08/06/2016
Une maison insignifiante
Hier, j’étais à un vernissage. Peu de gens, des œuvres assez disparates, car il y avait quatre exposants qui ne semblaient pas avoir grand-chose en commun. Tout à coup, un tableau, une maison, insignifiante, mais qui attirait mon regard. J’eus envie d’écrire son histoire, ou une histoire qui s’y rapporte.
Il passa devant l’entrée, un simple portail constitué de deux piliers de pierre brute. Il eut l’impression que la maison le suivait des yeux. Il se retourna, mais rien. Elle se tenait immobile, insignifiante, effacée. Il poursuivit donc son chemin.
Le lendemain, elle est toujours là, à la même place, guillerette cette fois. Le soleil luit haut dans le ciel et les hirondelles ont repris leurs rondes échevelées. Tiens, les deux piliers sont plus avenants aujourd’hui, remarque-t-il. Il s’arrête, intrigué. Ce chemin de gravier sale qui mène à la maison lui tend les bras : « Viens ! » lui dit-il. La maison semble inoccupée. Les rideaux des fenêtres ne bougent pas, les portes restent fermées, l’arbre est toujours pelé. Non seulement pas un signe de vie, mais une impression d’abandon augmentée par la peinture de la façade, une peinture violette, non, disons mauve pâle, un peu sale. Le jardin est également laissé à lui-même ; les herbes envahissent tous les recoins. Tiens, mais c’est vrai. Il n’y a pas un animal. Je franchis l’espace entre les piliers et avance d’un pas. Un silence étouffant, roide, au goût de farine. Mes pas soulèvent une petite poussière fine qui retombe lentement, au ralenti. Un silence oppressant qui résonne dans les oreilles et endort les autres sens, y compris la vue. Une sorte de voile grisâtre s’est abattue sur mes yeux. Je rentre dans un autre siècle. Je vieillis très vite. Le compteur tourne à toute vitesse les années en remontant vers ma jeunesse. Mais je vieillis malgré tout. Une impression désagréable. Ah, il ralentit, puis s’arrête : cent douze ans. Je ne sens plus mes os. Ils sont tellement friables. Ma peau est devenue jaune et gaufrée. Ma tête est restée la même. Ni mieux, ni moins bien. J’ai toujours eu quelques difficultés à l’équilibrer pour m’en servir. Tantôt elle penche du côté du cœur et me fait accéder au royaume des larmes, tantôt elle penche du côté de l’intellect et déborde de concepts. Ils deviennent si encombrants que je dois les entasser à la cave, dans le ventre mou des idées perdues.
J’avance à petits pas, respirant une odeur de papier vieilli recouvert d’une fine pellicule de poussière rose, féminine. Non, elle sent le musc, odeur masculine s’il en est. Mais s’y ajoute un mélange de rose, de mûre et d’angélique qui détonne dans ce jardin désuet. Au moment où j’arrive à la porte au linteau arrondi, celle-ci s’ouvre en grinçant. Personne n’en sort. Elle bée devant moi, comme une invitation muette, et je ne vois rien d’autre qu’une ombre épaisse et collante.
La suite et fin : demain !
07:36 Publié dans 11. Considérations diverses, 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, impression, rêve, vision, psychologie | Imprimer
07/06/2016
Haïku
Un haïku doit contenir un kigo (mot de saison), c'est-à-dire une référence à la nature ou un mot clé concernant une saison. Ici, la rose des vents remplace la saison.
Il ouvre un œil
Il court dans la rose des vents
Et part, éperdu
07:02 Publié dans 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, pictoème, dessin, peinture, abstraction littéraire, abstract art | Imprimer
06/06/2016
Hymne chérubinique, Bortniansky
https://www.youtube.com/watch?v=wLzJrQyzSJc
Une fois de plus la musique liturgique orthodoxe enchante les sens, l’intellect et le cœur de sa pureté. Elle fait dissoudre les impuretés de l’âme, conduit aux frontières du monde divin et noue fait presque prendre la tangente.
07:50 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chant liturgique, orthodoxie, chant orthodoxe | Imprimer
05/06/2016
Le nombre manquant (21)
Le lendemain, je retrouvais Claire à la bibliothèque. Elle avait passé une mauvaise nuit, rêvant d’insectes envahissant son lit pendant son sommeil. Cela venait probablement de nos réflexions sur les intrusions dans notre réseau. Je fis une plaisanterie du genre : « Nous avons besoin d’intrusion pour nous secouer et nous réveiller ! », mais je n’eus pas l’impression que cela l’aidait beaucoup. J’avais moi-même mal dormi cette nuit, l’esprit préoccupé par ce que nous avions travaillé hier et la conclusion de Claire : « Mais alors l’antimatière du zéro, c’est Dieu ! » Cette exclamation m’avait semblé toute droite sortie de l’intuition et d’une découverte inopinée et j’avais admiré Claire de sa capacité de déduction intuitive. En réfléchissant, j’en vins à prendre conscience d’une faille dans ce raisonnement. Tout d’abord Dieu est distinct de toute matière.
– Dis-moi, j’ai réfléchi à ce que nous avons échangé hier et, en particulier, à ta sentence intuitive dans laquelle tu disais que Dieu serait l’antimatière du zéro. Finalement cela me semble erroné.
– C’est bien possible. Je ne prétendais pas avoir dit quelque chose d’extraordinaire. C’était une sorte de boutade. Mais explique-moi pourquoi ?
– Tout simplement parce que Dieu n’est pas matériel. Qu’est-il ? Personne ne le sait, mais ce que l’on sait, c’est qu’il est autre que le monde matériel. On ne peut le qualifier d’antimatière, car celle-ci est bien, malgré tout, de la matière. En effet, d’après Paul Dirac, le savant qui a découvert l’antimatière, pour chaque particule, il existe une antiparticule correspondante, qui est tout à fait semblable sauf qu’elle a une charge opposée. On peut aller jusqu’à envisager des galaxies et des univers constitués uniquement d’antimatière[1].
– Mais ce ne sont que des suppositions mathématiques qui ne sont confirmées que dans le monde quantique.
– Il y a une deuxième objection qui me semble également importante. Le zéro n’est que l’appellation du rien, il ne peut donc pas disposer d’antimatière n’étant pas par définition constitué de matière.
– Je te concède cette deuxième objection. Mais on pourrait justement dire que le zéro, qui n’est qu’une invention humaine, n’existe que parce qu’il a été conçu dans le monde matériel et pour le comprendre. Donc, il doit comporter une antiparticule spécifique, attribut indispensable à toute création.
– Tu as réponse à tout, Claire. Je confirme ton intuition, même si j’en ai douté quelque peu !
La boutade de Claire nous avait fait avancer. Certes, d’un tout petit pas. Ce n’est que par ces petits pas, très petits, que nous arriverons à notre fin. Claire avait l’avantage de ne pas s’attarder sur ses erreurs, mais de relancer sa machine à penser grâce à ce jeu bien humain de l’échec relanceur du succès. Peu de gens sont pourvus de cette qualité qui fait que la compréhension de la somme des échecs peut amener le succès d’un projet si celui-ci est bien conduit.
Mon téléphone portable se mit à sonner. C’était Vincent, très excité, qui nous dit savoir quel était la machine pratiquant les intrusions. Il n’en dit pas plus.
– Nous arrivons, lui dis-je, stimulé par cette incroyable nouvelle.
(1) Voir le site du CERN sur l’antimatière (http://home.cern/fr/topics/antimatter).
07:38 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer
04/06/2016
Renouveau
L’eau emplit les caniveaux
Puis, très vite, déborde ce niveau
S’enfile dans les caveaux
Enjambe les barreaux
Se transforme en bourreau
L’eau envahit les boqueteaux
S’enroule autour des roseaux
Grimpe aux jambes des puceaux
Jette un regard aux jouvenceaux
Et pépie sans cesse tel un moineau
L’enfant assis dans son vaisseau
Va de village en hameau
A l’imitation des chemineaux
Et rassemble son troupeau
Portant haut et fier son drapeau
L’eau est partout, dans ce tombeau
Le froid congèle même les bigorneaux
Y nagent encore quelques barbeaux
Et les cris effarouchés des damoiseaux
Proclame le jour du renouveau
© Loup Francart
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
03/06/2016
Harmonie
L'harmonie nait d'un accord entre les notes pour la musique et entre les couleurs pour un tableau, indépendamment de la mélodie ou du dessin, même s'il s'agit d'un pavage constitué de deux formes :
07:39 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, dessin, peinture | Imprimer
02/06/2016
Maxime
Tous nous avons soif de nouvelles connaissances,
comme si les anciennes ne nous suffisaient plus.
N’est-ce pas en permanence vouloir reproduire ce que nous avons déjà vécu :
la soif de l’inconnu et l’illusion d’un changement ?
© Loup Francart
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, précepte, leçon de vie | Imprimer
01/06/2016
Le nombre manquant (20)
J’avoue que cette réflexion me fit froid dans le dos, même si sa formulation était malhabile. Cela paraissait tellement irréel et, par ailleurs, tellement logique que j’en restai sidéré.
– Allons donc déjeuner, me fit-elle, toujours aussi pragmatique. Au cours du repas, elle me parla de tout et n’importe quoi, en femme intéressée par mille détails de la vie, qui me faisait douter que c’était la même qui avait formulé les réflexions de la matinée.
Au moment où nous allions nous remettre au travail, je reçus un coup de fil de Vincent :
– Il y a du nouveau. Il s’est manifesté et j’ai réussi à le piéger. On va pouvoir savoir qui il est ou, tout au moins, connaître l’ordinateur à partir duquel il opère.
– Comment as-tu fait ?
– Je t’expliquerai. Viens avec Claire, nous pourrons en discuter !
Mathias et Vincent était déjà là, discutant énergiquement. Vincent nous expliqua sommairement ce qu’il avait mis en place et comment il avait pu découvrir l’adresse IP du hacker. Claire et moi n’y avons rien compris, d’autant plus que les expressions employées par Vincent consistent en sigles ou acronymes en anglais dont la signification nous échappait. Nous avons simplement retenu qu’il avait mis en place un système de détection d’intrusion de type hôte (HIDS) et un système de prévention d’intrusion (IPS). Il connaît maintenant l’identité de l’intrus et il ne lui reste plus qu’à rechercher qui est la personne derrière l’ordinateur. Une grande victoire en somme, n’est-ce pas ?
Vincent était très fier de son exploit. Mais en réalité, il ne nous apprenait pas grand-chose. Il ne pouvait que poursuivre ses recherches pour en savoir plus, avant que nous ayons une idée claire du ou des intrus. Il précisa cependant qu’il ne s’agissait pas du piège dont nous avions parlé la veille, qui était un piège d’ordre stratégique visant à réellement connaître nos intrus, mais simplement un piège technique permettant d’identifier quel est l’ordinateur qui nous attaquait. Ce n’était qu’un premier pas, mais important.
– Si je comprends bien, nous pouvons éventuellement nous protéger de ces intrusions, nous savons d’où elles viennent, mais ne savons pas qui est derrière tout cela, résuma Claire, toujours pragmatique.
– C’est à peu près cela, répondit Vincent. Mais, c’est déjà beaucoup, fit-il remarquer. De plus, je vais tâcher de me procurer le nom du propriétaire de l’ordinateur espion. J’ai des connaissances dans la police numérique à qui j’ai rendu des services il y a peu. Nous devrions pouvoir disposer de ce nom.
– Une bonne nouvelle, enfin !
Là-dessus, nous nous quittâmes et chacun rentra chez lui. Lydie m’attendait, impatiente. Cette histoire avec mes compagnons l’irritait sans qu’elle ose le dire ouvertement. Elle me répéta que nous avions des comportements de gamins ou d’étudiants attardés et que cela pourrait mal finir. Se doutait-elle de ce qui allait se passer ?
07:28 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer
31/05/2016
Décision
L’indécision est une faille dans le roc.
Un coin s’enfonce et ouvre les lèvres
Qui s’entrebâillent et sourient devant le troc.
Être ou ne pas être donne la fièvre.
Comment te parer des meilleurs raisonnements ?
Es-tu de conviction ou d’humeur batailleuse ?
L’opinion est plus facile que l’argument,
Mais contraint à la défense laborieuse.
Seul devant tous, tu recherches le ralliement.
Ce n’est pas l’affrontement mais la caresse
De l’amitié qui penche vers la tendresse.
Alors tu pèses dans ton cœur, habilement,
L’impact et la vigueur de ta résolution
Et jettes au caniveau ton irrésolution.
© Loup Francart
07:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
30/05/2016
Puissance
La puissance tient à la symétrie
Mais le rouge crée l’anti-puissance
Les verts sont écrasés, mais est-ce si sûr ?
Laissez glisser votre regard sur la forme
Et le fond sera l’herbe odorante des jours d’été
07:51 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, art cinétique, symétrie, construction visuelle | Imprimer
29/05/2016
Regard
Ce matin, lors d'un regard par la fenêtre, un éblouissement... Plus rien n'existe. Seule cette trouée de lumière que vous contemplez, béat.
07:48 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aurore, naissance, lumière, trouée | Imprimer
28/05/2016
Le nombre manquant (19)
J’avais choisi de poursuivre nos recherches avec Claire. Je commençais à apprécier cette jeune femme décidée. Elle était opiniâtre, ne craignait pas les affrontements, savait prendre des chemins détournés pour arriver à ses fins, mais restait modeste et ne se mettait pas en avant. De plus, elle était jolie lorsqu’elle s’enflammait pour son sujet, lorsqu’elle levait un doigt de certitude avec une flamme dans les yeux et qu’elle cherchait à convaincre, le corps emporté par son élan intellectuel. Elle me rappelait deux sculptures de Camille Claudel, Le Dieu envolé, un bronze datant de 1894, et L’implorante (1898, aussi dénommée La Jeunesse ou L’imploration ou La Suppliante). Elle y mettait une telle ardeur qu’on adhérait à ses idées avant même d’être de les avoir comprises.
Nous avions décidé de nous intéresser à l’antimatière, forme miroir de la matière. Elle a été découverte en 1931 par Paul Dirac qui cherchait une forme relativiste pour l'équation de Schrödinger, équation de base de la mécanique quantique. Elle s’applique autant à la physique des molécules qu’à la cosmologie à ses états premiers quand l’univers se réduisait à une particule élémentaire. Il ne s’agissait pas d’entrer dans les considérations des savants, mais de voir quelles analogies ces découvertes pouvaient contenir.
– Comment pourrais-je comprendre quelque chose à ces considérations qui dépassent même la physique et sont issues de concepts purement mathématiques ? me disait Claire.
– Ce qui nous intéresse, c’est en quoi cela pourrait changer notre approche du monde quotidien et nous dévoiler les interactions entre le monde des physiciens et le monde des philosophes, voire des mystiques, répondais-je. Il doit bien y avoir une explication permettant le passage du monde expérimental au monde spéculatif, plus flou, mais s’appuyant également sur une certaine logique.
– Mais pourquoi ce terme d’antimatière ?
– En fait les antiparticules ressemblent assez aux particules usuelles, sauf que lorsqu’une particule rencontre une antiparticule correspondante, cela provoque une réaction qui les annihile et fait apparaître d’autres particules. Ainsi, il n’y a pas seulement attirance ou aversion, mais il peut y avoir une troisième hypothèse, celle d’un changement d’état des particules par leur mise en relation. De la conjonction ou de l’opposition naît une autre chose qui est différente.
– C’est bien l’objet de nos recherches, me semble-t-il ? S’interrogea Claire.
– Oui, même si nous ne l’avions pas formulé ainsi jusqu’à présent.
– Ainsi, le zéro ne serait pas seulement un séparateur entre le positif et le négatif, mais pourrait être à l’origine d’explications différentes et pourrait donner lieu à des découvertes qu’on n’avait pas soupçonnées.
– Oui, pourquoi pas.
De manière imperceptible, Claire avait tracé une voie nouvelle dans nos recherches : y avait-il un antizéro, pendant du zéro connu et utilisé ? Ce ne pouvait être l’infini qui, en fait, n’a pas de fin et est plus un point d’interrogation qu’une réalité concrète. Je fis part de mes réflexions à la jeune femme et celle-ci s’exclama aussitôt :
– Mais alors l’antimatière du zéro, c’est Dieu !
07:36 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer
27/05/2016
Guerre des mots
Ahiyaoua ! Ahiyaoua !
Ils se défient en onomatopées
Les unes sont connues, tellement
Qu’il est vrai, elles ne sont plus entendues
D’autres sont des inventions
Germées tout droit de l’exaltation
En réplique à une interjection
L’enfance rêve de nouveaux mots
Pour paver la marche vers la gloire
Ils sortent du chapeau envoûté
En cris d’apprenti sorcier
Hikedonk, hikedonk, le héros
Courant aux bords de l’univers
S’en est allé et s’est perdu
Dans la mer des lettres
Un plouf retentissant, mais muet
Visible à mille lieux comme un feu
Aussi le plus souvent possible
Les apocopes deviennent légions
Ils colocent dans la bizarrerie
Tels les paons en majesté
Sous la surveillance des profs
L’acronyme fait la sourde oreille
Les garçons sont sensibles à la Nasa
Les filles se voient dans une belle auto
Mais tous devant le Manneken-Pis
sont mdr quoi qu’il arrive
Quant aux sigles, réservés aux adultes
Ils commencent à fleurir à la cité U
Ils s’épanouissent dans les NTIC
Et les BD regorgent de lettres sans suite
Que l’enfant attentif et studieux
Cherche en vain dans le dictionnaire
Oui, c’est la foire du trône des mots
Une gélatine odorante aux oreilles
Que l’on brasse à pleines mains
Et que l’on s’envoie à la figure
Pour le plus grand plaisir des sourds
© Loup Francart
07:26 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
26/05/2016
Maxime
La vérité n’est pas toujours bonne à dire,
mais combien nous nous réjouissons de l'énoncer
pour le seul désir de paraître vrai.
07:19 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, société, vérité, réalité | Imprimer
25/05/2016
Haïku
"Composer des haïkus, c'est déchirer la surface du quotidien d'un coup de fouet, en faisant claquer la cravache des mots." (Alain Kervern)
Horizon barré
Le tonnerre gronde au loin
Un coup de poignard
07:10 Publié dans 22. Créations numériques, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : haïku, poésie, japon, présent | Imprimer
24/05/2016
Le nombre manquant (18)
Je remplis les cases du tableau et me dit que cela représentait beaucoup de possibilités. Je séparai également les pays dominants des pays émergents en ajoutant pour ces derniers la connaissance dont ils ne disposent pas en comparaison avec les pays dominants.
Catégorie |
Sous-catégorie |
Motivation |
But |
Lieu |
Petits groupes, voire Individus |
|
Argent Domination Connaissance |
|
|
Organisations |
Églises et sectes |
Religion, idéologie |
|
|
|
Mafias |
Argent |
|
|
|
Scientistes |
connaissance |
|
|
États |
Dominants |
Domination, argent |
|
|
|
Pays émergents : Brésil, Inde |
pouvoir connaissance |
|
|
|
Paradis fiscaux |
argent |
|
|
Le retour dans la salle de notre groupe marqua la déception de tous. Cela ne nous avançait pas à grand-chose ; Le champ de recherche était si large qu’il devenait impossible à mettre en œuvre avec nos faibles moyens.
– Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Vincent qui exprimait le scepticisme de tous.
– Eh bien, on réfléchit ! répondis-je, un peu agacé par son scepticisme permanent.
– J’ai une idée, dit Claire. Tout d’abord, nous pouvons laisser tomber la colonne but et la remplacer par indice. Avons-nous des indices qui peuvent nous faire pencher plus sur une motivation que sur une autre ? Nous pourrions même noter ces indices de 1 à 3 en termes de probabilité. Ainsi en est-il de l’argent ! Nous nous sommes un peu obnubilés sur celui-ci parce qu’il est le nerf de la guerre. Mais au stade où nous en sommes de nos recherches, est-il véritablement une motivation ? Je ne crois pas. De plus, pourquoi se manifester en remplaçant un mot par un autre. Dans ce cas, ils resteraient discrets et ne se feraient pas connaître de cette manière.
– Pour l’argent, ajouta Mathias, je ne mettrai même pas 1, disons 0,5 pour ne pas laisser tomber cette hypothèse. Tu as raison, elle est peu probable au stade où nous en sommes.
– Si nous poursuivons notre réflexion, fit remarquer Vincent, on peut raisonnablement penser qu’il en est de même pour le pouvoir. Les États ou organisations intéressés par la domination que pourrait donner une recherche comme la nôtre doivent bien rire en regardant, s’ils y ont accès, ce que nous avons produit. Allez, mettons 1 dans la colonne indice en face du pouvoir.
– en dehors des indices de probabilité de telle ou telle motivation, le changement de nom constitue également un multiplicateur de cette probabilité. Ainsi, ce changement, sans autre modification, me semble un indice plus fort dans le cas de la religion et de l’idéologie que dans le cas de la connaissance. On pourrait mettre 2 ou 2,5 pour ce cas particulier, non ?
– Je suis d’accord. Et nous avons bien avancé déjà ! constata Mathias. Avez-vous d’autres idées ou suggestions à faire.
Chacun se regarda, mais personne ne dit mot. Le brainstorming était terminé, on n'en tirerait plus rien aujourd’hui. Je retirai juste le 2,5 dans la case correspondant à la religion et l’idéologie pour inscrire 3 et mis 2 en face des cases connaissance. Tous semblèrent approuver ce petit changement, cela mettait en évidence l’indice le plus probable. Mathias s’empressa de recopier sur son ordinateur le tableau qui se présentait maintenant comme suit :
Catégorie |
Sous-catégorie |
Motivation |
Indice |
Lieu |
Individuels |
Individus
|
pouvoir connaissance |
0,5 2 |
|
Petits groupes |
argent pouvoir connaissance |
0,5 1 2 |
|
|
Organisations |
Églises et sectes |
religion, idéologie |
3 |
|
Mafias |
argent |
0,5 |
|
|
Scientistes |
connaissance |
2 |
|
|
États |
Dominants |
pouvoir argent |
1 0,5 |
|
Pays émergents : Brésil, Inde |
pouvoir connaissance |
1 2 |
|
|
Paradis fiscaux |
argent |
0,5 |
|
– Arrêtons-nous donc là pour le brainstorming, dit Mathias, mais distribuons-nous les tâches ! Comment allez plus avant ? Je vois deux solutions. La première, c’est de recherche d’autres indices, informations, questions sur Internet en rapport avec ce qui est inscrit dans le tableau. La seconde, mais je dis tout de suite que je ne sais pas comment, serait de tendre un piège aux intrus pour en savoir plus sur leurs motivations.
– Excellente idée, m’exclamai-je, mais il faut trouver comment. De plus, cela suppose qu’ils sauront que nous connaissons leur existence. Est-ce bien le moment ?
– A mon avis, ils le savent déjà. Nous leur avons donné des signes : changement d’organisation de notre base de données, arrêt brusque d’entrée de données au changement de nom. C’est plus que suffisant me semble-t-il !
– Tout ceci ne nous dit pas quel genre de piège nous pouvons installer, ajouta Claire.
– Oui, c’est vrai. Que proposes-tu ?
– J’avoue que pour l’instant, rien. Il faut y réfléchir. Le piège doit être simple, non ambigu ; il doit permettre d’identifier clairement le ou les auteurs et, si possible, de les empêcher de refaire la même chose. Je propose que la moitié d’entre nous réfléchisse au piège à tendre et l’autre moitié continue de rechercher des éléments de réflexion sur notre sujet. Personnellement je prends la réflexion, je ne suis pas très forte en stratégie. Qu’en pensez-vous ?
Nous nous quittâmes sur ces paroles après nous être partagés les rôles et donnés rendez-vous deux jours plus tard. C’était court, mais cela nous permettrait de faire un premier point de situation.
PS. Pardonnez-moi, je n'ai pas trouvé dans le système Hautetfort comment tracer les lignes d'un tableau.
07:29 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer
23/05/2016
L'espace, le temps et la matière
Longtemps on parla de l’espace d’un côté et du temps de l’autre. On n’y mêla jamais la matière qui semblait un concept différent. Einstein fut le premier à intégrer ces trois concepts ensemble. L’univers serait-il un tout indissociable ou un rêve qui cache une autre réalité ?
On sait depuis Einstein que la structure de l’espace-temps dépend de la répartition de la matière dans cette structure et du mouvement donné à cette matière. L’univers ne serait-il qu’une répartition de la matière dans l’espace et son mouvement qui crée le temps. L’espace n’est que par le temps, c’est-à-dire le mouvement, et le temps n’est que parce que la matière se meut dans l’espace. Espace et temps sont indissociables. Supprimons la matière, il n’y a plus d’espace et de temps. Supprimons l’espace, le temps cesse de s’écouler. Supprimons le temps, l’espace s’écroule par ce qu’il n’y a plus de mouvement.
Dans un espace-temps à l’échelle corpusculaire, c’est-à-dire dans une vision quantique, la position des électrons dans l’espace-temps est imprévisible. Ils peuvent même être détectés dans deux lieux à la fois et l’on ne peut définir précisément leur position dans le temps et l’espace. On a l’impression qu’à cette échelle l’univers se décompose et se met à danser une sarabande incompréhensible. Est-ce la limite entre le monde physique et un monde autre, celui de la pensée et/ou celui du divin ? Un monde empli d’informations qui finissent par engendrer une intention à l’origine du Big Bang. Et l’homme pourrait participer de ces deux mondes par le mystère de la pensée et sa puissance créatrice. Alors on pourrait réconcilier les deux appréhensions du monde, l’appréhension scientifique, qui base ses fondements sur le physique et l’expérience, et l’appréhension mystique dont l’objectif est la fusion en Dieu, autre sorte d’expérience, intime et pratiquement intransmissible. Derrière la seconde du Big Bang, une appréhension complètement différente de l’univers apparaît, probablement sans matière, faite d’informations circulant comme les électrons circulent dans le monde quantique jusqu’au moment où elles se condensent pour atteindre un processus de création. Alors sont engendrés ensemble la matière, le temps et l’espace qui créent l’univers que nous connaissons.
Peut-être alors peut-on s’interroger : Dieu ne serait-il qu’information ? Très certainement non, ce monde informationnel n’étant qu’un monde intermédiaire derrière lequel le concept de Dieu n’apparaît qu’en filigrane. De lui naît la pensée, mais cette pensée n’est pas le divin. Celui-ci se trouve au-delà. Ajoutons que ce monde informationnel n’a rien à voir avec ce qu’on appelle vulgairement l’information dans notre monde moderne. On peut le concevoir comme la noosphère décrite par Vladimir Vernadsky et Teilhard de Chardin : une enveloppe pensante qui crée l’unité de plus en plus consciente des âmes.
07:30 Publié dans 11. Considérations diverses, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : univers, cosmologie, cosmos, mystique, dieu | Imprimer
22/05/2016
silence
L’ombre dédoublée
Naissance du silence
Vivre malgré tout
07:11 Publié dans 27. Création photos, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : haïku, photo, poème, poésie | Imprimer
21/05/2016
Le temps
Elle prit le temps d’avoir le temps
Ce ne fut pas sans peine ni courage
Elle avait tant de choses à faire, à dire
Et toujours elle n’avait pas le temps
Jamais elle n’aurait pu abandonner
Elle n’avait que deux mains et pieds
Ils étaient constamment en mouvement
Remuant jour et nuit, bien huilés
Etait-elle hagarde ou épuisée ?
Elle avait les paupières closes
Sans pleurs ni regard mêlés
Elle reposait à terre, en tas
Aurait-elle perdue la tête, cette enfant ?
Pourra-t-elle à nouveau s’adonner
A la souffrance du repos et de l’errance
Et se laisser glisser dans l’inconscience ?
Elle erre dans le désert de son esprit
N’y rencontre aucun être connu
Quelques cailloux et plantes sauvages
Pas une âme qui vive ou meurt
Dans ce refuge improvisé et stérile
Elle n’a rien à opposer au spleen
Qui l’a pris de vive force, sans un mot
Et projeté dans le vide sans parole
Ainsi elle perdit son temps
Pour prendre le temps
D’avoir le temps
Tant qu’il était encore temps
© Loup Francart
07:06 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
20/05/2016
La saison des femmes
Elle est vendue et toutes se réjouissent. Elle va être mariée à un inconnu. Elle ne dit rien, a un regard effarouché et attend. Elle est femme, c’est-à-dire soumise à sa famille. Elle se retrouve dans un nouveau foyer, entre un jeune homme, Gulab, difficile à marier parce qu’alcoolique et amateur de prostituées, et sa mère, veuve, belle et soumise aux traditions. Elle s’appelle Janaki, elle a quinze ans, elle a honte et ne peut rien faire ni dire.
C’est une description sans complaisance de la société indienne, patriarcale et misogyne. Le film est violent, les femmes s’accommodent de ces brutalités tant bien que mal, les hommes sont odieux et la vie continue, vaille que vaille. Que faire : subir, sans mot dire. Chacun joue son rôle traditionnel : le mari, Gulab, un freluquet tout puissant à l'image des autres hommes ; la belle-mère, Rani, qui le protège et est méprisante envers sa bru ; la prostituée, Bijli, qui est détrônée par une nouvelle plus jeune ; la femme stérile, Lajjo, qui se fait faire un enfant et que son mari bat parce qu’il la disait stérile alors qu’il se savait impuissant. Seuls deux hommes mettent en évidence les changements possibles : une sorte de gourou qui montre que l’on peut s’aimer divinement et un homme moderne qui chercher à changer la société et qui doit fuir le village, laissé pour mort, battu par les autres hommes.
C’est un beau film, dur, impitoyable, tendre aussi parfois, dans lequel la prostituée à le meilleur rôle jusqu’à son déclin, la belle-mère devient mère tout à coup, la jeune femme découvre l’amitié féminine, toutes femmes qui finissent par fuir cet univers lourd de menaces et de violence masculine. Les hommes n’y ont pas le beau rôle, contrairement à ce qu’ils continuent à penser.
07:04 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, société, patriarcat, condition féminine | Imprimer
19/05/2016
Le nombre manquant (17)
Pendant cette discussion, Mathias avait utilisé un tableau de papier qui traînait par là. Il avait créé un tableau avec quatre lignes et plusieurs colonnes dénommées au niveau de la première ligne : catégories, sous-catégories, motivation, but, lieu, conséquences, et d’autres colonnes non encore remplies. Dans la première conne, il inscrivit individu, puis, sur la ligne du dessous, organisation et enfin État. Il inscrivit les cinq motivations dans la case de la ligne deux.
– Et maintenant, si nous passions aux organisations, et d’abord aux types d’organisation qui pourraient être intéressées par nos travaux.
– Pourquoi pas les églises ? Cela fait des siècles que l’église catholique s’intéresse aux découvertes scientifiques et surveille tout ce qui se rapporte à l’univers, à son origine et à sa fin, à l’infini et beaucoup d’autres choses encore. Mais ce n’est surement pas la seule église qui pourrait être intéressée. Le calife al-Mansour a été le premier occidental à reprendre la numération de position indienne et à utiliser le zéro malgré les énormes résistances qu’il a rencontré. Elle s’imposa au Xe siècle, mais mit encore plusieurs siècles avant de devenir la référence. L’Islam, en ces temps curieux de retour aux rivalités moyenâgeuses, pourrait chercher à reprendre la main sur une cosmologie de plus en plus scientifique et éloignée de la métaphysique.
– Je rappelle, ajouta Claire, que ce sont les indiens au Ve siècle qui ont inventé le zéro. Pourquoi l’Inde, devenue une nation puissante malgré sa population très nombreuse et diversifiée, ne chercherait pas non plus une piste en cosmologie, à l’instar du physicien Raman.
– Si je comprends bien, remarquais-je, la plupart des religions et sagesses du monde pourraient être séduites par nos recherches, ce qui me semble normal puisque Dieu dans la plupart des religions est le créateur du monde. N’oublions pas que les églises disposent d’argent, de volonté et de moyens assez considérables.
– Passons à d’autres organisations, par exemple les sectes, incita Mathias.
– Mais c’est la même chose que les religions !
– Oui, mais elles sont plus individualistes, plus entières et plus dangereuses parce que cachées.
– Je pense malgré tout, dit Vincent, que nous pouvons les intégrer dans les églises, cela nous évitera des doublons.
– Alors passons aux mafias. Pourraient-elles être concernées et quel serait leur intérêt ? Avec elles, il n’y a qu’un seul mobile l’argent…
– et le pouvoir.
– mais seulement pour accumuler plus d’argent.
– Il y a de nombreuses organisations mafieuses dans tous les coins du monde.
– Sérieusement, croyez-vous que les gangs, mafias ou cartels puissent s’intéresser à nos recherches. Cela ne les intéressera que si nous découvrons quelque chose qui pourrait rapporter beaucoup d’argent ou leur donner le pouvoir d’en rapporter beaucoup. Ce n’est pas encore le cas, et ce ne sera très probablement jamais le cas.
– Alors, on raye les mafias ?
– Non, mais ne nous attardons pas. Gardons-les seulement en mémoire. On ne peut les écarter, mais pas non plus les prendre trop en considération pour l’instant.
– Reste alors les organisations scientifiques, remarqua Vincent.
– Pourquoi ? Les cosmologistes sont nettement en avance sur nous. Nous recherchons même ce qu’ils produisent pour enrichir nos bases de données. C’est absurde.
– Peut-être pas autant que tu le crois. N’oublie pas que faisons nos recherches dans des domaines qui ne se côtoient pas. Toute explication théologique est rejeté par les savants, y compris celle de Teilhard de Chardin, et toute explication scientifique est mal vu des religieux et spirituels. Nous avons pris la résolution de rechercher dans toutes les disciplines, quelles qu’elles soient. Cela nous donne un avantage et un but, faire rejoindre la science et la mystique par l’expérience vécue et non la spéculation. Cela met sur le même pied l’expérience spirituelle et les expériences scientifiques. Connais-tu beaucoup de personnes qui se posent le problème de cette manière ?
– Non, je le reconnais. C’est même notre spécificité et notre passion.
– Alors pourquoi n’y aurait-il pas d'autres organismes qui se poseraient les mêmes questions et chercheraient des réponses ?
– C’est vrai, c’est possible. Cela m’étonnerait, mais c’est possible. C’est ce qu’on appelle la convergence des questions et des recherches. Plusieurs personnes se posent le même problème et, tout d’un coup, ils arrivent quasiment en même temps à des solutions. Elles peuvent d’ailleurs être différentes les unes des autres.
– D’accord. On l’inscrit !
– Reste les États, dit Vincent. J’en vois en priorité trois : les États-Unis, la Russie, la Chine ; trois États marqués par la recherche et en avance sur les autres.
– Je pense que l’on peut rajouter l’Inde et, pourquoi pas, le Brésil.
– L’Inde, oui. Le Brésil, j’y crois beaucoup moins, mais gardons-le.
– Je rajouterais également, dit Claire, quelques États disposant d’argent sale, compromis entre des individus plus ou moins organisés et un État y voyant une autre manière de gagner de l’argent ou de le blanchir.
– Bon ! conclus-je. On fait une petite pose et on voit ce que cela donne.
06:27 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer
18/05/2016
Vacances
Les vacances de l’enfance sont douces.
Elles exhalent le foin et les marais,
Ont la nostalgie du dictionnaire Larousse
Et des petites filles courant en mollets.
Nous avons tous rêvé de ces moments lointains
Où, ensemble, attablés dans la cuisine,
Nous attendions la sortie du four de ces pains
Que nous nous disputions avec nos cousines.
Souviens-toi de ces poulets hirsutes et mi-fous,
Poursuivis de bâtons maladroits mais mortels,
Puis déposés en trophée au pied de l’autel.
Et ces orages lointains de fin du mois d’août,
Quand nous nous réfugions dans les bras des parents,
D’où nous pouvions crier « j’ai pas peur », bravement…
L’enfance est belle parce que sans soucis.
Elle a l’arrière-goût des prunes cueillies sur l’arbre,
Des baignades défendues au retour transi
Et des adieux émus au mois de septembre.
Depuis, les cousins et cousines dispersés,
Nous avons vécu notre vie vaille que vaille,
Toujours en souvenance de ces jours d’été
Où nous étions indifféremment la marmaille…
© Loup Francart
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
17/05/2016
Il est sorti de presse : Le souffle des jours
C'est un souffle léger qui ne décoiffe pas, mais qui fait frissonner l'âme et donne à chaque chose sa juste pesanteur.
Le temps te presse… Et tu résistes
À l’appel de la fin des temps
Le temps te presse… Ne te presse pas...
Le poète n’est pas un être à part. Modestement, il dépeint ce qu’il ressent et tente de le partager avec les autres. Cet échange établit un pont entre deux êtres au-delà du langage rationnel. La poésie, ensorceleuse et généreuse, en est le véhicule, contraignant le poète à sortir de lui-même pour découvrir la vie, l’amour, la mort. Elle dévoile l’invisible qui se cache derrière le monde visible.
200 pages
Prix du livre avec envoi par la poste compris : 15 €
A commander directement auprès de Loup Francart sur galavent@gmail.com
Il n'est pour l'instant pas diffusé dans le commerce, car il a été publié en autoédition.
Vous y retrouverez certains poèmes publiés dans ce blog. Alors... Bonne lecture...
04:29 Publié dans 41. Impressions littéraires, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, publication | Imprimer
16/05/2016
Le salon d'art contemporain de Montrouge
C’est la 61ème exposition, mais ma première visite. Sa particularité : être ouvert aux jeunes artistes qui sont parrainés en toute liberté et indépendance par les anciens artistes. Il serait, annonce-t-il, un accélérateur de carrière grâce à ses 27 000 visiteurs. En 2016, il fait appel à l’analyse esthétique rigoureuse d’Ami Barak, organisateur de nombreuses expositions emblématiques en France et à l’étranger et catalyseur des plus actifs de la scène artistique contemporaine. Tout ceci m’ayant alléché, je me rends samedi après-midi au salon.
Le site Internet nous dit : « Le visiteur sera entraîné dans une exploration de la création émergente. Quels sont les grands thèmes abordés par les artistes aujourd'hui, leurs techniques privilégiées... une exposition chapitrée qui ne pourra laisser le visiteur insensible. »
Il est dommage que l’on n’ait pas quelques photos de ce qui est présenté au salon. On réfléchirait sans doute avant de s’y rendre. On y trouve beaucoup de choses : piquet de bois, certes peints de couleurs uniformes ; photos de poubelles, déchets, tas d’ordures, murs démolis, bref une vision de notre société tout à fait tournée vers la beauté de notre monde contemporain.
J’avoue avoir eu du mal à trouver quelques œuvres dignes de cette appellation. En voici quelques-unes :
Standard, de Yassine Boussaadoun, 2016 :
Une installation murale présentant un enchevêtrement de tuyaux qui amèneraient l’eau et le gaz à l’étage, à ceci près que ce trompe-l’œil est en papier et se veut un regard sur la complexité de notre société en mutation permanente. Yassine Boussaadoun utilise une méthode plus détachée pour nous projeter dans la représentation d’un système social qui marche par codes.
L’espace du manque, de Paul Vergier, 2014 :
Cette peinture témoigne d’une vie passée, abandonnée, donnant lieu à une autre forme d’occupation. La bâche, élément plastique récurrent dans l’œuvre de Paul Vergier, soutient ici l’incertitude que dépeint le paysage. L’artiste tente de capter une forme de manque pour le rendre visible. L’antagonisme qui caractérise ce travail suggère une narration tangible qui se situerait à la périphérie de la toile.
Même si quelques œuvres présentées valent un détour, l’ensemble laisse perplexe sur ce qu’on appelle de nos jours un artiste et, de manière plus générale, l’art. L’art contemporain se complaît plus en paroles qu’en actes. Il semble que l’on prenne les visiteurs pour des gogos. Heureusement qu’il faut expliquer pour convaincre, car autrement on passerait devant les œuvres sans les voir. Certains s’y laissent prendre.
Un exemple :
Sans commentaires
(ou plutôt no comment, car l'anglais est la langue indispensable à ce genre de parodie)
06:13 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art contemporain, art brut, création artistique, tromperie | Imprimer
15/05/2016
Printemps
Les bras grands ouverts
Il a vécu. Il est mort
Paix à son âme
07:09 Publié dans 12. Trouvailles diverses, 27. Création photos, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, printemps, vert, haîku | Imprimer
14/05/2016
Le nombre manquant (16)
– Il me semble que la première question est : qui est derrière tout cela, dis-je. Tant que nous n’aurons aucune information, nous ne pourrons rien faire et surtout pas contrer ses actions. Pour cela, il faut rechercher dans le contexte dans lequel nous sommes immergés : la fac, tout d’abord, puis les lieux où nous avons effectué des recherches, puis nos connaissances et familles. Aurions-nous laissé s’échapper quelques mots qui auraient pu déclencher des interrogations parmi nos proches dont certains ne sont pas sûrs ? Qu’en pensez-vous ?
– Cela nécessite que l’on recherche de nombreuses informations, sur Internet et ailleurs. Avons-nous le temps de le faire ?
– C’est le seul moyen. Tant que l’on ne saura pas de qui il s’agit et pourquoi, nous n’avancerons pas.
– Oui, nous sommes d’accord. Mais, et après ?
– Après nous analyserons la situation. Est-elle contrôlable ? Peut-on avoir des alliés qui pourraient nous aider ? Quelle est notre part de responsabilité dans tout cela ? Nous nous interrogerons alors pour décider si nous avons réellement une crise ou non, c’est-à-dire en quoi la situation est insatisfaisante.
– Cela ne résoudra rien.
– Certes, mais nous verrons plus clair. Nous saurons ce qui se passe et cela nous permettra, dans un deuxième temps, de comprendre ce qui se passe. Nous pourrons alors envisager vers quelle situation nous comptons aller, c’est-à-dire quelle situation future rechercher. Enfin, dans un troisième temps, nous envisagerons les stratégies possibles pour passer de cette situation présente insatisfaisante à la situation future recherchée.
– Toute cette démarche est nécessaire ? demanda Claire. Cela me semble long.
– Oui, sans doute, mais c’est le seul moyen d’avoir en main toutes les données du problème et les solutions envisageables. Savoir, puis connaître, puis anticiper, puis décider et enfin mettre en œuvre.
– Alors, mettons-nous au travail, proposa Mathias. Un peu de brainstorming nous réveillera les méninges ! Vous connaissez la règle : on ne discute pas chaque proposition, on émet des idées, puis, ensuite, on les trie rationnellement. Qui est derrière tout cela ?
– Dans tous les cas, dit Claire, on a trois catégories : un individu seul, une organisation et enfin un Etat, voire plusieurs Etats.
– Commençons par les individus seuls, dis-je.
– Eh bien, dit Mathias, il peut y avoir un plaisantin qui nous fait faire des nœuds au cerveau, un malin qui cherche à se faire connaître et qui prépare une sortie vers les médias avec un truc sensationnelle. Alors il cherche à nous piéger et il attend une information intéressante. Le mobile : la renommée.
– Il peut également y avoir, répondit Vincent, un maître-chanteur qui a flairé la bonne affaire : nous contraindre à payer pour qu’il garde secrète les informations qu’il nous a subtilisées. Le mobile : l’argent.
– Cela peut également être un individu qui s’intéresse à l’ésotérisme de manière maladive, un passionné de l’inédit. Le mobile : la passion.
– ou encore quelqu’un qui cherche à approfondir le sujet parce qu’il s’y intéresse lui-même et qu’il a trouvé là une infinité de détails et d’études qu’il ne peut trouver ailleurs. Le mobile : la connaissance.
– cela peut aussi être l’inverse. Quelqu’un qui voit qu’on est plus avancé que lui dans nos recherches et qui tient absolument à découvrir le premier ce chiffre qu’il ne sait définir. Le mobile : connaissance, renommée, voire pouvoir.
– On peut aussi penser à quelqu’un qui recherche une emprise sur les autres car sa découverte peut lui permettre d’accéder à une forme de domination. Son mobile : le pouvoir psychologique pouvant aller jusqu’au pouvoir physique.
– N’oublions pas non plus la crainte de la découverte d’une nouveauté qui modifierait nos rapports avec la vie et la mort. Le mobile : la peur.
– La folie ne semble pas être un mobile à retenir. Ce n’est le cas que pour un crime. Eliminons-la. Mais rappelons-nous que certains sont prêts à tout pour être cités dans les médias. Le mobile reste alors la renommée.
Très vite, il y eut de nombreux mobiles possibles. Claire proposa de faire une synthèse de ce que nous avions trouvé sans entrer dans les détails du pourquoi et ou du comment. Il y avait en premier lieu l’argent, puis le pouvoir, la connaissance, la renommée. L’un de nous fit remarquer que tous ces mobiles étaient négatifs, personnels, intéressés. Peut-il y avoir des mobiles désintéressés ?
– Oui, pourquoi pas ! répondit aussitôt Mathias. Imaginons quelqu’un qui en sait plus que nous et qui, au courant de notre recherche, tente de nous aider. Il pourrait prendre contact avec nous plus tard après avoir vu comment nous nous débrouillons avec l’élément qu’il nous a donné.
– Ce serait donc un mobile parfaitement altruiste, mais pourquoi ?
– Faire avancer la recherche ou faciliter la mise en place d’une nouvelle société, ou encore révéler une nouvelle forme de connaissance.
– On va se perdre dans toutes ces possibilités. Disons simplement que le mobile serait désintéressé. Est-ce possible ? Oui, je crois, même si les chances sont minces que cela existe.
07:51 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer
13/05/2016
Délire
J’ai deux cornes, il en a trois
Qu’ai-je à faire de cet homme
Qui pirouette chaque jour
Au spectacle des éléphants
La nouvelle bohème arrive
Elle est pleine de sarcasmes
Et survole habilement les trous
Où s’épanchent les petits noirs
Partie un matin d’avril sans un fil
Elle découvrit son fils dans la rue
Pêchant une sardine aux pieds
Des touristes ébahis et gogos
Lui resta de marbre, solitaire
Pris dans la glaise chaude
Les mains ruisselantes de baisers
Et le cœur large comme un camion
Où donc courraient-ils tous deux ?
Restez avec nous pour rire encore
Des vers mirifiques mangés de papier
Qui tombent des échafaudages
Nuit… La poubelle passe devant nous
Où va-t-elle donc, cette chérie ?
Court-elle après l’azur et la paille
Qui encombrent les pas de porte ?
Jour… L’orage est passé, vert
Comme le gnome du divan
Qui décide de rompre ses fiançailles
Et de boire la ciguë au goût de fraises
Midi… Rien ne nous oblige
A prédire la vertu et la pétulance
Court au plus profond de toi-même
Regarde l’obscure dans ton giron
Minuit… tout est là, immobile
Au sein de la ville perdue
Dans le grain de sable
Et l’immensité des tours
Le fini n’a plus la force
De saisir sa chance
L’infini est là, hirsute
Et prend la main
Le vide ne remplit pas les pleins
L’absence ne remplace pas la vie
Qui s’en va au creux de l’ignorance
Et poursuit sa quête fatale
Est-il possible qu’un plus un
Ne soit pas un résultat
Mais une question essentielle
Pour atteindre la connaissance ?
Je ne sais plus rien, ni le vent
Ni la mer, ni les verts pâturages
Mes yeux sont tombés, mûrs
A côté de mes chausses fermées
Merci mon Dieu pour cette détente
Qui ne signifie rien que la joie
De parler pour ne rien dire
Et de chanter l’ivresse du pouvoir
© Loup Francart
07:36 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
12/05/2016
Paris, gare Montparnasse
Paris, gare Montparnasse ! Vous débarquez du train qui est envahi de saucissonneurs. La route est longue du lointain du quai à l’autre bout. Vous parvenez à vous frayer un chemin entre les hommes à canne, les femmes à valises et les enfants en caddie. La sortie de la gare est devenue rouge, mouvante et gueulante. Le syndicat hurle dans des mégaphones ses slogans, la foule hurle encore plus puissamment et vous tentez de vous échapper de cet enfer en fonçant tête baissée vers le feu qui laisse éternellement passer un flot continu de voitures.
Enfin vous parvenez à franchir la rue et à vous extraire de cette glu collante et braillarde. Vous tentez de respirer un peu lorsque vous sursautez et vous bouchez les oreilles : une ambulance fonce en hurlant, anéantissant votre tranquillité. Quinze secondes d’affolement ; puis, de nouveau, le calme… Non, nouvelle voiture, cette fois-ci de policiers, toujours hurlante et vindicative. Vous heurtez avec votre valise une autre valise qui roule en sens inverse, vous regardez celle qui la tire, vous souriez, elle vous sourit, tout va bien !
Vous descendez dans la ville souterraine pour prendre une voiture métropolitaine qui vous conduira dans votre havre de paix. Bien sûr, le passage est étroit et la valise importante, ce qui vous contraint à une gymnastique complexe : faire passer celle-ci de gauche à droite, puis de droite à gauche, en la faisant passer par derrière ou par-devant. Vous tournez sur vous-même et ne savez plus où aller. Ah! Mon billet, où est-il dans tout cela ? Vous l’introduisez dans la fente, tirant votre valise, vous le reprenez et passez votre corps et une moitié de valise. La porte se referme brutalement sur l’autre moitié. Vous ne pouvez tout de même pas laisser vos impédimentas dans le tunnel de billetterie. Quelqu’un écarte les deux battants, délivrant votre valise. Il n’a pas le temps d’écouter vos remerciements ; on est à Paris, la ville des gens pressés, des automates au bon cœur si cela ne prend pas trop de temps.
Le métro arrive. Vos voisins se précipitent avant même que les sortants aient pu s’extraire de la pression des corps entassés. Vous n’avez plus qu’à pousser, tirer votre valise, lui trouver une place sur les pieds des voyageurs, vous éponger le front, et regarder dans le vide comme savent si bien le faire les habitués. On est bien seul dans le métro, on contemple un horizon inexistant, faisant semblant de s’intéresser à un paysage imaginaire, laissant le brouhaha envahir l’esprit sans toutefois l’entendre. Plus on avance en multipliant les stations, plus votre place vitale se rétrécit. Vous arrivez à planquer vos pieds derrière la valise, là, ils ne risquent rien, Dieu soit loué ! Pour le haut, vous êtes le nez dans la chevelure d’une dame dont le parfum vous fait éternuer, les mains collées au corps sans même pouvoir vous gratter l’oreille qui vous démange, la vue obscurcie par un géant qui, à chaque ralentissement, vous transforme en sandwich. Enfin, vous arrivez à votre station. Vous sortez de l’essoreuse, heureux d’être vivant et entier. Vous montez péniblement les dernières marches, prenez l’escalier roulant en vous faisant tout petit sur la droite de façon à laisser les Parisiens travailleurs courir vers leur esclavage et vous débouchez à l’air pur (hum, pas si pur que cela !). Vous retrouvez les autobus qui sont arrêtés sur le passage clouté, les klaxons tonitruants, les vendeurs de journaux, les mendiants la main tendue, les écoliers propriétaires de la rue, les enfants en crise dans leurs poussettes.
C’est Paris, la plus belle ville du monde, si agréable qu’on y vient de partout ! Quinze jours à la campagne ont déformé vos habitudes. Il faudrait disposer de sas de compression pour être prêt à affronter ce chantier indescriptible et périlleux des rues de la capitale. Vivement la décompression dans deux semaines. Tiendrez-vous jusque-là ?
07:08 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ville, foule, voyage | Imprimer
11/05/2016
Labyrinthe
06:56 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, art cinétique, dessin, peinture | Imprimer
10/05/2016
Le nombre manquant (15)
– Il me semble que la première question est : qui est derrière tout cela, dis-je. Tant que nous n’aurons aucune information, nous ne pourrons rien faire et surtout pas contrer ses actions. Pour cela, il faut rechercher dans le contexte dans lequel nous sommes immergés : la fac, tout d’abord, puis les lieux où nous avons effectué des recherches, puis nos connaissances et familles. Aurions-nous laissé s’échapper quelques mots qui auraient pu déclencher des interrogations parmi nos proches dont certains ne sont pas sûrs ? Qu’en pensez-vous ?
– Cela nécessite que l’on recherche de nombreuses informations, sur Internet et ailleurs. Avons-nous le temps de le faire ?
– C’est le seul moyen. Tant que l’on ne saura pas de qui il s’agit et pourquoi, nous n’avancerons pas.
– Oui, nous sommes d’accord. Mais, et après ?
– Après nous analyserons la situation. Est-elle contrôlable ? Peut-on avoir des alliés qui pourraient nous aider ? Quelle est notre part de responsabilité dans tout cela ? Nous nous interrogerons alors pour décider si nous avons réellement une crise ou non, c’est-à-dire en quoi la situation est insatisfaisante.
– Cela ne résoudra rien.
– Certes, mais nous verrons plus clair. Nous saurons ce qui se passe et cela nous permettra, dans un deuxième temps, de comprendre ce qui se passe. Nous pourrons alors envisager vers quelle situation nous comptons aller, c’est-à-dire quelle situation future rechercher. Enfin, dans un troisième temps, nous envisagerons les stratégies possibles pour passer de cette situation présente insatisfaisante à la situation future recherchée.
– Toute cette démarche est nécessaire ? demanda Claire. Cela me semble long.
– Oui, sans doute, mais c’est le seul moyen d’avoir en main toutes les données du problème et les solutions envisageables. Savoir, puis connaître, puis anticiper, puis décider et enfin mettre en œuvre.
– Alors, mettons-nous au travail, proposa Mathias. Un peu de brainstorming nous réveillera les méninges ! Vous connaissez la règle : on ne discute pas chaque proposition, on émet des idées, puis, ensuite, on les trie rationnellement. Qui est derrière tout cela ?
– Dans tous les cas, dit Claire, on a trois catégories : un individu seul, une organisation et enfin un État, voire plusieurs États.
– Commençons par les individus seuls, dis-je.
– Eh bien, dit Mathias, il peut y avoir un plaisantin qui nous fait faire des nœuds au cerveau, un malin qui cherche à se faire connaître et qui prépare une sortie vers les médias avec un truc sensationnelle. Alors il cherche à nous piéger et il attend une information intéressante. Le mobile : la renommée.
– Il peut également y avoir, répondit Vincent, un maître-chanteur qui a flairé la bonne affaire : nous contraindre à payer pour qu’il garde secrète les informations qu’il nous a subtilisées. Le mobile : l’argent.
– Cela peut également être un individu qui s’intéresse à l’ésotérisme de manière maladive, un passionné de l’inédit. Le mobile : la passion.
– ou encore quelqu’un qui cherche à approfondir le sujet parce qu’il s’y intéresse lui-même et qu’il a trouvé là une infinité de détails et d’études qu’il ne peut trouver ailleurs. Le mobile : la connaissance.
– cela peut aussi être l’inverse. Quelqu’un qui voit qu’on est plus avancé que lui dans nos recherches et qui tient absolument à découvrir le premier ce chiffre qu’il ne sait définir. Le mobile : connaissance, renommée, voire pouvoir.
– On peut aussi penser à quelqu’un qui recherche une emprise sur les autres car sa découverte peut lui permettre d’accéder à une forme de domination. Son mobile : le pouvoir psychologique pouvant aller jusqu’au pouvoir physique.
– N’oublions pas non plus la crainte de la découverte d’une nouveauté qui modifierait nos rapports avec la vie et la mort. Le mobile : la peur.
– La folie ne semble pas être un mobile à retenir. Ce n’est le cas que pour un crime. Éliminons-la. Mais rappelons-nous que certains sont prêts à tout pour être cités dans les médias. Le mobile reste alors la renommée.
Très vite, il y eut de nombreux mobiles possibles. Claire proposa de faire une synthèse de ce que nous avions trouvé sans entrer dans les détails du pourquoi et ou du comment. Il y avait en premier lieu l’argent, puis le pouvoir, la connaissance, la renommée. L’un de nous fit remarquer que tous ces mobiles étaient négatifs, personnels, intéressés. Peut-il y avoir des mobiles désintéressés ?
07:01 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer