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14/12/2014

La vérité

Auparavant on aimait représenter un concept par une figure humaine dans un contexte définie. Ne représente-t-on pas la république par l’effigie de Marianne ? Comment représenter la vérité ?

Elle est le plus souvent représentée par une femme tenant un miroir. La vérité est nue et montre la lumière que reflète le miroir. Elle ne sort pas d’elle, elle n’est qu’un reflet, le reflet de la réalité. Admirons ce dessin de Jean-Léon Gérôme :

 

Il a servi d’étude pour son tableau « La vérité au fond du puits » :

La vérité dans le langage quotidien comprend trois aspects très différents.

Il y a d’une part la vérité objective qui est l’existence, vérifiée et vérifiable à tout moment, d’une chose réelle. Bien sûr, plus la chose est complexe, plus elle est difficile à connaître et plus nombreuses seront les interprétations auxquelles elle pourra donner lieu de la part de personnes différentes. Mais lorsqu’un objet, par exemple, est bien délimité dans le temps et dans l’espace, il est possible d’acquérir une connaissance précise d’un certain nombre de ses caractéristiques et d’en faire une description véridique. La vérité objective est le rapport entre la connaissance et la réalité. Elle est l’état à un moment donné de la somme des connaissances d’une réalité. Elle est vraie parce qu’on détient les preuves de l’existence de la chose (objet, événement, pensée exprimée, etc.). Il y a bien une vérité objective à un moment donné.

Il existe d’autre part la vérité subjective qui est la compréhension de la réalité. Celle-ci permet de faire des hypothèses qui deviendront également des vérités objectives si on peut les vérifier, des erreurs si leur vérification en constate la fausseté, ou qui resteront dans le domaine des hypothèses parce que trop complexes pour être vérifiées. Pour la plupart d’entre nous, il y a confusion entre ces deux aspects de la vérité. Une accumulation de vérités objectives nous fait déduire une vérité subjective (somme + hypothèses) que nous considérons comme vraie. C’est tout le problème de l’enquête policière qui peut conduire à l’erreur judiciaire. Prenons un exemple simple. Je regarde une table dont le dessus est lisse et transparent. J’en déduis qu’il est en verre parce que j’ai l’habitude d’en voir (vérité formelle). Pour en vérifier la réalité matérielle et disposer d’une vérité objective, je le touche et constate ses qualités de surface lisse et froide (fait) que j’assimile, avec la transparence, aux caractéristiques du verre.

Enfin, il y a ce que chacun exprime sur les faits, les actes et les idées, et, à travers eux, sur les choses et les personnes. Là aussi, il y a ou non vérité, c’est-à-dire conformité ou non de ce qui est dit sur la réalité. Il s’agit aussi d’une vérité subjective, mais elle passe par un troisième filtre qui est celui de l’expression et de l’intention de celui qui s’exprime. On l’appellera alors vérité informationnelle, puisqu’elle est d’abord une information communiquée qu’il convient de vérifier avant d’en faire une vérité. Cette vérité, parce qu’elle est exprimée et qu’elle est devenue une information qui est vérifiable, est un fait et non plus seulement une idée. Elle est devenue action parce qu’elle a une intention et qu’elle agit sur les autres. Le mensonge se définit par rapport à la réalité : mentir, c’est donner volontairement à l’autre une vision de la réalité différente de celle qu’on tient soi-même pour vraie.

Il est fréquent de dire que chacun détient sa vérité et donc que celle-ci est relative. Mais on parle alors de la vérité informationnelle ou encore de la vérité subjective. La vérité objective existe, indépendamment de son interprétation ou de son expression.

06/12/2014

Street art, avec brio !

Julian Beever est un artiste britannique qui connaît la célébrité par ses œuvres à la craie qu'il réalise sur les trottoirs dans toute l’Europe.

 

Des images déformées qui, vues sous un certain angle, donnent l'impression d'images en 3D alors qu’elles sont peintes, à plat, sur le sol.

Mais pour réaliser une telle photo, la réalité est bien différente :

C’est le mystère de la perspective qui englobe dans l’œil la réalité à travers l’habitude de la vision. Cela peut devenir effrayant :

Il peuple les rues de ses images transformées qui vues d’un certain angle deviennent images vivantes. Ce réalisme est impressionnant parce que factice. Mais on aime être trompé par de tels artifices. Quel brio :

 

Oui, c’est renversant, on tombe dans l’illusion et l’on ne sait plus où commence le faux du vrai et si l’on est dans son corps ou dans son imagination.

 

19/11/2014

Etude de nu ou Suzanne cousant, Paul Gauguin

Elle n’a la beauté élancée des filles de nos jours. Elle est un peu pataude et les reflets bleus de sa chair dénudée, assez habituels aux impressionnistes, laissent un arrière-goût d’intimité fragile. Occupée à repriser, elle ne se prête pas à la contemplation. Elle est naturelle, d’une vérité simple comme une nature morte.

Cette photo est un extrait du livre de Pascal Bonafoux, Les 100 tableaux qui ont fait l’impressionnisme et qui en racontent l’histoire, Editions Chêne, 2014. Un très beau livre qui décortique chaque tableau, raconte une anecdote, enjôle l’esprit du lecteur et exacerbe sa sensibilité. Laissons-lui la parole :

En cette année 1880, l’article que Huysmans consacre à l’exposition des Indépendants, où il met en évidence l’importance de cette étude nu, ne permet plus de douter  que l’autodidacte Gauguin soit peintre : « Cette année, M. Gauguin se présente avec une toile bien à lui […]. Je ne crains pas d’affirmer que parmi les peintres contemporains qui ont travaillé le nu, aucun n’a encore donné une note aussi véhémente, dans le réel ; et je n’excepte pas de ces peintres Courbet, […] ; c’est bien une fille de nos jours, et une fille qui ne pose pas pour la galerie, qui n’est ni lascive ni minaudière, qui s’occupe tout bonnement à repriser ses nippes. Puis la chair est criante ; ce n’est plus cette peau plane, lisse, sans point de millet, sans granules, sans pores, cette peau uniformément trempée dans une cuve de rose et repassée au fer tiède par tous les peintres ». Et de conclure, après avoir cité la référence de Rembrandt que « malgré la lourdeur de cette ombre qui descend du visage sur la gorge de son modèle, il a pleinement réussi et il a créé une intrépide et authentique toile ».

12/11/2014

Jean-Jacques Ory, peintre débordant de naturel

Jean-Jacques Ory peint des arbres ou des feuilles. Une peinture réaliste par la précision du trait et de la représentation, et onirique par le rêve coloré qu’elle contient. 

Un simple tronc d’arbre est un mystère de formes entrelacées, courant de part et d’autre du tronc lui-même hirsute et puissant. Il contraint le spectateur à s’interroger sur la nature du végétal et sa force symbolique. Là, l’arbre est comme un champignon gigantesque, sorti tout droit de la terre nourricière, de manière miraculeuse, et dont le vieillissement, fait de rejets et de racines, constitue une robe fraîche et féminine sur sa musculature et sa rugosité masculine. 

Totalement différentes sont les enchevêtrements de feuillages et de fleurs qui semblent sortis d’une jungle exubérante et irréelle. On s’y sent oppressé, jusqu’au moment où le parfum et la coloration vous enlacent et vous prennent au piège de la volupté. On se laisse griser, on sent des picotements sur la peau, on ferme les yeux et le rêve reste là qui vous emprisonne. On devient végétal, on vit au rythme de la sève qui jaillit avec force de ces êtres qui n’existe que pour plaire à notre imagination humaine. 

Parfois ce réseau végétal devient foisonnement à l’instar du cerveau humain. Des millions et des milliards de cellules qui s’offrent, connectées, pour mettre en évidence l’intelligence de la nature, sa diversité et sa tendresse pour l’homme.

Merci Jean-Jacques Ory pour cette compréhension du monde végétal, simple, mais si réconfortante. Et merci à la galerie de l’Exil qui a rassemblé ces bribes de savoir et de communion avec la création.

Allez, encore un petit morceau de rêve qui nous allège des soucis du jour et nous fait entrer dans le vent de l’optimisme.

Né en 1944, Jean-Jacques ORY découvre à l’âge de 15 ans une grande passion pour le dessin et la peinture.
Mais c’est vers l’architecture qu’il va se tourner, il obtient ainsi son diplôme d’Architecte à l’Ecole des Beaux-Arts en 1970. Il pratique cette profession au cœur de son agence d’architecture parisienne qui s’illustre depuis 35 ans dans la réalisation de projets d’envergure aussi bien en reconversion de bâtiments que dans le neuf, pour des programmes de bureaux, logements, hôtels et commerces. Jean-Jacques ORY est l’un de ceux qui a participé le plus activement à la grande mutation des immeubles parisiens. Son savoir-faire s’est notamment distingué par la restructuration du siège du Crédit Lyonnais, de Louis-Vuitton, des Galeries Lafayette ou encore de l’immeuble Kenzo comprenant le restaurant Kong.
Peintre confirmé et soucieux d’intégrer la nature dans ses réalisations architecturales, il imagine à sa manière la multiplicité et la magnificence de celle-ci.

(Plaquette de présentation de la galerie de l'Exil)

06/11/2014

Shigeo FUKUDA

Shigeo Fukuda, né en 1932 à Tokyo et décédé en 2009, est un sculpteur et incontournable graphiste et affichiste japonais.

Il se caractérise par le travail des illusions d’optique, son trait synthétique et ses affiches d’une rare pertinence.

"Fukuda aime et collectionne les images et les objets de notre temps. Il les exprime de la façon la plus efficace, non pour en faire percevoir une épaisseur complexe et des réalités subtiles mais, au contraire, pour que leur perception, condensée souvent en un trait noir et égal qui silhouette et contourne, soit immédiate."  (François Barré)

Biographie :

Né en 1932 à Tokyo et diplômé de l'école Nationale des Beaux-arts et de la musique de Tokyo, section design en1956. Membre de l'AGI (Alliance Graphique Internationale) et du RDI (Royal Designer for industry). Il vit travaille à Tokyo.

C’est l’un des premiers graphistes japonais dont l’œuvre concilie les traditions de la culture nipponne à l’esprit et l’éclectisme prisés en Occident.

Ses dessins, ses affiches, ses sculptures et ses objets (extra)ordinaires utilisent l’illusion optique et provoquent sur notre œil incrédule un véritable choc culturel.

Son travail de nombreuses fois récompensé,  a été exposé à travers le monde.

(http://www.michellagarde.fr/livre/475/monographie-shigeo-fukuda.html)




21/10/2014

John Pugh, un artiste qui trompe son monde

John Pugh est un artiste qui n'a pas froid aux yeux. Il peint des scènes immenses sur des murs encore plus grands et fait apparaître, là où seule la platitude existe, des mondes imaginaires qui sont une deuxième réalité.

Un paysage montagneux, des trains qui circulent, encastré dans le béton, ce voyage se fait dans la tête.

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Une piscine sur le mur, comme une plongée dans un monde mystérieux et banal.

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Quelle drôle de maison? Existe-t-elle?

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La magie du trompe-l'œil reste exemplaire. On pourrait prendre ces escaliers et partir dans un autre monde, celui de l'imaginaire devenu réalité. Les désirs transformés en irréel dur comme du béton et plat comme la main.

18/10/2014

Arrière-plan

Tel est le titre de l’exposition d’Alain Bublex à la galerie Vallois 36 rue de Seine Paris 6ème. Mais ce sont tantôt des arrière-plans, tantôt des avant-plans, tantôt des retouches dans un paysage encore entier que pratique Alain Bubex. Admirez par exemple ce pont peint sur ce paysage sylvestre. Il semble vrai, enjambant la vallée, féminisant le décor de sa gracieuse courbure, donnant un poids humain à la sauvagerie du lieu.

Là c’est cette fois l’inverse. Le mont Fuji est peint derrière ce paysage de mer. Tout l’arrière-plan est inventé et produit un effet de décalage qui s’accommode cependant bien avec le premier-plan.

Ici, seul le premier-plan est photographique. Et encore, on voit le reflet de l’usine dans les divergences de l’eau ? Où commence la réalité, ou finit la fiction ? On ne le sait et cette ignorance provoque un trouble dans les certitudes de notre cerveau. Est-ce que je rêve ?

Mais Alain Bublex peint également des paysages modernistes et industriels tel ce tableau au dessin simple, à la peinture à plat, qui semble sortir d’un papier de bonbon des années 70.

Quel contraste avec cet autre paysage  montagnard où l’homme apparaît perdu dans le coin gauche du tableau, à cheval. Là aussi une peinture à plat, irréaliste, mais poétique par cette lumière mystérieuse éclairant l’arrière-plan sans cependant illuminer l’avant-plan.

Enfin, que dire de cette transformation d’une maison de banlieue en usine à gaz ?

D’une manière générale, les tableaux d’Alain Bubex tournent autour de deux thématiques ; l’architecture et les moyens de transport, automobiles en particulier. Mais disons également que c’est le contraste entre la modernité réaliste et la nature réelle des rues, paysages ou autre objet, qui l’intéresse. Ce mélange surprenant entre la photo et la peinture donne une vision décalée qui interpelle le spectateur et l’oblige à entrer dans la poésie du mélange.  

04/10/2014

Rappel

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24/09/2014

La grande vague au large de Kanawaga, de Katsushika Hokusaï

Hokasaï est un grand peintre et dessinateur japonais du début du XIXème siècle (1760-1849). Remarquable par l’ampleur de sa production, il est également un innovateur forcené. Attachons-nous seulement à cette estampe terrifiante d’émotion dans l’action, « La grande vague au large de Kanawaga ».

Elle pourrait être appelée la stabilité dans l’instabilité. La stabilité : le mont Fuji, symbole de la durée et de l’esthétisme pour le Japon. L’instabilité : les vagues, dont la grande qui menace d’engloutir les barques et, au-delà, le mont Fuji lui-même ou plutôt sa représentation. La mer devient un être vivant, une sorte d’animal mythique aux mille doigts tentaculaire qui menace de s’emparer des canots. Ceux-ci glissent sur la surface de l’eau, entraînés par la courbure des flots. Ils épousent la forme de chaque vague, arrondis, les hommes couchés sur leurs rames, comme attendant le choc monstrueux. Au loin, le ciel est noir et plus clair dans son développement. C’est un contraste inverse de ce que l’on pourrait attendre. La tempête se caractérise normalement par une obscurité immédiate, même si, dans le lointain, les éclaircies apparaissent. Peut-être peut-on y voir l’expression du zen, la voie du juste milieu entre la stabilité et l’instabilité, entre le blanc et le noir, entre la vie naturelle et la vie surnaturelle.

23/09/2014

Regards multiples

 Le Sentier des Arts

 vous invite au vernissage de l'exposition de

 Loup Francart

 Regards multiples

 le jeudi 9 octobre à 19h

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 Exposition du 10 au 12 octobre

 tous les jours de 11h à 19h

 16 cité Berbère 75009 Paris

  

La cité Bergère est accessible à la fois par le 23 rue

Bergère et par le 6 rue du Faubourg Montmartre

 

Venez nombreux au cours de ces trois jours. Vous découvrirez l'art cinétique et pourrez bénéficier de la dédicace du livre :

"Petits bouts de rien"

12/09/2014

Jean Arcelin, un peintre aérien

Peintre franco-suisse, Jean Arcelin aime le flou et la blancheur qui donne à chacun de ses tableaux un mystère difficile à saisir. On admire la toile et au bout d’un moment on se sent glisser dans l’image comme sur un lac avec les patins aux pieds et l’on s’engouffre dans une rupture  du paysage pour se retrouver entouré de rêves blancs et irréels qui font frissonner les poils de vos jambes.



 


 

Vous vous trouvez en bord de mer dans cette villa vétuste, secoué par les vents après la pluie qui a balayé le sol


 


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Un instant plus tard vous ouvrez les yeux sur l’inconnu : noyade dans l’océan au bout d’un jardin qui sent la pourriture de végétaux jeté dans un coin.


 


 

 

 

 

L’océan toujours qui frappe inlassablement la falaise en semblant défier le logis cramponné dans sa verdure.



 


 


 

 


Une vague, une seule, et vous naviguez sur les mers du Sud à la recherche de vous-même sous un ciel incertain. Qu’y a-t-il derrière ?


 


 


 


 

 

 

Un peu de repos dans ce rêve délirant de blancheur. Mais le blanc est là, toujours présent, inséré dans les feuilles de papier de l’écrivain raté.

 


 


 


 


 


Ce peintre expose actuellement à la galerie 26, 26 place des Vosges 75003 Paris. Allez-y et laisser vous entraîner dans ses rêves pleins de délices. 

07/09/2014

Sculptures de Ron Mueck

Drôle de sculptures! Des hommes et des femmes aussi vrais que nature, mais multipliés par deux, trois et même plus. Le sculpteur au travail.

Mais où va-t-il chercher ces idées ?

21/08/2014

Constantin Brancusi ou l'amour de la forme

Brancusi est avant tout un sculpteur qui exprime l’espace et la forme. Théosophe, il s’intéresse à la pureté de la ligne. Il épure au maximum ses sculptures, jusqu’à leur donner des formes extrêmement géométriques. Mais l’on devine toujours derrière cette apparence volontairement simpliste un travail de reconstruction de la forme et de l’espace qui l’environne et lui donne corps.

Mademoiselle Pogany (1913) est une de ses plus belles sculptures, d’une pureté de lignes et de volumes incomparables. Elle rappelle l’art japonais et personnifie bien la relation du sculpteur avec la matière : perfection et mysticisme. La perfection de la forme, la mystique de la représentation. Mademoiselle Pogany est le principe même de la féminité : une main et un avant-bras soutient la tête dont les yeux sont clos. Au premier abord, elle n’a rien de féminin, mais, si l’on poursuit sa quête, cet œuf aux yeux globuleux représente l’essence de la sensibilité féminine. Le sculpteur dira à son modèle : « Il me suffit de vous regarder vivre pour m’en souvenir. Baisser vos paupières, laissez-les se reposer sur vos yeux fermés. C’est assez pour m’inspirer ».

Une deuxième sculpture retient l’attention. La Muse endormie (1910) transcende l’ovale et lui donne toute sa majesté. Un visage en naît, mais uniquement le principe même du visage et non sa représentation et cela renforce la douceur des traits. Un visage qui naît ou qui meurt, c’est beaucoup plus qu’une tête expressive de sensations et de sentiments humains. C’est la matrice de l’humain, une perle tombée du ciel.

20/07/2014

Musée Guggenheim de Bilbao

Pour une fois, nous ne parlerons pas du contenu, mais du contenant. A Bilbao, sait-on d’ailleurs ce qu’est le contenu et le contenant, l’un et l’autre étant semblables, œuvres d’art à contempler, l’une de dehors, puis de l’intérieur, les autres, extérieurs intégrées à l’intérieur.

Le bâtiment est en soi un navire amiral, grandiose, dont la silhouette assemble le titane, le verre, la pierre et l’eau. Coins et recoins, blocs et unités, ouvertures et secrets, les oppositions sont multiples et toujours harmonieuses.

Quel que soit la façade dont on l’observe, il reste majestueux :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Une fois dans le Vestibule, où convergent toutes les galeries, le visiteur accède à l'Atrium, cœur authentique du Musée et l'un des traits distinctifs de la création de Gehry. Ce grand espace libre, aux volumes courbes, connecte l'intérieur et l'extérieur de l'édifice grâce à de grands murs en rideau de verre et une grande verrière zénithale. Les trois niveaux du Musée s’organisent autour de cet Atrium central et sont reliés grâce à un système de passerelles curvilignes, d’ascenseurs en verre et en titane et de tours d’escaliers. L’Atrium, qui fonctionne aussi comme un espace d’exposition, sert d'axe autour duquel se structurent les 20 galeries du Musée, certaines ont une forme plus classique, avec des lignes orthogonales, et d’autres présentent une irrégularité singulière. Le jeu des volumes et des perspectives permet de disposer d’espaces intérieurs où, pourtant, le visiteur ne se sent à aucun moment écrasé. Cette diversité de salles et cette adaptabilité se sont révélées d’une énorme utilité entre les mains expertes des commissaires et des créateurs, qui ont trouvé l’atmosphère idéale pour la présentation d’œuvres de grand format et de supports contemporains mais aussi pour des expositions de caractère plus discret et intime. » (From : http://www.guggenheim-bilbao.es/fr/le-batiment/linterieur/)

Une merveille d’architecture, abritant des œuvres grandioses elles-mêmes, mais de purs chefs d’œuvre, c’est la question !

« La Matière du temps (The Matter of Time) permet au spectateur de suivre l’évolution des formes sculptées de l’artiste, de la relative simplicité d’une ellipse double à la complexité d’une spirale. Les deux dernières pièces de ce développement sont créées à partir de sections de tores et de sphères qui génèrent divers effets sur le mouvement et la perception du spectateur. En se transformant de façon inattendue au fur et à mesure que le visiteur les traverse et en fait le tour, elles créent une vertigineuse et inoubliable sensation d’espace en mouvement. La totalité de la salle devient partie intégrante du champ sculptural : comme avec quelques-unes de ses sculptures composées de nombreuses pièces, l’artiste organise les oeuvres avec détermination pour déplacer le spectateur à travers elles et à travers l’espace qui les entoure. La distribution des oeuvres tout le long de la galerie donne lieu à des couloirs de différentes proportions (larges, étroits, allongés, comprimés, hauts, bas) toujours imprévisibles. L’installation contient aussi une dimension de progression temporelle : d’un côté, le temps chronologique qu’il faut pour la parcourir et l’observer du début à la fin ; et de l’autre, le temps de l’expérience dans lequel les fragments du souvenir visuel et physique se figent, se recombinent et se revivent. » (From : http://www.guggenheim-bilbao.es/fr/oeuvres/la-matiere-du-temps/)

 

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C'est vrai, n'oublions pas ! demain, 21 juillet...

07/07/2014

La création dans l'art moderne

Dans son livre « Théorie de l’art moderne » (Editions Gontier, genève, 1968), Paul Klee tente de résumer les données qui différencient la réalité d’un tableau. Il considère qu’il y a trois dimensions spécifiques : la ligne, la tonalité et la couleur. La ligne exprime la mesure du tableau. Ses modalités dépendent de segments, d’angles, de longueur de rayons, de distances focales. La tonalité donne le poids ou la densité du tableau. Elle est faite de contrastes entre les couleurs, de mouvement entre le clair et l’obscur et inversement. La couleur concerne la qualité du tableau. En fait, la couleur contient la mesure et la densité, de même que la tonalité contient la mesure. La couleur est donc la dimension la plus achevée, mais elle n’existe que parce que les autres éléments sont là.

Cependant ces trois données ne suffisent pas à la création. Elles doivent produire des « Formes » ou des objets. Car pour Klee, il y a bien l’Acte, mais au-dessus il y a l’idée dont on doit admettre la primauté. Tout devenir repose donc sur le mouvement, c’est-à-dire la répartition dans l’espace et le temps des formes. L’œuvre d’art naît du mouvement, elle est elle-même mouvement fixé, et se perçoit dans le mouvement.

Ainsi, pour Paul Klee l’œuvre d’art se crée en trois étapes : le mouvement préalable en nous, le mouvement agissant, opérant, tourné vers l’œuvre, et enfin le passage aux autres, aux spectateurs, du mouvement consigné dans l’œuvre : pré-création, création et re-création. Et pour lui, la marche à la forme, dont l’itinéraire doit être dicté par quelque nécessité intérieure ou extérieure, prévaut  sur le but terminal, sur la fin du trajet. Le cheminement détermine le caractère de l’œuvre accomplie. La formation détermine la forme et prime en conséquence sur celle-ci. Nulle part ni jamais la forme n’est résultat acquis, parachèvement, conclusion. Il faut l’envisager comme genèse, comme mouvement… Donc, songer moins à la forme (nature morte) qu’à la formation.

Et par cette sentence, on est plongé à nouveau dans le mystère de la création, cette fois-ci artistique, mais de la même veine que la création de l’univers. Quelle alchimie arrive à produire les formes et le mouvement, c’et-à-dire l’espace et le temps ? Le mystère demeure, même lorsqu’il est vécu de l’intérieur, même lorsque l’artiste s’efforce de saisir ce qui se passe en lui. Il vient un instant, l’instant de la création juste qui transforme la bouillie de magma intemporelle en produit fini, ordonné, intelligent et beau. C’est bien un mouvement, mais qui ne peut être reconstitué dans son ensemble, instant après instant, lieu après lieu. Du rien naît le tout et le tout n’est que par le rien.

05/07/2014

Alain Pontecorvo

 Il expose actuellement à la galerie de l’Europe, une excellente galerie de la rue de Seine (au 55, 75 006). Sa peinture est facile à comprendre. Elle n’est pas intellectuelle, ni recherchée, ni émotionnelle. Elle est, tout simplement, et elle est belle, tout simplement.

 Il aime jouer avec la lumière, avec les contrastes comme en photographie. Parfois il ajoute un angle de vue insolite comme ces « Ombres fantômes » :

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La vaisselle, un épisode du quotidien tout ce qu’il y a de plus banal, est l’occasion d’une performance de contraste, de couleurs, de reflets. Elle est sublimée et devient objet de méditation.

 

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La gare Montparnasse. Le départ est imminent, il est traité par la lumière qui s’ouvre sur la fuite du temps : partir, c’est mourir un peu. Mais c’est aussi naître à une autre vie.


Un curieux tableau, difficile à interpréter ; Le ciel comme la ville. Il est irréel : la maison de droite n’a pas de profondeur, les rues sont vides, la ville est morte et le ciel se déchire au-dessus des maisons à gauche de la toile. Seul l’horizon avec un ciel bleu et pur au fond de la voie montante laisse une nuance d’espoir.


Passerelle Vaugirard, une vue plongeante dans la lumière du matin ou du soir. Les personnes se déplacent, mais semblent immobiles comme des fantômes. Pas un bruit ne trouble cette vision. Les ombres s’allongent, s’étirent, Bientôt tout s’éteindra.

Enfin, une vue insolite : l’horizontalité par la vitesse (« Vue du train »). Même le ciel se plie au trait. Les nuages s’enfièvrent, lourds de sous-entendus. Sur l’autoroute, un camion rouge ne semble pas avancer.

30/06/2014

Alex Grey, peintre visionnaire (expo Raw Vision à la Halle Saint Pierre)

Alex Grey, un américain né en 1953, fut agnostique et existentialiste dans sa jeunesse. Une expérience mystique l’oriente vers un art exprimant la transcendance. En 1979, il peint 21 tableaux appelés « Sacred mirrors » qui représentent l’anatomie humaine en liaison avec le monde divin dans une évolution progressive vers la réalisation de soi : le corps est représenté sous forme de couche de rayons X liant les aspects physiques et spirituels de l’homme.

 

 

Une art visionnaire et psychédélique : une vision particulière de l’homme qu’il est difficile de décrire en dehors de l’image transmise par la peinture. Les artistes zen disent que pour peindre la montagne il faut devenir montagne. L’effet miroir : je suis ce que je peins, je peins ce que je suis.

Avec sa femme, ils choisissent le bouddhisme tibétain qui, grâce à une vision hiérarchique de l’homme, dresse un panorama complet des évolutions spirituelles que l’on trouve également tant dans la tradition chrétienne que dans le soufisme ou la kabbale. Dieu est le grand mystère et le cœur de l’être. Il est inexplicable, car au-delà de tout.

Qu’en penser ? Rien. Pourquoi penser à propos du mystère.

27/06/2014

La peinture visionnaire (expo Raw Vision à la Halle Saint Pierre)

Autre artiste assez extraordinaire : Donald Pass, un anglais, né en 1930 qui, après des études d’art, peignait des portraits et des paysages. En 1969, il reçoit la vision de la résurrection au cimetière de Cuckfield : « Tout a commencé à changer et un énorme ténèbre m'entourait.  Le paysage entier, cimetière, des champs proches et lointains, semblait rempli de milliers de chiffres d'étirement à l'horizon.  Dans la noirceur était une lumière énorme ; grandes figures ailées avec des visages comme des lions ... ». Elle dure plusieurs heures et il a l’impression d’un espace infini et d’une absence de temps. Il réalise plusieurs dessins avant que la vision s’évanouisse. Il rencontre une femme qui lui dit : « Vous avez été entouré de lumière ! »

Donald Pass change totalement sa peinture. Certains pensent qu’elle est surréaliste, d’autres qu’elle est visionnaire et spirituelle. Ces tableaux racontent la vie après la mort ou plutôt le passage de la vie terrestre à une autre vie hors du temps et de l’espace.

http://www.donaldpass.com/artgallery.html

 

Un autre peintre, John Danczyszak, entreprend une œuvre constituée de onze tableaux, représentant chacun une année de travail. Il perçoit qu’un envoyé de Dieu saura les interpréter. Il travaille comme un médium sous l’emprise d’une force qui entre en communication avec sa main.

 

Il peint des œuvres très chargées de détails, des mandalas exprimant sa vision de la spiritualité, d’une manière très abstraite, contrairement à Donald Pass.

 

 

 

Norbert Kox commence à exposer en 1988 des peintures visionnaires à base de constructions gothiques et de révélations chiffrées. Ses œuvres sont emplies de codes bibliques qui concernent l’apocalypse. Il est au bord du gouffre par l’alcool et la drogue lorsqu’il se retire pendant dix ans dans les bois du Wisconsin où il prie, médite, étudie les écritures. Alors il peint pour faire passer ses messages et dévoiler le mystère de l’au-delà.

23/06/2014

Exposition Raw Vision à la Halle Saint Pierre

Cette revue anglo-saxonne, Raw Vision, fondée en 1989 par John Maizels, fête cette année son 25ème anniversaire. Elle ne traite que d’art populaire contemporain : art brut, art visionnaire, Black Folk Art, Outsider Art, bâtisseurs de l’imaginaire. Vous y voyez cent exemples de la créativité du facteur Cheval ou des jardins de Tatin. C’est un foisonnement de formes et de couleurs qui donne une autre vision de l’art, complètement décalée, mais passionnante. On y trouve du meilleur au plus mauvais, tant dans les sujets que dans le style. Certains sont des peintres aguerris, d’autres sont d’horribles barbouilleurs, les troisième fabriquent des maquettes bizarres à l’imagination délirante.

Voici François Monchâtre, peintre et maquettiste : « Lorsqu’on le rencontre pour la première fois, il apparaît timide et réservé aux côtés de son exubérante épouse Danièle mais derrière ce personnage conventionnel se cache un véritable iconoclaste ennemi actif de tous les dictats.  Il saisit l’instant hilarant où le réel trébuche dans l’absurde. A défaut de le sauver, il faut changer le monde. En œuvrant contre la bêtise toujours renouvelée, François Monchâtre peintre-sculpteur s’y emploie : il nous fait partager sa vision acerbe de la société avec ses machines à broyer le vide, ses femmes aux bains dans l’œil avide de la caméra du voyeur, cette sculpture où la liberté coiffe toutes les dictatures d’un bonnet d’âne. Inexorablement avec une patience d’artiste, il rajoute quelques gouttes de liberté dans un océan de conformismes. »

Un de ses prédécesseurs, Augustin Lesage, né en 1876, se rattache au mouvement spirite. « En 1911, alors qu’il travaillait au fond de la mine, il entendit une voix qui lui disait : « Un jour, tu seras peintre. » Après avoir commencé ses premiers dessins automatiques, l’esprit lui dicte : « Aujourd’hui il n’est plus question de dessin, mais de peintures. Sois sans crainte, et suis bien nos conseils. » 

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La toile achetée est une pièce de 3 m sur 3 m en 1912 que le peintre aborde dans le coin supérieur droit, et sans aucun plan préconçu de ce qu’il adviendrait ensuite. « L’esprit m’a tenu dans ce petit carré pendant trois semaines consécutives. Je ne faisais rien et c’en était un travail… Après, tout s’est développé, le pinceau a marché de gauche à droite, il y a eu de la symétrie… »

 

 

 

Vous rencontrerez aussi Dalton Ghetti, un brésilien qui sculpte les mines de plomb des crayons. Depuis 25 ans, il exerce avec minutie sa passion. Vu la taille d’une mine de crayon en graphite, on peut dire que cet homme a une patience et une habileté impressionnante.

 (A suivre)

17/06/2014

Eric Roux-Fontaine

Quels étranges paysages : une forêt amazonienne dans laquelle erre un  homme qui vit sa vie ou trône un objet dont la présence est improbable. Et cette forêt devient le concentré de nos lourdeurs et le mausolée de nos aspirations. Elle est abondante, opaque, déraisonnable, recouverte d’eau et de brume, empreinte de clarté et d’ombre. Tiens une piscine entouré d’eau, quelle curiosité !

Et même un plongeur entouré de feu qui se jette dans le vide, fou d’il ne sait quoi !

Et là la forêt dans toute sa magnificence, au matin, émergeant de la brume, montant dans l’azur, ne reposant plus sur terre et dévoilant ses coroles au regard admiratif.

Mieux encore. Le rêve achevé. Il ne reste qu’un lit dans la profusion des fleurs, boutons et akènes. Le ciel se montre, réel, bleu azurin, perçant au travers des feuillages.

« Sa peinture, sensible et pudique, exprime des émotions contenues qui nous touchent au plus profond. Elle transcrit l’insaisissable, l’apparence fugitive, le regard suspendu, dans une relation mystérieuse à la beauté du monde. Bachelard nous dit que « le réel n’est plus que le reflet de l’imaginé », c’est en cela que la peinture d’Eric Roux-Fontaine touche à l’intemporel. » (Gérard Gamand, Rédacteur en chef du magazine Azart)

 

Allez voir son exposition à la galerie Felli (127 rue vieille du Temple 75003), une excellente galerie qui donne de la peinture une vision réconfortante. 

http://www.rouxfontaine.com/publications.php

07/06/2014

Calligraphie et soufisme

En prolongement de la réflexion sur le Sheikh al-‘Arabî ad-Darqâwî, ouvrons les yeux et les oreilles à l’art soufi qui n’est pas seulement celui de derviches tourneurs.

 https://www.youtube.com/watch?v=V2Z2w081Ga8&list=RDV2Z2w081Ga8#t=504

La calligraphie fait de l’écriture arabe un art. Elle englobe le plus souvent un mot ou une phrase du Coran, à la différence de la calligraphie européenne du Moyen-Age qui s’exerce sur la première lettre et est enluminée. « L’écriture arabe a beaucoup évolué au cours de son histoire, prenant des formes variées suivant les supports et les usages. À partir de l’écriture arabe, les calligraphes ont été amenés à créer, selon les époques et les lieux, un certain nombre de styles. L’art de la calligraphie arabe a évolué vers deux formes maîtresses : le Koufique (rigide et anguleux) et le Naskhi (cursif, souple et arrondi). Ces deux styles de base ont engendré une multitude d’autres calligraphies. » (From : http://www.firdaous.com/0013-la-calligraphie-arabe-et-isl...)

Comme les musulmans refusent toute représentation de Dieu, leur art est abstrait. La beauté tient à sa géométrie et celle-ci s’inspire des formes naturelles stylisées (fleurs, feuilles, tiges, etc.) sans toutefois chercher à copier la création.

La calligraphie arabe se caractérise soit par l’élégance de ses courbes qui se complètent, s’entrecroisent, se déploient en parallèles ou par ses droites également parallèles, dressées vers le ciel ou nageant à l’horizontal. Le tout est complété par des points, le plus souvent carrés. La forme générale du dessin est toujours finie. Elle peut être ronde, ovale, parfois représenter un objet, un animal. C’est un tout en soi, qui s’ouvre sur une autre compréhension, difficile à définir, une ouverture.

La musique est fondée sur des modes ou maqâm, structure modale, sans hauteur absolue universelle. Chaque mode détermine un style mélodique, une atmosphère, induits par les intervalles, la marche mélodico-rythmique, les ornements, les formules et les cadences. Le maqâm permet l’improvisation, le chant épique ou spirituel lié étroitement au texte.

La psalmodie, quant à elle, établit le lien entre l’oral et l’écrit, entre le chant et la calligraphie.

05/06/2014

Rudolf Hoflehner

Sculpteur, mais aussi peintre, graveur et lithographe, Hoflehner est né à Linz en 1916. Il fait sa première exposition de sculpture en 1951. En 1955 il entreprend un voyage en Grèce qui le marque profondément. Il sculpte alors des invocations de la mythologie grecque, tel Sisyphe, monumental (2,20m de haut). Ce sont des blocs de métal soudés, bruts, parcourus de sillons ou au contraire lisses, emboités les uns dans les autres, marqués d’une violence abrupte. Mythique, cette sculpture, grandiose, évoque les dieux grecs.

Hoflehner est un peu l’image d’un dieu herculéen, qui reproduit des sculptures pesantes, mais toujours debout, en verticale.  

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L’homme était costaud, mais fin. Il suffit de voir ses dessins de sculpture pour comprendre cette force de caractère mêlée à une extrême sensibilité. 

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 Ces dernières sculptures, vers 1964, sont plus fines, presqu’aériennes, empreintes d’apesanteur. Mort en 1995, cet artiste mérite qu’on lui consacre un juste hommage.

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17/05/2014

Tim Eitel, peintre allemand

https://www.youtube.com/watch?v=d3MKxh8BJug

De la réalité à une fiction plus forte que le réel ou de la photographie à la peinture. « Il travaille à partir de photographies prises dans la rue et ses toiles deviennent des fictions sobres et minutieuses qui représentent des personnages solitaires au milieu d’espaces sans noms, mais toujours ancrés dans une réalité contemporaine » (France Culture)

Autre réalité toujours anonyme : un bord de mer, mais est-ce sûr ? Un personnage, une jeune femme, très réelle, qui se noie dans ce paysage et semble errer depuis des jours. Son regard est attiré par l’eau qui reflète le ciel.

Là c’est l’ombre qui produit l’effet insolite de la toile. Une ombre qui envahit la moitié inférieur de la toile et presque toute la partie supérieure. Deux trous dans ces ombres, le green qui marque son territoire stable sur lequel les deux personnages se trouvent et le ciel, pur, presque blanc. Et ce contraste crée toute l’ambiance du tableau.

Ils s’échappent du monde et fuient en ramant  vers l’inconnu. Mais on ne sait de quoi il s’agit. Un mur ou une ouverture sur une autre dimension ?

C’est beau de suggestions latentes. Cette simplicité devient enchantement et transcende la réalité.

08/05/2014

Site Loup Francart

Je viens d'ouvrir un site Internet consacré à la peinture, la poésie et la réflexion artistique.

Vous le trouverez à l'adresse suivante :

http://www.loup-francart.com/#login peinture,art cinétique,optique art,poésie,poème,écriture,art

Il contient les catégories :

* Actualités : exposition en cours ;

* Peintures 

* Numériques

* Poèmes

* Reflexart : réflexion sur l’art

* Biographie

* Contact

Alors, allez faire un tour sur le site !

06/05/2014

Tom Christopher, peintre de New York

Le bruit en premier lieu, le mouvement en second lieu, la valse des éclairages et des publicités en troisième lieu. Une atmosphère, un cri du cœur et, parfois, un regard blasé. C’est New York, vu par Tom Christopher, un américain qui expose à Paris galerie Taménaga, 18 avenue Matignon.

Il peint parfois en noir et blanc, comme pour une vision double, un angle dans le passé, l’autre dans l’avenir. Les bruits en sont atténués, mais restent présents. L’agitation ne cesse pas, mais le spectateur prend du recul. C’est  comme le cinéma muet, vrai, mais avec lunettes psychologiques.

New York devient un terrain de jeu, un monde virtuel que l’on regarde en clignant des yeux : que de fièvre, d’inquiétude, de soucis emmagasinés  dans ces lignes et ces couleurs. Elles attendent le changement de couleurs, prêtes à bondir au-delà du passage pour piétons, emplies de fureur contenue. Cette trépidation vous prend à rebrousse-poil, la peau se hérisse jusqu’au passage au vert… Et vous poussez un soupir de soulagement.

Et toujours la fureur de vivre, l’élan vital, l’exaltation du mouvement. Il n’y a pas un instant de repos. Ce terme n’existe pas à New York. Les yeux doivent vous sortir de la tête. 

  

Et pourtant, c’est le même artiste qui peu auparavant peignait la ville avec l’âme du peintre sur chevalet en jeune homme bien ordonné dans sa tête. Que lui est-il arrivé ?

 

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Et encore quelques années plus tôt, il peignait bucoliquement dans une campagne loin de tout bruit.

Il a trouvé sa voie en faisant table rase. Voilà un homme qui explore toutes les solutions !

 

"Tom Christopher has become to American painting what Count Basie or Duke Ellington became to American popular music, not completely jazz but owning much to Charlie Parker and Charles Mingus."

(Dr. Louis Zona, Director and Chief Curator, The Butler Institute of American Art, Youngstown). Ohio

04/05/2014

Le peintre

Cet homme qui ne connaissait rien à la peinture, se dit un jour : « Comment créer un monde que l’on est seul à regarder et qui vous fait vivre dans le bonheur ? » Eusèbe avait beaucoup lu, il jouait de la musique sur un vieux piano, il s’essayait à la poésie, laissant les phrases chanter en lui avant de les transcrire sur des feuilles volantes. Mais tout ceci ne lui donnait pas un toit, un abri dans lequel se réfugier pour savourer la vie. Certes, il connaissait le monde. Il avait même voyagé non seulement en France, mais en Europe, en Afrique et en Amérique. Mais jamais il n’avait trouvé un monde à sa mesure dans lequel il glissait en douceur et laissait la vie s’écouler comme un fleuve.

Il fut entraîné un jour, par un ami, dans une exposition de peinture. Celui-ci lui expliqua que lorsqu’il allait à une exposition, il revêtait son plus beau costume, se parfumait, se peignait et entrait dans la salle d’exposition comme un jeune marié entre dans la chambre conjugale. « C’est une autre monde dans lequel j’entre en catimini. J’y respire à l’aise. J’y croise des gens différents, le regard clair, émerveillés de la richesse des couleurs, ensorcelés par la puissance des traits. Et tout ceci s’ordonne autour de moi. Je fabrique ma maison princière et j’y erre en toute liberté. » Eusèbe s’interrogea : « Quel bel exemple du bonheur. Environné de ce que l’on crée ou qu’un autre crée pour soi, la vie devient une patinoire sur laquelle on glisse jusqu’à la chute finale. On traverse les jours sans connaître les affres de la solitude. On reçoit plus qu’on ne donne, sauf si l’on est soi-même artiste. » Eusèbe décida de s’initier à la peinture. Mais il ne savait quel type de peinture choisir et comment s’initier.

Le lendemain, il choisit soigneusement le musée dans lequel il tenterait de faire connaissance avec la peinture. Un musée d’art classique ? Oui, il connaissait cette peinture sereine, ces paysages sublimes, ces visages expressifs. Mais cela ne le sortirait pas de son monde réel. Il serait un double dans la copie d’un monde connu. Il choisit de sortir des sentiers battus. Un art non figuratif, mais pas complètement abstrait à la manière des tachistes ou des informels. Un art qui s’ouvre sur des paysages irréels, à peine esquissés, que l’on invente en soi en les regardant. Un art d’intuition, un chemin que l’on ouvre et qui vous laisse partir seul sur la route de l’imagination. Cela devint un jour nouveau, qui allait lui dévoiler l’inénarrable : le cocon dans lequel il pourrait laisser sa vie s’écouler avec bonheur. Il revêtit non pas un costume et un pardessus, mais un pantalon chic et sport et un blouson de peau, doux et malléable. Il voulait être flexible, ne rien attendre de ce qu’il connaissait. S’il l’avait pu, il y serait parti nu. Mais la pudeur restait plus forte que l’envie de nouveauté.

Après avoir payé, devant un guichet translucide, à un personnage transparent, il avança vers l’entrée tendant son billet au préposé qui le déchira en deux et ne lui en rendit qu’une moitié. « Ça commence bien ! », se dit-il. Mais il voulait entrer dans un autre monde et peu importait ce qui se passait dans ce monde-là. Il avança et marcha le long des murs, regardant les toiles exposées, laissant son regard s’insinuer d’un tableau à l’autre.

Rien. Il ne se passait rien. Eusèbe avait décidé, avant même de franchir la porte du musée,  de se mettre devant un tableau et de le regarder jusqu’à ce qu’il entre dans celui-ci et le comprenne. Mais encore fallait-il trouver le tableau à contempler. Si son regard n’était pas attiré, son esprit le serait-il ? Vraisemblablement non. Il attendait d’être flashé, de sentir ses cheveux se dresser sur sa tête, d’être pris de tremblement sacré. Et rien de tout cela n’arrivait. Il errait dans le musée sans autre impression que celle de la chaleur qui y régnait. De guerre lasse, il s’assit devant un tableau où des objets enchevêtrés dansaient sans souci de plaire. Ce n’était pas encore du cubisme, ni même de l’abstrait, mais un mélange d’ordre et de désordre, de papiers à musique, de journaux sans titre, de guitares cassées et d’autres objets plus difficiles à identifier. Ombre et lumière, contraste et faux fuyant, il rassemblait les singularités de la peinture moderne, sans que rien cependant ne lui fasse impression. Mais Eusèbe était fidèle à ses promesses. Il avait dit qu’il resterait quatre heures devant un tableau ou au moins jusqu’à ce qu’il ait compris. Alors il resta, regardant le tableau, sans penser à rien de précis. En attente... puis en ouverture… puis en goûteur d’impressions et de sensations.

Il observait cette guitare dont le manche branlant ne pouvait plus résonner d’aucune note. Il examinait cette main qui courrait sur les cordes sans les toucher. Il contemplait le corps désarticulé du musicien et le vit se déhancher en rythme lent. Il scrutait cette invitation à la danse sans comprendre pourquoi elle émanait du tableau. Il devint ce guitariste dont il ne voyait pas le visage, mais dont le corps exprimait la tendresse et la force. Les notes résonnaient en lui, s’imprimaient dans ses sens. Chaque couleur prenait une signification musicale, émettait une mélodie, transperçait son appréhension, lui donnant une approche virtuelle et vivante d’une réalité inexistante. Il était la musique, il était la joie des résonnances, il n’était plus qu’un magicien qui pénétrait dans le cœur et l’âme des autres pour y jeter l’étincelle de la création.

Quelques instants plus tard, il se réveilla, se tâta, se regarda comme s’il flottait entre deux eaux. Il vit le tableau qui étincelait dans cette salle du musée et écrasait les autres. Depuis ce moment, quand il entre dans un musée, il ne cherche pas à apprécier tous les tableaux. Il porte un regard d’ensemble, puis passe devant chacun d’eux, jusqu’à ce qu’il trouve celui qui lui parle, qui le transforme, qui l’éblouit. Il en cherche les raisons et chacune de ces raisons l’éclairent sur l’art pictural. Cette impression simultanée de vide et de plein, de couleurs et d’absence de réalité, il l’entretient, la fait naître en lui, l’analyse jusqu’à ce qu’elle rayonne et le comble d’une joie sans mesure. Peu importe de quel type de peinture il s’agit. Le sujet peut être totalement abstrait ou figuratif, ancien, moderne ou contemporain. Ce qui compte, c’est ce sentiment d’évasion qui le transporte vers une compréhension globale du monde, instantanée, amoureuse et divine.

Le lendemain, Eusèbe pénétra chez un marchand de couleurs, acheta des tubes, un cadre sur lequel il pourrait tendre une toile, un pot de peinture blanche qui servirait d’apprêt. Il rentra chez lui, ferma les yeux et vit le tableau se dessiner, les formes s’imprimer devant sa rétine, s’emplir de couleurs. Il commença à peindre dans une joie et une liberté qu’il n’avait jamais connues. Désormais il pouvait, les jours difficiles, s’abriter dans sa maison colorée et partir loin des soucis du monde.

30/04/2014

Surréalisme 2

Un sèche-main que l’on met en marche avec une petite claque sur la joue et qui s’arrête avec un baiser sur la paume…

Un plongeon au cœur de sa propre maison, dans une intimité silencieuse. Seules les bulles font prendre conscience de l’existence. Parachutée dans le monde, tombée du haut de sa délicatesse, elle se retrempe dans ses souvenirs avant de regagner la surface.

Le rêve d’une nuit de chaleur : s’installer sur une île, pas trop loin de la côte, pour plonger dans l’eau fraîche.

N’ouvre surtout pas les yeux sous l’eau, cela fait peur !

Alors mieux vaut se laisser happer par l’inhabituel totalement déjanté, et vivre isolé dans la cabane au bout du ciel. Mais que personne ne s'avise de faire une partie de tennis !

 

27/04/2014

Le mystère de l’art

L’art est voisin de l’amour et de l’amitié. Il crée les mêmes sensations et sentiments, c’est-à-dire une communion intime entre l’œuvre et le spectateur ou l’auditeur. Non seulement l’artiste a fait naître une œuvre au monde, mais pour tous ceux qui entrent en communion avec elle, elle renaît en lui.

Le mystère de l’art, c'est cette naissance permanente de l'œuvre dans l’être intime. Car c’est bien un mystère qui n’a rien à voir avec l’appréciation intellectuelle, sentimentale, financière, sociale ou mondaine d’une œuvre quelle qu’elle soit. Non, j’appelle œuvre d’art ce qui me prend aux tripes, m’envahit d’un courant d’air frais et me parfume de volutes enchantées. Cela ne s’explique pas, mais cette chaleur du cœur et ce vide de pensée est la marque de l’art. Cette emprise est la même que celle de l’amour et de l’amitié. C’est un sentiment de communion intime entre deux êtres.

L’œuvre devient vivante, se meut en puits sans fond qui s’ouvre sous les pieds et vous contraint, pour votre plus grand bien, à sortir de ce moi qui vous encombre. Vous entrez dans l’univers, vous planez entre les constellations, admirez la circulation des planètes. Vous prenez de la valeur à vous oublier. Vous vous enrichissez sans effort. Ce tremblement léger de votre être aspire à une osmose encore plus grande. Vous n’êtes plus, vous êtes de l’autre côté du miroir, vous êtes l’œuvre, sur la pointe de diamant d’une interpénétration éclairante. Pas un regard, ni à droite, ni à gauche. Rien ne doit vous distraire de cette communion. Cela demande de la concentration, mais elle vient d’elle-même. Et ce souffle d’air frais vous nettoie, vous sanctifie, vous rend autre, meilleur, moins compliqué, plus vrai.

Je suis parce que tu es et tu es parce que je suis.

26/04/2014

Musée de la sculpture en plein air (2)

 Ce musée voit loin dans l’avenir, même s’il se situe en bord de Seine, près de la cathédrale de Paris. C’est ainsi que l’on peut y contempler ce satellite, sorte de soucoupe volante devenue inerte, tombée du ciel, mais conservant sa courbure parfaite apte à séduire les physiciens. Elle s’appelle Abstraction et a été conçue par Marta Pan en 1969.

 

Quelques pas de plus et c’est une sorte de monument funéraire qui s’offre en toute dignité à la vue du passant. Mais seul le rêve est enterré là, debout, dressé dans le froid de l’hiver. Il se laisse caresser, a la peau douce et m1-P3050073.JPGalgré ses angles aigus, se fait attendrissant au regard. On a envie de s’installer, assis, le dos à la croix, les bras sur les deux accoudoirs, une sorte de trône pour un personnage mythique, barbu et affublé d’atours insolites. C’est une « sculpture architecturale » de Marino Di Teana (1973), en acier Corten. L'acier Corten est un acier auto-patiné à corrosion superficielle forcée, utilisé pour son aspect et sa résistance aux conditions atmosphériques.

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 Un bon gros bloc de granit, sculpté. Mais la pierre est si dure qu’il est difficile d’aller au-delà d’une sorte de bas-relief sur chacun des côtés. Néanmoins les deux morceaux s’enchevêtrent avec tendresse comme peuvent le faire un homme et une femme en mal d’affection. Quel plaisantin ce Rugerro Pazzi qui l’a sculpté en 1979.

 

 

 

 

Pour les amateurs d’espace, voici la station d’écoute des ondes venant du fin fond des temps. Elle a la charge de percevoir non pas ce qui se passe dans notre monde, mais ce qui s’est passé avant même qu’apparaisse l’homme. Cela fait une sculpture moderne, simple, légère et mystérieuse. Mais quels sont ceux qui se trouvent dans la boite ronde, les écouteurs sur les oreilles ? Seul le sculpteur peut le dire, mais son nom a disparu pour l’éternité.

 

 

 

Et voici le spectre d’une nouvelle race d’hommes. Il se détache sur le ciel, empli l’espace de sa force tranquille et bien que vacillant sur sa jambe fluette, il proclame sa puissance. C’est l’œuvre d’un roumain, Sorel Etrog, et elle s’appelle Fiesole (1967).

 

Admirons enfin la musique sourde ce cet étrange instrument, sorte de cor futuriste dans lequel il ne faut mettre les oreilles sous peine de devenir sourd. Il est démonté, c’est vrai, et ces pièces éparses font rêver : quel géant mélomane pourrait s’installer et écouter la voix lointaine des habitants d’autres planètes. C’est une sculpture de Micha Laury, né en Israël. Elle se prénomme « Mind Accumulation » (1968).

 

23/04/2014

Loup Francart, à la galerie Marc Hachem

J’expose plusieurs toiles à la galerie Mark Hachem 28 place des Vosges 75003 Paris, de 10h30 à 19h00 à compter du vendredi 18 avril pour deux semaines.

Un aperçu :

       
« Enfermement »
Acrylique sur toile, 1,50 x 1,50 m
Mai 2013

 

Alors, venez faire un tour!