16/06/2016
Malade
Malade,
Et pas seulement de la tête...
Départ vers le néant !
J'espère revenir demain.
09:58 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) |
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15/06/2016
Le nombre manquant (23)
Au retour de Claire, nous reprîmes nos travaux de recherche et de réflexion là où nous les avions laissés.
– On peut se poser une autre question, m’annonça-elle. Le zéro signifie rien. Dans le monde matériel, rien signifie absence de matière. Or, et c’est l’’expérience qui nous le prouve, dans le monde matériel, il y a toujours de la matière. Seul le monde de la pensée est immatériel et donc n’en contient pas. On peut donc en conclure que le zéro n’est qu’une illusion de la pensée. Cela me rappelle les dessins inventés par l’artiste suédois Oscar Reutersvärd qui a découvert en 1934 l’impossible construction à trois chevrons et qui a ensuite multiplié cette forme d’illusion en augmentant ou en diminuant le nombre de chevrons.
– Oui, je crois que la Suède lui a consacré de nombreux timbres qui reprenaient cette découverte.
– C’est vrai. Mais, cette amusante illusion fut redécouverte de manière mathématique par Roger Penrose qui en publie le dessin dans le British Journal of Psychology en 19581. Dénommée Triangle de Penrose, il ne peut exister que sous la forme d’un dessin en deux dimensions. Il représente un objet solide, fait de trois poutres carrées s’entrecroisant. Il a étendu l’idée à d’autres polygones, le carré, le pentagone, l’hexagone, mais l’effet d’optique n’est pas aussi frappant. Un autre peintre, ou plutôt un graveur, Maurits Cornelis Escher, a ensuite, de manière très original, exploité ces découvertes.
– J’ai vu une exposition de ses œuvres, remarquais-je. C’était extraordinaire. Je me souviens d’une gravure de 1961 dénommé La cascade où l’eau coule et remonte la pente pour à nouveau retomber de manière si vraisemblable qu’il faut y regarder à deux fois pour comprendre qu’il ne s’agit que d’une illusion.
– Eh bien, ne peut-on pas penser que le zéro est également une illusion de la pensée qui n’a rien à voir avec le monde matériel ? Il n’existe pas et n’est que la frontière entre la matière et l’antimatière. Le zéro n’existe que dans la pensée et est certes un bel objet conceptuel, mais l’avez-vous vu dans la nature ?
– C’est vrai, mais n’oublie pas qu’il est également le point qui permet de passer des nombres positifs aux nombres négatifs et que tout cela est parfaitement logique et démontré.
– Oui, c’est vrai, mais ce passage est-il illusion ou réalité ? Cela me rappelle le paradoxe d'Achille et de la tortue, formulé par Zénon d'Élée. Achille ne peut rattraper la quelle que soit sa vitesse, car, chaque fois qu'Achille passe par le point où se trouvait la tortue, celle-ci, pendant ce temps, progresse.
– Et cependant il la double…
– Oui. Nos sens nous trompent et faussent notre raisonnement. Voilà à quoi sert la pensée : à rétablir la vérité. Le monde matériel n’est compréhensible que grâce au monde de la pensée.
– Alors peut-on dire, lui demandais-je, que Dieu ne serait qu’une illusion créée non plus par une vision d’un agencement matériel particulier, mais, inversement, par une illusion conceptuelle qui ne peut exister.
– On pourrait le croire et c’est la tendance de nombreux savants qui ne croient que ce qu’ils constatent matériellement. C’est le fameux mot de Staline : « Le pape ! Combien de divisions ? » Enfin, presque !
– Pas tout à fait, mais peu importe. Alors que faites-vous des situations miraculeuses et interventions divines constatées de par le monde, quel que soit les lieux et les opinions ?
– Personne n’a jamais pu prouver que celle-ci étaient vraies. Disons qu’elles sont pour l’instant inexplicables. Mais viendra un jour où l’on saura les expliquer de manière logique et scientifique. C’est tout au moins ce que croient beaucoup de septiques rationnels. Il faut cependant creuser plus avant dans ces domaines qui semblent malgré tout prometteurs parce que n’ayant jamais été exploités de manière sérieuse en raison d’un a priori scientifique qui doit maintenant être dépassé.
– Oui, cela me rappelle les expériences de Near Death Expérience dénombrées par quelques scientifiques, suite aux travaux de Raymond Moody et d’Elisabeth Kübler-Ross, tous deux américains et thanatologues. Elles commencent à être prises au sérieux, alors que les risées fusaient dès que quelqu’un osait évoquer une quelconque possibilité de réalité sur ce que racontaient bon nombre de patients.
Mais nous fûmes interrompus par mon téléphone portable. C’était Vincent.
07:56 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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14/06/2016
Le temps
De sa naissance à sa fin, il prend la ligne droite
Rien ne le fera revenir en arrière, même pas Dieu
Pourtant, est-il plus élastique que la volonté
Il s’étire dans les nuits en un fil ténu
Il s’enroule en boule dans le nœud de la gorge
Quand l’angoisse monte dans le cœur
Il ne connaît qu’un seul but : devant toi !
Que tu marches serein ou que tu cours, échevelé
Que tu regardes à tes pieds ou à l’horizon
Tu ne vois qu’un point blanc ou noir
Selon le jour, ton humeur et ton âge
Il t’ouvre les portes du succès, modeste
Ou il clôt des tentatives malheureuses
Dans les jeunes années, le fil est monotone
Il se dévide avec lenteur, sans motivation
Hormis les sensations et les émotions
Progressivement il éprouve des sentiments
Et fait monter en toi des larmes amères
Jusqu’à ce qu’il conceptualise tes aventures
Et les transforme en leçons apprises
Pour certains événements, il fabrique des nœuds
Qui enflent comme une hernie de chambre à air
Elles explosent parfois et le fil semble perdu
Le noir total ! Mais tu tiens le fil, toujours
Et te hisses pour remonter la pente
Oui, il est fait de monts et de vallées
De paysages arides ou de marais putrides
Tu cours, tu voles, tu patauges
Mais l’étincelle est toujours là,
Et avance devant toi, sans t’éclairer cependant
Ce n’est qu’un trou vide de tout
Une absence de ta personne, et, peu à peu
Tu prends place dans le paysage
Et joue sans relâche ton rôle avec fermeté
Tu regardes derrière toi sa trace
Et ne vois qu’un personnage falot
Qui, souvent, ne sait ce qu’il fait
Et il passe, il passe le temps dévoreur
Jusqu’au jour où tu disparais du paysage
Pour toi le fil est coupé, mais repris par un autre
Il poursuit sa route inlassablement
Jusqu’à la fin des temps…
© Loup Francart
07:47 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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13/06/2016
Multicentric
Les mondes imaginaires se développent sans difficulté. Ils essaiment et s'encouragent, sans qu'il soit possible de les enfermer dans un espace fini :

07:59 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, art cinétique, optique art |
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12/06/2016
Noosphère
Coupe les circuits de ton infosphère
Coupe les turbulences de la mondialité
Et ouvre-toi à la noosphère céleste
Étends tes ailes et couvre de ton ombre
Les faits et méfaits de tes contemporains
Et commence par ceux que tu as commis
Il est temps d’envisager un autre temps
Il est temps de construire d’autres espaces
Il est temps de voir au-delà des corps
Vois les idées qui volent sans retenue
Vois les envies de qui les fait tomber
Vois l’amertume de qui ne les voit pas
Plus loin encore, dans l’immensité
Où seule l'âme pénètre sans dommage
Brillent les lueurs de la créativité
Là se trouve la Jérusalem céleste
L’irradiante agitation des neurones
La paix bousculée des créateurs
Alors tu partiras sans peine
Sans un regret sur ton destin
Et bondiras dans l’immortalité
© Loup Francart
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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11/06/2016
Le nombre manquant (22)
– Oui, c’est certain, nous dit-il à notre arrivée. C’est un ordinateur du Vatican, tu sais, ceux qui sont mis à disposition du public à la bibliothèque. Nous ne nous étions pas trompés, les religions sont bien les plus intéressées par ce genre de recherche. C’est leur fonds de commerce et il peut remettre en cause leur existence propre. Si quelqu’un découvrait qu’il n’y a pas de Dieu et qu’il pouvait le prouver, toutes les églises s’effondreraient. Cela pourrait engendrer de véritables guerres civiles, car il y aurait évidemment toute une catégorie de personnes qui ne pourraient l’admettre.
– Il est sûr que cela ne serait pas de tout repos. Le raisonnement humain peut-il, lui-même sujet à l’erreur, constituer une preuve véritable ? Mais ne rentrons pas dans ces considérations et revenons à notre préoccupation : qui ?
– J’avoue que ceci est encore inconnu. Qui se sert de cet ordinateur et l’a détourné de son objet, la recherche de documents dans une bibliothèque contenant des milliers, voire des millions de livres écrits dans de nombreuses langues ? Cela nous ne le savons pas. Pour l’instant, le Vatican n’a pas été mis au courant. Seul mon ami policier et nous-mêmes savons ce qu’il en est. Il m’a fait ses recommandations. Il ne faut surtout pas que cela s’ébruite, surtout chez les officiels. Aussitôt tout ceci serait qualifié de Très Secret-défense et le relais serait pris par les spécialistes sans que nous puissions poursuivre nos investigations. On pourrait finir par une rupture des relations diplomatiques entre la France et le Vatican, voire l’Italie.
– Alors, comment faire pour savoir qui se sert de cet ordinateur ?
– J’avoue que pour l’instant je ne vois. Peut-être auriez-vous des idées ?
– Oui, c’est possible, énonça Claire. J’ai quelqu’un de ma famille, un de mes neveux qui est un jeune prêtre et actuellement affecté au Vatican. Il pourrait peut-être faire quelque chose. Je ne sais pas, peut-être installer une caméra devant l’ordinateur, ce qui nous permettrait d’identifier le pirate. L’ennui est que cela met quelqu’un d’autre dans la confidence.
– Oui, mais a-t-on le choix ?
– Je ne sais pas.
Ne trouvant pas d’autres pistes, notre groupe fit confiance à Claire qui fut chargée de contacter son parent. Elle dut se rendre elle-même à Rome, ne pouvant évoquer cette affaire par téléphone. Ce fut fait, une caméra fut installée, coincée entre deux piles de livres, face à l’ordinateur. L’attente commença. On ne savait si au cours des derniers jours le pirate avait pénétré dans notre base de données. Alors on attendait, mais aucun changement sur nos documents ne fut signaler par l’un ou l’autre d’entre nous.
07:42 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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10/06/2016
Bella e perduta, un film de Pietro Marcello
Il est intéressant de lire les critiques sur ce film. Elles sont extrêmement variées. Qui croire ? S’agit-il d’un chef d’œuvre ineffable (un voyage poétique dans l’Italie champêtre), d’un navet confus (image pessimiste de l’Italie d’aujourd’hui), d’une fable politique (de nos jours, la politique est partout au cinéma et les politiques rêvent de jouer, de façon interposée, à l’acteur),
d’un mythe moralisateur (le démuni fait triompher la beauté et l’amour).
Écoutons ce qu’en dit Nicolas Didier sur Télérama : « Chez Pietro Marcello (La Bocca del lupo, en 2009), la fiction n'est qu'un prétexte. Sa fable écolo, mâtinée de commedia dell'arte, fait le portrait d'un (véritable) berger, surnommé « l'ange de Carditello » pour avoir pris soin d'un palais abandonné, transformé en décharge par la Camorra. Un bâtiment qui symbolise à la fois le passé, glorieux, et le présent, vulgaire. Note d'espoir dans ce film franchement pessimiste sur l'Italie contemporaine : en 2014, le palais a été racheté par le gouvernement... »
Certes, c’est effectivement un peu confus, c’est une dénonciation masquée de l’inertie des politiques, c’est une lutte inégale contre le gâchis incroyable de lieux magnifiques, mais c’est beau et la beauté sauvera le monde. Ne cherchez pas dans ce film ce qu’il veut dire. Laissez-vous aller, vivez-le avec vos sens, la vue d’abord, mais aussi l’ouïe et même, suggérée, l’odorat ; vivez-le avec vos impressions, vos émotions et vos rêves.
Non, l’histoire ne se raconte pas. Il faut la laisser se dérouler devant les yeux, sans intellect, sans théorie, sans idéologie. C’est une fable poétique qui s’impose sans compréhension, parce qu’elle vous sort de vous-même et vous fait entrer dans un monde tellement imaginaire qu’il ressemble à la réalité.
07:04 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, beauté, italie, camora, buffle |
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09/06/2016
Une maison insignifiante
Curieux par nature, comme tous les humains finalement, je passe la tête, tentant de distinguer quelque chose dans l’obscurité. Oui, elle est habitée par une femme. On sent son odeur doucereuse. Ne pas se laisser prendre, rester sur ses gardes ! Je cherche l’interrupteur à droite, à l'opposé de l’ouverture de la porte. Je le trouve à gauche. Quelle idée ! Lumière : faible, veloutée, caressant les objets plutôt que les éclairant. Un fauteuil Voltaire, un piano droit, un tapis effilé, quelques photos aux murs, dont une femme encore jeune, blonde, au sourire incertain, qui vous regarde étrangement. Elle semble presque vivante et vous fait un signe de la main : « Viens », semble-t-elle dire. Non, elle ne bouge pas. Ce n’est qu’une photo. Mais je ne la quitte pas des yeux. Elle reste muette. Une porte au fond de la pièce est entrebâillée et un escalier, sur la gauche, permet de monter à l’étage. Je l’emprunte. Un palier avec trois portes. J’ouvre la première. Elle donne sur une chambre aux volets fermés. Le soleil laisse quelques raies sur le sol recouvert de moquette grise et des grains de poussière dansent dans ses rayons. Rien d’intéressant, me dis-je en refermant la porte. La seconde s’ouvre sans bruit, comme entretenue de quelques gouttes d’huile passées sur ses gonds. Une chambre de femme. Je distingue un jupon du début du siècle, une robe au teint passée, une paire de chaussures hautes. Apparemment, il s’agit d’une jeune femme. La même probablement que celle vue sur la photo.
A ce moment, j’entends du bruit sur le palier. Je la vois passer, droite, fière, le regard perdu. Vite ! Je me cache derrière le paravent. Elle revient sur ses pas et pénètre dans la pièce. Elle ouvre un placard, en sort une robe jaune, assez longue, avec des volants en guise de manches. Retirant sa robe de chambre, elle l’enfile, se regarde dans la glace, avance de deux pas, recule de trois, puis avance, à tel point qu’elle disparaît derrière le miroir. Plus rien. Personne. A-t-elle vraiment existé ? Ne reste que cette odeur persistante, déjà perçue en bas en entrant dans la maison. Non, même avant, dans le jardin. Le silence est revenu, lourd, angoissant. J’étouffe. Que fais-tu ici, me dis-je. J’ai peur tout à coup et je presse le pas pour descendre les escaliers et me diriger vers la porte de sortie. Au moment où je tourne la poignée, un bruit bizarre retentit, semblant venir du premier étage : une sorte de plainte inhumaine, qui se prolonge inutilement, au-delà du souffle habituel d’un humain. Elle dure, dure à tel point que je sors épouvanté et referme au plus vite la porte. Dehors, toujours le silence. Pas un chant d’oiseau, pas un grattement, pas un chuintement. Je cours jusqu’au portail et me retrouve dans la rue, mes oreilles débouchées. Quel rêve, me dis-je. Non pourtant, ce n’est pas un rêve, j’ai bien vu cette femme changer de robe et disparaître dans la glace de l’armoire. Qu’est-elle devenue ?
Je n’ose plus retourner dans la maison et je pars vers le centre en m’efforçant de ne plus y songer. Mais chaque fois que je repasse devant le portail, je ne peux m’empêcher de revivre ces moments et d’en éprouver une angoisse indescriptible. Ne vous inquiétez pas, j’ai retrouvé mon âge réel. Seul mon sourire garde un regret imperceptible. Je n’arrive plus à sourire comme auparavant.
07:41 Publié dans 11. Considérations diverses, 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, impression, rêve, vision, psychologie |
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08/06/2016
Une maison insignifiante
Hier, j’étais à un vernissage. Peu de gens, des œuvres assez disparates, car il y avait quatre exposants qui ne semblaient pas avoir grand-chose en commun. Tout à coup, un tableau, une maison, insignifiante, mais qui attirait mon regard. J’eus envie d’écrire son histoire, ou une histoire qui s’y rapporte.
Il passa devant l’entrée, un simple portail constitué de deux piliers de pierre brute. Il eut l’impression que la maison le suivait des yeux. Il se retourna, mais rien. Elle se tenait immobile, insignifiante, effacée. Il poursuivit donc son chemin.
Le lendemain, elle est toujours là, à la même place, guillerette cette fois. Le soleil luit haut dans le ciel et les hirondelles ont repris leurs rondes échevelées. Tiens, les deux piliers sont plus avenants aujourd’hui, remarque-t-il. Il s’arrête, intrigué. Ce chemin de gravier sale qui mène à la maison lui tend les bras : « Viens ! » lui dit-il. La maison semble inoccupée. Les rideaux des fenêtres ne bougent pas, les portes restent fermées, l’arbre est toujours pelé. Non seulement pas un signe de vie, mais une impression d’abandon augmentée par la peinture de la façade, une peinture violette, non, disons mauve pâle, un peu sale. Le jardin est également laissé à lui-même ; les herbes envahissent tous les recoins. Tiens, mais c’est vrai. Il n’y a pas un animal. Je franchis l’espace entre les piliers et avance d’un pas. Un silence étouffant, roide, au goût de farine. Mes pas soulèvent une petite poussière fine qui retombe lentement, au ralenti. Un silence oppressant qui résonne dans les oreilles et endort les autres sens, y compris la vue. Une sorte de voile grisâtre s’est abattue sur mes yeux. Je rentre dans un autre siècle. Je vieillis très vite. Le compteur tourne à toute vitesse les années en remontant vers ma jeunesse. Mais je vieillis malgré tout. Une impression désagréable. Ah, il ralentit, puis s’arrête : cent douze ans. Je ne sens plus mes os. Ils sont tellement friables. Ma peau est devenue jaune et gaufrée. Ma tête est restée la même. Ni mieux, ni moins bien. J’ai toujours eu quelques difficultés à l’équilibrer pour m’en servir. Tantôt elle penche du côté du cœur et me fait accéder au royaume des larmes, tantôt elle penche du côté de l’intellect et déborde de concepts. Ils deviennent si encombrants que je dois les entasser à la cave, dans le ventre mou des idées perdues.
J’avance à petits pas, respirant une odeur de papier vieilli recouvert d’une fine pellicule de poussière rose, féminine. Non, elle sent le musc, odeur masculine s’il en est. Mais s’y ajoute un mélange de rose, de mûre et d’angélique qui détonne dans ce jardin désuet. Au moment où j’arrive à la porte au linteau arrondi, celle-ci s’ouvre en grinçant. Personne n’en sort. Elle bée devant moi, comme une invitation muette, et je ne vois rien d’autre qu’une ombre épaisse et collante.
La suite et fin : demain !
07:36 Publié dans 11. Considérations diverses, 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, impression, rêve, vision, psychologie |
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07/06/2016
Haïku
Un haïku doit contenir un kigo (mot de saison), c'est-à-dire une référence à la nature ou un mot clé concernant une saison. Ici, la rose des vents remplace la saison.
Il ouvre un œil
Il court dans la rose des vents
Et part, éperdu
07:02 Publié dans 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, pictoème, dessin, peinture, abstraction littéraire, abstract art |
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06/06/2016
Hymne chérubinique, Bortniansky
https://www.youtube.com/watch?v=wLzJrQyzSJc
Une fois de plus la musique liturgique orthodoxe enchante les sens, l’intellect et le cœur de sa pureté. Elle fait dissoudre les impuretés de l’âme, conduit aux frontières du monde divin et noue fait presque prendre la tangente.
07:50 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chant liturgique, orthodoxie, chant orthodoxe |
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05/06/2016
Le nombre manquant (21)
Le lendemain, je retrouvais Claire à la bibliothèque. Elle avait passé une mauvaise nuit, rêvant d’insectes envahissant son lit pendant son sommeil. Cela venait probablement de nos réflexions sur les intrusions dans notre réseau. Je fis une plaisanterie du genre : « Nous avons besoin d’intrusion pour nous secouer et nous réveiller ! », mais je n’eus pas l’impression que cela l’aidait beaucoup. J’avais moi-même mal dormi cette nuit, l’esprit préoccupé par ce que nous avions travaillé hier et la conclusion de Claire : « Mais alors l’antimatière du zéro, c’est Dieu ! » Cette exclamation m’avait semblé toute droite sortie de l’intuition et d’une découverte inopinée et j’avais admiré Claire de sa capacité de déduction intuitive. En réfléchissant, j’en vins à prendre conscience d’une faille dans ce raisonnement. Tout d’abord Dieu est distinct de toute matière.
– Dis-moi, j’ai réfléchi à ce que nous avons échangé hier et, en particulier, à ta sentence intuitive dans laquelle tu disais que Dieu serait l’antimatière du zéro. Finalement cela me semble erroné.
– C’est bien possible. Je ne prétendais pas avoir dit quelque chose d’extraordinaire. C’était une sorte de boutade. Mais explique-moi pourquoi ?
– Tout simplement parce que Dieu n’est pas matériel. Qu’est-il ? Personne ne le sait, mais ce que l’on sait, c’est qu’il est autre que le monde matériel. On ne peut le qualifier d’antimatière, car celle-ci est bien, malgré tout, de la matière. En effet, d’après Paul Dirac, le savant qui a découvert l’antimatière, pour chaque particule, il existe une antiparticule correspondante, qui est tout à fait semblable sauf qu’elle a une charge opposée. On peut aller jusqu’à envisager des galaxies et des univers constitués uniquement d’antimatière[1].
– Mais ce ne sont que des suppositions mathématiques qui ne sont confirmées que dans le monde quantique.
– Il y a une deuxième objection qui me semble également importante. Le zéro n’est que l’appellation du rien, il ne peut donc pas disposer d’antimatière n’étant pas par définition constitué de matière.
– Je te concède cette deuxième objection. Mais on pourrait justement dire que le zéro, qui n’est qu’une invention humaine, n’existe que parce qu’il a été conçu dans le monde matériel et pour le comprendre. Donc, il doit comporter une antiparticule spécifique, attribut indispensable à toute création.
– Tu as réponse à tout, Claire. Je confirme ton intuition, même si j’en ai douté quelque peu !
La boutade de Claire nous avait fait avancer. Certes, d’un tout petit pas. Ce n’est que par ces petits pas, très petits, que nous arriverons à notre fin. Claire avait l’avantage de ne pas s’attarder sur ses erreurs, mais de relancer sa machine à penser grâce à ce jeu bien humain de l’échec relanceur du succès. Peu de gens sont pourvus de cette qualité qui fait que la compréhension de la somme des échecs peut amener le succès d’un projet si celui-ci est bien conduit.
Mon téléphone portable se mit à sonner. C’était Vincent, très excité, qui nous dit savoir quel était la machine pratiquant les intrusions. Il n’en dit pas plus.
– Nous arrivons, lui dis-je, stimulé par cette incroyable nouvelle.
(1) Voir le site du CERN sur l’antimatière (http://home.cern/fr/topics/antimatter).
07:38 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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04/06/2016
Renouveau
L’eau emplit les caniveaux
Puis, très vite, déborde ce niveau
S’enfile dans les caveaux
Enjambe les barreaux
Se transforme en bourreau
L’eau envahit les boqueteaux
S’enroule autour des roseaux
Grimpe aux jambes des puceaux
Jette un regard aux jouvenceaux
Et pépie sans cesse tel un moineau
L’enfant assis dans son vaisseau
Va de village en hameau
A l’imitation des chemineaux
Et rassemble son troupeau
Portant haut et fier son drapeau
L’eau est partout, dans ce tombeau
Le froid congèle même les bigorneaux
Y nagent encore quelques barbeaux
Et les cris effarouchés des damoiseaux
Proclame le jour du renouveau
© Loup Francart
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
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03/06/2016
Harmonie
L'harmonie nait d'un accord entre les notes pour la musique et entre les couleurs pour un tableau, indépendamment de la mélodie ou du dessin, même s'il s'agit d'un pavage constitué de deux formes :

07:39 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, dessin, peinture |
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02/06/2016
Maxime
Tous nous avons soif de nouvelles connaissances,
comme si les anciennes ne nous suffisaient plus.
N’est-ce pas en permanence vouloir reproduire ce que nous avons déjà vécu :
la soif de l’inconnu et l’illusion d’un changement ?
© Loup Francart
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, précepte, leçon de vie |
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01/06/2016
Le nombre manquant (20)
J’avoue que cette réflexion me fit froid dans le dos, même si sa formulation était malhabile. Cela paraissait tellement irréel et, par ailleurs, tellement logique que j’en restai sidéré.
– Allons donc déjeuner, me fit-elle, toujours aussi pragmatique. Au cours du repas, elle me parla de tout et n’importe quoi, en femme intéressée par mille détails de la vie, qui me faisait douter que c’était la même qui avait formulé les réflexions de la matinée.
Au moment où nous allions nous remettre au travail, je reçus un coup de fil de Vincent :
– Il y a du nouveau. Il s’est manifesté et j’ai réussi à le piéger. On va pouvoir savoir qui il est ou, tout au moins, connaître l’ordinateur à partir duquel il opère.
– Comment as-tu fait ?
– Je t’expliquerai. Viens avec Claire, nous pourrons en discuter !
Mathias et Vincent était déjà là, discutant énergiquement. Vincent nous expliqua sommairement ce qu’il avait mis en place et comment il avait pu découvrir l’adresse IP du hacker. Claire et moi n’y avons rien compris, d’autant plus que les expressions employées par Vincent consistent en sigles ou acronymes en anglais dont la signification nous échappait. Nous avons simplement retenu qu’il avait mis en place un système de détection d’intrusion de type hôte (HIDS) et un système de prévention d’intrusion (IPS). Il connaît maintenant l’identité de l’intrus et il ne lui reste plus qu’à rechercher qui est la personne derrière l’ordinateur. Une grande victoire en somme, n’est-ce pas ?
Vincent était très fier de son exploit. Mais en réalité, il ne nous apprenait pas grand-chose. Il ne pouvait que poursuivre ses recherches pour en savoir plus, avant que nous ayons une idée claire du ou des intrus. Il précisa cependant qu’il ne s’agissait pas du piège dont nous avions parlé la veille, qui était un piège d’ordre stratégique visant à réellement connaître nos intrus, mais simplement un piège technique permettant d’identifier quel est l’ordinateur qui nous attaquait. Ce n’était qu’un premier pas, mais important.
– Si je comprends bien, nous pouvons éventuellement nous protéger de ces intrusions, nous savons d’où elles viennent, mais ne savons pas qui est derrière tout cela, résuma Claire, toujours pragmatique.
– C’est à peu près cela, répondit Vincent. Mais, c’est déjà beaucoup, fit-il remarquer. De plus, je vais tâcher de me procurer le nom du propriétaire de l’ordinateur espion. J’ai des connaissances dans la police numérique à qui j’ai rendu des services il y a peu. Nous devrions pouvoir disposer de ce nom.
– Une bonne nouvelle, enfin !
Là-dessus, nous nous quittâmes et chacun rentra chez lui. Lydie m’attendait, impatiente. Cette histoire avec mes compagnons l’irritait sans qu’elle ose le dire ouvertement. Elle me répéta que nous avions des comportements de gamins ou d’étudiants attardés et que cela pourrait mal finir. Se doutait-elle de ce qui allait se passer ?
07:28 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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31/05/2016
Décision
L’indécision est une faille dans le roc.
Un coin s’enfonce et ouvre les lèvres
Qui s’entrebâillent et sourient devant le troc.
Être ou ne pas être donne la fièvre.
Comment te parer des meilleurs raisonnements ?
Es-tu de conviction ou d’humeur batailleuse ?
L’opinion est plus facile que l’argument,
Mais contraint à la défense laborieuse.
Seul devant tous, tu recherches le ralliement.
Ce n’est pas l’affrontement mais la caresse
De l’amitié qui penche vers la tendresse.
Alors tu pèses dans ton cœur, habilement,
L’impact et la vigueur de ta résolution
Et jettes au caniveau ton irrésolution.
© Loup Francart
07:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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30/05/2016
Puissance
La puissance tient à la symétrie
Mais le rouge crée l’anti-puissance
Les verts sont écrasés, mais est-ce si sûr ?
Laissez glisser votre regard sur la forme
Et le fond sera l’herbe odorante des jours d’été

07:51 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, art cinétique, symétrie, construction visuelle |
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29/05/2016
Regard
Ce matin, lors d'un regard par la fenêtre, un éblouissement... Plus rien n'existe. Seule cette trouée de lumière que vous contemplez, béat.
07:48 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aurore, naissance, lumière, trouée |
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28/05/2016
Le nombre manquant (19)
J’avais choisi de poursuivre nos recherches avec Claire. Je commençais à apprécier cette jeune femme décidée. Elle était opiniâtre, ne craignait pas les affrontements, savait prendre des chemins détournés pour arriver à ses fins, mais restait modeste et ne se mettait pas en avant. De plus, elle était jolie lorsqu’elle s’enflammait pour son sujet, lorsqu’elle levait un doigt de certitude avec une flamme dans les yeux et qu’elle cherchait à convaincre, le corps emporté par son élan intellectuel. Elle me rappelait deux sculptures de Camille Claudel, Le Dieu envolé, un bronze datant de 1894, et L’implorante (1898, aussi dénommée La Jeunesse ou L’imploration ou La Suppliante). Elle y mettait une telle ardeur qu’on adhérait à ses idées avant même d’être de les avoir comprises.
Nous avions décidé de nous intéresser à l’antimatière, forme miroir de la matière. Elle a été découverte en 1931 par Paul Dirac qui cherchait une forme relativiste pour l'équation de Schrödinger, équation de base de la mécanique quantique. Elle s’applique autant à la physique des molécules qu’à la cosmologie à ses états premiers quand l’univers se réduisait à une particule élémentaire. Il ne s’agissait pas d’entrer dans les considérations des savants, mais de voir quelles analogies ces découvertes pouvaient contenir.
– Comment pourrais-je comprendre quelque chose à ces considérations qui dépassent même la physique et sont issues de concepts purement mathématiques ? me disait Claire.
– Ce qui nous intéresse, c’est en quoi cela pourrait changer notre approche du monde quotidien et nous dévoiler les interactions entre le monde des physiciens et le monde des philosophes, voire des mystiques, répondais-je. Il doit bien y avoir une explication permettant le passage du monde expérimental au monde spéculatif, plus flou, mais s’appuyant également sur une certaine logique.
– Mais pourquoi ce terme d’antimatière ?
– En fait les antiparticules ressemblent assez aux particules usuelles, sauf que lorsqu’une particule rencontre une antiparticule correspondante, cela provoque une réaction qui les annihile et fait apparaître d’autres particules. Ainsi, il n’y a pas seulement attirance ou aversion, mais il peut y avoir une troisième hypothèse, celle d’un changement d’état des particules par leur mise en relation. De la conjonction ou de l’opposition naît une autre chose qui est différente.
– C’est bien l’objet de nos recherches, me semble-t-il ? S’interrogea Claire.
– Oui, même si nous ne l’avions pas formulé ainsi jusqu’à présent.
– Ainsi, le zéro ne serait pas seulement un séparateur entre le positif et le négatif, mais pourrait être à l’origine d’explications différentes et pourrait donner lieu à des découvertes qu’on n’avait pas soupçonnées.
– Oui, pourquoi pas.
De manière imperceptible, Claire avait tracé une voie nouvelle dans nos recherches : y avait-il un antizéro, pendant du zéro connu et utilisé ? Ce ne pouvait être l’infini qui, en fait, n’a pas de fin et est plus un point d’interrogation qu’une réalité concrète. Je fis part de mes réflexions à la jeune femme et celle-ci s’exclama aussitôt :
– Mais alors l’antimatière du zéro, c’est Dieu !
07:36 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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27/05/2016
Guerre des mots
Ahiyaoua ! Ahiyaoua !
Ils se défient en onomatopées
Les unes sont connues, tellement
Qu’il est vrai, elles ne sont plus entendues
D’autres sont des inventions
Germées tout droit de l’exaltation
En réplique à une interjection
L’enfance rêve de nouveaux mots
Pour paver la marche vers la gloire
Ils sortent du chapeau envoûté
En cris d’apprenti sorcier
Hikedonk, hikedonk, le héros
Courant aux bords de l’univers
S’en est allé et s’est perdu
Dans la mer des lettres
Un plouf retentissant, mais muet
Visible à mille lieux comme un feu
Aussi le plus souvent possible
Les apocopes deviennent légions
Ils colocent dans la bizarrerie
Tels les paons en majesté
Sous la surveillance des profs
L’acronyme fait la sourde oreille
Les garçons sont sensibles à la Nasa
Les filles se voient dans une belle auto
Mais tous devant le Manneken-Pis
sont mdr quoi qu’il arrive
Quant aux sigles, réservés aux adultes
Ils commencent à fleurir à la cité U
Ils s’épanouissent dans les NTIC
Et les BD regorgent de lettres sans suite
Que l’enfant attentif et studieux
Cherche en vain dans le dictionnaire
Oui, c’est la foire du trône des mots
Une gélatine odorante aux oreilles
Que l’on brasse à pleines mains
Et que l’on s’envoie à la figure
Pour le plus grand plaisir des sourds
© Loup Francart
07:26 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
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26/05/2016
Maxime
La vérité n’est pas toujours bonne à dire,
mais combien nous nous réjouissons de l'énoncer
pour le seul désir de paraître vrai.
07:19 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, société, vérité, réalité |
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25/05/2016
Haïku
"Composer des haïkus, c'est déchirer la surface du quotidien d'un coup de fouet, en faisant claquer la cravache des mots." (Alain Kervern)
Horizon barré
Le tonnerre gronde au loin
Un coup de poignard

07:10 Publié dans 22. Créations numériques, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : haïku, poésie, japon, présent |
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24/05/2016
Le nombre manquant (18)
Je remplis les cases du tableau et me dit que cela représentait beaucoup de possibilités. Je séparai également les pays dominants des pays émergents en ajoutant pour ces derniers la connaissance dont ils ne disposent pas en comparaison avec les pays dominants.
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Catégorie |
Sous-catégorie |
Motivation |
But |
Lieu |
|
Petits groupes, voire Individus |
|
Argent Domination Connaissance |
|
|
|
Organisations |
Églises et sectes |
Religion, idéologie |
|
|
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Mafias |
Argent |
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|
|
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Scientistes |
connaissance |
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États |
Dominants |
Domination, argent |
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Pays émergents : Brésil, Inde |
pouvoir connaissance |
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|
|
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Paradis fiscaux |
argent |
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Le retour dans la salle de notre groupe marqua la déception de tous. Cela ne nous avançait pas à grand-chose ; Le champ de recherche était si large qu’il devenait impossible à mettre en œuvre avec nos faibles moyens.
– Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Vincent qui exprimait le scepticisme de tous.
– Eh bien, on réfléchit ! répondis-je, un peu agacé par son scepticisme permanent.
– J’ai une idée, dit Claire. Tout d’abord, nous pouvons laisser tomber la colonne but et la remplacer par indice. Avons-nous des indices qui peuvent nous faire pencher plus sur une motivation que sur une autre ? Nous pourrions même noter ces indices de 1 à 3 en termes de probabilité. Ainsi en est-il de l’argent ! Nous nous sommes un peu obnubilés sur celui-ci parce qu’il est le nerf de la guerre. Mais au stade où nous en sommes de nos recherches, est-il véritablement une motivation ? Je ne crois pas. De plus, pourquoi se manifester en remplaçant un mot par un autre. Dans ce cas, ils resteraient discrets et ne se feraient pas connaître de cette manière.
– Pour l’argent, ajouta Mathias, je ne mettrai même pas 1, disons 0,5 pour ne pas laisser tomber cette hypothèse. Tu as raison, elle est peu probable au stade où nous en sommes.
– Si nous poursuivons notre réflexion, fit remarquer Vincent, on peut raisonnablement penser qu’il en est de même pour le pouvoir. Les États ou organisations intéressés par la domination que pourrait donner une recherche comme la nôtre doivent bien rire en regardant, s’ils y ont accès, ce que nous avons produit. Allez, mettons 1 dans la colonne indice en face du pouvoir.
– en dehors des indices de probabilité de telle ou telle motivation, le changement de nom constitue également un multiplicateur de cette probabilité. Ainsi, ce changement, sans autre modification, me semble un indice plus fort dans le cas de la religion et de l’idéologie que dans le cas de la connaissance. On pourrait mettre 2 ou 2,5 pour ce cas particulier, non ?
– Je suis d’accord. Et nous avons bien avancé déjà ! constata Mathias. Avez-vous d’autres idées ou suggestions à faire.
Chacun se regarda, mais personne ne dit mot. Le brainstorming était terminé, on n'en tirerait plus rien aujourd’hui. Je retirai juste le 2,5 dans la case correspondant à la religion et l’idéologie pour inscrire 3 et mis 2 en face des cases connaissance. Tous semblèrent approuver ce petit changement, cela mettait en évidence l’indice le plus probable. Mathias s’empressa de recopier sur son ordinateur le tableau qui se présentait maintenant comme suit :
|
Catégorie |
Sous-catégorie |
Motivation |
Indice |
Lieu |
|
Individuels |
Individus
|
pouvoir connaissance |
0,5 2 |
|
|
Petits groupes |
argent pouvoir connaissance |
0,5 1 2 |
|
|
|
Organisations |
Églises et sectes |
religion, idéologie |
3 |
|
|
Mafias |
argent |
0,5 |
|
|
|
Scientistes |
connaissance |
2 |
|
|
|
États |
Dominants |
pouvoir argent |
1 0,5 |
|
|
Pays émergents : Brésil, Inde |
pouvoir connaissance |
1 2 |
|
|
|
Paradis fiscaux |
argent |
0,5 |
|
– Arrêtons-nous donc là pour le brainstorming, dit Mathias, mais distribuons-nous les tâches ! Comment allez plus avant ? Je vois deux solutions. La première, c’est de recherche d’autres indices, informations, questions sur Internet en rapport avec ce qui est inscrit dans le tableau. La seconde, mais je dis tout de suite que je ne sais pas comment, serait de tendre un piège aux intrus pour en savoir plus sur leurs motivations.
– Excellente idée, m’exclamai-je, mais il faut trouver comment. De plus, cela suppose qu’ils sauront que nous connaissons leur existence. Est-ce bien le moment ?
– A mon avis, ils le savent déjà. Nous leur avons donné des signes : changement d’organisation de notre base de données, arrêt brusque d’entrée de données au changement de nom. C’est plus que suffisant me semble-t-il !
– Tout ceci ne nous dit pas quel genre de piège nous pouvons installer, ajouta Claire.
– Oui, c’est vrai. Que proposes-tu ?
– J’avoue que pour l’instant, rien. Il faut y réfléchir. Le piège doit être simple, non ambigu ; il doit permettre d’identifier clairement le ou les auteurs et, si possible, de les empêcher de refaire la même chose. Je propose que la moitié d’entre nous réfléchisse au piège à tendre et l’autre moitié continue de rechercher des éléments de réflexion sur notre sujet. Personnellement je prends la réflexion, je ne suis pas très forte en stratégie. Qu’en pensez-vous ?
Nous nous quittâmes sur ces paroles après nous être partagés les rôles et donnés rendez-vous deux jours plus tard. C’était court, mais cela nous permettrait de faire un premier point de situation.
PS. Pardonnez-moi, je n'ai pas trouvé dans le système Hautetfort comment tracer les lignes d'un tableau.
07:29 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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23/05/2016
L'espace, le temps et la matière
Longtemps on parla de l’espace d’un côté et du temps de l’autre. On n’y mêla jamais la matière qui semblait un concept différent. Einstein fut le premier à intégrer ces trois concepts ensemble. L’univers serait-il un tout indissociable ou un rêve qui cache une autre réalité ?
On sait depuis Einstein que la structure de l’espace-temps dépend de la répartition de la matière dans cette structure et du mouvement donné à cette matière. L’univers ne serait-il qu’une répartition de la matière dans l’espace et son mouvement qui crée le temps. L’espace n’est que par le temps, c’est-à-dire le mouvement, et le temps n’est que parce que la matière se meut dans l’espace. Espace et temps sont indissociables. Supprimons la matière, il n’y a plus d’espace et de temps. Supprimons l’espace, le temps cesse de s’écouler. Supprimons le temps, l’espace s’écroule par ce qu’il n’y a plus de mouvement.
Dans un espace-temps à l’échelle corpusculaire, c’est-à-dire dans une vision quantique, la position des électrons dans l’espace-temps est imprévisible. Ils peuvent même être détectés dans deux lieux à la fois et l’on ne peut définir précisément leur position dans le temps et l’espace. On a l’impression qu’à cette échelle l’univers se décompose et se met à danser une sarabande incompréhensible. Est-ce la limite entre le monde physique et un monde autre, celui de la pensée et/ou celui du divin ? Un monde empli d’informations qui finissent par engendrer une intention à l’origine du Big Bang. Et l’homme pourrait participer de ces deux mondes par le mystère de la pensée et sa puissance créatrice. Alors on pourrait réconcilier les deux appréhensions du monde, l’appréhension scientifique, qui base ses fondements sur le physique et l’expérience, et l’appréhension mystique dont l’objectif est la fusion en Dieu, autre sorte d’expérience, intime et pratiquement intransmissible. Derrière la seconde du Big Bang, une appréhension complètement différente de l’univers apparaît, probablement sans matière, faite d’informations circulant comme les électrons circulent dans le monde quantique jusqu’au moment où elles se condensent pour atteindre un processus de création. Alors sont engendrés ensemble la matière, le temps et l’espace qui créent l’univers que nous connaissons.
Peut-être alors peut-on s’interroger : Dieu ne serait-il qu’information ? Très certainement non, ce monde informationnel n’étant qu’un monde intermédiaire derrière lequel le concept de Dieu n’apparaît qu’en filigrane. De lui naît la pensée, mais cette pensée n’est pas le divin. Celui-ci se trouve au-delà. Ajoutons que ce monde informationnel n’a rien à voir avec ce qu’on appelle vulgairement l’information dans notre monde moderne. On peut le concevoir comme la noosphère décrite par Vladimir Vernadsky et Teilhard de Chardin : une enveloppe pensante qui crée l’unité de plus en plus consciente des âmes.
07:30 Publié dans 11. Considérations diverses, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : univers, cosmologie, cosmos, mystique, dieu |
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22/05/2016
silence
L’ombre dédoublée
Naissance du silence
Vivre malgré tout
07:11 Publié dans 27. Création photos, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : haïku, photo, poème, poésie |
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21/05/2016
Le temps
Elle prit le temps d’avoir le temps
Ce ne fut pas sans peine ni courage
Elle avait tant de choses à faire, à dire
Et toujours elle n’avait pas le temps
Jamais elle n’aurait pu abandonner
Elle n’avait que deux mains et pieds
Ils étaient constamment en mouvement
Remuant jour et nuit, bien huilés
Etait-elle hagarde ou épuisée ?
Elle avait les paupières closes
Sans pleurs ni regard mêlés
Elle reposait à terre, en tas
Aurait-elle perdue la tête, cette enfant ?
Pourra-t-elle à nouveau s’adonner
A la souffrance du repos et de l’errance
Et se laisser glisser dans l’inconscience ?
Elle erre dans le désert de son esprit
N’y rencontre aucun être connu
Quelques cailloux et plantes sauvages
Pas une âme qui vive ou meurt
Dans ce refuge improvisé et stérile
Elle n’a rien à opposer au spleen
Qui l’a pris de vive force, sans un mot
Et projeté dans le vide sans parole
Ainsi elle perdit son temps
Pour prendre le temps
D’avoir le temps
Tant qu’il était encore temps
© Loup Francart
07:06 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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20/05/2016
La saison des femmes
Elle est vendue et toutes se réjouissent. Elle va être mariée à un inconnu. Elle ne dit rien, a un
regard effarouché et attend. Elle est femme, c’est-à-dire soumise à sa famille. Elle se retrouve dans un nouveau foyer, entre un jeune homme, Gulab, difficile à marier parce qu’alcoolique et amateur de prostituées, et sa mère, veuve, belle et soumise aux traditions. Elle s’appelle Janaki, elle a quinze ans, elle a honte et ne peut rien faire ni dire.
C’est une description sans complaisance de la société indienne, patriarcale et misogyne. Le film est violent, les femmes s’accommodent de ces brutalités tant bien que mal, les hommes sont odieux et la vie continue, vaille que vaille. Que faire : subir, sans mot dire. Chacun joue son rôle traditionnel : le mari, Gulab, un freluquet tout puissant à l'image des autres hommes ; la belle-mère, Rani, qui le protège et est méprisante envers sa bru ; la prostituée, Bijli, qui est détrônée par une nouvelle plus jeune ; la femme stérile, Lajjo, qui se fait faire un enfant et que son mari bat parce qu’il la disait stérile alors qu’il se savait impuissant. Seuls deux hommes mettent en évidence les changements possibles : une sorte de gourou qui montre que l’on peut s’aimer divinement et un homme moderne qui chercher à changer la société et qui doit fuir le village, laissé pour mort, battu par les autres hommes.
C’est un beau film, dur, impitoyable, tendre aussi parfois, dans lequel la prostituée à le meilleur rôle jusqu’à son déclin, la belle-mère devient mère tout à coup, la jeune femme découvre l’amitié féminine, toutes femmes qui finissent par fuir cet univers lourd de menaces et de violence masculine. Les hommes n’y ont pas le beau rôle, contrairement à ce qu’ils continuent à penser.
07:04 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, société, patriarcat, condition féminine |
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19/05/2016
Le nombre manquant (17)
Pendant cette discussion, Mathias avait utilisé un tableau de papier qui traînait par là. Il avait créé un tableau avec quatre lignes et plusieurs colonnes dénommées au niveau de la première ligne : catégories, sous-catégories, motivation, but, lieu, conséquences, et d’autres colonnes non encore remplies. Dans la première conne, il inscrivit individu, puis, sur la ligne du dessous, organisation et enfin État. Il inscrivit les cinq motivations dans la case de la ligne deux.
– Et maintenant, si nous passions aux organisations, et d’abord aux types d’organisation qui pourraient être intéressées par nos travaux.
– Pourquoi pas les églises ? Cela fait des siècles que l’église catholique s’intéresse aux découvertes scientifiques et surveille tout ce qui se rapporte à l’univers, à son origine et à sa fin, à l’infini et beaucoup d’autres choses encore. Mais ce n’est surement pas la seule église qui pourrait être intéressée. Le calife al-Mansour a été le premier occidental à reprendre la numération de position indienne et à utiliser le zéro malgré les énormes résistances qu’il a rencontré. Elle s’imposa au Xe siècle, mais mit encore plusieurs siècles avant de devenir la référence. L’Islam, en ces temps curieux de retour aux rivalités moyenâgeuses, pourrait chercher à reprendre la main sur une cosmologie de plus en plus scientifique et éloignée de la métaphysique.
– Je rappelle, ajouta Claire, que ce sont les indiens au Ve siècle qui ont inventé le zéro. Pourquoi l’Inde, devenue une nation puissante malgré sa population très nombreuse et diversifiée, ne chercherait pas non plus une piste en cosmologie, à l’instar du physicien Raman.
– Si je comprends bien, remarquais-je, la plupart des religions et sagesses du monde pourraient être séduites par nos recherches, ce qui me semble normal puisque Dieu dans la plupart des religions est le créateur du monde. N’oublions pas que les églises disposent d’argent, de volonté et de moyens assez considérables.
– Passons à d’autres organisations, par exemple les sectes, incita Mathias.
– Mais c’est la même chose que les religions !
– Oui, mais elles sont plus individualistes, plus entières et plus dangereuses parce que cachées.
– Je pense malgré tout, dit Vincent, que nous pouvons les intégrer dans les églises, cela nous évitera des doublons.
– Alors passons aux mafias. Pourraient-elles être concernées et quel serait leur intérêt ? Avec elles, il n’y a qu’un seul mobile l’argent…
– et le pouvoir.
– mais seulement pour accumuler plus d’argent.
– Il y a de nombreuses organisations mafieuses dans tous les coins du monde.
– Sérieusement, croyez-vous que les gangs, mafias ou cartels puissent s’intéresser à nos recherches. Cela ne les intéressera que si nous découvrons quelque chose qui pourrait rapporter beaucoup d’argent ou leur donner le pouvoir d’en rapporter beaucoup. Ce n’est pas encore le cas, et ce ne sera très probablement jamais le cas.
– Alors, on raye les mafias ?
– Non, mais ne nous attardons pas. Gardons-les seulement en mémoire. On ne peut les écarter, mais pas non plus les prendre trop en considération pour l’instant.
– Reste alors les organisations scientifiques, remarqua Vincent.
– Pourquoi ? Les cosmologistes sont nettement en avance sur nous. Nous recherchons même ce qu’ils produisent pour enrichir nos bases de données. C’est absurde.
– Peut-être pas autant que tu le crois. N’oublie pas que faisons nos recherches dans des domaines qui ne se côtoient pas. Toute explication théologique est rejeté par les savants, y compris celle de Teilhard de Chardin, et toute explication scientifique est mal vu des religieux et spirituels. Nous avons pris la résolution de rechercher dans toutes les disciplines, quelles qu’elles soient. Cela nous donne un avantage et un but, faire rejoindre la science et la mystique par l’expérience vécue et non la spéculation. Cela met sur le même pied l’expérience spirituelle et les expériences scientifiques. Connais-tu beaucoup de personnes qui se posent le problème de cette manière ?
– Non, je le reconnais. C’est même notre spécificité et notre passion.
– Alors pourquoi n’y aurait-il pas d'autres organismes qui se poseraient les mêmes questions et chercheraient des réponses ?
– C’est vrai, c’est possible. Cela m’étonnerait, mais c’est possible. C’est ce qu’on appelle la convergence des questions et des recherches. Plusieurs personnes se posent le même problème et, tout d’un coup, ils arrivent quasiment en même temps à des solutions. Elles peuvent d’ailleurs être différentes les unes des autres.
– D’accord. On l’inscrit !
– Reste les États, dit Vincent. J’en vois en priorité trois : les États-Unis, la Russie, la Chine ; trois États marqués par la recherche et en avance sur les autres.
– Je pense que l’on peut rajouter l’Inde et, pourquoi pas, le Brésil.
– L’Inde, oui. Le Brésil, j’y crois beaucoup moins, mais gardons-le.
– Je rajouterais également, dit Claire, quelques États disposant d’argent sale, compromis entre des individus plus ou moins organisés et un État y voyant une autre manière de gagner de l’argent ou de le blanchir.
– Bon ! conclus-je. On fait une petite pose et on voit ce que cela donne.
06:27 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |
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18/05/2016
Vacances
Les vacances de l’enfance sont douces.
Elles exhalent le foin et les marais,
Ont la nostalgie du dictionnaire Larousse
Et des petites filles courant en mollets.
Nous avons tous rêvé de ces moments lointains
Où, ensemble, attablés dans la cuisine,
Nous attendions la sortie du four de ces pains
Que nous nous disputions avec nos cousines.
Souviens-toi de ces poulets hirsutes et mi-fous,
Poursuivis de bâtons maladroits mais mortels,
Puis déposés en trophée au pied de l’autel.
Et ces orages lointains de fin du mois d’août,
Quand nous nous réfugions dans les bras des parents,
D’où nous pouvions crier « j’ai pas peur », bravement…
L’enfance est belle parce que sans soucis.
Elle a l’arrière-goût des prunes cueillies sur l’arbre,
Des baignades défendues au retour transi
Et des adieux émus au mois de septembre.
Depuis, les cousins et cousines dispersés,
Nous avons vécu notre vie vaille que vaille,
Toujours en souvenance de ces jours d’été
Où nous étions indifféremment la marmaille…
© Loup Francart
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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