17/10/2015
Voix bulgares
https://www.youtube.com/watch?v=7gaQMUecZQc
Comment ne pas résister à ces voix qui nous disent la beauté des montagnes bulgares et le bien-être des rencontres humaines. Pourtant ces voix ne sont pas travaillées à la manière occidentale en utilisant la résonance du pharynx. Elles sortent le plus souvent directement de la gorge (exemple en 19:00), style de chant inacceptable en musique classique.
On pourrait penser au chant corse dans la manière d’improviser sur la note de départ, s’éloignant progressivement de celle-ci en commençant par des écarts d’un seul ton, forme inusitée également en musique classique. Celle-ci tourne autour de la voix principale, s’enroule comme un serpent autour de celle-ci, revenant souvent à l’accord de seconde, caractéristique du chant bulgare.
Le chant est souvent rompu par des changements de rythme, comme un vent de folie dans l’écoulement du temps et des choses.
Enfin, quatrième caractéristique, le chant est parfois rythmé par la parole, un peu à la manière du chant parlé (si l’on peut appeler ainsi ce genre) ou du spoken word ou encore du slam.
Cela peut devenir une véritable cacophonie comme en 39 :12. Mais même celle-ci est belle en ce sens qu’elle exprime la particularité du pays, la résonance des voix au travers des montagnes, le son des cloches se propageant dans la froideur de l’air.
07:33 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique du monde, chant populaire, polyphonie, a capella | Imprimer
19/09/2015
Le chant polyphonique géorgien
Une polyphonie qui sonne bizarrement à nos oreilles à l’égal de l’attitude guindée de ces hommes.
https://www.youtube.com/watch?v=j4bGuJteQIo
UNESCO: Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité - 2008
URL: http://www.unesco.org/culture/ich/RL/... (Mise en ligne le 29 septembre 2009)
Description: Les chansons populaires occupent une place de choix dans la culture géorgienne. Le chant polyphonique en langue géorgienne est une tradition séculaire dans ce pays où la langue et la culture ont souvent été opprimées par divers envahisseurs. On y distingue trois types de polyphonie : la polyphonie complexe, très courante en Svanétie ; le dialogue polyphonique sur un bourdon de basse, surtout répandu en Kakhétie dans l’est de la Géorgie ; et la polyphonie contrastée comprenant trois parties chantées partiellement improvisées, caractéristique de l’ouest du pays. Le Chakrulo, chanté lors des cérémonies et des fêtes et qui appartient à la première catégorie, se distingue par son recours à la métaphore, son yodle, le krimanchuli, et un « cri du coq » exécuté avec une voix de fausset. Certains de ces chants sont liés au culte de la vigne et beaucoup remontent au huitième siècle. Le chant est omniprésent dans toutes les activités de la vie quotidienne, des chants de travail (les
Naduri qui introduisent dans la musique les cris de l’effort physique) aux chants de Noël (Alilo), en passant par les chants de guérison. Des hymnes liturgiques byzantins ont eux aussi intégré la tradition polyphonique géorgienne, au point d’en devenir une expression majeure.
Après avoir subi les effets des politiques culturelles socialistes, la musique traditionnelle géorgienne est aujourd’hui menacée par l’exode rural et le succès croissant de la musique pop. Les nombreux enregistrements de chants polyphoniques effectués sur des disques vinyle au début du vingtième siècle, n’offrent pas de garanties suffisantes pour la préservation de ces données sonores dans le long terme.
07:16 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique traditionnelle, polyphonie, géorgie | Imprimer
16/09/2015
Campus Stellae, chants sacrés du XIIème siècle
https://www.youtube.com/watch?v=EX3-K-YPzu8
Apparition de la polyphonie. Elle est bien sûr différente de celle qui suivra, mais elle a sa beauté.
Tout d’abord pour les premiers chants vous entendez une seconde voix monotone, sur la même note, puis sur deux notes et parfois plus. Les Byzantins appelaient cet note d’accompagnement l’ison qui a pu naître soit d’un instinct harmonique primitif, soit simplement du besoin utilitaire de maintenir le ton. Cette teneur est le plus souvent la même note que la finale.
Puis le début d’une vraie polyphonie avec l’organum latin parallèle qui date de l’apparition de l’orgue importé de Byzance en Occident. Cette hétérophonie suit la mélodie principale en intervalles « parfaits », octave, quinte, quarte, note contre note.
Vint ensuite le déchant à partir du XIème siècle où la voix organale se chante plus haut que la voix principale. Apparaissent des éléments de contrepoint jusqu’à l’organum mélismatique ou à vocalises.
Un magnifique disque de l'ensemble Discantus dirigé par Brigitte Lesne.
07:34 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chant médiéval, polyphonie, organum, déchant, ison | Imprimer
01/07/2015
Chant corse : A Paghjella di l'impiccati (Le chant des pendus)
http://www.youtube.com/watch?v=FU-wBJ4r3f0&feature=related
Le groupe A Filetta est véritablement impressionnant de professionnalisme. Il transmet l’émotion sur le fil du chant dans ce tremblement imperceptible de la voix et les harmonies discrètes qu’il détache du chant principal en longs filaments. C’est un peu comme le lent déplacement d’une pieuvre dans une eau claire, entourée de quelques bulles d’air qui montent lentement vers la surface.
Ce chant des pendus est splendide d'émotion contenue :
Sè vo ghjunghjite in Niolu
Si vous passez par le Niolu
Ci viderete un cunventu
Vous y verrez un couvent
Di u tempu u tagliolu
Les pleurs qui encore l'entourent
Ùn ci n'hà sguassatu pientu
N'ont pu être effacés par le temps
Eranu una sessantina
Ils étaient près de soixante
Chjosi in pettu à u spaventu
Pris au cœur de l'épouvante.
Dopu stati straziati
Après avoir été torturés
Da i boia o chì macellu
Par les bourreaux, quel massacre !
Parechji funu impiccati
Plusieurs furent pendus
Ci n'era unu zitellu
Il en était un tout jeune
L'anu tuttu sfracillatu
Son corps fut mis en lambeaux
E' di rota è di cultellu
Par la roue, par le couteau
Oghje chi hè oghje in Corsica
Aujourd'hui encore a Corsica
Fateci casu una cria
Si vous y prêtez attention
Si pate sempre l'angoscia
L'angoisse est encore palpable
Intesu dì Marcu Maria
A la seule évocation de son nom (1)
Era quessu lu so nome
Cet enfant s'appelait Marcu Maria (1)
Mancu quindeci anni avia
Il n'avait même pas quinze ans.
(1) En français, pour une meilleure compréhension, on devra inverser ces deux lignes.
Traditionnellement le chant corse s’appuie sur trois tessitures de voix :
• La voix principale, a seconda ;
• La voix basse, u bassu ;
• La voix haute, a terza.
Les voix s’agencent par tuilage et mélismes.
Le tuilage est le déplacement irrégulier des voix qui par leurs mouvements conjoints ou contraires par rapport au chant principal, provoque des échos. Le mélisme et une inflexion mélodique autour de notes dites de passage qui permet aux voix d’entrer dans le chant.
(From : http://www.lacoccinelle.net/257544.html)
07:45 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polyphonie, chant a capella, tradition | Imprimer
19/01/2015
Le gymel
https://www.youtube.com/watch?v=6zciDnkMjfE
Le gymel est d’origine scandinave (XIIe – XIIIe). C’est un faux bourdon strictement parallèle. L’origine du nom de ce procédé vient du latin gemellus « jumeau ». Cette forme de chant constitue le début de la musique polyphonique. Le début du chant est strictement parallèle, à la tierce, puis il s’infléchit pour partir de l’unisson et y revenir.
Un bon exemple du gymel est l’hymne à Saint Magnus, datant du XIIIe siècle. En voici le début dans le manuscrit du XIIIème siècle conservé à l’université d’Uppsala :
En voici une transcription en notation moderne :
I. Nobilis, humilis, Magne martyr stabilis, |
I. Magnus, noble et hymble martyr puissant, |
II. Præditus, cœlitus, dono Sancti Spiritus |
II. Pourvu du don du Saint-Esprit, tu as pris soin |
III. Gravia, tedia, ferens pro justicia, |
III. De graves dommages tu as subi par amour de la justice, |
IV. Pura gloria, signorum frequencia |
IV. Ta pure gloire ainsi que tes nombreux miracles |
V. Gentibus laudibus, tuis insistentibus |
V. Que le peuple qui chante sans cesse tes louanges |
L’intervalle de tierce était considéré comme un intervalle dissonant à cette époque sur le continent européen, probablement parce que la musique européenne de l’époque était fondée sur les considérations pythagoriciennes des intervalles. La gamme de Pythagore donne des quintes justes pures, mais les tierces ne sonnent pas très bien dans ce système. Ce chant de Vikings devait paraître très étrange aux oreilles étrangères, qui réprouvaient l’usage de la tierce. (from : http://www.schola-sainte-cecile.com/2011/07/24/nobilis-hu...)
07:20 Publié dans 52. Théorie de la musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : polyphonie, chant sacré, faux-bourdon | Imprimer