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30/07/2012

Le style

 

Le style, c’est la patte de l’auteur
Il y en a de bons, il y en a de mauvais
Que voulez-vous y faire ?

A quoi tient-il, ce sésame ?
Cela tient tant à la manière de dire
Qu’à ce que l’on a à dire.

La manière :
Brut comme le champagne en hiver
Doux comme la pomme en automne
Tendre comme le pissenlit au printemps
Chaud comme la tomate en été
Mais cela ne nous dit rien
De ce qu’est la manière. Et pourtant ?

Phrases courtes, sans fioritures
Qui font froid dans le dos
A force de les écouter
Mais qui sonnent comme le gel
Sur les branches des cyprès

Consonance des mots, au gré de la phrase
Bonbon gargarisant de douceur légère
Je me lèche les babines de ces caresses
De syllabes attendrissantes et colorées

Phrase fleuve, ruisseau de feu
Emplie d’événements inattendus
Et de peinture écaillée et tremblante
Prolongeant le récit avec délectation

Phrase sans ponctuation
Raide d’une justice humaine
Emprunte d’absence de visibilité
Mais piquant les nerfs à vif

Phrase sans phrase, sans début
Ni même fin avant la conclusion
On s’y empêtre, la botte lourde
Parfois même on s’enlise avant
Et on échoue sur une page, désespéré

Phrase sans le balancement du verbe
Où les mots se bataillent, vindicatifs
Jusqu’au coup de poing sanglant
Qui assassine le lecteur, froidement
C’est un style inusité, certes
Mais certains s’y complaisent
Le nez dans le vent, la communication fraîche

Nous ne poursuivrons pas ces évocations
Qui ne font que dire en lettres
Ce que d’autres expriment en chiffres
Vingt sur vingt à l’auteur, ou encore
Zéro, triple zéro, quel écrivain prétend-il être ?
Peut-être n’a-t-il pas cherché son style
Ou l’a-t-il trouvé en solde, sur une étagère.

Mais ce que l’on a à dire est aussi nécessaire
A cette définition de ce que d’autres appellent touche
S’ajoute les paroles de la chanson
Dont nous n’avons évoqué que la musique

Elles peuvent être historiques
Et conter la fabuleuse aventure d’un quidam
Qui se ressuscite d’un passé glorieux ou malheureux 

Elles peuvent être imaginaires, enturbannées
D’événements impossibles et drôles
Enrobées d’un milieu défendu ou vertueux
Monsieur Hulot au pays des merveilles

D’autres styles content l’inédit ou le futur
Ils se veulent scientifiques, mais « fictionnent »
Retour à la strophe précédente,
Où l’imaginaire devient prolixe

Les amours sont des sujets sensibles
Mais tellement rabâchés. Cependant
Y a-t-il plus séants que ces visages
Qui se regardent et se disent eux-mêmes
Dans le frottement des peaux ?

La misère fut pendant un temps sujet
La croissance est passée par là
On ne parle plus que de besoins
Grandissants certes, impérieux aussi
Revendicatifs pour les forts en style
L’éloquence est le dernier refuge
Des esclaves de la déraison

Arrêtons là cette litanie du contenu
Qui n’est pas sans effet sur le contenant
Car en fait le style, pur, chargé
Ecrémé, pourrait-on dire réalistement
Ampoulé de lumière vive et criarde
Reste l’artifice imparable
A l’éditeur malin pour refuser
Le manuscrit déchu au rang de paperasse

Pourtant le style produit du sens
C’est ton langage intérieur
Encore faut-il que le comprenne
Le lecteur irascible et paresseux
S’il y a un style pour chaque auteur
Il y a des styles pour le lecteur,
Appréciés ou détestés, selon les cas
Qu’y faire, si ce n’est être soi-même

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