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13/02/2019

Nature humaine

La nature féminine tient à deux choses : la douceur et la fragilité ; la nature masculine à la force et la détermination.

Longtemps il s'est demandé ce qui provoque la naissance de l’amour d’un homme pour une femme et d’une femme pour un homme. Il a mis beaucoup de temps à comprendre que ce qui attire une jeune femme vers un homme en particulier tient à l’idée de sa force. Il lui plaît et elle conjecture sur lui parce qu’il est fort. Il ne s'agit pas de la force physique, encore qu’elle joue bien sûr un rôle, mais de la force de caractère. Il est fort face à la vie et cette force saura la protéger. Elle sent que quoi qu’il arrive, elle pourra se fier à lui et s’appuyer sur lui. Inversement, par nature, le jeune homme rêvera à la douceur de la femme et se laissera porter vers celle qui incarne le mieux pour lui la douceur. C’est bien sûr un attrait physique en premier lieu, tel la douceur de sa peau ou de son regard, mais cette naissance de l’amour va bien au-delà de ce que peut donner la douceur physique. Il s’agit d’une douceur naturelle, qui englobe tout l’être, d’une douceur fondée sur la conception même de la vie, des sentiments et des idées et même de sa vision spirituelle.

Il a cru que ces caractéristiques du féminin et du masculin suffisaient à définir ce qui pouvait provoquer l’amour chez un homme ou une femme. Mais finalement, il prit conscience qu’il y avait un deuxième élément important et encore plus secret, qui est, pour une femme, la détermination de l’homme pour lequel elle pense ressentir quelque chose et, pour un homme, la fragilité de celle avec laquelle il peut envisager un avenir commun. Moi, homme, je t’aime parce que je sais ta fragilité devant la vie et je veux t’aider à construire une vie aimante et sans souci par le fait que je suis déterminé à te protéger quel que soit les événements. Moi, femme qui est fragile par essence, je t’aime parce que je sais ta détermination à faire face à la vie ensemble quoi qu’il arrive. En échange, je ferai de ma fragilité le miel de ton existence.

Certes, tout cela est le plus souvent inconscient, mais le ciment de l’amour durable tient à ces deux qualités contraires qui se complètent.

11/02/2019

Désir

 

Étrange comme le désir assouvi sans amour paraît à l'être humain une bassesse.

Sublimé par l'amour, il devient une révélation de soi, un agrandissement de sa personne.

 

09/02/2019

L'heure

Il y a des gens qui se targuent d’être toujours à l’heure. Ce sont généralement des craintifs qui arrivent au moins un quart d’heure en avance pour être certains d’être là au moment convenu. Pendant ce quart d’heure, ils tournent en rond, ne sachant que faire, sans cependant arriver à se préparer à ce qui les attend, plus occupé par l’heure que par l’objet même de la rencontre.

À l’opposé, il y a d’autres personnes qui ne peuvent, malgré toute leur bonne volonté, être à l’heure. Ils s’apprêtent en toute bonne foi, pensant au rendez-vous, se préparant même mentalement à cette rencontre, quelle qu’elle soit. Mais au dernier moment, il y a toujours quelque chose qui le retarde, un coup de fil, un mail à envoyer, l’oubli d’un mouchoir au fond de sa poche, un lacet qui lâche, l’arrivée d’un colporteur. Vous savez qu’il arrivera avec un quart de retard, jamais plus, mais également jamais moins. Vous pouvez avancer d'un quart d’heure le rendez-vous, il trouvera le moyen cette fois-ci d’avoir une demi-heure de décalage.

On trouve plus rarement les opposés extrêmes : tout d'abord, ceux qui vivent avec une montre dans le ventre. Cela se manifeste au moment du repas. Il est midi. À midi moins le quart, discrètement, ils manifestent une faim dont l’origine remonte à ce qu’ils ont fait dans la matinée. À midi moins dix, ils demandent où se laver les mains pour revenir à midi moins cinq en proclamant que cela sent bon près de la cuisine. S’il est maître de maison, il crie haut et fort à sa femme qu’il est temps de passer à table et il s’assied tout en discutant de façon à ce que chacun se sente obligé d’en faire autant. Ces gens-là ne peuvent supporter une minute de retard. Ils vont presque chercher le plat principal tellement la faim les tenaille. Mais une fois installés à table, ils négligent leur assiette et font la conversation.

Autre type d’extrêmes, ceux qui oublient carrément leur rendez-vous ou qui n’arrivent qu’avec une heure de décalage. « Tiens, j’étais persuadé que l’on s’était dit treize heures trente. Pardonnez-moi ! » Ils font comme si de rien n’était alors que les autres participants bouillent d’impatience, certains même prétextant une course urgente pour fuir ce rendez-vous manqué. Certes, ces personnages ne sont pas les premiers venus. Ils ont un emploi du temps de ministre, se restaurent avec un élastique et n’ont le plus souvent pas le temps de dire au revoir. « Vous savez ce que c’est, c’est le seul moment où j’ai pu obtenir un rendez-vous avec le président de la Chambre à coucher. La prochaine fois, promis, je resterai plus longuement. »

Car il y a en effet, des gens qui arrivent à l’heure comme tout un chacun, mais qui repartent toujours avant les autres. Ils ne préviennent pas et tout à coup ils se lèvent et disent : « Je dois partir. Il faut que je laisse ma voiture chez le garagiste, elle a un bruit bizarre et j’en ai besoin demain pour… » Vous ne savez jamais s’ils ont réellement quelque chose à faire ou s’ils partent parce qu’ils sont las de votre conversation.

On rencontre enfin, assez rarement cependant, des gens qui n’ont pas de montre, donc pas d’heures du tout. Ce sont généralement des bavards. Invité chez eux, vous n’en sortez pas. Ils ont toujours une anecdote qu’ils font durer une fois que vous vous êtes levé pour vous retirer. Ils vous entreprennent, vous mettent un autre verre dans la main et racontent la dernière du préfet ou la bévue de Madame Untel. Ceux-là sont bien partout où qu’ils soient, à condition de pouvoir parler. S’ils sont deux, la rencontre est délicate. Pour une fois, l’un d’eux part sans difficulté, il a trouvé plus bavard que lui.

L’heure, comme le temps, est un sujet de conversation intéressant. Seuls les gens normaux, qui sont à l’heure sans se poser de questions, ne s’intéressent pas à ce genre d’échange verbal. Mais sont-ils si nombreux que cela ?

05/02/2019

La vraie réalité

Aujourd’hui, l’homme se rit de celui qui ne parle pas en termes d’utile et d’inutile, de bien ou de mal, de beau ou de laid. Pour lui, une chose est utile parce qu’elle lui permet d’accéder à un niveau supérieur en termes de rémunération, de notoriété ou d’amitié. Pour lui, une chose est belle parce qu’il a coutume de dire qu’elle est belle. Mais il est incapable de voir la beauté de ce qui est laid.

Pourtant, finalement, une chose n’est ni belle ni laide, elle est tout simplement. Plus nous en percevons l’essence intime, plus nous lui trouvons de la beauté. Pour l’homme d’aujourd’hui, la réalité se réduit à ce qu’il lit dans les journaux et l’aspiration à une communion avec le monde n’est pour lui qu’une fuite hors du réel.

27/01/2019

Caractère

Un homme paraît avoir du caractère beaucoup plus souvent parce qu’il suit toujours son tempérament, que parce qu’il suit toujours ses principes.

Nietzche, Humain, trop humain II, Denoël-Gonthier, 1910

 

Le tempérament résulte de la constitution physiologique d’un individu. Il en résulte, selon celui-ci, un caractère particulier. On peut dire que c’est la partie brute de l’être qui s’exprime sans la contrainte de son éducation. Une émotion, un choc psychologique, la colère peuvent l’amener à se montrer tel qu’il est au plus profond de lui-même, derrière la suavité de son éducation ou même de son expérience de la vie qui, assez fréquemment, l’amène à se policer. Il recherche ses fins en les dissimulant sous de faux idéaux. Lorsque l’homme brut apparaît, l’égoïsme reprend le dessus.

Les principes sont le résultat avant tout de l’éducation, c’est-à-dire d’un travail patient de la famille envers l’individu pour l’amener à se plier aux contraintes de la vie en société. C’est un travail de longue haleine, à recommencer mille fois, patiemment, plus ou moins difficile selon l’enfant. Inculquer des principes nécessite doigté et quasiment de l’amour. Il arrive également que cette éducation devienne inquisitrice et tourne au cauchemar pour l’enfant.Au lieu de lui donner des bases de comportement, il reçoit la raideur des faibles qui ne savent plus ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire. Les principes sous les règles de base qui définissent une manière type d’agir et correspondent à une prise de position morale qui permet l’organisation de la société et en régit le fonctionnement. Elle est certes plus noble que le tempérament, mais peut également être une véritable prison. Certains ont vécu mai 68 comme une libération, mais d’autres l’ont expérimenté comme la fin d’une certaine société encore policée.

Alors, là aussi, le juste milieu est la meilleure attitude personnelle à adopter : suivre ses principes tout en laissant parfois parler son tempérament. La véritable finesse, et même sagesse, d’un être humain est de savoir à quel moment user de l’un ou l’autre.

 

25/01/2019

Humain

Une belle histoire qui montre que l'humain est plus que l'intelligence...

 https://youtu.be/ftugbci9ohg


 

24/12/2018

Pensée et action

C’est le faible qui parle de la force. C’est l’’homme mou qui parle de la volonté. L’homme fort ne parle pas, il vit. D’où cette éternelle contradiction entre la pensée et l’action, car ceux qui, par la pensée, prône l’action, n’agissent pas et ceux qui, par l’action, recherche la pensée, n’en parle pas.

C’est dans l’action que tu trouveras la joie, mais tu ne trouveras cette dernière que grâce à la pensée.

08/12/2018

Gilets jaunes

Nous sommes dans la quatrième semaine de la révolte des gilets jaunes : les sans voix s’expriment plus forts que les sans dent, expression curieuse consacrée par notre ex-président. C’est « le camp des pauvres, des humiliés et des opprimés », annonce Jean-Luc Mélanchon. En face, le camp des écologistes idéologues et des politiciens financiers, pour lesquels il est impératif de taxer pour sauver la planète qui étouffe. Mais peu de gens s’étonnent que moins de 20% des fonds récoltés aillent à l’écologie.

L’encyclopédie libre, Wikipédia, explique que « Sans-dent » est une expression populaire, vieille de plus de cinq siècles et dont la signification a fortement évolué, passant de « sans force », à « vieux » et enfin à « pauvre ». L’expression est citée par notre grand conteur Jean de la Fontaine, dans Les lunettes, écrit en 1674 :

Qu’entend ce rustre, et que nous veut-il dire ?
S’écria lors une de nos sans-dents.
Quoi tu n'es pas notre faiseur d'enfants ?
Tant pis pour toi, tu paieras pour le sire.

Wikidictionnaire nous dit également qu’il s’agit d’une « expression révolutionnaire : nom usuel des brassiers (ou manouvriers) des villes et des campagnes, des vagabonds et des mendiants (Petit peuple) sous la révolution française ».

Préférons donc encore parler de sans voix. Ceux-ci l’ont maintenant fait entendre. Mais nos sociologues et nos politiques parlent dorénavant de manière plus large, de la France périphérique par opposition à la France des villes. Expression contestée bien sûr par les uns et les autres. La périphérie désigne, en urbanisme, le boulevard qui entoure une grosse agglomération. De manière imagée, cela signifie que la France se résume à un ensemble de grandes villes, le noyau dur, privilégié, et la périphérie qui n’a pas droit à la parole et qui subit sans être écoutée. Bien sûr, tout cela est imagé. Mais retenons cependant que la France rurale n’est pas plus à l’honneur dans cette dernière expression que dans les autres. Or c’est celle-ci, en particulier, qui est sans voix. Elle a enfin trouvé le moyen de s’exprimer grâce aux gilets jaunes, ce bout de tissu nécessaire à sa survie, parce qu’on le voit bien, lorsqu’on est en panne sur une route. Alors montrons-le, voyons-le et hurlons. C’est le seul moyen de ceux à qui on ne donne jamais la parole de s’exprimer. Mais ce qu’ils veulent est au-delà de cela. Ils veulent être compris et retrouver leur dignité d’hommes et de femmes. Ainsi ce bout de tissu est devenu un symbole, celui des sans voix devant l’inflexibilité des pourvus. Malheureusement, le port du gilet n’a pas suffi. La descente dans la rue non plus. Le mouvement tant qu’il fut un tant soit peu pacifique ne fit frémir personne. Alors les gilets jaunes ont suivi les casseurs. A qui la faute. Certes d’abord à ces derniers, mais plus profondément aux gouvernants qui ont cru à l’inefficacité du mouvement et donc à son épuisement.

Comment cela va-t-il se terminer ? Je ne tenterai pas une réponse. L’intéressant est le déclencheur de la crise et son développement. La loi des grands nombres fonctionne jusqu’à un certain point, accumulons, accumulons ; mais l’ajout inodore d’une mesure minime crée l’explosion qui met alors beaucoup de temps et de concessions pour se calmer.

Un gilet jaune, c’est la rage et un sourire. La rage contre un système qui étouffe, un sourire pour une solidarité qui soutient. Un rassemblement de gilets jaunes, sur les Champs-Élysées, ou ailleurs, c’est, selon le point de vue sous lequel on se place, les flammes dorées de la révolte entourées de pavés gris ou une prairie verte ensoleillée de boutons jaunes. On cherche à les classer, mais ils refusent toute identification. Cet air de liberté devant le sort qui leur est fait, c’est la volupté de l’espérance accompagnée de la pesanteur de la vie.

27/10/2018

Faire de la vie une symphonie

https://www.youtube.com/watch?v=4uX-5HOx2Wc


 

L’amour  au-delà de la compréhension logique : alors la vie devient une symphonie qui se passe de chef d’orchestre. Nous cherchons trop souvent à être le chef d’orchestre, nous agitons notre petite baguette, tapotant le pupitre, battant l’air de gestes démesurés et avides qui n’arrivent pas régler l’harmonie des sons. L'orchestre se dérègle et pendant que l’on s’attache au jeu d’un instrument, nous ignorons les autres.

Sentir les choses dans leur ensemble, c’est déjà transformer leur potentiel d’harmonie simultanée en symphonie. Faire de la vie ce que sont les fugues de Bach qui se déroulent sans heurt, dont la mélodie s’enroule peu à peu sur elle-même, chacune des voix s’harmonisant parfaitement avec les autres parce qu’elles savent reprendre des premières leur ligne mélodique et la parer de nouvelles aptitudes sonores, jusqu’à ce qu’éclatent un final majestueux où s’enchevêtrent  tous les instants précédents en un point d’orgue vertical brisant la fuite du temps et accédant à l’éternité.

23/10/2018

La recherche du bonheur

 

Notre époque a le bonheur de s’apercevoir de l’insuffisance de la satisfaction du corps et de l’esprit. Elle redécouvre l’ascèse. Elle cherche la plénitude de l’être au-delà de la possession, dans l’accès à la beauté du monde.

Son malheur est de croire que cette plénitude est un état second, une sorte de rêve éveillé que l’homme peut atteindre par des moyens artificiels.

 

04/10/2018

Le mode d'habiter

Hier, dans une soirée du « Cercle du sens » que nous organisons tous les mois nous avons parlé du mode d’habiter. Le Cercle du sens a pour but de réfléchir ensemble à ce qui nous motive et nous renouvelle. Aussi, plutôt que de travailler directement à l’évolution de notre société, nous cherchons plutôt à nous poser la question du sens de notre vie pour améliorer notre propre compréhension de nos buts de vie dans la société et notre environnement. Ainsi c’est tout naturellement posé la question du mode d’habiter, concept surgi récemment dans les recherches en géographie.

 

La notion de mode d’habiter a fait peu à peu son apparition chez les universitaires, dont en particulier les géographes. De manière grossière, on peut dire que les lieux, d’un côté,  et les personnes, de l’autre, s’influencent les uns les autres et constituent ainsi une manière unique et locale de vivre, créant de nouveaux rapports entre les êtres et les lieux. Si, comme le dit Heidegger, « habiter est un trait fondamental de l’être humain », on constate des habitudes différentes dans la vie de tous les jours et même des façons de bâtir et d’utiliser l’espace également différenciées. Ceci est vrai tant pour les sociétés que pour les personnes individuelles et leur lieu de vie, de travail, de loisirs, bref de tout lieu utilisé. L’homme des grandes métropoles a évidemment des modes d’habiter très différents de l’homme de la terre, l’homme de régions froides se distingue de l’homme de pays chauds, etc. Mais pour sortir d’un contexte trop théorique, interrogeons-nous plus profondément sur le concept et son intérêt.

Le mode vie concerne les lieux qui nous marquent et que nous marquons, c’est-à-dire les lieux  qui permettent d’initier des relations et des échanges entre les personnes et les lieux qu’ils habitent, et de créer ainsi une fusion entre l’homme et le lieu qui donne à cet ensemble des particularités propres géographiquement, socialement, professionnellement, intimement pourrait-on ajouter. Le mode d’habiter permet le passage d’une conception géographique trop objective et scientifique à une vision plus humaine et personnelle à définir, entretenir, développer pour se sentir à l’aide dans son environnement. L’idée de mode d’habitat n’a de valeur que parce qu’il permet de développer un contexte d’amélioration des rapports entre l’homme  et ses lieux de vie.

18/09/2018

L'arbre des possibles (2/2)

Et au fond, peut-on prétendre que l’une ou l’autre hypothèse (le séquoia ou le chêne touffu) est préférable, plus noble, plus humaine même ? Qui peut dire quelle est la meilleure part : persévérer jusqu’au triomphe (atteindre la place la plus élevée en fonction de son aptitude préférée) ou développer le maximum de possibilités en abandonnant la montée par lassitude ou envie de changement ?

Notons tout d’abord que, d’une manière générale, les attendus d’un homme ou d’une femme sont différents selon son âge. Il est possible de distinguer trois grands temps dans la vie d’un humain. Tout d’abord le temps de l’aventure, celui qui correspond à l’adolescence et au jeune adulte (16-35 ans). C’est le temps de la folie, où l’homme veut se distinguer des autres, accomplir son rêve quel qu’il soit. Cette aventure peut être orientée vers le sport, l’exploration, la mystique, la conduite des hommes et bien d’autres choses encore. Ce qui compte, c’est avant tout la passion que la jeunesse met à cet engagement. Il veut montrer de quoi il est capable. Cela marche ou non. Il s’est fait les dents aux dures réalités de la vie, mais il a pu s’exprimer et donner libre cours à ses envies. Progressivement vient le temps de la méthode, qui correspond à l’âge mûr (environ 35-60 ans). L’acquisition de la réflexion et d’une certaine connaissance conduit l’adulte à évoluer dans sa façon d’aborder le monde et de s’y distinguer. Il ne s’agit plus d’imposer sa fougue, mais de mettre en évidence sa méthode pour conduire vers une meilleure société, quel que soit son domaine d’activités. Cela lui permet de s’imposer socialement et familialement, de fabriquer son personnage social et de tisser des liens qui l’aideront à monter dans l’échelle sociale. Enfin, doit venir, plus tard, le temps de la créativité personnelle, mieux même, celui de la réalisation personnelle, c’est-à-dire le ou les grand(s) projet(s) qui ont muri progressivement au cours des temps précédents. Ce temps arrive vers 55-65 ans, peut m’être qu’un passe-temps, un hobby, la mise en valeur d’une vocation cachée, dans tous les cas un type d’engagement personnel et non plus sociétal, dans lequel l’homme exprime son être intime et le pose comme étant sa marque sur le monde. Les uns se mettent au service de leurs semblables, les autres au contraire s’enferment dans leur projet en se désintéressant de la société dans laquelle ils vivent. Ils peuvent se lancer dans des activités artistiques, des engagements dans des associations, se mettre au service d’activités familiales. C’est un monde très ouvert où il se réalise personnellement dans un domaine qui l’attire, l’occupe et lui donne un but dans sa nouvelle vie dégagée de la construction de son avenir dans la société.

Remarquons qu’il en est différemment pour la plupart des femmes pour lesquelles la nature s’impose plus vite que les hommes. Oui, de nos jours, elles vivent plus ou moins le temps de l’aventure, elles attendent et vivent avec intensité le temps de la méthode (jusque vers 45 ans) dans laquelle la réalisation sociétale passe le plus souvent par la construction d’une famille, le temps de la réalisation personnelle ne venant que lorsque les enfants ont également trouvé leur voie et se sont lancés dans leurs premières aventures individuelles.

Chaque homme et chaque femme vivent plus ou moins ces trois temps. Certains ne vivent que le premier, engagés dans leur fougue et l’aventure. D’autres esquissent ou même zappent le premier temps, s’engageant au plus vite dans le second, par manque d’intérêt pour le premier ou poussés par leur environnement social ; enfin, le troisième temps ne peut être vécu que par une préparation personnelle, encouragée au cours des deux temps précédents. Combien de personnes à la retraite voit-on démunies d’intérêts intimes qui les conduisent à une fin à la fois sociétale, sociale et personnelle.

Vivre ces trois temps à leur rythme, sans impatience ni excès, accepter le passage de l’un à l’autre comme faisant partie d’une vie bien remplie, se préparer même à ces changements en les anticipant sans cependant les déclencher en avance et choisir le moment du passage de l’un à l’autre en toute quiétude, telles doivent être la sagesse et finalement la joie d’une vie humaine bien remplie. Peu importe le barreau atteint dans l’échelle permettant de comparer les vies entre elles. Ce qui compte, c’est notre capacité à s’enrichir intérieurement de tous ces temps qui nous sont donnés pour devenir pleinement homme ou femme accompli(e).

17/09/2018

L'arbre des possibles (1/2)

Dans son livre L’identité (Gallimard, 1997), Milan Kundera évoque Chantal, l’héroïne du livre, qui reçoit des lettres anonymes aux réflexions philosophiques : En bas, elle ouvrit la boite où une nouvelle lettre l’attendait. Elle trouva un petit jardin public où elle s’assit sous l’immense ramure automnale d’un tilleul jaunissant, embrasé par le soleil. « …vos talons qui sonnent sur le trottoir me font penser aux chemins que je n’ai pas parcourus et qui se ramifient comme les branches d’un arbre. Vous avez réveillé en moi l’obsession de ma prime jeunesse. J’imaginais la vie devant moi comme un arbre. Je l’appelais alors l’arbre des possibilités. Ce n’est que pendant un court instant que l’on voit la vie ainsi. Ensuite, elle apparaît comme une route imposée une fois pour toutes, comme un tunnel d’où on ne peut sortir. Pourtant, l’ancienne apparition de l’arbre reste en nous sous la forme d’une indélébile nostalgie… »

Cet arbre des possibles de la vie d’un homme ou d’une femme naît en réalité avant même la naissance de la personne à laquelle il est associé. Il est déjà chargé du poids de l’histoire de la société et de la famille. Les possibles ne sont pas les mêmes selon les lieux, l’époque et les événements vécus autour de la personne. Ils ne sont pas non plus semblables selon le caractère hérité de sa famille. Enfin, ils dépendent de l’histoire de sa jeunesse et de ses réactions face aux aléas de la vie avant cet instant fatidique où elle se demande ce qu’elle va faire de sa vie. Kundera suggère, sans l’expliciter, que la vision de cet arbre est éphémère et que l’arbre n’atteint jamais sa maturité, restant cette perche droite et unique qui devient un tunnel, donc une prison. Est-ce si sûr ? N’avons-nous qu’un seul destin ?

Constatons d’abord que cette affirmation semble vraie. La plupart des gens choisissent un métier et s’y tiennent, malgré les déceptions et l’attrait d’autres possibilités. Cela leur donne une stabilité qui leur semble nécessaire pour accomplir leur vie dans un calme relatif, à l’abri des aléas toujours possibles. Sans doute est-ce pour cela que le fonctionnarisme a tant d’adeptes dans la population française. Dans cette prison qu’ils s’imposent à eux-mêmes, ils tentent de trouver leur liberté, se fermant progressivement les portes par leurs choix professionnels, familiaux (le mariage, les enfants…), les loisirs qu’ils pratiquent, les amis qu’ils fréquentent, etc. Pour les uns, ces choix sont libres, ils s’y tiennent et cela leur permet de construire leur vie selon leurs désirs. Pour d’autres, ces choix deviennent ligne droite, une route qui conduit vers la fin, inexorablement. Certains en sortent fiers de n’avoir pas variés, d’autres contemplent leur arbre avec nostalgie, comme le remarque Kundera.

Remarquons néanmoins qu’il existe d’autres perspectives et que certains arrivent à déployer les ramures de leur arbre sans scier les branches sur lesquelles ils sont assis. Un exemple ? Jacques Brel. Son nom me vient à l’idée parce que j’ai vu hier une émission de télévision qui racontait sa vie. Il refuse la carrière industrielle et familiale préparée par sa famille, il part à Paris et peine à s’imposer comme chanteur. Lorsque le succès est là, il abandonne la scène et tourne des films. Puis, il décide faire le tour du monde en voilier et devient, dans le même temps, pilote de bimoteur. Enfin, atteint d'un cancer du poumon, il se retire aux îles Marquises où il fait l’avion-taxi pour les populations. Nombreux sont les exemples de personnes ayant empruntées des embranchements très différents au long d’une vie chargée de rebondissements passionnés. Lesquels faut-il admirer : ceux qui n’ont qu’une route, imposée une fois pour toutes, ou ceux qui vagabondent de branche en branche et s’assiéront le soir de leur vie à l’ombre de leur chêne touffu ?

04/09/2018

Un professeur remarquable

Ce professeur était un homme remarquable, à la fois professeur de philosophie et de physique dans les classes de terminale. Il maniait les concepts scientifiques avec autant d’aisance que ceux de philosophie. Sa salle de classe était une toute petite pièce disposant d’une fenêtre  qui donnait sur un puits de lumière, sans autre paysage que le mur d’en face à 2 m de distance. Les élèves étaient serrés ; des tabourets permettaient de s’assoir derrière des tables en fer gondolées. Mais peu leur importait, ils entraient dans le salon de Mme de Sévigné, dans la chambre d’un philosophe ou dans le laboratoire d’une université américaine.

Ils l’avaient surnommé Einstein. Il s’appelait Monsieur Moréas. Il portait comme le célèbre savant des cheveux crépus en envol autour de sa tête et se laissait pousser une petite moustache. Il marchait lentement en raison de son âge, un peu courbé, mais ses réparties étaient fulgurantes et drôles. Nous l’écoutions religieusement, subjugués par son verbe. Il disserta un jour sur la femme enchanteresse du monde : « La femme est une amphore, serrée à la taille, s’élargissant aux hanches, sans angles droits, une courbure parfaite, façonnée pour la procréation. La femme est la poésie de la terre, elle nous donne le goût de vivre par sa simple beauté naturelle. » Ses camarades jeunes filles en rosissaient, quelque peu gênées, mais fières de cet hommage du vieux professeur. Il éclairait sur l’origine du monde, leur parlant du Big Bang, étrangeté à l'époque, tout en gardant le mystère de la création présent dans son discours. Il les initia à la pensée logique, à l’imagination créatrice.

Homme complet, il avait un sourire charmant dont il usait lorsqu’il disait quelque chose de personnel et le plus souvent en plaisantant. Sa pensée était profonde, mais il parlait comme s’il disait des choses banales et ses élèves ne soupçonnaient pas les trésors qu’il leur divulguait. Ils l’ont tous remercié à la fin de l’année. Jérôme n’a qu’un regret, c’est de ne pas l’avoir revu. La jeunesse oublie, préoccupée par son entrée dans la vie adulte.

28/08/2018

Science

La grande faiblesse de la science, qui fait en même temps sa force, tient à ses méthodes mêmes : l’analyse scientifique d’un phénomène, qu’il soit statique ou dynamique, suppose l’isolement de ce phénomène par rapport à ce qui l’entoure. Cet isolement, nécessaire pour mettre en évidence les lois le régissant, fausse la réalité qui est faite  de relations s’établissant sur une ligne d’évolution spatiale et temporelle. L’isolement du phénomène permet l’analyse de son apparence après observation, mais ne permet pas la connaissance du réel. C’est pourquoi la physique moderne en est venue à distinguer le connu du réel et à tenir compte de cette distinction dans ces équations.

Plus tard sans doute,  les sciences arrivant à un stade de développement où l’analyse des phénomènes isolés aura été poussé à son maximum (et non jusqu’à la connaissance totale, puisque l’explication finals n’est possible que par l’explication de tous les autres phénomènes et de leurs relations), on en viendra à l’élaboration d’une science des relations qui sera la véritable science issue des autres sciences (la chimie et la physique expliquant la cytologie, celle-ci expliquant avec les deux autre la biologie, etc.).

 

25/08/2018

Beauté

Il y a deux sortes de beauté :

* La beauté issue de la fragilité. Elle s’identifie en tant qu’unité isolable et possède certaines caractéristiques personnelles indissociables. Dans cette identité fragile, l’homme retrouve les mobiles de son angoisse et plus elle semble fragile, plus elle est belle.

* La beauté issue de la puissance. Elle caractérise un ensemble qui possède certaines caractéristiques personnelles, mais celles-ci peuvent être dissociées en éléments isolées. Dans cet ensemble, l’homme retrouve les mobiles de son optimisme et plus il semble puissant, plus il est beau.

La première est émouvante et creuse le vide en soi. La seconde est impressionnante et tasse le plein en soi. Que vaut-il mieux : un vide qu’il convient de combler ou un plein qu’il convient d’employer ? Disons que la jeunesse recherchera la seconde et que l’âge mûr choisira de se dépouiller.

 

21/08/2018

La beauté

 

Sens métaphysique de toute beauté : une voie ouverte vers l’éternité.

Les critères de beauté évoluent,

Mais l’essence de la beauté ne change pas.

Plus l’homme s’oublie lui-même, plus il est accessible à la beauté.

 

20/08/2018

La pensée

La sagesse et la folie sont les deux extrêmes de notre pensée dite normale. L’une et l’autre procèdent de la perte de l’habitude de pensée.

Dans le cas de la sagesse, cette perte d’habitude est volontaire, impliquant le parfait contrôle de soi alors que, pour la folie, la perte de l’habitude est involontaire et tourne autour d’une idée fixe.

L’une procède par intériorisation et conduit au plus être, l’autre appartient à l’évasion et aboutit au moins être. Entre les deux, évoluent différents types de conscience qui se rapprochent plus ou moins des deux extrêmes.

Ne pas se laisser tenter par l’imagination combleuse dont parle Simone Weil, car cette recherche ne peut conduire qu’à un manque d’être de plus en plus prégnant.

19/08/2018

Les petits gestes et paroles

Ce matin, je réveille après un rêve dans lequel je cherchais la profondeur d’une relation avec les autres. Et ce n’était que des petits gestes et paroles de tous les jours, anodins et sans intention, gestes faits sans y prendre garde et paroles dites sans y penser. Centaines de gestes faits et paroles dites sans même savoir qu’ils sont émis et surtout sans savoir pourquoi. J’ai ma manière personnelle de descendre de ma voiture, de me donner un coup de peigne, de me lever le matin, d’ouvrir la porte à un inconnu, de demander mon chemin à un passant, de m’installer au piano, de me laver les dents, de rire d’une plaisanterie. Et la somme de ces petits gestes et paroles, finalement, me représentent mieux auprès des autres que ceux que je dispense en connaissance de cause, avec attention.

Voilà le mot lâché : l’attention. Mais il lui manque son compagnon, l’intention. L’attention suppose l’intention. Lequel précède l’autre ? L’attention rappelle qu’il faut une intention pour agir. L’intention fait de l’être un humain et entraîne une attention dans l’exécution de l’action. Laquelle est première ? Tantôt l’une, tantôt l’autre, selon les circonstances. Ainsi, à chaque instant, je suis libre de devenir véritablement humain ou de vivre à côté de mon être. L’attention suppose un minimum de concentration. Penser à ce que je fais. Penser à ce que je fais suppose bien de  savoir pourquoi je le fais. Si je ne sais pourquoi je le fais, je ne fais pas attention ; mais si je ne fais pas attention, je n’ai pas d’intention.

Derrière ces deux mots se cache tout l’humain : je suis homme ou femme parce que je sais que je le suis. Si je l’oublie, je ne suis rien. Être homme ou femme suppose une double démarche : je suis dans le monde et y agis, mais je suis également hors du monde pour savoir pourquoi j’agis. Certes, il ne s’agit pas de devenir moine ou moniale, encore que ceux-ci agissent et parlent sans doute avec plus d’attention et d’intention, mais simplement d’introduire un dialogue avec soi-même qui instaure la conscience. Un troisième mot est lâché : la conscience. Certes, l’humain n’est pas seul à disposer d’une conscience. Le règne animal et probablement le règne végétal disposent d’une conscience. Comme l’homme, l’animal et, dans une moindre mesure, le végétal entretiennent la vie, leur vie, avec attention et intention. Mais la conscience humaine dispose d’un effet miroir supérieur à celui des autres règnes terrestres. J’agis dans un but immédiat et lié au maintien de ma place dans le monde, mais je peux aussi agir dans un but plus lointain dans lequel ma personne n’a plus la première place. La conscience se dédouble et produit un effet miroir qui fait de l’homme un être achevé ou, plutôt, s’achevant par cette démarche consciente qui lui permet de s’échapper de son moi immédiat. Il agit dans le monde, mais se voit également agissant le monde et s’interroge sur cette deuxième démarche. C’est ce deuxième temps de la conscience qui fait de l’homme un être à part, responsable pleinement de ses actes et paroles.

Alors, dans un instant, quand vous fermerez cet écrit, conservez attention et intention, et vivez pleinement cet effet miroir de la conscience qui fait de vous un être humain.

11/08/2018

L'ignorance du savoir

Noires ou pas, elles sont…
Et nous ne savons rien sur elles :
68% d’énergie et 27% de matière.
Il ne reste que 5% de connu,
Et encore, pas tant que cela,
Dans cet univers qui s’accroit sans cesse.

Elles ne sont pas noires par opposition au blanc,
Pas non plus parce qu’elles sont en deuil.
Elles sont et nous ne savons rien sur elles,
Sinon qu’elles sont, invisibles,
Donc noires de connaissance.
Une matière invisible et agissante,
Une énergie débordante et repoussante,
Qui soumettent le normal
À des comportements anormaux.

Dieu, quelle nuit !

Au fait, le créateur serait-il caché
Dans cette noirceur invisible ?
Tenterait-il d’écarter les murs
D’une normalité minimale
Pour dévoiler, au-delà du visible,
L’immensité de l’inconnu ?

N’oublions pas non plus
Que les pensées sont réelles,
Sans cependant avoir du poids.
Y a-t-il une noosphère
Qui éclairerait le noir ?
Ce noir permettra-t-il de savoir ?

Le Big Bang fut un éclair de lumière.
Et l’on découvre, sacrilège,
Qu’il engendra le mystère
De 95% de notre univers.

©  Loup Francart

09/08/2018

L'indescriptible

Décrire l’indescriptible, quelle ambition ! Mais de quel indescriptible parle-t-on ? 

Certes pas de l’horreur qui est indescriptible lorsqu’elle atteint un certain degré d’insupportable. Ce n’est pas l’indescriptible qui est en cause, mais la capacité émotionnelle à voir, lire, écouter des faits horribles. De nos jours, l’espace de l’indescriptible a largement diminué par le fait du cinéma (capacité à produire) et de la communication informatique (capacité à diffuser).

La psychologie entre dans cette zone difficile à décrire où les relations entre les mots et les concepts restent difficiles à cerner. Approfondir les relations entre les hommes est une ambition complexe qui frôle l’indescriptible, mais plus par manque de clarté du sujet que de son opacité réelle.

De même la science se fait fort de réduire le champ de l’indescriptible par sa capacité à investiguer à la limite du connu. Elle invente même de nouveaux langages permettant de décrire l’indescriptible, élargissant ainsi la connaissance du monde.

Mais alors de quoi parlons-nous ?

L’indescriptible est au-delà de l’image, du son, du toucher, au-delà de la description des sens. Mieux même, l’indescriptible est au-delà de la pensée. Ne plus savoir comment penser conduit obligatoirement à ne plus pouvoir décrire. L’humain peut-il mettre un pas dans cet espace qui n'en est plus un ? Et d’abord, comment décrire ce qu’on ne peut concevoir. Ce serait mettre la charrue avant les boeufs que de pouvoir le faire.

Et pour ajouter à la confusion, citons cette phrase de Miller Levy, l’artiste qui se définit comme un artiste de “variétés” en raison de la multitude des supports de ses productions (peinture, sculpture, vidéo, dessin, installation, design, photo) :

"Les choses qui n’existent pas n’existent pas pour rien."

Comprenne qui pourra !

 

16/07/2018

solitude de l'homme moderne

L'homme d'aujourd'hui se meurt hors de la société et il n'a jamais été aussi seul dans la société. L'apprentissage de la solitude  volontaire est l'apprentissage de la connaissance de soi alors que la solitude dans la société entraîne la révolte ou l'inaction. Le monde d'aujourd'hui est un monde de solitaires par obligation, aussi n'y a-t-on jamais autant vu de révoltés ou d'inactifs.

Le seul moyen de lutter contre la révolte ou l'inaction est de résister à la solitude  involontaire et de redonner place aux valeurs, c'est-à-dire le bien, le bon, le vrai, le beau, le juste.

08/07/2018

Peinture et prière

 

Un tableau est une prière que l’on fait à Dieu à travers la beauté du monde.

Quel qu’il soit, son dessein est toujours d’exprimer la beauté en utilisant toutes les possibilités d’expression. C’est la prière du simple, une prière manuelle, mais qui nécessite une attention intense du corps et de l’esprit entièrement tendus vers l’œuvre à réaliser. Le tableau achevé apporte le goût de la joie et de la paix que donne la tension vers Dieu, puis sa rencontre.

On ne peut bien peindre que sous l’emprise de l’infini, c’est-à-dire après avoir ressenti l’insuffisance du bonheur matériel ou la nécessité de l’élever à un bonheur spirituel.

 

 

24/06/2018

La perception affective

La perception affective, c’est-à-dire cette faculté à la vue d’un objet de ressentir une certaine émotion qui, en quelques instants de communion avec l’objet suffit à nous donner de la joie pour une journée, n’est pas une valeur constante et varie en fonction d’un certain nombre de rapports avec l’humeur, l’espace, le temps et en particulier ce temps qui se renouvelle périodiquement, celui d’une journée.

Le matin, à cette heure où le jour est suffisamment levé pour avoir la possibilité de percevoir chaque détail, mais où le soleil n’est pas assez haut pour donner un volume de lumière aux objets et que l’esprit libéré pendant le sommeil de l’affectivité accumulée dans la journée précédente est prêt à recevoir et à emmagasiner un nouveau courant d’affectivité, nous percevons avec une émotion plus intense, plus aiguisée par la liberté de l’esprit, le détail de chaque objet et la beauté d’un paysage. A l’état de l’air plus léger et plus libre, donnant aux formes une netteté accrue, correspond un état d’esprit semblable qui permet une perception intense dans l’émotion purifiée au maximum puisqu’elle est dégagée au maximum puisqu’elle est dégagée de tous les facteurs affectifs accumulés pendant la journée.

Quelques minutes plus tard, déjà l’esprit se remet en marche et remonte des fonds vers la surface les bulles de soucis, de préoccupations et de souvenirs qui; lui redonnant sa fonction normale, c’est-à-dire un filtre qui permet de passer de la perception sensorielle directe à la perception intellectuelle y ajoutant justement le courant qu’il a accumulé, lui retire cette faculté précaire, mais facilement éducable, de percevoir l’objet dans l’émotion directe de son contact. Et pendant la journée, au hasard des circonstances et des rencontres, d’autres bulles feront surface, créant une certaine tension entre les deux pôles du cerveau, celui de la sensation pure et celui de la sensation intellectualisée jusqu’à avoir perdu les références de la première impulsion des sens.

21/06/2018

Jogging 2

Hier, je suis parti vers 5h30 du matin. Pas besoin de me motiver, j’étais prêt et content de courir. De la gare du Nord aller jusqu’au bois de Boulogne en passant par la gare Saint Lazare, l’Etoile, la porte Maillot, 4 km dans le bois et retour par la porte Dauphine, l’Etoile. 13 km, sans aucune gêne ni fatigue.

Aujourd’hui, toujours réveillé tôt et sentant les fourmis dans les jambes qui sans cesse vagabondent, je me rééquipe. Départ relaxe vers le parc de la Villette. Cela semble aller. Décontracté, je m’installe dans mes foulées habituelles. Je sens cependant une certaine gêne due à la course de la veille. Je pars en petites foulées, 7mn30 au kilomètre. Je tente de courir décontracté, mais je sens un point dans la cuisse gauche, au-dessus du genou. Ça tire ! Au troisième kilomètre, je me dis que ce n’est pas prudent, après avoir fait hier 13 km, de recommencer le lendemain. Je marche en me massant la cuisse. Ça passe ! Allez, on repart. Pendant ce temps, les trottoirs défilent, les gens passent, les mètres se déroulent sans le dire. Me voici arrivé au quai de la Seine sur le canal de l’Ourcq, dans cette splendide évasion des immeubles et l’horizontalité de l’eau qui s’étale avec douceur très loin. C’est beau cette oasis dans la ville, cette respiration lente dans l’agitation des voitures et des passants. Ceux-ci ralentissent d’ailleurs, marchent avec plus d’aisance, comme insouciants tout d’un coup. Ils regardent l’eau qui semble immobile, là depuis toujours. Je formule un vers, encouragé par l’aspect poétique du lieu, mais ne vais pas plus loin. Allons, que fais-tu ?

Je repars, courant le long du quai, regardant l’eau de très près. Un faux pas et je tombe. Brr… Elle ne doit pas être très chaude et de plus semble assez sale. Alors, attention. Ah… Franchir le canal qui va jusqu’à Saint Denys et poursuivre sur le canal de l’Ourcq, puis courir dans l’herbe fraiche, encore pleine de rosée du parc de La Villette, quel délice ! Mais voici la panne. Les muscles se tétanisent. Ils en ont trop fait hier. Marcher, seule solution ! Que c’est bon de flemmarder, d’écouter les oiseaux, de suivre leur vol. Même le ronronnement du périphérique semble un étirement d’une langueur de l’âme, comme un rappel d’un autre univers qui reste dans le lointain et qui n’ose se montrer. Je suis dans ces instants d’une course où l’on se réfugie en soi-même, où l’on se love dans son corps et où l’on oublie les sons, les mouvements et même la vue. On court le nez au plancher, mètre après mètre, sans même savoir où l’on est. C’est une euthanasie momentanée, un évanouissement de l’être qui permet de récupérer. Fermez les écoutilles, il n’y a rien à voir !

Sept kilomètres et demi. Sur le chemin du retour… Je transpire, pas trop, car je me suis arrêté pour marcher et me décontracter. Je tombe en arrêt sur une œuvre colossale, a street painting, le balancement d’une fille noire au-dessus d’un village de case, accompagné dans son élan par un panda et un éléphant. C’est d’un genre différent du street art habituel, une note de gaité dans le ciel bleu, comme la caresse d’un ange sur le corps fatigué. On peut repartir d’un bon pied, tout va bien. J’arrive dans la descente de la rue La Fayette et me laisse glisser benoîtement jusqu’à notre petite rue qui repart en montant. Ça y est ! 9 km. Pas mal après les treize kilomètres d’hier. Mais ce n’est pas autant la forme qu’hier. Je tire la patte, un peu courbatu.

Bon, demain, se ménager ! ça tombe bien, on prend le train.

16/06/2018

Jogging

Je cours presque tous les jours depuis que j’ai trente-cinq ans, essentiellement le matin, tôt. J’aime me lever à l’heure où la plupart des gens dorment. Cela me procure une impression de liberté extraordinaire. Je suis libre et je profite de la vie. C’est une respiration quotidienne qui embaume le cœur, allège le corps et vide l’esprit. Cette heure de jogging, est l’élément déterminant d’une bonne journée, bien commencée. On part au travail relaxé, le cerveau vidé des soucis de la veille et on s’installe dans le quotidien avec une détermination sans faille.

La veille déjà, on se prépare en se réjouissant. On pense aux premières foulées dans la fraîcheur, on se demande si on a bien rechargé son i Phone  pour suivre sa course de bout en bout, on s’endort tranquillement, gommant la nuit à venir et l’on se réveille prêt à tout. Ah, tout de même, prendre un petit café avant de chausser les bottes de sept lieues et puis, profitons-en, aspergeons-nous le visage d’eau fraîche pour être vraiment réveillé.

Ça y est, je suis prêt, me dis-je avant de fermer la porte à clé et de mettre celle-ci dans la petite poche du short. Descente de l’escalier sur la pointe des pieds et la sortie. L’aube pointe ses premières lueurs. Il n’y a personne. Normal, il est cinq heures quinze. La plupart dorment à poings fermés. Ouverture de l’application NRC. Mise en route du GPS, affichage de l’application. La pastille Go s’affiche. J’appuie. C’est parti.

Les premiers cinq cent mètres constituent un échauffement, voire le premier kilomètre. Les muscles sont raides des joggings d’hier et d’avant-hier. Il faut les ménager et faire jouer toutes les cordes avant de commencer à les tendre. Les pieds se laissent peu à peu dérouler, puis les mollets et les cuisses. Descendre aussi son centre de gravité. Ne pas trop lever les genoux, c’est inutile. Peu à peu, je prends ma cadence, elle s’installe malgré moi, un, deux, un, deux… Je trouve mon souffle, calme, modéré, sans défaillance. Cette fois-ci c’est vraiment parti.

En réalité, jusqu’au premières rosées de transpiration, on n’est pas encore véritablement lancé. On se distrait comme on peut, regardant une boutique, évitant un commerçant qui monte son étale, écoutant les bébés qui pleurent d’être contraints de se lever si tôt. Je suis encore dans la phase préliminaire où la distraction empêche la concentration, où la concentration n’est pas motivée. Mais progressivement la foulée se fait plus souple, la respiration s’installe dans son rythme, si bien qu’on n’y pense plus. On se laisse simplement bercer par celui-ci, à la manière d’une compagne de course qui vous accompagne chaque jour  en prenant garde de ne pas vous opportuner.

Et maintenant je cours. Je me suis installé dans ma bulle, cette sorte de sphère invisible qui protège des distractions, qui étouffe les écarts de pensée, qui atténue les bruits et les sensations autres que la course. Je regarde le sol deux mètres devant moi, je ne vois que mes jambes et mes bras qui s’agitent en cadence sans avoir conscience de l’ensemble du corps et cet état devient reposant, apaisant, presque bienheureux. Je plonge dans la volupté anesthésiante du coureur de fond qui se laisse aller sans peine, déroulant son rythme (6’ 45’’) avec aisance. J’atteins le summum du plaisir avant de commencer à souffrir. Nous sommes au kilomètre cinq ou six et tout glisse dans l’air. Je m’évade psychologiquement et suis présent physiquement.

Mon maillot laisse percer la transpiration. Je dois m’essuyer les yeux sans cesse, éponger mon front, déplacer mon short qui m’échauffe l’entre-jambe. Je respire tout aussi calmement, sans effort, je poursuis au même rythme. C’est le moment de la course où il devient le plus élevé. Bientôt je faiblirai, il diminuera. Je le sens à la transpiration qui m’envahit, qui chatouille mon visage, là, sous les yeux, puis là-bas derrière le cou. Je m’essuie avec mon maillot, mais cela reprend aussitôt. Je lâche les grandes eaux.

Huit kilomètres. Je ressens les premiers signes de fatigue. Je me laisse distraire par les quelques passants qui vont chercher leur pain ou qui partent au travail. J’ai l’impression d’un changement de temps, moins allègre, plus pesant, presque oppressant. J’ai du mal à rester dans ma bulle, elle crève par endroit et me laisse sans soutien. Heureusement j’approche de la fin : 9,5 km. Je me rapproche de mon domicile, je reconnais l’environnement quotidien. Allez, on augmente la cadence, on se paye un petit sprint pour se prouver que l’on est en forme. Trois cent, deux cent, cent mètres. Laisse-toi courir jusqu’à l’arrêt. Je ne suis pas trop essoufflé, la cage tient encore la route. Simplement, un engourdissement progressif du reste du corps qui se relâche, encrassé, tentant d’évacuer les miasmes de la course. Faire comme si rien ne s’était passé.

10/06/2018

Dieu, qu'est-il ? (3/3)

Qui est Dieu pour moi ?

Quelle question ! Cela relève tellement de la conviction intime que l’on ne peut échanger sur ce sujet. Mais comme personne n’a de réponse à cette question, peut-être faut-il se contenter de questions qui permettront de faire progresser notre connaissance ou notre expérience de Dieu au-delà des réponses des religions quelles qu’elles soient.

C’est à l’expérience que je veux faire appel et non pas à un savoir sur Dieu. Cette expérience s’appuie sur trois constats et une conclusion (non expérimentale pour moi) :

* Dieu est transcendant. C’est le Dieu dont commence à parler la science, l’initiateur du Bigbang. On ne sait rien de lui. Est-ce un être avec une volonté qui sait ce qu’il fait ? C’est probable. Mais certains parlent de hasard ou de nécessité. Quelle nécessité de créer l’univers à partir du néant ? Même cette idée suppose la volonté de créer. De plus, le néant peut-il engendrer ? S’il le fait, c’est qu’il n’est pas néant.

* Dieu est immanent. Il vit en toutes choses. Il est l’univers en même temps qu’il est hors de l’univers. C’est pourquoi l’univers est beau et nous tire des larmes de joie. C’est aussi pourquoi chaque être est unique, homme, animal, plante, voire planète et constellation. Mais pour le voir, il faut s’éduquer par expérience personnelle, retirer ses lunettes et se laisser réjouir par la vie.

"Prendre conscience de notre être véritable, c'est réaliser le sens de notre vie en relation avec le cosmos tout entier, c'est nous identifier à la divinité qui pénètre toute vie, qui est derrière chaque pensée que nous avons, chaque forme que nous voyons, chaque fleur que nous rencontrons."

Ma Anandamayi

* Dieu est personnifiant. Il nous entraîne à chercher toujours plus en nous, à nous personnifier. Il facilite ainsi le passage d’une idée abstraite de la nature humaine (l’homme est matière et pense par hasard) à l’idée de la personne humaine tendant à devenir personne divine (l’homme est esprit avec un corps matériel). Mieux, Saint Irénée n’affirme-t-il pas que Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ? Cette personnalisation est l’œuvre de la vie d’un homme, chacun à sa manière. C’est ce que les orientaux appelle la réalisation de soi, bien que l’on ne se réalise jamais complètement, sauf peut-être (qui sait ?) au moment ultime de la mort. Mais seuls ceux qui sont de l’autre côté peuvent le savoir.

* Dieu est celui qui est, plus nous-même que nous. Enfin, certains entrent en relation avec Dieu et font l’expérience de Dieu en tant que personne. Comment ? Seuls ceux qui en ont fait l’expérience le savent et peuvent le dire.

" Lorsque l'âme est libérée du temps et de l'espace, le Père envoie son Fils dans l'âme."

Maître Eckhart

"On atteint la perfection de la connaissance lorsqu'on voit Dieu en chaque homme."

Ramakrisna

09/06/2018

Dieu, qu'est-il ? (2/3)

1. Le nom de Dieu

Alors comment donner un nom à l’ensemble de ces concepts :

* Dieu, Père, Créateur, Protecteur, etc.

* La « monade », terme employé en métaphysique, signifie étymologiquement « unité » (μονάς monas). C'est l'Unité parfaite qui est le principe absolu. C'est l'unité suprême (l'Un, Dieu, le Principe des nombres), mais ce peut être aussi, à l'autre bout, l'unité minimale, l'élément spirituel minimal. Plus subtilement, la notion de monade évoque un jeu de miroirs entre l'Un, la Monade comme unité maximale, et les monades, les éléments des choses ou les choses en tant qu'unités minimales, reflets, de l'Un ; une chose une est comme un microcosme, un reflet, un point de vue de l'Unité ; une âme dit partiellement ce qu'est l'Âme, celle du monde, ou l'Esprit.

* Le logos, au sens de Héraclite « le Un unifiant le Tout », synthèse entre la pensée et l’être (chez Platon, les stoïciens, Hegel, etc.). On peut l'appeler raison divine, sort, raison organisatrice, explicatrice de l'univers. C'est le logos, terme que Pythagore, Platon et les premiers philosophes chinois ont également employé pour exprimer la manifestation de l'être ou de la raison suprême (Maine de Biran, Journal, 1823, p. 381)

* Je suis à Dieu dit à Moïse : « Je suis celui qui suis ». Et il ajouta : C'est ainsi que tu répondras aux enfants d'Israël: Celui qui s'appelle "je suis" m'a envoyé vers vous. (Exode 3).

                                                               

2. La connaissance de Dieu

 * Par la raison : Le dieu des philosophes ;

* Par le cœur : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce qu’est la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison. » (Pascal, pensées, 278 Br).

* Par une expérience sensible, personnelle ou publique : les miracles

* Par une expérience mystique : l’amour divin

 

3. La preuve de l’existence de Dieu

Nombre d’arguments ont cherché à fonder rationnellement la croyance en l’existence de Dieu. On parle alors de « preuve de l’existence de Dieu », quoiqu’il en soit de leur réussite à appuyer cette croyance. Ces preuves peuvent passer par la déduction ou par les présentations de faits. Depuis Kant, on distingue habituellement :

* Des preuves ontologiques,

* Des preuves cosmologiques,

* Des preuves téléologiques.

La preuve ontologique part du concept de Dieu. L’analyse du concept de Dieu suffirait à prouver son existence, car il est dans la nature même de Dieu d’exister. Anselme a donné un argument célèbre de ce type en s’appuyant sur l’idée de grandeur (Proslogion, chapitre II). Descartes fait de même en utilisant l’idée de perfection (Méditation V). Depuis Kant, on considère généralement ce type d’argument comme fautif (CRP, AKIII 4016). Frege propose également une critique de l’argument dans les Fondements de l’arithmétique.

La preuve cosmologique part de l’existence du monde. Le monde existe, il lui faut donc une cause. On remonte ainsi à un Dieu comme cause première. La preuve téléologique voit une finalité dans la nature. Le monde porterait la trace d’un dessein qui doit être attribué à un être intelligent et personnel, et on remonte ainsi à un Dieu.

La preuve téléologique (ou physique) : La nature doit avoir ses fins comme l'humanité a les siennes, et cette double idée d'une finalité en nous comme hors de nous conduisit la pensée à la notion d'un Dieu, toute sagesse et toute justice, qui en serait l'auteur.

08/06/2018

Dieu, qu'est-il ? (1/3)

Que signifie le mot « dieu » ?

 Le mot « dieu » vient du latin deus, lui-même issu de la racine indo-européenne dei- « briller » qui, élargie en deiwo- et 'en dyew-, sert à désigner le ciel lumineux en tant que divinité ainsi que les êtres célestes par opposition aux êtres terrestres, les hommes. Étroitement liée à cette notion de lumière, c'est la plus ancienne dénomination indo-européenne de la divinité qui se retrouve dans le nom du dieu grec Zeus dont le génitif est Dios.

Avec majuscule, la notion de Dieu s’insère dans le cadre des religions monothéistes. Dieu est un être transcendant, unique, à qui on attribue d’avoir créé l’univers. Son essence est obtenue en maximisant tous les attributs positifs. Dieu est omnipotent (il peut tout), omniscient (il connaît tout), éternel (il n'a ni début ni fin), suprêmement bon. On le dit également parfait et infini. Un tel Dieu est souvent dépouillé de ses attributs anthropomorphiques.

A côté de ce Dieu unique, on distingue l’existence des dieux, êtres supérieurs, plus puissants que l’homme et doté de pouvoirs surnaturels. On peut également distinguer également des dieux :

  • Créateurs du monde / non créateurs
  • personnels / impersonnels
  • matériels / immatériels
  • intervenant dans les affaires humaines / ou non

 

De quel Dieu parle-t-on ?

* D’un Dieu unique, défini par des textes révérés, gelé dans une théologie quelque peu emprisonnante. Ainsi parle-t-on de Yahvé, du Père, d’Allah.

* D’un Dieu moins défini, non personnalisé, plus intérieur peut-être, comme les religions orientales le décrivent : bouddhisme, hindouisme, taoïsme, confucianisme. Ce sont tout à la fois des religions, des philosophies, des morales

* Des dieux multiples de la Grèce antique ou de religions indouistes : s’y rattache le vitalisme tradition philosophique pour laquelle le vivant n'est pas réductible aux lois physico-chimiques. Elle envisage la vie comme de la matière animée d'un principe ou force vitale, qui s'ajouterait pour les êtres vivants aux lois de la matière. Selon cette conception, c'est cette force qui insufflerait la vie à la matière. Selon André Lalande, le vitalisme est une « doctrine d'après laquelle il existe en chaque être vivant un "principe vital", distinct à la fois de l'âme pensante et des propriétés physico-chimiques du corps, gouvernant les phénomènes de la vie ». Le vitalisme est donc le mouvement philosophique qui tend à poser un concept immanent dont le fondement est la conciliation du matérialisme avec l'idéalisme ; tous deux pris dans leur vision grossière: le primat de la matière ou le primat de l'esprit sur le sens des choses.

* Des esprits : L’animisme, (du latin animus, originairement « esprit », puis « âme ») est la croyance en un esprit, une force vitale, qui anime les êtres vivants, les objets mais aussi les éléments naturels, comme les pierres ou le vent, ainsi qu'en des génies protecteurs. Ces âmes ou ces esprits mystiques, manifestations de défunts ou de divinités animales, peuvent agir sur le monde tangible, de manière bénéfique ou non. Il convient donc de leur vouer un culte. Ainsi défini, comme « croyance à l'âme et à une vie future et, corrélativement, croyance à des divinités directrices et des esprits subordonnés », l'animisme peut caractériser des sociétés extrêmement diverses, situées sur tous les continents.

* D’un Dieu concept, sans prise sur le réel, créateur d’un monde cartésien, tel celui du siècle des lumières et de la révolution française, opposant au Dieu d’une société figée la liberté par le rationalisme, allant du déisme de Voltaire et de Rousseau à l’athéisme de Diderot et d’Helvétius. L’homme devient le seul Dieu.

* D’un Dieu inconnu, le logos ou la monade indescriptible, indéfinissable parce que dépassant la pensée humaine, et qui est immanent et transcendant.

* De l’inconnaissance : l’inexprimable, qui laisse entrevoir à certains moments la porte d’une autre existence, l’indescriptible, qui ne peut être connu, l’inconnaissable, qu’on ne peut connaître conceptuellement, mais bien réelle et expérimentale par la révélation d’une expérience intérieure. On peut l’appeler le divin, sphère enveloppant le Tout et lui donnant existence et sens, ou encore, la déité, comme le dénomme maître Eckhart.

Alors comment l'appréhender, le connaître et entrer dans son intimité ou plutôt, comment faire en sorte qu'il accueille notre intimité ? Nous en parlerons la prochaine fois.

07/06/2018

Grandeur et fragilité de l'homme

Ce n’est que lorsque l’homme a pris conscience de sa vulnérabilité qu’il peut concevoir la fragilité des autres et ressentir de l’amour pour eux. Ayant découvert l’universelle fragilité du monde intérieur, il prend conscience de son appartenance à l’humanité et reconnaît  en autrui un autre soi-même. Vulnérable comme lui à la dégradation, à l’inaction, au temps qui coule et se disperse, l’autre devient un égal, un proche à aimer. On n’aime que les gens dont on a pu mettre à jour la fragilité. L'homme qui nous semble invulnérable est craint, peut-être idolâtré, mais n’est pas l’objet d’un amour humain.

C’est à travers cette fragilité maladive de l’homme que se conçoit sa grandeur et si sa fragilité n’est qu’une menace, sa grandeur n’est qu’une promesse qui reste à réaliser. L’amour est la force intérieure qui nous aide à tendre vers ce but.