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24/01/2016

Air de la 3ème suite pour orchestre de J-S Bach

https://www.youtube.com/watch?v=rrVDATvUitA

La beauté changera le monde. Y croyons-nous ?
Oui, certainement, lorsque l’on écoute cet air. Deux voix s’interrogent et se répondent sans cesse, dans un dialogue accompagné par la lente marche rythmée des violoncelles.
C’est un duo de bonheur inépuisable qui semble ne jamais finir, qui monte en vous, tourne autour de vous, vous emporte dans un autre monde, plus riche, plus puissant et plus tendre à la fois. Votre âme se dilate, s’élève hors de toute pensée, dans le simple frémissement de sa transparence. Vous ne connaissez plus le quotidien, seule la luminosité du présent vous attire.
Mais est-ce le présent ? Vous ne savez. Ce présent devient éternité et ces secondes éternelles se prolongent au delà de la conclusion de la pièce. Et vous comprenez tout à coup, avec certitude, que l’éternité ne peut être vécue seule, que c’est cette osmose entre toutes les parties de votre être qui vous permet de vous accomplir, symbolisée par ces trois voix, les deux airs enchevêtrés des violons et le lent martèlement de tendresse des violoncelles.
Et votre âme s’évade encore lorsque vous écoutez à nouveau cet air si plein de beauté miraculeuse, qui vous fait toucher votre miracle personnel, celui du monde et celui de l’infinie tendresse de Dieu.

23/01/2016

Billard

http://www.youtube.com/watch_popup?v=YWZLw6Mo8X8&vq=hd720


http://www.youtube.com/watch_popup?v=YWZLw6Mo8X8&vq=hd720

Oui, quel doigté !

22/01/2016

La fin de l'histoire (12)

Le lendemain matin, après son heure de méditation destinée à se blinder pour la journée, Nicéphore alla à la bibliothèque municipale. Sa carte était toujours valable, ce qui lui évita de trop se montrer auprès de la conciergerie. Il s’engouffra dans les couloirs de livres qui étaient rangés par thèmes, puis dans l’ordre alphabétique des auteurs. Dans le thème spiritualité, il chercha Krishnamurti et trouva deux ouvrages : "De la connaissance de soi" et "La révolution du silence". Il les feuilleta et tout en surveillant ceux qui passaient à côté de lui. De pauvres bougres, désorientés, en mal d’être ! Vingt minutes plus tard, passa un jeune homme, environ vingt-cinq ans, l’air avenant, qui s’excusa d’une voix grave et harmonieuse. Tiens ! Intéressant. Nicéphore le suivit des yeux. Le jeune homme se retourna, lui sourit, puis continua quelques mètres et s’arrêta en regardant la tranche des livres qu’il avait devant lui. Le sourire ne veut rien dire dans une société sociable. Tous sourient, mais d’une manière automatique, apprêtée. Son sourire à lui était discret, mais réel. Il le regarda à nouveau du coin de l’œil. Que faire ? Tant pis, j’y vais ! Il se rapprocha, passa à côté de lui et lui dit à voix basse :

– Vous cherchez quelque chose ? 

Le jeune homme rougit, bafouilla positivement, le regarda et lui dit : 

– Rendez-vous ce soir au Café Vert à sept heures.

Il partit précipitamment, laissant Nicéphore à ses interrogations. Et si c’était un piège ? Il traina quelques minutes encore faisant semblant de chercher des livres scientifiques concernant l’évolution de l’univers, puis sortit tranquillement en regardant s’il était suivi. Non, rien. Tant mieux, cela simplifie les choses.

A sept heures, il se présenta à la porte du Café Vert. C’était un petit café situé pas très loin de la bibliothèque, mais suffisamment éloigné pour ne pas être surveillé. Il était plein de jeunes gens et jeunes filles qui parlaient sans arrêt à voix haute de manière passionnée. Les conversations étaient multiples, les unes sur le temps qu’il avait fait l’été dernier, les autres sur le dernier livre à la mode, d’autres encore sur une histoire d’amour qui finit mal (la passion déréglait parfois le consensus social en vigueur). Une petite place derrière un pilier était inoccupée. Nicéphore s’y assit pour attendre l’étudiant (du moins supposait-il qu’il n’avait pas fini ses études). Au fond, oui, se dit-il, ce sont les jeunes qui sont plus susceptibles d’avoir une certaine dissidence. Ils nourrissent plus aisément un idéal que ceux qui sont entrés dans la vie active. Ah, le voilà. Le jeune homme s’arrêta sur le seuil, regarda derrière lui par la porte vitrée, puis avança tranquillement vers Nicéphore. Il était encore plus jeune que celui-ci ne l’avait pensé. Oui, vingt-cinq ans maximum, probablement moins. Mais peu importe. Dès les premières paroles, ils se sentirent à l’aise, tous les deux, malgré la différence d’âge (Nicéphore avait trente-six ans). Ils parlèrent de choses et d’autres, d’un air détaché, chacun surveillant l’autre jusqu’au moment où le plus jeune lui dit :

– Je fais peut-être une bêtise, mais il me semble que vous me cachez quelque chose comme je vous cache moi-même quelque chose. Alors, jouons franc jeu, cela simplifiera nos relations et nous permettra de mieux nous connaître sans perdre de temps.

Nicéphore lui raconta sa révulsion pour la pilule et son entrée en opposition avec le voyage à Tombouctou. L’étudiant (il était en réalité tout jeune professeur à l’université) le regardait avec admiration et lui avoua :

– J’ai bien tenté de me passer de la pilule, mais je suis tombé malade trois heures après : vertige, nausée et indicateur allumé. Un de mes amis me surprit ainsi chez lui. Je lui racontai que je m’étais évanoui et n’avais pu prendre la pilule. Je le suppliai de m’en donner une et de ne rien dire, ce qu’il accepta. Je m’étonnais d’ailleurs de pouvoir penser si librement malgré la pilule et mis cela sur mon caractère. J’avais cependant peur d’être surveillé et me forçais à me lier avec les autres professeurs et les étudiants de l’année où j’enseignais.

Nicéphore comprit alors ses airs parfois inquiets ou au moins absents.

– Vous seriez donc le premier éveillé, lui dit-il.

– Tiens, je ne connaissais pas cette expression. Que signifie-t-elle ? demanda Nicéphore.

– C’est une expression lue dans un livre ancien intitulé Gnosis. Son auteur est un certain Boris Mouravieff y livre la doctrine ésotérique de l’Orthodoxie orientale et décrit les rapports entre le monde et l’homme. J’ai amené le livre, car je pensais qu’il pourrait vous intéresser. J’y tiens et souhaite le récupérer dès que vous l’aurez lu. Je vous fais confiance. Rendez-vous dans trois jours au Café Jaune, cette fois à huit heures du soir. Je suis obligé de partir, car je ne tiens pas à vous compromettre.

Il se leva, sortit sans se retourner, me laissant seul, le livre à la main.

21/01/2016

Folie

Il a vécu et s’en est allé…
Il n’avait pas envie de partir
Mais son âge l’imposait…

Alors une dernière fois
Il regarda le vide
Se combla de nos visages
Et sauta par-dessus le bastingage…

Emporté par la houle
Pris dans le tourbillon
Des marées et des oscillations
Il fut entraîné au loin
Puis se laissa glisser
Dans l’onde chatoyante
Avec un dernier signe de la main…

Ce n’était pas une fin
Juste une dernière danse
Un pied de nez aux spectres
Qui peuplent l’orange bleue…

Maintenant, dans l’écume cosmique
Erre son image tremblante
Celle d’un petit d’homme
Qui but tout l’océan
Pour y trouver la clef
Ouvrant à l’éternité…

©  Loup Francart

20/01/2016

L'émotion esthétique et l'étonnement

Au-delà de la réflexion rationnelle, indispensable certes à un épanouissement sociétal, nous posons-nous la question d’un enrichissement personnel plus profond, de ce qui nous émeut parce que cela nous transforme ? Cherchons-nous en nous-mêmes quels sont les grands évènements qui ont profondément transformés notre vie et nous ont conduit à prendre conscience que celle-ci ne peut être en permanence tournée vers l’extérieur de nous-mêmes ? Qu’avons-nous ressenti à ces moments qui nous poussent à les revivre et les approfondir, même si nous ne les comprenons pas clairement ?

Alors, l’étonnement nous surprend. Il s’agit d’approfondir cette capacité proprement humaine de s’étonner, c’est-à-dire de s’émerveiller et d’admirer. Comment s’étonner de ce qui est banal ? Comment rester en état d’étonnement plutôt que d’accepter sans compréhension intime ce qui est ?

L’étonnement vise à une contemplation désintéressée du monde et nous conduit à nous re-présenter le monde en permanence. Là, le point de vue de chacun sur le sujet peut servir à l’enrichissement de tous.

19/01/2016

Eclairçie

Pourquoi éclaircie ? Une ouverture sur l'infini, certes parcellaire, mais si encourageante.Sur l'obscurité, des ouvertures de lumière qui donnent au monde un autre aspect. On ne sait ce qu'il y a derrière, mais c'est un encouragement pour tous ceux qui cherchent l'au-delà.

16-01-18 Eclairçie.jpg

Le dessin est fait à partir d'une grille dont chaque élément est ensuite incliné.

18/01/2016

La fin de l'histoire (11)

Le lendemain, il prit l’avion pour l’aéroport Charles de Gaulle. Au cours de son voyage, il réfléchit à ce qui l’attendait. Il pensa à cette fin de l’histoire qui avait été imposée par le gouvernement mondial. En un instant d’illumination, il comprit que sa vocation était de faire repartir l’histoire, non pas celle des idéologies et des luttes entre peuples, mais l’histoire personnelle de chaque être humain. « Nous avons perdu notre libre arbitre. Oui, j’existe en tant qu’être social, mais je n’avais plus jusqu’à peu de moi personnel. Je ne savais même pas qu’il est possible de penser par soi-même, de s’interroger sur ce que je veux réellement faire. Ne plus subir ce que la société veut que chacun d’entre nous fassions ! Mais comment ? »

Arrivé sur place après un vol sans histoire, il eut du mal à rester concentré. Les sollicitations étaient importantes et l’attention demandait des efforts surhumains. Plusieurs fois il ressentit des picotements à hauteur de son indicateur, signe certain qu’il n’allait pas tarder à s’allumer. Il se forçait alors à replonger en lui-même, à reprendre le contrôle de sa pensée et à faire le vide en soi. Il put arriver jusque chez lui sans que rien ne transparaisse.

La nuit suivante, il chercha comment éveiller la curiosité de ses contemporains. Il ne pouvait bien sûr leur parler ouvertement, ni même faire certaines allusions à la liberté individuelle. La personne en tant qu’être humain autonome et unique ne semblait plus exister. Elle peut continuer à être raisonnable, mais à condition qu’elle soit sociable et même sociale. La sociabilité commande à la raison et non l’inverse. Encore heureux que les livres ne soient pas interdits. Le gouvernement s’était interrogé sur le rapport entre la raison et la sociabilité et certains experts avaient prédit qu’une raison insuffisante conduirait à une révolte probable, l’idéal étant une égalité entre la raison et la sociabilité. La composition chimique des pilules à prendre chaque matin avait été un mélange savant de produits permettant d’atteindre cette égalité. Et cela marchait ! Il y avait bien sûr des cas où l’égalité n’était pas respectée. Cela dépendait principalement de la personnalité de l’enfant à sa naissance, car on pensait qu’ils avaient déjà une personnalité qui tenait aux gènes de leurs parents. Dans certains cas, on devait les tenir éloignés du réseau social, sans toutefois le dire ouvertement. On les appelait les déviants. Personne ne leur parlait ou même les regardait dans la rue. Ils étaient libres en apparence, mais la société les rejetait ouvertement. Ils étaient accusés de tous les maux qui pouvaient survenir malgré tout dans une société policée : un incident dû à un cataclysme naturel, un accident dans une usine suite à une rupture de pièces et même un coup de folie pour un individu suite à un défaut de dose injecté dans l’indicateur. Ils n’en étaient en fait nullement responsables, mais la vindicte populaire se reportait sur eux qui ne pouvaient s’exprimer faute de moyens de communication mis à leur disposition, ces derniers étant réservés au personnel politique qui en usaient sans partage. D’ailleurs la plupart des personnels qui avaient accès aux bibliothèques n’écoutaient plus les médias, lassés tant par le discours de fond que par la forme n’utilisant qu’un nombre restreint de mots répétés en boucle. Le réseau Internet était lui-même étroitement surveillé par la police politique, autrefois importante et de plus en plus réduite par la docilité de la population. Certes, les bibliothèques étaient sous surveillance. On obligeait les lecteurs à disposer d’une carte d’inscription et les livres prêtés étaient notés si bien que l’on savait précisément les sujets intéressants untel ou untel. Cela permettait de plus de répondre à leurs besoins en consommation grâce à l'addition des deux bases de données intérêts intellectuels et besoins matériels. Nicéphore avait souvent consulté des livres tout en prenant garde de ne marquer trop d’intérêt pour les sujets qui l’intéressaient.

Ah, mais voilà l’idée que je cherche ! Entrer en contact avec d’autres lecteurs. J’y trouverai peut-être quelqu’un qui s’intéressera à ce que j’ai découvert. Mais attention, il y a des membres de la police politique, la fameuse dP (dedicated police ou police dédiée), qui parfois se mêlent aux simples citoyens pour savoir ce qui se passe. Il est vrai que cela a lieu de moins en moins souvent en raison de l’efficacité de la pilule. Oui, c’est une bonne idée, car il n’y a que parmi ces gens-là que je pourrai trouver des gens dissimulés et sincères. Attention cependant. Chercher dans les livres ésotériques ou scientifiques, pour voir qui s’y trouve, mais ne jamais en emprunter !

17/01/2016

Derrière

Là, dans ma carapace, isolé
Je me revêts d’innocence
Et me gonfle d’absence…
Devenu univers
Par le trou de la serrure
Je me vois, si petit !

Entre en toi…
Retourne l’enveloppe de chair
Pour faire apparaître
Ton envers derrière l’endroit…
Il n’y a rien, oublie-toi
Et tu vogueras, allégé !

Dans ce puits transparent
Tu plonges dans la nuit…
Dissoute dans le plasma
Ton absence devient présence
Jusqu’à ne plus distinguer
Si tu es dehors ou dedans

Extérieur et intérieur…
Confusion des sensations…
Y a-t-il vraiment une différence
Entre ce que vous pensez
Et ce que vous vivez
Dans ces tressaillements incessants

Contorsion de l’esprit…
Vous empruntez les tuyaux
De l’incertitude et de l’ignorance
Pour atteindre votre être réel
Celui que nul ne connaît
Ce trou d’air qui vous taraude

Alors vous vivez pleinement
Dans ce gaz léger et hilarant
Qui vous entraîne loin de vous
Sur les pistes blanches
Au bord du précipice

Partir, oui
Mais en soi…
Quel saut périlleux
Et quelle délivrance !

Es-tu encore là ?
L’absence devient présence…
Tu t’enflammes

Ton innocence dévoilée
Découvre le cosmos…

Je… suis…

©  Loup Francart

16/01/2016

Khaled Dawa, sculpteur

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Khaled Dawa est sculpteur et syrien d’origine. Il vit maintenant à Marseille après avoir fui les geôles de son pays. Il travaille pour faire connaître le peuple syrien, sa dignité et ses malheurs. Ses sculptures sont des hommes malades dans leur corps compressé, enfermé derrière des barreaux. Il travaille la glaise et ses sculptures sont à l’image des Syriens : fragiles, friables, malléables, mais toujours vivants. La beauté de ses sculptures tient aux attitudes de ces personnages dont la position recèle les états d’âme.

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15/01/2016

La mélodie, de Francesco Tristano et Carl Craig

https://www.youtube.com/watch?v=ZFHD9QpQDFA

Peut-on parler de mélodie? J’en doute. Mais cela n’empêche pas cette pièce d’avoir de la beauté. Elle commence comme une complainte ou une berceuse, puis se noie dans le rythme qui très vite se complique, se complète entre le piano et l’électronique. Rencontre de deux musiciens de formation totalement différente ; un pianiste classique, Francesco Tristano, et un branché de la techno aux machines analogiques, Carl Craig. Impressionnant !

Voici une autre version de La Mélodie, plus électronique, dans laquelle le piano est plus en sourdine, mystérieux, d’un charme différent, mais tout aussi sensuel.

https://www.youtube.com/watch?v=xKYAelOzf8s


 

 

14/01/2016

La fin de l'histoire (10)

Le lendemain, quatrième jour de méditation, il commença sa journée par un jogging, puis se rendit à la source dont lui avait parlé Mohammed. Ce n’était qu’un vulgaire trou dans lequel croupissait une eau presque saumâtre. Mais lorsqu’il la toucha, elle devint transparente après que les ondes émises par la pénétration de ses doigts se soient effacées. Une mince couche d’eau claire s’ouvrait devant lui. Il se pencha et but. Dieu, cela n’avait rien à voir avec l’eau chaude des gourdes en peau de chèvre, se dit-il. Dorénavant je viendrai tous les jours me rafraichir. Revenu dans la grotte, il s’assit et commença sa méditation. Silence… Vide… Respiration… Il s’enfonça vite en lui-même, creusant son être ou, peut-être, l’allégeant en lui donnant de la transparence. D’abord le noir absolu. Puis une vague lueur transparaît entre les deux yeux. Peu à peu ses paupières se soulèvent, dévoilant une brume blanchâtre et tremblante. Ne pas réagir, attendre, sans volonté. Progressivement, il médita les yeux ouverts, sans voir ce qui l’entourait, perdu dans ce moi qui n’existait plus. Plus une pensée, plus une sensation, plus une émotion. Le soleil vint frapper son visage. Il avait tourné et pénétrait maintenant à l’intérieur de la grotte. Il eut l’impression de se réveiller. Il n’ouvrit pas les yeux puisqu’ils étaient déjà ouverts, mais il reprit conscience. Nettoyé. Oui, il était nettoyé, léger, sans retour permanent à ce moi qui l’obsédait auparavant. Il sut que son indicateur n’était pas allumé et qu’il ne s’allumerait pas tant qu’il serait dans cet état. Attention ! Se rappeler à soi-même pour ne pas se confondre avec le monde ! Mais ne jamais s’imaginer détaché de ce monde et différent. Quel équilibre paradoxale mais combien enrichissant !

Il sut qu’il avait gagné, sans plus. Il ne s’en réjouit pas. Il en fit le constat et se dit qu’il était temps de retourner à la civilisation. Mohamed allait arriver, il rangea son campement, fit son sac et attendit. L’attente ne lui pesait plus. Il était libre, sans désir personnel, exsudant une lumière invisible qui transparaissait dans ses yeux. Enfin Mohamed arriva.

– Salam Aleikoum !

– Aleikoum Salam, lui répondit Nicéphore.

Ils reprirent la route de Tombouctou. Ils s’arrêtèrent à l’heure de la prière, Mohamed fit ablutions et prosternations, Nicéphore entretint sa clarté posément. Puis ils repartirent pour arriver en fin de soirée dans la ville. Sans cesse, Nicéphore contemplait à la fois l’extérieur et l’intérieur, le monde et son monde qui n’était rien, mais qui avait tant de ressources. Il prit une chambre dans un petit hôtel minable, commanda un repas frugal, puis s’endormit rapidement, sans pensée. Le vrai combat commençait.

13/01/2016

Années

Tu attendais impatiemment ton jour
Celui, surprise, qui te prenait une année
Tu grandissais si vite ce jour-là
Que tu te situais au sommet de l’humanité
Perché sur une montagne d’années
En équilibre instable, miraculeusement
Défait d’une pesanteur insatiable
Le lendemain redevenait plat et lisse
Tel une tête de chauve un jour de grand vent
Mais ce jour-là, fier de tes années
Sur la pointe de tes petits pieds
Tu contemplais le monde avec ardeur
Partant à la conquête d’une vie future

Puis, les années passèrent, modestes
Enveloppées de souvenirs
Ils s’accumulaient tendrement
Derrière le masque reconductible
D’anniversaires et de paquets
Emmaillotés de papier doré
Il en était de même au premier jour
D’une année nouvelle, séduisante
Parce qu’inexplorée et méconnue
Progressivement le rêve devenait réalité    
Il s’épanchait en volutes frivoles
Conduisait à des impasses illuminées
Par les illusions si longtemps retenues
Et par les succès passés au cirage

Aujourd’hui, chaque jour est le premier
Ou peut-être le dernier
Le premier d’une vie encore vivante
Le dernier d’une vie sans avenir
Où l’on s’enfonce benoîtement
Comme dans un édredon de plumes 

©  Loup Francart

12/01/2016

Illusion

Depuis longtemps me trottait dans la tête l’idée d’un tableau en trois dimensions. L’idée née ne fait pas la réalisation. Celle-ci fut plus longue à murir. Il fallut construire le dessin, c’est-à-dire les formes constituées de baguettes qui se colleraient sur le fond du tableau, une plaque d’aggloméré et les contrastes de noir et blanc fabriquant des trompe-l’œil, tantôt cachant la baguette en la confondant avec le fond, tantôt donnant de fausses formes noires au fond blanc.

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Une fois réalisé sur ordinateur, le dessin est imprimé et l’ensemble des cotes est reporté sur le papier de façon à pouvoir ensuite le redessiner sur l’aggloméré, ce qui donne cela :

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Enfin, le dessin reporté sur le support d’aggloméré, il fallut coller les baguettes de manière parfaitement parallèle, puis enduire d’apprêt composé d’un gesso blanc. Je me rendis compte que les formes pouvaient se différencier par le noir et le blanc qui pouvaient être peints sur la tranche ou sur l’ensemble de la baguette donnant ainsi une plus grande profondeur. Ce fut un travail délicat que d'enduire de noir les côtés des baguettes sans déborder sur le fond du tableau. La prochaine fois, je peindrai la baguette avant de la coller. Ce sera plus simple.

Enfin, le tableau est fini. C’est une vague de bonheur qui m’assaille comme à chaque fois. Mais là, sans doute un peu plus, car ce fut long et difficile.

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Le tableau se voit de manière différente lorsqu’on passe devant en raison des tranches des baguettes peintes ou non de la même manière que la surface directement visible vue en face :

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11/01/2016

Transplantation (2)

Votre assistante est revenue pour vous prêter main-forte (oui, on va voir que c’est nécessaire). À deux, vous poussez, puis tirer, fortement, par petites secousses, sur les branches basses, de façon à laisser les dernières racines se déterrer d’elles-mêmes. Vous transpirez. Vous ne vous doutiez pas que l’arbuste se défendrait et qu’il tenterait de rester à sa place. Même à moitié couché, il ne veut pas céder. Vous le relevez, lui faites faire la même gymnastique de l’autre côté, puis vers les quatre points cardinaux, méthodiquement, sans grand succès. Il faut redonner quelques coups de bêche, recouper une ou deux racines qui s’accrochent à cette terre sèche et aride, puis incliner à nouveau dans tous les sens ce mastodonte de branches et de feuilles, qui gémit et cède, enfin, d’un cri bref. L’arbuste couché, vous mesurez sa taille et surtout le poids de sa gangue de terre. Il est intransportable. Trop lourd ! À deux, vous donnez de petits coups sur la gangue de terre entourant ses racines. Celle-ci laisse tomber de la poussière fine qui s’étale à vos pieds comme l’or des Incas. Mais elle est toujours trop lourde. Vous allez chercher la brouette, vous la couchez le long des racines et vous demandez à votre assistante de la relever en même temps que le corps de l’arbuste dont vous saisissez les branches. Mais ce demi-cadavre a pris une rigidité qui ne vous facilite pas le travail. Oui, vous arrivez bien à redresser son haut, mais son buste et ses jambes restent résolument fixés à terre, la brouette fuyant devant cet obstacle incontournable. Il vous faudra plusieurs essais, plaçant la brouette sous des angles différents, pour hisser le mastodonte dans la cuvette de votre moyen de locomotion. Allez, encore un petit effort. Il faut maintenant le porter jusqu’au nouveau trou, situé à soixante pas de là. Ce n’est pas sans mal que vous arrivez à le trainer, le ventre accroché à l’engin, les bras trainant par terre comme un soldat vaincu emmené dans une ambulance.

Vous y êtes. Dernier épisode, le plus crucial. Toute attention concentrée, vous examinez comment vous allez l’installer dans son trou. D’abord, déverser un demi-arrosoir, écarter les outils risquant de tomber dans ce reposoir, pencher la brouette jusqu’à l’incliner complètement. Le cul-de-jatte tombe pesamment et reste sur place, inerte comme un mort. Encore un peu de courage. Il faut le redresser. À deux ce doit être faisable sans trop de difficulté. Eh bien, non ! Certes, vous redressez ses bras vers le ciel ; mais comment déplacer l’ensemble pour le mettre dans le trou ? Vous jouez les hercules en l’empoignant contre votre ventre, comme une lourde femme que vous voudriez monter sur un lit, et, ahanant, soufflant, pestant, vous le laissez tomber dans le trou, en vous éclaboussant de boue. Bel effort, approuvé par l’assistante ! Certes, il penche, il a un air malheureux et laisse ses bras gauches trainer au sol. Mais maintenant qu’il est calé, il devient plus aisé à manœuvrer et vous le redressez sans trop de peine. Vous glissez de la terre sous son pied gauche, une terre grasse et élastique qui lui fait un édredon dans lequel il s’appesantit. Vous comblez les lèvres du trou d’un mélange de la terre prise dans l’ancien trou et de feuilles décomposées : un beau matelas lui permettant de reposer tranquillement jusqu’à ce qu’il reprenne racine et s’ancre réellement dans cette nouvelle place. Ah, oui, il penche un peu. Vous trouvez une petite fourche de bois que vous glissez à hauteur de ses hanches et qui le maintient droit. Vous comblez à nouveau avec un peu de terre. Un coup de râteau… Miracle, votre trésor est installé comme un bébé dans son berceau et il ne pleure pas. Main dans la main avec votre assistante, pardon, votre collègue, vous contemplez votre œuvre en souriant et ces deux sourires illuminent le jardin sur lequel un rayon de soleil perce à cet instant. Fini. Quel enchantement !

 

10/01/2016

Transplantation (1)

Vous est-il déjà arrivé de transplanter un arbuste ? Cela fait longtemps que vous le contemplez là où il se trouve, à une place qui ne vous convient pas parce qu’il vous cache une partie du jardin. Chaque fois que vous vous trouvez là où vous êtes actuellement, vous vous dites qu’il est temps de le déplacer. Oh, il ne s’agit pas de lui donner la mort, mais une simple transplantation devrait suffire à vous rendre heureux sans le rendre malheureux.

Cette fois, ça y est. Transplantation, quoiqu’il arrive ! Vous avez convaincu votre tendre moitié de vous assister, vous avez préparé vos instruments bien rangés à quelques mètres de l’arbuste, du plus petit au plus grand : sécateur, coupe-racines, bêche, pelle, râteau, arrosoir, brouette. Vous avez revêtu votre habit de lumière : bottes, pantalon sale, vieux pull et veste sans manche (il faut être à l’aise !). Votre assistante est là pour vous conseiller, vous tendre les outils lors de l’opération, vous aider à porter le corps inanimé pour l’installer dans un nouveau trou, large, préparé préalablement. Alors, vous commencez par celui-ci. Vous avez soigneusement réfléchi au lieu de repos et de reprise de la croissance de votre arbuste. Il cachera la remise à bois et ses feuilles dorées, petites et tressautantes, seront du plus bel effet pour faire penser à un coin de jardin inconnu. L’assistante est partie préparer le déjeuner, elle reviendra lorsqu’il s’agira de sortir du trou d’extraction la souche.

Il a beaucoup plu ces temps-ci, ce devrait être relativement aisé de creuser un réceptacle de bonne taille. Effectivement, les dix premiers centimètres sont faciles à retirer et à entasser à une cinquantaine de centimètres de l’orifice. Mais surprise, la terre devient sèche, poussiéreuse, parsemée de cailloux encastrés et pleinement de racines. Oui, c’est vrai, c’est un peu près du cèdre du Liban, mais c’est là que vous voulez le mettre ! Heureusement, vous disposez de votre bistouri, pardon, de votre sécateur, et vous coupez ces tendons fermes qui gênent votre bêche. Vous vous mettez à quatre pattes, les genoux dans une terre saumâtre, car vous avez dû déverser un arrosoir dans le trou pour vous permettre de creuser plus profondément. Ça y est, vous pouvez poursuivre, vous retirez la boue qui s’étale sans vergogne sur votre tas de terre, s’épanchant en rigoles qui transforment votre monticule en un mollusque informe que vous aurez du mal à réintroduire dans le trou après réception de l’arbuste. Tout est prêt. Encore un demi-arrosoir au fond du trou, deux balayages de bêche sur l’herbe tendre pour retirer les souillures d’un mélange de terre et d’eau. Vous rassemblez vos instruments dans la brouette et vous vous dirigez vers l’arbuste pour commencer son déracinement.

Hum ! C’est plus qu’un arbuste. Un seul corps de racines, mais cinq ou six troncs de quelques centimètres de diamètre qui lui donne un volume important : des jambes courtes sur un ventre proéminent, mais des bras démesurés poussant haut dans toutes les directions. Pas facile d’introduite une bêche sous ces vêtements pour atteindre des dessous difficilement accessibles. Mais il le faut bien. Alors vous vous insinuer entre deux branchages, glissez votre outil à trente centimètres de son entre-radicule et vous commencez à tracer une circonférence convenable qui vous permettra, une fois creusée, d’extraire le maximum de racines avec l’arbuste. Vous devez parfois utiliser votre sécateur pour couper une racine plus forte que les autres. Vous demandez pardon à votre plante et lui expliquez que cela repoussera. Une bonne nouvelle ! Vous constatez que tous ces membres inférieurs n’entrent pas profondément en terre. Ils rayonnent autour de ses hanches à l’horizontale, ne disposant que de quelques radicelles qui tentent de pénétrer plus en profondeur. Il vous est donc facile de découper sobrement un cône inversé pour pouvoir extraire le patient.

09/01/2016

Haïku

La lune plate

Embrase le lit...

Mort subite

 

08/01/2016

Les Francais veulent un vrai programme politique

La campagne pour l’élection présidentielle est déjà lancée. L’ensemble du monde politique s’agite, se bouscule, avant que les candidats à une primaire, pour les deux partis LR et PS, ne s’entredéchirent. Mais où sont les propositions d’action, quel programme nous proposent les partis ? Ils s’invectivent, mais rien ne transparaît de ce qu’ils veulent faire de la France et comment. Le FN affiche un programme, mais c’est celui de la dernière élection présidentielle ; les deux autres partis n’ont rien à proposer sur leur site Internet. Aucun parti ne sait où il veut aller, mais tous les ténors, intéressés par le pouvoir, veulent y aller.

Ce que veulent entendre les électeurs ce sont les propositions des partis pour la France dans vingt ans, voire dix ans : quelle France envisage-t-on à long terme, quels objectifs à moyen terme pour atteindre ce but et quelles mesures prendre à court terme.

Pour permettre aux électeurs de faire de véritables choix, quelle que soit leur ligne politique, il importe que chaque parti dispose d’un véritable programme et non de simples propositions sans cohérence d’ensemble.

Ce que doit comporter un programme politique :

  1. État des lieux
    * État des lieux pour chacun des domaines dans lequel l’Etat agit :
         Intérêt du domaine
         Gouvernance (ou management)
         Organisation
         Moyens : financiers, personnels, matériels, infrastructures
         Efficacité de l'action de l’État
    * État des lieux moral
         Ce qu’en pensent les citoyens
         Les points à changer en priorité
         Bilan entre les fonctions régaliennes et les autres fonctions où l’état est engagé.
  2. La France que l’on veut dans 20 ans
    * Un projet global : quelle place veut-on donner à la France dans le concert des nations (un projet se décline par comparaison avec l’existant et les projets des autres pays)
    * Par exemple :
         Une France qui ose, est fière de son passé et regarde son avenir sans crainte.
         Une France équilibrée financièrement par réduction des dépenses publiques.
         Une France saine économiquement qui produit et exporte.
         Une France influente qui tient sa place dans le concert des nations.
         Une France où la sécurité des citoyens va de soi.
         Une France où la famille constitue la structure de base de la société.
         Une France de liberté dans laquelle l’État se concentre sur ses tâches régaliennes.
         Une France …
  1. Les grands objectifs fixés au quinquennat
    * Objectifs à long terme (hors quinquennat)
    * Objectifs à moyen terme (les cinq ans du quinquennat)
    * Objectifs à court terme (pendant la première année du quinquennat)
    * Objectifs à très court terme (pendant les premiers six mois)
  2. Les dispositions permettant d’atteindre ces objectifs
    * Dispositions sociétales
    * Dispositions financières
    * Dispositions organisationnelles
    * Etc.
  3. Les mesures de qualité
    * Mesures de l’efficacité : taux d’atteinte des objectifs
    * Mesures de l’efficience : rapport entre les résultats obtenus et les ressources utilisées
    * Mesures de la qualité des objectifs fixés
    * Un bilan et une révision éventuelle des objectifs fixés tous les ans

07/01/2016

La fin de l'histoire (9)

Il s’endormit serein, détendu et se réveilla dans la nuit noire. Il s’installa à l’entrée de la grotte et contempla les étoiles et l’ensemble du cosmos.

Les jours précédents il avait contemplé l’infini en lui-même. Il ne contenait rien et ce rien était devenu le tout et ce tout était vide et plein d’une promesse d’éternité. Il lui fallait maintenant effectuer la même démarche pour le cosmos. Ainsi, il pourrait conjuguer ensemble le moi et le monde, le toi et l’environnement. C’était cela cet homme nouveau dont il avait évoqué la veille l’existence. Il lui fallait assimiler le cosmos ou plutôt se laisser assimiler par le cosmos. Il se souvint d’un voyage de nuit, en voiture, dans son adolescence. Il était alors sensibilisé aux émotions qu’il pouvait ressentir et les vivaient comme des expériences passionnantes. Apercevant un coin de ciel dans lequel il repéra un amoncellement d’étoiles, il se soumit à une attention extraordinaire, lui donnant une vision de l’univers, de l’avenir de l’homme et de la plénitude du divin. C’était tout le souvenir qui lui restait, mais il ressentit un sentiment de grandeur infinie qui dépassait largement l’impression de petitesse de l’homme. L’homme est grand par sa puissance à saisir l’infini, à imaginer Dieu. Y a-t-il une étape suivante ? Serait-elle l’entrée en communication avec cet infini ? En fait, cette prétention à cerner l’univers était vaine. Comment répondre aux questions telles que l’univers est-il fini ou infini, est-il seul ou y a-t-il un multivers composé de plusieurs univers ? Il se souvint de la réflexion de Giordano Bruno[1] dans De Immenso, écrit en 1591 : « L’univers est une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part ». Ce même Giordano Bruno qui croyait à la pluralité des mondes !

Il s’aperçut alors qu’il commençait à laisser son imagination prendre le dessus. Ce n’était plus une méditation sur le cosmos, mais l’affolement d’un cerveau qui ne saisissait pas cet infini qui nous entoure. Stop ! Il se leva, se remit dans son sac de couchage et se rendormit aussitôt. Il rêva et il ne pouvait contrôler son rêve. Face à cette immensité vide, il ne pouvait que se concentrer sur un point. Tout à coup celui-ci devint un immense tunnel qui l’attirait comme les grains matériels sont attirés par gravitation. Il se sentit prendre de la vitesse. Il était emmené non pas contre son gré, mais en toute conscience, jusqu’au moment où, prêt à entrer au-delà de la porte virtuelle, il se réveilla, transpirant, étouffant, au bord de l’asphyxie. Il reprit son souffle et s’étonna : comment trouver si je risque de mourir dès l’instant où j’approche de la vérité. L’univers restera-t-il toujours inconnu en raison de son infinitude ?

 

[1] Giordano Bruno (1548-1600) fut condamné par le tribunal de l’inquisition et mourut sur le bûcher à Rome.

06/01/2016

Nature

La nature a ses lois que n’a pas le rêve
L’eau se heurte au rocher sans méfiance
L’œuf casse sa tirelire sans retenir la sève
Seule la fiction agit sans défaillance

Oui, il n’y a rien qui ne vaille ce pincement
Que donne la rencontre de l’immuable
Tout est à sa place, au creux des fondements
Et le songe n’est qu’une évasion pitoyable

Parfois, s’ouvre la porte de la gratitude
La raison ne monte pas sans peine en altitude
Alors... Lâchez le lest et poursuivez nu

Là, un vent frais vous hérisse le poil
Malgré cela vous hissez la voile...
Dans ce monde, nature et fiction sont inconnues...

05/01/2016

Maxime, à la manière de La Rochefoucauld

 

C’est au fond de soi que l’on trouve le meilleur.

Mais cela nécessite l’oubli total du moi.

 

04/01/2016

Le tabourin, de Jean-Philippe Rameau

https://www.youtube.com/watch?v=nshsFUN91Gc

Ceci est la pièce brute, très belle, simple, une petite merveille de composition.

Mais il existe des adaptations très savantes telles que celle-ci, de Godowsky, pianiste et compositeur polonais et américain (1870-1938) :

https://www.youtube.com/watch?v=cXl3CoKaoEg

Eh bien, je préfère la première dans toute sa simplicité et son élégance !

03/01/2016

La fin de l'histoire (8)

Pourtant, il l’avait vue cette lumière qui semblait invisible. Il l’avait fait naître de lui-même sans savoir comment. Elle l’avait éclairé, puis s’en était allée. Il eut l’impression de se réveiller. Etait-ce un cauchemar ou une percée vers un autre univers ? Plus de temps ni d’espace. La lumière crue d’une vérité cachée qu’il ne pouvait saisir. Juste un sentiment. Et encore ! Une sensation, une sorte de hoquet pénétrant cette terre aride et dénuée de personnages. Est-ce cela la liberté ? Il n’était qu’une enveloppe transparente. Rien dedans, rien dehors. Le corps et l’esprit vierge, Il entendait le lourd silence de l’absence. Délivrance ou prison, va savoir ! Il s’étendit à terre, ferma les yeux. Et la lumière intérieure revint, assourdissante. Cette nuit, pour la première fois, il dormit les yeux ouverts.

Encore un jour, un jour de folie. Il tenta de revenir à la normale. Quelle apparence avait-il ? Il prit son miroir de fer blanc, incassable, et se rasa. Tout à coup, une évidence s’empara de lui. Il n’avait pas pris sa pilule et pourtant son indicateur ne rougissait pas. Aucune lueur le dénonçant. Il se sourit à lui-même dans le miroir, hurla et laissa résonner dans le défilé ce cri de délivrance. Il n’avait pas eu à choisir. Cela était venu tout seul, sans même qu’il y pense. La liberté bien en chair, palpable, visible. « Je suis l’homme nouveau », pensa-t-il. Et cette pensée ralluma son indicateur, le plongeant dans le plus profond désespoir. Dans l’heure qui suivit, il prit conscience de la nécessité de maîtriser en permanence ses pensées. C’est parce qu’il s’était rendu compte qu’il devenait différent des autres qu’il était redevenu normal, c’est-à-dire dépendant du système de pensée de la société. Ne pas porter de jugement, ni même d’impressions sur ce qui lui advient, se dit-il. Surtout ne pas se croire ou se dire différent ! Il comprit également que cette immersion dans son environnement était nuisible à son indépendance. Il devait prendre du recul, se rappeler à lui-même en permanence pour rester autonome. C’est d’ailleurs pour cela qu’il avait choisi de s’enfoncer dans le désert. Mais même au sein d’une nature brute, il devait se souvenir qu’il était, lui, indépendant, autonome, réellement homme. Se souvenir en permanence de cette boule de fraicheur qu’il avait découverte au fond de sa gorge et qui irradiait à la fois son cerveau et ses poumons, créant un espace d’absolu qu’il n’avait jamais soupçonné.

02/01/2016

Aube

Elle n’ouvre qu’une paupière discrète,
Un regard de biais, en faiblesse.
Elle étire un bras hors des draps
Et engage l’horizon au lever.
Les nuées lui font obstacle,
Un nuage barre l’accès à la transparence.
L’aube des matins d’hiver
Peine à se lever en fanfare.
Enfin, son visage s’éclaire,
Un rayon de feu sur la platitude
S’empare des formes vagues
Et leur donne une allure squelettique.
Ce doigt décharné déclenche
Un ruisseau d’or et de mauve
Qui déferle à vue d’œil
En éclats de diamant
Et paillettes de sang.
L’aube, de ses cheveux blonds,
Ébouriffée sur l’oreiller,
Contemple l’univers endormi,
Écoute l’avertissement des oiseaux
Et attend le retour du hibou.
Le voici ! Il s’engouffre, majestueux,
Dans le bois du vieux saule
Pour y cacher ses yeux béats.
Alors, en un moment divin,
L’espace prend ses dimensions.
Il enveloppe de son corps puissant
Cette aube aux yeux de biche
Et l’élève dans le ciel pur
À sa place de reine, un trône
Tendu d’une main égale
À la contemplation du mouvement.
Telle une femme de feu,
Elle lance la langueur du nord
À l’assaut de l’intercardinal,
Vers ce nord-est ouvert dans l’océan
Où déjà les vagues humaines
S’agitent et s’organisent.
Ont-elles pu admirer l’étrangère
Qui sortit du lit la marée
Et lui fit dire "l’heure est venue
De reprendre votre vocation".
Alors sous les derniers festons,
Encore colorés de pourpre,
L’espace infini du jour
Se revêt de son bleu virginal.

 ©  Loup Francart

Recherche

L’homme est insatiable
Sans cesse occupé à chercher…

Une vie en recherche…
Des grands explorateurs
Il passe aux astronautes
Enfourchant son moteur
Il erre dans la matière
Et palpe toute chose
En les nommant, tel un Dieu…

D’autres inversent la proposition
Ils cherchent en eux-mêmes
Ils se penchent sur leur nombril
Et regardent béatement
Les plis accumulés de leur être…

Ils n’entrent pas dans ces cachots
Qu’y découvriraient-ils ?
Un peu de terre et de salive
Qui, réunis et mêlées, forment boue
Et ne guérit que les corps

Seul l’esprit doit revivre !
Oui, mais… Où est-il ?
Personne ne l’a trouvé !
C’est un parfum trop puissant
Une note trop harmonieuse
Une couleur si chaleureuse
Qu’il est exclu de la connaissance
Et va ainsi dans le monde
Inconnu de la face des hommes…

Toutefois, l’enfant innocent
Voit en lui l’avenir étoilé
Et, regardant au loin
Se laisse guider sans interrogation
Au fil des rencontres ailées

©  Loup Francart

01/01/2016

Méditation

Qu’est-ce que la méditation ?

On trouve deux définitions assez différentes dans le dictionnaire. Dans la première définition, non religieuse, la méditation consiste à penser avec une grande concentration d'esprit pour approfondir sa réflexion sur un sujet. Dans l’oraison mentale, elle est un exercice spirituel préparant à la contemplation. Néanmoins de nombreuses méditations spirituelles commencent par une méditation sur un objet particulier et, inversement, la méditation a tendance à devenir une science de l’esprit répondant à un besoin intérieur inhérent à la nature humaine comme l'expliquent Rudolf Steiner ou Krishnamurti. Les deux aspects de la méditation se rejoignent dans une expérience objective et subjective des mondes matériel et spirituel.

Mais plus profondément et surtout pratiquement, la méditation consiste à entrer en soi-même, c’est-à-dire à franchir la frontière entre le monde visible et extérieur et le monde invisible et intérieur. C’est une frontière subtile, non discernable réellement (vous ne savez pas quand vous l’avez franchi). Mais à un moment donné, vous êtes de l’autre côté, sans savoir pourquoi exactement. C’est un monde sans couleurs, sans saveur, un monde nu, mais qui transforme et porte l’âme vers une sérénité et un attrait sans fin. Le cœur s’ouvre et se dévoile la beauté des mondes à la fois visible et invisible. Une tension reposante imprègne l’être qui, délivré, s’épanouit.

Vous n’en savez pas plus sur Dieu. Mais il devient autre chose qu’un savoir appris qui relève d’une doctrine formelle. Vous ne savez qui Il Est, mais vous savez qu’Il Est, objectivement et subjectivement. Alors, simplement, vous contemplez et cette contemplation vous transforme. C’est simple, mais c’est vrai : une vérité expérimentale.

Alors, que cette année nouvelle conduise à ces horizons incommensurables !

31/12/2015

IPad

Pour finir l’année, admirons les développements de la technologie. Un IPad multifonctions plus vrai que nature.

 
http://ipadvideolessons.com/blog/150224-ipad-magic/
http://ipadvideolessons.com/blog/150224-ipad-magic/

30/12/2015

Impulsion

La planète bleue se réchauffe. Elle devient rouge. Les hommes envoient des messages partout dans l'univers. Ils montent vers les galaxies, les étoiles, les planètes et submergent le cosmos. Ce SOS, c'est une sorte de morse, mais plus perfectionnée. La grosseur et la longueur des traits apportent des informations complexes aux petits hommes verts qui pourraient les intercepter. Dieu, pourvu que cela soit ! (MSG du GM [gouvernement mondial] au Cosmos, le 29 décembre 2034)

15-12-29 Impulsion.jpg

29/12/2015

Feu

Ce n’est pas le feu des nuits d’été
Quand la braise n’en finit plus
Ce n’est pas celui des hivers glacés
Contemplé du haut des monts
C’est un feu doucereux et charmeur
Qui t’entraîne dans le non être
Et tu te vois, squelette errant
Dans le froid des brumes matinales
Et la caresse de la couverture céleste
Vers laquelle se porte ton regard
« Marche vers ton destin qui n’est rien ;
Mais toujours laisse-toi retourner
Par l’embrasement d’un instant unique ! »
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Il arrive parfois que celui-ci se renouvelle
Apporte une nouvelle brillance, plus détachée
Au souvenir de cet moment mélancolique
Ajoutant une traine à la pointe de l’âme
Pour qu’elle demeure en mémoire

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Alors la vie reflue dans les veines
Et s’enfonce plus profondément dans le souvenir

28/12/2015

La fin de l'histoire (7)

Ragaillardi par cette pensée, il se força à manger quelque chose, un petit rien pour subsister, et s’accorda une pause plus longue que prévue pendant laquelle il relut quelques pages du seul livre qu’il ait emporté : La révolution du silence.

Une heure plus tard, il reprit sa méditation. Il atteignit plus rapidement une certaine attention à ce qui se passait en lui. Il avait compris que l’essentiel était de ne pas se laisser envahir par n’importe quelle pensée. Pour cela il lui fallait un support de méditation, un sujet sur lequel il se ferait les dents et qui lui permettrait de ne pas dévier. Malgré de réelles tentatives, au bout de deux ou trois minutes, voire certaines fois plus de cinq minutes, il s’apercevait qu’il avait oublié pourquoi il était là et quel était son objectif. Alors il essaya ce qu’il avait lu dans le livre : se concentrer sur la respiration. C’était pratique et simple. Ralentir l’aspiration et l’expiration, sentir l’air passer dans le nez, le laisser nettoyer le cerveau avant qu’il ne descende dans la gorge, puis dans les poumons, s’arrêter enfin de respirer avant de chasser tout doucement l’air vicié en faisant le chemin en sens inverse. Et cela marchait. Il avait quelque chose à penser qui lui permettait de ne penser à rien. Quelle victoire ! Une demi-heure plus tard, il se sentit fatigué. Il avait besoin de respirer librement, à la va comme je te pousse. Il se leva, fit quelques pas, vit que le soleil descendait sur l’horizon. Il fera bientôt nuit, se dit-il. Allons courir ! Il enfila un short, mit ses chaussures de jogging et partit dans le défilé rocheux jusqu’à la plaine sablonneuse qui s’étalait devant lui. Il courrait sans penser à rien, n’écoutant que sa respiration bien rythmée, sentant ses jambes légères, regardant les étoiles qui s’allumaient progressivement. Il est temps que je songe à rentrer, se dit-il tout à coup. Il commence à faire froid. Aussitôt rentré, il se coucha et s’endormit rapidement, décontracté, sans souci, ayant oublié ce qui le tracassait.

Le lendemain, il reprit sa position de méditation et se posa la question de la vraie liberté en cherchant à résoudre le problème du paradoxe qui s’était imposé à lui la veille. Mais d’abord commencer par l’échauffement : s’attacher à une respiration non forcée, calme, réduite. Aujourd’hui cela allait mieux, l’air glissait en lui sans s’accrocher. Il se concentrait dans la gorge et la rafraichissait. Oui, il avait une sensation de fraicheur qui partait du conduit nasal jusqu’à la gorge, comme un fluide non liquide qui l’imprégnait de sa pureté, évacuant les obstacles et le rechargeait d’énergie. La respiration l’aidait à descendre en lui comme en un trou sans fin. Il participait à une sorte de ramonage qui partait du haut de la tête et atteignait enfin le plexus solaire. Ce ne lui fut pas perceptible au début, mais il se sentait bien, plus sûr de lui, délivré de ses préoccupations. Une idée s’imposa progressivement. Et si être libre, c’était ne plus avoir à choisir ? La survenue de choix dépend de l’environnement. Perdre son environnement, ses habitudes, ses pensées, ses émotions, c’est finalement perdre la multitude de choix que l’on s’impose en permanence. Si je n’ai plus rien, si je ne suis plus rien, je n’ai plus de choix à faire, je suis réellement libre, conclut-il. Il eut l’impression d’avoir franchi un grand pas et s’en réjouit. Mais peu à peu d’autres question se dressèrent, dont une qui le tarauda sérieusement. Si je n’ai plus tout ce qui constituait ma personnalité, je n’existe plus. Certes je vis, je respire, je mange et je défèque, mais qui suis-je ? Le grand vide de l’univers se dressait devant lui, redoutable. Mais dans le même temps, le rouge feu qu’il voyait devant ses yeux fermés s’éclaircit. Il vira au rose, puis à l’orange abricot, mandarine, aurore, puis au jaune et enfin devint blanc. Ce n’était pas une couleur, c’était la lumière pure que sa seule attention retenait en lui. Trop tard, elle était déjà partie ! Il la voyait, éclatante, puis plus rien, le noir ! Tout était à refaire.

27/12/2015

2cellos

Un duo extraordinaire de violoncellistes. Ils sont slovène-croates et s'appellent Luka Šulić et Stjepan Hauser. Aussi à l'aise dans la musique classique que dans le rock ou la pop, ils manient leur archet avec virtuosité, sortant du violoncelle des sons insolites, mais envoûtants d'énergie condensée.