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10/06/2018

Dieu, qu'est-il ? (3/3)

Qui est Dieu pour moi ?

Quelle question ! Cela relève tellement de la conviction intime que l’on ne peut échanger sur ce sujet. Mais comme personne n’a de réponse à cette question, peut-être faut-il se contenter de questions qui permettront de faire progresser notre connaissance ou notre expérience de Dieu au-delà des réponses des religions quelles qu’elles soient.

C’est à l’expérience que je veux faire appel et non pas à un savoir sur Dieu. Cette expérience s’appuie sur trois constats et une conclusion (non expérimentale pour moi) :

* Dieu est transcendant. C’est le Dieu dont commence à parler la science, l’initiateur du Bigbang. On ne sait rien de lui. Est-ce un être avec une volonté qui sait ce qu’il fait ? C’est probable. Mais certains parlent de hasard ou de nécessité. Quelle nécessité de créer l’univers à partir du néant ? Même cette idée suppose la volonté de créer. De plus, le néant peut-il engendrer ? S’il le fait, c’est qu’il n’est pas néant.

* Dieu est immanent. Il vit en toutes choses. Il est l’univers en même temps qu’il est hors de l’univers. C’est pourquoi l’univers est beau et nous tire des larmes de joie. C’est aussi pourquoi chaque être est unique, homme, animal, plante, voire planète et constellation. Mais pour le voir, il faut s’éduquer par expérience personnelle, retirer ses lunettes et se laisser réjouir par la vie.

"Prendre conscience de notre être véritable, c'est réaliser le sens de notre vie en relation avec le cosmos tout entier, c'est nous identifier à la divinité qui pénètre toute vie, qui est derrière chaque pensée que nous avons, chaque forme que nous voyons, chaque fleur que nous rencontrons."

Ma Anandamayi

* Dieu est personnifiant. Il nous entraîne à chercher toujours plus en nous, à nous personnifier. Il facilite ainsi le passage d’une idée abstraite de la nature humaine (l’homme est matière et pense par hasard) à l’idée de la personne humaine tendant à devenir personne divine (l’homme est esprit avec un corps matériel). Mieux, Saint Irénée n’affirme-t-il pas que Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ? Cette personnalisation est l’œuvre de la vie d’un homme, chacun à sa manière. C’est ce que les orientaux appelle la réalisation de soi, bien que l’on ne se réalise jamais complètement, sauf peut-être (qui sait ?) au moment ultime de la mort. Mais seuls ceux qui sont de l’autre côté peuvent le savoir.

* Dieu est celui qui est, plus nous-même que nous. Enfin, certains entrent en relation avec Dieu et font l’expérience de Dieu en tant que personne. Comment ? Seuls ceux qui en ont fait l’expérience le savent et peuvent le dire.

" Lorsque l'âme est libérée du temps et de l'espace, le Père envoie son Fils dans l'âme."

Maître Eckhart

"On atteint la perfection de la connaissance lorsqu'on voit Dieu en chaque homme."

Ramakrisna

09/06/2018

Dieu, qu'est-il ? (2/3)

1. Le nom de Dieu

Alors comment donner un nom à l’ensemble de ces concepts :

* Dieu, Père, Créateur, Protecteur, etc.

* La « monade », terme employé en métaphysique, signifie étymologiquement « unité » (μονάς monas). C'est l'Unité parfaite qui est le principe absolu. C'est l'unité suprême (l'Un, Dieu, le Principe des nombres), mais ce peut être aussi, à l'autre bout, l'unité minimale, l'élément spirituel minimal. Plus subtilement, la notion de monade évoque un jeu de miroirs entre l'Un, la Monade comme unité maximale, et les monades, les éléments des choses ou les choses en tant qu'unités minimales, reflets, de l'Un ; une chose une est comme un microcosme, un reflet, un point de vue de l'Unité ; une âme dit partiellement ce qu'est l'Âme, celle du monde, ou l'Esprit.

* Le logos, au sens de Héraclite « le Un unifiant le Tout », synthèse entre la pensée et l’être (chez Platon, les stoïciens, Hegel, etc.). On peut l'appeler raison divine, sort, raison organisatrice, explicatrice de l'univers. C'est le logos, terme que Pythagore, Platon et les premiers philosophes chinois ont également employé pour exprimer la manifestation de l'être ou de la raison suprême (Maine de Biran, Journal, 1823, p. 381)

* Je suis à Dieu dit à Moïse : « Je suis celui qui suis ». Et il ajouta : C'est ainsi que tu répondras aux enfants d'Israël: Celui qui s'appelle "je suis" m'a envoyé vers vous. (Exode 3).

                                                               

2. La connaissance de Dieu

 * Par la raison : Le dieu des philosophes ;

* Par le cœur : « C’est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce qu’est la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison. » (Pascal, pensées, 278 Br).

* Par une expérience sensible, personnelle ou publique : les miracles

* Par une expérience mystique : l’amour divin

 

3. La preuve de l’existence de Dieu

Nombre d’arguments ont cherché à fonder rationnellement la croyance en l’existence de Dieu. On parle alors de « preuve de l’existence de Dieu », quoiqu’il en soit de leur réussite à appuyer cette croyance. Ces preuves peuvent passer par la déduction ou par les présentations de faits. Depuis Kant, on distingue habituellement :

* Des preuves ontologiques,

* Des preuves cosmologiques,

* Des preuves téléologiques.

La preuve ontologique part du concept de Dieu. L’analyse du concept de Dieu suffirait à prouver son existence, car il est dans la nature même de Dieu d’exister. Anselme a donné un argument célèbre de ce type en s’appuyant sur l’idée de grandeur (Proslogion, chapitre II). Descartes fait de même en utilisant l’idée de perfection (Méditation V). Depuis Kant, on considère généralement ce type d’argument comme fautif (CRP, AKIII 4016). Frege propose également une critique de l’argument dans les Fondements de l’arithmétique.

La preuve cosmologique part de l’existence du monde. Le monde existe, il lui faut donc une cause. On remonte ainsi à un Dieu comme cause première. La preuve téléologique voit une finalité dans la nature. Le monde porterait la trace d’un dessein qui doit être attribué à un être intelligent et personnel, et on remonte ainsi à un Dieu.

La preuve téléologique (ou physique) : La nature doit avoir ses fins comme l'humanité a les siennes, et cette double idée d'une finalité en nous comme hors de nous conduisit la pensée à la notion d'un Dieu, toute sagesse et toute justice, qui en serait l'auteur.

08/06/2018

Dieu, qu'est-il ? (1/3)

Que signifie le mot « dieu » ?

 Le mot « dieu » vient du latin deus, lui-même issu de la racine indo-européenne dei- « briller » qui, élargie en deiwo- et 'en dyew-, sert à désigner le ciel lumineux en tant que divinité ainsi que les êtres célestes par opposition aux êtres terrestres, les hommes. Étroitement liée à cette notion de lumière, c'est la plus ancienne dénomination indo-européenne de la divinité qui se retrouve dans le nom du dieu grec Zeus dont le génitif est Dios.

Avec majuscule, la notion de Dieu s’insère dans le cadre des religions monothéistes. Dieu est un être transcendant, unique, à qui on attribue d’avoir créé l’univers. Son essence est obtenue en maximisant tous les attributs positifs. Dieu est omnipotent (il peut tout), omniscient (il connaît tout), éternel (il n'a ni début ni fin), suprêmement bon. On le dit également parfait et infini. Un tel Dieu est souvent dépouillé de ses attributs anthropomorphiques.

A côté de ce Dieu unique, on distingue l’existence des dieux, êtres supérieurs, plus puissants que l’homme et doté de pouvoirs surnaturels. On peut également distinguer également des dieux :

  • Créateurs du monde / non créateurs
  • personnels / impersonnels
  • matériels / immatériels
  • intervenant dans les affaires humaines / ou non

 

De quel Dieu parle-t-on ?

* D’un Dieu unique, défini par des textes révérés, gelé dans une théologie quelque peu emprisonnante. Ainsi parle-t-on de Yahvé, du Père, d’Allah.

* D’un Dieu moins défini, non personnalisé, plus intérieur peut-être, comme les religions orientales le décrivent : bouddhisme, hindouisme, taoïsme, confucianisme. Ce sont tout à la fois des religions, des philosophies, des morales

* Des dieux multiples de la Grèce antique ou de religions indouistes : s’y rattache le vitalisme tradition philosophique pour laquelle le vivant n'est pas réductible aux lois physico-chimiques. Elle envisage la vie comme de la matière animée d'un principe ou force vitale, qui s'ajouterait pour les êtres vivants aux lois de la matière. Selon cette conception, c'est cette force qui insufflerait la vie à la matière. Selon André Lalande, le vitalisme est une « doctrine d'après laquelle il existe en chaque être vivant un "principe vital", distinct à la fois de l'âme pensante et des propriétés physico-chimiques du corps, gouvernant les phénomènes de la vie ». Le vitalisme est donc le mouvement philosophique qui tend à poser un concept immanent dont le fondement est la conciliation du matérialisme avec l'idéalisme ; tous deux pris dans leur vision grossière: le primat de la matière ou le primat de l'esprit sur le sens des choses.

* Des esprits : L’animisme, (du latin animus, originairement « esprit », puis « âme ») est la croyance en un esprit, une force vitale, qui anime les êtres vivants, les objets mais aussi les éléments naturels, comme les pierres ou le vent, ainsi qu'en des génies protecteurs. Ces âmes ou ces esprits mystiques, manifestations de défunts ou de divinités animales, peuvent agir sur le monde tangible, de manière bénéfique ou non. Il convient donc de leur vouer un culte. Ainsi défini, comme « croyance à l'âme et à une vie future et, corrélativement, croyance à des divinités directrices et des esprits subordonnés », l'animisme peut caractériser des sociétés extrêmement diverses, situées sur tous les continents.

* D’un Dieu concept, sans prise sur le réel, créateur d’un monde cartésien, tel celui du siècle des lumières et de la révolution française, opposant au Dieu d’une société figée la liberté par le rationalisme, allant du déisme de Voltaire et de Rousseau à l’athéisme de Diderot et d’Helvétius. L’homme devient le seul Dieu.

* D’un Dieu inconnu, le logos ou la monade indescriptible, indéfinissable parce que dépassant la pensée humaine, et qui est immanent et transcendant.

* De l’inconnaissance : l’inexprimable, qui laisse entrevoir à certains moments la porte d’une autre existence, l’indescriptible, qui ne peut être connu, l’inconnaissable, qu’on ne peut connaître conceptuellement, mais bien réelle et expérimentale par la révélation d’une expérience intérieure. On peut l’appeler le divin, sphère enveloppant le Tout et lui donnant existence et sens, ou encore, la déité, comme le dénomme maître Eckhart.

Alors comment l'appréhender, le connaître et entrer dans son intimité ou plutôt, comment faire en sorte qu'il accueille notre intimité ? Nous en parlerons la prochaine fois.