Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/04/2014

Surréalisme 1

Délirant, mais imaginatif !

L’échappée au galop des chevaux passant dans le bassin…

Le cerveau à nu…

 


 

 

 

 L’arbre entortillé poussant dans la maison…

On se laisse endormir les neurones jusqu’à trouver naturel l’ombre trouée du dalmatien…

On contemple la version surréaliste du passe muraille de Marcel Aimé qui peut aussi être un bas-relief se libérant… Et l’on sent une bouffée de chaleur qui envahit le corps et lui fait prendre la consistance de l’éther…

Les femmes rêvent de ce mari si passif qu’elle pourrait même le retourner en changeant de côté… Il faudrait cependant qu’il enlève son casque avant de s’installer dans son lit…

C’est un conte de fée sans parole qui vous laisse sans pensée.

12/04/2014

Bertrand Flachot, photographe et dessinateur

Bertrand Flachot ne se contente pas de prendre de bonnes photos, il les "enrêve" de barbe à papa et les transforme en paysage magnifique et évocateur qui prolonge la réalité au-delà de l’espace stricte de la photo elle-même.

 

PhotoArborescence2.jpgPhotoArborescence8.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Oui, ce sont bien des photos, soignées et enjolivées de traits brouillons et sans forme qui leur donnent un air d’irréel plein de charme.

  

 

Il élabore ainsi des séries : arborescences, sédiments, diffractions, involutions, qu’il compose avec patience, acharnement, jusque dans la galerie en débordant sur les murs. Il a dû, enfant, être le champion du gribouillage, et cela lui a réussi, car c’est un artiste et non un communicateur qui cherche à en mettre plein la vue.

 

 

  

Voici ces cahiers de dessin : des cartes du temps et de l’espace, trace de l’homme dans l’éternité. Oui, c’est beau de simplicité et d’innocence.

 

 

 

  

La montagne vient à lui, s’insère dans la maison, se fond entre les murs, imprégnant l’atmosphère de paysages obsédants et de neurones qui pénètrent la conscience. Est-ce une photo, un dessin, un rêve, une réalité flou. On ne sait et peu importe. Ce qui compte, c’est l’impression que le sujet procure à celui qui le regarde.

Même l’humain est sujet d’étonnement frisotté d’un romantisme délicat :

Allez voir cet artiste étonnant à la Galerie Felli, 127 rue Vieille du Temple 75003 Paris. Vous ne perdrez pas votre temps et en découvrirez un autre !

11/04/2014

Musée de la sculpture en plein air, le long de la Seine (1)

 En passant à hauteur du Jardin des Plantes, le long de la Seine, je vis de nombreuses sculptures entre rue et eau, dressant fièrement leurs pleins sur un ciel mitigé. « Jardin Tino Rossi » nous dit une pancarte à l’entrée.

 Conçu par l'architecte Daniel Badani, il a été inauguré en 1980 à l'initiative de la Ville de Paris. Une trentaine de sculptures contemporaines sont ainsi librement offertes à l'admiration du public, nuit et jour (il vaut mieux y aller le jour).

Mais ce jardin a d’autres destinations. J’y ai également vu et entendu des musiciens, guitaristes, accordéonistes et même des gens qui dansaient sur les bords du fleuve dans cette demi-coupe offerte aux vagues des bateaux mouches.

 1-P3050052.JPG

  

  

Un champignon découpé, au cœur mis à nu, qui recèle sa nostalgie au pied de la faculté. C’est une sculpture d’Aglae Liberaki en pierre de lavaux à grain.

 

 

 

 

 

 

Autre curiosité, cet éléphant à deux trompes, inquiet, en tentative de séduction. Est-ce beau? Je ne sais. On dirait un vieil arrosoir délaissé au bord d’une marche. « Hydrorrhage » (peut-être, mais pourquoi un h de plus), de Jean-Robert Ipousteguy 1975.

 

 

 

 

Et là des grottes à ciel ouvert, cavernes fabuleuses pour fourmis en mal de lumière. Peut-être le pays des Dogons ? Réalisé par Etienne Martin 1958.

 

 

 

 

« La grande fenêtre » d’Augustin Cardenas, 1974. Cherche-t-elle à enjamber la Seine ou contemple-t-elle, disloquée, les navires qui passent, lents et poussifs, sur l’eau morte.

 

04/04/2014

Jean Feugereux, dit Jean de Beauce

Qui connaît jean Feugereux ? Peu de gens. Moi non plus. J’ai retrouvé dans ma bibliothèque un petit livre appelé J. Feugereux aux éditions Alphonse-Marré, acheté dans une brocante un jour de promenade.

Ce fut l’éblouissement. Ce peintre possédait une maîtrise extraordinaire de la couleur. Il peignait la Beauce, mais une Beauce qu’on ne voit pas, qu’on ne devine même pas, environnée d’or et de feu. Une Beauce pesante de sa terre, mais transfigurée par le regard du peintre :

Alors j’ai cherché à faire sa connaissance. Je n’ai malheureusement trouvé  que des descriptions de sa vie et des événements qui l’ont accompagné. Rien pratiquement sur sa peinture, sur son art. Pourquoi peignait-il les paysages de Beauce ainsi ? D’où lui venait cette vision enflammée des soirs d’été.

On entend la musique en regardant ses tableaux, une musique éclatante et discrète, faite de chatoiement, une symphonie de Beethoven, un hymne à la joie. Quelle merveille de luminosité, de mariage des couleurs, de gestes des épis ployés par le vent, de contraste léger entre l’immédiat et le durable du fond.

On a envie de plonger dans ces paysages, de se laisser engloutir dans ces couleurs pour ne plus penser et n’avoir que la sensation du soleil, du vent, de l’espace et de la terre.

Là une véritable évasion dans un ciel qui n’existe pas réellement, mais qui ouvre le regard et lui donne une dimension sinueuse, un glissement dans une espace vierge et plein.

Oui, jean Feugereux était un véritable artiste. Fils de paysan, mais dont la famille maternelle était musicienne, il n’a pratiquement jamais quitté la Beauce, sauf pour la Bretagne, dans laquelle il retrouvait la même luminosité.

« Pour peindre la Beauce, il ne suffit pas d’être un artiste confirmé, il faut encore, et surtout être un visionnaire, capable de percevoir, au-delà du visible, ou tout au moins, de suggérer, au-delà de l’horizon lointain, l’infini dans lequel se confondent le ciel et la terre et où commence le mystère de l’infini. » (René Gobillot, dans J.Feugreux, Editions Alphonse-Marré, 1985)

09/03/2014

Dominique Christian, un peintre français de tradition chinoise

Il y a quelques jours, rentrant d’un vernissage près des grands boulevards, nous sommes passés rue de Trévise. Nous parlions de peinture et passions devant une boutique encore éclairée (il était neuf heures du soir). Je remarquais un vieil homme consultant une tablette et entouré de nombreux tableaux de style oriental. Il était occupé, concentré sur l’écran, sans attention à ce qui se passait autour. Une jeune femme sortit d’une porte latérale, belle, orientale elle aussi, vêtue d’une sorte de kimono, vivante comme un poisson émergeant de l’eau. Elle nous fit un grand sourire et indiqua notre présence au vieil homme. Celui-ci nous fit aussitôt signe d’entrer et se leva pour nous ouvrir. La jeune femme fut la première à la porte et s’effaça d’un sourire discret, tenant le battant pour nous laisser pénétrer. L’homme se contenta de dire : "Regardez… Vous ne trouverez pas à Paris d’autres peintres qui pratique ce style de peinture."

Etudiant, j’ai eu comme professeur Louis Marin, un grand spécialiste de l’art et de Nicolas Poussin en particulier. Grâce à lui je compris les cascades d’émotion qui envahissent ces œuvres classiques. Dans ces paysages à l’antique s’affichent des humains en proie aux passions, rapts, meurtres, orgies… C’est près de cinquante ans plus tard, après avoir appris la maîtrise des paysages chinois, que j’ai décidé de suivre le même chemin, c’est-à-dire l’envie de confronter la sérénité d’une nature au rythme mesuré avec les excès passionnels des êtres vivants.

 

Il est également philosophe, écrivain, manager et coach. Il explique : « Le paysage chinois présente la rencontre entre l'encre et le trait, entre l'ordre et le désordre. Il résonne de façon étonnante avec un des derniers textes de Platon, fondateur de la philosophie européenne qui, au quatrième siècle avant JC, décrivait comment le défini, "l'être", provient de l'illimité, le "non être". »

 

 


 

 

 

 

Parmi les techniques utilisées (frottage, estampage, tampons...), la plus spécifique est la peinture au doigt seul ; Originaire du Liaoning, elle donne à l'encre une liberté rare. D. Christian est sans doute le seul peintre occidental à maîtriser cette technique.

 

 

 

 

 

 

 

Qu’est-il cet homme qui pense et peint dans Paris comme s’il se trouvait dans les montagnes de Chine ? Il est beau de pensées limpides que son regard voit au-delà de nous. La jeune chinoise l'observe. Ils se connaissent bien. Qu’est-elle pour lui ? Elle rit de tous ces yeux qui réfléchissent son désir d’apprendre.

 

 

 

Il a une bizarrerie. Dans ses tableaux peints à la chinoise, il insère des images de peintres occidentaux. C’est curieux, irréel, inqualifiable.

 

Et il ajoute : Comme un récit, le monde se déploie à partir de l'énergie que procure une tension forte, un potentiel. Récit, peinture, musique ou érotisme tout est affaire de tension et de détente, de mesure et de démesure. Peindre le vivant c'est aussi peindre la mort, la disparition, l'absence. 

Il expose principalement  en Chine :
2012 exposition à LIJIAN (Yunnan)
2013 exposition à TIELING (Liaoning)
2013 exposition à XI'An (Shaanxi)
2013 à YAN'AN (Shaanxi)
2014 exposition à DALI (Yunnan)
2014 exposition à SHIDAO (Shandong)
2014 exposition à PEKIN

Un voyage en Chine d’une heure qui nous parut trois jours. Quel dépaysement !

23/02/2014

Edouard Pignon : Les plongeurs

"Au début, on ne voit rien. On voit un ensemble de choses, mais on ne voit rien, ou plutôt, on voit comme tout le monde. Ce qu'il faut, c'est une longue observation méditative, crayon en main. Et au bout d'un certain temps on s'aperçoit que les choses commencent à avoir une autre vérité. La réalité apparaît beaucoup plus vraie. Cela demande beaucoup de temps"

Quelle idée de peindre des plongeurs. Mais lorsqu’il peint, il devient plongeur, il se fond dans la vague et l’eau, se noie dans l’élément liquide et se laisse entraîner au gré des courants. Quel exercice : peindre des séries de plongeurs et de plongeons, entremêlement de formes, de volutes et de couleurs.

Soleil et mer, couché sur la plage, je suis également la lente modulation de chaque vague lorsqu’elle se retourne pour mourir sur le sable. Et ce brassage informe, cette épuisante lutte de la vague contre la terre se noie dans l’azur et le soleil.

Les plongeurs bleus (1966) :

Il se glisse dans la fraicheur terrifiante des profondeurs sous-marines. Ce plongeon en apnée le dissout. L’air devient l’eau, le liquide devient bulle. Les formes se fragmentent au gré des mouvements et lancent des éclairs blancs. Pourquoi ce sang qui se glisse dans la chair et sacrifie à ce baptême mouvementé ?

Les plongeurs rouges (1965) :

Un plongeon c’est la disparition progressive et subite du corps dans l’origine informe. Ne subsistent plus que les fuseaux et les pieds qui battent l’essence même de la vie. Mais cela peut aussi être un mouvement inversé : le corps est né, il sort de sa substance, il émerge de l’eau pour prendre pied dans l’air, puis bientôt la terre.

Les plongeurs (1960) :

Ici c’est l’étude de l’impact entre l’air et l’eau. Un instant magique où la différenciation se ressent sans analyse. Entrée dans l’inconnu des corps gorgés de soleil. Seul compte cette seconde où les doigts touchent la surface vierge et y imprime la rencontre entre les deux éléments.

Une multitude d’attitudes, de couleurs, d’impact, de dissolution. Ce n’est pas une représentation visuelle du plongeon, mais la sensation même de l’entrée dans l’eau ou du séjour dans une substance autre. La courbe des vagues suit la courbure des muscles. C’est un véritable corps à corps dans lequel pénètrent l’œil, puis la chair, puis l’esprit.

La toile me débarrasse de moi-même et me fait entrer dans la sérénité bienheureuse de l’immortalité.

 

Né dans le Pas-de Calais, à Bully les Mines, en 1905, Marles les Mines fut le pays d'enfance du peintre figuratif Edouard Pignon. Edouard Pignon était une figure singulière. Roux, il se trouvait laid. Mineur, il refusait de répondre en patois. Il voulait être écrivain et devint peintre. Peintre figuratif, il résista à la montée de l'abstraction. Homme du Nord, sa peinture a la lumière et la violence des couleurs du Midi où il vécut et fut ami de Picasso. Il est mort en 1993. (http://proussel.voila.net/pignon/pignon.htm)

13/02/2014

Exposition Art Déco, au Trocadéro

Une exposition qui a du succès, à tel point qu’on a du mal à admirer tout ce qui est proposé. Une multitude de gens s’y pressent : vieilles dames en mal de souvenirs, vieux messieurs très dignes sur leur canne, conférencières papotant telles des reines autour de leurs abeilles, jeunes filles au moins par deux, etc.

Il est vrai que l’expo développe tous les aspects d’une révolution culturelle à l’égal ou même supérieure à l’art nouveau, son prédécesseur chronologique. L’art déco est même, pour certains, une réaction à l’art nouveau. Ce dernier s’inspire principalement de la nature et de la courbe. Pas d’angles droits, mais des courbes végétales inspirées des fleurs, arbres, animaux. La courbe satisfait l’œil, enrobe ses perceptions, enjolive la réalité. C’est le « style nouille » qui en fait méritait mieux que ce surnom pamphlétaire. L’art déco lui succède à la fin de la première guerre mondiale. Il reprend certaines de ses caractéristiques : mouvement international, style nouveau qui s’étend à tous les domaines : art, architecture, décoration. Mais il redécouvre l’angle droit, la symétrie, un ordre plus classique. Il garde cependant un dessin et des volumes proches de l’art nouveau. Mais il utilise des matériaux nouveaux et s’étend non seulement à l’architecture privée ou publique, mais aussi aux usines, gares, métro, etc. Bref, ce mouvement révolutionna l’entre-deux guerres et nous voyons encore de nombreux monuments qui datent de cette époque.

 Quand j’étais enfant, nous avions dans notre chambre un cosy art déco. Nous n’en avions pas un grand respect. C’est dommage. Il représentait une époque particulière : l’entrée du modernisme dans la vie quotidienne à l’échelle mondiale : le même style à Fougères et Mexico. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce fut une véritable déferlante d’art déco : bâtiments, jardins, sculptures, décoration, dont voici quelques exemples :

 

 

La force et l’intelligence, maquette du monument à la défense du canal de Suez (1930)

 

 

 

 

 

 

 

La petite fille aux tortues, de Renée Letourneur, dans les jardins d’Albert Laprade combinant architecture, sculpture, végétation, fontaines.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des immeubles tels que nous les connaissons maintenant, sous forme de cubes accumulés et de baies vitrées.

 

 

 

 art déco,architecture,art nouveau,mode,peinture,sculpture,décoration

Et la femme tient un rôle particulier : moderne, emblématique, symbolique d’une nouvelle conception de la vie. L’art déco touche également la mode.

 

 

 

 

  

 

 

En sortant des salles d’exposition, vous ne pourrez que voir le tableau de Jean Dupas (1925) intitulé La Vigne et le Vin devant lequel trône une Torpedo Grand Sport.

 

 

 

11/02/2014

Virginie Bastié, à la galerie Etienne de Causans

La galerie Etienne de Causans (25 rue de seine 75006 Paris) expose les toiles de Virginie Bastié. Je me suis demandé si réellement je devais en parler.



 

 

Des couleurs et de la lumière, mais des flous recherchés qui n'apportent guère.


  



 


 


Mais cette jeune fille, non floutée, est belle. Son visage attire le regard par sa précision et la justesse de son attitude. L’effet est obtenu par la netteté du dessin par rapport au reste du tableau, plus esquissé.


 

  

Une mer de rage contenue. On ne sait si elle est déchaînée ou si ce calme précède la tempête. La lumière qui vient de la gauche semble gagner sur l’obscurité et le ciel danse devant cette furie.

 

  

06/02/2014

Julian Taylor, à la galerie 26

C’est à une nouvelle exposition de Julian Taylor que nous convie la galerie 26 (26 place des Vosges 75003 Paris). C’est un habitué de cette galerie. Il a exposé des marines et des paysages de Norvège. Du 8 janvier au 8 mars, il expose des maisons du Maroc et du Périgord.

taylor2-1.jpg

Il est avant tout dessinateur. Son trait prédomine sur la couleur et celle-ci est là pour renforcer la finesse des détails et fondre dans un ensemble harmonieux quelques bâtiments en pleine nature.

taylor-1.jpg

 On pourrait croire parfois à des aquarelles, par la fusion des couleurs et leur suavité. Julian Taylor est sensible, il prête attention à l’équilibre des impressions grâce à une lumière jamais poursuivit pour elle-même, mais qui s’impose lentement à l’œil et finit par donner au tableau sa magie.

taylor3-7.jpg

 Sa peinture n’est pas créatrice au sens de l’invention de nouveaux systèmes de construction du tableau ou de nouvelles techniques comme dans la peinture contemporaine. Elle est délicate, émotionnelle, intuitive. Au premier abord très classique, elle vous pénètre lentement, jusqu’à vous laisser le goût de la neige et de la terre sur la langue, et la couleur du ciel dans les yeux.

affiche_taylor.jpg

24/01/2014

Zeng Fanzhi, rétrospective au musée d’Art moderne de la ville de Paris

 Zeng Fanzhi est né en 1964 à Wuhan en Chine. Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de sa ville natale, il découvre durant ces années d’enseignement l’art contemporain, chinois et occidental. Nourri par ces influences et soucieux de connaître un contexte plus effervescent, il part s’installer en 1993 à Pékin où il vit et travaille depuis. (From http://www.mam.paris.fr/fr/expositions/zeng-fanzhi)

 Les premières salles de l’expo sont consacrées aux œuvres les plus récentes. Grandioses par leur taille, leur maîtrise et leur originalité ! Ce sont au premier regard des enchevêtrements de lianes, ronces, bouts de bois qui donnent une impression de fouillis sans espoir, de prison végétale, d’un monde absurde et vide. Les toiles sont immenses, démesurées.

1-P1220085.JPG

1-P1220083-001.JPG

 

  

Cependant, toutes laissent dans le même temps une note optimiste par les lueurs qui filtrent sous les ronces : un ciel plus clair, un feu dans la brousse, un crépuscule nuageux.

  

 

1-P1220084.JPG

 

Même ce paysage désolé de neige laisse l’impression d’un avenir meilleur grâce à ce lever de soleil qui sourd au fond du tableau.

 

Quelques paysages avec des animaux perdus dans les entrelacs, mais moins intéressants parce que trop figuratifs et en contraste trop sévère par rapport à l’environnement végétatif abstrait.

La salle suivante offre une vision toute différente des œuvres de Fanzhi. Ce sont des personnages de la Chine contemporaine, des jeunes gens en groupe, portant des masques, dans des postures sérieuses, en costume, ou riantes, avec un foulard rouge, symbole des jeunesses marxistes. Les personnages sourient de manière ostensible, les lèvres rouges vif, ils se tiennent par le cou, semblant unis, leurs corps sont déformés, avec des mains démesurées et fatiguées qui trahissent la réalité de l’homme derrière son masque riant.

1-P1220090.JPG

1-P1220091.JPG

Plus énigmatique, cette reproduction de la Cène, The Last Supper, version contemporaine de la cène de Léonard de Vinci, qui dépeint une trahison aux résonances beaucoup plus politiques : derrière une apparente unité se cachent des désirs et des convictions que s’échangent les hôtes.

Fanzhi2.jpg

 « Le Christ communiant, communisant – et le premier d’entre eux comme en témoignent les trois barrettes rouges épinglées sur son bras gauche – annonce à ses apôtres que les idéaux du communisme ont été trahis par l’un d’entre eux. Ce Judas « made in China », à la différence des onze autres apôtres, ne porte pas de foulard rouge autour du cou, comme chaque jeune pionnier enrôlé dans le communisme – mais une cravate jaune, couleur de l’empereur, du pouvoir, de l’or… et de l’argent. » (http://blog.mondediplo.net/2013-10-28-Zeng-Fanzhi-le-cru-et-le-cuit) Ce tableau a été vendu 17,13 millions d’euros. Une somme déjà conséquente pour un millionnaire.

Enfin, les premières œuvres sont exposées dans la dernière salle :

Fanzhi5.jpg

1-P1220100.JPG

Ses emprunts à l’Orient et l’Occident en font un artiste qui dépasse les clivages anciens et vous plonge dans le monde moderne et cru pouvant être tourné en dérision ou admiré ingénument. C’est bien un artiste international qui dépeint le monde tel qu’il le voit, sans fard ni fioriture.

07/01/2014

Hilary Dymond

Dymond6.jpg

Le toit du monde où la matière rejoint l’invisible, où la roche s’osmose avec la goutte de brouillard pour donner l’intuition d’une existence au-delà du temps et de l’espace. C’est beau parce que cela élève l’âme, à l’image de la brume qui monte vers les cimes.

Hilary Dymond expose à la galerie Sibman, 28 place des Vosges jusqu’au 26 janvier. Faites le détour si vous passez à proximité, cela en vaut la peine. Née en Grande Bretagne en 1953, elle vit et travaille en France (69). Elle peint des paysages et les classe par thème : le littoral, les étangs, l’eau d’une manière générale, qu’elle soit liquide, en vapeur ou même solide comme les tableaux de montagne.

Dymond11.jpg

 Ce qui enchante dans ses tableaux c’est avant tout la lumière. Celle-ci est rendue par les contrastes dans les blancs entre celui d’un plein soleil sur la neige et celui d’un gris très pâle porté par les ombres où se mêlent les brumes légères ou fortes montant des vallées. Contrastes saisissants donnant la vision d’un éternel infini.

Dymond7.jpg

Mais dans le même temps ses tableaux sont très figuratifs. Il s’agit de représenter la réalité, telle qu’elle est et non de tricher pour laisser des impressions plus ou moins imaginées.

Dymond9.jpg

 Parfois cela fait penser à Turner :

Hilary_Dymond_Mountains.jpg

 A d’autres moments à la peinture abstraite, lorsque la matière prend le dessus sur l’éthéré :

H_DYMOND-No-24-web.jpg

En regardant ces paysages, on devient transparent, on s’enfouit dans le silence, on se laisse engloutir par la neige pour en ressortir vierge et transformé.

Oui, Hilary Dymond est une vraie artiste, parce qu’elle transforme l’être de celui qui regarde ses tableaux.

IMG_8162.JPG

 Vous pouvez prendre connaissance de ses œuvres sur les deux sites suivants :

 http://www.lesoleilsurlaplace.com/artistes/hilary_dymond-7.php

 http://hilarydymond.com/mountains/uvcp139on3q66wuoxwcj0bynpalvtz  

15/12/2013

Eiffel by Fifax

"Homme de voyage, Fifax crée, avec de puissantes couleurs, un monde situé entre réalité et imaginaire. S’il dessine depuis l’enfance, son parcours s’est nourri de nombreux séjours aux Etats-Unis et en particulier à New York, cette fascinante jungle urbaine qui marie Art Déco et design futuriste.
Quand les tours de verre côtoient les bâtiments de briques, quand leur hauteur nargue les piétons, Fifax s’imprègne de cette atmosphère urbaine et nous en restitue des vues inhabituelles : penché à la fenêtre d’une chambre d’hôtel, à bord d’un hélicoptère ou d’immeubles anonymes, l’artiste traque les angles les plus audacieux, toujours baignés de la lumière si particulière à son travail. Né à Paris le 9 avril 1962." (Biographie from http://www.arielsibony.com/artistes/20-fifax)

L’univers de Fifax est un univers curieux, trouble et enchanteur, un monde fictif, mais si proche de la réalité qu’on le croit réel. Jules Verne plongé dans l'époque moderne.

eiffelcity130x97.jpgimagesVYZTW1WX.jpg




Cette exposition, qui se prolonge jusqu’au 31 décembre, met en scène Gustave Eiffel et ses fers dans l’imaginaire urbain de Fifax. Cela donne le vertige et fait rêver. La science-fiction et la technique se côtoient pour dévoiler une ville hallucinogène.

 

  

structure120x120cm_1385900421.png





Ce qui l’intéresse aujourd’hui, ce sont ces croisements de fers perpendiculaires ou obliques qui forment des arches et des étoiles constellées de rivets. Ils prennent des couleurs  insolites qui leur donnent des airs de fantômes. L’esprit d’Eiffel teinté de mysticisme futuriste, une véritable épopée d’un avenir à la fois lointain et passé. 

 

 

 


La symphonie du fer, reflet d’un monde moderne périssable où tout se tient par une multitude de rivets, poutrelles, aux couleurs caramel se détachant sur un ciel bleu.

uneideenor195x114cm.jpg

06/12/2013

Félix Vallotton, trois aspects parmi d’autres

Vallotton, un peintre oublié, un très grand peintre, réanimé par cette exposition. Allons droit au but. Voici le plus beau tableau de l’exposition : Derniers rayons, peint en 1911. Ce n’est bien sûr que mon opinion, mais je la maintiens. Une luminosité exceptionnelle du ciel, un dessin qui transforme les branches en bras de femmes élevés vers la pureté, une robe de feuillages qui recouvre chastement ces membres nus, des troncs poilus comme une jambe masculine, ce rouge splendide du départ des branches comme un feu de joie qui semble danser sous la frondaison. Le symbole de la beauté pudique, de l’enchantement de l’univers, du mystère impalpable de la création. On sent vibrer l’âme même du peintre, sa réalisation par cette fusion entre lui-même et son motif. Si je devais garder un seul tableau de lui, c’est celui-ci qui me permettrait de conserver l’unique que le peintre représente.

peinture, dessin, nabis, femme, société

 Mais revenons à l’expo du Grand Palais. Une très charmante présentation réaliste et romantique de celle-ci. Elle est originale et dépeint bien l’ambiguïté de sa peinture :

 http://www.grandpalais.fr/fr/article/felix-vallotton-la-bande-annonce

 Ses objectifs ne sont pas la séduction par la beauté. Ils sont variés. Il peut être charmeur, classique, attiré par les femmes, enchanteur de la nature, voyeur, voire pervers. Il a toutes les qualités qui enchantent par leurs aspirations et tous les défauts qui déplaisent parce que trop proches de nous-mêmes. Cest en cela qu’il est un grand peintre.

peinture,dessin,nabis,femme,société

 Trois présentations de cette personnalité multiple permettent de saisir cette ouverture exceptionnelle au monde qu’il apporte au spectateur :

 Le regard érotique de Vallotton :

 http://www.dailymotion.com/video/x15efgw_l-erotisme-de-vallotton_creation?from_related=related.page.ext.behavior-only.e17c67f84684dbd6ebe43c0defd661b0138604423

peinture,dessin,nabis,femme,société

 L’inconscient de Vallotton :

 http://www.dailymotion.com/video/x15qn8i_l-inconscient-de-vallotton_creation?from_related=related.page.ext.behavior-only.e17c67f84684dbd6ebe43c0defd661b0138604423

peinture,dessin,nabis,femme,société

 Le dessin, la peinture elle-même ne sont pas beaux. Le visage de l’homme laisse à désirer. Mais tout dans ce tableau traduit l’ambiguïté du mensonge. Tout est rouge, dont bien sûr la femme qui murmure quelque chose à l’oreille de l’homme. Celui-ci semble ressentir ce mensonge, il sait qu’elle ment. Mais il l’accepte au nom de ces instants de fièvre et d’intimité. Il en est aigri. Mais malgré son blindage noir devant ce mensonge rouge il se ment à lui-même et entre en osmose avec sa compagne. Qui ment au final : le rouge féminin ou le noir masculin ?

 Les paysages de Vallotton :

 http://www.dailymotion.com/video/x16ruf1_vallotton-et-le-paysage_creation?from_related=related.page.ext.behavior-only.e17c67f84684dbd6ebe43c0defd661b0138604423

peinture,dessin,nabis,femme,société

Oui, il s’agit bien pour lui de poser un regard nouveau, comme celui de la mouette sur le paysage des Andelys. Le vol d’une mouette et l’envol de l’âme derrière le réalisme de la peinture.

peinture,dessin,nabis,femme,société

27/11/2013

Exposition Serge Poliakoff au musée d’Art moderne de la ville de Paris

Une exposition bien préparée, avec des chapitres décrivant les différentes étapes de sa peinture sur les chemins de l’abstraction. Le dépliant donné à l’entrée a pour ambition de souligner la singularité d’une approche particulièrement sensible qui appelle à la contemplation, et de révéler l’intensité d’une œuvre qui n’a d’autre objet que « ce rêve des formes en soi qui est le grand mystère à élucider de l’abstrait » comme l’a écrit le critique Pierre Guéguen en 1950.

L’évolution du peintre se caractérise par 10 périodes qui commencent avec les premières peintures abstraites entre 1946 et 1949. Une très belle huile sur toile se remarque dans cette période. Elle laisse présager de l’avenir. Les couleurs : le rouge, pas trop vif, le jaune empereur de Chine, le bleu très foncé en fond ou plus clair au premier plan. C’est un travail sur les contrastes : clair sur foncé.

Orange et cyclamen.jpg

5ème période : Lumière de la couleur. Composition rouge-jaune-blanc (1952, huile sur toile). Je n’en ai malheureusement pas trouvé une photographie.

7ème période : Transparences. Une des plus belles toiles, mais qui n’est pas exposée, est cette composition en jaune – orange et rouge, d’une transparence étonnante. Peinte à la manière des icônes, le jaune est particulièrement étincelant.

poliakoff-composition.jpg

10ème période : Formes. Cette dernière salle donne le meilleur de sa production. Des tableaux dépouillés représentant chacun une sorte de conque fendue à la hache, en deux ou trois couleurs. Poliakoff donne une idée de ce que sera par la suite la peinture de Soulages.

imagesCA5LPPVU.jpgimagesCAHPLGQJ.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

Le triptyque de 1968 est composé de trois toiles à peu très semblables aux couleurs noir, bleu rappelant l’eau et l’air, rouge vif et foncé, vert foncé. Simple, tellement simple qu’il en est majestueux.

serge-poliakoff-triptyque001.jpg

« Quand un tableau est silencieux, cela signifie qu’il est réussi (…) Une forme doit s’écouter et non pas se voir. »  La caractéristique de ces toiles : la profondeur de l’intensité des tons utilisés, la vibration obtenue, les contrastes savamment constitués. Une fête pour les yeux et les oreilles. Et l’on n’entend que le silence de l’émerveillement.

24/11/2013

Vues urbaines, peintures de Tommaso Otieri

Il peint des monuments qu’ils soient églises, théâtres, usines ou même paysages urbains, le plus souvent en vues aériennes. C’est beau, mais pourquoi ?

Paris-Gold-2010-olio-su-tela-180x200-_Ottieririd2.jpg

La lumière, la couleur et l’animation. Trois variables qui peuvent être déclinées de manières très différentes. Et une dominante : le grandiose et le théâtral sous les apparences de la réalité.

san-carlo-w-2009-olio-e-cera-su-tavola-140-x-200-cm.jpg

Comme sous l’œil d’une caméra, on regarde la ville avec le sentiment d’assister à un enterrement. Chaque tableau possède une vie intérieure propre, mais celle-ci semble appartenir au passé, malgré le mouvement permanent qu’il décrit et met en évidence.

tommaso-ottieri-primanotte-0_51052--400x320.jpg

Il est également architecte et le bâtiment, quel qu’il soit, s’anime par son harmonie, ses stucs, décors et clairs obscurs. Car il ne peint pratiquement que des vues de nuit : la ville dans sa vie nocturne. Les habitants sont endormis et les trajectoires se poursuivent sans que l’on y voit un seul humain.

imagesCAV2583D.jpg

Vous remarquerez que les perspectives  sont le plus souvent détournées, comme si les façades étaient accolées sans une véritable cohérence d’ensemble. La ville devient fantomatique, un univers en soi, un rêve éveillé que l’on contemple avant de s’endormir.

Il expose à la galerie Ariel Sibony, 24 place des Vosges 75003 Paris.

 

14/11/2013

Stephane Halleux : transports pas communs (galerie Sibony)

halleux-expo-sculptures-nov-dec2013.jpg

Ce sont des sculptures. Rien à voir avec la sculpture d’artistes bien soignés. Ce sont des œuvres dérangeantes, drôles, surréalistes. Ces étranges petits bonhommes, mi- poupées, mi- soldats de plomb, font rêver et ouvre chez le spectateur une vision décomplexée, à la limite du rêve et de la science-fiction.

 

 stephane-halleux.jpg

Regardez cet étrange guerrier, prêt à s’envoler du rebord de sa fenêtre pour donner des hallucinations au petit peuple des sans imagination. Il est prêt à tout, dans une pensée obsédante et bizarre : voler pour la gloire de son auteur.

stephane-halleux-sculpture-personnage-02.jpg

 

 

Admirez cet étrange comptable qui ausculte les comptes au microscope et part en apnée dans les cagots poussiéreux des archives de sociétés anciennes ou non encore créées. Quel sérieux pour une tâche si futile.  

 stephane-halleux-sculpture-personnage-04.jpg

  

Une cosmonaute flottant dans le vide de sa combinaison, dans un air léger et guilleret en prise au mal de l’espace, chantant à tue-tête des comptines enfantines.

 

 

 stephane-halleux-sculpture-personnage-10.jpg

Quel monde étrange, irréel, enchanteur, fait de matériaux divers, mais qui sent bon le cuir et l’huile. Tous ces rouages font tourner la tête bien qu’ils ne fonctionnent pas. Et progressivement ce n’est plus par la vue que ces personnages vous impactent, mais par l’imagination, la fiction, la fantaisie. Vous vous laissez porter par ces personnages qui vous ramènent à une enfance délicieuse. Quand le rêve ouvre à un autre monde…

 

Allez voir cette exposition, à la galerie Sibony, place des Vosges. Elle vous donnera une bouffée d’oxygène pour vaincre ce temps brumeux et froid.

stephane-halleux-sculpture-personnage-19.jpg

07/11/2013

Nelson Diaz-Lopes

Nelson Dias-Lopes exposait à la galerie Marie-Laure de l’Ecotais (49, rue de Seine 75006) jusqu’au 2 novembre. Il est brésilien, architecte et peintre. Il a commencé avec des collages de papiers peints, puis des assemblages en relief et enfin la peinture. Il n’abandonne cependant pas le relief, mais celui-ci épouse la peinture et n’est là que pour la mettre en valeur. Il apporte simplement la possibilité de créer des variations oculaires qui renforce l’effet bigarré du tableau sans jamais construire autre chose qu’un nouveau jeu de lumière et de couleurs.

1375199_161848687356405_272242978_n.jpg

Les couleurs sont chaudes, tropicales pourraient-on dire. Elles débordent de pesanteur ardente, comme un coucher de soleil au-dessus de la forêt équatoriale dans la moiteur des fleuves lents et paresseux traversant la plaine qui n’en finit pas. Les courbes sont peu sensibles, alanguies également et l’horizontalité accentue cette oppression visuelle qui devient presque vivante.

bis.jpg

Cette fois-ci, c’est le matin. La visibilité est claire, lumineuse, plus éveillée. Les flots coulent avec abondance, encombrés de quelques récifs. Mais la tranquillité n’en est pas entachée. Elle est moins étouffante.

10856_630007127034010_460173965_n.jpg

417590_548869101814480_225479363_n.jpg

 

Parfois l’effet de paysages n’existe plus. Rien que de la géométrie, de vastes triangles allongées verticalement ou horizontalement avec toujours autant de couleurs vives, flamboyantes, comme un feu permanent qui couve et recouvre les émotions.

 

 

20488_630007780367278_1639140960_n.jpg

J’aime moins ces entrelacs et le choix des couleurs, plus terne, plus brouillon, sans doute accrocheur, mais plus par leur bizarrerie que par une vraie beauté sensuelle.

 

 

 

 

Et là les couleurs de la ville, pauvre, mais joyeuse, à l’image des couleurs des maisons, bariolées, enchantées, délirantes,  en contrepoison de la misère. Et l’on entend en sourdine les danses des péons dans le soleil de la soirée, puis dans la noirceur de la nuit.

1379629_161003544107586_1586454065_n.jpg

A l’entrée dans l’hiver l’optimisme nous gagne rien que de contempler cette arrogance dans la couleur.

31/10/2013

FIAC 2013 - 3

Commençons par une très belle sérigraphie abstraite de Julio Le Parc, intitulée "A partir d’un ciel de van Gogh".

Julio Le Parc 1.jpg

Quelle élégance ! Faite de vides et de pleins symbolisés par le cercle noir en haut et le demi-cercle blanc en bas, elle se conjugue, dans la deuxième moitié supérieure, avec la délicatesse des cercles qui s’enchevêtrent, en noir ou en blanc, en lunes, demi-lunes, quart de lunes, sous forme de dentelles précises qui arrêtent le regard sans qu’il y trouve quelque chose de précis.

Jakob Bill 1.jpg

Une huile sur toile de Jakob Bill, de 2005, à la galerie Denise René, très simple, harmonieuse comme un château à la Française, si l’on songe à lui faire faire un quart de tour à droite. Deux couleurs, deux types de traits horizontaux et verticaux, avec au centre une symétrie retournée. On peut penser qu’il manque en bas un trait horizontal à partir duquel partiraient les deux traits verticaux. Eh bien non ! Et c’est sans doute ce qui en fait le charme.

Toujours à la galerie Denise René, cette œuvre qui n’est ni une toile, ni une sculpture, un tableau sur lequel sont collées ces formes, blanches d’un côté et noires de l’autre. C’est l’œuvre d’un groupe d’artistes bruxellois qui explorent de vastes champs (architecture, urbanisme, art, design, musique, danse contemporaine). « Le nom du groupe abrite une signification phonétique et une signification écrite : celle de la prononciation «labo» pour leur approche expérimentale et celle, écrite, de «bau», le mot allemand pour «construction». Ce double sens à la croisée du médium oral et écrit, représente le cadre d'un travail conceptuel, théorique et artistique étudiant l'influence des technologies de pointe sur l'art ; c'est une conception de l'art comme média. Dans cette perspective, leur nom est aussi une référence au Bauhaus qui poursuivit les mêmes objectifs puisque le design industriel peut être vu comme le résultat d'une méthodologie, d'une réflexion interdisciplinaire et expérimentale sur l'influence de l'industrialisation en cours sur le langage de l'art. » (From : http://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=1829)

Lab(au) 1.jpg

Admirons cette sculpture discrète et équilibrée, pleine de majesté, faite de rayons de vélo, de fils entremêlés et de morceaux de toile. Elle a de la classe, mais j’ai mal photographié le nom de l’auteur et ne peux vous le donner.

Inconnu.JPG

Pour vous laisser sourire, cette œuvre qui n’a que la beauté de l’insolite. Elle est signée Marcus Oehlen et se dénomme Freefidelity-camp (2001).

Marcus Oehlen 1.JPG

Enfin cette sculpture curieuse de deux personnages conversant dans leurs fauteuils, riant furieusement d’être ainsi suspendus sur un mur, comme si le mouvement de leur balançoire avait stoppé sa course contre le panneau. Ils sont gris, pourquoi, je ne sais, et je sais encore moins pourquoi l’un d’eux à deux pantoufles de cuir jaune. L’auteur est Juan Munoz qui a intitulé son œuvre « 2 seated on the wall with big chairs (2000).

Juan Munoz 1.JPG

30/10/2013

FIAC 2013 - 2

Nemours 1.jpg

L’art cinétique ou l’optique art et surtout l’art abstrait ont une place importante à la FIAC. Certaines galeries en ont fait leur spécialité, telle la galerie Denise René, qui expose deux très beaux Aurélie Nemours, l’un au-dessus de l’autre, appelés 4+3+9+16 b+t+6 et 7 (facile de s’en rappeler !).

Leur beauté tient à leur simplicité. Surtout ne rien chercher à voir, car alors ils ne signifient rien. Simplement se laisser charmer par leur rondeur (bien qu’il n’y ait que des angles droits) et la couleur des sentiments qu’ils inspirent (malgré l’absence de couleurs si l’on considère que le noir et le blanc ne consacrent que des limites).

 

Une galerie de Berlin (Captain Petzel) expose une magnifique toile de Sarah Morris, intitulée Marquès de Herval et peinte très récemment.

Sarah Morris 3.jpg

Elle est tendre, veloutée, très féminine dans ses couleurs, mais très masculine dans ses formes. L’oblique (ni debout, ni couché) le caractérise. L’œil saute immédiatement sur le rectangle le plus grand (en haut à gauche) et sur le saumon prédominant sur l’orange. Puis, les diagonales du bas, à gauche encore, semblent dire : « N’ai-je pas mon élégance ? » Enfin, le troisième coup d’œil va à la rencontre des diagonales et des droites verticales et horizontales, dans ce petit carré non clos, à l’emplacement du nombre d’or. Oui, c’est harmonieux, viril et envoutant.

Tout ceci dans un décor de rêve, du moins en certains lieux, loin des pâtés de certains artistes :

1-Grand Palais 2red.jpg

A propos, restons sérieux. La lance à incendie d’hier n’est pas une œuvre d’un artiste connu ou inconnu. Il s’agit tout simplement d’une véritable lance que des gens mal intentionnés ont déroulée de son support. Néanmoins, elle est bien présente à la FIAC ou au moins au Grand Palais.

28/10/2013

FIAC 2013 - 1

La FIAC 2013 ressemble à s’y méprendre à celle de 2012 : même foule, composée de personnes âgées habillées en Play boy (pantalon violet, petite veste serrée, col ouvert ou foulard maghrébin, et, pour les femmes, pantalon encore plus serré, ceinture gigantesque, maquillage éprouvé), de messieurs très stricts en costume trois pièces, de jeunes de deux sortes, farfelus de style pseudo-artistes ou élégants comme un homme d’affaires et bien sûr des inévitables hôtesses d'accueil au sourire chaleureux. 

Les œuvres, si l’on peut appeler ainsi certaines d’entre elles, sont à plus de cinquante pour cent désolantes, à trente pour cent affligeantes et ilIncendie.jpg ne reste que vingt pour cent sur lesquelles on peut se pencher avec intérêt, et encore… Qu’est-ce qui les caractérise quasiment toutes : le paraître, au même titre que les gens qui les regardent. Et, pour paraître, il faut se faire remarquer. Cela a toujours été le cas, me direz-vous. Oui, mais dans l’art on cherchait, jusqu’à il y a peu, à le faire par la beauté. Maintenant, le laid, le vulgaire, l’insipide servent à attirer autant que la beauté. Surprendre est devenu le maître mot et le seul acte possible dans ce monde curieux où le paraître est le seul mode de vivre. Admirez cette lance à incendie, modèle 1980, inutilisable, symbole d’une humanité molle, acceptant tout, même l’insipide. Ce pourrait être, paraît-il, la vie politique de notre pays…

Cependant, rassurez-vous, il y a également quelques œuvres dignes d’un vrai salon et quelques galeries qui font perdurer l’idéal millénaire. Aujourd’hui, rendons hommage à Louise Nevelson, que j’ai découverte à l’âge de vingt-cinq ans et que je retrouve, intacte et enchanteresse dans ce meuble, objet, œuvre, que sais-je… La poésie des boîtes qui s’assemblent les unes dans les autres, boîtes dont le sens n’apparaît pas parce que contenant et non contenu. Peintes en noir, accumulant parfois quelques autres objets, elles défient par leur équilibre et leur beauté sauvage la notion même d’esthétisme. Cela peut aller jusqu’à d’étranges machines pour ne rien faire, pourvus d’engrenages, de roues qui ne bougent pas, voire de robinets d’où rien ne peut couler. Ici, c’est une sorte de meuble, armoire, buffet, inutilisable, objet de décoration inopérant, ou encore instrument de musique des musiciens ambulants, dont on ne peut bien sûr tirer aucun son.

En quoi est-elle belle, cette pièce ? Tout d’abord l’équilibre harmonieux des différentes boites qui la composent. Mais surtout, et c’est en cela qu’elle constitue un œuvre d’art, elle se laisse regarder, on ne sait que dire, mais on la regarde encore et peu à peu s’installe la paix. Vous êtes transformé par cet objet insolite qui capte votre regard. Vous éprouvez ce tremblement intérieur qui vous fait dire « C’est beau ». Vous ne savez pourquoi, mais cela vous suffit.

 

Louise Nevelson 1.jpg

21/10/2013

Ombres et lumières de Venise : Bernard Bouin

Venise, entourée de sa brume d’ondes et de rêve, mystérieuse comme une femme qui ne se dévoile que prudemment. Elle attire par la tendresse de l’eau et de la lumière qui s’y reflète. Elle rejette par la froideur et l’inaccessibilité de sa masse composée de ruelles et de couloirs.

06_Lagune%2097%20x%20130%20cm.jpg

Et Venise à nouveau, soleil couchant, dans la gloire de son site exceptionnel, eau, ciel et terre confondus, contraste des lumières, diaphane de l’air, aérien de l’eau, noirceur des terres et de la ville.

03CRPU~1.JPG

Encore Venise, approchée, domestiquée, laissant voir ses deux campaniles, chiens de garde de sa virginité. Elle ne se dévoile toujours pas, reste sur son quant-à-soi, imprenable, inimaginable, comme un mythe inatteignable, mais vivant, comme une naissance.

07LAGU~1.JPG

Cette exposition se trouve galerie de l’Europe, 55 rue de Seine, jusqu’au 22 octobre (alors pressez-vous !). Nous en reparlerons, ainsi que du peintre évidemment, qui est Bernard Bouin.

14/10/2013

Les photographies de Robert et Shana Parke-Harrison

Et voici d’autres artistes américains tout aussi loufoques qu’Ethan Murrow, mais aussi doués, dans un processus de création très différent. Ce sont en effet des photographes. Mais dotés d’une imagination sans limites.

365.jpg

Ils réalisent leurs tableaux, parce que l’on peut bien parler de tableaux, c’est-à-dire d’une vision du monde propre à l’artiste, à partir de premières photographies montées sur papier grand format, qu’ils ajustent de façon à créer une véritable scène, dans laquelle leurs personnages jouent un rôle comique, naïf, navrant ou poétique. Tout cela est photographié à nouveau pour donner ces chefs d’œuvre imaginatifs.

344.jpg

« Notre processus de création tente bien souvent de faire une réplique de ce qui se passe dans les rêves, où des éléments n’ayant visiblement rien à faire ensemble, obéissent tous à un instant placé dans un cadre narratif plus grand (…) Nous recherchons divers sujets pendant quelques mois. Ensuite nous commençons à développer les idées et à faire des croquis des images. À partir de là nous fabriquons les accessoires et commençons à expérimenter en photographiant tout cela. Nous continuons à développer les accessoires et les idées jusqu’à ce que nous obtenions l’image désirée. Nous la photographions à ce moment-là. Puis nous collons plusieurs images afin d’obtenir l’impression finale qui est ensuite montée sur un panneau puis peinte. »

394.jpg

Chaque personnage est confronté à la nature, envoûtante, belle et étrange. Chaque morceau de celle-ci est détourné de sa fonction réelle. Regardez ce pré tout ce qu’il y a de plus banal. Il devient une couverture gigantesque que le personnage s’efforce de tirer vers lui pour recouvrir une terre aride, le tout sous un ciel normal, tranquille, un ciel de tous les jours.

Robert-ParkeHarrison-02-720x479.jpg

Et là, quelle étrange machine, une sorte d’avion, dirigeable, hélicoptère, encombrée d’hélices, de seaux, tournant dans un ciel irréel, avec un personnage qui sème ou laisse tomber quelques pièces d’on ne sait quoi !

Robert-ParkeHarrison-05-597x700.jpg

 Oui, il faut sauver cette terre qui, malgré ses défauts, fait de nous ce que nous sommes, des hommes perdus dans l’immensité, et dont la tâche est d’instaurer un monde plus clair, plus humain. Mais quelle tâche difficile qui demande tant et tant d’efforts !

335.jpg280.jpg

 

 

 Alors, parfois, cet homme pète les plombs et s’envole vers un monde encore plus irréel…

 

 

 

276.jpg

 

 

 

Ou plus poétique…

 

 Ces artistes sont exposés à la galerie Suzanne Tarasieve, 7 rue Pastourelle 75003 Paris.

10/10/2013

American ego, dessins d’Ethan Murrow

Il est américain et il expose pour la deuxième fois à la Galerie Particulière, 16 rue du Perche 75003 Paris.

C’est un excellent dessinateur. On pense parfois aux gravures passées, celles qui illustraient les aventures extraordinaires de Jules Verne. Il en possède l’imagination, le talent, la poésie de l’insolite, le charme vieillot (mais pas tant que cela).

zero_sum_pilot_drawings_ethan_murrow_1-990x456.jpg

Mais il pratique en même temps la science-fiction, ou presque, voire l’insolite à la manière de Magritte.  

Freud-Decide nothing 2012.jpg

On peut également penser à Monsieur Hulot, éternel égaré dans un monde rationnel.

murrow-artjpg-f28249e2f1eecaea_large.jpg

Et, pourquoi pas, Michel Strogoff :

imagesCAAJA1M5.jpg

Alors, si vous voulez rêver, passer un moment d’irréalité si proche du réel, participer à la folie de la création artistique, allez voir cet artiste qui, cette fois-ci, se consacre à la culture américaine, à ses stéréotypes.

ethan murrow 40.jpg

Il tente de mettre en évidence les paradoxes d’un « American Ego ». Il est constitué d’orgueil patriotique, de courage, de foisonnement mais aussi de chauvinisme, d’un romantisme provincial, d’une idéalisation des rapports à établir entre les pays. Oui, l’exposition tente de détecter, derrière des scènes de vie insolites, l’extraordinaire imagination des Américains.

All mine 2011.jpg

02/10/2013

Doko Nakamura, à la galerie Etienne de Causans

Un très aimable vieillard qui s’est levé à mon approche et s’est incliné jusqu’à hauteur de la ceinture. Il était accompagné de deux vieilles femmes qui se sont également inclinées de la même manière. Aussi n’ai-je pu faire autrement, je me suis également incliné très bas. Nous nous sommes cependant serrés la main, mais cela n’est visiblement pas dans ses habitudes. Il ne parlait pas français. Je ne parle pas japonais. Il disait deux mots en anglais, moi de même.

13-09-27 Danse des pétales des cerisiers.jpg

Un maître japonais dans toute sa vérité et sa grandeur. Admirez ce lavis. Il est magnifique, d’une finesse sans égale, avec des fondus extraordinaires. Un paysage aérien, lumineux, chaud de blancheur cotonneuse qui semble ressortir alors que ce sont les seuls endroits qui ne sont pas peints.

N’oubliez pas que la photo ne rend nullement la vérité du papier, de la lumière et de la présence du maître.

Il n’est pas connu en France, bien sûr. J’ai cherché sur Internet et n’ai trouvé que deux œuvres. La seconde est de la même facture, émouvante de sobriété : un moulin à eau dans la montagne. Ce sont des rêves, vaporeux, précis, comme une expression symbolique de la réalité ou encore une image de la qualité spirituelle de la nature. Mais la photo est de piètre facture.

13-09-27 Paysage 2.jpg

Allez à la galerie Etienne de Causans (25 rue de Seine 75006) qui expose ce maître. Vous y verrez des chefs d’œuvre d’une beauté éblouissante. 

27/09/2013

Sam Szafran, le peintre inclassable

Fleurs2.jpgSam Szafran est un homme de séries. Il s’adonne à un thème, en explore les possibilités, l’utilise sur tous les supports voulus, puis change de thème, lassé par cet approfondissement ou repu de rêves sur le même leitmotiv. C’est ainsi qu’il peint de multiples philodendrons agrémentés d’un personnage, des ateliers encombrés d’objets, des serres aux lianes exubérantes et étouffantes.

1_LISETTE_SUR_UN_BANC_2OO7-600x667.gif

Mais ses meilleures séries sont sans doute les escaliers. Des colimaçons descendant ou montant en éternels virages déformés donnant le vertige et la nausée, mais avec un charme et une lumière qui fait penser à une forme vivante et exigeante pour le spectateur.

Escalier 203.jpg

L’escalier devient un monde en soi, un rêve ou une hallucination, une obsession entortillant la cervelle. L’œil est au centre du tableau, sorte de point focal, globuleux et exorbité, autour duquel tournent les escaliers. On regarde au travers d’un globe de verre déformant qui donne à la montée d’escalier une impression de descente en enfer.

Escalier1978.jpg

Escalier 2.jpg

 

 C’est un univers kafkaïen qui s’offre aux yeux qui se cherchent dans le déséquilibre qu’introduit le dessin, à dessein bien sûr. Un cauchemar vivant, imaginaire, mais devenu réel par la puissance du trait et de la couleur. On pense parfois à Shiva, la déesse aux multiples bras et ces marches sont comme les membres innombrables d’un démiurge invisible qui s’empare de votre esprit.

 

 

  Un dernier coup d’œil sur ce monde à x dimensions, autant psychologique que physique, qui donne le vertige au plus farouche montagnard.

Escalier 2009.jpg

Sam Szafran est né le 19 novembre 1934 à Paris. Ses parents, émigrés juifs polonais, sont installés au 158, rue Saint-Martin, dans les Halles. Son père est tué au début de la guerre, le jeune garçon est confié à un oncle, puis placé à la campagne chez des paysans qui le maltraitent. Il trouve refuge chez des Républicains espagnols, dans le Lot. A la fin de la guerre, la Croix-Rouge l’envoie en Suisse. Il est accueilli par une famille près de Winterthur. En 1947, il embarque avec sa mère et sa soeur sur un navire à destination de l’Australie. Il a treize ans et demi et supporte mal le déracinement. Son exil se passe dans de mauvaises conditions.

Il rentre en France en 1951, s’inscrit aux cours du soir de dessin de la ville de Paris, gagne misérablement et s’installe dans le quartier de Montparnasse. En 1953, il s’inscrit à l’atelier de la Grande Chaumière et rencontre d’autres artistes (Ipoustéguy, Pélayo, Clavé). Une rencontre importante est celle avec Django Rheinardt, en 1955, qui lui donne la passion du jazz.

A la fin des années 50, il se lie avec des sculpteurs, Jacques Delahaye, Alberto et Diego Giacometti en 1961, Raymond Mason, Joseph Erhardy. D’autres influences se font sentir après ses rencontres avec Nicolas de Staël et Jean-Paul Riopelle, des peintres qui lui ouvrent les portes de l’abstraction. En 1958, retour à la figuration. Sam Szafran reçoit une première boîte de pastels. Il abandonne la peinture à l’huile. Il expose pour la première fois dans la galerie de Max Kaganovitch, grâce à Riopelle, en 1963. César et Ipoustéguy le signalent ensuite au galeriste Claude Bernard qui l’expose dès l’année suivante. La série des «Choux» date de cette époque. Il épouse Lilette Keller, originaire de Moutier en Suisse. En 1964 naît leur fils, Sébastien.

Jacques Kerchache lui offre en 1965 sa première exposition personnelle. Bernard Anthonioz, directeur du Fonds National d’art contemporain, lui achète une vingtaine de dessins, ce qui le tire momentanément de la misère. Entre 1967 et 1983, il collabore avec la revue «La Délirante» de son ami le poète libanais Fouad El-Etr. En 1970, la Galerie Claude Bernard présente une exposition personnelle avec la série des «Ateliers». En 1972, il fait partie de l’exposition collective «Douze ans d’art contemporain» au Galeries nationales du Grand Palais. A la même époque, il se rapproche d’Arrabal, Roland Topor et Jodorowsky, se lie d’amitié avec Henri Cartier Bresson auquel il donne des cours de dessin. Il développe une nouvelle série, les «Imprimeries». Il s’installe à Malakoff en 1974, dans une ancienne fonderie, et amorce la série des «Escaliers».

De 1986 date l’apparition des grandes aquarelles des Ateliers, des Serres et des Escaliers: «Mon obsession des plantes a trouvé là le meilleur terrain pour s’exprimer». Dans les années 90, il découvre un nouveau support pour ses aquarelles, la soie, et explore des compositions en mosaïque à partir de polaroïds. Dans la série des «Escaliers», les images se déploient en lames d’éventail.

From: http://www.gianadda.ch/wq_pages/fr/expositions/ancienne-szafran50ans.php 

22/09/2013

Roy Lichtenstein

Roy Lichtenstein était un peintre facétieux que la galerie Gagosian, près desDrowning girl.jpg Champs Elysées, expose actuellement.  Son style convient à toutes les peintures, puisqu’il ne pratique qu’une conversion de tableaux ou de dessins originaux. Il s’est illustré en tant que promoteur de la bande dessinée. Qui n’a pas vu ces femmes au dessin voluptueux, exprimant des sentiments de midinette. Mais ce n’est pas sa seule source d’inspiration. Il se commet également avec la publicité et, plus étrange, avec l’histoire de la peinture, dont le surréalisme et le cubisme.

L’exposition Gagosian nous montre des œuvres propres à la période 1979-1980 pendant laquelle Roy Lichtenstein découvre l’expressionnisme allemand. Il va s’approprier le style en le transformant à sa manière, cela va sans dire. Il reprend, par exemple, les jaunes et les verts criards, les contours noirs, les visages anguleux d’Ernst Ludwig Kirchner. Il s’inspire des gravures sur bois du Blau Reiter, tel ce portrait du Dr Waldmann de 1980.

Dr Waldmann 1980.jpg

Il reprend les paysages expressionnistes de Cézanne (les baigneuses) recréant à sa manière l’atmosphère et la lumière du midi.

The white tree 1980.jpg

Portrait 1.jpg

 

 

 

Il peut également se stimuler en utilisant l’art nègre :

 

 

 Head 1980.jpg

 Sa manière : une utilisation des couleurs primaires, l’emploi de points ou de traits pour représenter des ombres, mettre en valeur ou au contraire brouiller le sujet dans son environnement, comme cette tête de femme qui est à la fois triste ou au moins mélancolique, et joyeuse ou fraiche par le bleu qui traverse le tableau.

  

Une exposition qui nous contraint à nous demander où se trouve la frontière entre l’art et l’usage habituel d’autres types d’information tels que la publicité, le stylisme, l’objet culte, voir les illustrations pour enfants, etc.

Femmes.jpg

 Allez… Un retour sur son style habituel :

 

 

 

 

17/09/2013

Les portraits de Peggy Viallat-Langlois, galerie Sibony

Qu’en penser ? Elle se prétend peintre sanguinaire. Elle se montre au travers d’autoportraits grandioses en taille et en effets.

Autoportrait 3.jpg

 Et elle montre des visages glaciaux ou attendrissants. On ne sait qu’en penser !

Autoportrait 6.jpg

Elle se passionne pour la chair brute, rouge, sanguinolente. Son couteau le traduit en larges touches de rouge, vermillon, cinabre, carmin, garance, amarante et sang de bœuf. Mais s’y mêlent également le bleu ou le violet de la chair morte, le rosé, doré, pêche de la sensualité féminine. Le regard franc, brut, qui ne cache rien, et vous ausculte en face. Chaque portrait vous dévisage de haut. Vous vous sentez diminué sans cependant être négligé, happé par cette bouche entrouverte, marquée par les gerçures de la vie.

autoportraitiii-154x170_1363713511.png

Son but : donner à voir. Et c’est un choc physique qui provoque une explosion. Dans cette exposition, toujours le même visage, le sien. Toujours différent, empreint d’innocence et de charnel vertige. Que cherche-t-elle dans ces portraits répétitifs ? Empêcher la fuite du temps ? Fixer ses états d’âme ? Se dire dans ses différents états du moi ?

Autoportrait 1.jpg

 

Est-ce beau ? Oui, sans doute, mais au moment de dire oui se mêle une gêne instinctive, comme un avertissement de l’âme devant ce dévoilement sans pudeur et cette soif d’épiderme marbrée.

 

 

06/09/2013

Sculptures de Franck Loret

Il est curieux ce petit homme qui n’a l’air de rien. Il sculpte dans le vide, il fait des trous dans l’insaisissable, il construit des images dans l’ineffable ciel entrevu par les percées pratiquées dans le papier, le vinyle ou d’autres matières légères et destructibles. Ce sont des châteaux de rêve, des toiles d’araignée suspendues aux voûtes d’une église, des objets faits de vide, de néant, qui se construisent autour d’une matière absente.

Admirez ce sapin de Noël du hall de LaSer : un nuage dans le ciel qui flotte au-dessus des soucis et perce les parois de verre.

NOEL-LASER-2012-FRACK-LORET.jpg

Et cette carte de géographie irréelle qui se glisse jusqu’au mur en ombre chinoise :

6 ret.jpg

Ecoutez-le raconter sa manière de faire, son art de sculpteur au scalpel :



Certains diront : « Mais ce n’est que de la dentelle ! ». Certes, mais quelle dentelle !

01/08/2013

James Mackeown expose à la galerie 26

L’intimité dévoilée, tel pourrait être le titre à donner aux tableaux de James Mackeown. Un coin de prairie ou de plage, un regard par la fenêtre, une scène de la vie quotidienne. Le regard de James Mackeown est sans arrière-pensée, clair de bonheur serein, d’impressions enfantines. La vie entre en vous et s’épanche dans ce regard où les couleurs ne maquillent rien. N’êtes-vous pas en bord de mer, les yeux emplis de la majesté des vagues qui se perdent sur la plage ?

Beach fun.jpg

Le gâteau.jpg

 

 

 

Et là, à la maison, dans la cuisine, le matin, quand se prépare le repas de midi, dans la clarté et la fraicheur de la fenêtre ouverte.

 

 

 James Mackeown aime les fenêtres. Elles ouvrent sur le monde, mais permettent de conserver une certaine intimité. Le regard par la fenêtre est une observation de timide qui n’ose se plonger dans la vie ou au contraire de quelqu’un qui a compris que la vie doit être regardée avec recul.

Looking out.jpg

 

Vue sur la mer.jpg

Ou encore une interrogation sur ce monde surprenant, inquiétant, mais impuissant à détruire votre paix intérieure.

Le velux.jpg

Il aime la noblesse du quotidien, les matins endormis, les jeux d’enfants, les promenades dans la forêt, les bistrots et les pubs.

Le matin.jpg

Il vit en France, mais il est d’origine irlandaise. Il aime la Normandie, ses bois, ses plages, ses maisons qu’il décrit par le jeu de coups de pinceau bleus, verts, ocres qui donnent une transparence magique et lumineuse. Et chaque tableau est un composé entre l’extérieur et l’intérieur, l’un affiché, l’autre à deviner. Les fenêtres permettent d’exprimer ces deux sensations.

Il expose actuellement à la galerie 26, 26 place des Vosges 75003 Paris.

Photo Mackeown.jpg

05/07/2013

exposition d'Emmanuel Michel

Emmanuel Michel a exposé à la galerie Rauchfeld (22 rue de Seine 75006) ses toiles ramenées de Cuba.

« Né en 1970, Emmanuel MICHEL passe sa jeunesse à Lyon et étudie la restauration d'œuvres peintes en Avignon. Il expose peintures, dessins et sculptures depuis 1992. La reconnaissance du public lui est acquise dès 1997 avec sa première exposition personnelle en galerie, au Soleil sur la Place. Les expositions s'enchaînent régulièrement depuis, en France et à l'étranger. Grand voyageur, il remplit des carnets de croquis qui se transforment dans les mois suivants en dessins, peintures et sculptures mêlant souvent plusieurs matériaux. Le tout réalisé avec une grande virtuosité. Il ne s'intéresse guère aux paysages, ce sont les populations rencontrées, leur culture et leur humanité qu'il nous donne à connaître.» (Source : http://www.lesoleilsurlaplace.com/artistes/emmanuel_michel-13.php)

Allons voir sur son site (http://www.emmanuelmichel.com/). Il peint, il sculpte, il dessine, il écrit, il illustre. Sans cesse en mouvement sur l’ensemble du globe terrestre, il fait preuve de profusion sur toutes sortes de sujets.

Des peintures venant du monde entier : Afrique, Asie, Amérique, Océanie. Par exemple ces rizières qui s’écoulent dans le lointain par vagues jusqu’à un infini vierge.

130.jpg

Ou encore cette femme de Tanzanie qui met en lumière la richesse du présent avec sa robe et son bétail et celle de l’avenir avec son enfant.

27.jpg

 Cuba, bien sûr, avec sa multitude d’êtres assis dans la rue.

355.jpg

Des scènes de la vie quotidienne telle ce maréchal ferrant donnant un dernier coup de râpe :

275.jpg

 ou même des visions extraordinaires et imaginatives :

277.jpg

Je garde pour la fin une très belle cubaine, lumineuse, colorée, symbolisant l’espoir parmi la pauvreté de l’environnement.

338.jpg

Oui, c’est un peintre qui parle de ce qu’il voit, avec gaité et confiance. On a envie de le connaître, ne serait-ce que pour qu’il raconte ses voyages et les images rattachées.