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25/09/2019

Affection

Immensité de la terre ou petitesse, selon la place qu'occupe dans le cœur l'être dont la distance nous sépare.

Sans doute est-ce parce que la pensée est plus vaste que l'univers qu'elle est aussi facilement vide. On oublie un être qui vit à côté de nous, mais un autre que l'on chérit reste beaucoup plus proche malgré la distance.

 

24/09/2019

Locédia, éphémère (24)

Mon âme ensevelie.

Descendu vers toi, je tends les bras à l'oubli et les bulles de souvenir éclatent au bout des doigts. D'autres m'échappent et m'ensevelissent. Partagées entre toi et moi, elles créent notre séparation. Je ne vois plus que l'herbe noire de tes cheveux et le contour de tes chevilles.

Hier, lassé du dédale incohérent de nos voyages, je suis retourné à ce village où Locédia m'avait fait venir après plusieurs semaines de silence. Il a vieilli. Haussé sur son bloc de pierre, il est devenu inaccessible. Une échelle de corde au pied d'un caillou mou et ventru pour protéger des chutes constitue maintenant la seule voie d'accès. Faite de fibres de limace, elle est légère et souple. Je dus me munir des gants de crin que j'avais dans le coffre de la voiture pour l'empoigner. Elle mène au soupirail d'une maison à moitié taillée dans le roc. Après de vigoureuses tractions des bras, je m'y laissais glisser. Aveuglé, je ne vis d'abord qu'un trou noir. Je m'aperçus ensuite que la pièce montait en colimaçon vers une porte de bois vert qui donnait sur l'étable à chats. Je me souviens de mon étonnement lorsque Locédia, habituée du village, m'avait appris qu'on n'apprivoisait pas les chats pour s'en faire des amis. On les domestiquait pour les détruire. Les montagnards qui les avaient longtemps combattus, jugeaient plus facile de les élever, puis de les tuer au moment où ils parvenaient à leur période nuisible. Un vieillard, aidé de jeunes enfants, suffisait à cette tache d'utilité publique (songez donc aux maisons envahies par les chats. On arrivait à peine à apprivoiser les souris blanches !).

Traversent la chatterie, j'arrivais à un épais corridor donnant sur une pièce en forme de puits où la lumière descendait en cascades rebondissant sur les pierres de mica. Je me regantais pour emprunter une nouvelle échelle de corde et débouchais sur la place du village. Locédia m'y avait conduit pour la fête du printemps. Je la reconnaissais difficilement. Elle servait de cimetière. Les dalles ondulaient entre les herbes bleues dont la barbe moussait aux jointures des pierres. Leurs fleurs de lèvres rouges émettaient un crissement de baisers lorsqu'elles se rencontraient. Seuls les morts d'amour, assez nombreux dans le village où la solitude des mois d'hiver encombrait les corps, y étaient enterrés. Durant ces mois, les cadavres d'amour, livides de plaisir, étaient entreposés dans une petite glacière réservée à cet effet. Creusée dans la roche, à l'abri des regards tentateurs, elle laissait apparaitre sur un rayon de soleil quelques mains ou jambes décolorées parmi les cristaux de neige. Le soir, à la veillée, les vieux du village venaient y fumer leur pipe qui dégageait une petite flamme violette s’ils se penchaient au-dessus du puits de la glacière. Aussi disait-on dans le pays que l'âme des morts d’amour a le pouvoir de transmettre la flamme aux mortels communs,

 

23/09/2019

Cubécar

 

19-09-24 ex 14-03-12 Cubécar.jpg

Douce comme toi

Le cœur tendre ou la peau dure

Aiguë comme lui

 

22/09/2019

Maxime

 

Faire de l'être aimé la source de ses pensées et non leur aboutissement.

Tourner sa pensée vers les autres et le monde  à travers celle de l'être aimé.

 

21/09/2019

L'oeil de douleur

 

Il y a quelques jours, au moins une côte fêlée…

Un œil de douleur, le dos du malheur
Raide le poids des ans, doux lit accueillant
Blanche est la chaleur, noir est l’humeur
Le corps suppliant, je veille en baillant

A quand le retour sans aucun détour
Des courses vertes, la route ouverte
Vers le carrefour, au son du tambour
En découverte, sans une perte

©  Loup Francart

20/09/2019

Locédia, éphémère (23)

Chapitre 7

 

Locédia, nous avons vécu de merveilleuses heures dans la contemplation et la joie. Hors du temps nous fumes dévêtus de nos désirs et baignés de naïveté.

Quand tu lisais assise, un genou replié sous toi et que je regardais au-delà du sable de la dune l'étalement des eaux, tu riais de mes regards et te jetais sur moi à grands cris comme un jeune chien. Nous errions, de galet en galet, les pieds au bord de la frange houleuse des vagues. Je regarde maintenant mon personnage vieilli qui me rappelle certaines attitudes de mon père assis à son bureau. Je me vois dans le reflet de la fenêtre et je te vois, étendue sur le divan qui a conservé les mêmes rayures rouges et vertes, une jambe pendant dans le vide, rêveuse. Lorsque tu étais le reflet de mon rire, le miroir de ma tristesse, lorsque tes yeux cherchaient dans le vide des objets les plus secrètes pensées, je te contemplais et souriais à tes paroles. Tu croyais toujours que je me moquais de toi.

_ Au diable le sérieux, Locédia. Amusons-nous !

Nous avons visité des lieux perdus et d'autres lieux comme les caves de la réflexion où le promeneur s'enfonçait dans un labyrinthe de pensées. Une feuille perforée, préparée à l'avance par la machiniste de l'escalier qui accédait à la première cave, donnait le thème de la réflexion quand on l'introduisait dans la fente d'une des portières électroniques ouvrant sur les autres salles. Il n'y avait plus qu'à se laisser porter dans le labyrinthe. Ceux qui ne parvenaient pas à démêler les réflexions virtuelles renvoyées par les miroirs hyperboliques, des réflexions réelles qui permettaient de s'enfoncer un peu plus dans l'obscurité jusque vers la lumière, restaient plusieurs heures dans les caves. Ils étaient recueillis à la fin de la journée par le charriot balayeur qui nettoie les miroirs ternis par les pensées de certains clients. Distrait par ta présence à mes cotés, présence que je devinais, quand au terme d'une étape, tu posais doucement te main sur la manche de ma combinaison, je laissais échapper le fil de nos pensées et confondais les images. Avec angoisse nous reprenions en sens inverse le chemin des raisonnements pour trouver l'erreur à l'un des carrefours du labyrinthe.

Musée des hospices civils que nous avons connu également un soir de désœuvrement. Errance de chapiteaux et de cloitres voutés, l'odeur de la pénicilline mêlée à celle de la sueur. De vieilles femmes montaient ou descendaient les escaliers en portant des baquets remplis d'éponges et d'eau sale. Quelques malades en pantalon de laine brune étaient allongés paresseusement sur les bancs. L'apothicaire principal avait oublié ses lunettes et sortait de l'hospice. Musée de reliques vieillies, musée humain d'os et de chairs malades qui se nourrit de poussière et d'obscurité. A travers la grille sombre des fenêtres hautes parvenait le bruit de la ville, un bourdonnement continu entrecoupé de plaintes passives. Nous vîmes un malade emporté par la peste dans la chambre nue des contagieux. Une lampe pendait au plafond et projetait une lueur vacillante vers le lit de fer dont les barreaux mêlaient leur ombre à celle de la fenêtre grillagée. Là gisaient les morts en puissance, morts avent 1'agonie dans la chambre déserte des abandonnés.

 

19/09/2019

Univers

 

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Dans la grisaille du bouillon de matières inorganisées

Naissent peu à peu au commencement de l’univers

Entente et coopération

Pour créer des particules organisées

Qui feront du cosmos ce qu’il est

Un Tout conscient et évolutif

Construisant le réel à partir de l’imaginaire

 

18/09/2019

Chicaneurs

 

L’ombre du bonheur retenait le malheur.
Le froid intense retournait les sens.
Tous les chicaneurs devinrent chineurs.
Quelle transparence dans ce contresens !

 

©  Loup Francart

17/09/2019

Transparence

Devant toi, je suis nu…
J’ai même abandonné la peau
Que j’entretiens chaque jour
Pour qu’elle reste tendue

Parfois elle se relâche

Alors, je redouble d’efforts
Pour la gratifier d’attention
La chair à nu, je suis plus vif
Comme un poisson sorti de l’eau
Qui gigote pour y revenir

Mon sang devient plus fluide
Je le vois courir dans mes veines
Sans jamais prendre un sens interdit
Après s’être chargé de nourrissants déchets
Transparents et de petites vertus

Je me dresse pour voir au loin
Mais ce n’est qu’une plaine sans fin
Un désert clame et plat
Qui m’entraine à la sagesse

A quoi sert ce coup d’œil
Sur la vie lointaine et inconnue
Limite-toi au doux connu
A cette partie de toi-même
Qui glisse sur ton corps
A ce zéphyr calme et tranquille
Qui t’entraîne vers la fin

Avec la douceur d’une caresse d’enfant
Je me laisse m’insinuer
Dans les plis d’un corps devenu autre
Ragaillardi de tant d’audace

Avance, mais petitement
Dans la connaissance de toi
Jusqu’à ne plus connaître
Que le reflux persistant d’un bonheur
Sauvage et enivrant

La vie n’est-elle que le passage
D’une bille d’air dans les veines
D’un inconnu qui l’emporte ?

©  Loup Francart

16/09/2019

Habitude

L’habitude, une grande dame
Qui fait courir au-delà du possible
Pour la seule joie de se retrouver

On ne peut toujours inoculer
La nouveauté au cœur de l’être
Le corps se lasse et le mental s’épuise

Alors on se repose sur l’acquis
Comme le chameau traverse le désert
Et on amène ce que l’on connait

Se laisser glisser dans le connu
Sans effort, en convergence
Avec la connaissance

La boucle se boucle
Le connu étouffe
Crève le trop-plein

On imagine, on batifole
On ouvre l’œil sur la vie
On largue le bagage des mots

C’est une nouvelle naissance
Le froid de l’inconnu
Prend à la gorge le voyageur

La boucle se reforme
Enrobée sur elle-même
Un autre cycle commence

Et ainsi de cycle en cycle
Jusqu’au dernier vécu
Avant l’ouverture à l’inconnu

©  Loup Francart

15/09/2019

Locédia, éphémère (22)

Je t'ai retrouvée, nonchalante aux regards des hommes. Nous nous sommes assis au fond d'un café circulaire, au dernier rang des fauteuils tournés vers la baie vitrée qui sépare de la rue et avons contemplé la lente promenade des passants. Assis presqu'au centre de gravité de la circonférence en mouvement du café, la vitesse de rotation de l'ensemble nous paraissait et permettait de suivre du regard les gens qui passaient dans le même sens. Tu regardais aussi, lointaine, la tête rejetée en arrière, abandonnée sur l'ombre de la banquette. Il n'y avait pas à proprement parié de silhouette, mais une multitude d'interférences lumineuses qui s'enchevêtraient en formes imprécises sur les murs envahis de glaces. Ton ombre se divisait, se pétalisait autour de ton corps, envahissait la salle. Je suivais d'un regard chaque ligne des formes que tu prenais dans l'espace, la courbe de ta nuque lorsque tu relèves tes cheveux, l'élancement arrondi de ton buste, image parfaitement symétrique à droite et à gauche. Je te voyais de face et de dos, je poursuivais la marche lente de tes mains courbées sur les objets, sur les gens assis. Tu caressais tour à tour la joue d'une petite fille tachetée qui buvait avidement un breuvage vert bouteille, le cou maigre d'un homme endormi sur une chaise basculante.

J'assimilais tes gestes, je m'en pénétrais laborieusement. Je te possédais dans tes formes multiples, mais si je voulais rétablir l'équilibre de nos deux formes st les fondre ensemble, je ne rencontrais que le vide et l'amertume. Nos deux silhouettes se superposaient, se déformaient, se reformaient sans qu'elles arrivassent à se confondre dans toutes leurs multiplications. Peut-être est-ce ce jour que je compris que tu resterais pour moi aussi inconsistante et fuyante que tes ombres. Tu ne t'abandonnais que pour redonner des formes à l'ombre que je poursuivais, pour m'emplir l'esprit de la réalité de tes contours, pour que le renforcement du contraste de ton image s'imprègne en relief plus prononcé dans mon imagination. Lorsque tu voyais que la lente érosion du temps avait presque comblé l'émouvante gravure que je m'étais fabriqué, tu t'éloignais pour creuser de nouveaux mirages. A quoi d'ailleurs t'abandonnais-tu ? Longtemps j'ai cru que c'était à moi, mais je ne sais plus. Tu t'abandonnais à une idée, à un rêve poursuivi inlassablement.

L'abandonnée ! Tu étais l'abandonnée du désir. Tu t'énonçais pesamment dans la torpeur de la multiplicité, lasse d'un jeu perpétuel que tu n'avais plus la force de jouer. Tu ne disais rien. Tu ne voyais rien. Tu m'oubliais et je me détachais à mon tour de toi. Je n'avais plus qu'un sentiment inconscient de ton existence à mes côtés. Le café tournait lentement sur la rue où une faune bariolée de mains, de pieds et de visages curieux défilait à pas lents. Un promeneur avançait pendant quelques instants à la même vitesse que celle de la rotation de la salle et nous le regardions se mouvoir sans avancer. Il allait comme une marionnette suspendue à ses ficelles, brassant l’atmosphère de ses bras et de ses jambes, tournant la tête vers nous, nageant un ballet étouffant. Nous nous attendions à tout instant à voir cette tête s'affaler sur sa poitrine, puis son corps se disloquer sur la chaussée avant d'être emporté au petit matin par les boueux.

14/09/2019

Universalité de l'amour

 

L'amour procède de l'universel.

Se tendre tout entier vers l'universel à travers le particulier.

Alors, la somme des particuliers sera accessible à notre amour.

 

13/09/2019

Portes

Après un instant de sidération
Il franchit la première porte
Le noir, lueur de l’espoir

La seconde céda d’effroi
Le brouillard l’environna
Tends les bras et marche !

La troisième dansa sous ses yeux
Tricherie, pensa-t-il, ce n’est
Qu’un point noir sur un halo de blanc

La quatrième ouvre sur un silence éperdu
Avance sur la pointe des pieds
Sais-tu seulement où tu vas ?

Enfin, la lumière, faible
Une rosée dans la nuit obscure
Pointe fichée dans le cœur

Entré dans la cour du vide
Il la trouva vivante
Emplie du mystère de l’absence

©  Loup Francart

12/09/2019

Flash sous forme de haïku

 

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La lumière naît

Mesure les ténèbres

Voile ta face

 

Rien n'est révélé

Cercles et angles sont présents

Éclair primordial

 

11/09/2019

Locédia, éphémère (21)

Un jour de pluie, nous sortîmes pour plonger dans la foule. Incapables de parler, indifférents l'un à l'autre, nous poursuivions un monde d'images et de sons qui continuait à frémir en nous. Je laissais glisser ma main sur la file de voitures rangées le long du trottoir, semblables à de monstrueuses dépouilles temporaires. Elle s'arrêta à la porte du cinésens, troublée par la multitude tournoyante des lumières de la rue, les deux bras le long du corps, la tête légèrement redressée, arrogante.

J'avais parfois la pénible sensation que tu m'oubliais complètement, que tu te désintéressais de moi pour reporter sur d'autres le pouvoir de ton charme. Tu regardais effrontément les hommes comme si tu étais prête à te donner à eux, comme s'ils n'avaient eu qu'à t’enlacer par la taille pour te courber vers le sol et te prendre là, au milieu de la foule, ignorante de ses regards, comblée de plaisir. Le visage tendu par la contraction légère de tes paupières, tu suivais de ton corps pivotant sur une jambe la lente trajectoire d'un homme jusqu'à ce qu'il se prît au jeu sans oser t'aborder. Mais si un des passants portait le premier vers ton corps une lueur de désir, tu passais sans un regard pour lui.

Je t'attendais la main sur une aile de voiture, appuyé sur un pied, portant mon attention sur le cercle chromé de la roue où se chevauchait une multitude de chaussures d'hommes et de femmes. Je regardais le jeu de leur image sur le reflet bombé, une image qui grossissait en s'accélérant, puis sa perdait derrière la véritable courbure de l'enjoliveur en ralentissant sa course. Un ruisseau lumineux courrait le long du trottoir entourant d'un flot symétrique le bandage caoutchouté du pneu. J’allais y plonger la main pour sentir glisser sur les doigts les étoiles qui flottaient à la surface de l'eau, mais tu t'étais laissée immerger dans la foule et avais disparu. Je t'ai cherché parmi la multitude, pressant son mouvement, épiant chaque visage jusqu'à n'y voir que ton visage qui devenait étranger à mon approche.

10/09/2019

Devenir

Il n’est plus qu’une colonne dans le cosmos
Qui puise au plus profond de la matière
Et qui monte au plus haut de la conscience

Le souffle crée le mouvement et l’entretient
Lie étroitement espace, temps et matière
Intègre de même inconscience et conscience
Conduit le vivant du collectif au particulier

Lui, qu’est-il dans cette danse cosmique ?

Le divin est immanent
L’immanence surgit de la matière
Il est aussi transcendant
La transcendance est l’œuvre de l’esprit

Surgit des grains de matière élémentaire
Aspirant à une union dans l’esprit
Le vivant tout entier se personnalise
L’esprit est là et l’enrichit
L’obscurité devient lumière

Il est et devient personne
Seul et tous, transparent
Dans la lumière divine

©  Loup Francart

09/09/2019

Fortifier l'esprit

L’amour est imprégné du désir de fortifier et multiplier l’esprit :

Fortifier l’esprit des autres et de soi-même

_ (il doit être exigeant vis-à-vis de soi) _

Et le multiplier par la continuité de la vie physique et psychique.

08/09/2019

Automne

Silence de l’après-midi.
Les camions passent,
Ébranlant les feuillages.
L’eau coule, plus bas,
Transparente et froide…

Elles savent qu’il arrive.
Leurs racines se rétractent.
Elles sont fatiguées.
Alanguies près des iris.
Les marguerites ne sont plus,
Seules leurs tiges perdurent,
Tels les cheveux sur un crâne nu.

Le sécateur à la main,
Il s’avance sans vergogne.
Que signifie ces tiges fanées
Dans un si beau jardin ?

D’un regard mélancolique,
Il chatouille un brin desséché,
Puis ouvre la paume,
Écarte les tenailles d’acier
Et, d’un coup sec,
Écrase les deux poignées.

Petit bruit, pas une plainte.
Elle ploie et tombe
A genoux, puis couchée.
Ce n’est plus qu’une brindille,
Morte, les feuilles pendantes.

Alors l’homme fut pris d’une frénésie,
Les pieds ne furent pas épargnés.
Pêle-mêle, les tiges furent étendues.
Le sol apparu dévêtu.
L’homme ramassa les corps,
Les chargea dans sa brouette.
Ne restait plus que le pubis nu
D’un lieu hier fleuri.

L’amour a ses saisons,
L’homme ne le sait pas.
Lui aussi un jour s’étendra
Et sera porté en terre,
Dans un juste retour des choses.

©  Loup Francart

07/09/2019

Locédia, éphémère (20)

Nous nous dirigions souvent vers le quartier de Saint Traminède, bien que nos promenades fussent sans but précis. Il était nécessaire de descendre vers la ville basse, puis d'obliquer à droite par l'avenue de Parnizène pour plonger dans ce quartier où la foule flânait et buvait à la devanture des cafés circulaires. Combien de fois avons-nous emprunté les marches de bois retenues par les traverses de fer plantées au milieu de la chaussée et qui permettaient aux vieillards en déséquilibre de se rattraper dans la descente vers le fleuve. Un jour, tu avais déchiré ta robe en te maintenant à une des traverses rouillées. J’étais passé le lendemain par l’avenue. Un morceau de la robe flottait comme le pavillon d’un navire englouti. J’imaginais le capitaine enseveli dans le bitume, la tête haute, fondant sous la chaleur de l’asphalte.

Préoccupés à chercher un passage à travers la foule, nous marchions selon l’espace que nous trouvions devant nous. Les rues étaient formées de magasins multicolores, de cafés, de portes lambrissées, de rangées de lampadaires. De longues files d’attente se formaient aux heures des séances devant l’entrée des cinésens violemment éclairés de lumières rouges et vertes. Des panneaux mobiles étaient destinés à attirer les curieux et les oisifs.

Locédia éprouvait soudain l’envie de voir un film de violence. Le cinésens convenait aux pensées cyniques que je commençais à entrevoir en elle. Elle m’entraîna dans une histoire de pilleurs de banques où tout contribuait à procurer des sensations fortes. Le cinésens en était à ses débuts. Par la suite, l’Assemblée l’interdit en raison des manifestations inconscientes qu’il provoquait chez les gens sensibles. Certains, à la sortie de la salle de projection, prêchaient aux passants à voix forte, d’autres cherchaient querelle au tout venant ou se jetaient sous la masse sombre des voitures pour y chercher refuge. Dans ce tourbillon de voitures volées et de coups de feu, je subissais la désagréable sensation d’un étau qui se resserrait inexorablement. Locédia était entrainée dans ce combat inquiétant et en oubliait ma présence. Lorsqu'elle subissait une tension plus intense, à la lueur de l'écran, je discernais au-dessus de sa lèvre supérieure à l'endroit de son front où les sourcils cherchent une rencontre, quelques gouttelettes de transpiration. Sa bouche entrouverte semblait s'offrir au désir qui montait en moi, mais son visage restait tendu vers l'écran. Aux changements de tension psychologique, sur un frémissement léger et continu du fauteuil, elle riait brusquement avec la salle. Je riais du plaisir de son rire, cherchant à enfermer dans l'étroite cage de son souvenir l'intonation ou la gratuité de ce rire.

Nous sortions fascinés, pour plonger dans le flux des promeneurs aux gestes lents. Se noyer dans cette foule qui s'écoule entre les écueils de la rue, se bousculer dans l'indifférence, avaler des yeux les mots que l'on vous jette au visage, anonymement. Ainsi éprouvions-nous la liberté geôlière de ces gens qui défilaient à pas comptés, le regard avide, les bras enchevêtrés et les cœurs séparés, revêtus de parures et d'ennui. Quelques mots saisis au passage, quelques mots sans vie de phrases que l'on dit parce qu'il faut parler, quelques paroles tombées comme la pluie, indifférentes et journalières. Ici est le lieu de la parole, dépensée en pure perte, érigée en monument sonore, écoulée en flots le long des pierres usées du caniveau, affichée sur les murs, les vitres, les vêtements. Lieu que j'aimais encore, car les mots n'y ont plus de sens, et les phrases pas de suite. Lieu que je haie aussi, car les mots y ont d'autres pouvoirs que cette ivresse prodigue. Silence des regards que l'on croise, de ces regarda sans nom où passe la ville bariolée. Nous les avons regardés les uns après les autres, sous ce voile de bienfaisante tiédeur qui envahit leur corps. Nous les avons vus aussi se lécher les doigts, comme des enfants, après avoir englouti des sucreries achetées dans un réduit graisseux. Et pourtant nous aimions cette vieille ville qui dure immémoriale au pied de la foule qui passe sans lever les yeux. Elle porte les stigmates de l’indifférence à son égard. Elle cache aussi au-delà de ses façades grises, sous un porche humide, des prodiges d'architecture où tournoient des escaliers en colimaçon et d'étroites fenêtres.

04/09/2019

Nuit

Elle est verte et belle la grenouille aux grands pieds
Fuis les hirondelles, va sous les groseilliers
Si l’eau vient à manquer, tu seras à l’abri
En tant que réfugiée dans le vert paradis

Le cœur battant, Madame, tu cours aux bois, cachée
Si tes seins réclament la caresse adorée
Pas de frémissements ni même un baiser
Vivante intensément, tu fuis la volupté

Le ventre arrondi, la jambe légère
Le rein plein d’appétit, un sourire aux lèvres
Elle s’approcha de lui et lui toucha la main

Il ouvrit ses grands yeux, vit la belle offerte
Son regard merveilleux et la porte ouverte
Il fondit dans la nuit, mort jusqu’au lendemain

©  Loup Francart

03/09/2019

Locédia, éphémère (19)

Chapitre 6

 

Elle est assise, le visage dans le creux de ses paumes. Elle est debout, une main sur mon épaule. Tu as les yeux ouverts et fixes, tu as les paupières closes.

Elle est, assise au piano, courbée sur le clavier. Lente et calme, la fugue se déroule comme une longue et inexorable montée et s'écroule soudain devant la difficulté. Tu n'avais jamais appris à jouer du piano. Les notes sortaient fraiches de ta mémoire, empruntes de la ferveur émouvante de tes hésitations. Inlassablement, tu répétais la petite phrase qui s'envolait du pavillon transparent de l’instrument. Lassée de ne pas trouver la suite, tu te tournais vers moi et me tendais la main en inclinant la tête.

_ Joues-moi quelque chose ... du Bach...

Elle aimait Bach. Depuis le grand Bach, disait-elle, la musique meurt â petits feux. Bach, le mathématicien de la musique. Les autres ne sont qua des physiciens qui tentent leurs petites expériences. Je lui avais cité cette phrase de Colette à propos de Bach : « Une divine machine à coudre ». Elle m'avait répondu : « Peut-être, mais quelles merveilleuses broderies. » J'avais essayé de l'initier aux musiciens contemporains, aux musiques sourdes et fantomatiques, aux notes sonores et rythmées, mais cela lui demandait trop d'efforts.

_ Joues-moi quelque chose...

Je joue. Je regarde les vitres de la fenêtre en face du piano. Je regarde la vitre qui a des défauts, le mur de la maison derrière la vitre. Chaque verre a des déformations que l'on ne perçoit pas directement. Il suffit de bouger un peu la tête pour voir l'image derrière le verre prendre de nouvelles formes. Elle ondule, flotte dans l'air, se rétracte, respire comme un être vivant. La maison d’en face n'est plus un mur sale, avec des fenêtres et des volets, des coins d'ombre et de lumière. Elle devient une mer démontée, un ciel d'orage, une plante grimpante, une figure de style. Ses formes changent avec la mélodie, avec le ton, le rythme de l'accompagnement. Elle évolue aussi selon la position des mains sur le clavier qui entraine le reste du corps. L'image de la maison d'en face devient la ligne mélodique, le livre où se lit la portée. J'y retrouve selon la vibration, selon l'état de l'air, le pianissimo ou le forte des impressions. Ce n'est plus la réalité. Sentiment que ce n'est pas le rêve. C'est un sentiment d'hypnose qui émane de la forme du verre.

Par ta présence, les notes coulaient entre mes doigts. Derrière leur enchevêtrement, je découvrais l’âme de la musique. Tu étais assise, tu étais debout. Tu me regardais, tu m'oubliais. La musique t'apprivoisait.

Locédia, je me suis arrêté et tu es venue. Tu t'es assise sur mes genoux et tu as joué quelques notes au hasard, les doigts recourbés sur les touches. Tu t'es tournée vers moi, tu m'as regardé. Les yeux clos, tu m'as tendu ton visage.

 

Parfois nous étions las l’un de l'autre. Ces silences dans la chambre étroite, ces étreintes ébauchées se mêlaient d'ennui. Le rapprochement des murs s'accentuait et tu avais beaucoup de mal à enfiler une nouvelle robe. Je me glissais à la tête du lit sous le plafond en pente et tu t'agenouillais à mes pieds pour mettre un peu de poudre sur ton visage. La porte s'ouvrait et se fermait difficilement. Nous nous amusions à descendre pêle-mêle entre les murs gris dans l'obscurité du corridor. Il y avait l'escalier principal, brillant de cire. Nous devions descendre l'un derrière l'autre en suivant la courbe extérieure du mur.

02/09/2019

Le petit chat gris

Le petit chat si gris s’enfuit par la courette
Il aimait pourtant les heures chaudes du soir
Quand la caresse de l’air emplit les murs
De douceurs volatiles, mais inestimables
Aujourd’hui est un jour différent
La peau palpite et grogne, volage
Il découvre ses gencives et attend la morsure
Couché sur le dos il palpite
Plus rien ne le fera quitter la cour
Les chats du quartier ont rendez-vous
Il se tend de tout son corps
Sort ses griffes et tend la patte
L’envie lui prend de griffer la chair
Cette partie visible de l’humain
Qui sent la prunelle et la mort
Odeur des plis de l’être, tenaces
En fécondes promesses et attraits
Il s’assagit et miaula une fois
Puis tendit son cou à l’enfant
Qui jouait là, insolemment
Il s’empara du petit chat gris
Et s’enfuit en courant, droit devant lui
Laissant la porte ouverte
L’absence et le vide s’installe
L’heure tourne, le regard chavire
Le chat ne reviendra plus
La cour se désole
L’éternité s’enracine
Qui fera revenir le petit chat gris ?

©  Loup Francart

01/09/2019

N'importe quoi !

Es-tu mort, tout simplement
Ou ta tête t’entoure-t-elle encore ?
Il leva la main vers son chapeau
Et la trempa dans le mou du cerveau

Touille, touille, l’œuf en gelée
Et presse, presse, l’inspiration
Jusqu’à ne plus tenir que la pâte
D’une farce juvénile et étrange
D’un être à mi-course sans grande consistance

Rien ne va plus, crie l’aveugle à l’étage
Je ne trouve plus la rampe de l’escalier
Ni même la marche des profondeurs

Ne bouge pas, dit l’unijambiste
Je monte te chercher dans la nuit
Tourne juste la clé dans mon dos
Et va jusqu’à la mort du ressort

Ainsi fit-il. Il tourna
La clé cassa, le regard se voila
L’ombre descendit dans la nuit
Et fit monter au ciel la lumière des anges

Le poète n’est plus
Seule reste la poésie

©  Loup Francart

26/08/2019

En rang

Englué de pensées, il ne put s’échapper.
Il revint sur lui-même, épris de dilemme
Et se prit du recul, comme la particule,
Sans savoir où il va, hors de tout canevas.

Il erra longuement, il s’en fut savamment
Entouré de halos, cheminant au galop
Il ne découvrit rien, mais en ressortit bien
Le néant est pire, rien ne vaut un sourire

Enfin, il reposa, et dans les mimosas
Reprit son absence en toute licence
Il gagna la folie et la mélancolie
Mais n’oublia jamais la fente du regret

Si rien ne t’échappe et si tu l’attrapes,
Mêle-toi au rire sans jamais réagir
Prends garde à toi, frère, ne joue pas les pères
Et sois plutôt femme usant de ses charmes

©  Loup Francart

25/08/2019

Locédia, éphémère (18)

Alors ce fut la ruée. De nombreux parieurs envahirent la piste, se jetèrent sur le jockey, lui saisissant sa casaque, la déchirant, l’insultant de mots durs comme des balles de golf, puis le tirèrent jusqu’à la rivière pour l’y jeter comme une dépouille, rougie de sang, à moitié nu, hébété et même inconscient.

Ce jour-là se dévoilait un aspect trouble de ta personnalité. Qu’étais-tu réellement ? Je t’avais vu jeune fille sage dans les salons illuminés d’un bal officiel. Je t’avais regardé sans que tu le saches, au bord de la piscine, élégante, fine, alanguie sur une serviette de bain noire faisant ressortir ta peau d’ocre claire. Tu m’avais paru désirable, innocente et pudique. J’avais également gouté avec toi la fièvre des bars dans la nuit sans fin des hivers tenaces, quand tu levais ton verre devant les consommateurs en riant de ton rire moqueur. Mais je n’avais encore pas contemplé la femme exaltée, sans retenue, inconsciente de son comportement, que je voyais devant moi. Locédia, tu étais autre, virago échevelée, poissonnière hagarde, péripatéticienne offerte à la foule, te confondant dans tes attitudes avec chaque spectateur, les imitant avec véracité, crue et impressionnante de réalisme.

Éphémère, oui, tu l’étais… Et mon âme était envahie de crainte de te perdre alors que je n’avais jamais gagné ton cœur. Peut-être posséderais-je un jour ton corps, mais ton être en entier ne serait jamais atteint, car tu étais trop différente, impalpable et précaire.

24/08/2019

Vie

L'arbre se dresse

Est-ce donc mon intérieur ?

Sa vue se brouille

pictoème,visual art, optique art, art cinétique

Mais l'être est là !

23/08/2019

La part du bien

Ne jamais rejeter quelques enseignements ou actes que ce soient. Il y a toujours une part de vérité dans l’erreur, comme il y a toujours une part de bien dans le mal. De même que le mal à l'état pur n’existe pas chez l’homme, l’erreur pure est impossible, car le propre de l’homme est d’aspirer à la vérité comme au bien.

La difficulté est de distinguer le bien pur qui est le bien du monde divin du bien terrestre qui est un faux bien. Il en est de même de la vérité qui n’est pure qu’au niveau du monde divin, alors que dans les mondes matériels ou des idées en est plus ou moins proche selon la parcelle de vérité divine qu’elle contient.

22/08/2019

Marcher

Marcher, c’est un peu courir derrière soi
Dès les premiers pas d’une randonnée
On ne sait qui est devant qui
Sans le savoir je passe de l’un à l’autre
Pourtant c’est toujours le moi qui commence
Le soi traine des pieds et rechigne
Mais il suit sans déplaisir et sans mot dire
Le moi l’entraîne, en chantant
Belle journée n’est-ce pas pour vagabonder ?
Il monte la côte herbeuse, les pieds au frais
Arrive en haut sans peine ni rancœur
Encore loin derrière celui qui le guide
Sans se soucier de son retrait
Le ciel s’ouvre et sans fin gazouille
Peut-être y a-t-il autre chose derrière ?
Le moi peine à trouver sa marque
Essoufflé, il se retire en lui
Et attend impatiemment la halte
Rien ne l’oblige à tirer cet être bizarre
Qui en veut toujours plus en étant moins
Dieu, quelle époque !
Comment sortir de ce ballet à deux
L’un devant et l’autre derrière
Il est temps de prendre la main
Et de courir au secours de ce guignol
Arrivé en haut, le soi se découvre
Une vocation insolite et grandiose
Marche derrière moi et tiens-toi prêt !
S’allégeant, il entama la descente
L’œil aux aguets, le sourire aux lèvres
Il marche sur la semoule du passé
Et la transforme en paillettes de vie
Tout scintille en lui et autour de lui
Vis ta vie, sois libre et pars
Envole-toi sans lui !
Peut-être te rejoindra-t-il ?

©  Loup Francart

21/08/2019

Locédia, éphémère (17)

A nouveau se forma le peloton, à nouveau la masse colorée des casaques défila devant les tribunes, puis se laissa déporter derrière le petit bois. Les coursiers en ressortirent chaussés de prothèses, courant comme des pélicans au moment de leur envol et forçant les jockeys à s’accrocher aux poils hirsutes plantés devant la selle pour maintenir un équilibre compromis. Retrouvant l’harmonie de leurs foulées, ils continuèrent dans le lointain avant de surgir sur la piste le long des tribunes, annoncés par les hurlements des parieurs. Rivière des tribunes… Prenant leur élan d’un seul bloc, ils retombèrent lourdement sur la piste chargée d’eau, s’écroulant lentement les uns sur les autres, emmêlés en un tas informe qui mit du temps à se décomposer en chevaux et cavaliers. Ceux qui étaient encore en état de repartir pour finir la course, avec l’aide de leur lad, furent hissés sur le dos de leur mécanique, apeurés, mais contraints par les cris du public ravis de cette chute collective inhabituelle. Locédia, j’ai vu alors dans tes yeux la fièvre des parieurs, le frémissement de voyeurisme des amateurs, la montée d’adrénaline des habitués des courses. Les narines légèrement dilatées, tendue, la poitrine en avant, tu hurlais ton exaltation, tenant à bout de bras tes jetons élastiques, agrippée à mon pardessus, m’entraînant brutalement au-dessus du vide derrière la balustrade de la tribune.

_ Regardes, c’est extraordinaire, ils ne sont plus que cinq en course !

Oui, ils étaient repartis, tant bien que mal, courant de manière désarticulée, encore engourdis de leur chute périlleuse. Les jockeys tentaient de reprendre les commandes, poussant intensément sur les boutons, accompagnant des deux coudes les mouvements d’encolure de leur monture, le forçant à se concentrer sur le prochain obstacle. Deux chevaux chutèrent sur les obstacles du second tour. Les autres abordèrent à nouveau l’épreuve principale devant les yeux exorbités des spectateurs. Le premier cheval passa sans difficulté la rivière, d’un bond carnassier, un sourire en coin. Son jockey leva le bras en signe de victoire, sûr de lui et de son pur-sang. Le second, qui avait perdu sa cravache dans la première chute, s’efforçait de frapper les flancs de sa mécanique avec le plat de la main, sans grand succès. Manquant d’élan, celle-ci retomba avec souplesse dans l’eau boueuse, diffusant un épais nuage de vapeur par les naseaux et poussant un hennissement de surprise. Tenant toujours ses rênes, son cavalier la tira de l’eau, se fit aider par son lad pour se remettre en selle, et reparti finir sa course, c’est-à-dire sauter encore cinq autres obstacles avant de passer au ralenti la ligne d’arrivée. Le troisième chuta également dans la rivière, et son jockey abandonna d’un geste d’écœurement à la vue du délire déclenché par les spectateurs au moment de sa chute.

20/08/2019

Déjà

Partie d’elle ne savait où
Elle allait d’un pas vif
Les deux pieds dans la boue
A la main, un canif

Désolation et pleurs
Elle ne tarda pas à souffrir
Puis se souvint d’une fleur
Alors, sur ses lèvres, un sourire

Pars-tu de rage sur ce parvis
Ou vas-tu changer de vie ?
Sourire de vengeance
Ou béatitude d’indulgence ?

Elle ne sut que répondre
A l’ange qui l’interrogea
Il la laissa se confondre
Puis remarqua : c’est fini… Déjà !

©  Loup Francart