07/02/2016
Indifférence (1)
Vous marchez, sans souci, regardant autour de vous le jour nouveau qui se lève. Vous êtes, ce matin, optimiste, presque heureux intérieurement. Vous vous engagez sur un étroit trottoir, passant sous l’échafaudage d’une maison en ravalement. Entré dans ce tunnel de tubes, vous ne pouvez qu’en ressortir de l’autre côté. Comme vous regardez une vitrine éclairée sur le trottoir en face, vous ne faites pas attention à l’homme qui se tient à la sortie de l’étroit passage, vous tournant le dos. Trop tard, vous êtes déjà engagé, alors vous lui demanderez de vous laisser passer. Intentionnellement, vous accentuez le bruit de vos chaussures sur le sol pour faire comprendre à l’individu que quelqu’un approche et souhaite passer. Rien n’y fait. L’homme n’entend rien ou fait comme s’il n’entendait rien. Il est occupé à téléphoner. La main à l’oreille droite, tenant le bijou, il compresse la sénestre d’un doigt. Immobile, il ne voit rien et n’entend rien. Il est dans son monde, dans la bulle intérieure du moi, avec son interlocuteur au bout des ondes (pas au bout du fil, car il n’y a plus de fil sur ces téléphones qui fonctionnent presque sous l’eau !). Vous faites : « Hum, hum ! » Pas de réaction ! L’autre parle, parle, parle… Vous lui frappez doucement l’épaule, faisant le geste de vouloir passer. Quelle impudence ! Le déranger pendant qu’il traitait une affaire. On n’a pas idée.
L’homme vous regarde d’un air furieux, sans bouger et vous fait signe de passer à côté. Mais il tient toute la place, le trottoir étant minuscule. Sans parler (puisqu’il parle), vous lui faites signe que c’est impossible. Alors il vous fait signe de revenir en arrière et de passer sur la chaussée pour contourner l’échafaudage. Là, vous vous sentez offusqué. Votre sang ne fait qu’un tour et vous lui criez près de son autre oreille : « Laissez-moi passer ! » Mais il continue de parler : « Mais non, ne fais pas cela... Etc. Etc. » Vous n’existez pas à ses yeux. Vous n’êtes qu’un nuage gris qui passe dans le ciel de sa compréhension et vous l’empêchez de voir son projet inscrit dans l’azur de sa suffisance. Vous lui prenez la main droite et l’écartez de son oreille en lui disant : « Je veux passer. Écartez-vous, s’il vous plaît ! » Alors, seulement, il avance de deux pas, sort de l’étroit couloir et vous laisse passer sans un mot d’excuse. Il n’a rien vu, rien compris, uniquement occupé par son téléphone, dans ce casque d’ondes qui crée un espace d’isolement entre lui et son interlocuteur. Il est en quasi lévitation, indifférent à tout ce qui n’est pas lui ou celui qu’il a au bout des ondes.
C’est le monde de la communication. Une fois établie, elle efface toute convenance, tout regard sur son environnement. Le communicant est dans sa bulle d’ondes et de paroles, rien ne l’en fera sortir. Il ne s’inquiète pas des autres, il ne les voit pas, ne les entend pas, ce ne sont que des ombres qui passent à côté de cet échange qui seul compte.
07:28 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : communication, échange, politesse, civilité, téléphone | Imprimer
06/02/2016
Suis-je réel ?
Suis-je réel ?
Cela vous arrive-t-il de vous demander
Si vous-même n’êtes qu’une seule conscience
Sans limitation ni précise consistance
Errant dans un univers sans finalité
Ou encore, avez-vous imaginé
Que ce que vous voyez est bien réel
Mais que votre personne, elle
N’est qu’une idée effleurant la vérité
Pire encore, ces deux chimères
Se côtoient-elles dans la danse charnelle
Tel un sucre dans la boisson mortelle
Qui refroidit au fond d’une théière ?
Peut-être êtes-vous le non-être
Face à l’autre si plein de volonté
Ou cet autre est-il vierge de réalité
Une amibe transparente dans l’éther ?
Qu’importe ! Vous pouvez être seul
A vous heurter à la matière persistante
Ou, parmi la multitude chatoyante
N’avoir jamais été de chair et de gueule
Votre seule conviction, si floue
Est cette lumière, une petite fenêtre
Qui flotte autour de votre être
Et fait de vous l’unique dans le tout
© Loup Francart
07:48 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
05/02/2016
Haïku
De retour chez toi
Le noir absolu
Elle ouvre. Éblouissement
© Loup Francart
Noirs et blancs, l'éblouissement des mots éclaire l'âme qui erre en toi !
07:31 Publié dans 42. Créations poèmes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature, japon | Imprimer
04/02/2016
La fin de l'histoire (15)
Ainsi Charles s’était fait prendre malgré les précautions qu’il avait utilisées. Il avait pourtant l’air sûr de lui. Il maîtrisait les astuces pour ne pas éveiller les soupçons, il n’allait jamais au-delà de qu’il pouvait contrôler. Pourquoi ? Et puis, que signifiait les termes importuner et plus particulièrement une jeune fille. Qui était-elle ? Pourquoi parlait-il à ces étudiants ? Que leur disait-il ? Il faut le savoir. Nicéphore prit la résolution de savoir exactement ce qu’il s’était passé. Ce compte-rendu laconique donné par les médias n’en rendait pas compte.
Nicéphore dut s’interrompre dans ses réflexions. Il commençait à ressentir des picotements à hauteur des yeux. Il ne devait pas se laisser pas envahir par son personnage justicier. Se remettre en méditation ! Il s’assit en tailleur, se décontracta, tenta de passer d’un état d’être indigné ou au moins inquiet à un état lui permettant d’évacuer les pensées négatives. Il laissa se creuser le sillon de respiration entre l’entrée dans le nez, le passage dans le conduit nasal, l’arrivée au carrefour de la gorge, l’entrée dans les poumons et l’atteinte du plexus solaire. Repos, puis expiration, lente, permettant d’évacuer les miasmes d’émotions, de laisser filer un air qui nettoie le personnage qui s’installait en lui. Ouf, il est parti en fumée. Il distingue clairement la réalité des faits, sans les connaître, ni les comprendre. Il faut fouiller pour savoir, puis réfléchir pour connaître. Allons-y, se dit-il.
Ce n’était cependant pas aussi simple qu’il l’avait pensé. Comment retrouver les étudiants et la jeune fille en particulier ? Comment ne pas éveiller les soupçons de ceux qu’il interrogerait à propos d’une affaire sans intérêt ? Le journaliste, oui ! Il fallait commencer par-là, mais éveiller son attention. Comment faire ? Dans tous les cas, détourner l’attention du journaliste en lui montrant qu’il ne s’intéressait nullement à ce que Charles et elle avaient échangés, mais qu’il défendait la jeune fille contre les attaques de ce dernier. Oui, il devait se faire passer pour un ardent défenseur du féminisme et le questionner sur les atteintes au droit de la femme et la nécessité de l’interroger pour connaître son adresse. Ainsi, à peu près assuré de ne pouvoir être dévoilé, il se lança dans son enquête.
Il réussit sans trop de difficulté à obtenir l’adresse de la jeune fille et des quelques compagnons ayant été agressés par Charles. Il choisit d’aller directement interroger la demoiselle plutôt que d’éveiller éventuellement des soupçons de la part de ceux qui l’accompagnaient. Le lendemain, il se présenta en se faisant passer pour un membre de l’association Bergères et Brebis. Cette association prétendait assurer la garde du troupeau des femmes et les défendre contre les attaques physiques, sociales et psychologiques que la société machiste ne cessait de leur infliger. Fort d’une telle couverture (il se présentait comme un membre actif faisant partie du bureau), il obtiendrait, sans aucun doute, un blanc-seing de la part des autorités curieuses qui pourraient s’inquiéter de ses interrogations.
07:08 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
03/02/2016
Le chant du violoncelle
https://www.youtube.com/watch?v=Ry4BzonlVlw
L’interprétation de cette Suite pour violoncelle N°1 en Sol Majeur Bwv1007 de Jean-Sébastien Bach est osée et n’a pas dû être facile à enregistrer, mais n’est-elle pas enchanteresse.
Ajouter un accompagnement à la suite, il fallait y songer !
07:59 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique, interpétation, improvisation, violoncelle | Imprimer
02/02/2016
Recherche
L’homme est insatiable
Sans cesse occupé à chercher…
Une vie en recherche…
Des grands explorateurs
Il passe aux astronautes
Enfourchant son moteur
Il erre dans la matière
Et palpe toute chose
En les nommant, tel un Dieu…
D’autres inversent la proposition
Ils cherchent en eux-mêmes
Ils se penchent sur leur nombril
Et regardent béatement
Les plis accumulés de leur être…
Ils n’entrent pas dans ces cachots
Qu’y découvriraient-ils ?
Un peu de terre et de salive
Qui, réunis et mêlées, forment boue
Et ne guérit que les corps
Seul l’esprit doit revivre !
Oui, mais… Où est-il ?
Personne ne l’a trouvé !
C’est un parfum trop puissant
Une note trop harmonieuse
Une couleur si chaleureuse
Qu’il est exclu de la connaissance
Et va ainsi dans le monde
Inconnu de la face des hommes…
Toutefois, l’enfant innocent
Voit en lui l’avenir étoilé
Et, regardant au loin
Se laisse guider sans interrogation
Au fil des rencontres ailées
© Loup Francart
07:35 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
01/02/2016
Pluie
La pluie est arrivée subrepticement. On ne l’attendait pas, on ne l’avait même pas prévue. Ce matin, l’horizon s’est découvert un ciel d’écailles. Tous les poissons de la mer sont montés à la surface. Le ciel s’est obscurci de reflets gris clair, presque blancs. Le vent les mouvait au gré de sa direction. On relevait alors le col pour s’abriter de la bise, on cherchait son parapluie et on poursuivait sa route.
Puis, quelques gouttes sont tombées. Presque rien. Juste de quoi assombrir les trottoirs et faire rentrer les vieux accroupis sur le pas de leur porte. Les yeux des passants se sont ouverts. Ils ne craignaient plus le sable. Certains ont même mis leurs lunettes dans la poche et regardé les dunes sans crainte. Mais les plus âgés leur disaient de prendre garde, le sable se cache là où l’on ne l’attend pas. Une certaine fraicheur, toute relative, a envahi l’atmosphère. On respirait mieux, à plus grandes goulées et cette fraicheur descendait au fond de la gorge et glissait le long de l’œsophage jusqu’au plexus solaire. On se purifiait par la volonté de la nature et on se laissait faire. Les enfants de mirent à rire plus bruyamment, à courir plus vite, à crier plus fort. Les femmes dégageaient leurs voiles et découvraient leurs épaules. Les hommes, toujours prudents, attendaient de voir.
Déception. La petite pluie s’arrête. Cela n’aura duré que deux ou trois minutes. Mais il fait meilleur malgré tout. Tiens, on entend les grenouilles coasser. Cela faisait longtemps que ce n’était pas arrivé. Le vent se calme, les herbes se redressent et l'on voit plus loin vers l’horizon. Une accalmie, dirait-on. Les humains se détendent, se posent çà et là, assis au bord des maisons... sans abri, à quoi bon. Les bébés arrêtent leurs pleurs et sourient à leurs mères. Celles-ci osent une chanson douce comme l’air rajeuni.
Brusquement, une bourrasque, sèche, brutale, comme un coup de balai. Les voiles s’agitent, les chiens aboient, les poules caquettent, les chaumes grincent. Les enfants crient de joie. Une odeur fanée envahit l’air, portée par les rafales qui maintenant s’engouffrent entre les maisons : relents d’herbes séchées, de mares putrides, d’excréments déshydratés. Elle assèche la bouche, encombre le nez, obscurcit les yeux. On entend au loin un grondement puissant, presque des tambours en folie sonnant la charge. La pluie arrive. Elle fouette soudain le passant de mille piqures glacées, colle les tissus à même la peau, mettant à nu les seins des femmes qui courent se mettre à l’abri. Les enfants, eux, s’exposent à l’eau, découvrant largement leur torse maigre, voire, pour certains, les plus osés, retirant tout vêtement et se laissant balayer, nus, par l’eau fraiche. Ils crient, certains chantent même. Les hommes, plus lents à se réjouir, regardent le ciel et sourient dans leur barbe. Leurs yeux s’allument d’une étincelle de vie. Ils se lèvent, prennent leur bâton et marchent jusqu’à l’orée du village. La plaine prend une couleur argentée. Quelques flaques très vite se forment. Elles grossissent, deviennent mare. Puis se forme un ruisseau qui descend tranquillement la pente. La terre a d’abord bu, assoiffée. Mais l’eau coule toujours. Elle ne peut plus rien avaler. Les ruisselets deviennent ruisseaux, les ruisseaux rivières, les rivières torrents. L’eau emporte sur son passage les déchets accumulés, les branchages inutiles, les récipients non arrimés, et même un berceau dans lequel un bébé crie, terrorisé. Un homme se précipite, l’empoigne et le ramène à sa propriétaire éplorée.
D’un coup, la pluie cesse. Juste quelques gouttes encore martèlent les toits de tôle après le vrombissement au plus fort de la chute des eaux. Le silence maintenant, impressionnant. On entend encore l’écoulement des flots rassemblés en longues colonnes tumultueuses. Mais c’est un chant irréel, un frémissement bourbeux, jaunâtre, enveloppé des coups de boutoir des troncs qui s’entrechoquent. Sur le promontoire du village, les hommes regardent, hébétés. Certaines femmes pleurent sans savoir pourquoi. Les vieux jettent un œil par la porte et sourient, édentés. Les enfants vont constater le devenir de leurs cachettes. La vie reprend au village, sous un rayon de soleil suffisant pour réjouir le cœur. Tiens ! On entend le forgeron qui reprend ses coups de marteau sur l’enclume. Tout va bien !
07:41 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nature, météo, climat, hommes, femmes, village | Imprimer
31/01/2016
La fin de l'histoire (14)
Arrivée au Café Jaune, il aperçut l’étudiant, non, le professeur. Il lui fit un signe de la main et se rapprocha de lui. Mais celui-ci regardait à côté et fit semblant de ne pas lui prêter attention. Nicéphore vit ses yeux suppliants et comprit. Il poursuivit son chemin au-delà du jeune homme et se dirigea vers les toilettes avec naturel. A son retour le professeur était parti. Comment reprendre contact et où ? Nicéphore décida de retourner à la bibliothèque dès le lendemain. Il y serait peut-être.
Effectivement, le lendemain le professeur était à la bibliothèque au même endroit que la première fois. Ils se reconnurent tout de suite. En passant devant lui, Nicéphore lui glissa : « Ce soir, 19h, au Café Jaune », l’autre acquiesça d’un signe de tête et fit semblant d’être occupé à chercher un livre. Le soir même, ils se retrouvaient au Café Jaune et purent parler sans crainte.
– Hier, j’étais suivi par un homme de la dP. Heureusement vous avez compris et je ne crois pas qu’il vous ait repéré. Avez-vous lu mon livre.
– Oui, je vous l’ai même ramené. Très intéressant, parfois compliqué. Un point m’a marqué : nous vivons endormis et il faut nous éveiller. Si l’on prend conscience de cela, on peut commencer à s’en sortir avec des efforts personnels. Au fait, comment vous appelez-vous ?
– Charles Borowsky.
– Charles, merci pour ce livre, il m’a fait comprendre beaucoup de choses. On ne peut s’arrêter là. Connais-tu d’autres personnes qui auraient les mêmes intuitions ?
– Oui, une seule. Je peux la contacter et voir si elle est intéressée par une action commune.
– Méfie-toi tout de même, on ne sait jamais !
– Continuons à creuser nos techniques d’éveil et tentons de recruter quelques autres personnes. Il faut que je parte, car je ne peux rester trop longtemps ici, sous peine d’être suspecté. Au revoir Nicéphore.
– Au revoir Charles, à bientôt.
– Oui, après-demain au Café Bleu, à 20h. By.
Charles se perdit dans la foule.
Le lendemain, en ouvrant le journal, Nicéphore vit en première page le titre suivant : Un dangereux individualiste est capturé par la dP après une course poursuite dans le métro. Il lut le bref article qui décrivait la capture : Hier soir, vers 23 heures, un jeune homme, Charles Borowsky, a été arrêté dans le métro par la dP. Cet individu importunait un groupe d’étudiants et plus particulièrement une jeune fille. Un des voyageurs a téléphoné à la dP et, sur le conseil du policier qu’il avait au bout du fil, a tiré la sonnette d’alarme. Le jeune homme s’est alors enfui en descendant sur la voie et s’est mis à courir devant le train jusqu’à la station suivante. Poursuivi par la dP qui descendait l’escalier roulant pendant qu’il montait, il est parvenu à sortir à l’air libre et s’est réfugié dans un café. Après mise en place d’un important dispositif de sécurité et l’établissement d’une zone interdite, les policiers, armés et munis de boucliers de protection, ont réussi à l’interpeler en usant de grenades défensives. Il a été embarqué dans un fourgon sans que l’on sache où il a été emmené. La police a rappelé les consignes : tout « individualiste » doit être immédiatement signalé à la police qui, déclarée en état de légitime défense, emploiera tous les moyens pour arrêter l’individu, y compris les armes à feu.
07:25 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
30/01/2016
Une prestation de l'Ensemble MultiPiano
07:48 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique, baroque, piano, concerto | Imprimer
29/01/2016
Renaissance
Qu’en est-il de lui-même ?
Elle bourdonne au fond de lui
La marche silencieuse de son être
Elle est bien là, enfouie au plus profond
Il rit toutes les larmes disparues
Des jours d’antan et des nuits rêvées
Oui, toujours il sut attendre
Ces instants divins et rares
Où derrière la peau si douce
Apparaît le bain chaleureux
De l’entente au-delà de la passion
Elle est partie la caresse des jours
Il ne tiendra plus l’enfant délicate
Et ne modèlera plus l’Ève première
L’être chérie ne bouillonne plus qu’en lui
Mais l’Autre est déjà née de lui
Évanescente et translucide
Comme une goutte d’eau pure
Elle étend son ombre sur l’existence
Et rompt la possession palpable
Oui, elle est Autre et plus que lui-même
Elle est… L’âme…
© Loup Francart
07:48 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
28/01/2016
Projet de tableau en relief
Cela fait plusieurs semaines que cela me travaille : faire un tableau en relief plutôt qu'uniquement dessiné et peint. Ce n'est pas encore ce que je cherche, mais cela commence à y ressembler.
Il faut maintenant peindre en noir et blanc (ou éventuellement couleurs) pour donner au tableau sa forme définitive. J'ai hâte de voir ce que cela va donner ! Mais auparavant, retravailler la forme brute...
07:22 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tableau, peinture, art cinétique, op'art | Imprimer
27/01/2016
La fin de l'histoire (13)
Il rentra chez lui et s’installa sur son lit pour lire ce pavé de plus de cinq-cents pages. Il eut beaucoup de mal avec les explications techniques, la cosmologie simpliste et leur traduction en octaves musicales. Il fut par contre intéressé par les explications psychologiques, voire mystiques, qu’émettait Mouravieff. Celui-ci expliquait que la plupart des hommes vivent dans l'état de sommeil pour la moitié de leur vie et, pour l’autre moitié, dans un état de veille qu’ils appellent conscience lucide et qui n’est en fait consciente de rien. Plus intéressant est le troisième état dit de rappel de soi ou conscience de soi, c’est-à-dire conscience de son être propre. Enfin, le dernier état est la conscience objective qui permet de voir les choses comme elles sont, ce qui suppose le développement de la conscience de soi. Nicéphore se remémora tout ce qu’il avait vécu et se dit qu’au fond il avait probablement atteint sans le savoir l’état de conscience éveillée. Il en conclut qu’il devait également renforcer sa conscience de soi, c’est-à-dire sa compréhension de lui-même regardant celui qui pense, parle et agit. Cela lui semblait relativement simple lorsqu’il cherchait à ne plus penser. Mais cela devient autrement plus complexe lorsqu’il de se penser et de surveiller sa pensée et ses actes.
Il se rappela alors son objectif : rétablir l’histoire. Cela passe par un surplus de conscience de la part de chacun, même si aucun politique ne peut croire à une telle sornette. Tous issus de grandes écoles enfiévrées de mondialisation forcément heureuse, ils sont convaincus qu’il suffit d’un décret mondial pour rendre inoffensives les foules et les individus. Il est vrai que cette alliance entre le politique et le scientifique responsable de la conception et de la fabrication de la pilule constitue un défi difficile à relever. Peut-on réellement lutter contre cette machine inexorable qui broie tout ce qui n’est pas d’accord avec elle ?
Il poursuivit sa lecture : « Il n’y a rien de nouveau dans l’idée de sommeil. Presque depuis la création du monde, il a été dit aux hommes qu’ils étaient endormis. Combien de fois lisons-nous, par exemple, dans les évangiles “Éveillez-vous“, “Veillez“, “Ne dormez pas“. » Plus loin encore : « Les possibilités de l’homme sont immenses. Vous ne pouvez même pas vous faire une idée de ce qu’un homme est capable d’atteindre. Mais dans le sommeil rien ne peut être atteint. Dans la conscience d’un homme endormi, ses illusions, ses rêves se mêlent à la réalité. L’homme vit dans un monde subjectif dont il lui est impossible de s’échapper. »
Oui, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas tenter le retour de l’histoire. Pour quoi faire ? Tout simplement vivre réellement plutôt que de subir cet avilissement permanent que donne la pilule prise chaque jour. S’éveiller, première étape. Merci à l’étudiant, ou plutôt au professeur qui m’a confié ce livre. A deux, peut-être y arriverons-nous ?
Enfin il lut encore : « Tout ceci est en rapport avec l’une des caractéristiques fondamentales de l’attitude de l’homme envers lui-même et envers son entourage, à savoir sa constante identification à tout ce qui prend son attention, ses pensées ou ses désirs, et son imagination. L’homme est toujours en état d’identification, seule change l’objet de son identification. » Il se promit d’en parler au professeur.
Il poursuivit sa lecture pendant les deux jours qui lui restait avant son rendez-vous. L’essentiel semblait être dit dans ce qu’il avait retenu de cette première soirée de lecture, du moins le pensa-t-il à ce moment.
07:41 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
26/01/2016
Brume sur la campagne
Courir dans la campagne n’empêche pas l’âme d’être acquise à des instants de romantisme. Ce fut le cas ce matin, en haut d’une côte, dans un tournant.
Merci au créateur de ce monde de nous donner ces aperçus de paradis.
07:34 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paysage, campagne, brume, romantisme, beauté | Imprimer
25/01/2016
Fenêtre
Elle est ouverte
Sans filet sur le monde
Un grand vide, noir de nuit…
C’est de là que montent les bruits :
Feuillages fouettés par la bise
Craquelures d’arbres fatigués de droiture
Envol claquant d’un pigeon insomniaque
Tiens ! Là, une souris, derrière la plinthe...
Oui, la maison aussi peut se plaindre…
Je me penche sur ce trou noir et froid...
Au loin un ver luisant qui divague
C’est une voiture qui monte la colline
L’onde sonore s’épanche et vibre
Elle s’amplifie et frisonne d’aisance
Puis s’épuise derrière la côte, après le virage…
Restent les bruits non identifiables...
Ce grincement des dents d’une lourde porte
Le frottement des écorces dans la haie
Le clapotis tendu d’une carpe dans la mare
L’orchestre de la vie n’a plus le rythme du jour
Et les notes libérées se déchaînent en étincelles
Puis reposent à nouveau dans le caveau obscur…
Je passe une jambe derrière l’appui
Et je m’élance d’un pet sonore dans le silence…
Moi aussi, je ne sais plus ce que je fais !
© Loup Francart
07:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
24/01/2016
Air de la 3ème suite pour orchestre de J-S Bach
https://www.youtube.com/watch?v=rrVDATvUitA
La beauté changera le monde. Y croyons-nous ?
Oui, certainement, lorsque l’on écoute cet air. Deux voix s’interrogent et se répondent sans cesse, dans un dialogue accompagné par la lente marche rythmée des violoncelles.
C’est un duo de bonheur inépuisable qui semble ne jamais finir, qui monte en vous, tourne autour de vous, vous emporte dans un autre monde, plus riche, plus puissant et plus tendre à la fois. Votre âme se dilate, s’élève hors de toute pensée, dans le simple frémissement de sa transparence. Vous ne connaissez plus le quotidien, seule la luminosité du présent vous attire.
Mais est-ce le présent ? Vous ne savez. Ce présent devient éternité et ces secondes éternelles se prolongent au delà de la conclusion de la pièce. Et vous comprenez tout à coup, avec certitude, que l’éternité ne peut être vécue seule, que c’est cette osmose entre toutes les parties de votre être qui vous permet de vous accomplir, symbolisée par ces trois voix, les deux airs enchevêtrés des violons et le lent martèlement de tendresse des violoncelles.
Et votre âme s’évade encore lorsque vous écoutez à nouveau cet air si plein de beauté miraculeuse, qui vous fait toucher votre miracle personnel, celui du monde et celui de l’infinie tendresse de Dieu.
07:34 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, baroque, méditation, bonheur, spiritualité | Imprimer
23/01/2016
Billard
07:27 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : billard, boules, canne, détente | Imprimer
22/01/2016
La fin de l'histoire (12)
Le lendemain matin, après son heure de méditation destinée à se blinder pour la journée, Nicéphore alla à la bibliothèque municipale. Sa carte était toujours valable, ce qui lui évita de trop se montrer auprès de la conciergerie. Il s’engouffra dans les couloirs de livres qui étaient rangés par thèmes, puis dans l’ordre alphabétique des auteurs. Dans le thème spiritualité, il chercha Krishnamurti et trouva deux ouvrages : "De la connaissance de soi" et "La révolution du silence". Il les feuilleta et tout en surveillant ceux qui passaient à côté de lui. De pauvres bougres, désorientés, en mal d’être ! Vingt minutes plus tard, passa un jeune homme, environ vingt-cinq ans, l’air avenant, qui s’excusa d’une voix grave et harmonieuse. Tiens ! Intéressant. Nicéphore le suivit des yeux. Le jeune homme se retourna, lui sourit, puis continua quelques mètres et s’arrêta en regardant la tranche des livres qu’il avait devant lui. Le sourire ne veut rien dire dans une société sociable. Tous sourient, mais d’une manière automatique, apprêtée. Son sourire à lui était discret, mais réel. Il le regarda à nouveau du coin de l’œil. Que faire ? Tant pis, j’y vais ! Il se rapprocha, passa à côté de lui et lui dit à voix basse :
– Vous cherchez quelque chose ?
Le jeune homme rougit, bafouilla positivement, le regarda et lui dit :
– Rendez-vous ce soir au Café Vert à sept heures.
Il partit précipitamment, laissant Nicéphore à ses interrogations. Et si c’était un piège ? Il traina quelques minutes encore faisant semblant de chercher des livres scientifiques concernant l’évolution de l’univers, puis sortit tranquillement en regardant s’il était suivi. Non, rien. Tant mieux, cela simplifie les choses.
A sept heures, il se présenta à la porte du Café Vert. C’était un petit café situé pas très loin de la bibliothèque, mais suffisamment éloigné pour ne pas être surveillé. Il était plein de jeunes gens et jeunes filles qui parlaient sans arrêt à voix haute de manière passionnée. Les conversations étaient multiples, les unes sur le temps qu’il avait fait l’été dernier, les autres sur le dernier livre à la mode, d’autres encore sur une histoire d’amour qui finit mal (la passion déréglait parfois le consensus social en vigueur). Une petite place derrière un pilier était inoccupée. Nicéphore s’y assit pour attendre l’étudiant (du moins supposait-il qu’il n’avait pas fini ses études). Au fond, oui, se dit-il, ce sont les jeunes qui sont plus susceptibles d’avoir une certaine dissidence. Ils nourrissent plus aisément un idéal que ceux qui sont entrés dans la vie active. Ah, le voilà. Le jeune homme s’arrêta sur le seuil, regarda derrière lui par la porte vitrée, puis avança tranquillement vers Nicéphore. Il était encore plus jeune que celui-ci ne l’avait pensé. Oui, vingt-cinq ans maximum, probablement moins. Mais peu importe. Dès les premières paroles, ils se sentirent à l’aise, tous les deux, malgré la différence d’âge (Nicéphore avait trente-six ans). Ils parlèrent de choses et d’autres, d’un air détaché, chacun surveillant l’autre jusqu’au moment où le plus jeune lui dit :
– Je fais peut-être une bêtise, mais il me semble que vous me cachez quelque chose comme je vous cache moi-même quelque chose. Alors, jouons franc jeu, cela simplifiera nos relations et nous permettra de mieux nous connaître sans perdre de temps.
Nicéphore lui raconta sa révulsion pour la pilule et son entrée en opposition avec le voyage à Tombouctou. L’étudiant (il était en réalité tout jeune professeur à l’université) le regardait avec admiration et lui avoua :
– J’ai bien tenté de me passer de la pilule, mais je suis tombé malade trois heures après : vertige, nausée et indicateur allumé. Un de mes amis me surprit ainsi chez lui. Je lui racontai que je m’étais évanoui et n’avais pu prendre la pilule. Je le suppliai de m’en donner une et de ne rien dire, ce qu’il accepta. Je m’étonnais d’ailleurs de pouvoir penser si librement malgré la pilule et mis cela sur mon caractère. J’avais cependant peur d’être surveillé et me forçais à me lier avec les autres professeurs et les étudiants de l’année où j’enseignais.
Nicéphore comprit alors ses airs parfois inquiets ou au moins absents.
– Vous seriez donc le premier éveillé, lui dit-il.
– Tiens, je ne connaissais pas cette expression. Que signifie-t-elle ? demanda Nicéphore.
– C’est une expression lue dans un livre ancien intitulé Gnosis. Son auteur est un certain Boris Mouravieff y livre la doctrine ésotérique de l’Orthodoxie orientale et décrit les rapports entre le monde et l’homme. J’ai amené le livre, car je pensais qu’il pourrait vous intéresser. J’y tiens et souhaite le récupérer dès que vous l’aurez lu. Je vous fais confiance. Rendez-vous dans trois jours au Café Jaune, cette fois à huit heures du soir. Je suis obligé de partir, car je ne tiens pas à vous compromettre.
Il se leva, sortit sans se retourner, me laissant seul, le livre à la main.
07:25 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
21/01/2016
Folie
Il a vécu et s’en est allé…
Il n’avait pas envie de partir
Mais son âge l’imposait…
Alors une dernière fois
Il regarda le vide
Se combla de nos visages
Et sauta par-dessus le bastingage…
Emporté par la houle
Pris dans le tourbillon
Des marées et des oscillations
Il fut entraîné au loin
Puis se laissa glisser
Dans l’onde chatoyante
Avec un dernier signe de la main…
Ce n’était pas une fin
Juste une dernière danse
Un pied de nez aux spectres
Qui peuplent l’orange bleue…
Maintenant, dans l’écume cosmique
Erre son image tremblante
Celle d’un petit d’homme
Qui but tout l’océan
Pour y trouver la clef
Ouvrant à l’éternité…
© Loup Francart
07:31 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
20/01/2016
L'émotion esthétique et l'étonnement
Au-delà de la réflexion rationnelle, indispensable certes à un épanouissement sociétal, nous posons-nous la question d’un enrichissement personnel plus profond, de ce qui nous émeut parce que cela nous transforme ? Cherchons-nous en nous-mêmes quels sont les grands évènements qui ont profondément transformés notre vie et nous ont conduit à prendre conscience que celle-ci ne peut être en permanence tournée vers l’extérieur de nous-mêmes ? Qu’avons-nous ressenti à ces moments qui nous poussent à les revivre et les approfondir, même si nous ne les comprenons pas clairement ?
Alors, l’étonnement nous surprend. Il s’agit d’approfondir cette capacité proprement humaine de s’étonner, c’est-à-dire de s’émerveiller et d’admirer. Comment s’étonner de ce qui est banal ? Comment rester en état d’étonnement plutôt que d’accepter sans compréhension intime ce qui est ?
L’étonnement vise à une contemplation désintéressée du monde et nous conduit à nous re-présenter le monde en permanence. Là, le point de vue de chacun sur le sujet peut servir à l’enrichissement de tous.
07:35 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : impression, sensation, sentiment, appréhension du monde, accomplissement personnel | Imprimer
19/01/2016
Eclairçie
Pourquoi éclaircie ? Une ouverture sur l'infini, certes parcellaire, mais si encourageante.Sur l'obscurité, des ouvertures de lumière qui donnent au monde un autre aspect. On ne sait ce qu'il y a derrière, mais c'est un encouragement pour tous ceux qui cherchent l'au-delà.
Le dessin est fait à partir d'une grille dont chaque élément est ensuite incliné.
07:38 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, art optique, peinture | Imprimer
18/01/2016
La fin de l'histoire (11)
Le lendemain, il prit l’avion pour l’aéroport Charles de Gaulle. Au cours de son voyage, il réfléchit à ce qui l’attendait. Il pensa à cette fin de l’histoire qui avait été imposée par le gouvernement mondial. En un instant d’illumination, il comprit que sa vocation était de faire repartir l’histoire, non pas celle des idéologies et des luttes entre peuples, mais l’histoire personnelle de chaque être humain. « Nous avons perdu notre libre arbitre. Oui, j’existe en tant qu’être social, mais je n’avais plus jusqu’à peu de moi personnel. Je ne savais même pas qu’il est possible de penser par soi-même, de s’interroger sur ce que je veux réellement faire. Ne plus subir ce que la société veut que chacun d’entre nous fassions ! Mais comment ? »
Arrivé sur place après un vol sans histoire, il eut du mal à rester concentré. Les sollicitations étaient importantes et l’attention demandait des efforts surhumains. Plusieurs fois il ressentit des picotements à hauteur de son indicateur, signe certain qu’il n’allait pas tarder à s’allumer. Il se forçait alors à replonger en lui-même, à reprendre le contrôle de sa pensée et à faire le vide en soi. Il put arriver jusque chez lui sans que rien ne transparaisse.
La nuit suivante, il chercha comment éveiller la curiosité de ses contemporains. Il ne pouvait bien sûr leur parler ouvertement, ni même faire certaines allusions à la liberté individuelle. La personne en tant qu’être humain autonome et unique ne semblait plus exister. Elle peut continuer à être raisonnable, mais à condition qu’elle soit sociable et même sociale. La sociabilité commande à la raison et non l’inverse. Encore heureux que les livres ne soient pas interdits. Le gouvernement s’était interrogé sur le rapport entre la raison et la sociabilité et certains experts avaient prédit qu’une raison insuffisante conduirait à une révolte probable, l’idéal étant une égalité entre la raison et la sociabilité. La composition chimique des pilules à prendre chaque matin avait été un mélange savant de produits permettant d’atteindre cette égalité. Et cela marchait ! Il y avait bien sûr des cas où l’égalité n’était pas respectée. Cela dépendait principalement de la personnalité de l’enfant à sa naissance, car on pensait qu’ils avaient déjà une personnalité qui tenait aux gènes de leurs parents. Dans certains cas, on devait les tenir éloignés du réseau social, sans toutefois le dire ouvertement. On les appelait les déviants. Personne ne leur parlait ou même les regardait dans la rue. Ils étaient libres en apparence, mais la société les rejetait ouvertement. Ils étaient accusés de tous les maux qui pouvaient survenir malgré tout dans une société policée : un incident dû à un cataclysme naturel, un accident dans une usine suite à une rupture de pièces et même un coup de folie pour un individu suite à un défaut de dose injecté dans l’indicateur. Ils n’en étaient en fait nullement responsables, mais la vindicte populaire se reportait sur eux qui ne pouvaient s’exprimer faute de moyens de communication mis à leur disposition, ces derniers étant réservés au personnel politique qui en usaient sans partage. D’ailleurs la plupart des personnels qui avaient accès aux bibliothèques n’écoutaient plus les médias, lassés tant par le discours de fond que par la forme n’utilisant qu’un nombre restreint de mots répétés en boucle. Le réseau Internet était lui-même étroitement surveillé par la police politique, autrefois importante et de plus en plus réduite par la docilité de la population. Certes, les bibliothèques étaient sous surveillance. On obligeait les lecteurs à disposer d’une carte d’inscription et les livres prêtés étaient notés si bien que l’on savait précisément les sujets intéressants untel ou untel. Cela permettait de plus de répondre à leurs besoins en consommation grâce à l'addition des deux bases de données intérêts intellectuels et besoins matériels. Nicéphore avait souvent consulté des livres tout en prenant garde de ne marquer trop d’intérêt pour les sujets qui l’intéressaient.
Ah, mais voilà l’idée que je cherche ! Entrer en contact avec d’autres lecteurs. J’y trouverai peut-être quelqu’un qui s’intéressera à ce que j’ai découvert. Mais attention, il y a des membres de la police politique, la fameuse dP (dedicated police ou police dédiée), qui parfois se mêlent aux simples citoyens pour savoir ce qui se passe. Il est vrai que cela a lieu de moins en moins souvent en raison de l’efficacité de la pilule. Oui, c’est une bonne idée, car il n’y a que parmi ces gens-là que je pourrai trouver des gens dissimulés et sincères. Attention cependant. Chercher dans les livres ésotériques ou scientifiques, pour voir qui s’y trouve, mais ne jamais en emprunter !
07:25 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
17/01/2016
Derrière
Là, dans ma carapace, isolé
Je me revêts d’innocence
Et me gonfle d’absence…
Devenu univers
Par le trou de la serrure
Je me vois, si petit !
Entre en toi…
Retourne l’enveloppe de chair
Pour faire apparaître
Ton envers derrière l’endroit…
Il n’y a rien, oublie-toi
Et tu vogueras, allégé !
Dans ce puits transparent
Tu plonges dans la nuit…
Dissoute dans le plasma
Ton absence devient présence
Jusqu’à ne plus distinguer
Si tu es dehors ou dedans
Extérieur et intérieur…
Confusion des sensations…
Y a-t-il vraiment une différence
Entre ce que vous pensez
Et ce que vous vivez
Dans ces tressaillements incessants
Contorsion de l’esprit…
Vous empruntez les tuyaux
De l’incertitude et de l’ignorance
Pour atteindre votre être réel
Celui que nul ne connaît
Ce trou d’air qui vous taraude
Alors vous vivez pleinement
Dans ce gaz léger et hilarant
Qui vous entraîne loin de vous
Sur les pistes blanches
Au bord du précipice
Partir, oui
Mais en soi…
Quel saut périlleux
Et quelle délivrance !
Es-tu encore là ?
L’absence devient présence…
Tu t’enflammes
Ton innocence dévoilée
Découvre le cosmos…
Je… suis…
© Loup Francart
07:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
16/01/2016
Khaled Dawa, sculpteur
Khaled Dawa est sculpteur et syrien d’origine. Il vit maintenant à Marseille après avoir fui les geôles de son pays. Il travaille pour faire connaître le peuple syrien, sa dignité et ses malheurs. Ses sculptures sont des hommes malades dans leur corps compressé, enfermé derrière des barreaux. Il travaille la glaise et ses sculptures sont à l’image des Syriens : fragiles, friables, malléables, mais toujours vivants. La beauté de ses sculptures tient aux attitudes de ces personnages dont la position recèle les états d’âme.
07:13 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sculpture, syrie, artiste, exil, glaise | Imprimer
15/01/2016
La mélodie, de Francesco Tristano et Carl Craig
https://www.youtube.com/watch?v=ZFHD9QpQDFA
Peut-on parler de mélodie? J’en doute. Mais cela n’empêche pas cette pièce d’avoir de la beauté. Elle commence comme une complainte ou une berceuse, puis se noie dans le rythme qui très vite se complique, se complète entre le piano et l’électronique. Rencontre de deux musiciens de formation totalement différente ; un pianiste classique, Francesco Tristano, et un branché de la techno aux machines analogiques, Carl Craig. Impressionnant !
Voici une autre version de La Mélodie, plus électronique, dans laquelle le piano est plus en sourdine, mystérieux, d’un charme différent, mais tout aussi sensuel.
https://www.youtube.com/watch?v=xKYAelOzf8s
07:36 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique, musique techno, jazz, funk, soul | Imprimer
14/01/2016
La fin de l'histoire (10)
Le lendemain, quatrième jour de méditation, il commença sa journée par un jogging, puis se rendit à la source dont lui avait parlé Mohammed. Ce n’était qu’un vulgaire trou dans lequel croupissait une eau presque saumâtre. Mais lorsqu’il la toucha, elle devint transparente après que les ondes émises par la pénétration de ses doigts se soient effacées. Une mince couche d’eau claire s’ouvrait devant lui. Il se pencha et but. Dieu, cela n’avait rien à voir avec l’eau chaude des gourdes en peau de chèvre, se dit-il. Dorénavant je viendrai tous les jours me rafraichir. Revenu dans la grotte, il s’assit et commença sa méditation. Silence… Vide… Respiration… Il s’enfonça vite en lui-même, creusant son être ou, peut-être, l’allégeant en lui donnant de la transparence. D’abord le noir absolu. Puis une vague lueur transparaît entre les deux yeux. Peu à peu ses paupières se soulèvent, dévoilant une brume blanchâtre et tremblante. Ne pas réagir, attendre, sans volonté. Progressivement, il médita les yeux ouverts, sans voir ce qui l’entourait, perdu dans ce moi qui n’existait plus. Plus une pensée, plus une sensation, plus une émotion. Le soleil vint frapper son visage. Il avait tourné et pénétrait maintenant à l’intérieur de la grotte. Il eut l’impression de se réveiller. Il n’ouvrit pas les yeux puisqu’ils étaient déjà ouverts, mais il reprit conscience. Nettoyé. Oui, il était nettoyé, léger, sans retour permanent à ce moi qui l’obsédait auparavant. Il sut que son indicateur n’était pas allumé et qu’il ne s’allumerait pas tant qu’il serait dans cet état. Attention ! Se rappeler à soi-même pour ne pas se confondre avec le monde ! Mais ne jamais s’imaginer détaché de ce monde et différent. Quel équilibre paradoxale mais combien enrichissant !
Il sut qu’il avait gagné, sans plus. Il ne s’en réjouit pas. Il en fit le constat et se dit qu’il était temps de retourner à la civilisation. Mohamed allait arriver, il rangea son campement, fit son sac et attendit. L’attente ne lui pesait plus. Il était libre, sans désir personnel, exsudant une lumière invisible qui transparaissait dans ses yeux. Enfin Mohamed arriva.
– Salam Aleikoum !
– Aleikoum Salam, lui répondit Nicéphore.
Ils reprirent la route de Tombouctou. Ils s’arrêtèrent à l’heure de la prière, Mohamed fit ablutions et prosternations, Nicéphore entretint sa clarté posément. Puis ils repartirent pour arriver en fin de soirée dans la ville. Sans cesse, Nicéphore contemplait à la fois l’extérieur et l’intérieur, le monde et son monde qui n’était rien, mais qui avait tant de ressources. Il prit une chambre dans un petit hôtel minable, commanda un repas frugal, puis s’endormit rapidement, sans pensée. Le vrai combat commençait.
07:28 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
13/01/2016
Années
Tu attendais impatiemment ton jour
Celui, surprise, qui te prenait une année
Tu grandissais si vite ce jour-là
Que tu te situais au sommet de l’humanité
Perché sur une montagne d’années
En équilibre instable, miraculeusement
Défait d’une pesanteur insatiable
Le lendemain redevenait plat et lisse
Tel une tête de chauve un jour de grand vent
Mais ce jour-là, fier de tes années
Sur la pointe de tes petits pieds
Tu contemplais le monde avec ardeur
Partant à la conquête d’une vie future
Puis, les années passèrent, modestes
Enveloppées de souvenirs
Ils s’accumulaient tendrement
Derrière le masque reconductible
D’anniversaires et de paquets
Emmaillotés de papier doré
Il en était de même au premier jour
D’une année nouvelle, séduisante
Parce qu’inexplorée et méconnue
Progressivement le rêve devenait réalité
Il s’épanchait en volutes frivoles
Conduisait à des impasses illuminées
Par les illusions si longtemps retenues
Et par les succès passés au cirage
Aujourd’hui, chaque jour est le premier
Ou peut-être le dernier
Le premier d’une vie encore vivante
Le dernier d’une vie sans avenir
Où l’on s’enfonce benoîtement
Comme dans un édredon de plumes
© Loup Francart
07:58 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
12/01/2016
Illusion
Depuis longtemps me trottait dans la tête l’idée d’un tableau en trois dimensions. L’idée née ne fait pas la réalisation. Celle-ci fut plus longue à murir. Il fallut construire le dessin, c’est-à-dire les formes constituées de baguettes qui se colleraient sur le fond du tableau, une plaque d’aggloméré et les contrastes de noir et blanc fabriquant des trompe-l’œil, tantôt cachant la baguette en la confondant avec le fond, tantôt donnant de fausses formes noires au fond blanc.
Une fois réalisé sur ordinateur, le dessin est imprimé et l’ensemble des cotes est reporté sur le papier de façon à pouvoir ensuite le redessiner sur l’aggloméré, ce qui donne cela :
Enfin, le dessin reporté sur le support d’aggloméré, il fallut coller les baguettes de manière parfaitement parallèle, puis enduire d’apprêt composé d’un gesso blanc. Je me rendis compte que les formes pouvaient se différencier par le noir et le blanc qui pouvaient être peints sur la tranche ou sur l’ensemble de la baguette donnant ainsi une plus grande profondeur. Ce fut un travail délicat que d'enduire de noir les côtés des baguettes sans déborder sur le fond du tableau. La prochaine fois, je peindrai la baguette avant de la coller. Ce sera plus simple.
Enfin, le tableau est fini. C’est une vague de bonheur qui m’assaille comme à chaque fois. Mais là, sans doute un peu plus, car ce fut long et difficile.
Le tableau se voit de manière différente lorsqu’on passe devant en raison des tranches des baguettes peintes ou non de la même manière que la surface directement visible vue en face :
07:14 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, art cinétique, optique art, 3d, noir et blanc, illusion | Imprimer
11/01/2016
Transplantation (2)
Votre assistante est revenue pour vous prêter main-forte (oui, on va voir que c’est nécessaire). À deux, vous poussez, puis tirer, fortement, par petites secousses, sur les branches basses, de façon à laisser les dernières racines se déterrer d’elles-mêmes. Vous transpirez. Vous ne vous doutiez pas que l’arbuste se défendrait et qu’il tenterait de rester à sa place. Même à moitié couché, il ne veut pas céder. Vous le relevez, lui faites faire la même gymnastique de l’autre côté, puis vers les quatre points cardinaux, méthodiquement, sans grand succès. Il faut redonner quelques coups de bêche, recouper une ou deux racines qui s’accrochent à cette terre sèche et aride, puis incliner à nouveau dans tous les sens ce mastodonte de branches et de feuilles, qui gémit et cède, enfin, d’un cri bref. L’arbuste couché, vous mesurez sa taille et surtout le poids de sa gangue de terre. Il est intransportable. Trop lourd ! À deux, vous donnez de petits coups sur la gangue de terre entourant ses racines. Celle-ci laisse tomber de la poussière fine qui s’étale à vos pieds comme l’or des Incas. Mais elle est toujours trop lourde. Vous allez chercher la brouette, vous la couchez le long des racines et vous demandez à votre assistante de la relever en même temps que le corps de l’arbuste dont vous saisissez les branches. Mais ce demi-cadavre a pris une rigidité qui ne vous facilite pas le travail. Oui, vous arrivez bien à redresser son haut, mais son buste et ses jambes restent résolument fixés à terre, la brouette fuyant devant cet obstacle incontournable. Il vous faudra plusieurs essais, plaçant la brouette sous des angles différents, pour hisser le mastodonte dans la cuvette de votre moyen de locomotion. Allez, encore un petit effort. Il faut maintenant le porter jusqu’au nouveau trou, situé à soixante pas de là. Ce n’est pas sans mal que vous arrivez à le trainer, le ventre accroché à l’engin, les bras trainant par terre comme un soldat vaincu emmené dans une ambulance.
Vous y êtes. Dernier épisode, le plus crucial. Toute attention concentrée, vous examinez comment vous allez l’installer dans son trou. D’abord, déverser un demi-arrosoir, écarter les outils risquant de tomber dans ce reposoir, pencher la brouette jusqu’à l’incliner complètement. Le cul-de-jatte tombe pesamment et reste sur place, inerte comme un mort. Encore un peu de courage. Il faut le redresser. À deux ce doit être faisable sans trop de difficulté. Eh bien, non ! Certes, vous redressez ses bras vers le ciel ; mais comment déplacer l’ensemble pour le mettre dans le trou ? Vous jouez les hercules en l’empoignant contre votre ventre, comme une lourde femme que vous voudriez monter sur un lit, et, ahanant, soufflant, pestant, vous le laissez tomber dans le trou, en vous éclaboussant de boue. Bel effort, approuvé par l’assistante ! Certes, il penche, il a un air malheureux et laisse ses bras gauches trainer au sol. Mais maintenant qu’il est calé, il devient plus aisé à manœuvrer et vous le redressez sans trop de peine. Vous glissez de la terre sous son pied gauche, une terre grasse et élastique qui lui fait un édredon dans lequel il s’appesantit. Vous comblez les lèvres du trou d’un mélange de la terre prise dans l’ancien trou et de feuilles décomposées : un beau matelas lui permettant de reposer tranquillement jusqu’à ce qu’il reprenne racine et s’ancre réellement dans cette nouvelle place. Ah, oui, il penche un peu. Vous trouvez une petite fourche de bois que vous glissez à hauteur de ses hanches et qui le maintient droit. Vous comblez à nouveau avec un peu de terre. Un coup de râteau… Miracle, votre trésor est installé comme un bébé dans son berceau et il ne pleure pas. Main dans la main avec votre assistante, pardon, votre collègue, vous contemplez votre œuvre en souriant et ces deux sourires illuminent le jardin sur lequel un rayon de soleil perce à cet instant. Fini. Quel enchantement !
07:14 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jardinage, plantation, vert, effort | Imprimer
10/01/2016
Transplantation (1)
Vous est-il déjà arrivé de transplanter un arbuste ? Cela fait longtemps que vous le contemplez là où il se trouve, à une place qui ne vous convient pas parce qu’il vous cache une partie du jardin. Chaque fois que vous vous trouvez là où vous êtes actuellement, vous vous dites qu’il est temps de le déplacer. Oh, il ne s’agit pas de lui donner la mort, mais une simple transplantation devrait suffire à vous rendre heureux sans le rendre malheureux.
Cette fois, ça y est. Transplantation, quoiqu’il arrive ! Vous avez convaincu votre tendre moitié de vous assister, vous avez préparé vos instruments bien rangés à quelques mètres de l’arbuste, du plus petit au plus grand : sécateur, coupe-racines, bêche, pelle, râteau, arrosoir, brouette. Vous avez revêtu votre habit de lumière : bottes, pantalon sale, vieux pull et veste sans manche (il faut être à l’aise !). Votre assistante est là pour vous conseiller, vous tendre les outils lors de l’opération, vous aider à porter le corps inanimé pour l’installer dans un nouveau trou, large, préparé préalablement. Alors, vous commencez par celui-ci. Vous avez soigneusement réfléchi au lieu de repos et de reprise de la croissance de votre arbuste. Il cachera la remise à bois et ses feuilles dorées, petites et tressautantes, seront du plus bel effet pour faire penser à un coin de jardin inconnu. L’assistante est partie préparer le déjeuner, elle reviendra lorsqu’il s’agira de sortir du trou d’extraction la souche.
Il a beaucoup plu ces temps-ci, ce devrait être relativement aisé de creuser un réceptacle de bonne taille. Effectivement, les dix premiers centimètres sont faciles à retirer et à entasser à une cinquantaine de centimètres de l’orifice. Mais surprise, la terre devient sèche, poussiéreuse, parsemée de cailloux encastrés et pleinement de racines. Oui, c’est vrai, c’est un peu près du cèdre du Liban, mais c’est là que vous voulez le mettre ! Heureusement, vous disposez de votre bistouri, pardon, de votre sécateur, et vous coupez ces tendons fermes qui gênent votre bêche. Vous vous mettez à quatre pattes, les genoux dans une terre saumâtre, car vous avez dû déverser un arrosoir dans le trou pour vous permettre de creuser plus profondément. Ça y est, vous pouvez poursuivre, vous retirez la boue qui s’étale sans vergogne sur votre tas de terre, s’épanchant en rigoles qui transforment votre monticule en un mollusque informe que vous aurez du mal à réintroduire dans le trou après réception de l’arbuste. Tout est prêt. Encore un demi-arrosoir au fond du trou, deux balayages de bêche sur l’herbe tendre pour retirer les souillures d’un mélange de terre et d’eau. Vous rassemblez vos instruments dans la brouette et vous vous dirigez vers l’arbuste pour commencer son déracinement.
Hum ! C’est plus qu’un arbuste. Un seul corps de racines, mais cinq ou six troncs de quelques centimètres de diamètre qui lui donne un volume important : des jambes courtes sur un ventre proéminent, mais des bras démesurés poussant haut dans toutes les directions. Pas facile d’introduite une bêche sous ces vêtements pour atteindre des dessous difficilement accessibles. Mais il le faut bien. Alors vous vous insinuer entre deux branchages, glissez votre outil à trente centimètres de son entre-radicule et vous commencez à tracer une circonférence convenable qui vous permettra, une fois creusée, d’extraire le maximum de racines avec l’arbuste. Vous devez parfois utiliser votre sécateur pour couper une racine plus forte que les autres. Vous demandez pardon à votre plante et lui expliquez que cela repoussera. Une bonne nouvelle ! Vous constatez que tous ces membres inférieurs n’entrent pas profondément en terre. Ils rayonnent autour de ses hanches à l’horizontale, ne disposant que de quelques radicelles qui tentent de pénétrer plus en profondeur. Il vous est donc facile de découper sobrement un cône inversé pour pouvoir extraire le patient.
07:10 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jardinage, plantation, vert, effort | Imprimer
09/01/2016
Haïku
La lune plate
Embrase le lit...
Mort subite
07:17 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer