13/02/2020
Astor Piazzolla - Double concerto pour guitare, bandonéon et orchestre à cordes
https://www.youtube.com/watch?v=Un9sXWWuChU
Nostalgie, nostalgie...
comme un cri dans la nuit...
Danse et pleurs ne guérissent pas...
07:45 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique sud-américaine | Imprimer
12/02/2020
Belle
Mais qu’elle est belle
dans ce mouvement serré
va au paradis…
© Loup Francart
07:55 Publié dans 22. Créations numériques, 31. Pictoème, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : beauté, art cinétique, paradis | Imprimer
11/02/2020
Locédia, éphémère (58)
14
Morte. Le médecin se releva, retira ses lunettes, sortit de sa poche un mouchoir fripé et en essuya les verres.
_ Mort par arrêt du cœur dû à une perforation du ventricule gauche.
Il précisait d'une voix monotone, professionnelle, sans même baisser le ton devant son corps étendu sur le ventre, les jambes allongées, l'une légèrement plus relevée que l'autre, les bras repliés sur le sol, les doigts de la main à demi ployés, la tête rejetée en arrière.
Locédia riant follement, les seins projetés vers l'avant, qu'elle maintient et soulève entre ses paumes, rejetant ses cheveux sur le dos en levant le menton. « Je suis belle, n'est-ce pas ? » Tu es belle et tu es là, étendue, immobile.
Assis ou, pour être plus exact, prostré dans un fauteuil, je caressais machinalement le tissu rugueux de l'accoudoir, comme les enfants ont l'habitude de flatter leurs grenouilles avant de les faire sauter. Il était couvert de tâches jaunâtres et par endroits laissait apparaitre la trame de l'étoffe de rembourrage. Jamais personne ne s'asseyait dans le fauteuil, on s'installait sur l'accoudoir en équilibre sur une cuisse, l'autre jambe prenant appui sur le sol. Je regardais dans la glace piquetée de l'armoire dont la porte était légèrement entrouverte sur des étagères vides recouvertes de papier rose. J'y voyais le visage du médecin, sans toutefois y faire suffisamment attention pour être ensuite capable de le décrire. Ce n'est qu'après que j'appris à connaitre sa physionomie. Elle me paraissait alors anodine et je ne pouvais formuler aucun jugement sur la largeur de sa bouche, l'inclinaison de son nez ou la couleur de ses yeux. Je le regardais sans le voir, de même que je contemplais le corps de Locédia étendu sur le ventre, le cœur percé d'une rose de papier, pas tout fait une rose, une de ces étoiles de papier crépon que l'on tire les jours de foire dans les baraques foraines, ou encore une de ces ailettes de papier verni qui stabilisent les fléchettes des enfants.
07:48 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, amour, recherche de soi | Imprimer
10/02/2020
L'imagination
Imagination…
Dictionnaire Larousse :
. Faculté de l'esprit d'évoquer, sous forme d'images mentales, des objets ou des faits connus par une perception, une expérience antérieures : Un événement qui demeure très vif dans l'imagination.
. Fonction par laquelle l'esprit voit, se représente, sous une forme sensible, concrète, des êtres, des choses, des situations dont il n'a pas eu une expérience directe : Un récit qui frappe l'imagination.
. Capacité d'élaborer des images et des conceptions nouvelles, de trouver des solutions originales à des problèmes : Manquer d'imagination.
Décomposition du terme :
Image…in…a(c)tion.
L’imagination est donc, dans le sens complet du terme, la faculté de concevoir des images et de les transformer en action, c’est-à-dire de transformer une idée en réalité, dans quelque domaine que ce soit, y compris dans un domaine purement intellectuel.
Étapes de l'imagination :
- Pré-étapes, conscientes ou inconscientes et non impératives :
- Conscience d’un manque d’ordre pratique, intellectuel, artistique ou autre ;
- Énonciation du manque, c’est-à-dire de la recherche à lancer.
- Étincelle :
- Apparition dans la pensée d’un mot, d’une phrase d’une image, d’un son, d’une formule, d’une sensation nouvelle, d’une question, d’une réponse à une question non formulée, souvent sans lien avec l’occupation du moment.
- Dans le même temps, perception d’un lien de cette idée avec un objet, une idée connue et le plus souvent travaillée.
- Établissement d’au moins un lien entre l’idée nouvelle et l’idée ou les idées plus ou moins connues dans un domaine.
- Identification d’autres liens et de leurs intérêts à une transformation de l’objet :
- que transformer ?
- pourquoi transformer ?
- comment transformer ?
- Exécution
- Planification des actions à mener pour transformer
- Recherche et mise ne place des moyens nécessaires
- Mise en œuvre de la transformation
- Contrôle de la transformation
- La transformation est-elle conforme à ce que l’on attendait ?
- Quelles améliorations sont-elles possibles en termes de produit recherché, de finitions, de procédés employés ?
- Mise en œuvre des améliorations.
La plupart des gens ne connaissant que les étapes 2 et 3 dans le processus de l'imagination. Mais celle-ci , sans les étapes suivantes, ne sont que du vent. La création qui est le résultat concret de l'imagination n'existe que grâce à cette alchimie discrète et souvent ignorée, produit de connaissances, d'intuitions et de méthodes.
02:44 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : image, idée, conceptualisation, solution | Imprimer
09/02/2020
vent ou fuite ?
C’est le bourdonnement inlassable du vent
Qui arrache les pensées et fait fuir la conscience
Il prétend connaître le monde des vivants
Mais la solitude efface la croyance
L’aridité est là, la poésie s’enfuit
Seuls demeurent les cœurs et la fuite en avant
Appuie, appuie, appuie sur le coupe-circuit
Ou ton corps passera, qu'il soit ou non savant
© Loup Francart
07:13 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
08/02/2020
Contentement
Les mots conduisent rarement au contentement
Seule l’action renforce réellement l’homme
Car elle fait fuir l’incertitude du temps
07:20 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sentense, précepte, aphorisme | Imprimer
07/02/2020
Locédia, éphémère (57)
Labyrinthe de tes attitudes...
Le décor s'écroule. Il ne reste plus que toi. Et encore, que reste-t-il de toi ? Je t'ai vu, je te vois attentive à tenir le volant de la voiture, attentive à ne pas blesser les plantes grises, attentive au geste de ma main sur ton bras. Je vois ces cheveux que tu redresses d'un rapide coup de tête, ton visage légèrement penché sur l'épaule gauche, abandonné.
Labyrinthes de couloirs, de corridors, d'escaliers, de murs gris, sales, pelés, crasseux, que l'on monte avec difficulté, que l'on redescend trop vite, qui résonnent de coups sourds. Tes lèvres prononçant le nom de Bach, le disque qui tourne encore avec un grincement de plume sur le papier blanc, ce grincement que je perçois en écrivant, ce grincement que j'écoutais en t’écrivant. La fenêtre s'ouvre sur les murs rétrécis, sur les murs qui se referment comme un tombeau de pierres, de portes, d'armoires, un tombeau blanc marbré de veines noires.
Continuons encore, jusqu'à la fin, avec courage, sans désemparer, comme un navire dans la tempête. Au dessus brille un ciel d'étoiles, pur, imperceptiblement voilé par la venue du jour, insensiblement brouillé par l'approche de l'évènement attendu, l'évènement imprécis, inconnu, révélé à la dernière minute, indescriptible.
07:46 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, amour, recherche de soi | Imprimer
06/02/2020
Peur
J’ai peur, peur de quoi ? De rien…
Mais j’ai peur d’avoir peur… De quoi ?
Je frisonne de peur, glacé de crainte
Sans savoir pourquoi !
Cette peur n’est pas crédible,
Elle s’enfonce en moi
M’environne de brouillard
Me donne des ailes vertes
Et une moustache bleue
Je plane au-dessus du nid
Sans savoir où me poser
Mais rien ne me décide
A garer mes pattes fragiles
Sur la surface étoilée…
J’y laisserais ma peau
Ou au moins mon calme
Je garde mes paroles pour moi
Regardant au loin les monts
Et marche sans vergogne
Jusqu’au bout de la route
Dans l’épaisseur de mon ennui
Va et ne dis rien, rien ne va plus…
Plus lucide que la peur
L’absence me fait froid dans le dos
Car on ne sait où elle se tient
Je ferme les mains sur le rien
Et pourtant tu m’accompagne
De ton sourire moqueur
Et je vois dans tes yeux
L’ombre de ta satisfaction…
Allez, va et ne pense plus
La pensée est la peur des faibles
Et l’escalier des rêves…
© Loup Francart
06:06 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
05/02/2020
Je suis couché
Je suis couché, ver de terre
Du creux des ténèbres montait une voix
La nuit fermait sa main étoilée
Sur les pierres sales et les fous
Tu riais. J’écoutais le chant de la terre
Cœur, un rond de douceur chaude
La flamme du désir
S’élève dans la houle de nos corps
Centaure aux bras d’étau
Vaste plaine
L’œil des juges prend les paupières baissées
Sur l’eau noire aux cercles rouges
Ta bouche s’ouvrait sur ton corps mobile
Le lac des caresses se mêlait aux torrents
L’ambre de ton cou se noyait au fond de nos mains avides
© Loup Francart (1967)
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poèmes, écriture, poésie | Imprimer
04/02/2020
Chine (pictaïku)
Chine impériale :
derrière tes murs de papier,
quel virus t'atteint ?
04:02 Publié dans 31. Pictoème, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
03/02/2020
Locédia, éphémère (56)
Lorsque tu seras vieille, que tes cheveux auront blanchis et que je n'aurai plus dans le regard la fraicheur de ton visage, je te rencontrerai à nouveau.
Salons de fausses boiseries, lustres de verre. J'errais à ta rencontre. Murs de marbre rose, en colonnes arrondies, immenses, sans profondeur. Longues glaces encadrées de moulures de plâtre doré qui multipliaient à l'infini la foule des invités. Noirs, sur les murs sombres, les hommes, comme une colonie de pingouins. Noir déplacement en gestes lents, aux bras le long du corps ou encore au coude à demi ployé vers un autre être cassé en deux parties symétriques par les jointures des glaces piquetées de points noirs. Blanches arborescences au cœur des pousses noires, comme des fleurs sur les cercueils d'une catastrophe nationale. Pourquoi étais-je seul ce soir à porter une veste de velours vert et une étoile fripée sur chaque épaule, une méchante veste avec des boutons de bois simulé ? Mon visage dans la glace. Ce visage dont les traits s'étaient accentués. Ce visage alourdi que je regardais avec coquetterie, fier de cette veste verte, et dont le nez avait pris de gigantesques proportions. J'avais bu, habitude que j'avais prise après ton départ ou que tu m'avais communiquée. Je me souviens avoir buté contre un canapé au coin d'une pièce et une glace m'avait renvoyé cette image éclairée par un lampadaire auquel je m'étais accroché. Et les voix, ces voix que j'entendais, mais ne comprenais plus : « Il est ivre ! Une fois de plus. C'est habituel. » Je m'assis sur un canapé dont la tapisserie rugueuse me réconforta un peu. Je suivis avec difficulté la conversation d'une vieille dame, m'attachant particulièrement aux mouvements gracieux de ses mains dont l’ossature semblait jouer sous la peau tendue et craquelée. De quoi parlait-elle, des mémoires de Metternich ou de la moralité de Sade ? Je ne sais plus, D'autres personnes l'écoutaient gravement, le poids du corps porté sur une jambe, les bras croisés ou quelques doigts de la main allongés le long de la joue, approuvant parfois de la tête en s'accompagnant d'une sorte de grognement.
Est-ce pendant le diner ou un peu plus tard, que je te revis ? Je ne me souviens plus des contours de la salle : grotte, architecture de piliers, de miroirs. Elle était obscure à la fin du diner. Peut-être avait-elle été éclairée auparavant ? Je me souviens de colonnes et d'une table immense avec une nappe blanche, illuminée par des flambeaux imitant une main humaine ou plusieurs enchevêtrées. Les bougies brûlaient sur les visages, faisant ressortir la blancheur des dents et creusant les globes oculaires. De vieilles femmes qui conversaient de leur beauté passée, de l'arrogance et de la liberté de la jeunesse, trônaient entre des espaces noirs où ne se percevait que la blancheur des chemises ou d'un œillet. Le tintement ininterrompu des fourchettes et le bruit monotone des mandibules et des dentiers m'avaient enfoncé dans une trouble torpeur. Le diner s'achevait à travers les brouillards d'alcool et de cigarettes.
07:26 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, amour, recherche de soi | Imprimer
02/02/2020
Temps présent
Demain sera toujours un autre jour…
Comment voir encore les jeunes filles
Deviser et rire dans les rues de Paris
Alors que la vie déroule son tapis
Sur les bosses du désaccord
Fuyez, mes amis, entre les pavés
Que vous avez longuement foulés
Perdez-vous dans les montagnes obscures
Ou noyez-vous dans la froideur de l’océan
Mais surtout ne restez pas sur le passage
Des révoltés haineux sans conscience
Seuls les innocents marchent sans espoir
Ni même crainte d’un avenir imprévisible
© Loup Francart
03:17 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
01/02/2020
Intériorité... Notre liberté
Le plus souvent, l’homme vit à l’extérieur de lui-même. Mais dans le même temps, il est incapable de se voir de l’extérieur, son moi le préoccupe trop. Alors, où est-il ?
Il convient tout d’abord de se poser la question du « Qui suis-je ? ». C’est le premier pas vers une réflexion qui se cherche. Distinguer le Moi, tourné vers l’extérieur, du Soi faisant émerger son intérieur. La frontière est certes floue, surtout dès l’instant où l’on tente de la définir. Un pas, je suis le Moi. Un autre pas, je plonge dans le vide et je deviens le Soi. Entre les deux, un blanc sans couleurs, une absence de sol, une chute mystérieuse impossible à définir parce que la plupart du temps sans qualificatif rationnel.
C’est le mystère de l’homme, l’approche de sa part de divinité, l’absence de lui-même qui est plus que lui-même. Comme l’énonce Maurice Zundel, (Hymne à la joie, Association des amis de Maurice Zundel, 1987) « Dieu ne peut nous toucher autrement qu’en suscitant notre intériorité, qu’en faisant murir notre liberté, parce qu’Il est ce qu’Il est : un pur dedans. »
03:43 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : intérieur, moi, soi, psychologie, déité | Imprimer
31/01/2020
Maxime
"Aux innocents les mains pleines."
Largue le poids de ta connaissance,
l'innocence est le seul vrai outil du chercheur.
06:56 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, proverbe, invisible | Imprimer
30/01/2020
Locédia, éphémère (55)
Tu t'étais levée et venais saluer quelques personnes à côté de moi. Je ne sais plus qui était assise à ma droite, une de ces femmes poudrées et édentées à l'allure de fin de race, mais j'ai encore le souvenir de ton bras nu tendu vers moi, devant moi, lentement, avec insistance, au dessus duquel luisaient les lueurs des chandeliers de la table et les visages animés des convives. Puis, avec un calme et une lenteur exaspérante, pendant un temps immensurable où je pus regarder la peau sans défaut, blanche et lisse, un peu verte au pli intérieur du coude, tu approchas l'avant-bras jusqu'à ce qu'il vienne effleurer mes lèvres. L'écume de la Mer. Plus rien n'existait que l'écume de ce bras dans laquelle j'enfouissais mon visage. Cela dura une minute, deux minutes, cinq minutes. Les gens continuaient à parler gravement sans paraître nous voir, pas même celle à qui tu tendais la main et qui semblait s'être figée. Tu me dis de la même voix qu'auparavant : « Tu m'aimes. »
Je n'ai jamais pu savoir si pour toi cette petite phrase était une question ou une affirmation. Peut-être n'était-ce ni l'une ni l'autre, seulement une de ces phrases dont nous vivons, qui n'existent que par leur présence, sans forme, sans raison.
_ Le mariage est la pire des prostitutions et la plus répandue. On se prostitue à un seul homme, on lui prête son corps contre une maison et du pain. Et cette obligation de simuler la joie au long de nuits toutes semblables. Non, je ne marierai pas. Patience. Un jour viendra où je serai toi. Ne brusques pas les choses, elles doivent arriver dans l'ordre, dans l'enchaînement logique de chaque portion de temps.
Et le temps Locédia, est passé selon la logique irréfutable de son enchaînement. Je t'ai contemplé morte. Je te possède morte, souvenir livide. Locédia, blanche, hagarde, effroyablement rigide et immobile.
Quand tu boudais, quand tu souriais, quand tu me méprisais, quand tu m’embrassais. Mille attitudes, mille gestes effondrés par la pesanteur.
17:30 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, amour, recherche de soi | Imprimer
29/01/2020
Sommeil
Est-il cru et nu
étendu sur sa planche ?
fleur écartelée
© Loup Francart
07:16 Publié dans 46. Haïku | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
28/01/2020
Eolien
Une éternité
mais le mouvement est là
et nargue l'instant
© Loup Francart
02:33 Publié dans 27. Création photos, 31. Pictoème, 46. Haïku | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
27/01/2020
Délire
Entrée dans le coton
Brouillard sans visage
Ombre de lui-même
Devenu autre et semblable
Il ne peut résister
Le mirage devient vrai
Plus rien n’existe que l’évocation
Il enfle sous les sollicitations
L’imagination le relance
L’irrépressible l’envahit
Et l’entraîne vers la chute
S’ouvre un délire bref
Le comble du bonheur
Dans quelques heures, de nouveau
Il fermera les yeux, s’ouvrira à l’inconnu
Et plongera dans l’existence noire…
© Loup Francart
07:27 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
26/01/2020
Locédia, éphémère (54)
Je n’eus alors plus d’yeux que pour toi. J’oubliais l’orchestre. Je me remémorais les jours passés, ces instants ambigus de nos rencontres, lorsque tu me disais : « Tu m’aimes », plus comme une affirmation qu’une interrogation, ou encore, lorsque tu soulevais tes seins en déclarant « Je te désire ». Et tout à coup, tu te penchas vers la personne à côté de toi, un homme assez jeune, et tu lui dis quelque chose à l’oreille. Il te regarda, sourit avec gentillesse, et passa son bras derrière tes épaules. Tu te laissas aller contre son corps et je ressentis ma solitude. Elle m’empoigna et me laissa vide de toute pensée. Toi, ici, avec quelqu’un d’autre, à qui tu te donnais comme tu t’étais donné à moi, en toue simplicité et toute légèreté, comme pour t’amuser. Je ne pouvais que penser aux instants que nous avions vécus, si présents et si lointains maintenant. Je te revoyais dans ta chambre exigüe, coiffée de ton chapeau de paille, jouant de la flute devant tes peintures. Je me sentais mal, le ventre noué, avec une immense écorchure dans la poitrine. A l’entracte, je prétextais un mal de tête et quittais le théâtre.
Un autre soir, je me promenais le long du canal, dans cette rue un peu glauque où je t’avais déjà rencontré une fois, du temps de ton innocence. Je me souviens que tu m’avais regardé longuement, penchant légèrement la tête sur le côté, puis m’avais souri sans cependant m’adresser la parole. Cette fois-ci, je te vis de loin, au bord de l’eau, sur le trottoir, marchant au côté d’un garçon que je ne connaissais pas, lui tenant la main, lui-même la main sur ton épaule. Tu avançais lentement. Tu me vis. Tu continuas à marcher comme si tu ne m’avais pas vu. Tu te serras contre l’homme, levant le visage vers lui. Et lui, ne comprenant pas ton attitude, resserra son étreinte. J’avançais, étonné, refusant la vision de toi-même en promenade romantique au bord de l’étendue d’eau, frissonnante de désir. J’entendais le son de mes pas, je sentais les relents de fraicheur dans mes narines, un peu de bile me monta aux lèvres. Je passais devant toi, lentement, au ralenti, contemplant tes genoux découverts par ta jupe remontée, admirant ton aisance à ne pas reconnaître celui que la veille encore tu avais appelé au téléphone pour lui dire ta joie de le savoir près de toi. Locédia, j’ai regardé passer ton ombre, encore bien vivante, mais déjà ensevelie dans les plis de ma mémoire comme un objet mort. Ta silhouette seule remuait encore, avec lenteur, lointaine et inconsistante, proférant quelques sons inaudibles de ta voix charmeuse. Tu es passée, je suis passé, nous sommes passés l’un à côté de l’autre, comme deux inconnus. Et pourtant combien avions-nous à nous dire.
07:48 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, amour, recherche de soi | Imprimer
25/01/2020
Esclavage
Les hommes, comme d’éternels esclaves
Entraînent chaque jour la roue du passé
Ne connaissant d’elle que ce point de tangence
Qui imprègne dans le sol l’instant de sa présence
Derrière ne restent que les traces du regret du passé
Et au-devant l’espoir du futur dans un jardin sauvage
© Loup Francart ( (écrit en janvier 1968)
07:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
24/01/2020
Quand (pictaïku)
Quand les corps s’ouvrent
Et montrent leur intérieur
Glisses-tu un œil ?
© Loup Francart
07:42 Publié dans 31. Pictoème, 46. Haïku | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
23/01/2020
Ici et maintenant
Ils pendent aux murs comme des drapeaux
Délaissés, ils s’affaissent de tristesse
Qui donc viendrait voir ces oripeaux
Entourés de baguettes luisantes ?
Pourtant au cœur saignent leur volonté
De devenir les plaignants du grand jour
Quand l’homme se terrera de honte
Et couvrira ses épaules d’opprobre
Chaque tableau devient l’oriflamme
D’un monde converti à l’insolite
L’enfant est à leurs pieds, nu et vertueux
La faim le tient éveillé, les yeux las
La rage au ventre, bleu de froid
Tordu comme un vieil arbre craquant
Et les murs s’affaissent en silence
Sans un regard vers la débâcle
Oui, le monde est vaste, mais l’homme petit
Comme un moineau sur sa branche
A bientôt, le remord aux lèvres
Seul luit le bonheur d’être, ici et maintenant…
© Loup Francart
07:01 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
22/01/2020
Locédia, éphémère (53)
Le concert pu alors commencer. Symphonie pour cristalophone de Marc Aurèle Vergeture. L’œuvre était joué pour la première fois en public. Le soliste, après une introduction de l’orchestre, se servait élégamment de ses battoirs pour frapper les notes cristallines du clavier. L’instrument étant assez vieux, mais d’une sonorité exceptionnelle. Il devait prendre garde de ne pas casser les longues membranes de cristal qui résonnaient avec la particularité de transmettre leurs vibrations aux notes voisines, procurant cette sorte d’exaltation communicante propre à l’instrument. Lorsque cela arrivait, un accordeur, installé dans un fauteuil à ses côtés, remplaçait la membrane d’un tour de clé, permettant au musicien de poursuivre sans qu’il y ait d’arrêt de la mélodie. L’inconvénient de cet instrument était néanmoins l’atmosphère capiteuse qu’il délivrait surtout à ceux qui était assis au premier rang. Moi-même, fatigué par l’approche du théâtre sur la place, je me laissais aller à une sorte de rêverie sans qu’il s’agisse réellement de sommeil. Je regardais la salle avec ses magnifiques lustres montant et descendant au gré de la musique, avec ses flambeaux muraux diffusant des couleurs changeantes. Certains auditeurs se laissaient aller, quelque peu avachis sur leur fauteuil, la tête enfoncée dans les épaules. D’autres étiraient le cou, les yeux sortant des orbites pour mieux suivre le déhanchement du soliste face à son clavier. D’autres enfin, rythmait leur mouvement sur le contrepoint des instruments, parfois frappant les genoux de leur compagne dans des instants d’extase. Et je te vis cinq rangs devant nos emplacements. Je reconnus ta chevelure, brune, légèrement châtain, coiffée avec élégance, avec tes boucles d’oreille en poils d’éléphant. Toi seule portais de telles suspensions qui pouvaient dispenser, sur commande, une musique préalablement enregistrée.
07:44 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, amour, recherche de soi | Imprimer
21/01/2020
La vie
La vie… Rage d’exister…
Elle se diffuse, envahissante
Elle monte vers la liberté
Sans désir d’égalité
Au-delà de l’espace
Le temps s'échappe
La pulsion s’empare de l’être
Pour un moment seulement
Mais quelle promesse d’éternité
© Loup Francart
07:31 Publié dans 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
20/01/2020
Ire
Vivre ou mourir :
Que choisir ?
Mieux vaut sortir
Et sourire
Sans renchérir
ou obéir
Séduire
Ne pas s’enfuir
Et chérir
Sans défaillir
Concourir ?
Quel rond-de-cuir !
© Loup Francart
07:20 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
19/01/2020
Chaise
Chaise : un escalier auquel il manque une marche.
L'avantage est de pouvoir le déplacer sans peine,
mais tous ses maux viennent de l'absence de cette marche.
07:10 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : absurde, sur la tête | Imprimer
18/01/2020
Locédia, éphémère (52)
Une semaine plus tard, j’allais à un concert avec des amis. Le théâtre se trouvait dans la vieille ville, entourée d’une place où les boutiquiers installaient leur abri et vendaient toutes sortes de choses, comme des arêtes de poissons fossilisées, des mouchoirs cartonnés dépliant, des vidéolivres qui permettaient au lecteur de voir sur son écran ce qu’il imaginait avec deux secondes de décalage. J’y ai même vu un autre jour un marchand qui vendait du vide interstellaire en boite de conserve. Il s’est depuis fait arrêter parce qu’il avait omis de préciser sur l’étiquette qu’il était dangereux d’ouvrir ce style de souvenir. En effet, et l’affaire fit pas mal de bruit lorsqu’elle sortit, un jeune couple l’avait ouverte sans précaution chez eux et avait provoqué un trou dans l’atmosphère. Ils avaient disparu, aspirés par le vide. Les forces d’attraction étaient aussitôt intervenues, avaient installé un périmètre de sécurité, enfilé leurs combinaisons anti-vide et avaient fouillé la vacuité, encordés pour éviter que l’un d’eux ne soit à son tour aspiré. Arrivé en bout de cordée, ils avaient dû se faire treuiller pour revenir, bredouilles.
L’approche du théâtre était difficile en raison de la foule qui achetait sans discontinuer des trésors insolites. Heureusement, nous connaissions les lieux et savions qu’il fallait du temps pour atteindre la loge où l’on pouvait acheter les billets. Arrivé légèrement en avance, nous pûmes entrer dans la salle de concert, où la foule de mélomanes discutait du dernier concert du chef d’orchestre qui avait mal tourné parce qu’un spectateur avait éternué, provoquant une réaction en chaine sur les percussions. Il avait fallu reprendre le morceau intégralement pour que cesse le phénomène. Nous nous assîmes dans le parterre, à côté d’une jeune femme élégante, papillonnant avec un homme en smoking vert foncé. Le bruit allait s’amplifiant, chacun jouant la comédie des connaissances et du baise-main. Dans l’allée centrale, se tenait plusieurs couples en grande conversation, s’échangeant très activement, comme des passes de rugby, des citations acidulées. La gêne occasionnée par ces spéculations passionnées ne semblait pas les atteindre. Ils bouchaient le passage avec une telle inertie qu’il fallut l’intervention du directeur du théâtre pour les contraindre à cesser ce match verbal.
07:37 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, amour, recherche de soi | Imprimer
17/01/2020
Éclair
Deux éclairs en un
bonheur à portée de main
Qui s'y frotte s'y pique !
07:27 Publié dans 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coupant, piquant, gelant, doigts | Imprimer
16/01/2020
Déchirure
Déchiré…
Les fils du papier flottent au vent
La rectitude des bords écarte la maladresse
Comment attaquer le parfait ?
Et pourtant combien il est tentant
De se réduire au simple fil du rasoir
Elle attaque des dents le tranchant
Explose d’un hochement de tête
Enrage de ne pouvoir déchirer sa minceur
Jusqu’au moment où il faiblit
Quelle victoire cette déchirure !
Alors elle poursuit son œuvre destructrice
Sans guide, sans règle de droiture
Se laissant aller par instinct et jeu
Les fibres se séparent indistinctement
Pouces et mains maintenant l’ouverture
L’œil égaré, impuissant et inquiet
Du plein naît le vide entraperçu
Une brèche ouverte sur l’inconnu
Comme un déchirement de l’être
Et un fer rouge dans le corps
Cette fois-ci elle sait que le cœur
A une autre consistance que le corps
Qu’il peut saigner sans déchirure visible
Rien que parce qu’il a cru, un moment
A la musique des anges, à l’attendrissement
Du couteau sur la gorge offerte
Adieu la consistance et la fidélité
C’est un monde sans valeurs
Qui te convoque au tribunal
Et rien ne t’a préparé à cette mascarade
De l’être englué dans la société
Va…
Ne te retourne pas
Garde ta virginité de prêtresse
Et pleure les larmes de ton cœur
En admirant l’incision sur ton flanc
Qui verse sa liqueur odorante
Pour protester de son innocence…
© Loup Francart
07:46 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
15/01/2020
Locédia, éphémère (51)
Entré dans le café, je te cherchais dans un coin tranquille. Rien. Une jeune fille semblait attendre également quelqu’un, mais ce n’était pas toi. J’entendis des voix fortes qui criaient sur ma gauche et tournais la tête par curiosité. Tu étais là, assise au milieu d’un cercle de garçons et de filles, objet de toutes les attentions, parlant haut, légèrement rosie par l’entrain que tu mettais à raconter une histoire apparemment drôle. Les autres t’écoutaient, riant, te regardant, semblant te caresser mentalement. Interdit, je te voyais en me demandant si c’était bien toi.
Tu avais bu, le désordre de tes vêtements l’attestait. Tu me lanças fortement : « Viens, viens donc, nous avons besoin de tes lumières ! » Tu me montras une chaise, dans le cercle, assez loin de toi, et tu repris ton récit, affairée de verbe. Tu parlais de Mondrian, le peintre aux couleurs primaires dont l’usage du blanc et du noir fermait les espaces perpendiculairement. Tu le citais : « Si nous ne pouvons nous libérer nous-mêmes, nous pouvons libérer notre vision ! ». Que sous entendais-tu derrière ces paroles de l’artiste, je ne sais. Mais tu fis courir un frisson dans le groupe qui révélait ainsi ton emprise sur lui. Locédia, magicienne des espérances, traductrice des désirs, reconnue par ses pairs comme celle qui fait vivre des moments plus intenses. Et je me laissais prendre au jeu de ton intelligence. J’admirais ton aisance, ta culture, ton excitation également devant ces hommes et femmes qui te regardaient et t’écoutaient. Prêtresse mystique, tu manipulais heureusement les visions de tes congénères, les entrainant dans un imaginaire impossible où les lignes horizontales et verticales se couvraient de couleurs enchantées. Locédia, tu étais belle malgré tout dans cette passion que tu mettais à convaincre. Et pourtant, tu repartis au bras d’un autre, me faisant un signe, comme si je n’existais plus. Il se réjouissait de t’avoir à ses côtés, mettant en évidence ta personne, te couvrant de ses mains sur tes épaules, cherchant dans tes yeux une satisfaction que tu semblais lui donner. Je pris moi-même un autre chemin, plus long, plus difficile, passant par les rues où nous nous étions promenés, m’efforçant de découvrir de nouveaux attraits à ce quartier connu. Pourtant, je te voyais dans mon souvenir, la tête penchée vers moi, m’offrant tes lèvres, innocente et altière. Pourquoi t’avais-je rencontré ? Pourquoi t’avais-je regardé jusqu’à ne plus te voir dans ta réalité ?
07:12 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, amour, recherche de soi | Imprimer