17/09/2015
Hôpital
Un hôpital a de grands yeux
Qui s’ouvrent sur la folie des infirmes,
De ceux pour qui le monde n’a pas d’odeur,
De ceux pour qui le monde est un trou noir,
De ceux pour qui les bruits restent secrets.
C’est une plaie béante sur la pauvreté,
Non de l’argent mais des humains déprimés.
Des flacons, des odeurs, des couleurs
Y vivent en harmonie
Pour complaire au malheur.
Du haut des plafonds
Arrive l’écho des plaintes
De douleur ou d’orgueil.
Il s’y imbibe en cercles ronds
Qui s’élargissent en ondes
Et se contredisent en préséance.
Seul le muet ne peut rien dire,
Mais ses convulsions montrent bien
Qu’il veut défendre son droit.
La douleur reste indifférente
A qui la côtoie chaque jour.
J’ai vu des hommes
Rire de la forme d’une blessure,
D’autres pincer pour entendre crier.
Seul reste, avec sa tristesse,
Le pinson suspendu dans sa cage,
A l’entrée de l’hôpital.
© Loup Francart
07:47 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
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16/09/2015
Campus Stellae, chants sacrés du XIIème siècle
https://www.youtube.com/watch?v=EX3-K-YPzu8
Apparition de la polyphonie. Elle est bien sûr différente de celle qui suivra, mais elle a sa beauté.
Tout d’abord pour les premiers chants vous entendez une seconde voix monotone, sur la même note, puis sur deux notes et parfois plus. Les Byzantins appelaient cet note d’accompagnement l’ison qui a pu naître soit d’un instinct harmonique primitif, soit simplement du besoin utilitaire de maintenir le ton. Cette teneur est le plus souvent la même note que la finale.
Puis le début d’une vraie polyphonie avec l’organum latin parallèle qui date de l’apparition de l’orgue importé de Byzance en Occident. Cette hétérophonie suit la mélodie principale en intervalles « parfaits », octave, quinte, quarte, note contre note.
Vint ensuite le déchant à partir du XIème siècle où la voix organale se chante plus haut que la voix principale. Apparaissent des éléments de contrepoint jusqu’à l’organum mélismatique ou à vocalises.
Un magnifique disque de l'ensemble Discantus dirigé par Brigitte Lesne.
07:34 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chant médiéval, polyphonie, organum, déchant, ison |
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15/09/2015
Illusion 1
Le son résonne entre ces surfaces désunies. Il monte de toutes parts et emplit les oreilles de sons inaudibles. Ce sont les yeux qui les entendent. Ce sont les doigts qui les caressent.
Un silence impressionnant qui danse sans que l’on sache d’où il vient.
Ce dessin peut être tiré sur plexiglas au format 50 x 50 cm ou 60 x 60 cm.

07:36 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, optique art, illusion d'optique |
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14/09/2015
Le fond de l’être
Deux jours, deux jours que je vis à la superficie de moi-même. Je racle les parois de la bulle sans jamais me promener dans l’azur de la seule réalité, le Soi. Le paysage est rugueux, fait d’événements parcellaires, de rires et d’inquiétudes, de rencontres et de ruptures. Rien de suivi dans ces deux jours. La succession devient la norme, je suis sans continuité.
Mais au fond de moi, auquel je n’ai plus accès, je sens la rébellion gagner. C’est une grosse vague que j’entends et qui va tout recouvrir. Que restera-t-il après son passage ? Je ne sais. Pour l’instant je fais le gros dos et préfère ne rien savoir, ne rien penser, n’être que sensations et émotions. Au-delà, une mousse trouble de pensées éparses qui constituent une soupe impénétrable. Une odeur, puis un bruit, puis le toucher frais d’un rêve… Rien de tout cela ne permet d’avancer. C’est une stagnation de l’être, une dissolution du moi dont on ne comprend le mécanisme que lorsqu’il est déjà enclenché. Comme il est difficile de s’en défaire. Je suis comme une bulle d’air enfermée dans une bouteille. Elle courre à la surface contre le verre, séparé par cette attraction du plus léger et désormais rien ne la fera redescendre dans le liquide bouillonnant de la vie réelle, dans cette douceur impensable de l’absence de moi-même. Qu’il est loin ce fond de l’être qui borde le moi et devient le soi.
Alors plonge en toi-même, rassemble tes forces pour te concentrer sur cette descente, prend une apnée, insuffle-toi l’absence pour vivre la présence !
04:38 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moi, soi, absence, numineux, superficialité |
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12/09/2015
Trou noir
Il enserre dans ses griffes l’espace
Il le chiffonne de ses soubresauts
Et crée des perturbations incontrôlées
Le puits s’ouvre dans la courbure
Il tombe selon sa densité
Et se referme sur lui-même
Plus rien n’en sort
Même pas une parole divine
Le mystère reste entier
Où donc est passé le temps ?
Ce trou dans l’espace est-il
Creusé par le doigt de Dieu
Dans une motte de beurre ?
Même la matière a disparu
Plus rien n’est apparent
Et cet invisible est pourtant
Aussi surement que je suis
Immatériel, dans un corps matériel
© Loup Francart
07:45 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
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11/09/2015
La beauté
Pourquoi sommes-nous attirés par l’immensité du cosmos et dans ce cosmos par le vide qui semble exister ? La beauté serait-elle culminante par l’absence de forme ? Le rien est-il l’amalgame du tout hors de l’espace, du temps et de la matière ? Le rien nous attirerait parce qu’il est la rencontre du tout en un point qui devient l’infini.
Quelle pensée vertigineuse : la rencontre des contraires en un point inimaginable. Peut-être est-ce cela la beauté ? Indéfinissable, elle émerge par intuition et n’est pas démontrable. Mais elle est plus que vraie. Elle surgit de la vérité et en dérive.
Affine ton esprit et laisse aller ton intuition. Tu découvriras la beauté de l’infini, aussi beau qu’un minuscule point de matière en un lieu de l’espace à un moment donné.
07:23 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : beauté, vérité, infini, fini, cosmos |
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09/09/2015
Haïku
Matin, bleu divin
Voler entre les poubelles
Arriver, béat
haïku est une forme japonaise de poésie permettant de noter les émotions, le moment qui passe et qui émerveille ou qui étonne.
C'est une forme très concise, dix-sept syllabes en trois vers (5-7-5).
(http://www.tempslibres.org/tl/fr/theo/mode01.html)
08:21 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poési, écritur, poèm, littérature |
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08/09/2015
Trouble 2
A nouveau, il est peint et il conserve son trouble : des points et lignes blanches apparaissent entre les signes noirs et reviennent aussitôt les points et lignes blanches en surimpression sur le blanc.
Reprenez le tableau du 8 avril 2015. Ce n’est pas le même en couleurs inversés, mais celui-ci procède de la même construction. Et comme lui, il représente les signes de l’invisible derrière le visible.
Les points existent sans exister. Ils ne sont pas visibles et pourtant on les voit.

Acrylique sur toile
1m x 1m
septembre 2015
07:07 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, optique art, peinture, dessin |
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07/09/2015
Exposition d'art cinétique
Une nouvelle exposition :

07:39 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétiaue, optique art, peinture |
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06/09/2015
Le nombre manquant (récit insolite 13)
Trois heures du matin. Un coup de fil me réveilla. C’était Vincent.
– Ils ont recommencé, m’annonça-t-il.
– De quoi me parles-tu ?
– Les pirates. Ils sont à nouveau entrés dans notre base malgré toutes précautions prises.
– Comment le sais-tu ?
– A nouveau, le terme zéro est devenu orez. Dans tous les documents et pas seulement dans un des ordinateurs du réseau. Ce qui signifie qu’ils connaissent notre système de sauvegarde et qu’ils peuvent modifier nos fichiers sans aucune difficulté.
– Ce que je ne comprends pas, c’est le pourquoi de ce changement de nom. Es-tu sûr qu’il n’y a pas d’autres modifications ?
– Absolument sûr ! J’ai passé ma soirée à vérifier avec le comparateur. Je n’ai vu que cette différence.
– C’est peut-être un message que l’on cherche à nous faire passer.
– Peut-être. Mais il est bien incompréhensible. Cela peut aussi être l’œuvre d’un mauvais plaisant qui cherche à nous prouver son habileté. Enfin, et ce serait plus inquiétant, ce peut-être une affaire beaucoup plus sérieuse. Un espionnage qui laisse intentionnellement une trace pour voir nos réactions et anticiper. Ceci pourrait alors être l’œuvre soit d’un niveau étatique, soit du niveau d’une organisation inconnue qui cherche quelque chose, mais quoi ?
– Si c’est cela, nous sommes mal partis, constatai-je. Que comptes-tu faire ?
– Pour l’instant je ne sais. Mais nous devons en discuter, donc nous réunir très rapidement et nous poser la question de l’action à mener.
– Cela me semble logique. On se réunit aujourd’hui ?
– Oui, cet après-midi, à quatorze heures. Tu peux ?
– Oui, aucun problème. Alors, à cet après-midi.
Notre petit groupe se réunit après le déjeuner : analyse, hypothèses, recherche de solutions. Mais peu de choses en sortie. Il fallait en savoir plus sur les intentions de l’auteur du piratage et rien pour l’instant ne nous avait mis sur la voie.
– Tendons-leur un piège, dit tout à coup Mathias. S’ils tombent dedans nous saurons qui ils sont et ce qu’ils veulent.
– Excellente idée, mais quel piège et comment les attirer ? répliqua Vincent.
– La première des choses est de savoir ce qui les intéresse dans nos recherches, dit Claire. Est-ce l’aspect scientifique, la numérologie et la cosmologie ? Est-ce l’aspect métaphysique, les notions d’infini vues par les philosophes ? Est-ce l’aspect ésotérique, les confusions possibles entre le zéro, le néant, l’infini et le tout ? Pourquoi ne pas mettre dans un nos textes récents une allusion à une découverte fondamentale dont on ne mettra que quelques bribes qui attireront les pirates et nous révèleront leurs motivations.
– Qu’est-ce que vous proposez concrètement, demanda Vincent, toujours avec une pointe d’ironie vis-à-vis de l’intruse, comme il l’appelait lorsqu’elle était absente.
– Pourquoi tout d’abord ne pas tenter de savoir s’ils sont intéressés par l’argent, le pouvoir ou la renommée, dit Mathias, avant de savoir quel est le sujet de leur recherche.
– L’idée de Claire me semble excellente, dis-je. Que vaut-il mieux ? Rechercher le sujet ou le mobile. C’est à étudier. Il faut maintenant que chacun réfléchisse à la manière d’attirer nos faussaires. Coupons à nouveau notre base du réseau et mettons-nous au travail. Rendez-vous dans deux jours chacun avec une proposition acceptable. Nous choisirons ce qui nous semble le meilleur.
L’ensemble des participants acquiescèrent. Vincent fit cependant remarquer que mettre à l’abri la base de données donnerait une indication claire aux pirates. Nous savons que nous avons été piratés et nous nous posons la question de savoir ce que nous devons faire. Peut-être valait-il mieux faire comme si nous ne nous étions aperçus de rien et chercher la parade sans donner l’alerte.
– Je pense qu’il a raison, dit Mathias. Evitons de nous servir de la base et ne nous contactons pas pendant quelques jours en faisant semblant d’être très occupés à autre chose.
Sur ces recommandations, la séance fut levée.
07:37 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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05/09/2015
Attente
Ne rien chercher ! Ne pas penser !
C’est ainsi que viennent les idées
Quelle drôle de façon de trouver.
Y a-t-il des possibilités d’avancer ?
Laisse travailler en roue libre.
Ne te perd pas en recherche fébrile.
Retrouve un propice équilibre
Et soupèse arme et calibre.
L’idée vient lorsqu’elle est prête.
Elle dévoile sa fumée joliette
Et signale sa venue dans l’oreillette.
De pique-assiette, elle devient rondouillette.
Alors détend-toi, le regard à l’horizon.
Peux-tu te croire ainsi en prison ?
Rien. Ne pense à rien. Pas de trahison.
Juste : attend la prochaine lunaison.
Tout viendra sans peine ni reproche.
Nul besoin d’engeance ou de taloches,
Tout se passe dans la caboche.
Et quel bonheur que cette approche !
© Loup Francart
07:57 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
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04/09/2015
Mémoires d’un rebouteux breton, écrites par Catherine Ecole-Boivin
Personnalité émotive, réfléchie, sous une allure en retrait, sérieuse et un tempérament en ébullition, il était considéré durant son enfance comme un garçon agité, nerveux et remuant. Il possède cependant une disposition phénoménale pour le calcul. Le calcul mental, les mathématiques, sont, avec ce que nous ne calculons pas, l’infini de l’homme, sa géométrie.
Portrait, biographie, histoire et mémoire d’un rebouteux. C’est un livre
d’impressions, de sensations, plus que de sentiments ou d’idées. On sent la main qui ausculte, qui palpe, qui caresse, qui remet à leur place tendons, muscles, articulations, avec douceur. (…), lui, guérit avec ses mains. Il se sert de l’imperceptible, de l’invisible qui produit le sensible, mais aussi la logique du corps. La vie en lui bouillonne à flots, encore aujourd’hui, cette énergie qui l’habite en continu. Etrange impression de force qui le tenaille depuis le départ. Il bouge constamment, il est comme toujours animé, électrique. Pour lui, le corps n’est pas une prison, ni un tombeau, le corps est le vivant de l’esprit. Les deux sont liés.
Et commence son histoire, l’histoire d’un petit garçon dont la passion est de regarder son père, rebouteux, masser et soigner dans ce monde paysan à mi-chemin entre la Bretagne et la Normandie, près du Mont Saint-Michel. Je suis un enfant, c’est-à-dire un être non pensant (…). Un être inapte aux souvenirs et à élaborer sa propre pensée, un invisible. Les gestes de mon père se répètent, il tourne les membres, les étire, les plie d’une certaine façon. Je remarque une pression, puis une autre. J’enregistre le mouvement. Les gens crient un peu, retiennent leur surprise, dans un vagissement venant des profondeurs. Le soulagement presque instantané de ceux qui sont passés entre ses mains leur redonne confiance. Pendant qu’il les raccommode, tous parlent avec leur soigneur, des semailles, des travaux à finir le lendemain, de leurs bêtes, de leurs affaires, des ventes et des locations de terre. Aussitôt rassérénés, ils repartent avec tellement de joie. Mon père n’en éprouve visiblement pas de fierté. Je suis fier à sa place.
Une vie rude, dure au départ, et, en permanence, la puissance du dedans qui soutient l’homme, le modèle, l’entraîne toujours plus avant dans la compréhension des corps. Notre métier de rebouteux n’a rien à voir avec le magnétisme, pas de fluide. (…) C’est l’usage qui fait la différence et le palper. Rebouteux, c’est un travail manuel, pas de la sorcellerie. Là on doit agir, on passe notre main et ça grésille sous le doigt, la tension de la douleur de l’autre, celui qui se croit abandonné par la chance, nous résonne dans les doigts. (…) Je vois avec les mains. Le vide qui existe entre nos mains et la peau du souffrant, on en fait quelque chose : « Après tout : le diplôme à celui qui guérit. »
Au fil des chapitres, on revit sa vie : garçon boucher, béret rouge, boxeur, maquignon, rebouteux enfin. On apprend sur les dons, don du zona, don du remaillage des articulations, don de réparation des corps-machines, toutes sortes de don, avec celui de la douceur physique et de la chaleur des mots.
Quatre-vingt-cinq ans. Une vie dans les mains, des milliers de patients rafistolés, et toujours l’espoir. La preuve : il se remarie une troisième fois à soixante-dix-neuf ans.
Merci à l’auteur qui nous fait entrer dans ce monde de notre enfance où les paysans avaient du bon sens et non du savoir.
07:48 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paysan, rebouteux, vis, société |
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03/09/2015
Le nombre manquant (récit insolite 12)
J’avais toujours été intrigué par l’aspect mystérieux de certains chiffres qui peuvent se transformer en lettres. Ainsi en est-il du chiffre Un et de la lettre Aleph, première lettre de l’alphabet hébreu. Je n’avais jamais eu le temps de creuser cette révélation d’un mariage entre chiffre et lettre. Voyant Claire prête à s’intéresser à toute sorte de sujets, je la priais de centrer ses recherches sur ce mystère.
Deux jours plus tard, lors de notre réunion hebdomadaire, elle fit part de sa découverte. Elle avait lu un article écrit par Rav Yits'hak Jessurun, du Centre d'Etudes Juives Ohel Torah, et en avait tiré des éléments intéressants.
– Il explique que la lettre "Aleph" ne se prononce pas. C'est une lettre muette. Une lettre sans sonorité ou expression orale. L'existence de cette lettre provient uniquement de son silence, de ce qu'elle permet à d'autres lettres de suivre et de ce qu'elle permet aux voyelles (qui dans la langue hébraïque ne sont pas proprement des lettres) de s'associer à elle. Alors, pourquoi une lettre muette ? Pourquoi la langue hébraïque conserve-t-elle un signe qui, en fin de compte, est une "non-lettre" ? Certes, bien d'autres langues connaissent ce phénomène, comme la langue française qui possède un "H" muet et un "E" muet. Mais là cette lettre est intentionnellement muette. L’ "Aleph" est un caractère de silence qui précède les autres lettres, celles de la parole.
– Tout ceci est sans aucun doute très intéressant, mais je ne vois pas ce que cela peut nous apporter dans nos recherches, dit Vincent, toujours très pragmatique.
– Si justement. Dès l’instant où l’Aleph représente le silence, c’est-à-dire l’absence de parole, on pourrait penser que le chiffre qu’elle représente est le Zéro. Or il n’en est rien. Elle représente le nombre Un. Aleph comme E’had (=Un). E’had, c’est l’Un, l’Unique et l’Unicité. Ne trouvez-vous pas extraordinaire qu’un mot qui ne se prononce pas soit assimilé au Un, c’est-à-dire au Tout mystique, voire à Dieu, Un et insaisissable ? L’Aleph est l'âme de l'alphabet hébreu et c'est elle qui anime cette langue en insufflant l'immanence divine à toutes ses lettres et à tous ses mots !
– Tout ceci me semble très embrouillé, dit Mathias. J’avoue que pour l’instant, cela ne m’apporte que des maux de tête. Comment une seule lettre, même la première, peut-elle résumer la philosophie de l’existence du monde et unir le Un et le Néant ?
– Je n’ai pas parlé du néant. Je n’ai parlé que du silence dans le bruit des mots, du contraste existant entre le son et l’absence de son, et, in fine, du rapprochement des contraires. N’est-ce pas ce dont vous m’avez parlé lors de mon initiation à vos recherches ?
– Vos dernières explications m’ouvrent de nouveaux horizons, dis-je, même si elles restent encore très obscures. J’avoue avoir été dubitatif dans vos premières explications, mais je pense qu’effectivement il y a là quelque chose à creuser. Bravo, Claire, vous avez montré votre perspicacité. Vous méritez réellement de faire partie de notre groupe. Je pense que nous pouvons vous laisser encore un peu de temps pour poursuivre les recherches sur cette énigme de l’alliance du Rien du Tout et de l’abime infranchissable entre le Un et le Zéro.
– Avez-vous lu la nouvelle de Georg Luis Borgès, l’Aleph ? Cette nouvelle me semble intéressante. Elle illustre la possibilité pour un humain de saisir, à travers un point de l’univers, sa totalité. Ce point, c’est l’Aleph, une lettre qui ne se prononce pas (c’est moi qui tire cette conclusion), parce que l’écrivain ne peut décrire ce qu’il a vu : « Ce que virent mes yeux fut simultané, ce que je transcrirai, successif, car c’est ainsi qu’est le langage ». Et que vit-il : « L’Aleph est le lieu où se trouvent, sans se confondre, tous les lieux de l’univers, vus de tous les angles. » En un regard, le Tout visible, la totalité du cosmos en un seul point.
– C’est effectivement une approche intéressante, mais j’avoue que pour l’instant je ne vois pas ce que nous pouvons en faire, dit Mathias.
– Avant de construire une vision d’ensemble, dit Claire, on construit des petits bouts de vérité qui constituent une première cohérence. Ce n’est qu’ensuite, que cette cohérence s’étend à plusieurs petits bouts, jusqu’au moment où tout cela fabrique un ensemble ou plutôt des ensembles ayant une cohérence globale inattaquable. Contentons-nous de cette première approche, et gardons-la en réserve, nous verrons bien ce que nous en ferons.
Les échanges dûment enregistrés par Vincent, furent mis dans la base de données et Claire déclara qu’elle poursuivait se recherches. Elle avait raison, il faut être patient. Mais elle énerva un peu mes deux compères. Elle semblait si sûre d’elle.
07:25 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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02/09/2015
Coup-de-fouet, roman de Bernard du Boucheron
Est-ce un roman ou une biographie, l’histoire d’un homme ou d’un affrontement entre deux hommes, le lieutenant et le piqueux, la fin d’une société qui n’a plus sa place dans le monde moderne ? C’est sans doute un peu tout et cela complique quelque peu la compréhension du livre.
L’auteur connaît bien le monde de la vénerie. Il s’en régale, la décrivant de
courtes phrases, rapides comme le galop du cheval favori du lieutenant Hugo de Waligny, Diamant Noir. On s’y parle courtoisement, mais avec sécheresse. C’est un peu forcé, mais c’est assez proche de la vérité. Un monde d’une autre époque, mais qui existe encore, comme un reflet dans une vitre. Le lieutenant ne brille que par exagération, dans sa manière de chasser, de monter, de parler aux femmes, d’affronter le peuple. C’est une caricature, mais cela existe.
L’auteur connaît moins bien le monde de la vraie l’équitation, sinon de manière mondaine. Le chapitre 10, compte-rendu de diverses courses montées par le vicomte, fait plus amateur que professionnel. C’était le monde des gentlemen riders d’autrefois. Depuis, ils sont devenus des quasi professionnels.
L’auteur parle de la guerre, mais une guerre à cheval, de la première année de la première guerre mondiale. Elle semble irréelle, comme un rêve qui passe dans l’affrontement titanesque entre le maître et le piqueux Jérôme Hardouin, dit Coup-de-Fouet. Ils se valent, se regardent et chacun veut en faire plus que l’autre. Cela se termine par un drame, le sacrifice d’un escadron de deux pelotons et la survie d’un seul, le capitaine de Waligny. Mais celui-ci est fou ou considéré comme tel.
La vie décline progressivement dans le corps de ce militaire dont la femme, la belle reine des amazones, rivalise avec lui d’échanges amères. Triste fin que celle de ce cavalier. Méritait-il celle-ci ?
C’est un beau livre, un peu pédant, un peu envoûtant à la manière du Grand Meaulnes, mais plus incisif et masculin. Dans toutes ces actions, on a du mal à s’y retrouver.
La vie s’en va, mais qu’est-elle ? On ne sait. C’est un théâtre auquel se confronte l’homme. La femme n’y est que décor, ce qui semble passé de mode.
07:20 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, littérature, vénerie, équitation, armée |
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01/09/2015
Pleine lune
Le rayon m’atteint l’œil…
Réveil et illumination !
Les astres sont bouleversés
Ou mon horloge interne
Fait preuve d’ivresse…
Regard au bras : deux heures…
Jour comme dans un four,
Je brûle d’un coup de lune…
L’esprit bouleversé, je m’étonne.
Est-ce le don de voir sans soleil ?
Comme l’ange, je courre
Dans l’herbe mouillée des prés
Et m’étonne de cette glisse
Dans les nuages de la nuit…
Ainsi le blanc de l’œil
Est seule partie visible
Des corps en perdition
Dans cette "ouateur" incertaine…
Avance aux yeux de l’éternité…
Et, envole-toi plus loin
Dans la chaleur du rien…
© Loup Francart
07:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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31/08/2015
La machine à écrire
https://www.youtube.com/watch?v=G4nX0Xrn-wo
Un peu d'humour avec un soliste encombrant !
07:26 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, orchestre, soliste, humour |
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30/08/2015
Le nombre manquant (récit insolite 11)
A notre première réunion, je parlai de cette jeune femme. Elle s’appelait Claire Pertuis. Je racontai notre double rencontre, ses explications et la justesse de ses arguments. Ils écoutèrent, hochèrent la tête et me laissèrent carte blanche.
– Mais, testes-la, me dirent-ils.
Je décidai de commencer par le test concernant ses capacités à intégrer notre groupe. J’en parlai à Mathias, qui était, lui, en charge de trouver un réseau capable de prendre en compte nos données. Il me répondit qu’en effet, il n’avait pas avancé dans ce domaine, ne sachant à qui s’adresser.
Le lendemain, je rencontrai Claire. Sans lui parler librement de notre groupe, je lui fis part de nos recherches et de la difficulté que nous avions à créer une base de données multiples.
– Sachez que je n’y connais rien en ordinateurs. Oui, je sais utiliser la bureautique de base, Word, Power Point, voire, dans ses fonctions basiques, Excel. Mais c’est tout. Alors je ne vois pas comment je pourrais vous aider dans ce domaine.
– Nous ne vous demandons pas de créer le système. Simplement, de trouver le moyen de disposer d’une multitude d’ordinateurs en réseau que nous utiliserons pour cacher nos données.
– Je peux essayer, mais sans aucune garantie que je vais trouver. Laissez-moi deux jours, car je n’ai pour l’instant aucune idée.
Deux jours plus tard, Claire me téléphona.
– Je pense avoir trouvé ce que vous cherchez. Puis je vous voir ?
Je m’empressai de lui fixer un rendez-vous. Dès son arrivée, elle me fit part de ce qu’elle pensait être un bon plan.
– D’après ce que j’ai compris de vos explications, il faut pouvoir cacher vos données dans des ordinateurs dont les propriétaires ne savent pas ce qu’ils contiennent, qui constituent néanmoins un réseau accessible, mais privé, qui puisse vous servir d’hébergement anonyme. Je crois que j’ai trouvé.
Elle me raconta sa rencontre avec sa tante parisienne, une brave demoiselle de soixante-sept ans dont la passion était le macramé. Elle faisait partie d’un club de macramé et ses membres échangeaient leurs réalisations sur Internet. Grâce au neveu d’une des affiliées, qui était ingénieur informatique, ce club avait créé un véritable réseau privé qui leur donnait une assurance de discrétion.
– Pourquoi ne pas utiliser ce réseau totalement anonyme pour planquer vos données de manière aléatoire dans les ordinateurs. Le club a une audience mondiale puisqu’il y a des abonnées de nombreux pays du monde. Votre hacker s’introduit dans le club par mon intermédiaire et vous profitez du réseau, ni vu, ni connu.
Il est vrai, me dis-je, que personne ne songerait à fouiller dans les ordinateurs de personnes âgées qui ne s’intéressent qu’au macramé. Rien que ce nom ferait fuir la plupart des gens.
– Le seul ennui, c’est que vais devoir faire comme si je me passionnais pour le macramé, dit-elle en riant.
Après en avoir parlé aux autres, je lui donnais le feu vert et la mis en contact avec Vincent. Le courant ne passait pas bien entre eux deux. Elle se méfiait de lui. Il s’introduisait dans les machines sans qu’on le sache et elle ne pouvait admettre que cela pouvait être fait pour une bonne cause. Lui, Vincent, avait du mal à admettre une femme dans notre groupe très fermé. Il pensait que toute femme ne peut s’empêcher de divulguer à n’importe qui ce qu’elle sait sans en mesurer les conséquences.
L’affaire fut, malgré tout, rondement menée. En deux semaines, Claire fut intégrée dans le club et put partager ses idées sur les points de macramé avec une multitude de vieilles dames en mal d’embrouille de cordages, tout cela avec la complicité de sa tante qui ne se doutait absolument pas des causes du revirement de sa nièce en ce qui concernait l’art des nœuds. Claire transmit à Vincent son adresse e-mail et celui prépara l’installation de notre base de données dans le réseau. En vieux briscard, il introduisit dans un premier temps de nombreuses données qui n’avaient rien à voir avec celles que nous voulions abriter. Chacun de nous avait pour consigne de modifier ces pages, de les utiliser à qui mieux mieux de façon à voir si le système se comportait sans problème. L’expérience dura un mois pendant lequel les faits et gestes de Claire furent suivis de près par Vincent. Rien ne put lui donner à penser qu’elle jouait un double jeu. Elle se comportait normalement, sans s’intéresser au réseau hormis les nouveaux nœuds qu’elle s’efforçait maladroitement d’inventer pour justifier sa présence au club.
Un mois plus tard, elle fut intégrée dans notre groupe et initiée à nos recherches. Elle ne fut pas étonnée par ce que nous lui avons révélé. Elle s’y attendait et cela correspondait à ce qu’elle souhaitait : percer le mystère du cosmos et de la vie. Quelle aventure !
07:12 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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29/08/2015
Haïku
Le haïku pourrait être un texte développé, mais il ne l'est pas et c'est là toute sa toute force évocatrice. (…) D'une sensation qui peut être une expérience unique et, éventuellement, donner naissance à un texte élaboré recréant un certain univers, le haïkiste, dans son poème à la fois bref et ouvert, ne garde que le flash initial. C'est là son défi, c'est là son art.
(André Duhaime, from http://clicnet.swarthmore.edu/litterature/moderne/poesie/duhaime.html)
Glace de l’été
Dans l’eau, au petit matin, gelé
Vous courrez. Chauffe-moi
© Loup Francart
07:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écrfiture, poème, haïku, japon |
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28/08/2015
Le nombre manquant (récit insolite 10)
Mathias fut chargé de la recherche du réseau d’ordinateurs. Vincent mènerait ses investigations sur les pirates. Je poursuivrai seul nos recherches, étant l’ignorant du numérique.
Je passais l’après-midi dans la bibliothèque de Beaubourg. Elle contient de nombreux livres qui concernent à la fois l’ésotérisme, les religions, la cosmologie, l’astronomie et les modèles cosmologiques intégrant le Big Bang, l’expansion de l’univers, les multivers et bien d’autres spécificités du cosmos. Je recherchais un livre traitant de l’énergie noire qui représente à peu près 68% de la densité totale de l’univers, mais dont la nature est inconnue. Je tentais de revenir à ce à quoi le professeur Foiras nous avait initiés. Consultant le fichier des ouvrages, je sentis tout à coup sur mon bras une main ferme, mais patiente. Je levais les yeux et retrouvai la jeune femme que j’avais déjà vue une fois et que je pouvais éventuellement soupçonner d’avoir piraté notre base de données.
– Bonjour, Monsieur, me dit-elle d’une voix claire, vous cherchez quelque chose. Je peux peut-être vous aider.
Ce n’était qu’un constat. Il signifiait sans doute qu’elle s’y connaissait, mais en quoi, puisqu’elle ne savait pas quel était l’objet de nos recherches, en dehors de ce que je lui avais dit.
– Bonjour, Mademoiselle. Je poursuis mes recherches tranquillement et n’ai plus la célérité des jeunes. Je ne pourrai pas vous suivre si vous m’aider, alors à quoi servirait de vous dire ce que je cherche.
– Cela vous permettrait d’aboutir plus vite, donc de creuser plus votre sujet pour vous amener à une réflexion plus approfondie.
Le raisonnement était juste. Elle ne payait pas de mine, mais elle savait ce qu’elle voulait et semblait s’y connaître. Je n’osais cependant lui dévoiler l’objet de nos recherches, tout en me demandant si effectivement elle ne pourrait pas nous être d’une aide précieuse. Je décidais de faire un test. Je lui expliquais ce qui concernait l’énergie sombre (ou noire, c’est la même !) et ma recherche de livres traitant du sujet, dont en particulier l’accélération de l’expansion de l’univers.
– Je connais bien ce sujet. J’ai travaillé dessus au cours de ma thèse, bien que celle-ci ne portait pas strictement sur ce point. On trouve de nombreux livres en anglais, mais bien peu en français.
Ainsi elle était thésarde et semblait savoir de quoi elle parlait. Elle n’avait pourtant pas l’air d’être une matheuse : ni boutons sur le visage, ni vêtements godiches, ni lunettes d’écaille. Elle avait un visage calme, une peau légèrement rose, peu bronzée il est vrai, des pommettes saillantes, mais sans exagération, les yeux clairs, presque bleus clairs à l’exception d’une pointe bleu marine en approchant de la pupille. Comme son visage était penché vers moi, j’eus l’occasion de faire ce constat. Il me sembla de bon augure. Ses lèvres étaient assez minces, mais d’un dessin irrésistible. Sa coiffure auburn lui donnait un air insolite. Elle l’avait coupé court, mais suffisamment nuageuse pour ne pas faire masculin. Enfin, au-delà de ces apparences, elle semblait très à l’aise, presque culottée. De plus, elle avait le sourire aux lèvres, semblait avenante et impressionnait peu ceux qui pouvait parler avec elle. Avouons-le, je fus séduit, ce qui ne signifie pas que je tombais amoureux et qu’il y eut l’impulsion bien connue d’une personne âgée vers les êtres jeunes. Non, je voyais simplement une jeune femme ouverte, attentive et, ma foi, intéressante.
Je me levai et lui proposai d’aller à la cafétéria pour parler de nos préoccupations.
–Tout d’abord toutes mes félicitations pour votre parcours. Vous m’avez l’air bien armé pour la suite. Mais que voulez-vous faire ?
– C’est mon problème. En fait je ne sais pas exactement.
Apparemment, l’astronomie ne l’intéressait pas suffisamment pour qu’elle se consacre entièrement à cette discipline.
– Qu’est-ce qui vous intéresse réellement ?
– En fait, je ne suis pas directement intéressée par les sciences dures, malgré ma thèse. Je m’intéresse à ce qui peut sembler à certains des contes philosophiques. Ce qui m’intéresse, c’est un mélange de science et de philosophie, voire de spiritualité.
– C’est-à-dire ?
– Vous savez comme moi que la science est arrivée aux confins d’une compréhension autre que scientifique et même philosophique. Elle se pose la question de l’origine du cosmos et rejoint par-là la philosophie des Grecs et la théologie des Pères de l’Eglise et les réponses que donnent chacune des religions. La difficulté actuelle n’est plus de trouver au travers d’une discipline, mais de nouer des relations entre celles-ci de façon à éliminer contes, souhaits ou doctrines. C’est, je pense, une future discipline à part entière. Mais la plupart de savants, philosophes et théologiens récusent une telle approche. La vérité est pour eux dans leur seule discipline et ils ne veulent pas en démordre.
Tout à coup, je réalisai que ses centres d’intérêt étaient semblables aux nôtres et qu’elle était proche de notre vision. J’en fus enthousiasmé. Une recrue de choix ! Mais... Doucement. Il fallait la dédouaner de toute velléité de piratage et la tester sur son aptitude à intégrer notre groupe.
07:22 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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27/08/2015
Miserere, de Gregorio Allegri
https://www.youtube.com/watch?v=IA88AS6Wy_4
Ce miserere comporte quatre formes différentes :
* Un chœur à cinq voix (deux sopranes, alto, ténor, basse) ;
* Une monodie chantée par les hommes d’abord ;
* puis reprise par le chœur en polyphonie ;
* et se terminant par un contrepoint ornementé chanté par deux sopranes.
C’est donc une musique très construite, mais respectant intégralement la liturgie. Il n’était chanté que lors de la semaine sainte, uniquement à la chapelle Sixtine, à la fin de l’office des Ténèbres.
Les paroles sont bien sûr en latin, mais sa traduction permet de mesurer sa beauté :
Pitié pour moi, mon Dieu, dans Ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.
Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.
Contre Toi, et Toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
Ainsi, Tu peux parler et montrer Ta justice, être juge et montrer Ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais Tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, Tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Fais que j’entende les chants et la fête : ils danseront, les os que Tu broyais.
Détourne Ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de Ta face, ne me reprends pas Ton Esprit Saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera Ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera Ta louange.
Si j’offre un sacrifice, Tu n’en veux pas, Tu n’acceptes pas d’holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.
Alors Tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur Ton autel.
Enfin, ce chant était réservé au service du Pape et donc interdit de reproduction. Mozart, après deux auditions réussit à le retranscrire. Publié en 1771, l’interdiction du Pape tomba.
Magnifiquement interprété par le chœur du Claire College de Cambridge, il est dirigé par Timothy Brown, avec la maîtrise bien connue des maîtres anglais.
07:12 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chant liturgique, choeur, maître anglais |
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26/08/2015
Exposition à Bellebranche (Mayenne)

Que représente une exposition. Une heure prise sur les activités de tout un chacun pour se réjouir l’âme et s’ouvrir au monde de la beauté. Mais, me dires-vous, chacun a sa vision de la beauté. Oui, sans doute, mais c’est en allant voir que l’on sait si c’est cela que nous recherchons ou non. Pour l’artiste, ce sont des heures de travail concrétisées par la venue de spectateurs qui, même s’ils n’achètent rien, commentent et apportent leur réconfort.
Alors, venez nombreux. Il y a de grandes toiles, mais également de petits cadres, bref pour tous les goûts et toutes les bourses.
07:00 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition, art cinétique, peinture, optique art, journées du patrimoine, mayenne |
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25/08/2015
Zéro
Est-ce un chiffre ?
Est-ce un concept ou un mirage ?
Il est attirant, comme l’hypnose.
On se concentre dessus et on flotte.
Rien ne peut vous occuper autant l’esprit
Que ce Zéro qui est sans exister.
Indiquer qu’il n’est rien, est-ce une solution ?
Cela peut, mais Zéro, virgule, quelque chose
Qu’est-ce ? Un souffle d’inepties.
S’il y a quelque chose, c’est forcément Un.
Peut-il y avoir moins que Un ?
S’il n’y a pas Un, il y a Zéro, c’est-à-dire rien.
Il y a soit une chose, soit son contraire,
Mais pas les deux qui feraient trois.
Supposons qu’entre le Un et le Zéro,
Il y ait la moitié d’un Un.
C’est bien une chose en soi cette moitié !
C’est donc bien un Un appartenant à un Deux.
Toute chose divisible fabrique une autre chose
Qui est pleine et entière, donc Un
Et ce Un appartient bien à un autre Un
Pour former un Deux plein et entier
Le Un devient alors Trois et ce nouveau chiffre
Est un ensemble qui forme un autre Un
Différent de tous les Uns existant.
Ah, quelle migraine !
On peut additionner le Zéro à un Un
Voire Deux ou mille
Cela donne un, deux ou mille.
Mais Un plus Zéro égale Un,
Et Un plus Un plus Zéro égale deux,
Alors que Un multiplié par Zéro égale Zéro.
Quant à Un divisé par Zéro, n’en parlons pas,
C’est un néant inimaginable !
Mais revenons à 0,5 ?
Est-ce quelque chose que cette moitié de chose ?
Soit cela n’existe pas, et c’est bien Zéro ;
Soit cela est, et c’est Un, puisqu’il existe.
Compter, c’est commencer par Un,
Puis deux, puis trois, puis mille,
Jusqu’à un Infini inimaginable
Qui ne forme qu’un Un pour le Créateur.
Lui-même est un autre Un,
Et ces deux Un ne font pas deux,
Ils font même plus que l’Infini.
Ils sont Tout, comprenant le Rien qui n’existe
Que parce qu’il y a au moins un Un.
Dieu, quelle migraine multipliée !
Et que dire lorsqu’on pense aux contraires
Moins Un est-il le pendant de Un ?
Peut-il y avoir moins quelque chose
Qui fasse un quelque chose inversé ?
Le Zéro n’est alors qu’un col ou un canyon
Qui permet à la nature
D’assouvir sa soif d’exister.
Si je ne suis pas, je suis malgré tout.
Si l’infini est là, y a-t-il un autre infini
Qu’on ne peut saisir ou imaginer ?
Quand je pense qu’il y a un moi-même
Qui me regarde et me juge et rit
Et s’amuse de ces incompréhensions.
Qu’est-il pour se moquer ainsi ?
Oui, c’est faux. De vrais maux de tête !
Il est trois heures.
Tient, là aussi, quelle bizarrerie !
Trois heures, c’est une heure dans la nuit,
Une seule. Il n’y a pas deux trois heures.
Et pourtant on n’écrit pas trois heure.
On ajoute un s à heure parce qu’il y en a plusieurs.
Mais plusieurs quoi ? Plusieurs heures
Ou une seule trois heures ?
Trois heure (s) est bien seule,
Mais elle est trois.
Ce n’est plus la migraine,
Mais l’anéantissement…
Dormons !
© Loup Francart
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature, mathématique, infini |
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24/08/2015
Le nombre manquant (récit insolite 9)
Réunion de crise. Nous nous mîmes au travail. Mathias expliqua pour quelles raisons il était persuadé que nous avions eu une visite. Cela nous parut évident à tous. Mais il s’agissait d’abord d’interdire toute nouvelle pénétration ou de se déconnecter d’Internet, ce qui nous laissait sans possibilité de recherche. Il importait également de savoir qui pouvait chercher à nous pirater. C’était pour ces deux points l’affaire de Vincent, notre hacker. Se déconnecter n’était évidemment pas un problème. Interdire un nouveau piratage lui semblait à sa portée. Le dernier point était moins palpable. Il se mettrait à cette recherche dès qu’il aura réussi à trouver le moyen d’interdire toute intrusion.
Deux jours plus tard, Vincent nous téléphona :
– On peut se réunir. J’ai quelque chose à vous proposer qui devrait nous garantir contre les intrusions. Rendez-vous ce soir, à dix-huit heures chez Mathias.
Chacun de nous attendit avec impatience la fin d’après-midi, arriva en avance d’un quart d’heure, si bien qu’à dix-sept heures cinquante nous pûmes commencer la réunion.
– J’ai trouvé et cela me semble solide. J’ai réfléchi avant de trouver la solution. C’est en lisant le journal hier matin que j’ai résolu notre problème. Il y avait un article sur les postes radio à évasion de fréquence, en fait des postes radio à étalement de spectre par saut de fréquence. Certains pays, dont les Etats-Unis, se plaignaient de plages de fréquence insuffisantes pour l’ensemble de leurs systèmes de transmission. Lisant cela, je me suis dit qu’il devait être possible de fragmenter nos fichiers, de les introduire dans de nombreux ordinateurs et de concevoir un logiciel permettant, grâce à un système robot informatisé, muni de clés de chiffrement, de définir un ordre de récupération des documents. Ils pourraient alors être lus, voire modifier, puis le travail achevé, être à nouveau dispersés et renvoyés dans les ordinateurs utilisés en changeant bien sûr l’ordre dans lequel ils sont intégrés dans chacun de ceux-ci. Comprenez-vous le principe ?
– Cela me semble assez clair, dis-je, mais est-ce possible techniquement ?
– Avec un peu de travail cela semble possible. Il faut juste concevoir le logiciel permettant d’effectuer toutes ces manipulations en temps compressé.
– Il me semble que toutes les données doivent auparavant être cryptées, ce qui compliquerait sérieusement le travail des pirates, dit Mathias.
– C’est effectivement ce que j’ai prévu, ce qui demande un logiciel extrêmement rapide.
– En fait, c’est une sorte de SGBD un peu plus complexe, n’est-ce pas ? demanda Mathias qui avait quelques connaissances en informatique.
– Tout à fait, un système de gestion de base de données permettant l’accès permanent et rapide à nos données que personne ne peut lire car elles sont dispersées dans de nombreux disques durs.
– Combien de temps penses-tu qu’il te faut pour mettre ce système au point ?
– Je ne sais. Au moins une dizaine de jours, me semble-t-il.
– Et d’ici là que fait-on avec nos données ?
– On n’y touche pas, on les déconnecte de la toile et on travaille sans filet, chacun rassemblant ses recherches dans son propre ordinateur qu’il ne connecte plus. Tous les deux jours, on se rassemble et on fait le bilan de nos recherches. Toi, Mathias, tu devrais pouvoir sans difficulté te charger de cette tâche.
– C’est parti ! s’exclama Mathias d’un air réjoui.
On avait trouvé une solution au premier problème. On avait une solution de principe pour le deuxième problème et dès que Vincent aurait mis au point son logiciel, nous nous attaquerions au troisième. Que demander de mieux !
Neuf jours plus tard, Vincent nous dévoila son système. Apparemment complexe, il était cependant simple à utiliser, trafiquant les données de manière caché aux utilisateurs. Mais il fallait encore trouver les ordinateurs qui cacheraient les fragments de données. Il convenait de disposer d’un minimum de confiance pour introduire nos fichiers, même cryptés dans des machines que nous ne contrôlions pas. Cela supposait également de créer un double impérissable de ces données, car un ordinateur lambda peut tomber en panne, être cassé, volé ou être l’objet de tout autre incident qui pouvait effacer ou détruire les fragments de données, rendant ainsi incohérente notre base.
07:33 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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23/08/2015
Le nombre manquant (récit insolite 8)
Je ne réalisais que plus tard, dans la journée, l’importance de l’information. Pourquoi s’introduire dans notre base de données ? Je me dis d’abord que tous pouvaient faire la même chose : chercher sur Internet les informations concernant les aspects philosophiques, scientifiques, ésotériques, des nombres et concepts liés à la numération. Alors pourquoi nous pirater ? Certes, tout est rassemblé, ce qui évite les recherches auxquelles nous avions déjà consacré beaucoup de temps. Mais est-ce une réelle motivation de piratage ? Sûrement pas. Il doit y avoir autre chose. Mais quoi ?
Nous nous étions bien douté que ce nombre manquant détenait vraisemblablement un pouvoir important. Celui qui le découvrirait aurait sans doute accès à des capacités d’action jusqu’ici insoupçonnées. Pensez donc : créer un pont entre le connu et l’inconnu, ou plutôt avoir accès à l’inconnu, tous les inconnus, grâce à une nouvelle manière de compter. Tout homme détenant un tel secret ne pourrait que chercher à l’utiliser et ne pourrait le garder pour lui. Il deviendrait aussitôt la proie d’une telle concupiscence qu’il devrait être protégé en permanence, donc enfermé au secret. Je comprenais que nous n’avions jamais réfléchi aux conséquences de nos travaux. Nous faisions cela de manière entièrement désintéressée, comme une sorte de hobby ou comme un défi à relever. Mes réflexions à ce propos étaient jusque-là assez embrouillées. La nuit suivante me permit de placer dans les différentes cases les éléments d’analyse. Cela me sauta aux yeux pendant mon jogging matinal, le lendemain. Comme quasiment tous les matins, je courais dans les rues de Paris, soit le long des quais, soit dans les jardins. J’en profitais pour réfléchir le plus sérieusement possible à mes préoccupations insolubles. Je courais, je regardais la vie s’écouler à la vue des passants et tout d’un coup me venait une idée en rapport avec mes réflexions. Elle était le souvent insolite et pas forcément très claire, ou plutôt, elle n’était pas immédiatement en rapport avec celles-ci. Mais très vite, j’entrevoyais des rapprochements insolites. A peine rentré, je consignais par écrit mes intuitions. Auparavant, il m’était souvent arrivé d’oublier ce que j’avais entrevu. C’était perdu pour toujours, bêtement, par négligence ou parce que j’étais pris par quelque chose de plus urgent. Ce jour-là, je n’eus nul besoin de noter. L’inquiétude me frappa instantanément : notre engagement avait des côtés dangereux et nous devions nous tenir sur nos gardes.
Je pensais d’abord à Vincent, le hacker. Comment l’avions-nous inclus dans nos travaux ? Etait-il quelqu’un de fiable ? Je ne savais quoi répondre à cette interrogation. Et même, Mathias ? Ah, oui, lui me semblait sans faille. Nous avions conçu ensemble ce projet et il avait autant, sinon plus, d’idées que moi. Il me sembla que c’était une preuve suffisante. Ma femme ? Non. Elle m’avait mis en garde elle-même de manière assurée. Je me demandais maintenant si elle n’avait pas raison. Il faudra que je lui en parle, mais doucement. Ne pas éveiller de crainte en elle ! Le professeur Foiras ? Nous ne lui avions rien dit de nos recherches. Nous l’avions juste interrogé sur ce qu’il avait avancé plusieurs fois concernant la matière noire et l’immensité de notre ignorance. Il s’en tenait à un simple constat, une évidence au regard de ces observations, et ne s’intéressait pas spécifiquement à l’accès à ces données inconnues. Non, nous ne connaissions personne à qui nous aurions pu mettre la puce à l’oreille, même involontairement. Peut-être Vincent. C’est tout. Il faudrait en avoir le cœur net.
Soudain, alors que j’amorçais mon retour vers notre appartement, je pensai à une femme qui m’avait abordé à la bibliothèque de Beaubourg. Elle avait vu les trois livres que j’étudiais et s’était intéressée à moi en prenant prétexte des titres de ces livres. J’étais dans ma période mystique, pensant trouver des éléments intéressants dans ces documents peu lus et encore moins étudiés. Il s’agissait du « Livre des secrets », de Bhagwan Shree Rajneesh, de « Le centre de l’être » de Karlfried Dürkheim et de « La voie de la perfection » de Bahrâm Elâhi. Cet éclectisme la surprenait. Nous avions parlé assez longuement de ces enseignements. Elle voulait savoir ce qui me motivait dans ces recherches. Je lui avais répondu que seules les interrogations que je me posais sur la vie, la mort, le monde me poussait à chercher des réponses. Elle devait avoir un peu moins de la quarantaine, elle était jolie, fine, peut-être un peu effacée ou, tout au moins, son apparence n’était pas sa préoccupation première. Elle semblait intelligente, posait des questions argumentées, ne perdant pas le fil de ses pensées. Nous avions échangé nos cartes avec nos adresses-mails respectives. Mais nous ne nous étions pas recontactés, remettant chaque jour à plus tard l’envoi d’un message nous permettant de poursuivre notre conversation. Oui, il est possible que disposant de mon adresse-mail elle ait pu entrer dans nos échanges avec mes deux autres compagnons. Mais comment ? N’étant pas informaticien et encore moins hacker, j’étais incapable de savoir si cela était possible. Encore un point à vérifier.
05:22 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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22/08/2015
Le nombre manquant (récit insolite 7)
Nous continuâmes bien évidemment à suivre les cours à la Sorbonne, mais nous étions ensorcelé par notre question : y a-t-il un nombre exprimant le tout, du zéro à l’infini en passant par le un et l’ensemble de la numérotation ? Mais rien ne venait. Nous tournions en rond. Et encore ! Nous restions plutôt sur place, immobilisés dans nos interrogations théoriques sans pouvoir en sortir. Une fois de plus Lydie me donna quelques signes d’impatience auquel je ne pris pas garde.
Un matin, Mathias me téléphona d’un air catastrophé :
– Nous avons été piratés !
– Comment cela, piratés ?
– Oui, tu sais, toutes nos recherches, je les ai confiées à notre hacker. Elles ne tenaient plus sur mon ordinateur, pas assez de mémoire. Il a créé une base de données privée, en principe inaccessible, que seuls quelques initiés peuvent consulter et, encore moins, modifier. Eh bien, ce matin en consultant une fiche sur le Rien, je me suis rendu compte qu’elle avait été transformée. J’en avais gardé un exemplaire sur ma machine et il est différent de celui que j’ai consulté.
– Quelle différence ?
– Cela semble idiot, mais cela ne porte que sur quelques mots, par exemple, le mot ZERO a été retourné. Il est écrit OREZ. Et je peux t’assurer que je n’ai rien touché, ni le hacker qui est maintenant aussi pris par note recherche que nous le sommes.
– Y a-t-il d’autres changements ?
– Je ne sais, je t’ai téléphoné dès que je me suis rendu compte de cette intrusion, car il y en a eu une. Je suis formel. Pour l’instant notre hacker tente de remonter à l’origine et d’identifier l’auteur. Mais cela peut demander plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avec la possibilité de ne pas aboutir.
– Et comprends-tu la raison de cette inversion ?
– Je t’avoue que non. Pourquoi avoir fait cela ? C’est mettre en évidence le fait que l’on sait ce qu’il y a dans notre mémoire collective. Alors je ne vois pas l’intérêt de le dévoiler, si ce n’est de montrer que l’on s’intéresse à nos recherches. Pourquoi ? Va-t’en savoir.
– J’espère que notre hacker a modifié tous les codes et clés d’entrée ainsi que le cheminement des options possibles. Il faut à tout prix empêcher toute intrusion dans notre base de données.
– Oui, cela a été fait aussitôt. Mais on a déjà l’impression que ces nouveaux codes sont déjà percés et empruntés.
– Pourquoi ?
– C’est Vincent, notre hacker, qui me l’a dit. Il le sent, mais il ne sait pas encore comment.
– Dans ce cas, il faut tout simplement fermer notre base de données ou au moins la déconnecter de la toile, en attendant de trouver une solution.
– Oui, je pense que tu as raison. Je vais le dire à Vincent. Ou plutôt, non. Je te le passe.
– Oui, Vincent, je pense qu’il faut tout de suite déconnecter notre base de données du réseau. Nous avons rassemblé trop d’éléments qui pourraient intéresser des organisations qui chercheraient à les exploiter, qu’elles soient religieuse, sectaire, mafieuse, financière, voire même des Etats.
Celui-ci en convint et la base de données fut déconnectée en attendant que nous trouvions une solution pour empêcher toute intrusion, ce qui était le travail de Vincent, le hacker.
07:31 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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21/08/2015
Une vie
Une vie : faire le tour de la scène
A trois cent soixante degrés
Tout contempler, tout tâter
Rien ne doit être oublié
La vie est là pour nous ouvrir
Nous façonner, nous propulser
Vers une autre connaissance
Après l’épuisement de celle du monde
Votre motivation ?
Non, pas le succès auprès des hommes
Mais cet éclair sur le tout
Qui vous ouvre au rien
Et ce rien devient l’infini
Un fini multiple et fuyant
Qui s’écarte et donne à voir
L'abîme d’inconnaissance
Le cosmos lui-même ne peut
Expliciter ce vide immense
Qui envahit le cerveau
Et donne la chair de poule
Suspendu dans l’éther
Vous naviguez au gré des courants
Joie, crainte, bonheur même parfois…
Mais peu importe ces ressentis
Au fond de vous se cache
Ce Soi qui vous n’arrivez pas à saisir
Mais que vous entrevoyez là
A portée de main
Minuscule
Grandiose
Soi et Lui
Ensemble
Un…
© Loup Francart
07:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
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20/08/2015
Chants juifs, interprétés par Sonia Wieder Atherton
https://www.youtube.com/watch?v=Yui3LRh-CIc
Inexprimable ! On peut ainsi qualifier ce chant dans lequel l’âme se perd.
La Cabale distingue l’univers relatif et l’univers absolu. L’absolu se situe au-delà de l’éternité elle-même. Intemporel, informel, insubstantiel, il transcende l’existence. A la fois rien et tout, non changeant et non immuable, il est. L’univers relatif est la manifestation de la Création, le déroulement d’une impulsion divine : croissance, floraison, fructification, puis déclin, mort, retour à la source d’une nouvelle naissance[1].
L’existence négative est au-delà de l’espace-temps. Un seul point de contact possible : la lumière illimitée, l’Aïn Soph Aur. Au-delà l’Aïn Soph qui est l’infini, enfin l’Aïn, le vide. Seul le premier voile donne un aperçu de cette existence négative, indispensable à l’existence. C’est une zone intermédiaire entre la divinité et sa création.
C’est ce que tentent d’exprimer ces chants. Nostalgie d’un monde inaccessible, mais dont on entrevoit l’existence parce que l’on vient de lui et que l’on va vers lui. Alors l’âme s’ouvre et pleure de ne pouvoir accéder à son achèvement.
[1]Z’ev ben Shimon Halevi, L’arbre de vie, introduction à la Cabale, Albin Michel, 1985.
07:45 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique sacrée, chants religieux, absolu, infini |
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19/08/2015
Square Anna Politkovskaia, à Saint Brieuc
Avouons-le, Saint Brieuc est une ville horrible. Ne détaillons pas ! Cette affirmation péremptoire est certes à vérifier, mais souvent une première impression résume clairement une certaine vérité.
Cependant il est une petite place, dénommé
e square on ne sait pourquoi, qui garde un charme qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. C’est une remontée du temps de quelques dizaines de mètres carrés. Qu’y voit-on ? Une petite esplanade occupée principalement par un arbre, malheureusement cerclé de ciment, à l’image du reste de la ville où se côtoient quelques rares vieilles pierres rescapés de la folie des maires successifs pour le béton moderne.
Peu de monde sur cette placette, comme d’ailleurs dans le reste de la ville. Ici, la municipalité, ou quelques bonnes consciences, a placé des jardins en bac contenant quelques fines herbes ou potirons jaunis. Mais si vous levez les yeux des pavés vous contemplez quelques vieilles maisons qui vous font dire : « Elles sont drôlement tournées et semblent avoir du mal à tenir debout, mais elles tiennent et sont belles ! ».

Une place romantique, mais froide du manque de personnes. Certes, il n’y a pas de magasins, ni de divertissements, mais un charme et une propreté hors du commun. On s’assied et on contemple le passé si proche que vous pouvez le toucher.

Et ces maisons vous regardent et vous disent ce qu’était vraisemblablement la ville autrefois. Alors vous regrettez ces rues champêtres et ces pavés de bonne intention.
Mais y a-t-il des habitants dans cette ville ?
07:09 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bretagne, passé, maisons, architecture |
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18/08/2015
Recomposition
Surgit de nulle part cette composition saute aux yeux et vous interroge : une face qui se désagrège sous vos yeux ou qui se multiplie en fragments de glace feuilletée. Une meurtrissure ? Que va-t-elle devenir, nul ne le sait. Elle divague avec effet, imprimant dans la tête sa carcasse décomposée ou en recomposition. Qui sait ?

07:50 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, art cinétique, optique art, dessin numérique |
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17/08/2015
Vieillard
C’est un tas de chair, ramassé sur lui-même,
Aux jambes jadis allègres, mais fatiguées,
Qui regarde vivre, germer les baptêmes,
Les yeux las, la main tremblante, l’espoir volé.
Il croît encore en lui, cet être rhumatisant.
La rosée le réveille, il précède la nuit,
Et pendant l’ivresse du repos bienfaisant,
Il danse, offert aux douze coups de minuit.
Le futur se rapetisse et s’envole.
L’ombre des amours perdus devient frivole.
Où donc as-tu la tête, toi, l’émasculé ?
Crédule, tu confonds infini et néant…
La seconde s’étire en se déjugeant.
Le grand Tout ouvre son manteau immaculé.
© Loup Francart
05:42 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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