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27/09/2017

Insolite, même à Paris

Il y a deux jours, après une matinée de travail, je me promenais dans le quartier du Louvre et marchais tranquillement en arrivant sur la place devant la Comédie française baptisée place Colette. L’air était doux, le ciel juste encombré de quelques nuages. Les passants allaient et venaient, affairés naturellement comme tous les Parisiens, regardant au loin vers un but imaginaire, tendus à l’extrême vers un avenir qu’ils ignorent. Inversement, les touristes, harnachés d’appareils photo, de sacs à malice contenant je ne sais quoi, l’accent impayable, les yeux écarquillés d’adoration devant ce Paris auquel ils avaient tant rêvé, déambulaient lentement, jamais lassés de l’odeur des voitures passant à proximité. La petite place, en fait, n’intéresse pas vraiment les touristes. Ils y déambulent parce qu’il le faut. Aussi ce qu’il s’y passe n’intéresse que peu de gens. A l’ombre des platanes qui y prennent racine, ne dort qu’un vieillard assis sur un banc, avec délicatesse, ne remuant que le haut de la poitrine, l’air béat, inconscient de sa beauté humaine au repos, tellement relaxé que je me demandais à un moment s’il n’allait pas tomber sur le côté et se réveiller durement. Assis sur un autre banc, un être humain à l’aspect de clochard bien propre lisait un petit livre sans doute ramassé dans une poubelle. L’observant de plus près, je constatais qu’il s’agissait d’une femme d’une trentaine d’années, peut-être quarante au maximum. Elle était également affairée à ne rien faire, lisant, puis abandonnant son manuel, y revenant ensuite, jusqu’au moment où elle le ferma définitivement. Quelque chose la préoccupait.

Elle se leva, montrant ainsi qu’elle avait encore un reste de beauté féminine, les joues fraîches, la chevelure soyeuse malgré tout, l’œil vif. Elle regardait autour d’elle en se déplaçant sur le cercle de macadam où se dressaient un arrêt d’autobus et la fontaine dont le bruit de l’eau berçait doucement la scène. Elle regardait autour d’elle sans s’occuper des rares passants. Elle ne m’avait pas vu, me confondant probablement avec les ombres des jets d’eau qui projetaient leurs cataractes avec grands bruits. . Revenant vers moi, inconsciente de la proximité d’un couple de touristes qui devisaient tranquillement, elle s’arrêta soudain, et, portant la main à sa ceinture, elle la desserra, ouvrit les boutons qui tenaient son pantalon et, baissant celui-ci et sa culotte jusqu’à ses pieds, elle s’accroupit sans aucune gêne, regardant autour d’elle avec une pudeur à retardement. Elle resta un petit moment inactive jusqu’à ce que j’aperçoive entre ses pieds une petite mare grandir patiemment et un sourire de soulagement naître sur son visage. Elle glissa une main entre ses cuisses, se tapota légèrement, puis se redressa, relevant ensemble sa culotte et son pantalon. Elle se réajusta discrètement, prenant le temps de reboutonner soigneusement les éléments de son assise, puis boucla sa ceinture, l’air dégagé. Elle fit quelques pas, comme si de rien n’était, ne laissant au sol qu’une petite flaque clignotant au soleil.

Quel aplomb et, malgré tout, quelle élégance ! Osez tranquillement faire cela en pleine rue, sans l’ombre d’une gaucherie, avec un naturel parfait, l’air dégagé, se permettant même de sourire de la situation sans donner l’impression qu’elle se rendait compte de ce qu’elle faisait. Et j’avoue que son image me resta longtemps sur la rétine : la femme accroupie, les fesses blanches, le regard dans le vague, toute à son affaire, le plus naturellement du monde.

Alors je me dis qu’il n’y a qu’à Paris que l’on peut voir de telles scènes, Paris où le naturel peut revêtir de charme toutes les préoccupations d’une personne, jusqu’au plus intimes. Mieux même, le couple de touristes qui passaient à proximité, ne parut aucune étonné, regardant vers le théâtre comme si de rien n’était. Alors je fis comme ces êtres évanescents, je pris le parti de rire intérieurement d’une telle situation et d’oublier ce que j’avais vu. Malgré tout, le souvenir de l’évènement me fait sourire avec indulgence. Je n’avais même pas l’impression d’avoir assisté à quelque chose d’insolite.

22/09/2014

Vide-grenier et l'opéra è mobile

Hier, dimanche, jour d’errements insolites dans Paris, vide-grenier du 2ème arrondissement, rue de la Banque. Une mairie rue de la Banque, n’est-ce pas rassurant ! Une multitude gens vendaient jusqu’à leur chemise, en mal de partage. Mais de nombreux objets se pressaient sur le trottoir, abandonnés ou présentés avec art, avec le sourire enjôleur du propriétaire ou la face rebutante du vendeur. La mine y fait beaucoup dans l’achat d’un objet. Etre vendeur est un métier, mais plus vraisemblablement une passion, un instinct ou même une vocation.

Au loin nous voyons un rassemblement devant la mairie. Que se passe-t-il ? Nous approchons. Les gens sont figés, presque la bouche ouverte, attentifs, le sourire aux lèvres, à l’écoute du chant qui monte dans la rue avec force.

Mozart… Un opéra… La flute enchantée… Pamina dans tous ses états… Une Reine de la Nuit asiatique, intimidée, mais divine… Un Papageno noir comme du cirage, mais chantant merveilleusement… Tamino, petit, pas rasé, avec une voix d’or et un charme naturel… Un présentateur, également d’origine asiatique, mais parlant un français impeccable, accompagnant au piano les chanteurs et présentant en quelques mots très drôles, vifs, légers, le déroulement de l’opéra.

Quel bonheur que cette troupe des rues qui chante merveilleusement, avec naturel, pour des gens qui ne connaissent pas ce style de musique et qui finissent par être scotchés à leur jeu. Oui, ils étaient nombreux ces spectateurs, de petites filles assises aux pieds de leurs mamans, des mères s’asseyant dans la rue et écoutant avec béatitude, des hommes et des femmes immobiles, regardant ces chanteurs de moins de trente ans, écoutant leurs voix puissants et agiles et applaudissant à tout rompre devant les vocalises.

Subjugués, nous avons tous eu du mal à repartir vers les objets étalés. En dehors des flûtes, rien ne semblaient nous intéresser. La tête encore pleine de sons, nous étions shootés et sous l’emprise de la drogue : l’opéra chez nous, dans la rue, avec la fine fleur de la jeunesse française, qui, pourtant, n’en avait pas l’air. Mais que les airs de la Flute enchantée étaient émouvants !

Lorsqu'ils renouvelleront leurs exploits, nous y seront !

https://fr-fr.facebook.com/operaemobile 

02/12/2012

Signatures (Street art 3ème et dernière partie)

La signature ne remplace pas l’image. Elle en crée parfois une parallèle, pâle copie de la réalité. Mais lorsque signature et portrait devienne fruit de l’imagination, quel méli-mélo :

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A tel point que certains s’insurgent devant tant de fantaisie. A quoi sert la beauté des formes si derrière se cache la fureur de vivre ?

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Et ricanent ceux qui volent dans les flots en contemplateurs de ces luttes entre artistes :

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Alors laissons parler la poésie, échevelée, extasiée, aux cheveux entremêlés, qui regarde passer le papillon des rêves, alors qu’en vis-à-vis la passion se repose, entourée de ses ardeurs apparemment innocentes :

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Retour à la bande dessinée, où l’opératrice de charme se prépare à faire sauter votre propre image, celle qui la regarde, concupiscente :

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Enfin trois regards sur notre société, très différents, mais qui met en évidence la diversité des artistes :

L’irréel éclaboussant

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La fureur s’en prenant à l’écriture

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L’argent qui n’a plus besoin de signatures 

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Au-delà de l’enfer, au bout des lettres entrechoquées, se cache la mort, les yeux sur l’éternité, bien sûr le visage à moitié dissimulé par une capuche qui est la signature des dieux de la rue et des rois de la peinture en bombe.

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