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31/10/2015

La FIAC 2015 dans les murs

La FIAC, un des plus grands marchés de l’art. Mais de quel art parlons-nous ? Je me contenterai de vous montrer quelques belles pièces conçues par de véritables artistes qui ne représentent que moins de quinze pour cent de l’ensemble des « œuvres » représentées. En fait, la plupart de ces œuvres ont été conçues dans les années 70 et sont donc en fait des œuvres d’art moderne et non contemporain.

Tout d’abord comme à son habitude, Aplicat-Prazan expose un seul peintre. Cette année Maurice Estève, peintre de la lumière qui sort au travers des couleurs. Sur sa façon de travailler, Estève précise : «…Je ne me sers jamais d’esquisse, je peins directement sur la toile, sans dessin préalable. La couleur s’organise en même temps que les formes. Tout se cherche dans le format en chantier… Chaque œuvre est une suite de métamorphoses… En vérité une toile est pour moi une somme de reprises incessantes qui dure jusqu’à ce que je me trouve devant un organisme que je sens vivant. Seule ma sensibilité peut me dire si j’ai atteint ou non cette reconnaissance… Une des choses qui me caractérise le plus est qu’il n’y a pas chez moi d’image préétablie; pas de forme que je souhaite obtenir à priori sur une toile. Au moment même où je peins, il s’opère un échange, une conversation s’établit entre moi et le tableau au fur et à mesure que celui-ci s’organise… N’ayant plus le spectacle de la nature sous les yeux, ni son souvenir, je me trouve en face de l’art, d’une réalité, d’un objet qui a grandi et qui est plus tyrannique encore qu’un sujet, mais en même temps plus souple, obstiné et ouvert.» (From http://www.applicat-prazan.com/artistes/2011/maurice-este...).

Esteve-2-239x330.jpg

(Voir le 16 avril 2013 l’exposition Estève toujours d’applicat-Prazan).

Voici ensuite deux petites encres de Chine magnifiques datant de 1960. J’ignore le nom de l’artiste, ayant omis de le noter :

15-10-23 Dessin encrre de chine 1.JPG

15-10-23 Dessin encre de Chine 2.JPG

Une peinture de Latifa Echakhch, spécialiste des installations (regardez sur Internet) :

echakhch_55_low.jpg

Plus récente, une sculpture sphérique :

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Et un ensemble de miroirs et autres plans disposés de façon étincelante. Ne vous rappelle-t-il pas "Recomposition" du 18 août 2015 :

IMG_2375.JPG

Certes ce ne sont pas les seules qui méritent d’être vus. Il y en a d’autres.

Alors, malgré l’insipide de nombreuses galeries et même parfois la rage de présenter des « performances ou installations » pitoyables, cela vaut le coup d’aller y faire un tour.

27/10/2015

FIAC 2015 : performance

Performance : le mot est lâché. Quelle vaillance ! On ne peint plus, ne dessine plus, ne sculpte plus. On performe. Mais qu’est-ce que la performance ?

Étymologiquement, le terme vient de l'anglais performance, spectacle, représentation, accomplissement, réalisation, résultats réels, terme issu en  fait de l'ancien français parformance, achèvement. D’après la tentative de définition du centre Pompidou, la performance serait « une démarche de remise en cause radicale des codes établis de la représentation. (…) Étant une pratique, attestant d’une manière de se concevoir en artiste agissant dans le monde, la performance transgresse les catégorisations par disciplines artistiques. Elle se manifeste volontiers de manière fulgurante. Elle ne cherche surtout pas à constituer une œuvre, ni même parfois à laisser la moindre trace. L’insaisissable participerait de sa définition même ». Mode d'expression artistique contemporain, l'art performance est « un ensemble de gestes, d'actes, d'attitudes, d'événements, comportant une part d'improvisation. L’œuvre est le déroulement temporel d'une mise en scène, elle s'inscrit dans le temps et non dans la matière » (http://www.toupie.org/Dictionnaire/Performance.htm). Bref, nous voilà bien avancé.

Les œuvres n’existent pas, elles n’ont pas de durée, mais, nous dit-on en parallèle, elles s’inscrivent dans le temps. Il est vrai que le temps c’est aussi l’instant et non seulement la durée. Allez comprendre !

Les œuvres remettent en cause les codes de la représentation. Oui, mais quels sont les nouveaux codes ? Chacun fait ce qu’il veut, sans aucune cohérence d’ensemble. Mais c’est cependant un mouvement avec ses règles. Allez savoir lesquelles ?

L’artiste agit dans le monde. Il ne se contente plus de le décrire, il agit. Oui, c’est vrai, il fait parler de lui médiatiquement et puis cela lui fait gagner beaucoup d’argent. Mais cette action dont il est si fier change-t-elle le monde ? C'est probablement plus le cas pour ceux qui construisent une œuvre durable, élaborée et visionnaire. Agir importe peu. Ce qui compte c’est pourquoi agir, quel est le sens que je veux donner à mon action, d’un point de vue personnel ou même sociétal, et ce sens peut-il changer la vision du monde de tout un chacun.

Enfin, n’oublions pas que, dans le monde réel, la performance se définit comme étant la mesure des résultats obtenus par un groupe ou un individu. Il est donc important pour une organisation de pouvoir établir une règle de mesures. Or ici, quelle est la mesure ? On peut s’interroger sur sa qualité. Le problème est que les avis sont très partagés. On peut aussi mesurer le nombre de visiteurs qui viennent la voir. Mais dans un lieu public les gens passent sans pour autant venir intentionnellement et la publicité joue un tel rôle que ce critère n’est pas significatif. Finalement on ne voit qu’une mesure : le prix de vente de la performance. La qualité importe peu, ce qui compte, c’est finalement combien ça se vend. On comprend alors l’importance du chemin médiatique. Plus l’on fait parler de soi, même pour ne rien dire, plus se vendra la performance. Alors on performe encore plus pour faire connaitre la performance. Quelle surenchère !

31/10/2013

FIAC 2013 - 3

Commençons par une très belle sérigraphie abstraite de Julio Le Parc, intitulée "A partir d’un ciel de van Gogh".

Julio Le Parc 1.jpg

Quelle élégance ! Faite de vides et de pleins symbolisés par le cercle noir en haut et le demi-cercle blanc en bas, elle se conjugue, dans la deuxième moitié supérieure, avec la délicatesse des cercles qui s’enchevêtrent, en noir ou en blanc, en lunes, demi-lunes, quart de lunes, sous forme de dentelles précises qui arrêtent le regard sans qu’il y trouve quelque chose de précis.

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Une huile sur toile de Jakob Bill, de 2005, à la galerie Denise René, très simple, harmonieuse comme un château à la Française, si l’on songe à lui faire faire un quart de tour à droite. Deux couleurs, deux types de traits horizontaux et verticaux, avec au centre une symétrie retournée. On peut penser qu’il manque en bas un trait horizontal à partir duquel partiraient les deux traits verticaux. Eh bien non ! Et c’est sans doute ce qui en fait le charme.

Toujours à la galerie Denise René, cette œuvre qui n’est ni une toile, ni une sculpture, un tableau sur lequel sont collées ces formes, blanches d’un côté et noires de l’autre. C’est l’œuvre d’un groupe d’artistes bruxellois qui explorent de vastes champs (architecture, urbanisme, art, design, musique, danse contemporaine). « Le nom du groupe abrite une signification phonétique et une signification écrite : celle de la prononciation «labo» pour leur approche expérimentale et celle, écrite, de «bau», le mot allemand pour «construction». Ce double sens à la croisée du médium oral et écrit, représente le cadre d'un travail conceptuel, théorique et artistique étudiant l'influence des technologies de pointe sur l'art ; c'est une conception de l'art comme média. Dans cette perspective, leur nom est aussi une référence au Bauhaus qui poursuivit les mêmes objectifs puisque le design industriel peut être vu comme le résultat d'une méthodologie, d'une réflexion interdisciplinaire et expérimentale sur l'influence de l'industrialisation en cours sur le langage de l'art. » (From : http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=1829)

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Admirons cette sculpture discrète et équilibrée, pleine de majesté, faite de rayons de vélo, de fils entremêlés et de morceaux de toile. Elle a de la classe, mais j’ai mal photographié le nom de l’auteur et ne peux vous le donner.

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Pour vous laisser sourire, cette œuvre qui n’a que la beauté de l’insolite. Elle est signée Marcus Oehlen et se dénomme Freefidelity-camp (2001).

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Enfin cette sculpture curieuse de deux personnages conversant dans leurs fauteuils, riant furieusement d’être ainsi suspendus sur un mur, comme si le mouvement de leur balançoire avait stoppé sa course contre le panneau. Ils sont gris, pourquoi, je ne sais, et je sais encore moins pourquoi l’un d’eux à deux pantoufles de cuir jaune. L’auteur est Juan Munoz qui a intitulé son œuvre « 2 seated on the wall with big chairs (2000).

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