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09/01/2022

La trilogie

Hors de moi, je suis
Mieux même,
En moi, 
Je découvre le Soi
Il se perd dans l’éternité
Dans l’infini, dans le vide
Serait-ce ce vide 
Qui me donne vie ?
Le vide est-il l’essence de l’âme ?
Mais pour qu’il y ait une âme
Encore faut-il un corps !
Les mondes se tiennent entre eux
Derrière le corps et l’âme
Se cache le monde spirituel
Ciment de la compréhension

09/01/2021

Jeu de miroirs

 

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Mystère et rêve

La nature se regarde

Et toi, où es-tu ?

 

13/05/2020

nudité de l'âme

Soupir silencieux de l’être :
Craquelure de l’apparence
Chute du personnage
Derrière : l’apesanteur
L’aspiration, la dissolution

Tu es l’alpha de l’être
L’appel du bonheur
L’oubli des pauvretés
J’aspire à m’éveiller
Et m’endors, lové
Au creux de mes insuffisances

Tu es l’oméga du désir
Lieu de nos éternités rêvées
Quand, épuisés par nous-mêmes
Nous recueillons le vide
Au fond de nos mains ouvertes

J’aspire à la nudité de l’âme

©  Loup Francart

09/05/2018

Mélodie hongroise en si mineur, de Franz Schubert, interprétée par David Fray

https://www.youtube.com/watch?v=SVHNKv6KQlI


Lu dans De l’âme de François Cheng (Albin Michel 2016, p.113) :

Coïncidence, je lis un beau livre de Christiane Rancé qui vient juste de paraître, En pleine lumière, et je tombe sur ce passage : "Comment mon âme quittera-t-elle mon corps, et ce qui pourrait faire qu’elle y consente sans trop regimber ?" La question m’a préoccupée longtemps, jusqu’au jour où j’ai écouté la Mélodie hongroise en si mineur de Franz Schubert, mon compositeur préféré avec tous les autres, interprétée par David Fray.

J’avais enfin trouvé mon viatique, le rythme du décollement de l’âme et du corps. Quelques trois minutes de piano qui gonflent l’âme comme un aérostat, sans pathos, ni grandes eaux, ni grande pompe… C’est bien cette mélodie que je demande que les anges musiciens jouent pour m’accompagner dans mon ultime silence.

06/03/2018

Pourquoi ne nous parle-t-on plus de l'âme ?

L’âme n’est plus un mystère. Elle n’existe plus. En avez-vous entendu parler ? Même au catéchisme, elle est ignorée le plus souvent. C’est vrai qu’il est difficile de parler de ce qui vous est le plus intime et dont on ignore tout au départ de la vie.

Mais, est-ce d’abord si sûr ? En réfléchissant les premières années de la vie sont un réservoir de l’approche de l’âme par les sensations et les quelques images qui nous restent de certains moments dont on se souvient encore, souvenirs qui viennent dont ne sait où, mais qui vous marquent au fer rouge. Puis en vieillissant, on ne perçoit plus cette aide. On se fait confiance à soi-même, c’est-à-dire à tout ce qui nous sollicite, attire nos sens et notre intelligence si peu que nous en ayons un peu (et tous nous en avons, Dieu soit loué). Il y a cependant des sursauts épisodiques qui nous ramènent à une réflexion irraisonnée. Souvenir d’adolescent : j’emmène une cousine une journée. Elle est jeune, belle, douce, amusante parfois. Nous avions déjà tenté de nous rapprocher par des contacts de mains, par des regards sensibles, par mille détails qui nous font dire qu’il faut aller plus loin dans l’aventure. J’étais heureux, comme elle je pense, de pouvoir le faire au cours de cette journée. Nous partons en voiture, parlons de choses et d’autres, chacun pensant à ce rapprochement des aimants qui s’attirent à une certaine distance. Nous étions proches de cette zone d’influence qui obligatoirement nous projette l’un vers l’autre. Après avoir laissé nos mains errer autour du changement de vitesse, elles finirent par se toucher, d’abord de manière occasionnelle, puis volontairement, jusqu’à se caresser, puis se serrer avec bonheur. Nos regards se croisent, nos yeux se disent des paroles qu’on ne peut proclamer, nous nous enflammons et nous rapprochons. Tout à coup, du fond de moi-même, au plus intime, monte cet interdit : « Non, tu ne peux trahir la confiance que t’a faite ton oncle en l’autorisant à venir avec toi. » Je doute de cette contre-pensée qui m’enlève une occasion d’expérience de la vie. Je poursuis nos serrements de mains, mais peu à peu le doute s’installe. « Tu ne peux trahir. On te regarde d’en haut et on sait ce que tu fais. » Idiot, me direz-vous ! Peut-être, mais efficace. Nous ne sommes jamais allés plus loin, un interdit était tombé venant du plus profond de moi et je n’ai pu que le suivre, finalement pour mon plus grand bien.

Mais l’âme est bien autre chose. Dans l’adolescence, elle se manifeste d’autres manières, dans ces bouffées de chaleur dont parlent les femmes et qui sont des trous d’air devant la beauté du monde et de la vie. Un souvenir : premier séjour en montagne, j’avais vingt ans. On montait en voiture sur des routes enneigées et la nuit tombait. Peu à peu, les lumières de chaque maison se sont allumées. Comme nous n’étions plus en plaine, elles s’accrochaient en hauteur, de manière féérique, comme des âmes dans le noir luisantes d’espoir. J’en ai conservé un souvenir merveilleux, comme une sortie de l’être ordinaire pour s’emplir d’évanescence. Sans doute d’ailleurs est-ce la présence des femmes qui me fit le plus prendre conscience de cette présence intime en nous qui nous dépasse et nous guide. Les femmes sont la mémoire de l’humanité pour ce qui concerne l’expérience de l’intimité personnelle. Elles ne disent rien, mais étendent leur filet de grâce sur vous et vous transforment en profondeur sans qu’on s’en rende compte, jusqu’au jour où l’on rencontre la femme. Elle devient votre modèle, vous modèle, vous projette hors de vous-même et vous fait entrer dans ce monde de l’âme où rien n’est écrit, mais où tout est légèreté palpitante qui ouvre au monde. Vous savez alors que vous avez une âme, qu’elle est plus qu’un guide ou qu’une morale. Elle est la vie même, au plus intime, plus vous-même que vous-même. Vous découvrez votre âme et vous la sentez. Elle est là, elle vous appartient et vous êtes heureux d’en posséder une.

François Cheng a écrit un livre merveilleux qui s’intitule De l’âme (Albin Michel, 2016). C’est une suite de sept lettres en réponse aux lettres d’une femme qu’il a connue autrefois quand elle était jeune et qu’elle osa, un jour dans le métro, alors qu’elle était assise en face de lui, s’assoir à son côté et lui parler de ses livres. Il lui dit : « Comment faites-vous pour assumer votre beauté ? » Et il s’interroge : « D’où vient que cette beauté soit ? » Sa réponse : « Il y a l’âme du monde qui aspire à la beauté, et il y a l’âme humaine qui y répond, par la création artistique, par la beauté intérieure propre à une âme aimante et aimantante – beauté du regard, du geste, de la donation, qui porte le beau nom de sainteté ». Vingt ans plus tard, elle lui écrit : « Je me découvre une âme. Non que j’ignorais son existence, mais je ne sentais pas sa réalité. Acceptez-vous de me parler de l’âme ? »

Lire et relire ce livre poétique et formateur à un mysticisme quotidien et naturel : la merveilleuse sensation d’avoir une âme et d’en vivre au plus intime de soi-même.

Nos contemporains balancent sans cesse entre le corps et l’esprit (ou l’intelligence ou la conscience ou le système nerveux ou… bien d’autres choses encore). C’est un équilibre instable qu’ils forment entre eux et ils sont tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. François Cheng nous dit, comme Pascal, que l’homme est constitué de trois parties : le corps, l’esprit et l’âme. Alors vient l’équilibre et l’homme devient adulte. Il sait où il va, ce qu’il fait, même si ce qu’il fait ou ce qu’il pense va à l’encontre des pensées du moment.

Dorénavant, non seulement cultivons notre âme, mais parlons-en. Elle nous enchantera et enchantera les autres.

24/02/2018

L'acquisition de la transparence

Lettre d’un maîre soufi, le sheikh Al-‘Arabï Ad-darqäwï, traduites de l’arabe par Titus Burckhardt, Archè Milano, 1978 :

« Ne se souvient pas Dieu qui ne s’oublie pas lui-même. Vous ne pouvez donc pas concevoir que c’est l’existence du monde qui nous fait oublier notre Seigneur ; ce qui nous le fait oublier, c’est l’existence de nous-mêmes, de notre égo. »

 

L’acquisition de la transparence suppose l’effacement de l’égo (du moi) qui n’est possible que par le contrôle des actes, puis de la pensée. Mais encore faut-il pouvoir distinguer le soi du moi. Le moi ne peut se contrôler lui-même. Seul la découverte du soi et l’attrait qu’il exerce sur le moi peut y arriver.

 

26/12/2017

Le mur quantique de la noosphère (2)

Ce monde invisible ou plutôt ces mondes invisibles s’abritent derrière une frontière perceptible  que certains appellent le numineux. Le numineux est, selon Rudolf Otto et Carl Gustav Jung, ce qui saisit l'individu, ce qui venant « d'ailleurs », lui donne le sentiment d'être dépendant à l'égard d'un « tout Autre ». Là la compréhension du monde est en effet toute autre. Le mystère divin se laisse entrevoir, mais sans jamais se dévoiler réellement. Le réel et l’imaginaire peuvent se confondre. L’intérieur et l’extérieur de l’être se côtoient. Mieux même, ils s’appuient l’un sur l’autre. Le numineux procure un état de fascination et d’effroi conjugués. C’est une frontière marquant le passage d’un état à un autre, entre le monde matériel et le monde immatériel, mais bien réel de l’esprit. Le numineux est la frontière perceptible du passage du Moi vers le Soi.

Ce monde invisible peut commencer par le monde astral, c’est-à-dire le monde des expériences et des rencontres ésotériques. Il se caractérise par des expériences hors du corps (transes, bilocation, translation, dédoublement, décorporation, lévitation) ou par la présence d’entités de nature très diverses qui peuvent être maléfiques ou bénéfiques ou encore par des sensations (bourdonnement, voix, rires, légèreté, sensation d’énergie, de légèreté, de chute dans un trou, etc.). C’est un monde dans lequel les sensations peuvent être vraies ou imaginaires, comme le monde quantique dans l’univers physique. Ainsi l’ésotérisme pourrait disposer de ses propres lois, inintelligibles pour un esprit rationnel.

Mais plus profondément et sans passer par l'ésotérisme, le monde invisible ne se dévoile que dans la perte de sentiment du Moi. Il ne s’agit pas réellement de la notion de Moi telle qu’elle est développée en psychologie et en psychanalyse, comme, par exemple,  le soi primaire des nouveau-nés de Michael Fordham ou le soi de la pyramide des besoins d’Abraham Maslow (notion d’accomplissement de soi), ou encore la notion de concept de soi et d’estime de soi en psychologie sociale. Tournons-nous plutôt vers la notion d’un Soi au-delà du moi, qui ne se dévoile que lorsque l’être a pu se débarrasser de ce moi encombrant qui l’empêche d’accéder à une autre vision et à un autre monde, qui est tout autre que ce que le moi permet de percevoir du monde qui l’environne. C’est le Soi dont parlent les sages hindous, les maîtres du zen ou les mystiques des religions, même si ceux-ci emploient d’autres mots pour qualifier cet état d’être.

Pour faire une comparaison hasardeuse, on pourrait dire que l’idée de numineux s’apparente à l’existence, concept maintenant démontré, de trou noir en cosmologie. Le trou noir possède un champ gravitationnel tellement intense, qu’il empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. Il est défini comme une singularité gravitationnelle occultée par un horizon absolu appelé horizon des évènements.

On pourrait également qualifier ce monde invisible de lieu de réunion des contraires, mais il est plus probable que ce lieu de réunion des contraires soit le véritable monde spirituel, rassemblant les contraires, c’est-à-dire le matériel et le spirituel, le réel et l’imaginaire, l’être le non-être.

Ce n’est pas encore le monde spirituel, car le monde spirituel est un monde sans temps ni espace, donc ni mouvement puisque le mouvement exige de l’espace pour se déplacer et du temps pour accomplir ce déplacement. Il est très vraisemblablement sans corporalité physique, mais peut-être pourvu d’une autre corporalité de nature différente telle que l’âme.

18/12/2017

Le mur quantique de la noosphère (1)

La poésie et l’imagination peuvent amener à des découvertes surprenantes. Cette nuit, devisant avec moi-même dans la cuisine devant un bol de café, s’assimilèrent en un éclair le monde physique et le monde des idées, c’est-à-dire la noosphère. Dans ce dernier monde, on navigue entre des idées, des impressions, des sentiments, des réactions, bref, en un univers ordonné et cohérent dès l’instant où l’on a su le découvrir avec rationalité et en tirer quelques règles relativement simples. Cette cohérence est donnée par la parole qui lie entre elles les représentations visuelles, sonores, tactiles, gustatives, odorantes et qui permet de les exprimer et de les partager. On pourrait dire que la parole est comme la gravité, elle maintient en cohérence le monde des idées qui nous entoure et nous permet d’appréhender la vie.

L’homme a toujours senti une attirance pour aller au-delà de notre monde physique. Tous les grands mystiques, chercheurs, artistes ont tenté de faire comprendre à leurs contemporains cette vision d’un monde tout autre qui les a transformés. Ils se sont exprimés selon l’objet de leurs recherches, mais derrière les apparences, c’est bien une même présence qui les attire et à laquelle ils consacrent leur vie. Certes, ce nouveau monde n’est pas perceptible directement et ne se dévoile jamais clairement. Mais des éclairs d’intuitions ont fait franchi le mur à ces élus et pénétrer dans le calme et la tempête, là où le temps et l’espace n’existe plus. On pourrait comparer cela à un trou noir du monde de la matière, mais c’est ici un trou blanc qui éclaire et guide la vision. Quelle exaltation les saisit ! Ces éclairs les transforment, les allègent, les enchantent. Revenu dans le monde habituel, ils ont contemplé leur vie et décidé d’approfondir cette surprise stupéfiante : il y a un monde invisible derrière le monde visible.

De même qu’il y a une frontière conceptuelle entre le monde de la physique gravitationnelle et le monde de la physique quantique, l’un et l’autre se comportant avec des lois différentes, on constate, par expérience personnelle, l’existence d’une frontière entre le moi bien ancré dans notre monde physique habituel et le soi appartenant au monde du sacré ou monde des symboles dont parle Jung. Peut-être même peut-on dire que ce monde qui se dévoile à nous est en lui-même une frontière qui mène au monde spirituel, frontière entre le moi et l’âme. Disons frontière parce que cet état est trouble et fait vivre dans les deux mondes sans que le choix soit fait définitivement par celui qui l’expérimente. Numineux, tel est le terme que certains emploient. Et ce terme est volontairement à double sens : d’une part, fascination à l’égard de la perception du divin et séduction  par cette présence immatérielle, d’autre part effroi et terreur  face à l’incompréhensible et au mystère. L’expérience de ce numineux est donc trouble et difficilement définissable, de même que l’expérience entre le monde physique géré par la gravitation et le monde quantique dont les lois sont fondamentalement différentes. Ainsi, dans le monde quantique, on peut être et ne pas être en même temps, comme l’a mis en évidence l’expérience du chat de Schrödinger à laquelle le physicien Everett a donné une étrange explication. L’univers serait une immense onde quantique, somme des possibilités et impossibilités de tout ce qu’il contient, imaginables ou non, toutes ces possibilités existant simultanément, comme autant de chats à la fois morts ou vivants. Toutes les possibilités existent à chaque instant, mais elles ne sont pas visibles. Il existerait donc une inconcevable multitude d’univers parallèles où toutes les possibilités sont réalité.

Pour ce qui est du monde de la pensée que l’on pourrait également appelé monde de l’information, on constate la même frontière entre le monde du rationnel (celui de la noosphère, somme des pensées sur le monde physique) et le monde spirituel ou monde du sacré, seul accessible par le numineux, état trouble et indéfinissable qui contraint l’être à revoir sa vision de l’univers et de la vie. Mais ce n’est que l’ouverture sur plusieurs mondes : le soi permet d’accéder à la connaissance de l’âme, entité du monde spirituel, puis, au-delà, au monde du Tout divin que certains appellent le Tout autre pour ne pas employer un terme rappelant celui de "Dieu", trop empli d'appropriations exclusives.

27/05/2017

Musiciens

Bach, le musicien de l’esprit atteignant par un maximum d’intelligibilité les frontières du monde divin.

Mozart, musicien de la joie de l’âme ayant découvert Dieu à travers la beauté du monde.

Monteverdi, musicien de l’âme humaine déchirée entre la faiblesse de sa nature humaine et sa force en tant que parcelle du divin.

Beethoven, musicien du sentiment humain qui erre entre l’amour humain et le sentiment ambigu de la présence divine.

Bartok, musicien de la solitude de l’homme dans le monde étrange de l’univers matériel.

 

16/12/2016

Ce que nous sommes

 

Même dans l'amour le plus authentique, on ne peut se confondre avec l'autre. Chacun reste ce qu'il est.

Il y a toujours en soi-même une partie de l'âme qu'on ne peut communiquer.

 

21/09/2016

Maxime

 

Ton œil est l’accès à l’âme.

Soigne sa brillance

En te vidant de ton moi.

 

Éclairci, il reflète le soi

Et chacun y voit son âme

Telle qu’elle est, belle ou insignifiante.

 

 ©  Loup Francart

11/09/2016

Accomplissement

Lu dans Etre ici est une splendeur, un livre de Marie Darrieussecq racontant la vie de Paula Becker : « Je deviens quelqu’un ». Un livre qui livre l’âme de Paula, une femme irascible, qui finalement ne vit que pour sa peinture.

M’apparut alors que tous, femme ou homme, nous vivons pour devenir quelqu’un, poussé par une voix intérieure, silencieuse, mais présente au fond de nous, en permanence, comme un aimant qui attire les mille parties de notre être vers son accomplissement. Et cet accomplissement est différent pour chacun, c’est bien pour cela qu’on ne voit pas cette électricité qui nous tient en vie et nous conduit vers son achèvement. Certains abandonnent en cours de route. Ils deviennent sans vie, plats, morts à eux-mêmes. Ils trainent leur existence et ne luttent plus. La mort est déjà là, inexorablement. D’autres se noient dans l’action, croyant trouver un dérivatif à ce personnage en lui ou en elle qui se presse sans dire qui il est et l’encombre trop souvent. Ils ne savent pas qu’ils courent après eux-mêmes, et, bien sûr, ils ne trouvent rien.

Le poids de l’apprentissage, le poids des convenances, le poids du passé sont des empêchements de se découvrir soi-même, de laisser vivre en soi son être profond. Et celui-ci peut mourir étouffé de tant de précautions pour vivre. Comment ne pas vivre par personne interposée ! Ne pas se laisser entraîner dans le développement d’un personnage qui est autre que soi !

Oui, Je deviens quelqu’un et ce quelqu’un n’est pas mon personnage, mais moi-même. Face à face nous nous regardons. Je suis un autre que celui que j’ai vu, je suis autre que celui que je vais voir. Je deviens… Et ce devenir est l’action la plus importante que j’ai accomplie depuis longtemps. Ne pas se laisser figer ! Laisse aller ton bouillonnement intérieur, qu’il déborde de toi et laisse aux autres le parfum de ton être mystérieux. Cherche sans cesse, toujours plus loin en toi, laisse tomber ce qu’en pensent les autres, ne te laisse pas distraire et recueille ce miel qui s’écoule goutte à goutte de ton être inconnu et qui devient toi, l’unique parmi les uniques, homme parmi les hommes, femmes parmi les femmes, humain parmi les humains. Peu à peu, je me ressemble dans ce miroir de la vie, je peux suivre du doigt cette marche progressive vers ma réalisation que personne n’attend telle qu’elle arrive. Même moi, je ne sais ce que je vais devenir, mais je m’y emploie, de tout mon cœur, de toute mon intelligence, de toute mon âme. Et le regard change, ce n’est plus un regard inquisiteur, plus un regard de crainte, mais un regard plein de vie, de bonheur inexprimable, un regard curieux de tout, qui tente d’apprendre encore et encore, jamais lassé de l’existence.

Alors le ciel entre en nous, nous pénètre de la certitude d’exister, unique, à côté d’autres uniques qu’il faut maintenant découvrir. Quel est l’être qui se cache derrière ce visage ? Commence une nouvelle quête, passionnante, que deviendra celui-ci, celle-là ? S’ouvrira-t-il à cet appel qui se cache au fond de lui ou d’elle ? Comment l’aider à découvrir ce trésor enfoui qui ne demande qu’à se développer ? Vous ne pouvez lui dire ce qu’il peut être, mais simplement lui montrer les signes qui le conduiront à cette découverte.

Ces jours-là, vous flottez sur le monde, vous avez perdu votre pesanteur et vous vous envolez dans un ciel pur, sous le regard de cette enfant qui sait, elle, où se trouve son être.

16-09-11 paula_modersohn-becker.jpg

Tête d’une jeune fille blonde coiffée d’un chapeau de paille -1904

Paula Becker

11/10/2013

Ton âme

Ton âme, un univers en soi…
Tu pars dans l’immensité
Et tu retournes au point de départ…
Tu en fais vite le tour…
Elle est emplie de vide
Et ce vide t’aspire, t’attire
Broie tes doutes et tes vertiges…
Ce globe précieux
Que tu chéris tendrement
Est ton talisman…
Sans lui tu n’es rien
Avec lui tu n’es plus…
Et n’être plus te mènes
Dans l’espace chaleureux
De l’absence du moi…
Garde ton âme
Et perds le reste
C’est ton seul bien
Au-delà de toi…

© Loup Francart