Communication (05/08/2012)

 

Plus on communique,

Moins on en dit

Et moins on a à dire.

 

On ne communique plus pour informer, on communique pour se montrer alors que l’on n’a rien à dire, voire rien à présenter, vendre, proposer. Alors c’est d’une pauvreté déplorable, à l’égal d’un repas d’épluchures de pommes de terre. Et pourtant les marchands de communication ne cessent de vous importuner : « Nous sommes les rois de la communication. Tous sauront tout sur vous ! »

Qu’a-t-on à dire ? Peu importe au communiquant. Il vous fera un plan de communication sur Facebook, Twitter, MySpace, Linkedin et autres réseaux sociaux. « Faites vous des amis », nous disent-ils. Alors les gens sont fiers d’annoncer 60, 600, voire 6000 amis, voire beaucoup plus encore. Ils ne les connaissent pas, cela ne les intéressent même pas. Ce qui compte, c’est le nombre d’amis. Qu’échangent-ils ? Trois mots appauvris du style « J’dis respect » ou « C-t’un truc de ouf ! » ou encore « C’est trop mortel ! » pour les jeunes, pour les plus vieux, c’est « Sur la photo, mon tee-shirt semble bleu, en réalité, il est d'un beau vert bouteille ! » ou « Bin moi j'ai acheté un téléphone pour téléphoner. J'ai pris le modèle "robuste" qui casse pas quand il tombe. » (phrases toutes tirées des échanges sur Internet).

Moins on a à dire, plus on le dit. On solde de navrantes banalités comme si l’on se disait des choses essentielles. Pourquoi ? On peut y voir plusieurs raisons. On est fier d’avoir de nombreux amis avec qui on correspond. On est fier de son outil technologique (téléphone portable, ordinateur portable, iPad, iPhone et autres ustensiles fonctionnant avec Internet) qui sert à communiquer, donc communiquons. On a besoin de correspondre en permanence pour ne pas se sentir seul. Enfin, et surtout, on communique parce que les autres communiquent et vous disent qu’il est important de communiquer. Tous les marchands de communication sont bien sûr les premiers à communiquer sur l’importance de la communication, l’importance des réseaux sociaux, l’importance de la multiplication de ses connaissances. Il s’agit ici d’une véritable compétition, d’une course à la recherche d’amis, à la recherche du paraître. Toute personne qui se veut connu ou qui veut se faire connaître, ne peut qu’avoir un blog, un compte sur Facebook, des abonnés, etc. etc. etc.

Ainsi ce qui compte ce n’est pas le contenu de la personne, son être, mais son avoir, et, avant tout, ses moyens. Le culte de la technologie et de la « (re)connaissance » a dépassé le culte de l’argent : montre-moi quels sont tes réseaux et je te dirai qui tu es !

Quelle belle manipulation de la part des communicants ! Cependant, il arrive que certaines personnes ont des choses à dire, alors allons tout de même voir ce qui se passe sur les réseaux, mais ne nous laissons pas submerger par cet engouement qui vous oblige à donner une petite phrase sans intérêt en échange d’un peu de notoriété. Rappelons-nous ce mot de Lao Tseu : Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas. Ce n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais néanmoins attachons-nous à ce que nous avons à dire avant de communiquer.

 

07:58 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : communication, information, société |  Imprimer