24/04/2016
Poésie
Quand la poésie devient esclavage, peut-elle encore dérouler son anneau mystérieux jusqu’à la dernière strophe et contempler, heureuse, ce tire-bouchon si bien tourné ?
Elle flotte pourtant dans l’air. Mon filet à papillon peine à l’attraper. Quelle joie lorsqu’une de celles-ci se prend dans ses mailles et couinent d’aisance. Elle va être dite, on va proclamer son existence, dérouler lentement ses torsades et imprimer dans les mémoires ses vers qui dansent de bonheur à cette idée.
Les enfants pleureront, les femmes chanteront, les hommes boiront, les vieillards se souviendront. Tout est là pour faire bon accueil à ces vers. Même la pluie est de la partie et encense de gouttes perlées cette sortie improvisée.
Quand ce sera fini, lorsque le conteur cessera sa lecture, le froid viendra, mais la glace sera rompue. Tous s’épancheront, se mêleront, s’embrasseront. Une fraternité nouvelle montera des cœurs, la liberté sera effective, même l’égalité ne sera plus un vain mot.
Dieu, si tous les humains étaient poètes, que l’histoire serait simple.
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23/04/2016
La fin de l'histoire (34)
Enfin vint le moment de sortir son livre. La pression médiatique, très motivée par l'action de Charles, répondit immédiatement présente. Le livre fut tout d'abord envoyé à quelques personnalités politiques, universitaires, économiques et même culturelles. Ceux-ci commencèrent à en parler en bien étant cités abondamment dans l'ouvrage. Cela permit une présentation à la télévision du livre et une sortie importante dans les librairies. Le livre s'arracha. On ne parlait que de cela. En quelques jours, il devint le livre de l'année, encensé par tous.
Alors Nicéphore put travailler sur sa véritable finalité. Chaque année, l’Institut Nobel invite parlementaires, ministres, anciens lauréats, et professeurs à proposer des noms pour la prestigieuse récompense du le prix Nobel de la paix. Ce prix, qu'Alfred Nobel a institué en 1901, récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». Charles susurra à quelques partisans de son ami que celui-ci pourrait peut-être faire un bon candidat. Ceux-ci amplifièrent l'idée. Ce fut repris par l'ensemble de la classe politique qui y voyait l'occasion de se faire briller indirectement et de redorer le blason de la France. Sa candidature fut amplifiée dans un premier temps en France, puis très vite dans le reste du monde auprès des différentes élites politiques et autres. Il finit, au printemps, par être inscrit sur les cinq noms liés à une action de promotion d'une méthodologie à l'usage des gouvernants qui simplifiait considérablement l'action politique et surtout qui permettait de faciliter la résolution des points d'achoppement entre adversaires. Les politiques français l'avaient employée à plusieurs reprises et avaient toujours pu réconcilier les contraires. Nicéphore et quelques collègues, dont Charles, finirent par emporter le prix qui lui fut attribué pour sa contribution méthodologique à une diplomatie gérant les rapports entre les nations. Le président du comité Nobel norvégien lui téléphona, le félicita et lui demanda de préparer un discours de réception.
Le soir même Nicéphore annonça à Charles qu'ils avaient gagné et qu'il ne leur restait plus qu'à préparer le discours de réception au cours duquel il annoncerait la parution du véritable livre, donnerait sa teneur surprenante et en lirait quelques extraits. Charles mit tout en œuvre pour que le manuscrit soit édité dans les temps, qu'il soit distribué dans toutes les grandes libraires et que des interviews soient programmées non seulement en France, mais dans le monde anglo-saxon et en Extrême-Orient. Le livre s’appellera « Le retournement », avait décidé Charles. Car il s’agit bien de se retourner, ou plutôt, de ne plus se laisser retourner. Ne plus chercher dans le monde les causes de notre déracinement, mais apprendre à chercher en soi-même en faisant le vide et non en remplissant notre quotidien d’informations préparées, digérées, édulcorées. Le retournement doit être un acte libre, réfléchi, qui engage la personne qui le fait en toute liberté.
07:39 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
22/04/2016
Haïku
Le chameau a-t-il deux bosses
Ou le boss a-t-il un cerveau ?
La folie a bon dos...
07:16 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
21/04/2016
Avoir, être et faire
En philosophie, comme en spiritualité, on oppose souvent l’être à l’avoir, et on donne la préférence à l'un ou l'autre. Ce serait des choix fondamentaux de vie, les uns tendant vers un avoir toujours plus important, les autres recherchant un être toujours plus accessible à lui-même.
En réalité, l’homme a besoin de ces deux pôles pour, dans un premier temps, exister en tant qu’être humain avant de comprendre que ces deux tendances ne sont que des apparences qu’il faut dépasser pour devenir pleinement humain. Le moteur de cette transformation tient au faire. Selon ce que l’homme fait, il penche vers l’avoir ou l’être. Le faire comprend l’ensemble des activités humaines dans l’univers. Chaque homme a une contribution à payer pour atteindre l’harmonie entre lui-même et le monde. Le faire peut incliner vers l’avoir comme il peut incliner vers l’être. Mais dans tous les cas, il lui faut faire pour développer l’un ou l’autre.
Mais est-ce le but de la vie ?
Sûrement pas ! Lorsqu’il considérera qu’il a suffisamment fait, il lui faudra apprendre à défaire en lui, c’est-à-dire à contempler plus qu’à participer. C’est le temps de l’âge mûr ou de la vieillesse. Comme Dieu s’est arrêté le septième jour pour contempler son œuvre, l’homme doit également prendre le temps de contempler sa vie et de se détacher de ce qu’il a accompli. Cette déconstruction est nécessaire pour aborder avec sérénité sa fin de vie. L’allégement, le détachement, l’inconnaissance doivent devenir une préoccupation de plus en plus importante. C’est le passage à l’anti-avoir, anti-être et anti-faire. Ce passage est rarement évoqué par la littérature, la philosophie, la spiritualité, en particulier occidentale. Les civilisations d’Extrême-Orient s’en préoccupent plus à travers le confucianisme, le zen et autres moyens de maîtrise de l’existence. Ce passage du plein au vide est difficile, d’autant plus qu’il peut être presque instantané ou assez long. C’est bien ce que veut dire le mot retraite qui, somme toute, est assez signifiant.
La retraite n’est pas un temps de repos. C’est un temps de maturation, d’agrégation de tout ce que chacun a accumulé. Il faut apprendre à se défaire de l’avoir ou de l’être pour jouir pleinement de sa vie et voir la lumière non dans son faire, mais grâce à son non-faire.
C’est peut-être tout simplement cela, l’humilité !
07:26 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spiritualité, phiulosophie, accomplissement de soi, inconnaissance | Imprimer
19/04/2016
Orez
L’orez ou zéro écrit à l’envers
C’est à la fois le rien
Et l’ouverture sur le tout
C’est-à-dire l’infini
C’est un petit trou
Qui n’a l’air de rien
Mais qui bouleverse notre compréhension
Englobe-t-il tout ?
Sûrement pas,
Il serait Dieu
Et Dieu n’est pas un trou vide !
07:30 Publié dans 22. Créations numériques, 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, optique art, peinture, dessin | Imprimer
18/04/2016
La fin de l'histoire (33)
Le jour même, Nicéphore se mit au travail. Tout d'abord, réunir les informations nécessaires. Il se garda de se rendre à la bibliothèque, acheta un ordinateur, un logiciel de cryptage et commença à fouiller sur la toile. Sur chaque événement important concernant la conduite des affaires du monde, il recueillit en parallèle deux types d'informations: celles qui mettaient en valeur les actions menées par tel ou tel membres de gouvernements, d'organismes internationaux, d'industries de pointe et celles qui concernaient leurs procédés cachés, leurs pratiques frauduleuses, leurs gains éventuels. Les seconds étaient mis dans une partie cryptée du disque dur. Il travailla ainsi pendant plus de huit jours sans s'arrêter, accumulant des indices sur toutes les affaires du moment: construction de barrages, de centrales, d'usines, d'autoroutes. La deuxième partie de sa tâche consista à trier ces informations, à les recouper, voire à rechercher des informations complémentaires permettant de mettre en valeur la contribution au succès de l'événement ou, inversement, de creuser des pistes de compromissions ou même d'enrichissement illégal. Les événements étant décryptés dans les deux approches, il commençait à disposer d'une base sérieuse. Il lui restait à trouver des preuves crédibles auprès du public et inattaquables par les politiques. Pour cela, il mit au point un système de téléphonie passant par Internet et réussit à recueillir par interviews des preuves formelles qui, confrontées entre elles, mettaient en évidence l'implication de telle ou telle responsable. Il s'intéressa en particulier à tous ceux qui avaient préparé la loi sur la pilule et son système de contrôle. Il s'aperçut que nombreux étaient ceux qui, au départ, y étaient opposés, puis qui se sont laissés convaincre, moyennant des transferts d'argent ou des facilités offertes. Certains d'entre eux avaient reçu des prix prestigieux pour service rendu aux nations.
Ayant accumulé des indices, puis des révélations et, enfin, des preuves, il réfléchit à un plan adéquat pour les mettre en évidence. Pour le premier livre, il n'eut pas trop de difficulté. Il suffisait d'entrer dans la logique du politiquement correct, agrémenté de statistiques et d'éloges facilement trouvés dans la presse. La crédibilité se construisait d'elle-même, agrémentée de preuves irréfutables. Pour le second, ce fut plus compliqué. Il disposait bien d'éléments valides difficilement attaquables, mais le problème était de les présenter en se mettant dans la peau de personnes connaissant peu ce milieu et persuadées que leurs responsables faisaient du mieux qu'ils pouvaient pour leur réserver une vie la plus agréable possible. Et personne ne pouvait l'aider dans cette tâche.
Tout cela lui prit presque six mois. Pendant ce temps, Charles était sorti. Devenu prisonnier modèle, il avait été relâché au bout de deux mois pour bonne conduite. Les autorités n'avaient vu que du feu à sa soi-disant conversion. Il avait pris un poste dans la presse et l'édition qui lui permettrait le moment venu d'éditer et de diffuser les deux écrits. Il s'était rapproché des partis politiques au pouvoir et commençait à disposer d'un excellent carnet d'adresses. Le décor était en place, ils allaient pouvoir passer à l'action.
Cela commença par des interviews. Charles interrogea un jour Nicéphore à propos d'un livre qu'il était sur le point de finir et qui traitait de l'action du gouvernement. Il expliqua que l'écrit ferait une petite bombe auprès du monde politique et médiatique, révélant l'excellence de l'école politique française par rapport à l'école anglo-saxonne tant au niveau de la conception des actions qu'au niveau de sa conduite. Cette interview somme toute assez bref, mis la puce à l'oreille de nombreux politiques. Chacun se demandait s'il serait cité et si ce qui était écrit lui permettrait de se représenter aux prochaines élections avec une chance supérieure d'être élu.
Ce fut poursuivi par des conférences sur l'excellence française. De nationales, elles devinrent assez vite internationales. Le gratin politique se pressait pour se montrer et faire croire qu'il faisait partie de cette élite. Le plus petit attaché parlementaire s'ingéniait à se faire une place devant les caméras ou à donner une explication à un journaliste. Peu à peu, la notoriété de Nicéphore s'agrandit. Il fut demandé pour des soirées dans lesquelles les hommes politiques se pressaient, pour des petits déjeuners entre chefs d'entreprise, pour des goûters avec certains partis politiques. Les sondages le donnaient gagnant d'élections importantes. Il était connu, applaudi et encensé.
07:36 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
17/04/2016
Yogananda
Je pensais à un vrai film, ce n’était qu’un documentaire. On y voit beaucoup d’extraits d’archives, un véritable Yogananda, gros, rose bronzé, le regard clair et perçant. J’avais lu il y plus de vingt ans son "Autobiographie d’un yogi" qui m’avait passionné, 500 pages, écrite de sa main, racontant sa vie. Dans le film, ce n’est qu’une vie hachée menue, des images de l’Orient, de l’Amérique d’entre les deux guerres (ce dont je ne me souvenais pas) et toujours son regard, ses yeux noirs, éveillé, scrutateurs d’un au-delà de chacun qui se trouve plus loin que la croyance religieuse. Yogananda sert la science spirituelle et aide chacun à déchirer le voile de Mâyâ, c’est-à-dire l’illusion. Il réveille l’œil divin du front qui permet de diriger sa conscience sur l’omniprésence.
Le film peine à remplir ces instants de conscience que le livre porte. Mais il éclaire par la présence réelle du yogi que l’on voit agir, travailler, parler, prier. C’est une autre facette de Yogananda qui le rend plus présent, sans le rendre plus saint. La vie d’un homme, qui a vécu avant votre naissance et que l’on surprend dans sa vie quotidienne, est intéressante parce qu’elle nous rappelle qu’il s’agit d’un homme comme vous et moi.
Oui, allez voir ce film qui vous émouvra tout en vous rappelant qu’il ne s’agit que d’un documentaire.
07:12 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yogi, spiritualité, film, réalisation de soi | Imprimer
16/04/2016
Mieux
C’est une journée heureuse et bien partie
Réveil sous le soleil de l’imagination
Petit déjeuner sans scrupule
Autour d’un président du pays
Dont la déroute s’avère complète
Ce qui ne l’empêche pas de pavoiser
Et d’oser dire que tout va mieux
A l’écouter, c’est le meilleur président
Depuis longtemps pour la France
Pauvre d’elle-même, cette patrie
Noyée dans un verbiage calamiteux
Accompagnée d’une horde de journalistes
Dont le seul effet est de brouiller
Les jeux enchevêtrés des uns et des autres
Ils sont agressifs avec tous
Mais gentils envers ceux qui les font vivre
Dans tous les cas, ils font semblant
D’être pugnaces avec tous sur tout
Où allons-nous ? Dieu seul le sait !
Et encore, je n’en suis pas sûr.
Le seul point de mire est l’an prochain
Après, peu importe. Battez-vous
Pour emporter la coupe de l’Élysée
Mais y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Nous devrions être écrasés au sol
Dans un amas de ferraille et de plastique
Et nos âmes tout à coup envolées
Iront pleurer dans les cieux effarés
La vie si belle ici-bas transformée
Tout va très bien, Madame la Marquise…
© Loup Francart
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
15/04/2016
A paraître : Le souffle des jours
Il va bientôt paraître et vous pourrez l'acquérir à un prix modique :
Un ver de terre sort du sol
S’est-il rompu le cou pour la vacuité
Ou découvre-t-il l’absence de soucis ?
Il chemine sur la surface
À la frontière de l’inconnu
Quelle ivresse et quelle arrogance !
Comment ce misérable vermisseau
Peut-il tout seul goûter le bonheur ?
Et contrairement à l’idée que l’on s’en fait
Ce n’est pas la satiété qui le réjouit
Mais le vide indolore de l’air…
Plus d’exercices et d’efforts…
Je vais et viens comme je l’entends
Exerçant mon autocritique pleinement
Et cela me procure un allégement
Qui me donne un frisson élégant
Le bonheur, n’est-ce pas cette goutte d’ivresse
Au creux des courbes du corps
Ce chatouillement inédit qui prend le rein
Cette absence de raison raisonnable
Qui ouvre les portes du paradis
Alors j’étire mes segments
Et pars loin de tous
Vers des horizons ignorés
Là où rien ne limite
Cette aspiration à être
07:53 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, édition, recueil, ouvrage | Imprimer
14/04/2016
La fin de l'histoire (32)
Le lendemain matin, tôt, vers cinq heures, il entra en communication mentale avec lui :
Nicéphore : "Charles, je crois que j'ai trouvé le moyen de dénoncer le système. Cela demande du travail, beaucoup de travail, ce n'est pas sans risque, mais cela éclatera suffisamment à la face du monde pour éclabousser les responsables du système et provoquer un refus de prendre la pilule malgré la loi."
Charles: "Que comptes-tu faire?"
Nicéphore : "J'ai trouvé l'idée auprès de Sun Zi, le stratège chinois bien connu. Il appelle cela le stratagème du détour secret. Cela consiste à cacher notre intention véritable derrière une activité apparemment innocente et conforme à leur attente. Je vais écrire deux livres. Le premier encensera le système et donnera des pistes aux dirigeants pour mieux accomplir leur déculturation. Il devrait être possible d'atteindre une certaine notoriété avec un tel livre. Le second démontrera de manière impitoyable la connivence existant entre nos élites et la tromperie généralisée qui transforme la société en un troupeau bêlant avec l'aide des médias. Lors de la remise d'un prix ou d'une conférence ou d'un événement en faveur du premier livre, je dévoilerai le second et proclamerai la forfaiture."
Charles: "Excellent! Nos responsables n'y verront que du feu si nous savons tenir secret les recherches concernant le fonctionnement du système. Du moment où l'on flatte leur égo, ils ne percevront pas l'astuce et la préparation de notre attaque. Je pourrai t'aider à faire connaissance avec ceux qui connaissent les rouages et facilitent la mise en œuvre du système."
Nicéphore : "Cela nécessite que tu devienne un mouton et entre dans le jeu de la dP. Tu devrais y arriver en quelques semaines jusqu'au moment où te libéreront pour bonne conduite comme ils l'ont fait pour Magrit. Je crains hélas que celle-ci ait bien fait un retournement inconditionnel. Je suis passé la voir. Elle n'avait apparemment pas changé, mais j'ai bien perçu qu'elle avait été manipulée et qu'il serait difficile de lui rappeler les sentiments qu'elle avait auparavant envers la société."
Charles : "D'accord. Je vais jouer le jeu. Continuons à nous donner rendez-vous chaque matin pendant notre méditation. Merci Nicéphore, tu me redonnes espoir et je vais essayer de me montrer digne de ta confiance."
07:49 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
13/04/2016
Pneuma
De retour chez toi
Le noir absolu
Elle ouvre. Éblouissement
Noirs et blancs, l'éblouissement des mots éclaire l'âme qui erre en toi !
07:40 Publié dans 22. Créations numériques, 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, optique art, peinture abstraite, dessin numérique | Imprimer
12/04/2016
La bibliothèque de Babel, de Jorge Luis Borges
Je l’ai lu cette nouvelle inimaginable contenant « tous les possibles, les faux futurs, les vraies et les fausses histoires ». Elle m’avait fasciné.
Elle existe maintenant. C’est un site Internet :
Jonathan Basile a conçu un algorythme capable de produire toutes les combinaisons posibles à partir des 26 lettres de l’alphabet :
- nombre de pages –> 10 puissance 4677
- nombre de livres : 29 puissance 1312000
Si vous cherchez ce qui est écrit dans ce site, allez au feuillet Random. Mais vous tombez sur une page emplie de lettres sans signification.
Quelques explications vous sont données dans les feuillets intitulés :
- About,
- Reference Hex
- theory
Borges s’est inspiré de Kurd Lasswitz et de son histoire de 1904 “La Bibliothèque Universelle” (“Die Universalbibliothek”).
Erik Desmazières a créé quelques œuvres en clin d’œil au Piranèse pour une édition illustrée de la nouvelle de Borges.
07:38 Publié dans 12. Trouvailles diverses, 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, fiction, imagination, virtualité | Imprimer
11/04/2016
Trou noir
J’ai erré longtemps dans un vide collant
Je n’en sortais pas, attaché à mon personnage :
Que lui arrive-t-il, que devient-il ?
Les jours passèrent, lentement, rageusement
Je ne trouvais pas la sortie
J’ai tenté plusieurs fois diverses hypothèses :
Meurt-il maintenant ou plus tard ?
Part-il sous d’autres cieux ou d’autres temps ?
Je revenais au point de départ
Sans comprendre quels étaient les enjeux
Rien. Toujours rien. Encore rien.
Puis un jour, le personnage prit la parole :
« Laisse-moi faire ! Je sais ce qu’il m’advint »
Alors, sans hésiter il s’empara de mes doigts
Les mit en mouvement au-dessus du clavier
Et écrivit sans réfléchir la fin de l’histoire
C’était bon de se laisser faire
Cela coulait de source, une vraie fontaine
L’eau débordait de ses conduits
Coulait à flots dans les vasques sèches
Et mouillait de larmes de bonheur
Mes joues enfiévrées et creuses
Je ne pouvais pas crier : « J’ai trouvé ! »
Il avait pris ma plume, guidé ma pensée
Soulagé ma tension, ouvert mes yeux
Désormais, je ne dirai plus « je »
Le récit s’impose parfois en dehors de soi
Il te précède dans l’obscurité froide
Et chauffe ton corps d’un doux élixir
Qui perce la lourdeur de l’inconnu
La route s’éclaire bien que tu ne saches pas
Où te conduit ta main
Mais qu’il est bon de se faire guider
Et d’arriver avec soulagement
A la fin de l’histoire et du cauchemar
Dans un ravissement porteur
Des plus belles promesses
Qu’un écrivain puisse rêver et vivre
© Loup Francart
07:08 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
10/04/2016
La fin de l'histoire (31)
Ne sachant si, réellement, il était recherché ou non par la dP, il loua une chambre dans un quartier éloigné du sien, payant d’avance une semaine. Entrant en méditation, il fit le vide en lui-même et attendit que vienne une solution. Que pouvait-il envisager ? Il avait fait le tour des possibilités. Vers qui se tourner, vers quoi tendre ses efforts, où se diriger ? Il ne savait. Il se coucha quelque peu anéanti, se demandant comment il allait s’en sortir. Tôt le lendemain, alors qu’il reprenait la méditation, la solution lui apparut. Un stratagème, à la manière de Sun Zu pour qui la meilleure victoire est celle obtenue sans combat, par la surprise sur l’adversaire. Or l’adversaire était de taille : le monde politique, médiatique, culturel, intellectuel, industriel, etc. S’attaquer de face à l’ensemble de la société, c’était obligatoirement se mettre en état d’infériorité. Dans la matinée, il se rendit à la bibliothèque et trouva un livre intitulé Stratagèmes, trois millénaires de ruses pour vivre et survivre, écrit par Harro von Senger[1]. Celui-ci expliquait que l’auteur d’un stratagème se sert d’une configuration impénétrable, discrètement mise en scène, ayant un effet quelque peu théâtral, permettant de prendre au piège l’adversaire qui ne peut le déceler. Le stratagème est avant tout le fait d’une bonne connaissance de la manière de penser et d’agir de l’adversaire. Il se sert de l’habitude, de la crédulité, de l’orgueil, de la crainte, des méthodes et pratiques utilisées pour le conduire à de fausses manœuvres. Mais quel stratagème employer ?
Il y réfléchit tout l’après-midi. Tromper la société en général pourrait consister à abonder dans son sens, voire même à louer l’action des autorités, à jouer le jeu médiatique et à gagner la complicité des principaux acteurs de la société. Cependant, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut s’introduire dans une discipline proche des intérêts du pouvoir, créer un réseau favorable, monter les échelons jusqu’à être connu, puis devenir une référence. Bref, au minimum quatre à cinq ans, voire plutôt dix, d’efforts sans même savoir s’il y arrivera. De plus, il ne savait même pas si la dP l’avait fiché ou non. S’il l’était, cette tentative était vouée à l’échec dès le départ. Il entrevit alors une solution : un livre qui deviendrait une référence pour ces responsables, qui encenserait leurs pratiques et les justifierait et mettrait en évidence leur travail considérable pour la société. S’il arrivait à le faire connaître et être distingué pour un prix international important, pourquoi pas un prix Nobel de la paix, il pourrait alors faire volte-face et faire connaître la tromperie généralisée mise en place. Car son idée n’était pas bien sûr d’atteindre cette notoriété pour rien. Il s’agissait le moment venu, après avoir obtenu une certaine célébrité, de faire paraître un second livre, tout aussi percutant, qui démontrerait de manière certaine, la collusion existant entre ces personnes et la tromperie généralisée mise en place par un pouvoir aux mains de quelques-uns et encensé par quelques autres. Il décida d’en parler avec Charles.
[1] Harro von Senger, Stratagèmes, trois millénaires de ruses pour vivre et survivre, Paris, InterEditions, 1992, p.8.
07:04 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
09/04/2016
Un trompe l'oeil musical
Ecoutons ce Chœur des anges. Il fait penser à la musique méditative ou aux musiques de relaxation que l'on trouve en quantité sur You Tube.
https://www.youtube.com/watch?v=hOVdjxtnsH8
C'est en fait une technique qui permet de ralentir de 800% l'exécution de l'Ave Maria de Caccini, que nous pouvons entendre ci-dessous:
From : https://www.youtube.com/watch?v=bAULcisUEGw
dont voici une des multiples partitions :
07:31 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique religieuse, spiritualité, technique, méditation, relaxation | Imprimer
08/04/2016
Anniversaire de mariage
Ils s'assoient côte à côte, ensemble
Étroitement mêlés de corps et d'esprit
L'âme en paix, le cœur dilaté
Ils se sourient et s'envolent
Les souvenirs défilent dans le désordre
Mais toujours ils se revoient, si jeunes
Encore nourris de l'amour de leurs parents
Elle, en robe blanche, irréelle
Le regard illuminé et le visage étonné
Lui, si plein de désirs amoureux
Devant l'espace de leurs corps purs
Ensemble embrassant l'avenir
Et jetant leur cœur au-delà d'eux
Courant vers leur destin
Ils sautèrent à pieds joints
Sans parachute et hoquetèrent
Devant la tendresse de ce quotidien
Ils n'avaient que leurs mains
Pour caresser le déroulé des jours
Ils n'avaient que leurs lèvres
Pour deviner l'avenir
Ils n'avaient que leur corps
Pour occuper leur nuit
Aujourd'hui ils se souviennent encore
Et se regardent amoureusement
Leurs enfants ont leurs enfants
Ils sont à mi-chemin et en sont fiers
Ils peuvent également rêver
A un destin sans fin
Où leurs enfants deviendront parents
Pour les premiers, assis sur leur nuage
La piste s'ouvre vers l'infini
Elle reste si belle à deux
Qu'ils n'en voient pas la fin
Leurs lèvres se rapprochent
S'étreignent avec douceur
C'est si bon d'être ensemble
Et de vivre encore et toujours
A deux qui ne font qu'un
© Loup Francart
07:44 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
07/04/2016
Harmonie
L'harmonie est un horizon lisse
Dans lequel, malgré les aspérités,
Tout semble logique et à sa place.
Et cette logique intuitive
Emprunte les routes du cœur
Sans qu'il soit besoin d'explications.
L'harmonie est, alors tu es !
07:24 Publié dans 22. Créations numériques, 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, optique art, peinture abstraite, peinture | Imprimer
06/04/2016
La fin de l'histoire (30)
Nicéphore prit toutes ses précautions pour entrer en contact avec Charles. Il observa longuement, assis à la terrasse d’un café, l’entrée de son immeuble. Les gens entraient et sortaient tout à fait normalement. Il examina également l’environnement : les lieux d’observation, les voitures garées, les systèmes de vidéosurveillance. Tout semblait en ordre. Il remarqua cependant une nouvelle caméra qui filmait l’entrée. Elle ne se déplaçait pas, ce qui était une bonne chose. Elle se contentait de prendre des images en continu et le contenu devait être examiné si un fait anormal était survenu, donc a posteriori. Il alla s’acheter un chapeau à bords larges et un imperméable descendant au-dessous des genoux. Il acheta également une paire de lunettes noires et un grand carton à dessin. En fin d’après-midi, au moment où la lumière du jour commençait à faiblir, il se présenta à la porte, restant en permanence de dos par rapport à la caméra. Se cachant derrière le carton à dessin, il n’offrait rien qui puisse le faire reconnaître. Il poussa la porte, entra dans l’immeuble, chercha une autre caméra, mais ne vit rien. Il ne prit pas l’ascenseur. Arrivé devant la porte de l’appartement de Charles, il chercha à nouveau une caméra, mais ne vit rien. Alors, se cachant toujours derrière le carton à dessin, il sonna. Rien. Le silence. Au moment où il allait repartir, la porte s’ouvrit brusquement. Un homme passa la tête :
– Vous désirez ? demanda-t-il d’un air interrogateur.
– Charles n’habite plus ici ?
– Je ne connais pas de Charles. De qui parlez-vous ?
– J’ai dû me tromper d’immeuble. Je suis bien au 6 ?
– Non, pas du tout, vous êtes au 8. C’est juste à côté.
Ainsi Charles avait été dépossédé de son appartement. Le traitement n’était pas le même que celui de Magrit. Où pouvait bien être Charles ? Il ressortit en prenant les mêmes précautions. Surtout ne pas être vu ! Comme il se trouvait à côté d’un parc, il décida d’y passer la nuit. Il franchit la grille sans trop de difficulté et s’installa dans un fourré. Recouvert de son imperméable, il passa une nuit assez agréable, sans avoir froid.
En se réveillant, il médita une heure afin de continuer à maîtriser les flux qui pourraient réveiller son indicateur. A la fin de sa méditation, il eut une soudaine illumination. Il vit Charles, seul, dans une cellule cimentée. Il méditait lui aussi. Et bientôt, leurs pensées se rejoignirent. Ils purent se parler dans leur tête, mentalement, sans l’intermédiaire de la parole.
Charles : " Nicéphore, vous voilà enfin. Je vous ai attendu longuement. J’ai passé des heures et des jours terribles. J’avais froid, j’avais faim, j’avais sommeil. Mais j’espérais. J’ai vu Magrit. Elle a capitulé. Elle reprend la pilule et a repris sa place dans la société. Sa conscience l’a quittée. Je me croyais seul et maintenant je vous retrouve, libre. Sommes-nous les seuls ? "
Nicéphore : " Je ne sais. Je ne connais pas d’autres libérés. J’ai rencontré des « sous-terrains ». Ils méditaient, mais sans conscience du but recherché. Ils ignoraient la délivrance, ce sentiment de toute puissance que donnent l’absence de crainte et l’accès au tout, c’est-à-dire au vide céleste. L’avez-vous éprouvé ? "
Charles : " Oui. J’ai vécu ces instants inouïs où ma personnalité n’existait plus. J’étais passé au-delà, dans cet espace hors du temps qu’est la véritable liberté. C’est ainsi que j’ai pu survivre à cet enfermement. J’y suis libre. Mais Dieu soit loué, ils ne le savent pas. "
Nicéphore : " Courage! Nous nous sommes rejoints. Gardons le contact. Chaque matin, à cinq heures précises, méditons et échangeons. Nous pourrons nous donner un but."
Charles : " On vient. Je vous quitte. A bientôt! "
Nicéphore jubilait. Il avait le sentiment d'avoir atteint un état extraordinaire, une excitation anormale qui lui conférait de pouvoirs qu'il n'avait pas en temps ordinaire. Et il était très probable que Charles éprouvait les mêmes sensations. Cette tension lui donnait l'impression de sortir de lui-même et d'être éveillé hors du monde matériel. Il naviguait dans un monde mental, spirituel, les nerfs à vif, à la frontière des perceptions habituelles et d'un autre mode de perception, plus intuitif et cependant pleinement réel.
07:51 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
05/04/2016
Feu
Le feu dans la tête,
Les neurones s'enchevêtrent,
Que signifie cette quête
Où tout s'enfuit par la fenêtre ?
07:42 Publié dans 22. Créations numériques, 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, optique art | Imprimer
04/04/2016
L’hymne du Chérubin, de Piotr IllitchTchaikovsky (1840-1893)
https://www.youtube.com/watch?v=vyFkPd6fEuI
Même si l’enregistrement n’est pas de très bonne qualité, écoutons cet hymne construit sur quatre notes descendantes qui s’enchevêtrent avant de prendre leur indépendance dans une totale harmonie.
Le chant orthodoxe est d’une autre conception que le chant de l’église catholique. Il aide à entrer dans le mystère le plus profond pour l’homme, celui de son origine et de son devenir. Il comble de miel ce vide intense que laisse le déroulement d'une vie sans repère.
07:04 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique orthodoxe, chant orthodoxe, spiritualité | Imprimer
03/04/2016
Toujours
Lorsque nous serons vieux, nous disions-nous
Et nous le sommes ou… presque…
Mais à nos yeux, nous avons encore vingt ans…
Tu restes ma fiancée éternelle
Celle qui m’accompagnera au-delà de la vie
Dans cet étrange univers rêvé
Où l’amour n’a plus de limites
Ta fragilité est devenue un lien
Les fils se sont bâties entre nous
Ils sont devenus lumineux, mais si fins
Qu’un jour l’un d’eux cédera
Celui qui restera traînera son amour
Comme une robe de mariée
Et ramassera la poussière des souvenirs
Qu’il dispersera aux quatre vents
L’autre l’appellera de toute éternité
Jusqu’au jour où viendra l’absent
Alors, nous deviendrons Un
Et ce Un sera l’Infini…
07:19 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
02/04/2016
La fin de l'histoire (29)
Le lendemain, au réveil, Nicéphore eut la ferme conviction qu’il devait repartir à la surface en dépit des risques. Il ne trouverait rien ici qui puisse l’aider à accomplir son destin. Au contact des « sous-terrains », il venait de réaliser un fait qui jusque-là lui avait échappé, une dichotomie existant en chaque homme. Celui-ci est tiré vers deux extrêmes qui sont en lui plus ou moins développés : la personnalité et l’essence. Il avait lu ce constat dans le livre, mais n’avait pas réalisé son importance. La personnalité n’est pas à lui, contrairement à ce que pense la plupart des gens. Elle est le fruit non seulement de son éducation, mais également de ses impressions, de ses sentiments appris selon les circonstances dans lesquels il a été plongé. La personnalité se forme, en partie, du fait de l’imitation involontaire des adultes. Seuls les petits enfants n’ont pas de personnalité. Leur être est réellement ce qu’il est au plus profond de lui-même. Les « sous-terrains » avaient découvert leur essence, mais ne savaient pas comment l’exploiter. L’essence des hommes peu cultivés est généralement plus développée que celle des hommes cultivés. Ils devraient donc disposer de la capacité de se développer et de s’accomplir. Mais leur personnalité est insuffisamment enrichie. Sans certaines connaissances, sans l’apport d’éléments qui ne leur appartiennent pas, ils ne peuvent pas commencer le travail sur eux-mêmes. En fait ils ont bien une essence, mais celle-ci est le plus souvent morte. Alors eux aussi veulent ce que veulent les autres, par mimétisme. Ils restent donc entre eux comme des enfants et ont peur de leur avenir. Leur personnalité ne voit que ce qu’elle aime voir et ce qui ne contrarie pas leur expérience. Elle ne voit pas ce qu’elle l’aime pas. Jamais Nicéphore ne pourra les convaincre de surmonter leurs appréhensions. Seul l’homme vrai peut pénétrer suffisamment son essence et la développer pour s’accomplir.
Ce jugement, certes hâtif, le décida. Il devait repartir vers le monde, même si celui-ci avait troqué la liberté contre l’égalité. A midi, il s’esquiva sans rien dire, reprit le long chemin du retour et déboucha à nouveau à la surface, soulagé. Il décida de rechercher Magrit. Il se dirigea vers son appartement. Rien ne semblait changé. Aucun policier en vue. Il monta et sonna à la porte. Magrit vint ouvrir. Apparemment, elle n’avait pas changé. Son visage restait ouvert, ses yeux vifs, son regard pénétrant, mais quelque chose semblait éteint, une ombre recouvrait son apparence.
– Bonjour Nicéphore, entrez, lui dit-elle doucement.
Sa voix ! C’était sa voix qui avait changé. Une intonation inhabituelle, doucereuse, qui mettait mal à l’aise. Elle semblait jouer une comédie. Elle parlait faux, malgré un regard clair. Quelle subtilité de la part de ceux qui avait réussi ce changement. S’il s’était contenté de la regarder, il n’aurait rien vu, rien décelé.
– Bonjour Magrit. Comment allez-vous ?
– Ma foi, bien. J’ai fait un petit séjour à la campagne parce que j’étais fatigué. Mais cela va mieux. Je peux reprendre ma place dans la société.
– Quelle chance, lui répondit-il. Ils conversèrent pendant un quart d’heure, puis Nicéphore prétexta une course importante à faire. Elle lui dit au revoir, sans la moindre émotion, sans même paraître l’avoir connu dans d’autres circonstances. Il remarqua au dernier moment la petite cicatrice au-dessus de ses deux yeux. Elle avait été opérée ! La dP avait encore progressé, elle était capable de remettre, par la médecine, les gens dans le droit chemin.
Il ne fait surtout pas qu’ils me prennent ! se dit-il en regardant autour de lui. Le système social avait du bon : personne ne se méfiait de personne si les comportements étaient bien huilés. Inversement, dès qu’une fausse note, telle qu’une réflexion sur la société, sur la liberté, sur l’égalité, sur le pouvoir politique, apparaissait, la personne était aussitôt prise en charge par la dP.
07:25 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
01/04/2016
A paraître
Dans le courant du mois d'avril, parution d'un nouveau livre :
Le temps te presse… Et tu résistes
À l’appel de la fin des temps
Le temps te presse… Ne te presse pas...
07:52 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, parution, édition, sortie | Imprimer
31/03/2016
Vues multiples sur le monde
Et le monde est Un et multiple.
On y passe en dansant, sans jamais le comprendre!
07:32 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, optique art, dessin, peinture | Imprimer
30/03/2016
Féminité
Je suis la femme fidèle et bienveillante
Les enfants m’entourent de leurs bras
Les hommes me serrent contre leur torse
L’oiseau vient picorer dans ma main
L’écureuil saute mon épaule et va
J’aime contempler l’innocence du monde
Éprouver la bruine sur mes paupières
Baigner mon corps à la fontaine
Réchauffer celui qui m’a donné sa vie
Et border les petits dans leur lit
Et quand vient l’heure de la mort
Je couvre de mon ombre leur souvenir
Et rend l’hommage affectueux et sincère
A ceux qui attendent pour partir
Qu’un baiser recueille leur dernier souffle
Oui, je suis la femme fidèle et affable
Je suis la caresse avenante et ferme
Je parcours l’univers éperdu et cruel
Et lui donne son attente persistante :
L’amour inépuisable de la féminité !
© Loup Francart
07:43 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
29/03/2016
Liberté
Il partit un jour, droit devant. Nul ne pouvait l’en empêcher, même pas le seigneur du lieu. Il emportait un mouchoir qu’il avait noué sur un bâton. Il contenait ses trésors : une pipe, un paquet de tabac, un briquet, ses papiers, un livre, un seul. Il marchait vers l’ouest, vers cette mer dont il avait entendu parler. Il ne l’avait jamais vu : un ruban argenté qui bleuissait vers l’horizon. Certains s’y étaient noyés de curiosité. Ils avaient marché jusqu’à l’eau, puis avaient continué, sans se réveiller.
En marchant, il se souvenait. Ils étaient deux, lui et l’autre. Qui était-il ? Il ne sait. Ils s’étaient rencontrés un soir, marchant côte à côte dans une montée. Ils s’étaient échangé une cigarette, avaient parlé, s’étaient apprécié pour leur aptitude au silence. Ils ne s’étaient échangés que trois mots et il ne savait plus lesquels. Mais peu importe, ils marchaient côte à côte et cet effort commun les avait rapproché. Ils avaient dormi sur le bord du chemin, serrés l’un contre l’autre. La nuit est froide en altitude. Ils étaient repartis le lendemain et ne s’étaient plus quittés.
Le troisième jour, ils étaient proches du col. La liberté de l’autre côté. Ils avaient observé les mouvements des patrouilles. Une toutes les deux heures. Cela leur laissait le temps de passer. Ils avaient tenté leur chance, avaient coupé les barbelés, s’était engagé au-delà, dans cette campagne perdue qui leur offrait sa virginité. Un coup de feu ! Un seul. Le compagnon s’était écroulé. Mort sur le coup. Un regard terne, un sourire aux lèvres, le V de la victoire au bout des doigts. Il avait récupéré ses papiers et une lettre que l’homme portait sur lui. Il avait repris sa route, très vite, sans se retourner, après avoir glissé la lettre dans son mouchoir. Il s’était caché dans les fourrés, avait franchi la frontière par une vallée étroite et s’était retrouvé libre, mais seul.
Alors il avait ouvert la lettre. Elle était couverte d’une écriture étroite, les lettres entassées les unes sur les autres au point de se confondre. Le geste était délié, arrondi, poétique. Il finit par pouvoir lire :
Je te suis depuis des jours
Ta silhouette, mon guide
Me devance au carrefour
Et me fait apatride
Rien d’autre. Mais cela avait suffi à le motiver. Il avait marché des semaines, rompu avec la société, ne tendant que vers son but, l’océan. Il ne l’avait pas atteint. C’était son destin.
La liberté, c’est ne rien avoir pour être pleinement.
La liberté peut-elle se vivre seule ?
07:53 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie | Imprimer
28/03/2016
La fin de l'histoire (28)
Il put passer la première nuit avec eux. Ils l’installèrent dans une pièce qui tenait lieu de dortoir. Trois d’entre eux restèrent avec lui et commencèrent à se déshabiller sans aucune gêne. Ils enfilèrent des sortes de pyjamas, déballèrent des matelas qui étaient dans un coin roulés en boule et se couchèrent dessus sans un mot. Ils s’endormirent vite, le laissant seul avec ses interrogations.
Que faire ? se demanda-t-il. Mon chemin se trouve entre deux attitudes : la passivité imposée par l’avertisseur ou une liberté non conquise qui ne mène à rien. Entre les deux, il n’avait connu que sa propre voie qui le laissait insuffisamment expérimenté et celles de Charles et Magrit qui s’étaient fait prendre par la dP. Y a-t-il des hommes réellement libérés ? Et même s’il en trouvait, l’aiderait-il à parfaire sa libération ? Ne risquait-il pas de se trouver lui-même prisonnier d’un maître qui le contraindrait à pratiquer des voies auxquelles il n’adhérerait pas. Oui, il tenait à sa propre liberté, une liberté consciente et non une soumission à un gouvernement, un maître qui lui impose ses pensées et actions.
Il se souvint avoir lu dans le livre que lui avait donné Charles qu’il existait trois sortes d’hommes qui sont en recherche de la liberté réelle : le fakir, le moine et le yogi. Le fakir travaille sur son corps physique et s’impose bien des épreuves pour se libérer de cet esclavage au corps. Il peut se tenir debout, sans un mouvement, pendant des jours entiers sous le vent, la pluie, la neige ou le soleil ardant. Il peut finir par dompter son corps, mais ses émotions et ses pensées restent non développées. Il a conquis la volonté, mais il ne possède rien à quoi il puisse l’appliquer. Le moine travaille sur ses sentiments. Il soumet toutes ses émotions à une seule émotion, la foi. Il développe en lui-même l’unité, mais une unité qui éteint son corps physique et sa raison. Enfin, le yogi travaille, lui, sur son intellect. Il sait, mais ne peut tirer parti de sa victoire sur lui-même. Cette vision des choses lui avait paru enfantine malgré ses apparences méthodologiques. Il était évident que le fakir devait obligatoirement maîtriser ses émotions et son intellect s’il voulait arriver à la maîtrise du corps, que le moine ne pouvait atteindre la spiritualité sans un certaine maîtrise du corps et de la raison et que le yogi ne peut devenir son propre maître que par, au moins au début, imitation d’un véritable maître.
Le livre donnait alors la possibilité d’une quatrième voie qui ne peut être enseignée. Elle doit être trouvée et cet effort pour trouver est le premier test sur la voie de la libération. Cette voie n’exige pas le renoncement. Au contraire, les conditions de vie habituelles où il se trouve placé sont les meilleurs, car elles sont naturelles. La voie n’est pas liée à des exercices, la maîtrise des émotions ou le savoir, mais à la compréhension par l’expérience, par l’accumulation d’échecs, de petites victoires et de franchissement de barrières difficilement identifiables, mais réelles. Le livre appelait cette voie celle de l’homme rusé. Il dépasse la recherche sur les différents Je qui constituent son moi. Il s’élève vers un soi qui dépasse son corps, ses émotions et son intellect, ou plutôt qui en fait la synthèse et sait les faire fonctionner ensemble. Mais comment conduire les rares personnes ayant un besoin de liberté suffisamment fort à une telle unité. Il voyait bien que tout arrive en l’homme, qu’il n’était pas maître de lui-même et que cette maîtrise demande un long apprentissage hors des sentiers battus, dans lequel les circonstances extérieures jouent un rôle important. Lui-même en serait-il là s’il n’avait pas eu les contraintes qui se sont révélées à lui. Attention, se dit-il, ne pas te considérer différent ! Oui, entre en toi-même, ne te laisse pas prendre au jeu des comparaisons ! Là-dessus, il s’endormit profondément.
07:14 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, société, individu, liberté | Imprimer
27/03/2016
Pâques 2016
La vie ? Des flashs de bonheur dont les images éparses n’ont pas de cohérence thématique. Le bonheur n’a pas d’homogénéité. Il est, dans sa force, sa soudaineté et sa fuite. Il est l’instant pur, le moment où le ciel se confond avec la vie. Chacun d’entre nous vivons quelques instants magiques où le cœur se dilate et s’emplit d’une profondeur que nous n’avions jamais soupçonnée. Alors la lumière intérieure s’accroît. Une étrange envie de crier, de chanter, de danser prend le corps et l’âme. Il n’y a plus d’idées. Absence d’idées. L’idée n’est pas la chose. L’idée n’est pas bonheur.
Quel est le plus grand bonheur ? Je crois que c’est réaliser ses aspirations les plus profondes. C’est un bonheur à construire, difficile à assumer, car le monde s’obstine à vous faire dévier de cette vocation qui est une lumière dans les jours. Quel bonheur de vivre l’instant présent dans la campagne, marchant dans cette terre chaude, odorante, fumante des jours de printemps. Oui, la nature comble le vide de l’âme par sa présence sensuelle. Le bonheur est dans cette rencontre de l’âme et du corps, de l’aspiration et de la sensation, de l’idée de l’amour et de l’amour lui-même. L’amour est cette transformation mystérieuse, inexplicable, de notre vision du monde. La pesanteur des jours devient apesanteur des instants. Alors, le bonheur, intemporel ! Chacun de ces instants ne constitue pas le temps. Ce sont des trous dans le temps, des îles sur les flots de notre histoire personnelle, le passage au-delà du miroir de nos opinions.
Et chaque jour ces instants sublimes de bonheur nous donnent une idée de la résurrection : un trou d’air qui s’éternise !
07:40 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pâques, résurrection, vie, mort, éternité, instant | Imprimer
26/03/2016
Demain
La ville se prélassait derrière la vitre :
Des tours, des barres, des hublots,
Des immeubles, des maisons, des taudis ;
Tout cela devant le moutonnement des nuages,
L’épaisse couche de ouate salie.
Elle le regardait, redevenue enfant,
Le visage détendu, le regard lavé,
L’inquiétude se lisait dans ses yeux
Mais le cœur restait calme et léger.
Elle mit son front dans le creux de l’épaule
Elle hoqueta une fois, doucement,
Pleine de sa sérénité royale,
Donnant le change, bonne comédienne,
Enfant jouant les adultes,
La tendresse au bout des doigts,
La pesanteur de son corps
Remplaçant sa liberté apprise.
Elle lui tendit ses lèvres, chaudes,
Ruisselantes de bonheur promis,
Lui caressa la joue, l’enveloppant
De fragrances pénétrantes.
Son souffle... comme un vent d’air frais
Sur la plaine ouverte devant eux.
Ils joignirent leurs aspirations,
S’enivrèrent l’un de l’autre,
Mêlant la source de leur être
Et se réfugièrent, enlacés
Là où plus rien n’existe,
Que la vie, indéfectible.
Demain sera un jour nouveau !
© Loup Francart
07:52 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
25/03/2016
L'arrivée de l'anneau de Jeanne d'Arc au Puy du Fou
Un hommage à Jeanne d'Arc qui fait du bien :
07:13 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, patrie, société | Imprimer