18/12/2015
A vous, fidèles dans le Christ Jésus
Un extrait des Épitres de Saint Paul, mis en musique pour un petit choeur à trois voix :

07:01 Publié dans 53. Créations musicales, 62. Liturgie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chant, liturgie |
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17/12/2015
La fin de l'histoire (5)
Il se leva à quatre heures du matin et se fit chauffer de l’eau. Il prit un café soluble, se lava le visage et les dents et s’installa en posture de méditation. Il était pleinement réveillé et prêt à l’action. Oui, seulement le problème était que la méditation n’est pas l’action. C’est quasiment le contraire. Comment calmer ce grand corps qui ne demande qu’à bouger et s’exprimer ? Il fut très vite distrait par une araignée qui courrait sur ses vêtements, un moustique qui venait lui pomper un peu de sang, la chaleur qui commençait à poindre. Que faire ? Il s’interrogea. Il lui apparut que sa fuite était un peu inorganisée. Il aurait dû préparer ces journées en pensant à un emploi du temps très strict : réveil quatre heures (c’est pourtant bien ce qu’il avait fait aujourd’hui !), toilette et petit déjeuner (c’est également ce qu’il avait fait), méditation (oui, là aussi. Mais cela ne marchait pas). Donc, remplacer la méditation immédiate par un peu de sport pour apaiser son corps. Alors l’esprit pourra se mettre en route. Et puis, de toute façon, il vaut mieux faire du sport avant que le soleil ne commence à taper. Ensuite méditation jusqu’à midi. Manger et une petite sieste, puis reprise de la méditation jusqu’au soir. Une récréation : partir à la découverte de son environnement. Mais pas trop. Il ne faudrait pas faire de mauvaises rencontres et dévoiler son refuge. Ensuite, diner, coucher. Beau programme. Sans doute un peu ambitieux. Mais on va essayer de s’y tenir.
Le premier jour fut difficile. En fait, il n’avait que quelques connaissances livresques de la méditation. Il avait en effet amené avec lui La révolution du silence, de Krisnamurti, un vieux livre datant de 1970, qui décrivait comment méditer. Il n’avait jamais pratiqué ce genre d’exercice. Il comprit vite que chercher de prime abord à ne plus penser est vain et futile, voire impossible. Rien que le fait de se dire « Je ne veux pas penser », c’est déjà penser. Il lui vint l’idée que la première méditation devrait consister à chercher pourquoi il voulait méditer. Une réponse claire pourrait lui permettre d’aborder une deuxième étape : comment ? Sa journée fut un vrai champ de bataille. Ce n’est qu’en fin de ce premier jour qu’il sut pourquoi il voulait méditer. C’était sans doute dû au fait qu’il n’avait pas pris sa pilule le matin. Il voulait reprendre son autonomie, devenir libre, mieux même : penser en acteur indépendant sans être contraint de penser comme les autres. Mais pourquoi ? A quoi sert la liberté si l’on ne sait pas s’en servir ! Et puis, de quelle liberté s’agit-il ? Il est déjà libre puisqu’il est là, en plein désert sans personne pour l’empêcher de faire ce qu’il veut. Il avait un jour consulté Wikipédia, devenu le grand dictionnaire animé par l’ensemble de la population mondiale. L’ennui était que cette consultation n’avait pas répondu à son attente. La page ne parlait que de liberté dans la société liée aux droits fondamentaux de l’homme et à ses droits sociétaux. Elle évoquait également sur de nombreuses pages les libertés collectives (liberté d’association, d’information, de réunion, etc.). Elle n’évoquait jamais la notion de liberté personnelle. Sujet tabou sous peine de non-conformité. Circulez, y a rien à voir ! Il s’aperçut vite que la liberté n’est pas un bien que l’on acquiert comme on achète une maison ou une voiture. La liberté dépend de soi et de la manière personnelle d’aborder sa notion de liberté. Il n’y a pas une liberté, mais des êtres plus ou moins libres. Cette nuance dans la liberté est liée directement à la capacité d’autonomie de chacun non seulement vis-à-vis de la société, mais surtout vis-à-vis de lui-même. Donc, premier point : se débarrasser l’esprit de tout ce qui l’encombre et ne garder que ce qui lui semble fiable, venant de lui-même et non d’un apprentissage scolaire et sociétal.
07:09 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté |
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16/12/2015
Dépouillement
Derrière le palpable
L’infini du rien

Voir le monde
Entrapercevoir l’invisible
07:17 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optic art, art cinétique, peinture, dessin |
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15/12/2015
L'espérance
Espérer est un verbe aérien qui élève
De l’espoir à l’espérance, du Un au Tout
Le zéro est-il sans perspective
Et l’infini signifie-t-il croyance ?
Nul ne le sait sinon celui qui connaît
Et a franchi le pas de l’idée à l’action
L’espoir traduit l’attente et n’est qu’un mot
Il converge entièrement vers son objet
Et le rétrécit à la pointe d’une aiguille
Sous la peau se cache l’épine
Qui une fois découverte abrège l’inquiétude
Sans pour autant affaiblir la souffrance
Qui revient par une autre porte
Ouverte sur un autre objet
Pour certains, l’espérance est oubliée
Et devient illusion et aliénation
En effet, elle ne poursuit pas un gain précis
Et dépasse l’espérance mathématique
Elle n’a pas d’ambition
Et la gloire épuise son souffle
Elle est sans perspective
Et reste dans l’expectance
Elle ne court pas après un objet
L’espérance n’est qu’un état d’être
Elle est confiance et ouverture
Capte l’éternité et la rend palpable
Devenue vertu parce que persévérante
Réponse de l’homme au silence de Dieu
Elle est au-delà de l’espoir
Elle est l’ancre de l’âme
Elle est action, libre et libératrice
Elle est le chemin de l’accomplissement
Toi, l’au-delà de Tout
Plus réel que la réalité
Donne-moi d’espérer
Dans la vacuité de l'instant
© Loup Francart
07:24 Publié dans 42. Créations poèmes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, vertu, guide, sens, société, religion |
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14/12/2015
Deux heures
A deux heures du matin, la maison s’éveille. Auparavant, pas un bruit, ni chez les humains qui dorment du sommeil du juste, ni chez les rongeurs qui achèvent leur nuit. Aujourd’hui, deux heures pile, premiers grattements. Ceux-ci sont insidieux. Un meuble qui craque, cela arrive tous les jours ! Puis, j’entends distinctement les dents qui attaquent le bois. Cela se situe dans le placard, parmi les documents entassés : livres, dossiers, polycopiés et d’autres formes de papier pour noter ce qui vous passe par la tête. Une pause après ces craquements. Puis, ils reprennent, plus exigeants vis-à-vis de l’objet attaqué. Mais cette fois, ils s’accompagnent de roulements, comme une bille que l’animal fait rouler devant lui pour la déplacer. Jamais l’on n’entend les pattes de ces petites bêtes. Elles gigotent avec habileté, sans découragement, sans relâche, produisant une danse perpétuelle dans la résonance du mur.
Ah ! Pendant que j’écrivais cette phrase, arrêt des sons ? Serais-tu fatigué ? Subtilement, le rongeur se tait. Qui pourrait soupçonner que ces bruits sont le produit d’êtres vivants ? Dans ma tête, je le vois, poussant sa noisette par le museau, rectifiant sa trajectoire, lui faisant franchir une aspérité, la laissant rouler dans une inclinaison. Il est intelligent par habitude. Cela fait tant de temps qu’il joue au golf qu’il maîtrise parfaitement le coup de museau et l’itinéraire à suivre. Toujours proche du Par ! Au fait, comment fait-il pour trouver des noix au premier étage ? A ma connaissance, elles sont dans les paniers de la cuisine et nulle part ailleurs. Alors ? Eh bien, je n’en sais rien et pour le savoir il faudrait teindre en rouge les noix et voir si ce sont bien elles qui montent au premier. Quel travail !
Ah, cela repart. Tiens, ce n’est probablement plus le même animal et le bruit vient directement du mur. Il est plus important, on sent l’animal se déplacer dans l’étroitesse du boyau qu’il empreinte. Il court parfois, d’autre fois il ronge. C’est son métier. Il le fait avec précision. Je me demande s’il ne va pas surgir tout d’un coup dans la pièce et criant : « Me voilà ! » Ce n’est pas encore arrivé, mais on peut l’espérer. Lui, je n’aimerai pas mettre mon doigt dans son trou. Il ne reviendrait pas entier. Les gencives musclées, entraîné à percer, il domine le problème et gratte, gratte sans cesse. Il ne sait pourquoi, mais c’est un instinct basique qui le satisfait, lui donne du cœur au ventre et le fait saliver. Je me souviens d’un loir, petite boule de poils que nous avions découverte dans une autre maison, endormi au bord de la fenêtre. Il y était resté presque trois semaines. On le croyait mort, mais quand on le touchait, il était chaud et doux. Et puis, un matin, nous l’avons vu s’éveiller et quitter tranquillement son rebord de fenêtre pour rejoindre un lieu secret, connu de lui seul. Finalement, il est bien possible que ce soit un loir. Pendant ce temps, il continue sa gymnastique et je ne peux m’endormir. Le moindre début de sommeil est dérangé par un grignotement majestueux et puissant. Il faudra attendre la prochaine accalmie…
Ron… Ron… Enfin !
Oui, c'est une vieille maison où tous se sentent bien, les humains comme les autres. Ils se côtoient, mais pas simultanément, les uns le jour, les autres la nuit. Normalement, il n'y a pas de promiscuité. Mais il peut arriver que certains aiment s'éveiller et méditer à des heures incongrues. Cela crée quelques interférences, mais pas de dommages.
07:38 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nuit, bruit, entente, rongeur, fantôme |
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La fin de l'histoire (4)
Le lendemain matin, ils partirent avec deux dromadaires, des dattes, de la viande séchée et quelques gourdes en peau, en plus du sac à dos de Nicéphore. Celui-ci n’avait bien sûr rien dit à Mohamed de la réalité de sa quête. Ce dernier ne parlait que quelques mots de français, mais Nicéphore disposait de sa machine à traduire instantanément. L’adolescent était bavard, drôle parfois, jamais à court d’idées. A certains moments il devenait soulant. Nicéphore, lorsqu’il était las de l’entendre, éteignait sa machine, ce qui faisait instantanément cesser le flot de paroles. Il sortait un livre et faisait semblant de travailler.
Les dromadaires marchèrent ainsi pendant une bonne partie du jour dans un paysage plat parsemé d’arbustes. Une chaleur étouffante, pas un souffle de vent, l’eau quasiment chaude à boire avec parcimonie. Nicéphore somnolait secoué par la lente cadence des pas de sa monture. En fin d’après-midi, Mohamed arrêta les bêtes, fit baraquer son dromadaire, se tourna vers la Macque et fit sa prière. Nicéphore en fut heureusement surpris. Ainsi donc, il y avait encore des contrées où il était possible de prier devant les autres sans que l’on vous emprisonne. Quel bon augure, pensa-t-il. Ils repartirent, marchèrent encore une heure et arrivèrent près d’un rebord granitiques ou s’entassaient d’énormes rochers, créant entre eux de petites grottes plus ou moins habitables.
– Nous y sommes, me dit Mohammed. Vous avez l’embarras du choix. Dites-moi seulement où vous installez et je repars aussitôt.
Fouillant un peu dans cet imbroglio minéral, Nicéphore finit par trouver une grotte suffisamment spacieuse et fraîche. Ils débarquèrent les vivres, l’eau et les autres objets qu’il avait apportés. Mohammed ajouta :
– il y a une source qui coule de la montagne. A cette époque de l’année, elle a encore de l’eau. Elle se trouve à cent mètres, dans la petite vallée que vous voyez d’ici. Je reviens dans quatre jours. Salam Aleikoum !
– Aleikoum Salam, lui répondit Nicéphore.
Il se retrouva seul dans ce désert de pierres, entouré de rares être vivants tels que des lézards, serpents, scorpions. Un silence impressionnant, presque surhumain. La grotte était fraîche. Il y ferait sans doute froid dans la nuit. Il avait emporté de quoi se vêtir et un sac de couchage renforcé. Il ne craignait rien. Il s’était promis de ne plus prendre la pilule. Jamais plus. C’était sa première résolution. La seconde était encore plus extraordinaire. Il méditera chaque jour pour trouver un but à sa vie, la sienne, pas celle de tous. Alors, pour bien marquer la seconde résolution, il s’installa face au paysage de pierres et s’immobilisa, assis en tailleur.
02:38 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté |
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13/12/2015
Si on veut
Monsieur Albert était un petit homme vif et truculent. Il avait le don de vous surprendre vers 11h30 pour vous apporter quelque chose ou vous dire ce qu’il avait fait en votre absence. Muni d’une clé de la maison, il venait réparer un robinet qui fuyait, ratisser le jardin, remplacer une serrure. Bref il était devenu indispensable et faisait partie de la maison au même titre que la porte d’entrée, le compteur d’électricité ou la vanne d’arrivée d’eau.
Mais Monsieur Albert n’était pas seulement un homme à tout faire qui rend service avec le sourire. Il était aussi le philosophe de la vie quotidienne, le populiste qui explique les dernières élections, le météorologue qui regarde le ciel et vous dit, d’un air de ne pas y toucher : « Demain, il va faire de l’eau ! » Il savait parler et raconter sa vie, celle des autres, celle de la commune, celle de la France. Bien sûr, il n’échappait pas à la règle des mots tout faits : « C’est pas de refus ! » ou encore « Y a pas à dire… » Mais il avait son art de dire comme il avait son art de faire. Il s’asseyait face à la table, les genoux écartés et vous disait d’un air calme : « Oui, j’ai fait les toits de Paris. J’étais couvreur. Le plus dur, c’était en hiver. Des fois, il gelait fort. Fallait pourtant garder les mains au chaud… » Et il poursuivait ainsi sans s’arrêter, ayant toujours quelque chose à narrer. Jamais cependant il ne disait du mal de quelqu’un. Lorsqu’il avait à dire sur telle ou telle personne, il annonçait seulement : « Méfiez-vous, la Jeanne, faut pas la fréquenter. Elle est trop bavarde ! » On savait alors que la personne racontait tout à tous avec une délectation sans fin et tentait en permanence d’apprendre sur chacun pour annoncer une nouvelle histoire aux autres, à votre détriment, bien sûr ! »
Sa phrase favorite : « Si on veut. » il en usait, sentant bien qu’il y avait quelque chose d’insolite dans cette réponse à une question qui le concernait directement telle que : « Vous prendrez bien quelque chose ? » Il vous répondait alors d’un air assuré et guilleret : « Si on veut. » Qu’entendait-il derrière ce on ? Parlait-il de lui ou au contraire de celui qui avait posé la question ? On ne sait. Il laissait supposer que cela lui était égal ou que, si vous n’y teniez pas, peu lui importait. C’était sa manière : être impersonnel avec une réponse personnelle à donner, être désintéressé alors qu’il n’attendait que cela. Que signifiait cette phrase dans sa tête ? On ne le saura jamais. Monsieur Albert n’est plus. Il repose au cimetière, son dernier toit à couvrir. Oui, M’sieur Albert avait une faiblesse pour le vin rouge et en abusait quelque peu. Il en est mort. Ainsi, il venait vous voir à onze heures trente. On l’entendait ouvrir la porte cochère du jardin, déposer son vélo contre un arbre, et venir taper d’un doigt à la porte de la cuisine. Nous aimions ses visites, son langage fleuri, sa bonne humeur jamais en défaut, ses réflexions qui n’avaient l’air de rien. Il avait l’aisance des simples, comprenait lorsqu’il nous dérangeait : « Je reviendrai », disait-il.
Il ne reviendra plus, mais nous conservons dans nos souvenirs la mémoire d’un homme vrai. Parfois, pour rire, à une question posée par l’un d’entre nous, un autre répond : « Si on veut », et un sourire nostalgique naît sur nos lèvres.
07:06 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : homme remarquable, simplicité, société |
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12/12/2015
Brouillard
Hors de toute gravité l’ouate flotte dans l’air
Et encombre les bronches révoltées
Par le passage des particules délétères
D’une brume persistante et illimitée
Enfoncez-vous mollement dans la purée
Laissez-vous aller sans bras ni jambes
Et ouvrez grand votre regard enchanté
Sur les nuages devenus ingambes
Il lui prit la main, hors de toute mise en scène
Gonflé d’un hélium envahissant et obscène
Il frémit de bonheur. L’angoisse attendra !
Va où te conduisent ton cœur et ta nature
Marche vers l’inconnue en toute droiture
Va vers la porte blanche et avance d’un pas !
© Loup Francart
07:35 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) |
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11/12/2015
Quelques pas dans Dole
Une promenade insolite. Bien sûr tous la connaissent. Mais elle est sympathique et original cette entrée dans les profondeurs de la ville par un passage singulier, celui d'une fontaine qui pourrait avoir sa place à Jérusalem, en Turquie ou en Grèce :
07:18 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tourisme, rêverie, visite, jura |
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10/12/2015
La fin de l'histoire (3)
Il y avait bien de temps à autre des manifestations de conscience individuelle qui différaient de la conscience collective. Mais les personnes qui tentaient de penser autrement étaient aussitôt prises de fièvres ou de nausées et ne pouvaient plus se nourrir correctement. C’était aujourd’hui le cas de Nicéphore et il n’arrivait pas à lutter contre ces symptômes révélateurs. Pour éviter une hospitalisation, il décida de partir loin de la civilisation. Il prit un billet d’avion pour Tombouctou où il espérait trouver une grotte lui permettant de vivre isolé de façon à éviter toute dénonciation. Certes, il n’était pas le premier à essayer cette stratégie de l’isolement. Mais il ne savait pas ce qu’étaient devenus les gens qui l’avaient tentée. Aujourd’hui, il risquerait lui-même cette manœuvre pour voir ce qui allait subvenir. C’était l’inconnu. Il voulait savoir de que signifie penser par soi-même d’une manière différente. Il n’avait pas conscience de se rebeller. Simplement, il voulait tenter l’expérience et avait préparé avec soin son sac à dos. Un duvet, un savon, deux gourdes en plastique, un rasoir et un tube de mousse à raser, une chemise et un pantalon de rechange, quelques sous-vêtements et une paire de chaussures qui compléterait celle qu’il avait aux pieds. Ah oui, également un traducteur automatique assez perfectionné qui traduisait instantanément d’une langue dans une autre avec une voix mécanique qui certes manquait d’élégance, mais permettait de converser facilement avec tout un chacun. Il avait pris soin de ne rien prendre qui puisse donner l’éveil aux policiers chargés de fouiller les voyageurs pour découvrir des objets compromettants.
– Monsieur, montrez-nous votre sac, s’il vous plaît.
– Voilà, dit-il.
– Qu’allez-vous faire à Tombouctou ? lui demanda un des policiers plus curieux.
– Je vais faire des recherches géologiques, c’est mon métier, répondit-il. Nicéphore avait en effet passé brillamment un doctorat de géologie et avait travaillé pour l’industrie pétrolière à la recherche de présence d’indices.
– Bien, passez Monsieur.
Nicéphore ne cherchait pas à tromper les policiers. Il disait la vérité et agissait de façon normale sans être véritablement conscient de ce qu’il faisait.
Atterrissant à Tombouctou, il chercha aussitôt un guide capable de l’emmener dans le désert et de l’aider à trouver une grotte pouvant l’abriter de la chaleur. Il rencontra Mohamed, un petit touareg au visage rieur, avec qui il conclut le marché. Il prit un peu de temps pour voir la grande mosquée, le plus grand monument en terre du monde, paraît-il, dans une ville également de terre et de ciment. Plus d’affrontements… La fin de l’histoire est également passée par là. Les religions existent encore, mais le prosélytisme est banni. Elles ont une fonction sociale et culturelle, voire, dans certains cas, psychologique, assez proche de la spiritualité. Celle-ci n’est pas interdite, mais elle n’est qu’individuelle, plus à des fins sanitaires que pour annoncer l’existence de Dieu et changer les êtres. Si chaque homme est libre d’une aventure religieuse, celle-ci ne peut être que dans un consensus social que tous agréent.
07:28 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté |
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09/12/2015
Ecriture
Premiers balbutiements d’un apprenti en écriture ! De la croix au trait en passant par… De l’extase à la lassitude… Et pourtant, n’y a-t-il pas une certaine poésie dans ces malhabiles tentatives de langage ?

07:23 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, art cinétique, peinture, dessin, signes |
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08/12/2015
Prière au Tout Autre
Toi, au-delà des mondes visibles et invisibles
Plus intime à moi-même que moi-même
Un et inconnaissable
Contenant le tout et contenu en tout
Merci à Toi, si proche et inconnu
Qui s’empare de mon être et le presse
Sur le vide intense de ta présence
Tu es là, hors de toute raison
Sans jamais te nommer ni te dévoiler
Et tu m’aspires en Toi, en toute liberté
Sur la seule foi de la confiance
Qui m’étreint et me bouleverse
Fais de moi ce qu’il te plaît
Permets que je me noie en Toi
Qu’encore et toujours, à chaque instant
Je n’oublie pas ta brise divine
Et avance les yeux ouverts
Sur la splendeur de ta création
En moi et hors de moi, entre le zéro et l’infini
Au-delà de tout toucher et de toute pensée
Dans ce lieu qui n’est pas moi
Et que je nomme Toi
© Loup Francart
07:01 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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07/12/2015
Le lac à Annecy
Le lac, royal et immuable, mais toujours changeant.

07:32 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paysage, annecy, tourisme |
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06/12/2015
Les deux visions du monde
Hier, en un éclair, surgit l’inspiration, l’idée à développer d’un nouveau récit, en doublant dans la rue, à pied, une femme dont je ne vis qu’une moitié de joue et les cils de l’œil gauche, le tout entouré de cheveux foisonnants.
Je n’en vis pas plus et, en un instant, je fus dans ses pensées. Une véritable intrusion. Sa joue devint une sorte de miroir qui me renvoyait son entendement aussi naturellement que si elle avait pris un téléphone pour me parler. J’étais en elle comme j’étais dans mes propres pensées une minute auparavant. Un saut d’un monde à l’autre, sans transition, me laissant aussi à l’aise dans l’un que dans l’autre.
Cela ne dura pas longtemps, cinq ou dix secondes. Mais quelle précision ! Femme tout d’un coup, j’étais plongé dans une vision féminine du monde. Je voyais en femme une situation entrevue habituellement avec plus de distance et moins d’implication des sens. Là, le monde était plus rond, plus caressant, plus à fleur de peau également. C’était un monde plus concret, plus ancré dans les sensations et sentiments, moins distant et probablement plus vrai, parce que plus enraciné dans la réalité. Je touchais le monde et les fibres qui relient chaque être ou chaque chose avec un autre et jouais une autre symphonie, plus charnelle, plus tendre, moins rationnelle et plus vivante. Les femmes donnent naissance au monde alors que nous, les hommes, le décortiquons. Nous jouons aux cubes, inlassablement, édifiant et démolissant ce monde, pendant que les femmes nagent dans leurs relations, pour y trouver l’harmonie qui les relie.
Une femme ancre sa place dans le monde en jouant de ces fibres qui unissent entre eux les êtres et les choses. L’homme s’attache plus à construire et reconstruire leur position dans le temps et l’espace pour atteindre un équilibre précaire que les nouvelles relations établies entre eux amènent à une nouvelle mobilité.
Bienheureux sont ceux qui ont les deux visions ! Ils sont accomplis…
07:07 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femme, homme, société, psychologie |
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05/12/2015
La nuit de feu, d’Éric-Emmanuel Schmitt
« A vingt-huit ans, Éric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée dans le grand sud algérien. Au cours de l’expédition, il perd de vue ses compagnons et s’égare dans l’immensité du Hoggar. Sans eau ni vivres durant la nuit glaciale du désert, il n’éprouve nulle peur mais sent au contraire se soulever en lui une force brulante. Poussière d’étoiles dans l’infini, le philosophe rationaliste voit s’ébranler toutes ses certitudes. Un sentiment de paix, de bonheur, d’éternité l’envahit. Ce feu, pourquoi ne pas le nommer Dieu ? » (Quatrième de couverture)
Un très beau livre qui révèle l’irruption de l’inconnu totalement autre à l’homme moderne qui
ne croit qu’en ce qu’il voit. L’auteur découvre l’infini en une impression plus forte que toutes les pensées apprises. En Europe, les intellectuels tolèrent la foi, mais la méprisent. La religion passe pour une résurgence du passé ; nier, c’est devenir moderne. (…) Un préjugé chasse l’autre. Jadis les gens croyaient parce qu’on les y incitait ; aujourd’hui ils doutent pour le même motif. Dans les deux cas, ils s’imaginent penser alors qu’ils répètent, qu’ils mâchouillent des opinions, des doctrines de masse, des convictions qui ne seraient peut-être pas les leurs s’ils réfléchissaient.
Au cours de ce voyage initiatique, il rencontre d’abord Abayghur, un touareg beau, élancé, magistralement vêtu de lin indigo, la tête ceinte d’un chèche blanc. Ses traits avaient été dessinés avec précision et distinction par la main inspirée de la nature, profil d’aigle, lèvres nettes, iris perçants, l’ensemble gravé sur une peau d’un brun calciné. Cet homme du désert n’est pas pressé à l’image de l’occidental. Il a le temps, le temps de l’éternité et de l’amour. Il passe devant celle qu’il aime sans un mot ni un regard sur elle. Et pourtant, tu es plus belle qu’un dattier chargé de fruits sucrés, plus touchante qu’une promesse de pluie, plus rayonnante que les cristaux de glace au cœur de l’hiver. Tous les hommes t’admirent. Tu es ma rose du Hoggar, la lune blanche, la fille de l’étoile, l’incomparable, l’uni que, ma montagne rose, mon amphore brune. Tu es la fille bleue.
Celui-ci, plus par son attitude que par un comportement ouvert, va le préparer à cette rencontre avec l’inconnu. Il passe en une nuit de l’angoisse, cette obsession de la pensée moderne, à la béatitude. Cette angoisse m’avait condamné à la solitude et l’arrogance, me propulsant comme seul pendant au milieu d’un univers qui ne pensait pas. A l’inverse de l’angoisse, la joie m’avait intégré au monde et mis en face de Dieu. La joie me conduisait à l’humilité. Grâce à elle, je ne me sentais plus isolé, étranger, mais fécondé, uni. La force qui tenait le Tout grouillait également en moi, j’incarnais l’un des maillons provisoires. Si l’angoisse m’avait fait trop grand, la joie m’avait ramené à de justes proportions : pas grand par moi-même, plutôt grand par la grandeur qui s’était déposée en moi. L’infini constituait le fond de mon esprit fini, comme un bol qui aurait contenu mon âme.
Et maintenant, il s’intéresse à la question de Dieu plutôt qu’à la réponse des hommes. Il ne veut pas être croyant ou athée, car ceux-ci se cramponnent à des solutions simples, croire, ne pas croire, montrant un appétit suspect d’opinions catégoriques. Ni l’un l’autre ne supportent le cheminement, le doute, l’interrogation. En affirmant leur choix, il ne voulait pas penser, mais en finir avec la pensée. Ils ne désiraient qu’une chose : se délivrer du questionnement. Un souffle de mort figeait leur esprit.
Sa conclusion : lorsqu’on a rencontré la sollicitation de l’invisible, on se débrouille avec ce cadeau. Le surprenant, dans une révélation, c’est que, malgré l’évidence éprouvée, on continue à être libre. Livre de ne pas voir ce qui s’est passé. Libre d’en produire une lecture réductrice. Libre de s’en détourner. Libre de l’oublier.
07:07 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, littérature, sahara, mysticisme, charles de foucault |
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04/12/2015
La légèreté
Quel curieux mot… Légèreté…
La légèreté peut être habileté
Elle signifie la souplesse et l’aisance
De l’homme dans le monde et la vie
Mais elle exprime également
Le peu de poids à lui accorder
Le manque de consistance
L’étourderie et la désinvolture
Peut-elle être à la fois
Synonyme d’élégance
Et manquer de consistance ?
Notons qu’elle ne passe pas
Du positif au négatif en utilisant le zéro
Non elle saute à pied joint
D’un côté à l’autre de la ligne
Sans disparaître ou manquer d’être
La légèreté et un rêve réel
Une vision de l’invisible
La brume du vécu
Dans l’absence de mémoire
Curieux comme cette légèreté
Donne de la profondeur
© Loup Francart
07:28 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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03/12/2015
La fin de l'histoire (2)
Lorsque la loi avait paru, de nombreuses personnes avaient ouvertement contesté, manifestant devant le parlement mondial de manière pacifique tout d’abord, puis avec l’énergie du désespoir devant la force brutale des policiers. Tous avaient été arrêtés. On n’avait plus entendu parler d’eux et leur sort n’intéressa personne puisque tous prenaient la pilule. Lorsque Nicéphore était né, le système était en place depuis déjà dix ans. Les quelques soubresauts auxquels cette mise en place avait donné lieu étaient éteints. Tous prenaient la pilule et ceux qui ne pouvait la prendre parce qu’ils étaient malades étaient aussitôt hospitalisés. Comme il fallait une autorisation spéciale signée par un praticien pour mettre un masque cachant l’indicateur, il était quasiment impossible d’échapper au système. C’est ainsi que s’était instaurée « la fin de l’histoire ».
Celle-ci n’avait rien à voir avec l’article de Francis Fukuyama intitulé La fin de l’histoire, paru en 1989. Dans l’esprit de l’auteur, il ne s’agissait pas de la fin de l’histoire de l’humanité, mais simplement la fin des affrontements entre nations. La planète était conviée à « tendre vers un modèle unique, celui des démocraties libérales et de l’économie de marché ». L’article fut aussitôt remis en cause par Samuel Huntington, l’effondrement du système communiste n’impliquant pas la fin de l’idéologie comme force motrice de l’histoire. Ce fut d’ailleurs vérifié lors de la tentative des islamistes d’instaurer un califat au Moyen Orient.
Cette nouvelle « fin de l’histoire » était beaucoup plus subtile. Les historiens, ou plutôt les théoriciens des évolutions historiques, aidés par de psychologues et des médecins avaient mis au point une pilule ingérable supprimant la volonté individuelle. Ce n’était pas la suppression de toute volonté. Simplement le fait qu’individuellement on ne pouvait penser autrement que les autres. La volonté collective avait remplacé les volontés individuelles, mettant ainsi fin aux affrontements entre deux personnes, puis plusieurs personnes, puis deux nations, puis plusieurs nations, jusqu’à l’instauration d’une volonté collective universelle. Celle-ci avait alors grandement facilité la mise en place d'une gouvernance mondiale. Plus d’affrontement, plus d’histoire. La paix. Une paix durable, totale. Qui oserait aller contre. Impensable !
07:17 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté |
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02/12/2015
Le zéro
Le zéro est-il un nombre ? Peut-on dire que rien est un nombre à l’égal du un ou deux cent ou mille ?
Ce rien qui représente malgré tout quelque chose fut inventé il y a mille huit cent ans en Inde. Le mathématicien Brahmagupta dans son livre intitulé Le commencement de l’univers définit le zéro : « Le zéro est le résultat de la soustraction d’un nombre de lui-même ». A son époque, si l’on retirait deux pommes de deux pommes il n’y avait pas de résultat. Brahmagupta donna un nom à ce rien, le zéro et afirma que ce nom est un nombre et non rien. Il écrivit ainsi la règle : « Quand zéro est ajouté à un nombre ou soustrait d’un nombre, ce nombre reste inchangé » et il ajouta « le produit d’un nombre multiplié par zéro est zéro ».
Est-ce si évident ? Pourquoi pour l’addition ou la soustraction par zéro, le nombre multiplié ou soustrait reste le même et pourquoi lorsqu’il s’agit de multiplication ou division ce nombre devient égal à zéro ? Que dire alors de zéro divisé par zéro ? Il n’y a pas de réponse ou plutôt la réponse est indéterminée.
La règle jusqu’au XVII° siècle faisait commencer les séries de chiffres par un (puis deux, trois, etc.). C’est ainsi que l’an zéro n’existe pas dans le calendrier grégorien qui passe de 1 av. J-C à 1 ap. J-C sans transition. Cette anecdote fut difficile à juguler lors du passage à l’an 2000. C’est pour cela que le deuxième millénaire a commencé en l’an 2001 qui et réellement éloigné de deux mille ans de la naissance du Christ.
Le zéro est donc un nombre au même titre que les autres nombres, même si son destin est particulier.
07:43 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mathématique, philosophie, nombre, chiffre |
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01/12/2015
Frissonnement
Frissonnements, tremblements, sur la peau, un jour d’hiver, comme un cauchemar, partant aux quatre coins de l’horizon, se diluant dans l’éther jusqu’à chatouiller l’intérieur du crâne.

08:10 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, optique art, art cinétique |
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30/11/2015
Grandeur de l'homme
Tu te réalises lorsque tu es contenu et contenant.
Tu es contenu, Un dans le Tout et unique.
Alors tu acquiers la conscience de l’infini.
Tu es contenant et deviens ensemble vide.
Alors le Tout prend possession de toi et tu deviens infini.
Tu fais partie de l’infini et, dans le même temps, l’infini est en toi.
Dieu seul est incréé.
Il est hors ensemble.
Infini et différent de l’infini.
Un et Tout à la fois.
En vie, tu ne le connaîtras jamais,
Mais tu peux l’éprouver
Dans ce vide qui contient tout.
Découvre-le.
© Loup Francart
07:05 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : homme, personne, infini, unicité, dieu |
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29/11/2015
La fin de l'histoire (1)
Comme tous les jours, Nicéphore Pratoux prit sa pilule au moment de son petit déjeuner. C’était une obligation. Personne ne pouvait s’en passer. Depuis « la fin de l’histoire », le gouvernement mondial avait instauré cette nouvelle loi et mis en place un système de contrôle qui la rendait obligatoire. Nul ne pouvait transiger. Malgré de nombreuses recherches subventionnées par l’Etat, les chercheurs n’avaient pas réussi à trouver un moyen permettant de remplacer la pilule quotidienne. Par contre on identifiait immédiatement si la personne avait ou non pris sa pilule. Depuis la découverte d’André Bonnet, l’injection du signal lumineux sous la peau était obligatoire à l’âge d’un an. Celui-ci s’allumait si la dose contenue dans la pilule n’était pas ingérée. Comme l’ « indicateur », c’était ainsi que les gens l’appelait, se trouvait à hauteur du front, à l’endroit de la petite bosse artificielle créée par l’appareil miniaturisé, située un centimètre au-dessus des deux yeux, il était simple de voir si oui ou non la pilule avait été prise.
Cela faisait deux jours qu’il ne sentait pas bien. Il avait des sueurs glacées qui lui parcouraient le dos, des nausées à certains moments de la journée. Mais il ne voulait pas se déclarer malade. Cela l’aurait contraint à se faire soigner à l’hôpital et la cure pouvait durer plusieurs années. Il avait connu, lorsqu’il allait au lycée, une fille qui s’était déclarée malade au moment de sa puberté. Embarquée en ambulance, elle avait passé trois ans à l’hôpital. Lorsqu’elle était revenue, ses camarades ne l’avaient pas reconnue. Elle avait maigri, ses mains tremblaient et son élocution était ralentie à tel point qu’on n’avait pas envie de l’écouter. Ses parents avaient certes essayé de la récupérer plus tôt. Mais les médecins s’y étaient opposés. Elle était susceptible de faire une crise mettant en jeu l’ordre public et l’on serait alors obligé de l’euthanasier. Ils n’avaient pas insisté, sachant qu’ils risquaient eux aussi un séjour à l’hôpital. Ainsi, il n’y avait plus de malade au vrai sens du terme. Certes, il fallait toujours remplacer des organes chez ceux qui avaient des accidents internes ou externes, mais cela ne prenait que peu de temps et les patients ressortaient sains de corps et d’esprit le lendemain de l’opération.
07:58 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté |
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28/11/2015
Pictoème sous forme de haïku
Évadée
Évidée du contenant
S’évase l’âme

Haïku sous forme 3 - 7 - 5.
07:49 Publié dans 31. Pictoème, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, haïku, dessin, spiritualité |
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27/11/2015
Saline royale d'Arc-et-Senans
La saline royale d’Arc et Senans dans le Doubs, est un ensemble majestueux construit par un architecte génial, Claude-Nicolas Ledoux. Celui-ci fit un premier projet de saline qui a été présenté au roi Louis XV en 1774. Il fut rejeté, jugé trop ambitieux et novateur. Ledoux raconte cet échec : « Un prospectus dicté par des agents subalternes, qui préparent l’obscurité des décisions, avait circonscrit le travail. Tel est le despotisme des délégués de Plutus, ils passent une partie du jour à tailler leurs plumes, l’autre à neutraliser l’encre qu’elles contiennent. »
Le second projet est également somptueux. Il comprend un saumoduc, canalisation en sapin longue de plus de 21 km, enterrée, le bâtiment de graduation qui permettait d’augmenter la concentration en sel de la saumure, le bâtiment des gardes, la maison du directeur et d’autres bâtiments et des jardins.
Vous pourrez rêver devant la majesté des lieux et admirer l’ingéniosité de cet architecte infatigable dont un bâtiment abrite les plans. Il était sans doute trop en avance sur son temps comme beaucoup de personnes de génie. Il est dommage que la plupart de ses œuvres aient été détruites. Il construisit les 50 barrières d’octroi dont la plupart ont été démolies au XIX° siècle. Ne reste que celle de La Villette et de la place Denfert-Rochereau ainsi que la rotonde de l’entrée du parc Monceau.
Dans sa ville idéale, Ledoux aspirait à créer un environnement rationnel et une organisation hiérarchique du travail. C’était une ville à la campagne,, avec des plantations alignées sur trois rangs, bordant les routes de la province et des bâtiments intégrés dans la nature. Tout le monde devait y être vu : le directeur par les employés, les employés par le directeur.

Il avait des conceptions très modernes de l’architecture. Pour preuve cette maison des gardes agricoles :

Ou encore ce pavillon des Cercles, construit sur les plans exacts de Ledoux, aire du Jura, sur l’autoroute A39 :

07:54 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : architecture, industrie, saline, urbanisation |
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26/11/2015
Se mentir à soi-même
Le mensonge est à la base de la personnalité de l’homme. Il lui donne une continuité et permet ainsi de constituer et de maintenir cohérent notre vision du moi. C’est certes un moi fuyant, insaisissable et vain. Mais il vaut mieux que son absence. Les mensonges sont des tampons qui nous permettent de donner une continuité à notre vie.
La faculté de mentir est propre à l’homme. Les animaux, même les plus développés, ne peuvent mentir, car ils n’ont pas la vision d’une continuité de leur vie. Celle-ci est liée à l’imagination, faculté également propre à l’homme, qui lui donne la possibilité de créer. On ne peut créer qu’en imaginant ce que l’on veut créer. L’homme ne peut progresser qu’en imaginant sa progression et en s’efforçant de se donner les conditions d’y arriver. Celles-ci peuvent se contredire, s’opposer à ce progrès. Pour donner du sens à ce que l’on recherche, nous utilisons le mensonge qui nous permet d’arriver à une certaine continuité. La vie prend du sens par ce colmatage permanent que lui donne le mensonge. Mais l’homme vit alors endormi dans ce nuage artificiel qu’il se fabrique lui-même. A partir d’un certain niveau de développement, le mensonge devient un obstacle contre lequel il faut lutter.
On distingue deux types de mensonge. Le mensonge aux autres, qui peut être nécessaire pour empêcher les conflits entre les personnes, et le mensonge à soi-même.
Les mensonges aux autres sont devenus une seconde nature. Celle-ci a ses côtés positifs, mais également ses côtés négatifs. Il convient donc de lutter contre les mensonges inutiles et, au fur et à mesure de sa propre progression interne, de les réduire au minimum, ce qui suppose une certaine conscience de soi et du développement de son moi. Il n’est pas possible de se promettre de ne pas mentir aux autres, car le mensonge est parfois bénéfique dans certaines situations, ne serait-ce que pour éviter de faire de la peine à ceux qui ne sont pas prêts à entendre la vérité en raison des circonstances qui les entourent ou de leur état d’être.
Inversement, il faut lutter impérativement contre le mensonge à soi-même. Celui-ci apparaît comme une attitude positive le plus souvent. Elle s’exprime par l’expression : Oui, mais… Utile dans les échanges entre personnes, il devient mauvais vis-à-vis de soi-même. Il permet de s’installer dans un mécanisme auto-tranquilisateur qui empêche toute progression. Il retire toute lucidité vis-à-vis de soi-même et enferme l’homme dans sa propre prison. Je me crois tel que je me vois alors que je suis autre, mais n’en ait pas conscience. Le mensonge vis-à-vis de soi est avant tout recherche d’excuses sur ce que l’on a mal fait ou pas fait ou que l’on ne fait pas. Pourquoi ne fait-on pas ce que l’on souhaitait faire ? Tout simplement parce que nous ne sommes jamais le même, nous sautons d’un personnage à l’autre en fonction du contexte, des circonstances, des personnes avec qui nous sommes en contact et bien d’autres causes encore. Nous ne nous rendons pas compte de tous ces personnages en nous. Alors veillons sur nous-même et sachons voir nos différents personnages. Ceci nous permettra par la suite de les unifier.
Le discernement commence vis-à-vis de soi-même et ce n’est pas une mince affaire !
07:24 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, vie personnelle, moi, soi, discernement |
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25/11/2015
Elle
Elle est là, maigre et misérable :
« Qu’as-tu, petite, à demander ? »
« Je cherche l’homme responsable
De ma vie et de ma pauvreté. »
Elle poursuivit sa route, clopin-clopant,
Les yeux fixes et l’haleine fétide,
Regardant ses pieds, penchée vers l’avant,
Tendant un doigt fragile vers le vide.
Le lendemain on la vit revenir,
Fière jeune fille sans un soupir,
L’œil vif et la chevelure brillante.
« Qu’as-tu, belle enfant, à nous donner ? »
Elle entraîna derrière elle le village entier
Pour un baiser supposé sur ses lèvres glaçantes.
© Loup Francart
07:13 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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24/11/2015
Cannage 2
Enfin, vous êtes prêt. Votre dessin est reproduit, en proportion, sur la toile. Vous sortez vos pinceaux, vous les lavez, vous ouvrez vos pots de peinture et vous commencez dans un ravissement inégalé. Vous êtes revenu, enfin, dans la matière, immergé jusqu’au coude, le geste précis, la langue tirée, le genou flexible, bref dans l’attitude du vrai peintre qui est propre à vous-même. En fait il faut d’abord entourer les traits de peinture qui délimitera proprement ce qui est d’une couleur et d’une autre, ici blanc sur le fond noir du châssis (oui, on trouve des châssis noirs sans problème). Attention, ne pas dépasser le trait. C’est une question de patience et d’entraînement. Cela vient
progressivement et vous tirez maintenant vos traits au pinceau sans problème, à main levé. Combler les vides est facile et le temps dépend de la taille du pinceau utilisé. Large, mais pas trop, car plus il frôle les bords, plus l’attention doit être soutenue. Et lorsque les formes ressortent bien en noir et blanc, il faut recommencer. Ce n'est qu'un immense barbouillage. La peinture acrylique a également ses inconvénients. Elle n’a pas la consistance de la peinture à l’huile. Il faut généralement passer une deuxième couche. C’est le cas aujourd’hui. Bon courage !
Enfin vous contemplez l’œuvre (en est-ce vraiment une ?).
Vous êtes satisfait du travail accompli. Il reluit de tout son éclat. Est-il vraiment beau, tel que vous le vouliez ? Vous ne savez. Vous le saurez demain, quand d’un œil neuf vous y plongerez votre regard et vous direz : oui, c’est bien un tableau et il est beau. Dans deux mois lorsque vous en aurez peint deux ou trois autres, vous changerez peut-être d’avis. Mais pour l’instant, c’est bien sûr le plus beau que ayez jamais fait.
Pourquoi l’appeler cannage ? C’est un coup d’œil, une impression, un choc au coeur, qui donne son nom au tableau. Et ce coup d’œil m’a fait penser au cannage que l’on trouve sur les chaises de salle à manger. C’est idiot, bien sûr !
07:22 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, art optique, art cinétique |
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23/11/2015
Salon d’automne de Meslay du Maine
Un beau nom, des peintres passionnés, des organisateurs attentifs, des amis présents, un ciel bleu et le froid glacial. Être invité d’honneur, c’est pouvoir suspendre quinze tableaux là où les autres sont réduits à deux.
Mais vous ne concourrez pas, car vous êtes hors norme. Quel bonheur : pas de confrontation, pas d’exigences, une paix bienheureuse et une participation à tout en toute liberté. Un jury sympathique et connaisseur qui juge au-delà de la technique les motivations et intentions des artistes. Vous marchez sur un nuage, sans trou d’air.
Les délibérations sont sérieuses et l’unanimité est trouvée sans problème. C’est tout de même mieux que la chambre des députés : pas de cris, pas de hargne, pas de revendication, une harmonie raisonnable et bienvenue.
Il vous appartient de faire un petit discours. Mais c’est si simple de parler de l’amour de l’art que cela ne pèse nullement.
07:35 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : salon, peinture, exposition |
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22/11/2015
Exposition

07:30 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition, jury, peinture, art optique |
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21/11/2015
Dédicace Saumur
Loup Francart présentera, lira des extraits et dédicacera ses deux derniers livres le samedi 21 novembre 2015 à l’Espace culturel Leclerc de Saumur entre 14 et 18 heures.


Le temps suspend son vol, la matière flotte devant la langue française, irréelle, aux mille couleurs de l'humanité. C'était un samedi de promenade dans Paris, mais cela pourrait être à chaque instant où la pensée s'arrête et se laisse enchanter par la magie de l'apesanteur.
07:27 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dédicace, livre, poésie, poème, récits |
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20/11/2015
Cannage 1
Un tableau, ça se prépare, s’élabore et se mijote à la manière d’une recette de cuisine. Il faut y mettre un certain nombre d’ingrédients pour qu’il prenne forme. Ce sont des ingrédients virtuels, mais dont l’importance n’est plus à démontrer. Tout se passe dans la tête, dans un premier temps, dans les mains, dans un deuxième temps, puis dans la matière enfin.
Le premier temps est brouillon, plein d’aléas, imprévisible. Il naît d’un geste, d’un regard, d’un assemblage naturel ou artificiel tel une symétrie inusitée ou un contraste insaisissable. A partir de cette misère vous bâtissez sans vous en rendre compte dans votre tête un projet plus complet qui doit vous satisfaire ou bien vous laissez tomber. C’est un point délicat dont le basculement vers l’une ou l’autre solution est un processus ténu. Quel peintre n’a pas un carnet, et même plusieurs, de croquis qui est la mémoire des idées germées et inabouties.
Là, vous y êtes, une idée vient de sourdre, il convient de lui donner forme, c’est-à-dire bâtir un dessin complet, celui du tableau à réaliser par la suite. Comme vous êtes un homme moderne, vous n’utilisez plus votre crayon et une grande feuille de papier blanc, mais votre petit écran dont la taille varie en fonction du zoom que vous lui donnez. Vous cherchez alors non plus les formes, mais leur assemblage. Comment les marier entre elles pour leur donner un aspect satisfaisant à l’œil et à l’entendement ? Oui, cela demande plusieurs essais, ratés, à moitié réussis ou à moitié ratés. Vous entassez les pages sur l’écran, heureusement il ne pèse pas plus lourd pour autant. Ah ! Ça y est. Le voilà celui que je cherche depuis un moment. Il est là, satisfaisant et même beau. Oui, disons-le, si vous ne le trouvez pas beau, continuez. Certes, vous êtes bien le seul à le trouver beau, mais il faut bien trouver des satisfactions dans son travail. Donc vous tenez la merveille qui s’étale à vos yeux virtuellement, mais cette virtualité à un côté tellement réel que vous craquez et l’adoptez.
Il faut maintenant l’adapter au support choisi, généralement un châssis acheté dans un magasin spécialisé qui, avant toutes choses, doit être enduit d’un apprêt appelé gesso, généralement blanc. Mais comment passer d’un dessin virtuel à une réalité d’une autre dimension en conservant les mêmes proportions ? Certes, sur votre écran vous disposez d’une règle en largeur et en hauteur, mais encore faut-il que celle-ci se mette aux dimensions de votre tableau. Vous bidouillez un bon moment jusqu’à ce que vous trouviez le compromis qui vous permet de reporter, de l’écran sur la toile, le dessin, d’abord point par point, en abscisse et ordonnée, que vous reliez ensuite par un trait, sans vous tromper, jusqu’à former le même dessin sur le châssis. Pour cela vous vous servez d’un intermédiaire, une simple feuille imprimée du dessin sur lequel vous reportez les cotes de chaque point. C’est un travail long et contraignant. La moindre erreur et votre dessin part de travers. Pire, vous ne vous en apercevez qu’à la fin ou même le lendemain, au réveil, lorsque votre regard, plus clair, remarque l’erreur d’un coup d’œil.
07:20 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, art optique, art cinétique |
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