13/05/2020
nudité de l'âme
Soupir silencieux de l’être :
Craquelure de l’apparence
Chute du personnage
Derrière : l’apesanteur
L’aspiration, la dissolution
Tu es l’alpha de l’être
L’appel du bonheur
L’oubli des pauvretés
J’aspire à m’éveiller
Et m’endors, lové
Au creux de mes insuffisances
Tu es l’oméga du désir
Lieu de nos éternités rêvées
Quand, épuisés par nous-mêmes
Nous recueillons le vide
Au fond de nos mains ouvertes
J’aspire à la nudité de l’âme
© Loup Francart
07:23 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie intérieure, âme, personnage | Imprimer
05/03/2019
Reveil au coeur de la nuit
Comme chaque nuit, je me levai environ trois heures après m’être une première fois endormi. J’ai pris cette habitude il y a déjà un certain nombre d’années. J’ai enfilé ma robe de chambre, une anglaise, ai bouclé le cordon orné de deux pompons et ai pris le petit escalier qui descend à la cuisine. Doucement, ne pas claquer la porte, rester la seule âme vivante dans la maison endormie. Cette descente me dégage des miasmes du premier sommeil. J’allume, prépare le café, mets en route la cafetière et progressivement prends de la distance. Je me regarde agir à un mètre de moi-même, au fond de mon être devenu limpide, tandis que mon personnage s’agite, agit de lui-même, dans l’habitude et l’inconscience. Dédoublé, oui, je suis dédoublé. Mais où suis-je ? Dans l’homme qui se meut sans conscience ou dans l’être qui regarde en pleine conscience ? Cela n’est pas apparu d’un coup. C’est une sorte de passage tranquille, imprévisible, comme un réveil d’une longue torpeur ou comme l’impression de me trouver derrière une glace soudain devenue propre, vierge de toute trace de vie et de regarder l’autre remuer et se démener, dans sa cage.L’âme sereine, je me regarde, quasi immobile, transparent tel une ombre indépendante. Marche, avance dans la pièce, laisse glisser sous toi le carrelage, la table, les chaises. Tu passes au travers, tu les regardes sans les voir, sans pouvoir les toucher, tu erres dans ta cuisine sans même savoir qu’elle est là. Tu regardes ton corps toucher les objets, trouver son chemin, mais tu ne sais où tu vas, ce que tu fais. Tu es dans le brouillard d’un monde parallèle et tu te détaches. Tu glisses sur le fer glacé de la réalité, tu sens la lame de ta vie qui caresse ton corps et tu vas, léger, inexistant, tu ne sais où.
Cela dure. Tu n’es plus et tu es là. Tu ne penses plus et tu vis. Tu flottes dans ton espace trop grand pour toi. Tu te tiens derrière cette bulle devenue indépendante. Tu respires la grandeur de l’univers hors de toute humanité, déjà enfoui dans le liquide amniotique de l’intemporalité et de l’infini. Cela te va bien. Tu te sens chez toi et tu contemples à travers la vitre celui qui est toi, mais déjà un autre toi-même. L’espace entre toi et Toi grandit. C’est une fente qui t’écartèle. Où te situes-tu ?
Tu respires le gaz hilarant de ta déconnexion, tâtes du doigt et du corps cet espace inconsidéré et te laisses flotter sans pensée ni volonté, fier d’une humanité et d’une divinité retrouvées.
07:26 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : moi, soi, lui, personne, personnage, humanité | Imprimer