06/03/2011
Improvisation
Je joue du piano. J’ai fermé la porte du salon, j’ai ouvert le couvercle du clavier. J’attends. Je n’aime pas qu’on écoute ce que je joue au cours des premiers éclats de notes tâtonnantes. Je me trouble, me mécanise et m’égare dans le cheminement des accords. J’attends, je choisis ma position sur la chaise, j’appuie sur les pédales, je caresse les touches. Je m’entoure d’une enveloppe transparente qui englobe le piano. Je me fabrique une tente de solitude. J'entre dans la musique, en frappant à la porte.
C’est étonnant cette capacité de l’homme de s’abstraire du monde pour devenir la musique, la peinture, le sport ou même le jardin ou encore le calcul. Plus rien ne le dérange. Il est entré dans une bulle tiède, dans laquelle les sons résonnent d’une étrange manière, comme dans une cloche au fond de l’eau. J’entends encore les voitures qui passent dans la rue, mais je ne les perçois plus, elles ne troublent pas mon univers qui se réduit à ce piano, dont le bois diffuse les rayons du soleil, l’environnant d’un brillant qui réchauffe l’âme. Je cherche des sons hors de ma mémoire, mais dans les premiers instants d’une improvisation ce sont toujours les accords habituels qui sortent avant de s’égarer vers des mondes inconnus. Progressivement, ils forment une conjonction d’harmonies qui sonnent agréablement à l’oreille, puis d'enchaînements qui leur donnent la puissance de suggestion attendue. Alors ces accords, dans leur déroulement, finissent par donner une mélodie que l’on peut ensuite construire, améliorer jusqu’à ce qu’elle prenne sa place première et frappe le cœur d’un pincement de beauté qui emplit la bulle d’émotion. Parfois, la mélodie s’impose d’emblée, comme une phrase qui subitement, dans la construction d’un poème, s’impose à la pensée. Alors que cette phrase musicale se déroule seule dans la tête, les mains progressivement construisent autour d’elle le décor, un environnement musical qui donnera l’ambiance harmonique. Lentement, je rentre dans l’improvisation et me donne à l’intense joie d’enchaînements d’accords, de variations, de changement de modes, pour toujours revenir à l’impression initiale ou qui s’est progressivement construite, une mélodie simple que j’ai déroulée à l’extrême de mes possibilités. Elle retourne à sa forme primitive pour le plaisir d’en goûter à nouveau la sonorité, la sensation encore inédite de cette source d’eau fraiche qui coule à sa manière jusqu’au moment où elle est intégrée. C’est cette petite phrase de notes qui constitue la clé de l’improvisation parce qu’elle se construit autour d’elle. Bien d’autres éléments lui donneront la brillance, le charme, la force, la tristesse ; mais cette petite phrase est le centre de ce travail de l’émotion sans quoi la musique ne serait qu’un attrape-cœur. Cet univers de sons me prend tout entier jusqu’à l’instant de lassitude. Alors, à regret, mais empli de couleurs sonores, comme dans un musée des sons, je laisse le clavier refroidir, les dernières vibrations encore perceptibles, et poursuis dans le monde intérieur l’étrange périple d’une bulle créée de toute pièce.

J’appris les notes au lycée dans la monotonie des dictées musicales. C’était un jeu pour moi, une devinette, une échelle dont on doit connaître chaque barreau et sa place par rapport aux autres. En rentrant le soir à la maison, je m’installais au piano, sur un annuaire de téléphone. Le son d’une note me fascinait, l’enchaînement mélodique de plusieurs me ravissait. J’appris progressivement à jouer à deux mains. Je m’appliquais. Il me fallut longtemps pour rendre indépendante la main gauche de la main droite. Il fallut également maîtriser la clé de sol, puis la clé de fa. A chaque nouveau signe inconnu, je cherchais dans le dictionnaire, jusqu’à assimilation. Et cette maîtrise très lente me donna des joies simples. Je me « donnais du ciel » dans ces instants où rien ne peux venir vous troubler. Le musicien n’est pas seul à pouvoir entrer ainsi dans ce ressourcement. Le peintre, le sculpteur, le sportif et toute personne qui se passionne intimement, et non superficiellement, ressent ces instants de plaisirs subtils, personnels et intransmissibles pendant lesquels un courant d’air frais vient caresser son visage et l’invite au voyage dans l’inexprimable.
En jouant, je regarde les vitres de la fenêtre en face du piano. Je regarde une vitre, celle qui a des défauts. C’est la perception du mur de la maison d’en face qui est la clé de mes pensées. Chaque verre a un défaut qu’on ne perçoit pas lorsqu’on le regarde. Mais il suffit de bouger un peu la tête pour voir l’image derrière le verre prendre de nouvelles formes. L’image ondule, flotte dans l’air, se rétracte, respire comme un être vivant. La maison d’en face n’est plus un mur sale, avec des fenêtres et des volets, des coins d’ombre et de lumière, elle devient une mer démontée, une plante qui pousse, une figure de style. Chaque forme de la maison d’en face varie avec la musique, avec son mode, avec le rythme de l’accompagnement. Elle évolue aussi selon la position de la tête qui change en fonction de celle des mains, un forte de la pédale retentit sur la perception de l’image plus encore que celle de la tonalité. L’image de la maison d’en face devient la ligne mélodique, le livre où je lis la portée. J’y trouve selon sa vibration, selon l’état de l’air, le pianissimo ou le forte des impressions. Ce n’est plus la réalité, ce n’est pas le rêve, c’est une sorte d’hypnose qui émane de la façon du verre.
Du rêve à la réalité : Ce piano à queue, dans un état dégradé, était mystérieusement apparu le 1er janvier 2011 sur un petit banc de sable dans la baie de Biscayne, légèrement au sud de Miami (Floride, sud-est), sans que les autorités ne puissent expliquer les raisons de cet échouage peu banal.
                                                        05:40 Publié dans 51. Impressions musicales  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : musique,  improvisation,  piano,  impression |  Imprimer
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05/03/2011
Comme l’âme dépareillée des marins
Comme l’âme dépareillée des marins ensevelis en terre,
Chaque pierre a son éloquence. Il y a la pierre du fou
Et celle du bienheureux. Celle de la tristesse  et celle de l’opulence.
Les unes ont la densité de l’espoir ou la corpulence du crime, 
d’autres la légèreté de l’ignorance ou la beauté de l’inconséquence.
Et chaque caillou sur le chemin montant vers le cimetière
S’arrondit lentement au pied des foules compassées
Qui y montent tristement, aussi lourdement que la douleur,
Pour redescendre joyeuses et plus légères d’insouciance
Vers le petit bistrot des âmes disparues au pied de la colline.
Lentement les âmes s’usent aux années plus rugueuses
Comme la corde d’amarrage des navires sous le sel.
Et un jour elles se détachent en petits cailloux brisés
Qui s’en vont un à un, le long du chemin,
Pour renforcer l’asphalte rectiligne et éternel
Jusqu’à l’arrêt de la mécanique humaine.
                                                        00:38 Publié dans 42. Créations poèmes  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poésie,  poème,  littérature,  écriture |  Imprimer
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04/03/2011
Cheminement chaotique
Cheminement chaotique de l'imaginaire dans le rêve :
                                                        05:38 Publié dans 22. Créations numériques  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : dessin,  peinture,  op'art,  art cinétique |  Imprimer
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03/03/2011
Dans le désert plat de l’imagerie télévisuelle
Dans le désert plat de l’imagerie télévisuelle
Que n’ai-je vu de beautés factices
Dédiées aux plus choquants des prêtres,
Ceux d’une publicité criante ou de jeux tapageurs,
Ou encore aux vertus de voitures carrossées
Par le dernier éphèbe en délire du jour ?
Que n’ai-je vu aussi, de guerres sanglantes
Et de soldats perdus pour un pouvoir obscur
Ou encore de rires émouvants et fragiles
De jeunes adolescentes effarouchées
Un soir de grisante veillée au bar délétère ?
Oui, j’ai contemplé
La noirceur des meurtres en série,
Le bleuissement des rêves enivrants,
Le jaunissement des fins d’une vie,
Le verdoiement des explorations perdues,
La griserie des fêtes mondaines,
Le brunissement de papyrus en miettes,
L’écarlate des bouches de femmes,
L’orangeté des délires printaniers
Dans l’étrange chambre de nos vingt ans,
Le vermillon des petits pas menus
Des danseuses chinoises aux pieds bandés,
La pâle blondeur des cheveux de reines,
Le bref éclair des couteaux affutés
Dans les rues inconnues de villes lointaines,
Jusqu’aux évanescentes rencontres
De sordides réseaux en mal de reconnaissance
Par des enfants insoumis et brutaux.
Parfois, vient un instant de pur délice,
Comme l’ombre de Dieu sur le ciel assombri,
Qui éclaire d’un reflet étincelant
Le lent cheminement de l’âme
A la recherche d’un plaisir sain.
Alors s’attardent les cœurs endurcis
Et les intellects obscurs et sordides
Pour contempler, fruit du pur hasard,
L’apparition attendue d’un désert sans fin
Où rien ne se passe hors du silence des sens.
                                                        07:22 Publié dans 42. Créations poèmes  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poésie,  poème,  littérature,  télévision,  désert |  Imprimer
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02/03/2011
Souvenir lointain
La nuit, quand je ne pouvais dormir, peut-être parce que je n’étais pas assez fatigué ou que la fatigue déclenchait irrémédiablement le souvenir de chacun des mouvements du corps que j’avais fait dans la journée, je regardais, dans la torpeur irrésistible et insuffisante que donne l’approche du sommeil, mais qui n’est pas encore celle du sommeil, le couvre-lit qui protégeait les couvertures de la poussière, irisée par le soleil du matin, que soulevait ma mère en faisant un ménage méticuleux et soigné.
Ce couvre-lit éveillait en moi le souvenir d’années lointaines où, petit garçon épris des caresses de ma mère, ou plutôt de la douce et tiède odeur que dégageait son lit le matin quand je venais l’embrasser par un besoin irrésistible qui me faisait sortir de la chaleur bienheureuse de mon lit, je venais me blottir dans ce havre de paix, essayant vainement de mettre en contact le maximum des parties de mon corps avec le grain rude et perceptible de son tissu usé par le frottement de nos ébats enfantins. Le plus souvent, ma mère s’étant levée et préparant l’instant sacré et tant attendu du petit déjeuner dont nous n’entendions pour le moment que le cliquetis des cuillères sur les soucoupes et le grincement de l’armoire où se trouvaient les tasses, nous sautions avec mes frères sur le lit pour retomber dans les plis mystérieux du couvre-lit. Alors, le nez enfoui dans le vallonnement que faisaient les côtes du tissu dont j’apercevais chacun des fils de laine qui sortaient en chevelure brouillonne de ces vallées allongées côte à côte, je regardais l’entremêlement des fils roses et blancs retenus et soudés par d’autres fils de la même couleur et qui avait pris dans le vieillissement de l’usage la couleur de ce saumon qui m’avait émerveillé le jour du mariage d’une de mes cousines quand il reposait comme un jouet tendre et coloré dans la blancheur de l’assiette entre deux demi-lunes dorées qui se rejoignaient en auréoles dans le cercle délicat et parfaitement défini de la porcelaine.
J’aurais pu rester de longues heures ainsi étendu, les mains enfouies sous le pli que faisait le couvre-lit rabattu vers les pieds pour laisser apparaître la fraicheur du drap (et l’envers du couvre-lit par sa construction moins riche en fil rose me paraissait être la couleur du saumon vivant quand on le découpe cru en filets allongés) si je n’avais pas préféré pénétrer lentement dans la chaleur des draps imprégnés du souvenir de l’odeur unique des joues de ma mère. Je m’y blottissais en fermant les yeux comme si la couverture rabattue sur la tête n’eut pas suffi à donner à mon esprit l’impression de repos que je venais chercher. J’abolissais toute notions de temps qui me semblait arrêté puisque je n’entendais plus le mouvement du réveil qui était mon ennemi quand je venais ainsi retrouver le bonheur d’encore plus jeunes années où, malade, ma mère m’avait installé dans sa chambre à côté de la cheminée du pétrin que faisait tourner jour et nuit le boulanger du rez-de-chaussée, me berçant de son ronronnement lointain transmis, me semblait-il, par le chaleur de la cheminée que je percevais au toucher du mur blanc.
                                                        06:09 Publié dans 11. Considérations diverses  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : impression,  souvenir,  mémoire,  enfance,  réveil |  Imprimer
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01/03/2011
Le chant liturgique
Le chant liturgique est destiné, par sa beauté, à préparer, au sein de la communauté, la rencontre intime avec Dieu.
Il est d'abord expression communautaire de la foi. Il efface les différences, fait converger les cœurs et les âmes. Uni aux autres, chantant d'une même voix, chacun fait taire sans effort ses préoccupations.
Plus profondément, il est destiné à devenir prière, à recueillir le cœur et l'esprit par sa tranquille sérénité, par la joie profonde qu'il engendre, une joie dénuée d'émotion et de sentimentalisme. Le chant liturgique suppose un certain oubli, un certain détachement vis à vis de son exécution. Il lave ainsi l'âme de son égocentrisme et la rend transparente.
Alors se dévoile la réalité profonde de la liturgie. Dans sa beauté, elle ouvre au mystère divin. Elle dilate l'être qui perçoit le don de Dieu. Le chant devient écho de la gloire du ciel, il fait pénétrer dans l'éternité.
Ceci suppose une unité interne des chants : unité destinée non à engendrer la monotonie, mais à préparer le cœur sans le distraire, à favoriser la concentration. C’était bien le cas du chant grégorien, chant liturgique par excellence. Cette unité permet l'entrée dans le mystère. Cependant, elle ne doit pas enfermer l'expression. Dans le chant liturgique, c’est la parole qui donne son rythme au chant et non la musique, ou plutôt, la musique ne crée que le contexte de l’expression de la parole de Dieu et le chant évolue selon le sens et la rythmique des phrases, et le moment de la liturgie. Il doit être très libre, léger, d’un rythme très nuancé, fait d'accélérations et de ralentissements, murmurée ou chantée à pleine voix, en prenant garde de toujours articuler les mots de façon à pénétrer dans le mystère et laisser la parole toucher le cœur.
                                                        05:41 Publié dans 52. Théorie de la musique, 62. Liturgie  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : musique,  liturgie,  chant,  spiritualité |  Imprimer
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28/02/2011
Le poète
Le poète est un homme qui perpétuellement se confesse. L’impudeur est à la base de son talent. Contrairement au romancier, tricheur plus ou moins habile, le poète possède l’œil interne. Il pense le monde avec ses rêves, ses envies, son ennui et le décrit au travers de son prisme déformant qui le réconcilie avec lui-même.
Le mot poésie, qui vient du grec ποιεῖν (poiein), signifie "faire, créer". La création poétique fut d’abord très formelle, codifiée, et couvrait un vaste champ : de la tragédie aux contes épiques, voire comiques. De tradition orale, c’est par le vers que se différenciait la poésie de la prose. Le vers facilitait la déclamation, donnant un rythme à la parole, voire des effets sonores à travers les rimes. Mais le poète recherche aussi l'expressivité par le poids accordé aux mots comme par l'utilisation fréquente des figures de styles et au premier chef des images, comparaisons et métaphores, recherchées pour leur force suggestive.
Ce n’est que plus tard qu’elle devint principalement un moyen d’expression des sensations et des sentiments jusqu’à s’affranchir des contraintes formelles du vers et de la rime. La tendance est le "vers international libre", d’après l’expression de Jacques Roubaud. La poésie se fait par l’image, le jeu de mots, le sens du rythme. Elle s’affranchit également de la narration. Seule compte in fine l’évocation qui va germer au fond de l’être et le faire rêver, qu’il soit l’auteur ou le spectateur.
La poésie est l’art d’émouvoir l’auditoire par des mots et de lui faire partager une autre vision du monde, insolite et personnelle. Elle est la conjonction d’instants magiques dans la durée du poème, car le poète fait de lui une grotte retentissante des échos de l’univers.
                                                        02:29 Publié dans 11. Considérations diverses  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poète,  poésie,  image,  expression poétique,  chant |  Imprimer
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27/02/2011
Le carnaval d’Aix, fantaisie pour piano & orchestre, op. 83b (1926), de Darius Milhaud (1892-1974)
Il faut avoir écouté « Le carnaval d’Aix », de Darius Milhaud, compositeur prolifique, lyrique méditerranéen, d’inspiration provençale et juive.
Ecouter : http://www.youtube.com/watch?v=DoCpNXaDRNk
Mélodiste-né, Milhaud excelle à inventer des thèmes d'une courbe franche et saine, d'une structure essentiellement tonale et même diatonique, se prêtant admirablement à l'élaboration polyphonique, le plus souvent polytonale. Mais la polytonalité de Milhaud est également d'ordre purement harmonique (d'où son fameux "contrepoint d'accords"), le musicien y trouvant « plus de violence dans la force et plus de subtilité dans la douceur ». Le langage rythmique est simple, la périodisation presque aussi symétrique que chez les classiques ; l'orchestration, franche de couleur jusqu'à la crudité, recherche les timbres purs et ne devient parfois opaque que par la densité extrême de la matière polyphonique.
Cet art lumineux, aux antipodes du chromatisme germanique (l'aversion de Milhaud pour Wagner et Brahms est légendaire !), se situe tout naturellement dans la grande tradition française de Couperin, de Rameau, de Berlioz, de Bizet et de Chabrier, dont se réclame le compositeur : c'est l'une des manifestations les plus considérables de la musique non sérielle de notre époque. L'œuvre de Milhaud exprime une profonde sérénité, une paix intérieure, d'autant plus admirables qu'elles émanent d'un être physiquement torturé. Excellent dans la traduction de l'allégresse, de la tendresse intime et de la poésie pastorale, elle garde, lors même qu'elle se hausse à une horreur tragique digne de l'Antiquité grecque, une sorte de noblesse olympienne opposée à tout expressionnisme subjectif ou trop engagé.
Article de l'encyclopédie Larousse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Milhaud/13...
C’est une pièce extrêmement colorée, c’est-à-dire très riche en sons, en accords, en changements de rythme. Toute l’ambiance du carnaval y est retracée, depuis la scène du petit enfant qui s’émerveille en mangeant quelques sucres d’orge, jusqu’aux fanfares éclatantes de la marche du défilée. On y trouve de petits airs endiablés et charmants comme les danse d’enfants, de magnifiques mélodies, des danses, tout cela parmi une cascade de sons qui rend bien l’atmosphère d’un jour de fête. Quelle gaité, quelle merveilleuse joie accorde cette musique, très riche en cuivres, dans laquelle le piano décrit des scènes de carnaval et les violons évoquent les danses langoureuses et les flonflons du bal.
L’ouverture est une marche, l’entrée en scène du défilée, avec sa fanfare, mais également les bruits de la foule, le défilé des chars fleuris, les applaudissements, les cris des enfants. Bref, la cacophonie d’un jour de fête, mais solennelle.
Suit une sorte de danse endiablée, mais harmonieuse, faisant penser à des lutins dansant dans la nuit sous la lumière des lampions, puis courant de ci delà en se dispersant dans la foule.
C’est ensuite un intermède délicat, romantique pourrait-on dire, comme une rencontre d’amoureux derrière la foule, à l’ombre des réverbères. Et dans la musique de leur bulle intérieur, ils se rêvent plus tard, plus près, jusqu’au silence.
Gerbe d’étincelles, c’est l’arrivée d’un char de fleurs, bariolé, devant lequel se tiennent les gamins, la bouche ouverte, tendant la main pour mieux appréhender ce flash de couleurs. Au sommet, se tient une princesse qui avance lentement, sous les regards ébahis des enfants et qui leur fait un signe de la main, doucement, presqu’amoureusement.
S’ensuit une danse annoncée par le piano qui en égraine le thème, décousue, mais autour d’une magnifique mélodie de simplicité et de vivacité. C’est une sorte de danse turque, arythmique, reprise par l’orchestre dans un tintamarre de notes discordantes. Elle est suivie d’un repos de l’âme au cœur de la nuit qui ne dure que quelques instants avant de céder la place à un final déchaîné marquant la fin du défilé.
                                                        06:48 Publié dans 51. Impressions musicales  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : musique,  darius milhaud,  carnaval |  Imprimer
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26/02/2011
Jaillissement
En un instant magique, notre vision du monde évolue. Plus rien ne sera comme avant. Apparaît sous son vrai jour ce qu'auparavant je voyais avec les yeux du passé. C'est un jaillissement immédiat, brutal de la vérité, comme un pincement de la mémoire jusqu'à l'apparition d'une nouvelle réalité. L'arrière fond reste en place, mais il se disloque par l'accélération des transformations qui s'imposent. Alors la vanité du passé s'effondre devant la vérité du présent.
                                                        07:07 Publié dans 22. Créations numériques  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : dessin,  peinture,  art cinétique,  aspiration,  révélation |  Imprimer
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25/02/2011
Rien… Le silence de l’attente
Rien… Le silence de l’attente
Dépouillé d’une vie antérieure
J’attends ta venue
Je connaissais le rire
Je savais des mots et des gestes
Parfois aussi la tristesse d’un jour sale
Je n’avais pas d’attaches
J’allais, enivré d’air
Un jour, sous le feu d’une étoile
Tu m’as regardé
Je t’ai aimée cette nuit
Pour une flamme dans tes yeux
Maintenant, j’ai oublié le vocabulaire
De ces mots qui me grisaient
Je suis le pantin désarticulé
Dont les gestes se confondent
Et mon rire résonne, étrangement faux
J’attends, les mains tendues
Comme un noyé vers les rives
Je ne sais plus qu’un mot
L’attente
                                                        05:33 Publié dans 42. Créations poèmes  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poème,  poésie,  attente,  littérature |  Imprimer
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24/02/2011
Encre de Chine
Au Japon, le lieu de fabrication traditionnelle des encres de Chine est à Nara, une cité très emprunte de culture bouddhique et de traditions shinto. Sa fabrication est secrète. Son utilisation multiple : plume, pinceau, rotring ; pure, dilué en lavis, utilisée avec différentes couleurs (gris, voire encre de Chine blanche). Elle permet tout style de dessin: technique, figuratif, abstrait. Elle se mélange avec d'autres techniques de peinture: le crayon bien sûr, mais aussi les feutres de couleur, l'aquarelle, etc.
L'encre de Chine a la beauté de la simplicité. Noir sur blanc tout d'abord, elle permet la précision et la netteté. Elle a également la beauté de l'instantané : tracer avec un grand pinceau une calligraphie impose une sûreté du trait qui demande de nombreuses années de pratique. Bref, l'encre de Chine est une discipline envoûtante parce qu'elle a la magie de l'éphémère.

                                                        08:00 Publié dans 24. Créations dessins  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : dessin,  encre de chine,  peinture,  abstrait |  Imprimer
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23/02/2011
Que dire devant la page vide
Que dire devant la page vide
D’une nuit verte, au coin d’un réverbère ?
Premiers mots qui passent comme un vol de cormorans.
Mais qu’y a-t-il derrière ? Un vent de fronde
Chassé par la profusion du langage.
Silence des sentiments.
Un vide dans le noir de l’esprit,
Image de la floraison du cœur.
Dans la tiédeur de l’obscurité monte en moi
Le chant heurté, puissant et magique,
Des sirènes mouvantes et volubiles.
Au loin le son aigu d’une voiture
Qui flotte au gré du vent sur la route de l’Espagne.
Pas un passant ne vient à mon secours,
Ne m’apporte le mot qui permettra la suite
De cette histoire sans fin, ni commencement.
Dorment les passants du jour,
Eveillés les fantômes de la nuit
Qui montent une garde acide
Aux tréfonds des portes cochères
Et rient de me voir, assis
Dans mes pensées sordides,
Faute de pouvoir dormir
Et laisser aller mon esprit
Dans la fraicheur du rêve.
Oui, la nuit s’enfonce en moi
Creusant un large trou
Que je remplis de verbes
Comme on enfile les huitres
Sur le fil à couper le beurre.
Elle ne cessera pas
Avant l’aube qui ne vient pas
De me dire « étends-toi ! ».
                                                        03:01 Publié dans 42. Créations poèmes  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poésie,  poème,  littérature |  Imprimer
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22/02/2011
Indignation
Ayant exclu de ce blog toute réflexion d’ordre politique ou stratégique, je ne peux cependant m’empêcher de clamer mon indignation devant l’inertie de la France et de l’Union européenne sur ce qui se passe dans le monde arabe.
Je suis scandalisé par l’attitude de nos politiques vis-à-vis de ce qui se passe actuellement dans le monde arabe : en partie ou peut-être la fin de l’exception arabe des régimes totalitaires qui durent depuis plus quarante ans. Que font l’Union européenne et la France ? Elles regardent du bout des yeux, sans s’exprimer, ce changement stratégique et compte les points entre le désir de démocratie et la répression totalitaire. Jusqu’à présent, elles s’étaient accommodées de l’état de fait totalitaire et n’osait même espérer un changement qui leur faisait peur, pensant d’abord au pétrole, puis à la seule opposition constituée, l’islamisme intégriste.
Cela aurait cependant été une belle occasion de redorer le blason de l’Europe et de la France auprès de ces pays. Certes, il ne s’agit pas d’intervenir à la manière forte habituelle de nos démocraties qui veulent donner les leçons au monde, à l’exemple du nouvel ambassadeur français en Tunisie. Entre un interventionnisme déplacé et un attentisme irresponsable, il y a la place d’une aide intelligente, non dirigiste, non orientée politiquement pour tel ou tel parti. L’Union européenne, ou la France, si l’Union ne souhaite pas le faire, pourrait proposer de mettre à disposition de la Tunisie et de l’Egypte, une cellule conseil d’aide à la construction de l’avenir. Une sorte de cellule de crise, dont le rôle serait, sans s’impliquer dans la vision d’un parti ou d’un autre, de proposer, de travailler avec les élites du pays à leur vision d’avenir et de les aider à la mettre en place. Cette cellule serait composée de personnalités indiscutables sur le plan politique, économique, sociétal, environnemental. Au total, une dizaine de personnes connues pour leur compétence et leur sagesse, qui, avec les personnalités du pays, non en charge d’un parti, ferait un bilan de l’état du pays et proposerait des solutions aux principaux problèmes, ceux tout d’abord urgents (la hausse des prix, le chômage, un régime politique correspondant à l’aspiration de la majorité, la récupération des richesses accumulées par les anciens dirigeants), puis ceux plus structurants car remettant en cause les habitudes séculaires du pays (la société, du point de vue social, sociétal et économique, une certaine attention à l’environnement, une justice équitable, une égalité de traitement entre les citoyens, hommes et femmes, pauvres et riches, et bien d’autres choses encore).
La difficulté reste cependant la nécessité de prendre en compte la culture propre des pays, en parallèle avec le désir propre de changement du peuple. C’est pourquoi il ne s’agit que d’aides conceptuelles, voire parfois financières (mais il faut avoir réfléchi avant d’ouvrir son porte-monnaie et notre porte-monnaie est très restreint en raison de dépenses somptuaires que lancent nos politique nationaux, régionaux et locaux). Une telle aide ne serait pas coûteuse pour la France et lui permettrait de redorer son blason sans toutefois blesser la fierté des peuples de ces pays qui ont eu le courage de faire leur soulèvement au prix d’incertitudes et d’immenses sacrifices.
De grandes personnalités françaises et européennes pourraient accepter de faire parti de ces cellules : par exemple, Edgar Morin et sa politique de civilisation, Jacques Attali (qui ne s’est pas trompé sur cette nécessité dans son blog avec la proposition du 6 février « Aider la Tunisie », mais qui l’a malheureusement limitée à l’aide financière), deux juristes (constitutionnel et droit de l’homme), un spécialiste de la communication de crise et bien d’autres personnes qui sont des spécialistes reconnus dans leur domaine, mais non impliqués dans une vie politique. Enfin, deux généralistes des cellules de crise les aideraient à organiser le travail avec les personnalités du pays.
Certes, il ne sera pas facile de mettre en œuvre cette aide : difficulté à prendre contact, difficulté du choix des interlocuteurs, difficulté à travailler dans la sérénité alors que l’agitation se poursuit et bien d’autres obstacles encore. Mais ces personnalités, affichant la seule volonté d’assistance, en laissant les décisions à celles du pays, permettraient de mettre en évidence la possibilité d’une aide entre les démocraties occidentales et ces pays qui cherchent leur voie.
                                                        05:04 Publié dans 11. Considérations diverses  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : politique,  soulèvement,  monde arabe,  indignation |  Imprimer
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21/02/2011
Dimanche, la Seine
Dimanche. Je passe le long des quais, la Seine égraine sa lente procession vers le vide des mers, passage d’une vie à la dissolution de l’éternité.
Combien de passants comme moi noient leurs pensées dans ce lent cheminement des eaux, appuyés au dessus du parapet, le regard fixe. Hypnose de l’écoulement, on pourrait ne jamais se lasser de ces reflets mouvants d’une étonnante lenteur, valse des miroirs du néant.
La même hypnose que le feu, plus subtile peut-être, parce que plus lente. Le feu possède une magie plus diabolique et plus réelle, car sa contemplation est souvent accompagnée d’un repos du corps auprès d’une cheminée, dans une chaleur bienfaisante, un engourdissement sensible du corps et de l’esprit.
Je pensais alors aux trois éléments anciens, le feu, l’eau et l’air comme matériaux de construction du monde d’après Empédocle (auxquels il ajoute la terre). Les alchimistes prétendent qu’ils émettent des radiations imperceptibles qui sont au centre des forces du monde. Dans l'univers, qu’il voit comme une sphère, tout procède ainsi de l’assemblage et de la désagrégation de ces éléments mus par l'action de deux principes : l'amour et la haine. Alors que l'amour est la force qui réunit et combine ces quatre principes, la haine engendre quant à elle leur séparation. Tantôt l'amour réunit tout en un et tantôt la haine divise tout en deux, écrit Empédocle.
En dehors du feu et de l’eau, nous sommes, parfois, sensibles à l’hypnose de l’air : un jour d’été, le soleil éclate et l’air vibre de tremblements quasi imperceptibles, mais sensibles. Là aussi, un lent engourdissement nous saisit et nous envoûte.
Oui, quand l’été sera là…
                                                        06:49 Publié dans 14. Promenades  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : impression,  les quatre éléments,  hypnose,  mélancolie |  Imprimer
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20/02/2011
Jazz dance
"Danse dans les caveaux de la rue de La Huchette", dessin à l'encre de Chine, exécuté en 1971.
Je commençais la peinture après avoir passé une après-midi à regarder, analyser, assimiler une toile de Braque, Le violon, autant que je me souviens. Certes j'avais déjà dessiné auparavant, mais dans le but de reproduire un dessin exécuté par quelqu'un d'autre. Cette longue station devant un tableau du musée d'art moderne a, en une fois, déclenché la passion de la création plastique. Et cela continue...

                                                        02:51 Publié dans 24. Créations dessins  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : dessin,  encre de chine,  peinture,  musiciens,  danse |  Imprimer
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19/02/2011
A l’écoute des musiciens
Musiciens :
Bach, le musicien de l’esprit atteignant avec un maximum d’intensité l’invisible derrière le visible.
Mozart, musicien de la joie de l’âme devant la beauté du monde humain et, au-delà, divin.
Monteverdi, musicien de l’âme humaine déchirée entre sa faiblesse en tant qu’émanation de l’homme et sa force en tant que parcelle du divin.
Vivaldi, musicien du cœur, unissant le divin et l’humain en un mariage explosif et poignant.
Beethoven, musicien des sentiments exprimant la passion humaine jusqu’au sentiment ambigu de la présence divine.
Bartok, musicien de la solitude de l’homme dans un monde étrangement matériel.
Ecoute de la musique :
Quand on écoute de la musique, il est important de ne pas se laisser entraîner par la mélodie, surtout si le morceau est déjà connu, car on n’y prend que le plaisir de l’habitude et la musique devient un procédé d’excitation des réminiscences du passé.
Il faut faire le vide en soi de toute connaissance de cette musique, de façon à la percevoir dans sa verticalité du moment pur et non dans l’horizontalité du temps. Chaque instant doit nous pénétrer pleinement de sa nouveauté auditive, nous envahir de sa plénitude jusqu’au vide extatique qui s’empare tout entier de notre être.
Alors la joie de la musique devient une joie toujours renouvelée, renouvelant notre regard sur le monde et le divin.
                                                        01:03 Publié dans 51. Impressions musicales  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : musique,  musiciens,  regard sur le monde |  Imprimer
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18/02/2011
Jour du peintre
Jour du peintre, le soleil dort
Bordé de plumes, il se cotonne
Émergence sereine, sans contours
Il délivre sa myopie de cyclope
Terre de verre teintée, molle
Araignée laiteuse et géométrique
Je m’englue dans ta toile déployée
Jusqu’à cet œil pâle et soyeux
Mes pas étouffés par ta chair
Ne peuvent monter jusqu’à moi
                                                        07:03 Publié dans 42. Créations poèmes  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poésie,  poème,  littérature |  Imprimer
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17/02/2011
Fables et contes de Jean de La Fontaine (8 juillet 1621 - 13 avril 1695)
Avant leur aspect moraliste, on retient de ces fables et contes leur légèreté et leur diversité.
Cette diversité, dont La Fontaine assure qu’il en avait fait sa devise (voir Le pâté d’anguille, conte, 1674), communique le mouvement à sa pensée, la rend diverse, chatoyante, l’anime d’une souriante mobilité :
« Je suis chose légère et vole à tout sujet :
Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet… »
La Fontaine soutient que « les vers doivent avoir du rapport avec la nature ». Non seulement la nature dans le paysage et l’animal, mais aussi la nature de l’homme. C’est à sa nature profonde qu’il pense, à ce qui meut ses actions et ses pensées.
Pour La Bruyère, La Fontaine « est le modèle des bons contes, il fait parler les animaux, les arbres, les pierres, tout ce qui ne parle point : ce n'est que légèreté, qu'élégance, que beau naturel et que délicatesse dans ses ouvrages. » Ce qui charme dans les contes, c’est l’expression sans détour, directe des vers. Tout est simple, bien dit, sans ornement.
Mais ce sont surtout les fables qui intéressent, car les contes, à part leur forme, rappelle les contes de cette époque, un peu comme les contes de Florian*. Les fables sont, au contraire, d’une fraicheur inégalée et d’une diversité qui ne fatigue pas, et l’on peut lire La Fontaine sans éprouver le moindre ennui.
C’est aussi un moraliste et sa force est de faire passer la morale avec attrait, presque sans qu’on s’en aperçoive :
« Les fables ne sont pas ce qu’elles semblent être.
Le plus simple animal nous y tient lieu de maître.
Une morale nue apporte de l’ennui ;
Le conte fait passer le précepte avec lui.
En ces sortes de feinte, il faut instruire et plaire,
Et conter pour conter me semble peu d’affaire. »
Comme le disait Fénelon, « La Fontaine a donné une voix aux bêtes pour qu'elles fissent entendre aux hommes les leçons de la sagesse. » Les fables sont des contes à leur manière, et même, des contes pour enfants. Or en tout conte pour enfant, on trouve un précepte moral, qu’il soit mis en exergue ou qu’il soit caché.
* « Ce gracieux écrivain s'est exercé avec succès dans plus d'un genre de littérature ; mais c'est surtout dans la fable qu'il a réussi… Il avait le privilège d’inspirer partout la joie par ses bons mots, ses contes, ses chansons… Point de langueur avec lui ; il faisait la guerre aux longues et tristes discussions par ses saillies, et quelquefois même, par ses jeux d’enfant », écrivait Pierre de Lacretelle à propos de Florian.
* Voir le site très bien fait : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/
                                                        04:19 Publié dans 41. Impressions littéraires  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : littérature,  auteurs |  Imprimer
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16/02/2011
Pyramide
En lente révolution dans un éther fluide, la pyramide du rêve poursuit sa route, immuable, baignée d'une étrange lueur.
Silence, l'astre passe, illuminé de ses feux, brillant dans la nuit laiteuse des sentiments.
                                                        06:59 Publié dans 22. Créations numériques  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : dessin,  op'art,  art cinétique |  Imprimer
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15/02/2011
Adagio du Concerto n°5 pour piano et orchestre, en mi bémol majeur, de L. von Beethoven
http://www.youtube.com/watch?v=vr2AKxf8m14 : Van Cliburn et Leonard Bernstein, New York Philharmonic & Rudolf Serkin - Concerto No. 5 in E-Flat Major for Piano and Orchestra, Op. 73 "Emperor": II. Adagio un poco mosso
Oui, c'est un vieil enregistrement, mais combien émouvant et beau par la simplicité de l'interprétation de Van Cliburn et de Léonard Bernstein et ses nuances subtiles, imperceptibles, qui en font un chef d'œuvre.
http://www.youtube.com/watch?v=419h93TiCFg&feature=related Glenn Gould – Piano Concerto No. 5 in E-Flat Major, Op. 73 "Emperor": II. Adagio un poco Mosso
Glenn Gould, c'est Glenn Gould, le passionné, l'interprète exceptionnel de Bach. Il est plus fade ici, moins à l’aise dans un jeu trop romantique pour lui.
http://www.youtube.com/watch?v=TSf246tdR_g&feature=related Valentina Lisitsa– Piano Concerto No. 5 in E-Flat Major, Op. 73 "Emperor": II. Adagio un poco Mosso
Valentina Lisitsa est plus proche de l’interprétation de van Cliburn que de celle de Glenn Gould. Mais l’introduction par l’orchestre est trop rapide, trop légère pour permettre d’entrer dans le mystère des premières notes du piano. Le jeu de Valentina Lisitsa n’a pas la conviction émotive de chacune des notes de Cliburn. C’est bien interprété, mais plus plat.
L’Adagio du Concerto n°5 pour piano et orchestre, en mi bémol majeur, de Beethoven, comme les sons graves et mélodieux de l’orgue qui endorment peu à peu la perception extérieure du fidèle et l’élèvent vers une idée plus haute de Dieu, débute dans un recueillement religieux, aiguisé et mis à vif par le rythme irrégulier des cordes des violoncelles qui pénètrent l’émotion de plus en plus intensément , comme à la descente folle et majestueuse par un cortège sacré des marches d’un parvis vers la foule qui attend toute entière tendue vers ce mouvement rythmé par ses arrêts entre des séries de marches incontrôlables dans leur symétrie.
Le chant s’imprègne alors d’une adoration plus subtile, d’une émotion soulevée plus haute comme le bateau pris dans la tempête qui s’élève dans une altitude insolite vers le sommet de la vague pour redescendre plus vite de façon à reprendre aussitôt son mouvement ascendant. Les deux brefs silences qui entrecoupent chacun de ces points hauts de notre émotion pour ensuite la porter à sa plénitude dans l’achèvement de la phrase, semblent en fait deux notes dans le silence de l’âme, deux notes qui produisent la même émotion physique que celle que produit un arrêt, ne serait-ce que d’un temps imperceptible à notre cerveau, des battements habituels du cœur (et c’est justement parce qu’il y a un arrêt imperceptible que nous goutons toute la saveur inconnue jusque là d’avoir un cœur qui bat). Le début de la phrase est alors repris avec la même intensité comme pour nous faire retrouver plus profondément le goût que nous avons éprouvé à entendre son déroulement découpé à vif par les silences, puis est à nouveau disloquée par deux arrêts entre les trois dernières notes déjà entendues de façon à bien en pénétrer la signification d’une manière à la fois plus simple et plus vraie que la première fois et à introduire la fin du chant, mystérieusement ciselée et dentelée comme des gouttes d’or qui aurait été coulées directement dans l’eau gazeuse, empruntes de la gravité et de la majesté des premiers violons et isolées par la pureté et la piété des seconds violons qui sont comme ces gouttes d’or qui tomberaient dans l’eau gazeuse d’une verre en cristal avec la lenteur que donne la pénétration des objets dans l’eau au moment où ils rebondissent sur le fond si délicatement que seule la perception de l’onde pourrait nous la faire resentir.
Alors éclate joyeusement, seule, unique, la première note du piano comme si ces gouttes d’or qui tombent dans le verre avaient heurté légèrement le rebord où l’on pose ses lèvres et descendent ensuite en jouant avec les bulles de gaz qui la feraient remonter et toucher par moment la paroi de cristal. Et pour renouveler le périple de notre émotion, pour bien nous en pénétrer, une nouvelle note tombe en suivant le même parcours, mais quelques tons plus bas comme si la première avait alourdi la clarté du son que produit le cristal. Le piano alors brode en montant lentement et irrégulièrement de la note grave sur laquelle finissait le périple de la première note, vers la droite du clavier comme un danseur qui, par ses entrechats ne semble pas avancer et qui pourtant parcourt toute la scène pour ensuite revenir, sans donner l’impression de changer l’espace de l’air dans lequel il évolue, à son point de départ, et l’orchestre accompagne la main gauche du pianiste dans cette montée de notes essentielles pour laisser redescendre seule la droite dans le même mouvement qu’elle l’avait fait précédemment en finissant sur une trille. Cette trille comme pour donner un tremblement léger à l’émotion qui va suivre et peut-être pour voiler aussi son mouvement, annonce la reprise de quelques mesures du thème de l’introduction sur un ton moins religieux, mais plus voilé, plus discret, plus enfoncé dans les profondeurs de notre esprit où s’écoule encore le souvenir de l’introduction et qui en ravive avec douceur le feu à la manière du tisonnier qui ravive l’éclat des cendres dans l’obscurité. Le piano pour répondre à cette invitation des violons vers le souvenir des premiers instants reprend lui aussi le thème des premières notes, mais également transposé dans un ton plus bas et plus discret.
Un jeu lointain des cors, sur trois notes, qui semble un appel à la réflexion après la limpidité et la fraicheur du détachement des notes du piano et la reprise, qui paraît plus mordante et plus saccadée encore qu’elle ne l’est en raison justement des trois notes immatérielles que jouent les cors de la suite du thème du piano, tout ceci renouvelé une deuxième fois, mais la première note des cors reprenant la dernière des trois qu’ils avaient jouées auparavant et repris une troisième fois par l’orchestre, annoncent le forte du pianiste. Celui-ci remonte et redescend les touches, pour remonter ensuite, mais d’une ampleur moindre et à nouveau encore, comme le fait le jeu des vagues sur la plage, quand, regardant le feston mousseux du bord de la vague, on perçoit nettement ce va-et-vient continu dans son rythme et discontinu dans son ampleur, une plus forte vague venant en un mouvement inattendu et plus gracieux que les autres, recouvrir les traces laissées par le recul des vagues précédentes.
Dans un crescendo de la puissance des notes et de la hauteur de l’une par rapport à l’autre, le piano, ayant recours aux trilles qui, en changeant notre impression, ravivent notre émotion en la matérialisant complètement dans son tremblement léger du corps et de l’esprit que donne l’attente pure, annonce une nouvelle période, une nouvelle phase du recueillement de l’esprit avec une nouvelle mélodie qui pourtant nous paraît familière, car elle contient ces trois notes déjà entendues dans l’introduction, bien mises à nu par les silences et dans le jeu des cors par deux fois et repris par l’orchestre. Ce sont ces trois notes si simples par leur ascendance d’un ton, mais si émouvantes par leur détachement dans l’ensemble de la musique, qui entretiennent en nous le renouvellement du souvenir du thème, inconsciemment car elles ne font justement pas parti intégrante de la mélodie, de la même manière que le mouvement en volutes des nuages et leurs ombres sur la terre un jour d’été nous rappellent en un instant la tristesse d’un automne sans soleil. Cette nouvelle mélodie, brodée de festons de lumière indolents et fragiles, est d’abord exprimée par la voix pure du piano en un jeu très simple, mais orné par moment de fioritures graciles et rythmées par les cordes des violons qui soutiennent la mélodie en la reprenant, puis elle est reprise par les violons et accompagnée au piano sans que l’on sache exactement à quel moment le piano change son rôle comme ces petites filles qui jouant à la ronde passent du milieu de la ronde, isolées et immobiles, à un cercle virtuel tracé par le mouvement circulaire des autres.
Dans un recueillement plus sensible et plus véridique du fidèle recueilli dans une petite chapelle dépourvue de tout ornement, quand déjà le jour fait place à ce dilemme entre l’ombre et la lumière, l’œil ne percevant plus très bien où commence la lumière et où l’ombre se termine, l’adagio s’achève par la reprise du thème de l’introduction, rythmé, bercé, psalmodié par un enjambement successif de deux notes du piano qui paraissent si semblables dans leur rythme et ne sont jamais les mêmes dans leur son.
                                                        06:11 Publié dans 51. Impressions musicales  | Lien permanent  | Commentaires (1)  | Tags : musique classique,  concerto,  beethoven |  Imprimer
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14/02/2011
Pour la Saint Valentin
Tu es la femme
Et tu es toutes les femmes
Tu me reçois comme homme
Et je deviens tous les hommes
Nous deux, homme et femme
Dans le désert clos de nos rencontres
Comme une bulle saisissante
Qui dure, et dure et vit, inlassable
Parfois, sans même nous regarder
Nous avons simultanément le même mot
Et, souriant de cette conjonction
Achevons en un regard ce qui ne fut qu’une pensée
Tu m’as donné ta vie, chaque jour
J’ai vu ton rire fou et tes larmes de chair
Mais aussi l’immense appel de tes yeux clairs
Et la tendresse de tes doigts de verre
Au-delà de la dure apparence des années
Je te contemple, enfant des premiers instants
Quand nous jouions dans l’herbe grasse
En attente de nos promesses mutuelles
                                                        04:58 Publié dans 42. Créations poèmes  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poésie,  poème,  saint valentin |  Imprimer
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13/02/2011
Maria Elena Vieira da Silva (Lisbonne, 13 juin 1908 - Paris, 6 mars 1992)
L'œuvre de Vieira da Silva surgit et l'aiguillon d'une douce force obstinée, inspirée, replace ce qu'il faut bien nommer l'art, dans le monde solidaire de la terre qui coule et de l'homme qui s'en effraie. Vieira da Silva tient serré dans sa main, parmi tant de mains ballantes, sans lacis, sans besoin, sans fermeté, quelque chose qui est à la fois lumière d'un sol et promesse d'une graine. Son sens du labyrinthe, sa magie des arêtes, invitent aussi bien à un retour aux montagnes gardiennes qu'à un agrandissement en ordre de la ville, siège du pouvoir. Nous ne sommes plus, dans cette œuvre, pliés et passifs, nous sommes aux prises avec notre propre mystère, notre rougeur obscure, notre avidité, produisant pour le lendemain ce que demain attend.
René Char, 1960.
Ce qui frappe au premier abord, c’est le parfum de tristesse mélancolique que dégagent ses toiles. Pourtant chacun de ses tableaux a pour origine une impression issue de la nature, soit brute, soit agencée par l’homme. Etrange impression à la fois d’écrasement par un assemblage de lignes verticales et horizontales (en quelque sorte une schématisation du cadre de vie) et de légèreté que donne l’architecture à base de matériaux transparents. On y retrouve la préoccupation contemporaine, schématisation jusqu’à l’abstraction dans la direction donnée par l’école du Bauhaus (bien qu’elle soit beaucoup plus riche en couleurs) et en même temps une recherche de vérité dans un absolu dépouillement qui n’est pas loin du seuil de non-désir des philosophes hindous.
Bibliothèque 1949 :

Il n’y a dans ses toiles ni base (la matière), ni même souvent d’atmosphère au sens réel du terme, mais cette toute puissance vibration des formes entre elles transformées en champ d’influence qui exprime la chose en elle-même. Et les formes à leur tour perdent de leur masse pour s’intégrer dans l’énergie de l’ensemble en ne gardant que leurs contours de lignes et le reflet des surfaces. La masse se perd, mais l’énergie s’amplifie. Pourtant elle ne perd pas de vue la réalité des paysages en conservant une perspective, non plus fondée sur la ramification des lignes en un point, mais sur une profondeur fuyante opposée à la platitude d’autres surfaces et un enchevêtrement de lignes.
La gare Montparnasse (1957) :
Seule, sans immeubles, sans ville autour, la gare Montparnasse est constituée d’un amas de lignes enchevêtrées qui semblent sans cohérence. Et pourtant, elle nous permet de pénétrer jusque sur le quai d’un train partance, au centre et vers le bas du tableau. Elle s’ouvre entre un lieu d’où l’on vient et un lieu en partance, dont on ne sait ce qu’il sera. Le vent de la liberté invite le spectateur au voyage, un voyage quasi physique, vers les horizons sans fin du fond du tableau. L’ensemble des lignes se concentre vers le lointain, un infini fini, concentration de lignes de fuite, avec, peut-être, au fond une sorte de cathédrale, annonce de visites d’autres villes, enchanteresses. Il y a peu de couleurs, sinon cet ocre qui peut virer au brun à certains endroits, et qui rend l’atmosphère entre deux des instants mythiques où l’on met le pied dans un moyen de transport pour partir vers d’autres cieux connus ou inconnus, qui vont ouvrir une autre vie. Rien ne retient le regard hors de l’amas de la gare, peut-être, sur la gauche, à un horizon proche, des constructions dont on ne sait si elles sont vraies ou fictives. Le reste n’est qu’un désert où seules les rails s’impriment dans le sol et conduisent au loin, hors du regard.

                                                        04:10 Publié dans 21. Impressions picturales  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : peinture,  art contemporain,  vieira da silva |  Imprimer
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12/02/2011
Cette immense tenture noire
Cette immense tenture noire
Qui tombe sous mes yeux fatigués
S’entrouvre parfois sur des paysages finis
Réminiscences de mon enfance
D'autres fois, l’azur blanc des cieux
En montre les plis amers aux regards
Comme ces plaies des malades
Qui restent cachées sous les linges
Certains jours, une étrange pâleur
Voile les événements les plus simples
Comme celui d’un reflet sur le café du matin
Ou l’éclat d’un réverbère sur une vitre
Alors ce jour est marqué à jamais
Des senteurs du passé, tièdes et ténues
Jusqu’au moment où le soir survient
Pour enfouir au creux de sa nuit
Les images ensoleillées des jours
D’autres soirs, au creux de notre manteau intérieur
Se construisent dans un tiroir de la mémoire
Des bulles de connaissances oubliées
Elles éclatent au visage de notre indifférence
Et balayent nos doutes sur leur existence
Ce sont des pluies fines, colorées et chatouilleuses
Qui ensorcellent les pensées et les font danser
En tangos endoloris ou en valses alanguis
Fête de la nuit dans le repos du corps
Que tombe la tenture sur ces souvenirs
Ou qu’elle s’entrouvre sur un monde fou
La déraison conduit à partir
Dans les fossés d’eau courante
Jusqu’à une mer acide et verte
                                                        07:46 Publié dans 42. Créations poèmes  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poésie,  poème,  littérature |  Imprimer
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11/02/2011
Points cardinaux
Plusieurs regards au centre donnent des perspectives différentes : au SW et au NE. Pourtant la construction du reste est stable. Dans le petit matin, l'iris se fatigue et s'enchante.
                                                        04:37 Publié dans 22. Créations numériques  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : dessin,  op'art,  art cinétique |  Imprimer
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10/02/2011
Trois poèmes d’Henri Michaud, pour chœur mixte de voix solistes et orchestre sans cordes, musique de Witold Lutoslawski (1963)
1. Pensées :
Ecouter : http://www.youtube.com/watch?v=HhEfLhXNlrs
La musique dont la sonorité jaillissante aiguise la perception auditive jusqu’à la rendre sensible à ce qui ne pourrait être qu’un bruit, et les chœurs qui empruntent au texte une musique parlée, mettent le poème en liberté dans une boule de verre à l’intérieur de laquelle il s’agite, se nourrit de lui-même, bat de son propre cœur et rebondit sans cesse sur ses parois incurvées comme si la musique et la poésie s’étaient matérialisées en un animal vivant, sans forme, mais à l’espace bien défini dans son monde verre.
La phrase et l’image du poème, son atmosphère, sont rendues avec une émotion plus intense qu’à sa lecture, bien que les chœurs employés sous une nouvelle forme qui se partage entre la plainte et l’incantation (la phrase du poème prend toute sa consistance, son espace dans cette manière d’être lancée par la voix qui débute en incantation et s’achève dans la plainte mêlée du chœur et de l’orchestre) ne permettent pas de comprendre la signification des mots. Parfois la musique n’est bâtie que sur l’entremêlement des voix dans un chant parlé qui s’éteint dans le rythme de la parole scandée sur des tons différents. D’autres fois, l’atmosphère poétique et musicale est suggérée par les paroles incompréhensibles d’une foule sur lesquelles est scandée une phrase sonore qui, bien que n’étant pas ce qu’on entend habituellement par le mot musique, procure la même émotion et soulève à son tour les questions de la foule qui s’apaise ensuite peu à peu.
Le mode d’expression du chœur présente parfois une analogie avec le chant grégorien, qui, comme une balle qui rebondit sans cesse, pénètre chaque recoin de l’espace auditif sans y laisser les zones d’ombre que possède la voix ordinaire. Il est cependant plus parlé que chanté, bien que cette parole s’étage sur plusieurs notes. La voix du chœur à certains moments se transforme en un véritable instrument de musique qui monte et descend les notes sans marquer la différence d’intervalle qu’il y a entre elles, comme le ferait une corde de violon que le musicien parcourt du doigt d’un mouvement continu.
L’orchestre, sans instruments à cordes, rappelons-le, par la variété des sons, enveloppe de sa sonorité trébuchante et complexe le chœur et les voix. Il constitue une véritable paroi de la boule verre sur laquelle la phrase parlée ou chantée viendrait éclater en bouquet de sons féériques et rebondir moins intensément. D’autres fois, par une inversion naturelle des vibrations de l’espace, c’est l’orchestre qui introduit la phrase poétique du chœur dans une sonorité insolite pour l’éclater ensuite en bulles dans l’oreille comme si une des antennes de la boule de verre par la vibration d’un choc faisait revivre le poème endormi.
v Titres des parties
Ø I. Pensées
§ http://www.youtube.com/watch?v=HhEfLhXNlrs
Ø II. Le grand combat
§ http://www.youtube.com/watch?v=oGAd4t94IrY&feature=mfu_in_order&list=UL
Ø III. Repos dans le Malheur
§ http://www.youtube.com/watch?v=IDhbcn7f1Es
v Analyse
Ø From : http://www.musiquecontemporaine.info/acompo-Lutoslawski.php
Ø Ensemble-Voix. Une œuvre ouverte dans la continuité des "Jeux Vénitiens", surréaliste, avec un côté pittoresque (second poème, le Grand Combat) qui suit la noirceur et la violence de Michaux (le chœur joue le rôle d'une foule assemblée, de plus en plus excitée), avec stridences, contractée par le registre grave de l'orchestre, aux couleurs percussives ; le 1er mouvement est tendu, martelé, le 2ème, scherzo, est plus mélodique, le 3ème (un tube) commence par une passacaille (à 18 variations), suivie d'une toccata explosive, pour finir par un choral subjugant [création : 9 Mai 1963, à Zaghreb (Croatie), par le compositeur à la direction].
v Effectif détaillé
Ø chœur mixte (5 soprano solo, 5 contralto solo, 5 ténor solo, 5 basse solo),
Ø 3 flûte, 2 hautbois, 3 clarinette, 2 basson, 2 cor, 2 trompette, 2 trombone, 1 timbales, 4 percussionniste, 1 harpe, 2 piano ;
v Livret (détail, auteur) : Henri Michaux
Ø I et III tirés de Plume (1938),
Ø II tiré de Qui je fus (1928).
                                                        07:02 Publié dans 51. Impressions musicales  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : musique,  poème,  poésie |  Imprimer
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09/02/2011
Derrière l'alliance du passé et du présent
   
 Derrière l’alliance du passé et du présent, Qui façonne l’homme à l’image de l’histoire, On soupçonne pourtant un autre regard, Celui du possible, de l’inattendu,  Comme un trou de taupe sur le plancher des vaches  Ou un coup de poing dans le regard intérieur.   Emergence de souvenirs, le passé Se dilue dans l’inadvertance des événements Selon l’humeur, l’honneur et l’humour, et, parfois, l’horreur.  Rien n’arrête la folie de l’ouragan griffonnant Sur le crane de l’homme mort En ayant trop vécu et peu créé. D’autres se concentrent sur l’existant, Une gorgée de vin fin, une écharpe futile, La note aigre de l’éléphant assis sur la lune, Ou même le jaune acide des perruches dans l’aube.   Tous attentifs au fil de ce qui leur arrive, Ils oublient la fleur de l’existence, le pollen des désirs, Le bouquet des chaleureux embrasements D’un monde renouvelé à chaque moment Par la vertu du délire, par l’ouverture de l’imaginaire, Par la couverture du regard fêlé sur l’inexistant. Qu’adviendra-t-il de ce monde rêvé Sur les hauteurs de Pampelune un jour de déraison ? Sera-t-il exclu des richesses d’un existant Ou inclus dans la lente et lourde côte  Des idées déshydratées par l’absence d’écho ?   Seuls comptent l’aspiration tenace du large, Les espaces venteux des steppes sans fin, Le vertige des hauteurs montagnardes, Et, surtout, La précieuse indifférence des dimanches Quand, empli d’absence, je descends
Jusqu’à la source de ta lèvre entrouverte.
                                                        07:19 Publié dans 42. Créations poèmes  | Lien permanent  | Commentaires (1)  | Tags : poème,  poésie,  temps |  Imprimer
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08/02/2011
Composition aux trois figures, de Fernand Léger (1932)
Trois figures : deux femmes, un homme ou un jeune homme. L’humanité figée dans l’espace et le temps. Peut-on seulement parler d’attitudes ? Ce serait plutôt une immortalisation du geste, l’homme surpris hors du temps. Ils ne voient pas, ils ne regardent pas. Le regard n’est pas mort, il est au-delà de la mort, dans une région inconnue de l’homme vivant. Figés dans l’éternité, ils sont pourtant animés. Lentement, ils évoluent en gestes éternels et reviennent au point de départ. Pourquoi les imaginer animés ? Seul le mouvement des mains des trois personnages le suggère, arrondi, languissant, mais en mouvement, comme une nage dans l’espace et le temps, une manière de se projeter vers un autre monde, mais comme en apesanteur.

Sans doute est-ce le fond du tableau, un jaune assez cru avec des taches noires qui animent les trois personnages : espace mobile en lente révolution pour l’œil qui s’attarde longuement sur la toile comme sur un rêve. Les objets à la droite du tableau ont probablement une signification : échelle de l’ascension sociale ou spirituelle, peut-être, liens de l’asservissement collectif ou individuel, pure supposition due aux deux boucles dans lesquelles les mains se laisseraient facilement engager. Et cette sorte d’algue, entre les instruments dont nous venons de parler et les personnages, que représente-t-elle ?
Du regard général sur le tableau, après un examen attentif de celui-ci, on imagine l’humanité en marche, d’un mouvement virtuel, mais puissant, contenu dans l’immobilité du regard. On peut également penser à une famille en promenade au cimetière en raison du bouquet de fleurs que tient l'homme au premier plan. Dans tous les cas, attente d’un nouveau monde ou métaphore d’un monde idéalisé.
                                                        05:06 Publié dans 21. Impressions picturales  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : peinture,  art moderne,  humanité |  Imprimer
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07/02/2011
Paire de jumelles
Ombre et relief, les deux paires de jumelles se croisent, s'entrecroisent sans jamais se mélanger. Vous ne pouvez arriver à mettre au point l'ensemble des jumelles d'un coup d'oeil. Vous voyez bien l'architecture de l'une d'entre elles, celle que vous regardez, mais voir les détails de l'ensemble est impossible, à moins de faire tourner son regard autour du centre en l'élargissant jusqu'au point le plus haut. Alors on obtient la perception globale du dessin.
                                                        06:53 Publié dans 22. Créations numériques  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : dessin,  peinture,  op'art,  art cynétique |  Imprimer
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06/02/2011
La poésie ne prouve pas. Elle impose.
La poésie ne prouve pas. Elle impose. Elle ne démontre pas, ne calcule pas. Elle suggère, elle laisse glisser la compréhension à travers des méandres inconnaissables. Chaque image verbale se suffit à elle-même, mais c’est l’enchaînement des images qui fait de ce texte un poème et lui donne son impact sur le centre de l’être. Ne pas chercher de rapport logique, mais le rythme qui s’impose à soi, hors de soi, comme une écriture automatique qu’il faut cependant contrôler. Les images se succèdent. Il ne s’agit pas d’images au sens de la vue, mais d’impressions fixées en quelques mots, qui donnent au lecteur l’ambiance et la finalité de ce que l’auteur a ressenti et a voulu exprimer.
Dans l’immense vide de la conscience, jaillissent les mots qui éclatent en bulles d’images et rendent vie aux instants privilégiés où s’est établie l’étincelle d’une affection de l’âme pour le fait vécu ou l'imaginaire qui s’enracine dans la réalité. Rien ne saurait dire auparavant que cette synergie s’établirait. Elle surgit en un instant, impromptue, lancinante, jusqu’au moment où il faut céder à cet impérieux désir d’exprimer ce que remue en soi ce petit bout de vie, si petit qu’il s’oublie très vite, malgré les efforts faits pour le conserver en mémoire. Alors commence le travail des images, puis des mots, puis des enchaînements, jusqu’au moment où se forme ce que certains appellent un poème, mais qui, pour l’auteur, n’est qu’une naissance inespérée, à chaque fois différente. Cet enchevêtrement, il lui arrive parfois de le reprendre, de retravailler chaque image, jusqu’à ce que, derrière l’apparent jaillissement des mots, se cache une construction subtile, aux apparences candides.
La poésie est la pensée à nu, simplifiée de tout l’appareil de la raison, comme un don invisible de l’auteur à son lecteur, invisible mais authentique et unique. La poésie aspire, ouvre l’être qui se jette dans le grand vide, heureux de sentir cette sensation extraordinaire de l’envolée du corps, du cœur, de l’esprit et de l’âme. La poésie est le liant des défaites terrestres et des espoirs célestes, une harmonie souveraine qui fait de l’homme un archange des images mentales qui transcendent son égo et l'ouvrent à la sérénité.
                                                        09:26 Publié dans 42. Créations poèmes  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poésie,  philosophie,  littérature,  poème,  pensée |  Imprimer
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05/02/2011
Revenir, comme après un long voyage
Revenir, comme après un long voyage,
Dans ces pièces qui abritent vos souvenirs,
Ou plutôt les objets qui font que vous êtes vous-même,
Depuis vos cahiers d’écolier abritant vos impressions
Cueillies au fil des années, jusqu’au goût subtil
Des salades préparées par la même main amoureuse.
Retrouver intacte également la brillance du secrétaire
Comme un objet de collection utilisé quotidiennement.
Se réjouir du silence feutrée qui colle à l’appartement
Et emmitoufle nos pensées de mièvres délices.
Attention, ne pas se laisser envahir par cette quiétude amère
Qui, progressivement, noie l’esprit dans un tourbillon d’images
Sans suite, sans fin, sans consistance, sans pouvoir sur le monde.
Le retour doit rester un commencement et non une continuité.
Donner les éclairs nécessaires à la redécouverte
Comme la foudre transperce le ciel bleu nuit, un soir d’été.
Par exemple, le confort dodu du lit,
Comme un édredon de crème fouettée et de fraises des bois,
Ou cette place préférée dans le canapé, façonnée au fil des jours,
Comme un creux de mollesse et d’habitude,
Ou encore la plainte verdoyante des pieds du fauteuil
Noyés dans la forêt de troncs qui encombre le salon.
Oui, ouvrir les yeux sur une nouvelle réalité
Ou de nouvelles sensations ou des perceptions inédites.
Quel plaisir d’éprouver pour un quotidien dépourvu d’attraits
Des sentiments qui serrent le cœur, dégazent l’esprit,
Ouvrent des perspectives roses dans un ciel bleu cobalt.
Vert comme une pomme ou un élastique sucré,
Le paysage de notre vie quotidienne prend le poids de l’avenir,
Débarrassé du passé, dans la désaffection des réminiscences,
Difficilement présent par manque de consistance,
Ouvert à l’inconnu, tendu vers un horizon improbable,
Et pourtant attrayant comme une sucette glacée.
                                                        07:49 Publié dans 42. Créations poèmes  | Lien permanent  | Commentaires (0)  | Tags : poème,  poésie,  rêve,  retour |  Imprimer
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