qui devient ténu. Puis tout reprend sa place, chant et accompagnement.

Une atmosphère étrange que cette introduction qui est une véritable pièce en soi. Les anciens d'Equateur disaient : « Pour soigner ou participer à une cérémonie, il faut venir con corazon puro y mente en blanco » (avec un cœur pur et le mental blanc). Dépouillé du sens habituellement donné au monde, le chamane dresse son propre monde face à l’ordinaire et découvre l’envers qui existe en lui. Il devient chasseur, un être qui n’a plus d’histoire et qui devient inaccessible. « Un chasseur est intimement en rapport avec son monde et cependant il demeure inaccessible à ce monde même. Il est inaccessible parce qu’il ne déforme pas son monde en le pressant. Il le capte un tout petit peu, y reste aussi longtemps qu’il en a besoin, et alors s’en va rapidement en laissant à peine la trace de son passage. » (Don Juan, d’après Castaneda).

03/10/2013

Les ondes

Elles sont partout…
S’en préserver revient à vivre
Dans une caverne loin du monde
Elles vous traversent le corps
En laissant un parfum glacé
Et remuent en cœur vos cellules

Parfois vous vous sentez affaibli
Alors vous écoutez Mozart
Qui ravive l’harmonie des traversées
Et vous repartez guilleret
Dans la nuit opaque du matin
Qui apporte ses nuages de pessimisme
Diffusés par la boîte à bruits

N’écoutez pas ! Laissez-vous aller
A la paresse de l’esprit troublé
Ah, le téléphone… Rien ne nous épargne
Les doigts dans les oreilles
Vous répondez aux sollicitations
D’un vendeur de rêve disert…
Non, rien, je ne suis rien
Que pourrais-je acheter ?

Pourtant tout n’est qu’ondes
Ou corpuscules
Lumière des cœurs
Vous résistez aux assauts du temps
En vous étendant dans l’espace étoilé
L’onde noire du Styx ne vous est pas accessible
Vous avez encore à œuvrer sur terre
A vous laisser porter par les eaux courantes
D’une vie agitée, mais passionnante

Du plus grand au plus petit
De l’atome à l’univers
Tous traversés d’ondes de sympathie
Vous vous découvrez système d’informations
Qui échange avec d’autres
Des contenus stupides ou dérangeants
La noosphère entretient vos méninges
Les lie dans le Tout des idées
Vous êtes vous-mêmes ondes
Et voyagez dans les flots déchaînés
D’un avenir inconnu…
Mais où donc se trouve la sortie ?

© Loup Francart

02/10/2013

Doko Nakamura, à la galerie Etienne de Causans

Un très aimable vieillard qui s’est levé à mon approche et s’est incliné jusqu’à hauteur de la ceinture. Il était accompagné de deux vieilles femmes qui se sont également inclinées de la même manière. Aussi n’ai-je pu faire autrement, je me suis également incliné très bas. Nous nous sommes cependant serrés la main, mais cela n’est visiblement pas dans ses habitudes. Il ne parlait pas français. Je ne parle pas japonais. Il disait deux mots en anglais, moi de même.

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Un maître japonais dans toute sa vérité et sa grandeur. Admirez ce lavis. Il est magnifique, d’une finesse sans égale, avec des fondus extraordinaires. Un paysage aérien, lumineux, chaud de blancheur cotonneuse qui semble ressortir alors que ce sont les seuls endroits qui ne sont pas peints.

N’oubliez pas que la photo ne rend nullement la vérité du papier, de la lumière et de la présence du maître.

Il n’est pas connu en France, bien sûr. J’ai cherché sur Internet et n’ai trouvé que deux œuvres. La seconde est de la même facture, émouvante de sobriété : un moulin à eau dans la montagne. Ce sont des rêves, vaporeux, précis, comme une expression symbolique de la réalité ou encore une image de la qualité spirituelle de la nature. Mais la photo est de piètre facture.

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Allez à la galerie Etienne de Causans (25 rue de Seine 75006) qui expose ce maître. Vous y verrez des chefs d’œuvre d’une beauté éblouissante. 

01/10/2013

La naissance de l'univers

Qu’y avait-il avant le big-bang ? La science s’interroge sur la question de la naissance de l’univers qui auparavant relevait de la théologie.

La réponse qui simplifie tout, tout en laissant en l’air l’interrogation, est qu’il n’y a pas d’avant puisque le temps n’existait pas. Quel paradoxe. En un instant, le temps, l’espace et la matière se décide à exister. Avant : rien. Bref, on escamote la question et il n'y a pas de réponse.

D’autres répliquent qu’il n’y a pas un seul univers. Andrei Linde, un des théoriciens de l’inflation, explique que notre univers est une bulle d’espace-temps noyée dans une mousse d’autres univers. Ainsi le big-bang n’est pas la naissance du cosmos à partir du rien, mais une expansion dans un « faux vide ». Ce faux vide se caractériserait par une énergie très élevée et un champ gravitationnel répulsif, une sorte de gravitation " négative " ou antigravitation : remplissez un ballon de faux vide, il se dégonfle ! Les physiciens utilisent aussi le terme " champ scalaire " pour désigner ce faux vide. Cette expansion de bulles donne naissance à des bébés univers possédant leur propre temps, espace et matière.

Mais là aussi se pose toujours la question de la formation du premier bébé univers. L’univers, ou plutôt les univers, se sont-ils formés à partir de rien. Oui répliquent certains astrophysiciens. L’univers initial, très petit, recourt à la physique quantique où les mêmes conditions initiales peuvent aboutir à des résultats différents. En mécanique quantique, un corps peut violer les lois classiques de conservation de l’énergie pendant un très court instant. C’est ce que les physiciens appellent l’effet tunnel. Certes, cette explication est intéressante, mais pourquoi le rien engendre-t-il le tout ? Serait-ce le hasard seul qui l’aurait décidé. En fait cette théorie résout le problème par un jeu de dé sans capacité d’expliquer pourquoi l’on joue. La théorie des cordes ou cosmologie branaire envisage un super-univers doté de dimensions supplémentaires. Notre univers est enfermé dans une structure appelé brane (minuscules brins d’énergie), né de la rencontre de deux branes d’une autre dimension. Là aussi cette théorie ne se contente-t-elle pas de reporter toujours plus en arrière dans le temps et l’espace le problème de la naissance d’un univers, le nôtre ou un univers plus large dans lequel le nôtre baignerait ?

Alors ce bouillonnement de l’univers quantique dans lequel il n’y a ni avant ni après, où l’on peut être en plusieurs lieux à la fois, est-il une réponse satisfaisante à la question de l’origine de l’univers ? Restons sur notre quant-à-soi. Il y aura d’autres réponses dans les années à venir.

Mais qui nous fera faire le saut de la rencontre entre la théologie et la science ?