Que dire devant la page vide (23/02/2011)

 

Que dire devant la page vide 

D’une nuit verte, au coin d’un réverbère ?

Premiers mots qui passent comme un vol de cormorans.

Mais qu’y a-t-il derrière ? Un vent de fronde

Chassé par la profusion du langage.

Silence des sentiments.

Un vide dans le noir de l’esprit,

Image de la floraison du cœur.

Dans la tiédeur de l’obscurité monte en moi

Le chant heurté, puissant et magique,

Des sirènes mouvantes et volubiles.

Au loin le son aigu d’une voiture

Qui flotte au gré du vent sur la route de l’Espagne.

Pas un passant ne vient à mon secours,

Ne m’apporte le mot qui permettra la suite

De cette histoire sans fin, ni commencement.

Dorment les passants du jour,

Eveillés les fantômes de la nuit

Qui montent une garde acide

Aux tréfonds des portes cochères

Et rient de me voir, assis

Dans mes pensées sordides,

Faute de pouvoir dormir

Et laisser aller mon esprit

Dans la fraicheur du rêve.

 

Oui, la nuit s’enfonce en moi

Creusant un large trou

Que je remplis de verbes

Comme on enfile les huitres

Sur le fil à couper le beurre.

Elle ne cessera pas

Avant l’aube qui ne vient pas

De me dire « étends-toi ! ».

 

 

 

03:01 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature |  Imprimer