01/08/2013
James Mackeown expose à la galerie 26
L’intimité dévoilée, tel pourrait être le titre à donner aux tableaux de James Mackeown. Un coin de prairie ou de plage, un regard par la fenêtre, une scène de la vie quotidienne. Le regard de James Mackeown est sans arrière-pensée, clair de bonheur serein, d’impressions enfantines. La vie entre en vous et s’épanche dans ce regard où les couleurs ne maquillent rien. N’êtes-vous pas en bord de mer, les yeux emplis de la majesté des vagues qui se perdent sur la plage ?
Et là, à la maison, dans la cuisine, le matin, quand se prépare le repas de midi, dans la clarté et la fraicheur de la fenêtre ouverte.
James Mackeown aime les fenêtres. Elles ouvrent sur le monde, mais permettent de conserver une certaine intimité. Le regard par la fenêtre est une observation de timide qui n’ose se plonger dans la vie ou au contraire de quelqu’un qui a compris que la vie doit être regardée avec recul.
Ou encore une interrogation sur ce monde surprenant, inquiétant, mais impuissant à détruire votre paix intérieure.
Il aime la noblesse du quotidien, les matins endormis, les jeux d’enfants, les promenades dans la forêt, les bistrots et les pubs.
Il vit en France, mais il est d’origine irlandaise. Il aime la Normandie, ses bois, ses plages, ses maisons qu’il décrit par le jeu de coups de pinceau bleus, verts, ocres qui donnent une transparence magique et lumineuse. Et chaque tableau est un composé entre l’extérieur et l’intérieur, l’un affiché, l’autre à deviner. Les fenêtres permettent d’exprimer ces deux sensations.
Il expose actuellement à la galerie 26, 26 place des Vosges 75003 Paris.
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06/06/2012
De l’impression au rêve, paysage de Henner (1ère partie)
Exposition au musée Henner (peintre : 1829-1905), qui était auparavant l’atelier d’un autre peintre, Guillaume Dubufe. Magnifique musée dans le style de celui de Gustave Moreau (voir le 26 janvier 2012) avec des éléments architecturaux empruntés un peu partout. Ainsi on trouve au premier étage des moucharabiehs égyptiens, une cheminée chinoise et des colonnes doriques.
Mais ce qui nous intéresse est aux murs.
On entre au premier étage dans un atelier salon, très lumineux, de grande dimension (celui que vous venez de voir). Quelques portraits, élégants, souvent assez sombres, aux contours vagues le plus souvent. Une belle jeune fille qui dort, la bouche entrouverte, un teint de pêche sur fond noir, intitulé « Le sommeil » et peinte en 1880. Elle semble morte, mais l’on sent également les battements de son cœur à la fraicheur de sa peau. Evanouie, le temps d’un sommeil !
Des paysages et des nymphes, multiples. Les paysages à l’huile sont sombres, presque noires, avec des ciels bleu turquoise, très lumineux. La végétation y est peinte à grands traits, en vastes coups de pinceau. Ce sont plutôt des ombres, des lignes d’horizon, avec, parfois, un chemin ou un étang, plus clair.
D’autres paysages, Capri, Naples, Rome, et d’autres encore, sont au contraire pastels ou presque, avec des ciels plus travaillés. La campagne italienne est un bon motif de paysage.
De beaux dessins, avec la silhouette de Saint Pierre dessinée au crayon.
« Je rêve quelque chose et je n’arrive pas à réaliser mon rêve ; il faut trouver la forme et la couleur appropriées », dit Jean-Jacques Henner.
Les dessins de paysage ou de vues faits au fusain, sont, pour la plupart, rehaussés de craie blanche, comme un rappel du ciel des toiles à l’huile.
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16/03/2012
Impressions champêtres
Il y a déjà un an, j’ai eu un coup de foudre pour deux tableaux assez proches, l’un de Renoir, intitulé « Chemins montant dans les hautes herbes », peint vers 1872-1875, et l’autre de Claude Monet, « Coquelicots », peint en 1875. Et je les retrouve hier, au musée d’Orsay, presque côte à côte, parmi les autres impressionnistes.
La même impression d’irréel heureux, le même enchantement d’un début d’été, odorant, dans le silence ouaté de la campagne, comme un arrêt du temps, quand l’instant devient éternité par émerveillement de l’être.
Quelle merveilleuse descente de la colline ensoleillée, presqu’illuminée de cette couleur irréelle que donne les rayons trop puissants d’un après-midi de chaleur. On entend rire les premiers groupes de femmes, jeunes, souriantes, joyeuses, qui se laissent caresser par les herbes hautes en se tenant par le bras. La première cueille quelques coquelicots ou autres fleurs, elle hume avec délice l’odeur renversante de la nature épanouie, ouvre les yeux sur ces couleurs vives, mais diaphanes que donne le silence d’un début d’après-midi en été. Plus loin, en haut de la colline, les parents, ou un autre couple, devisent plaisamment, en bonne compagnie, se laissant porter par l’ambiance simple et magique de ce jour. Les contours de la végétation restent flous, sauf au premier plan, comme les mirages, emprunts d’un léger tremblement qui transforme la réalité en rêve vivant.
Et il en est de même pour les Coquelicots de Monet. Le dessin est plus enfantin, plus sombre aussi, sans doute en raison du ciel plus chargé. La douce transparence des chaleurs d’été n’y est pas. L’atmosphère est cependant douce, moutonnée, coconnée, englobée dans ces couleurs moins vives, enrobée de gris qui sont le reflet des nuages filtrant la lumière et qui donnent ce repos moins exaltant, mais aussi subtil, que le tableau de Renoir. Les coquelicots s’égaillent sur la pente de la butte (ce n’est pas une colline). Ils s’égrainent comme des cloches au son cristallin, enchantant le regard sur ces hautes herbes qui ondulent sous la brise. Là aussi les personnages en descendent, deux mères avec leur enfant. L’ombrelle, instrument indispensable à l’époque, alors que de nos jours on se laisse griller au soleil avec juste, et encore, un écran de crème à même la peau. Elles avancent calmement, ont l’air perdues dans leurs pensées, et les enfants restent sagement à leur côté, comme intimidés par cette nature immobile, silencieuse, endormi.
Merci à vous, artistes, pour ces petits chefs d’œuvre pleins de promesse d’été ! Grâce à votre art, vous nous faites revivre ces instants merveilleux de l’enfance, par ces impressions si finement délivrées, qui, comme la madeleine de Proust, entraînent le souvenir vers ces paysages oubliés dans les replis de la mémoire.
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12/02/2012
Le néo-impressionisme (exposition Henri Edmond Cross, au musée Marmottan Monet)
(Suite et fin de la première partie publiée le 4 février)
Quel coloriste éblouissant qu'Henri Edmond Cross ! Toute sa peinture est une ode à la couleur, une couleur toujours juste, sans faute de juxtaposition, et pourtant vive, lumineuse, enchanteuse. Une vie avec la lumière dans la tête, quelques couleurs primaires au bout des doigts, beaucoup d’habileté et de patience, et le bonheur sans fin d’un accomplissement dans l’harmonie. Sa vie fut courte, il est mort à 56 ans, mais en toute plénitude de son art. C’est un idéaliste, il aimait parler de ses idées artistiques. Il s’intéresse aux harmonies chromatiques, il joue avec les couleurs complémentaires, tout d’abord d’une manière très pointilliste et décolorée par l’usage du blanc, puis par touches, irrégulières, de couleurs pures.
Malheureusement, ses tableaux pointillistes se prêtent peu à la photographie. Admirons cependant la « plage de la Vignasse » dont il dit : « C’est vous dire que je crois avoir fait un pas vers les charmes de la pure lumière […] Un premier plan parsemé d’immortelles et d’herbe. La mer mauve avec le reflet du soleil vers les quatre heures de l’après-midi en été - ciel orangé très pâle. » Le scintillement du soleil sur la mer se reflète dans les buissons de la plage, une vibration émouvante imprègne l’ensemble du tableau, mais fondue dans une harmonie et une sérénité indéniables. On devine au loin les îles de Porquerolles et Port Cros, mais s’évanouissant dans le mirage provoqué par l’éblouissant reflet d’un soleil qui n’apparaît pas sur la toile. Ce qui compte, ce n’est pas la ligne d’horizon qui se situe très haute, mais le jeu des lumières sur la végétation de la plage, ensorcelée par l’irisation de la surface de l’eau. Et pourtant, tout est dépouillé, serein, calme, comme un jardin japonais.
Cross a également peint à l’aquarelle, avec toujours sa verve coloriste. Il y a en particulier, dans une petite salle avant la sortie, trois aquarelles magnifiques dans lesquelles l’effet de lumière est produit par la non peinture d’espaces importants sur la feuille qui donne une impression de neige lumineuse. Regardez les « Rochers de Trayas » (1902) où là aussi la mousse des vagues sur les rochers est rendue par l’absence de peinture.
La plus belle aquarelle de l’exposition est sans doute celle intitulé « Bormes » (1907). Nous sommes éblouis par cette lumière qui n’existe pas par la couleur, mais justement par l’absence de couleur.
Vers la fin de sa vie, Cross évolue, il retourne à la peinture à plat, mais conserve toute sa richesse coloriste. C’est le cas pour le tableau « L’arbre penché or le rameur », peint en 1905.
Allez voir cette exposition, je n’ai fait part que de petites impressions dont l’objectif est de vous inciter à contempler longuement ces magnifiques tableaux. Il faut se laisser prendre par leur magie, lentement, presque pieusement. Alors progressivement on entre dans cette volupté de l’esprit où la raison s’efface devant l’émotion. Mais comme dans le petit prince de Saint Exupéry, il faut se laisser apprivoiser.
07:43 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, exposition, impressionisme | Imprimer