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23/06/2014

Exposition Raw Vision à la Halle Saint Pierre

Cette revue anglo-saxonne, Raw Vision, fondée en 1989 par John Maizels, fête cette année son 25ème anniversaire. Elle ne traite que d’art populaire contemporain : art brut, art visionnaire, Black Folk Art, Outsider Art, bâtisseurs de l’imaginaire. Vous y voyez cent exemples de la créativité du facteur Cheval ou des jardins de Tatin. C’est un foisonnement de formes et de couleurs qui donne une autre vision de l’art, complètement décalée, mais passionnante. On y trouve du meilleur au plus mauvais, tant dans les sujets que dans le style. Certains sont des peintres aguerris, d’autres sont d’horribles barbouilleurs, les troisième fabriquent des maquettes bizarres à l’imagination délirante.

Voici François Monchâtre, peintre et maquettiste : « Lorsqu’on le rencontre pour la première fois, il apparaît timide et réservé aux côtés de son exubérante épouse Danièle mais derrière ce personnage conventionnel se cache un véritable iconoclaste ennemi actif de tous les dictats.  Il saisit l’instant hilarant où le réel trébuche dans l’absurde. A défaut de le sauver, il faut changer le monde. En œuvrant contre la bêtise toujours renouvelée, François Monchâtre peintre-sculpteur s’y emploie : il nous fait partager sa vision acerbe de la société avec ses machines à broyer le vide, ses femmes aux bains dans l’œil avide de la caméra du voyeur, cette sculpture où la liberté coiffe toutes les dictatures d’un bonnet d’âne. Inexorablement avec une patience d’artiste, il rajoute quelques gouttes de liberté dans un océan de conformismes. »

Un de ses prédécesseurs, Augustin Lesage, né en 1876, se rattache au mouvement spirite. « En 1911, alors qu’il travaillait au fond de la mine, il entendit une voix qui lui disait : « Un jour, tu seras peintre. » Après avoir commencé ses premiers dessins automatiques, l’esprit lui dicte : « Aujourd’hui il n’est plus question de dessin, mais de peintures. Sois sans crainte, et suis bien nos conseils. » 

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La toile achetée est une pièce de 3 m sur 3 m en 1912 que le peintre aborde dans le coin supérieur droit, et sans aucun plan préconçu de ce qu’il adviendrait ensuite. « L’esprit m’a tenu dans ce petit carré pendant trois semaines consécutives. Je ne faisais rien et c’en était un travail… Après, tout s’est développé, le pinceau a marché de gauche à droite, il y a eu de la symétrie… »

 

 

 

Vous rencontrerez aussi Dalton Ghetti, un brésilien qui sculpte les mines de plomb des crayons. Depuis 25 ans, il exerce avec minutie sa passion. Vu la taille d’une mine de crayon en graphite, on peut dire que cet homme a une patience et une habileté impressionnante.

 (A suivre)

22/05/2012

« Resisting the present », Mexico 2000/2012, musée d’art moderne de la ville de Paris

 

http://www.dailymotion.com/video/xpjozg_resisting-the-present-mexico-2000-2012_creation

 

mexico salle 1.jpgOn entre dans un froissement d’ailes, corbeaux en grappes qui s’élèvent vers d’autres cieux ne laissant que leurs déjections symbolisées par des cailloux. Les salles sont immenses, un peu vides, parsemées d’images, de dessins, de mots, de vidéos, de briques et autres matériaux insolites. On est un peu perdu, Ventilateurs RED.JPGeffaré de ces morceaux d’art qui nous sont présentés sans réelle unité, sinon les cris d’alarme contre la civilisation qui sont proférés par 6 manches à air ventilateurs intitulés « Credibility crisis » et qui poussent des mugissements sauvages.

 

Entre les corbeaux et leurs cris mécaniques déformés par les manches à air, se trouve une fresque de bonne facture artistique qui dépeint la société mexicaine. Certes, la dérision est obligatoire, mais elle reste acceptable en raison de la beauté du coup de crayon et l’organisation des symboles.

Bayrol Jimenes entier.JPG

 L’artiste, car on peut parler d’artiste, place sa sociétP5100024.JPGé sous P5100023.JPGl’impérialisme de l’aigle américain qui tient dans ses serres la plante à drogue et la mitrailleuse. C’est la guerre, une guerre sale avec des cercueils, des squelettes, sous les volcans de la colère. Le pouvoir en place est délétère, condamné par ses actes, profiteurs sans tête ou cadavres affublés de signe de leur autorité. Ce n’est pas très réjouissant, mais la construction de l’ensemble et les détails de chaque partie montre une véritable conscience de la composition artistique.

 

Plus loin, pour en finir avec cette salle en L, on voit projeter sur un mur les phrases poétiques ou non, d’Alejandro Jodorowsky qui proclame son idée de la société :

         La justice et une injustice partagée par la majorité.

         La société vit en reproduisant le passé. Si tu la suis, tu deviendras un mort vivant.

         L’unité n’est pas l’exclusion des contraires, mais la somme des contraires.

         Poésie : un coup de feu vers l’avenir.

         Les guenilles du mendiant peuvent révéler la danse du vent.

 

On passe dans une petite salle, consacrée à la géologie et l’hydrographie du Rio Grande. Que vient faire dans cette exposition ces images et ces pierres et autres objets ? Mystère. Peut-être tout simplement, parce que le grand fleuve est frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

 

mexico salle 3.jpg

Aztèque.jpg

Et l’on entre dans l’autre grande salle aux recoins multiples. Franchement, rien de remarquable ! Là aussi, dessins (très peu), photographies, vidéos, sculpture (hum ! en plastique et démonté au sol) et autres objets dits artistiques tels ces livres recouverts de papier de verre eP5100043.JPGt empilés sur une étagère ou encore cette chaîne de vélo qui tourne autour d’axes innombrables avec le cambouis qui s’écoule le long du mur. Grandiose peut-être ; incompréhensible, sûrement. Mais ce n’est qu’une métaphore visuelle de la société !

 

 

« Le dessin, très présent dans la culture mexicaine à travers la caricature, le surréalisme, le street art, est bien représenté. Il illustre la synthèse souvent brillante que le Mexique opère entre art populaire et art savant », nous dit le dépliant que l’on nous confie à l’entrée de l’exposition. J’espère cependant qu’il existe d’autres artistes au Mexique pour lesquels l’art n’est pas l’expression d’un rejet de la société et de revendications, mais qui tentent de faire passer un peu de beauté dans ce monde qui semble si triste.