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12/07/2015

Communication (2 et fin)

Mais allons plus loin et cherchons à en connaître plus sur la communication de tout un chacun. On constate que les règles utilisées sont assez différentes ce que l’on a énuméré plus haut.

* Transmettre signifie dire à l’autre qu’on existe. Peu importe qu’on ait quelque chose à dire ou non et peu importe si l’autre existe ou non. Ce qui compte, c’est ma volonté d’exister.

* Comme j’ai besoin d’exister, je transmets ce message plusieurs fois : Je ne sais à quelle heure nous arriverons à la gare, nous avons du retard… J’arrive dans cinq minutes… On entre dans la gare… Je suis sur le quai… Je ne te vois pas… Ah, je te vois… Ils continuent à se téléphoner alors qu’ils sont à deux mètres l’un de l’autre et ils se serrent la main tout en tenant leur téléphone portable contre leur oreille.

* Si les échanges ont lieu en SMS, sigle bien connu dont la traduction est ignorée le plus souvent (Short Message Service), encore appelé texto, il faut un diplôme pour comprendre ce qu’il signifie. L’objectif premier du langage SMS était soit d’en accélérer la saisie, soit d’en réduire la longueur. Bjr sava ?koi 2 9. N’entrons pas plus dans le détail. Je n’ai pas le diplôme.

* Cette communication n’a que peu de nuance. Elle impose sa personne et demande l’acquiescement. RDV à XX. Tu peux ? (je rajoute le point d’interrogation qui n’est jamais écrit ou même rendu par l’intonation).

* Quant aux explications, elles sont définitivement bannies de la communication. La première qualité d'une bonne communication est sa brièveté. Alors expliquer, que nenni !

* Quelques arguments fallacieux peuvent cependant être servis : la majorité des Français pensent que… Cette majorité proclamée ne vient pas d’un sondage, mais cela fait sérieux et renforce le message sans aucune preuve.

Là aussi, cessons d’argumenter.

Il importe cependant de faire une remarque. La communication permettait auparavant de justifier les décisions. Dorénavant, elle est première et les remplace. Celles-ci ne sont plus là pour être effectives. Les décisions sont là pour communiquer, dire que l’on fait quelque chose, et non pour agir dans le concret. On crée ainsi des décisions qui n’en sont pas, uniquement pour avoir quelque chose à dire, pour entretenir la communication, pour la restaurer. Oui, la communication a pris le pas sur la décision. Elle règne en maître sur la politique, sur l’administration, sur chaque ministère, sur chaque grande entreprise, voire même sur chaque association, chaque artiste, auteur, etc. Des communicants se proposent. Ils n’ont rien à dire, mais ils savent comment le dire. Ils ont leur mot à eux, leur savoir-faire tel que Like. Ils vous contraignent à cliquer et si vous refusez, vous êtes bannis du message. Avant même de vous dire quelque chose, il vous demande de vous inscrire, de donner votre mail, d’enrichir leur base de données qu’ils revendront au plus offrant. La communication crée de la richesse. Mais sur quoi ?

Certainement pas sur le message. Il n’y a plus de message. Rien de construit, d’intéressant (il faut se mettre à la portée de tous). Rien qui vous permette de vous enrichir l’âme. Celle-ci n’existe pas.

Seul existe le réel, c’est-à-dire la communication. Elle fait tourner le monde et tous ont le tournis. Ceux qui ne l’ont pas sont éjectés par la force centrifuge de la majorité démocratique et républicaine (deux arguments d’autorité incontestables et incontestés bien évidemment).

11/07/2015

Communication (1)

Si l’on s’en tient au dictionnaire, la communication est synonyme de transmission. Elle est message transmis à quelqu’un d’autre pour qu’il en prenne connaissance.

Cette définition incite à quelques déductions :

* Transmettre signifie échanger un message avec quelqu’un. Il semble donc que le message est bien le plus important. Si l’on n’a rien à dire, à quoi sert de communiquer.

* Ce message doit forcément apporter quelque chose de nouveau. La communi-cation ne devrait donc pas consister à transmettre sans cesse le même message ou à le redire d’une autre manière sans apporter quelque chose de nouveau.

* Ce message doit être intelligible, facilement compris par tous et exempt de fautes ou d’expressions incompréhensibles. Pourtant combien de nouvelles formules sont inventées chaque jour pour tromper ou dérouter le commun des mortels. Est-il par exemple plus communicateur de parler de Grexit que de sortie de la Grèce de la zone Euro ?

* Communiquer ne signifie pas imposer quelque chose à quelqu’un et encore moins le tromper. La vraie communication doit laisser libre l’interlocuteur et ne peut imposer une pensée unique et contester tout droit à ne pas adhérer. Elle s’accompagne donc d’un principe de liberté de pensée et d’expression. L’auditoire doit rester libre d’adhérer ou non à l’opinion qu’on lui propose.

* Il est donc important d’expliquer. On ne peut se contenter de dire ce que l’on prétend sans en donner de bonnes raisons de croire ce que l’on dit. Le message doit donc être argumenté.

* Argumenter, c’est chercher à faire adhérer par la raison sans contrainte. Ces explications ne peuvent être des arguments conservateurs qui s’appuient sur l’acquis, l’admis, le préalable et la tradition ou des arguments novateurs qui visent à reconstruire un cadre de référence, une nouvelle représentation.

* Les arguments fallacieux tels que l’étiquetage (racisme, homophobie, etc.), la généralisation séduisante (la vitesse tue, les riches doivent payer, etc.), l’argumentation sélective et bien d’autres types d’argumentations fallacieuses, ne permettent pas de communiquer. Elles brouillent la communication et la rendent inefficace.

Maintenant, abandonnons cette série de déductions. Trop expliquer peut également tuer la démonstration. Demandons-nous s’il s’agit réellement de cela aujourd’hui lorsqu’on nous parle de communication.

Prenons quelques exemples de la vie quotidienne.

Hier, comme à l’accoutumée, je me déplaçais en vélo dans Paris sur une piste cyclable clairement identifiée. Trois fois je dus m’arrêter parce qu’une personne, homme ou femme, était le nez dans son Smartphone, coupé totalement du monde réel, à mille lieux d’un carrefour où se croisent des véhicules divers dans tous les sens. La dernière personne, à qui je fis remarquer qu’elle avait un comportement irréfléchi, me fit signe qu’elle communiquait et que cette communication était bien plus importante que le reste. Le geste d’accompagnement de l’explication (une gestuelle de mains et bras mouvants au-dessus de la tête qui se finit par les deux mains tremblantes face à face avec sa tête au milieu tremblant également) suggérait la formation de nuages invisibles au-dessus de sa tête qui la pénétraient totalement.

Lorsqu’il vous arrive de prendre le métro, vous constatez qu’au moins 80 % des gens ne cessent de communiquer. Ils sont le nez (ou l’oreille) dans leur appareil, appuyant avec force doigts sur l’écran qui s’illumine en éclairs insolites et terrifiants pour ceux qui se contentent de regarder. Rien ne peut en distraire l’utilisateur. Vous pouvez essayer de lui poser une question. La première fois, vous n’êtes pas vu, donc pas entendu. La seconde fois, vous êtes vu, mais pas entendu. La troisième, après que votre interlocuteur ait sorti ses oreillettes de ses conduits auditifs, vous êtes vu, entendu, mais pas compris. Votre interlocuteur est dans son monde, si différent de ce que son corps vit au même moment. Alors il ne comprend pas ce qu’on lui veut. Enfin, la quatrième fois, après des instants d’hésitation lisibles dans ses yeux, il répond comme s’il avait entendu dès la première fois votre question. Pardonnez-lui… Il communiquait…

(suite demain)

14/03/2014

Réunion

Vous entrez dans la salle. Une salle polyvalente, tellement polyvalente que vous la connaissez par cœur sans y être une seule fois entré. Elle tient de la salle de volley-handball-tennis, voire football et de la salle des fêtes, cinéma, voire théâtre amateur. Nous sommes peu nombreux. Mais peu à peu les participants à la réunion arrivent. On ne les entend pas. Sons étouffés et inaudibles, brouhahas dispendieux. Le président s’essaie à faire le calme et prend la parole. Tour de table habituel : XX, secrétaire de l’Association YY ; BB, « professeure » de l’école Machin ; PP, policier municipal, etc. Hétéroclite me direz-vous. Oui, ce sont les réunions fraiches de la campagne où chacun apporte l’odeur de son village et de sa spécialité. Après quelques mots de remerciement pour les présents et de regret pour les absents excusés, le président passe la parole à l’intervenant. La table est en U. Quinze mètres séparent les deux bras levés du U. Il parle. On voit sa bouche remuer. On entend un petit grésillement, comme les pas d’une souris dans le foin du grenier. Tous se regardent. Enfin, quelqu’un ose dire qu’il n’entend rien. L’intervenant reprend de sa voix de ténor exacerbée qui sort de la gorge sans passer par le masque. L’ordinateur est là, le vidéoprojecteur également. Les images apparaissent. Heureusement. Si on ne comprend pas les paroles, on peut lire les images.

Une dame lève la main. Elle parle d’un filet de voix si ténue que cette fois-ci tous réclament de passer d’un dialogue à deux à un échange plus convivial entre tous les participants. Elle fait un effort. Ses paroles sont maigres, mais presqu’audibles. La question est brève, la réponse dure. On revient trois diapos en arrière, on rebascule deux diapos en avant. La démonstration est refaite. La dame est rassérénée. On ne sait si elle a compris ou si elle abandonne par timidité.

Le temps des questions semble une détente, presqu’une récréation. Un peu de bruits : on change le croisement des jambes, on sort son mouchoir, on déplace son stylo sur la table, bref milles petits gestes qui traduisent l’impatience, un ennui dissimulé, un vague à l’âme d’être enfermé dans cette salle malodorante alors qu’il fait si beau dehors. La joute verbale commence. Les questions se font plus précises, les réponses plus embrouillées. Les représentants de l’administration en rajoutent. Pas d’explication, des impératifs sortis tout droit des arrêtés pondus quelques mois auparavant par une administration délirante qui ne songe qu’à réglementer, réglementer encore, réglementer toujours. Protestation de la part de certains. Réponse : « Nous ne faisons qu’appliquer les règles et ne sommes pas responsables de leur contenu ». Dans notre pays de fonctionnaires tranquilles, personne n’est responsable d’une situation complexe, embrouillée parce que les responsabilités sont diluées, noyées entre diverses couches hiérarchiques, techniques, juridiques, organisationnelles, communicationnelles. Qui fait quoi ? Il est difficile de le trouver. Qui est responsable de quoi ? Impossible d’approcher la vérité.

Vingt minutes plus tard, le président redonne la parole à l’intervenant qui reprend son discours toujours aussi persuasif et inaudible. Nouvelle récréation, nouveaux débats. Intervention du président. Celui-ci cette fois-ci, prend un ton raide et comminatoire. Il se tient sur sa chaise très droit, tendu vers la salle, un doigt sur la joue pour donner du poids à ses remarques : elles sont réfléchies et doivent faire preuve d’autorité. Quelqu’un ouvre la bouche. Rien n’y fait. Le président a parlé. Plus personne ne parle, même pour dire quelque chose d’intéressant. C’est la démocratie participative dans laquelle la seule participation est la présence à la réunion.

Trois heures plus tard, épuisés de devoir tendre l’oreille, les participants se lèvent après la conclusion du président. On se dérouille les jambes, on se permet de parler d’une voix forte, on échange sur quelques points, on parle de la pluie et du beau temps, des champs gorgés d’eau, des routes encombrées de boue et de mille autres potins qui façonnent bien sûr une conversation entre gens d’un même lieu, mais qui se connaissent peu.

Vous montez dans votre voiture. Quelques gouttes de pluie s’écrasent sur le parebrise. Vous vous demandez ce que vous êtes venu faire à cette réunion. Dire que vous auriez pu courir la campagne et cueillir ce qui vous tombe sous la main, en toute simplicité.

14/02/2014

L’influence ou la liberté

M.Oppenheimer et son équipe ont donnés des textes à lire à des étudiants en variant la taille et le style de la police de caractère "12-point Comic Sans MS 75% gris" et "12-point Bodoni MT 75% gris" pour les uns, "16-point Arial Black" pour les autres. C’est-à-dire :

  • 12-point Comic Sans MS 75% gris : Est-ce lisible et pratique pour apprendre la physique?
  • 16-point Arial Black : Est-ce lisible et pratique pour apprendre la physique ?

Puis, ils ont questionné les lecteurs sur le contenu des textes. 86,5% de ceux qui avaient la version point Comic Sans MS 75% gris répondent correctement, c’est-à-dire se rappellent des détails, contre 72,8% pour ceux qui avaient la version la plus lisible. Presque 15% de différence. Pourquoi ?

Eh oui, à vouloir trop mâcher, on désintéresse ceux qui ont l’esprit éveillé et qui sont prêts à chercher des heures plutôt que d’être enseignés pas à pas et cajolés benoîtement. C’est dans la difficulté que l’homme se découvre homme et non dans l’apathie. Inversement, l’enseignant ne souhaite souvent qu’une chose, la soumission à ce qu’il enseigne, sans dérogation. Car derrière tout cela, il y a la sacrosainte idéologie de l’influence. Vladimir Volkoff, le spécialiste de la désinformation, un jour où nous allions en train à Lille pour une conférence sur le renseignement, me dit : « Il n’y a pas de dialogue sans recherche d’influence. Tout homme cherche à influencer l’autre, quel qu’il soit. Ce peut être en forçant la main, ce peut être en douceur. Mais dans tous les cas, ce que j’expose à l’autre, dès l’instant où la conversation est sérieuse, cherche à le convaincre ».

En ces jours où la communication prime sur l’information, c’est d’autant plus manifeste. Et si l’on vous demande de dire si vous aimez ou non (like), c’est bien pour mesurer le degré d’influence qu’a pu avoir votre message, même s’il est pauvret par nature.

Mais dans la réalité profonde de l’homme se cache un désir de connaître qui n’a rien à voir avec l’influence. La liberté est le moteur de la discipline des grands hommes, qu’ils soient artistes, explorateurs, inventeurs ou tout autre métier dans lesquels la décision est le fruit d’un long cheminement. Peu importe les difficultés, peu importe les échecs, l’homme sait trouver en lui la volonté de poursuivre envers et contre tous. Cette tension intérieure est sa récompense et même si parfois elle ne mène nulle part elle a contribué à façonner sa personnalité et conduit à la réalisation de soi.

19/12/2013

La profanation de l’information

"La dédivinisation du monde (Entgötterung) est un des phénomènes caractérisant les Temps modernes. La dédivinisation ne signifie pas l’athéisme, elle désigne la situation où l’individu, ego qui pense, remplace Dieu en tant que fondement de tout ; l’homme peut continuer à garder sa foi, à s’agenouiller à l’église, à prier au lit, sa piété n’appartiendra désormais qu’à son univers subjectif. En ayant décrit cette situation Heidegger conclut ; « Et c’est ainsi que les Dieux finirent pas s’en aller. Le vide qui en résulta est comblé par l’exploration historique et psychologique des mythes. » (…) La profanation est donc le déplacement du sacré hors du temple, dans la sphère hors religion."

(Milan Kundera, Les testaments trahis, essai, Gallimard, 1993)

La profanation, c’est l’étude de la religion comme celle d’un moment de l’histoire où l’homme fabrique les textes sacrés. On explique comment ils ont été écrits, dans quelles circonstances, avec quelle psychologie. Et ces textes perdent leur caractère sacré. Ils deviennent profanes. L’approche moderne a tué le respect en devenant humaine. Dédivinisé, le monde tourne sur lui-même, fabriquant sa propre noosphère, amplifiant sa connaissance de sa propre vision.

 Plus la cinformation,communication,like,sens,sociétéommunication enfle, plus l’information diminue. Nos politiques communiquent par tweet. C’est plus simple. Il n’y a plus de justification à donner. On s’affirme par sa communication sans informer. Appuyez sur un like et votre vie sera changée ! On mesure l’impact d’un communiqué non sur son contenu, mais sur le nombre de like. L’information véhiculée n’a plus d’importance. Ce qui compte c’est la popularité obtenue : like, like, like

 On clique et on réfléchira plus tard. On clique pour se dire qu’on n’est pas seul, tel l’adolescent en manque de camaraderie. On clique sans distinction, sans même savoir ce que signifie ce qu’on lit. Cliquer signifie seulement : Ça me plaît ! Pourquoi ? Je ne sais pas. Cela n’a pas d’importance.

 Que fait-on, qui le fait, comme on le fait, voilà ce qui importe. C’est social et convivial. Peu importe pourquoi on le fait. La profanation de l’information, c’est cela ! L’information est devenue subjective. Seule compte comment on l’utilise.

Le journalisme est mort. Nous sommes tous des communicateurs.

23/10/2013

Avant le big bang

Avant le big bang, qu’y avait-il ?
Le néant, le vide, l’inexistant ?
Ou le Tout, la vie pleine, le créateur ?

Qui a mis cette étincelle en route ?
Cela craque une allumette
Et tout commence par une explosion

"Au commencement Dieu créa le ciel et la terre"
Rien et deux mondes, le psychique et le physique
Le ciel ne se mesure pas. Il vous prend
Et son parfum vous le fait désirer

"Que la lumière soit et la lumière fut"
Transpercé par ce coup de lance
Le monde se mit à bouger. Première nuit
Plongée dans la matière. Quel dépaysement…

© Loup Francart 

04/12/2012

La guerre du sens, de Loup Francart

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Préfacé par le professeur Jean-Léon Beauvois, socio-psychologue,  « La guerre du sens » est éditée chez  Economica, dans la collection Stratèges et Stratégie.

Depuis dix ans les nations occidentales sont confrontées à des conflits dans lesquelles le sens de la guerre et la recherche de légitimité par les belligérants entraîne une véritable guerre du sens par médias et opinions interposés. L’art de persuader par le verbe prend le pas sur l’art de l’affrontement physique. La guerre du sens ne peut être évitée. Ne pas vouloir y participer revient à laisser aux autres le soin d’expliquer ce que nous voulons et ce que nous faisons. 

Le général (2S)Loup Francart en décrit les raisons et les modes d’action : communication, persuasion, désinformation, intoxication, propagande. Il en définit les règles pour que la démocratie n’y perde pas son âme. 

 

05/08/2012

Communication

 

Plus on communique,

Moins on en dit

Et moins on a à dire.

 

On ne communique plus pour informer, on communique pour se montrer alors que l’on n’a rien à dire, voire rien à présenter, vendre, proposer. Alors c’est d’une pauvreté déplorable, à l’égal d’un repas d’épluchures de pommes de terre. Et pourtant les marchands de communication ne cessent de vous importuner : « Nous sommes les rois de la communication. Tous sauront tout sur vous ! »

Qu’a-t-on à dire ? Peu importe au communiquant. Il vous fera un plan de communication sur Facebook, Twitter, MySpace, Linkedin et autres réseaux sociaux. « Faites vous des amis », nous disent-ils. Alors les gens sont fiers d’annoncer 60, 600, voire 6000 amis, voire beaucoup plus encore. Ils ne les connaissent pas, cela ne les intéressent même pas. Ce qui compte, c’est le nombre d’amis. Qu’échangent-ils ? Trois mots appauvris du style « J’dis respect » ou « C-t’un truc de ouf ! » ou encore « C’est trop mortel ! » pour les jeunes, pour les plus vieux, c’est « Sur la photo, mon tee-shirt semble bleu, en réalité, il est d'un beau vert bouteille ! » ou « Bin moi j'ai acheté un téléphone pour téléphoner. J'ai pris le modèle "robuste" qui casse pas quand il tombe. » (phrases toutes tirées des échanges sur Internet).

Moins on a à dire, plus on le dit. On solde de navrantes banalités comme si l’on se disait des choses essentielles. Pourquoi ? On peut y voir plusieurs raisons. On est fier d’avoir de nombreux amis avec qui on correspond. On est fier de son outil technologique (téléphone portable, ordinateur portable, iPad, iPhone et autres ustensiles fonctionnant avec Internet) qui sert à communiquer, donc communiquons. On a besoin de correspondre en permanence pour ne pas se sentir seul. Enfin, et surtout, on communique parce que les autres communiquent et vous disent qu’il est important de communiquer. Tous les marchands de communication sont bien sûr les premiers à communiquer sur l’importance de la communication, l’importance des réseaux sociaux, l’importance de la multiplication de ses connaissances. Il s’agit ici d’une véritable compétition, d’une course à la recherche d’amis, à la recherche du paraître. Toute personne qui se veut connu ou qui veut se faire connaître, ne peut qu’avoir un blog, un compte sur Facebook, des abonnés, etc. etc. etc.

Ainsi ce qui compte ce n’est pas le contenu de la personne, son être, mais son avoir, et, avant tout, ses moyens. Le culte de la technologie et de la « (re)connaissance » a dépassé le culte de l’argent : montre-moi quels sont tes réseaux et je te dirai qui tu es !

Quelle belle manipulation de la part des communicants ! Cependant, il arrive que certaines personnes ont des choses à dire, alors allons tout de même voir ce qui se passe sur les réseaux, mais ne nous laissons pas submerger par cet engouement qui vous oblige à donner une petite phrase sans intérêt en échange d’un peu de notoriété. Rappelons-nous ce mot de Lao Tseu : Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas. Ce n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais néanmoins attachons-nous à ce que nous avons à dire avant de communiquer.

 

03/02/2012

La nature profonde de l’information (suite et fin)

 

En élargissant le propos tenu avant-hier, tout élément, venant de l’extérieur d’un système (système vivant, mécanique ou autre) et permettant d’actualiser son état, constitue une information. Une information est constituée de données quantitatives et qualitatives, représentant une valeur en soi et une valeur ajoutée par le système en fonction de sa capacité à l’utiliser pour faire évoluer son état. Des données ne deviennent en effet information que lorsqu’elles permettent l’avènement d’un nouvel état du système, traduisant un savoir supplémentaire ou engendrant une nouvelle action. La valeur globale dépend de l’importance et de la rareté des données apportées pour faire évoluer l’état existant.

Une information qui n’apporte rien n’est qu’une donnée sans valeur ajoutée. L’information implique donc un système receveur qui, en fonction de son état, transforme une ou des données en information. Elle instaure un processus de saisie, d’identification-comparaison à un état et de compréhension de son apport pour modifier cet état. L’information constitue donc une valeur potentielle dont la pleine efficience dépend de la capacité à en faire usage.

Pour être plus explicite, disons qu’une information est une valeur résultant :

.    des données quantitatives et qualitatives disponibles sur la forme (in-forme) de l’objet, du sujet ou du fait observé : quels sont les matériaux observables susceptibles de mettre en action un processus informationnel ?
.    de la capacité du système receveur à recueillir ces données, c’est-à-dire des possibilités de son récepteur (sens et senseurs) : fonction perceptive ;
.    de l’état de savoir du système receveur sur la forme observée : fonction mémorielle ;
.    de sa capacité à donner la même forme aux données reçues et à son savoir (identification des données à une forme connue ou reconnaissance des signes ou symboles utilisés) : fonction symbolique ;
.    de sa capacité à comparer les données et le savoir : fonction logicielle de computation par association et séparation ;
.    de sa capacité à intégrer les nouvelles données disponibles dans le savoir pour l’enrichir : fonction logicielle de cogitation redéfinissant le sens du savoir sur l’objet, le sujet ou l’événement observé.

 

La valeur de l’information est d’autant plus importante que la « forme » observée possède une plus grande réalité et que la « forme mémorisée » s’est enrichie de cette réalité. Ainsi l’information donne forme à l’objet, au sujet ou au phénomène observé, mais transforme également le système receveur (sujet ou objet) par modification du sens. Ces deux opérations sont nécessaires pour qu’il y ait véritablement information et non simple perception de données.

 

 

01/02/2012

L'appréhension de la réalité (suite)

 

Comment appréhende-t-on la réalité ?

Ce sont nos sens ou des senseurs, qui nous permettent d’appréhender la réalité. Ceux-ci captent ce que les scientifiques appellent des « bruits », brouillard de sons, de formes, d’images, de goûts, etc. Parmi ces bruits se trouvent des « données » utilisables pour notre appréhension de la réalité. Ces données peuvent être déjà connues ou bien nouvelles. Les sens et senseurs ne font qu’une sélection approximative entre ces trois éléments.

Il est généralement nécessaire de trier les bruits des données, puis d’opérer une comparaison entre les données connues et celles reçues. Les données connues sont stockées dans un ensemble contenant le savoir et les expériences accumulés. C’est cette comparaison qui permet l’appréhension de la réalité. Toute donnée nouvelle permet d’actualiser notre connaissance de la réalité en suivant un processus d’identification, de triage, de comparaison et d’assimilation. Elle constitue alors ce que l’on appelle une information.

 

12-02-01 Des bruits à l'information.jpg

 

L’information manifeste donc la réalité, c’est-à-dire les êtres, les choses et les événements. Elle met en évidence la réalité en l’actualisant sans cesse. La connaissance (co-naissance : naître avec) représente un savoir (avoir présent à l’esprit) actualisé par l’information. Sans cette connaissance, le monde n’existe pas dans la conscience. Une des caractéristiques de la vie est la capacité d’acquérir de l’information pour la transformer en connaissance.