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12/02/2011

Cette immense tenture noire

 

Cette immense tenture noire

Qui tombe sous mes yeux fatigués

S’entrouvre parfois sur des paysages finis

Réminiscences de mon enfance

D'autres fois, l’azur blanc des cieux

En montre les plis amers aux regards

Comme ces plaies des malades

Qui restent cachées sous les linges

 

Certains jours, une étrange pâleur

Voile les événements les plus simples

Comme celui d’un reflet sur le café du matin

Ou l’éclat d’un réverbère sur une vitre

Alors ce jour est marqué à jamais

Des senteurs du passé, tièdes et ténues

Jusqu’au moment où le soir survient

Pour enfouir au creux de sa nuit

Les images ensoleillées des jours

 

D’autres soirs, au creux de notre manteau intérieur

Se construisent dans un tiroir de la mémoire

Des bulles de connaissances oubliées

Elles éclatent au visage de notre indifférence

Et balayent nos doutes sur leur existence

Ce sont des pluies fines, colorées et chatouilleuses

Qui ensorcellent les pensées et les font danser

En tangos endoloris ou en valses alanguis

Fête de la nuit dans le repos du corps

 

Que tombe la tenture sur ces souvenirs

Ou qu’elle s’entrouvre sur un monde fou

La déraison conduit à partir

Dans les fossés d’eau courante

Jusqu’à une mer acide et verte

 

 

11/02/2011

Points cardinaux

Plusieurs regards au centre donnent des perspectives différentes : au SW et au NE. Pourtant la construction du reste est stable. Dans le petit matin, l'iris se fatigue et s'enchante.

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10/02/2011

Trois poèmes d’Henri Michaud, pour chœur mixte de voix solistes et orchestre sans cordes, musique de Witold Lutoslawski (1963)

1. Pensées :

Ecouter : http://www.youtube.com/watch?v=HhEfLhXNlrs

 

La musique dont la sonorité jaillissante aiguise la perception auditive jusqu’à la rendre sensible à ce qui ne pourrait être qu’un bruit, et les chœurs qui empruntent au texte une musique parlée, mettent le poème en liberté dans une boule de verre à l’intérieur de laquelle il s’agite, se nourrit de lui-même, bat de son propre cœur et rebondit sans cesse sur ses parois incurvées comme si la musique et la poésie s’étaient matérialisées en un animal vivant, sans forme, mais à l’espace bien défini dans son monde verre.

La phrase et l’image du poème, son atmosphère, sont rendues avec une émotion plus intense qu’à sa lecture, bien que les chœurs employés sous une nouvelle forme qui se partage entre la plainte et l’incantation (la phrase du poème prend toute sa consistance, son espace dans cette manière d’être lancée par la voix qui débute en incantation et s’achève dans la plainte mêlée du chœur et de l’orchestre) ne permettent pas de comprendre la signification des mots. Parfois la musique n’est bâtie que sur l’entremêlement des voix dans un chant parlé qui s’éteint dans le rythme de la parole scandée sur des tons différents. D’autres fois, l’atmosphère poétique et musicale est suggérée par les paroles incompréhensibles d’une foule sur lesquelles est scandée une phrase sonore qui, bien que n’étant pas ce qu’on entend habituellement par le mot musique, procure la même émotion et soulève à son tour les questions de la foule qui s’apaise ensuite peu à peu.

Le mode d’expression du chœur présente parfois une analogie avec le chant grégorien, qui, comme une balle qui rebondit sans cesse, pénètre chaque recoin de l’espace auditif sans y laisser les zones d’ombre que possède la voix ordinaire. Il est cependant plus parlé que chanté, bien que cette parole s’étage sur plusieurs notes. La voix du chœur à certains moments se transforme en un véritable instrument de musique qui monte et descend les notes sans marquer la différence d’intervalle qu’il y a entre elles, comme le ferait une corde de violon que le musicien parcourt du doigt d’un mouvement continu.

L’orchestre, sans instruments à cordes, rappelons-le, par la variété des sons, enveloppe de sa sonorité trébuchante et complexe le chœur et les voix. Il constitue une véritable paroi de la boule verre sur laquelle la phrase parlée ou chantée viendrait éclater en bouquet de sons féériques et rebondir moins intensément. D’autres fois, par une inversion naturelle des vibrations de l’espace, c’est l’orchestre qui introduit la phrase poétique du chœur dans une sonorité insolite pour l’éclater ensuite en bulles dans l’oreille comme si une des antennes de la boule de verre par la vibration d’un choc faisait revivre le poème endormi.

 

v      Titres des parties

Ø      I. Pensées

§         http://www.youtube.com/watch?v=HhEfLhXNlrs

Ø      II. Le grand combat

§        http://www.youtube.com/watch?v=oGAd4t94IrY&feature=mfu_in_order&list=UL

Ø      III. Repos dans le Malheur

§         http://www.youtube.com/watch?v=IDhbcn7f1Es

v      Analyse

Ø      From :  http://www.musiquecontemporaine.info/acompo-Lutoslawski.php

Ø      Ensemble-Voix. Une œuvre ouverte dans la continuité des "Jeux Vénitiens", surréaliste, avec un côté pittoresque (second poème, le Grand Combat) qui suit la noirceur et la violence de Michaux (le chœur joue le rôle d'une foule assemblée, de plus en plus excitée), avec stridences, contractée par le registre grave de l'orchestre, aux couleurs percussives ; le 1er mouvement est tendu, martelé, le 2ème, scherzo, est plus mélodique, le 3ème (un tube) commence par une passacaille (à 18 variations), suivie d'une toccata explosive, pour finir par un choral subjugant [création : 9 Mai 1963, à Zaghreb (Croatie), par le compositeur à la direction].

v      Effectif détaillé

Ø      chœur mixte (5 soprano solo, 5 contralto solo, 5 ténor solo, 5 basse solo),

Ø      3 flûte, 2 hautbois, 3 clarinette, 2 basson, 2 cor, 2 trompette, 2 trombone, 1 timbales, 4 percussionniste, 1 harpe, 2 piano ;

v      Livret (détail, auteur) : Henri Michaux

Ø      I et III tirés de Plume (1938),

Ø      II tiré de Qui je fus (1928).

 

 

09/02/2011

Derrière l'alliance du passé et du présent

 

Derrière l’alliance du passé et du présent,

Qui façonne l’homme à l’image de l’histoire,

On soupçonne pourtant un autre regard,

Celui du possible, de l’inattendu,

Comme un trou de taupe sur le plancher des vaches

Ou un coup de poing dans le regard intérieur.

 

Emergence de souvenirs, le passé

Se dilue dans l’inadvertance des événements

Selon l’humeur, l’honneur et l’humour, et, parfois, l’horreur.

Rien n’arrête la folie de l’ouragan griffonnant

Sur le crane de l’homme mort

En ayant trop vécu et peu créé.

D’autres se concentrent sur l’existant,

Une gorgée de vin fin, une écharpe futile,

La note aigre de l’éléphant assis sur la lune,

Ou même le jaune acide des perruches dans l’aube.

 

Tous attentifs au fil de ce qui leur arrive,

Ils oublient la fleur de l’existence, le pollen des désirs,

Le bouquet des chaleureux embrasements

D’un monde renouvelé à chaque moment

Par la vertu du délire, par l’ouverture de l’imaginaire,

Par la couverture du regard fêlé sur l’inexistant.

Qu’adviendra-t-il de ce monde rêvé

Sur les hauteurs de Pampelune un jour de déraison ?

Sera-t-il exclu des richesses d’un existant

Ou inclus dans la lente et lourde côte

Des idées déshydratées par l’absence d’écho ?

 

Seuls comptent l’aspiration tenace du large,

Les espaces venteux des steppes sans fin,

Le vertige des hauteurs montagnardes,

Et, surtout,

La précieuse indifférence des dimanches

Quand, empli d’absence, je descends

Jusqu’à la source de ta lèvre entrouverte.

 

08/02/2011

Composition aux trois figures, de Fernand Léger (1932)

Trois figures : deux femmes, un homme ou un jeune homme. L’humanité figée dans l’espace et le temps. Peut-on seulement parler d’attitudes ? Ce serait plutôt une immortalisation du geste, l’homme surpris hors du temps. Ils ne voient pas, ils ne regardent pas. Le regard n’est pas mort, il est au-delà de la mort, dans une région inconnue de l’homme vivant. Figés dans l’éternité, ils sont pourtant animés. Lentement, ils évoluent en gestes éternels et reviennent au point de départ. Pourquoi les imaginer animés ? Seul le mouvement des mains des trois personnages le suggère, arrondi, languissant, mais en mouvement, comme une nage dans l’espace et le temps, une manière de se projeter vers un autre monde, mais comme en apesanteur.

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Sans doute est-ce le fond du tableau, un jaune assez cru avec des taches noires qui animent les trois personnages : espace mobile en lente révolution pour l’œil qui s’attarde longuement sur la toile comme sur un rêve. Les objets à la droite du tableau ont probablement une signification : échelle de l’ascension sociale ou spirituelle, peut-être, liens de l’asservissement collectif ou individuel, pure supposition due aux deux boucles dans lesquelles les mains se laisseraient facilement engager. Et cette sorte d’algue, entre les instruments dont nous venons de parler et les personnages, que représente-t-elle ?

Du regard général sur le tableau, après un examen attentif de celui-ci, on imagine l’humanité en marche, d’un mouvement virtuel, mais puissant, contenu dans l’immobilité du regard. On peut également penser à une famille en promenade au cimetière en raison du bouquet de fleurs que tient l'homme au premier plan. Dans tous les cas, attente d’un nouveau monde ou métaphore d’un monde idéalisé.

 

07/02/2011

Paire de jumelles

Ombre et relief, les deux paires de jumelles se croisent, s'entrecroisent sans jamais se mélanger. Vous ne pouvez arriver à mettre au point l'ensemble des jumelles d'un coup d'oeil. Vous voyez bien l'architecture de l'une d'entre elles, celle que vous regardez, mais voir les détails de l'ensemble est impossible, à moins de faire tourner son regard autour du centre en l'élargissant jusqu'au point le plus haut. Alors on obtient la perception globale du dessin.

 

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06/02/2011

La poésie ne prouve pas. Elle impose.

 

La poésie ne prouve pas. Elle impose. Elle ne démontre pas, ne calcule pas. Elle suggère, elle laisse glisser la compréhension à travers des méandres inconnaissables. Chaque image verbale se suffit à elle-même, mais c’est l’enchaînement des images qui fait de ce texte un poème et lui donne son impact sur le centre de l’être. Ne pas chercher de rapport logique, mais le rythme qui s’impose à soi, hors de soi, comme une écriture automatique qu’il faut cependant contrôler. Les images se succèdent. Il ne s’agit pas d’images au sens de la vue, mais d’impressions fixées en quelques mots, qui donnent au lecteur l’ambiance et la finalité de ce que l’auteur a ressenti et a voulu exprimer.

Dans l’immense vide de la conscience, jaillissent les mots qui éclatent en bulles d’images et rendent vie aux instants privilégiés où s’est établie l’étincelle d’une affection de l’âme pour le fait vécu ou l'imaginaire qui s’enracine dans la réalité. Rien ne saurait dire auparavant que cette synergie s’établirait. Elle surgit en un instant, impromptue, lancinante, jusqu’au moment où il faut céder à cet impérieux désir d’exprimer ce que remue en soi ce petit bout de vie, si petit qu’il s’oublie très vite, malgré les efforts faits pour le conserver en mémoire. Alors commence le travail des images, puis des mots, puis des enchaînements, jusqu’au moment où se forme ce que certains appellent un poème, mais qui, pour l’auteur, n’est qu’une naissance inespérée, à chaque fois différente. Cet enchevêtrement, il lui arrive parfois de le reprendre, de retravailler chaque image, jusqu’à ce que, derrière l’apparent jaillissement des mots, se cache une construction subtile, aux apparences candides.

La poésie est la pensée à nu, simplifiée de tout l’appareil de la raison, comme un don invisible de l’auteur à son lecteur, invisible mais authentique et unique. La poésie aspire, ouvre l’être qui se jette dans le grand vide, heureux de sentir cette sensation extraordinaire de l’envolée du corps, du cœur, de l’esprit et de l’âme. La poésie est le liant des défaites terrestres et des espoirs célestes, une harmonie souveraine qui fait de l’homme un archange des images mentales qui transcendent son égo et l'ouvrent à la sérénité.

 

 

05/02/2011

Revenir, comme après un long voyage

 

Revenir, comme après un long voyage,

Dans ces pièces qui abritent vos souvenirs,

Ou plutôt les objets qui font que vous êtes vous-même,

Depuis vos cahiers d’écolier abritant vos impressions

Cueillies au fil des années, jusqu’au goût subtil

Des salades préparées par la même main amoureuse.

Retrouver intacte également la brillance du secrétaire

Comme un objet de collection utilisé quotidiennement.

Se réjouir du silence feutrée qui colle à l’appartement

Et emmitoufle nos pensées de mièvres délices.

Attention, ne pas se laisser envahir par cette quiétude amère

Qui, progressivement, noie l’esprit dans un tourbillon d’images

Sans suite, sans fin, sans consistance, sans pouvoir sur le monde.

Le retour doit rester un commencement et non une continuité.

Donner les éclairs nécessaires à la redécouverte

Comme la foudre transperce le ciel bleu nuit, un soir d’été.

Par exemple, le confort dodu du lit,

Comme un édredon de crème fouettée et de fraises des bois,

Ou cette place préférée dans le canapé, façonnée au fil des jours,

Comme un creux de mollesse et d’habitude,

 Ou encore la plainte verdoyante des pieds du fauteuil

 Noyés dans la forêt de troncs qui encombre le salon.

Oui, ouvrir les yeux sur une nouvelle réalité

Ou de nouvelles sensations ou des perceptions inédites.

Quel plaisir d’éprouver pour un quotidien dépourvu d’attraits

Des sentiments qui serrent le cœur, dégazent l’esprit,

Ouvrent des perspectives roses dans un ciel bleu cobalt.

Vert comme une pomme ou un élastique sucré,

Le paysage de notre vie quotidienne prend le poids de l’avenir,

Débarrassé du passé, dans la désaffection des réminiscences,

Difficilement présent par manque de consistance,

Ouvert à l’inconnu, tendu vers un horizon improbable,

Et pourtant attrayant comme une sucette glacée.

 

 

04/02/2011

Réveil

Où suis-je ? Une usine : mille chuchotements et même quelques cris m’arrivent dans le brouillard. Plus rien. Puis, un tableau d’art moderne, style Braque, fait de prismes, de lumière, d’angles et de couleurs. Mais juste un instant. A nouveau la désintégration. Des lumières au plafond, et, à nouveau, des voix, un bourdonnement de paroles jusqu’au retour à la nuit. Je geins sans le savoir, longue plainte dans le brouhaha des voix. Quelqu’un parle plus fort et semble s’adresser à moi. Mais je ne comprends pas ce qu’il me dit. Je parle, mais m’entendent-ils ? Et d’ailleurs, que dis-je ? Je ne sais.

Je suis bien dans ma bulle. Pourquoi vouloir m’en faire sortir ? Retomber dans le néant, dans le silence sans fond d’où je sors. Pourquoi retrouver les lentes orbites des objets autour d’un rien de conscience. Je ne veux plus de conscience, simplement l’absence de pensée, de sensations et même de réflexes qui me poussent à ouvrir les yeux et à écouter.

 Je n’ai pas mal, mais ce n’est pas pour cela que je vais bien. Je ne sais pas ce qui se passe, sinon que l’usine tourne, fonctionne à côté de moi, vivante et bien réelle. J’entends les paroles ou plutôt j’entends leurs sons, mais je ne les comprends pas. Je vois des images sans pouvoir les relier à une réalité vécue. C’est un bourdonnement, tout d’abord faible, comme une petite musique dans un coin de la tête, puis il s’amplifie, se fait plus réel, prend de la consistance. Chaque morceau du puzzle se raccorde, éclate à nouveau en pluie d’impressions sans logique, puis s’assemble comme un kaléidoscope.

Je ne sais si je suis moi-même réel. Pourtant, je suis. Je suis différent de tout ce que je vois et entends. Je les ressens et je sais qu’ils ne sont pas moi. Mais qu’est-ce que je suis ? Je ne sais. Peu importe d’ailleurs. Ecrasé sur un matelas d’aluminium, mon cercle d’appréhension se limite à un mètre autour de moi. Je ne tiens pas à aller au-delà.

Non, ne me bougez pas, je suis bien, que le temps ne reprenne pas sa course. Qu’il s’arrête pour que je récupère.

(suite à un séjour en clinique)

03/02/2011

Musique et émotion

 

Il n’y a pas l’émotion de la musique. Il y a une émotion bien particulière à chaque morceau de musique. Et encore, elle ne dépend même pas de la musique, mais aussi de la disposition de l’esprit et du corps, de la vibration de l’air, de l’état du monde et des choses et de leur agencement par rapport à nous.

 

On écoute toujours une musique pour la première fois, car jamais on ne ressent la même émotion à son audition et jamais on ne la perçoit de la même manière. En musique, l’habitude doit être bannie. Trop souvent, on aime une musique par habitude. Mais alors ce n’est plus l’émotion de la musique qui nous agite, mais celle du souvenir d’une musique. On aime telle sonate de Beethoven par ce qu’elle nous rappelle une soirée d’hiver au coin du feu où l’on a rêvé en l’écoutant.

 

Il ne faut pas chercher dans la musique la quiétude de l’esprit et la mélancolie de l’âme, mais la passion de chacun des instants où l’on perçoit la note pure, idéale, « la note clé ». Il faut apprendre à écarter le voile de la mélodie qui cache la nuit étoilée de la musique, l’espace doré de chaque note, la constellation d’un accord.

La littérature crée l’émotion de l’imagination, la poésie creuse plus profondément en faisant goûter une émotion de l’image pure, mais seule la musique crée l’émotion artistique pure. Cette émotion véritable, on ne l’éprouve pas à l’audition totale d’un morceau, elle demande une attention trop soutenue surhumaine, on l’éprouve à la perception plus dense d’un accord, d’une reprise, d’un jeu nouveau. On s’émeut à l’occasion d’une nouveauté, d’une coupure, d’une différence inattendue. Alors l’émotion du morceau se cristallise comme les ramures d’une étoile de givre sur cette impulsion.

 

C’est peut-être en cela que la musique contemporaine est plus propre à faire éprouver l’émotion de la musique, car elle ne prête pas, ou moins (parce qu’elle la rompt) à la rêverie qui engourdit la perception de nos sens. Par sa rupture, elle dissèque l’émotion dans l’espace et le temps, l’isolant à chaque seconde de l’émotion dernière en lui conservant son intensité.

 

02/02/2011

Andalousie : "mémorations"

Ci-joint quelques images prises entre le pouce et l'index au long d'un périple débordant d'écarquillements et de clignements d'yeux. Depuis, quelques mois ont passé. Occasion de se les remémorer.

 

Les jours étaient comptés, l'automobile boite à sardine, mais pratique, les hôtels différents, mais avec un café qui laissait à désirer, les villes conversantes et fouleuses, la campagne en oliviers à la parade, les monuments mauresques, gothiques, renaissance, picaresques et parfois même tarabiscotés, les tapas maritimes à la gargoulette facile, les odeurs parfumées de fleurs en boutons, bref, un enchantement des yeux, du goût, et de bien d'autres choses.

 

Nous en sortîmes, réchappés des foudres d'un volcan fantôme, épuisement consumé et valises consommables.

 


Un premier thème important : les plaques d'égout, dénommés du pays, ici Grenade Alhambra. Elles ont ponctuées nos préoccupations, le nez sur le guidon, les pieds écartés, la vue arrondie, bref, un clignotant dans la nuit du soleil journalier.

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Deuxième thème : les portails ouvrant sur d'autres portails qui eux-mêmes ouvrent sur une porte qui ouvre sur une autre porte, puis des géométries distinguées qui s'enchaînent inlassablement. Exemple : 

 

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Troisième thème : L'eau, transparente et filante, coulante et roucoulante, bonheur des oreilles et bienfait sur le visage, exubérante et prolixe, dans un pays où elle devient art de vivre.

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Quatrième thème : les jardins luxuriants et grandioses, emplis d'arbres, de lianes, de fleurs, de toutes sortes d'espèces botaniques, boutonneuses et bucoliques, dans une harmonie de couleurs exaltantes et mirifiques.

 

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01/02/2011

Il me manque, certains jours

 

Il me manque certains jours, lorsque le soleil confie sa face rubiconde aux mains boisées de l’horizon, l’ombre du désir blotti dans la chaleur de ton être.

Quand je te regarde, étrangère, sous une apparence de femme, riante de tes doigts autour de mots inventés, et que sur tes yeux ouverts, j’abaisse les paupières du souvenir, je revois ta pâle dépendance hébergée sur mes lèvres. Partagé d’étonnement, j’imprime au vide du néon la lettre lumineuse de l’attente.

Inlassablement dépecée de la vérité du moment, tu danses de dix bras et de sourires multiples le ballet de tes retournements. Je te vois, là, assise, au regard de la glace, et je te vois courbée au cygne de mon épaule, reposante de ton corps dans l’abîme de notre endurance.

 

 

31/01/2011

Divination

 

Mystère de la simplicité. Quelques carrés dispersés créent le mystère. Est-ce la symétrie, l'équilibre, l'enchevêtrement des formes ? Le saurons-nous ? Mais sous l'oeil impassible, peu de pensées, un peu d'émotion.

La divination est l'art de deviner, de découvrir ce qui est ignoré ou caché en sortant des voies ordinaires de la connaissance.

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30/01/2011

Ce matin, par inadvertance

 

Ce matin, par inadvertance, j’ai pris le métro,

Ce serpent souterrain qui court dans la moiteur

Des dessous de la ville et transporte mille fantômes

Somnambuliques, vers des destinations multiples

 

Je sortais de mon lit, encore engourdi

Mais l’œil clair des attentes d’un jour nouveau

Et entrais dans la chenille lumineuse

Pour prolonger mon rêve exotique

 

Quelle étrange morbidité enserre ces passagers

De noir vêtu et d’ennui revendiqué

Sur la pelouse de leur mortuaire dessein

Ils allaient en silence, dans leurs pensées amères

 

Tous de noire désespérance, écrasés d’allégeance

Au dieu de la mode ou de l’inconscient collectif

Ils se laissaient porter, indifférents

Jusqu’au terminus de leur indolence

 

Chacun d’eux dormait les yeux ouverts

 Sur la pâleur des publicités

Qui lui donnent la consigne

De se vêtir de noir, exclusivement

 

Les yeux baissés sur leur tiédeur communautaire

Ils se concentrent sans éclat sur leur aphasie

Ignorant la belle délicatesse des couleurs assemblées

Pour faire revivre et danser espoir et liberté

 

 

29/01/2011

La lecture, de Fernand Léger (1924)

Au premier abord le tableau ne m’a rien inspiré. Il était pour moi comme ces tableaux que l’on trouve dans beaucoup de maisons de province et qu’on a souvent envie de retourner tellement leur absurdité nous choque. Puis, en l’observant plus longuement, j’ai perçu une certaine harmonie d’ensemble, une certaine quiétude dans la forme du dessin comme si chacune des particules de l’air avait arrêté son mouvement pour laisser à la parole toute sa pénétration dans l’esprit et le corps.

 

La lecture, F. Léger.jpg

 

Les deux personnages, une femme assise dans un fauteuil soutenant sa tête d’un coussin et tenant un livre, l’homme, un bouquet de trois fleurs à la main qui tient maintenu un livre contre sa poitrine, ne sont pas plongé dans leur lecture, mais dans l’extase du rêve comme après avoir parcouru des yeux quelques lignes particulièrement belles. Leur attitude, figée dans une immobilité inquiétante, respire la rêverie qui est plus exactement matérialisée par la fixité de leur regard, un regard irréel, chargée de pensées intérieures, alors qu’en fait la forme même de l’œil n’est représentée que par une ellipse augmentée d’un trait supérieur pour formuler la paupière dans laquelle baigne un cercle noir, et cet œil, d’un dessin si simple et presqu’enfantin, respire toute la rêverie que peut contenir l’imagination d’un homme.

La tête de la femme, penchée sur le côté, le menton reposant sur la rondeur de l’épaule est l’idéal de la beauté féminine vers les années 1900, par le cercle presque parfait du visage que les cheveux épousent en larges plaques ondulées, par le dessin du sourcil qui continue en un même trait la forme du nez et de l’autre sourcil et dont les lèvres formées d’ombre semblent la base de cette colonne évasée. Les fleurs que l’homme tient délicatement entre ses doigts dont l’un, recourbé de manière anormale par rapport aux autres, donne justement l’impression du volume des fleurs, ressemblent à des nénuphars dont la fleur elle-même fait penser à des coupes de fruits qui contiendraient des prunes jaunes et dont on s’attend presqu’à voir quelques gouttes d’eau s’écouler à la base de leurs tiges.

Le volume et l’espace qu’occupent les corps dans le tableau est rendu avec puissance et vigueur par une simplicité enfantine du dessin des corps qui font penser à ces bonhommes de caoutchouc gonflé que l’on voit dans les vitrines des magasins. Mais combien leur attitude est pénétrée de l’extase et de la paix que donne la rêverie de la lecture et comme au fond sont humains leur gestes, la manière qu’a la femme de tenir son livre avec le plat de la main à demi refermée sur l’arête du centre du livre dont la base repose sur les plis de sa robe. Et ce geste de l’homme qui, pour tenir les fleurs dans sa main, appuie le livre du pli de son coude à son avant-bras contre sa poitrine.

L’ambiance du tableau reste volontairement tournée vers la contemplation par la forme des objets qui entourent les personnages. En fait, on ne distingue pas d’objets, mais des cadres constitués de traits verticaux et horizontaux où toutefois les traits horizontaux dominent, pénétrant par là l’esprit de tranquillité et de rêverie. Le temps s’arrête, l’intimité du couple est un filigrane invisible que l’on ne perçoit que par cette suspension du cheminement de la pensée entre le repos du corps et celui de l’esprit.

 

28/01/2011

La mort avait mis son scaphandre

 

La mort avait mis son scaphandre. C'était une grenouille de caoutchouc dont l'enfer était les gouffres marins.

Je la suivis une nuit. Et je rendis visite aux entrailles de la terre. Les eaux étaient vert sombre, les roches jaune clair. Un hublot me protégeait de ce monde difforme. L'architecture marine a la bizarrerie d'un jardin d'hiver : pâle, lent, secoué d'irrésistibles tressaillements. Les herbes folles défient le regard des absents et gonflent leurs pédoncules de lourds cheminements. Miroir de la réversibilité, quand l'onde reflue et imprime un mouvement contraire à la prolongation de l’élan antérieur. Alors une longue déchirure surprend le promeneur solitaire et lui rend la consistance des vivants.

Dans mon enfance, à la maison, se trouvaient des vitres jaunes qui déformaient d'un côté, mais restaient transparentes de l'autre. Je montais sur la fenêtre pour regarder la pièce, un débarras moisi où s'entassaient de prodigieux trésors. Depuis, l’irrésistible penchant à rechercher ce qui se cache derrière la porte. Je n’ai pas encore trouvé, mais le simple fait de chercher me procure un indicible plaisir que je ne saurais abolir.

 

 

 

27/01/2011

La tête rouge d'Amedeo Modigliani

Dans la nuit de l'esprit, surgi des profondeurs de la mémoire, apparaît le souvenir d'une inconnue.

Comment préciser cette tête rouge tuile dont on ne connaît que la forme allongée sur la surface gris-bleu des réminiscences informelles ? Peut-être ces lèvres au dessin précis qui semblent l'origine même du souvenir, le point de départ du travail de la mémoire qui s'efforce de préciser tant bien que mal les contours de ce visage autour de la courbe veloutée de la lèvre. Aussi l'ombre gagne-t-elle le contour du crâne nu. Il n'y a qu'un œil dans cette tête rouge, sans doute parce qu'on ne se souvient jamais du regard complet des gens, mais d'un soudain éclat entrevu brièvement.

Qui est-ce ? Une femme, mais qui ? Péripatéticienne ou élégante ? Elle se laisse deviner ou plutôt on imagine sa consistance sans percer le mystère.

La tête rouge-Modigliani.JPGLa tête rouge, d'Amedeo Modigliani

 

" D'un œil, observer le monde extérieur, de l'autre, regarder au fond de soi-même" (Amedeo Modigliani) 

26/01/2011

Ce que je voudrais être

 

Ce que je voudrais être pour toi

Ce n’est ni la force, ni le savoir

Ni l’orage, ni le torrent, ni la tempête

Mais le refuge de tes regards

Le lac, la vallée et le logis

Je serai aussi pour toi

Les piliers de ton temple de vie

Celui qui sera toi et rien d’autre

L’ombre de ta démarche joyeuse

Le soleil du repos de ton âme

Et si parfois un vent léger se lève

Et t’éloigne quelque temps du lac

Ton regard suffira à me dire les saisons

Et la raison de nos émerveillements :

Un amour comme une fleur éclose

Aux premières heures du jour

Aux premiers temps de notre jeunesse

Que la lumière épanouit

Que les baisers reposent

Un amour qui ne dure qu’un jour

Parce que chaque jour le voit différent

Un amour qui n’en est plus un

Parce qu’il sera à la fois l’amour

L’amitié, l’estime et respect

Un amour qui est plus que l’amour

Parce qu’il sera bien d’autres choses encore

 

 

25/01/2011

Inversion

Une inversion est le renversement de l'ordre habituel des choses. Cela peut concerner la localisation d'un objet par rapport au plan habituel de symétrie ou encore les effets 3D d'un dessin. L'inversion concerne aussi le creux derrière le plein, l'invisible derrière le visible, la rencontre des opposés.

L'inversion, c'est l'étrangeté de la vie lorsqu'un coup d'oeil modifie notre perception habituelle des choses.

 

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24/01/2011

Divergence

Dans la calme sobriété des cellules se cachent quelques anomalies qui conduisent à des divergences plus en plus aigües. La beauté de l'harmonie tient au fait de son instabilité et des efforts à accomplir pour l'obtenir et la conserver.

 

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23/01/2011

Les flambeaux étaient des mains

 

Les flambeaux étaient des mains

Et leurs bras étaient ma mort

De longues rides sillonnaient leur bronze

 

Les quais étirent paresseusement leur pierre

Et la statue jette sa main en l’air

Tandis que le jaune égraine ses écailles de feuilles

Sur le gravier qui frôle ses pieds nus

 

Les deux fêtards se tournent le dos

Alors que brûlent leur veston

Et que les notes s’envolent dans le froid

Gémissantes sur ce doigt alangui

 

Blonde est ma chambre que cachent ses ombres

 Et les têtes des candélabres me surveillent

De leurs yeux de feu dans la glace piquée

 

Au plafond courre un cheval de plâtre

Autour de la lampe noircie par le soleil

 

Le marbre de la cheminée est nu

Je vois ses veines et son teint de cadavre

Qui jaunit déjà par endroits

 

Derrière une forêt de grands tuyaux

Des pattes d’échassier aux ailes ployées

Écrasent de leur ombre la paresse du tapis

Et la lyre du piano allonge ses pieds

Sous ma chaise aux grands cheveux de paille

 

Sur les riantes parois de la bibliothèque

Les cloques de l’acajou ont crevé ça et là

 Laissant la chair claire pénétrée de lumière

 

Dors donc me dis la rose qui repose…

 

 

22/01/2011

Les objectifs de l’équitation française

(suite de la note du 10 janvier sur l'harmonie en équitation) 

 

Cette recherche de l’harmonie s’exprime à travers deux objectifs propres à l’école française :

 

v     la légèreté :

 

Ø      du cheval

Cet objectif proprement français se retrouve aussi bien dans l’équitation sportive que dans l’équitation de dressage et constitue plus qu’une simple technique.

Il ne s’agit pas bien sûr d’une simple recherche de la légèreté de la bouche, propre à la plupart des débutants. Pour reprendre l’expression du Général L’Hotte, le caractère de la légèreté réside dans la flexibilité élastique et moelleuse de tous les ressorts et ne pourra être acquis qu’après la disparition complète des résistances, c’est à dire de toutes les contradictions inopportunes. Cette légèreté est autant nécessaire au cheval d’obstacle qu’au cheval de dressage.

L’objectif de légèreté est étroitement lié à la mise en application de trois principes:

. l’impulsion,

. la rectitude.

. l’équilibre,

L’impulsion est première et indispensable. Mais elle doit être dirigée, c’est le rôle de la rectitude. L’équilibre vient ensuite et conduit à la légèreté dans le travail des allures.

Ces trois principes sont suffisamment connus pour ne pas être développés ici. Il serait cependant intéressant de montrer en quoi ils concourent à la légèreté et quels sont les techniques qui permettent de les obtenir.

 

Ø      du cavalier

Au delà de la légèreté dans l’emploi des aides et la légèreté de l’assiette, tant dans l’équitation de dressage que dans l’équitation d’obstacles, la véritable légèreté se manifeste à travers ce que le Général L’Hotte appelle le tact équestre.

 

« Enfin, vient un sentiment tout spécial, dénommé tact équestre, et qui a dans son domaine de faire discerner la nature, bonne ou mauvaise, des contradictions du cheval, de guider le cavalier dans l’à-propos et la mesure de ses actions? Ce sentiment, que le travail développe mais ne saurait faire naître, est aussi nécessaire à l’écuyer, c’est à dire au cavalier artiste, qu’est indispensable au peintre le sentiment du coloris, au musicien le sentiment de l’harmonie des sons.

Général L’Hotte, Questions équestres

 

 Ici aussi, certains principes sont propres à l’équitation française :

. l’indépendance des aides ;

. le liant de l’assiette et surtout des aides avec le mouvement du cheval ;

. la correction de l’équilibre par le poids du corps plus que par l’emploi des aides.

 

v     la libre expression de la personnalité

 

Ø      du cheval

L’harmonie ne peut être atteinte par la contrainte. Elle apparaît par le développement et l’amplification des mouvements naturels qui ont toujours été recherchés par l’équitation française. C’est la définition du Général L’Hotte : le cheval allant et se maniant comme de lui-même.

 

Ø      du cavalier

La formation du cavalier ne peut constituer un moule dans lequel celui-ci doit trouver sa place. Elle doit permettre d’acquérir un cadre, des limites, des références qui lui permettront d’exprimer les qualités propres à l’école française sans contraindre ses propres aptitudes naturelles et sa personnalité.

C’est sans doute pour cette raison que jusqu’à présent n’a pas été formulée nettement une doctrine de l’équitation française. L’enseignement de techniques et de savoir conduisent généralement vers la constitution d’un bon corps d’exécutants, mais empêche bien souvent le développement de l’imagination créative et la recherche d’un style propre. Or il semble bien que le génie réel de la France aille à l’encontre de ce qui se pratique dans nos écoles et universités. Il ne s’exprime que lorsqu’il dépasse le bagage acquis pour s’enfoncer vers les eaux claires de la découverte et de l’expression de sa propre personnalité.

 

 « L’art n’est pas une science que fait avancer pas à pas l’effort impersonnel des chercheurs. Au contraire, l’art relève au monde la différence : chaque personnalité, une fois ses moyens d’expression en mains, a voix au chapitre. »

Paul Klee, Théorie de l’art moderne

 

            Cependant cette formation ne doit pas non plus se concentrer sur la recherche exclusive de l’expression de la personnalité. Elle doit permettre au cavalier de découvrir et d’assimiler les principes communs de l’art équestre et de le faire progresser.

 

« Le même guide infaillible conduira l’artiste dans son ascension : le principe de la Nécessité intérieure.

Cette Nécessité intérieure, trois nécessités mystiques la constituent :

×   Chaque artiste, comme créateur, doit exprimer ce qui est propre à sa personne. (Élément de la personnalité.)

×   Chaque artiste, comme enfant de son époque, doit exprimer ce qui est propre à son époque. (Élément de style dans sa valeur intérieure, composée du langage de l’époque et du langage du peuple, aussi longtemps qu’il existera en tant que nation.)

×   Chaque artiste, comme serviteur de l’art, doit exprimer ce qui, en général, est propre à l’art. (Élément d’art pur et général qu’on retrouve chez tous les êtres humains, chez tous les peuples et dans tous les temps, qui paraît dans l’œuvre de tous les artistes, de toutes les nations et de toues les époques et n’obéit, en tant qu’élément essentiel de l’art, à aucune loi d’espace et de temps. »

Kandinsky, Du spirituel dans l’art

   

 

*   *   *

  

            Il est évident que ces quelques éléments ne constituent que des pistes de réflexion sur une possible expression de ce qui constitue la particularité de l’équitation française. Il faudrait maintenant s’attacher à développer l’ébauche des objectifs et à les relier aux techniques propres à chaque discipline. Sans doute est-ce un des rôles de l’École Nationale d’Équitation.

Cependant, il importe de comprendre le tissu culturel qui conditionne la particularité de notre équitation et de réaliser que l’équitation, en tant qu’art et discipline sportive, ne peut se limiter aux techniques :

 

« Il importerait de reconnaître, à la fois pour le passé et pour le présent, que tout art qui satisfait pleinement est une création dans laquelle se manifestent aussi bien les pouvoirs de la main que ceux de l’âme et ceux de l’esprit. »

Joseph-Emile Muller, L’art moderne

 

21/01/2011

Enfermement

Un monde à l'espace fermé, ville dans la ville, dont la symétrie laisse le regard perdu.

 

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20/01/2011

Silence des nuits sans sommeil

 

Silence des nuits sans sommeil

Où le cœur marque inexorablement

L’écoulement des heures figées

Dans la pose de l’enfant endormi

Et que dehors dans l’obscurité mouvante

La lune accomplit son périple immuable

 

Chaleur du poids de la veille

Dans la moite activité imaginaire

Des rêves du premier sommeil

 

Se lever et marcher dans l’obscurité

Sentir le carrelage froid sous le pied

Et l’odeur persistante du jour

Qui imprègne encore les pièces vides

Jusqu’à ce que la paupière lourde

Les membres las et la tête vide

Le corps replonge dans l’élément de son absence

 

 

19/01/2011

Les débuts du chant liturgique chrétien

Suite des réflexions sur la musique sacrée (catégorie musique) :

 Le chant liturgique est avant tout proclamation de la parole de Dieu et expression de la foi des hommes. Il est certes lié à la culture du moment, mais est également intemporel. Les premiers chants liturgiques chrétiens sont donc issus de la tradition synagogale, puis ont évolué différemment selon les lieux et leur culture. Quelques éclaircies sur ces débuts :

 

Les débuts du chant liturgique chrétien.pdf

18/01/2011

Eclatement

Un éclatement est l'action de se briser violemment et de diviser un ensemble en de nombreuses parties. Mais il peut aussi être synonyme de naissance d'un nouveau système qu'il soit physique ou conceptuel. L'éclatement, c'est le mystère de l'inconnu, l'ouverture au tout autre, le rêve qui finit ou devient réalité.

 

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17/01/2011

L'eau morte

 

L’eau morte coule le long des tuyaux

Et j’entends son gargouillis dans le creux de ma main

 

Goutte à goutte le temps s’écoule

 

Les gens dans leur bêtise hautaine

Glissent sur les trottoirs embués

Tandis que l’œil morne des fenêtres les observe

 

Une main fine a essuyé la larme qui creuse l’œil

D’un geste mouillé et gémissant

 

Les rues fuient les rues sans se séparer

Labyrinthe de bruits et de regards

 

Et la nuit abat sa longue cape de deuil

 

L’eau ruisselle et éponge le son des pas

Et les passants cachent leur misère

Derrière un col ou sous un parapluie

 

Marche continuelle et pressée

Qui ne finira jamais en danse effrénée

 

Le fer de mon balcon a perdu sa beauté

Comme les volets ont fermé leurs bras

 

Les ombres regagnent la clarté enfermée

Dans le sein des flancs de ces rues

Pendant que s’étend la grande bête noire

 

Goutte à goutte le temps s’écoule

 

 

16/01/2011

La musique grecque antique

Suite des réflexions sur la musique sacrée (catégorie musique) :

La musique ne commence pas avec la Grèce, mais les Grecs furent les premiers à s'intéresser aux éléments de théorie qui permirent le développement d'une vision philosophique et physique de la musique et des premières notations facilitant la mémorisation de la forme musicale chantée ou jouée. Musique sacrée certes, mais pas au même sens que nous l'entendons de nos jours. La musique était le ciment de la société grecque au même titre que le théâtre. Aussi importante que la philosophie dans l'éducation grecque, la musique était considérée comme la "mère de tous les arts".

Plongeons nous donc dans les origines de la musique !

Musique grecque antique.pdf

A écouter :

 

15/01/2011

Mante religieuse

On l'appelle « religieuse » en raison de ses pattes antérieures qu’elle replie comme pour prier. C’est une apparence trompeuse. Elle est en réalité à l’affût. Ces « pattes ravisseuses » peuvent se déplier en une fraction de seconde pour s’abattre sur la malheureuse victime. Le crochet qui les prolonge se plante comme un harpon dans le corps de la proie.

Cet insecte incarne la terreur des victimes face aux bourreaux, d'autant plus que la femelle a parfois la mauvaise habitude de dévorer le mâle après ou pendant l’accouplement.

Mante de fer ou manque de père, que choisir ?

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14/01/2011

Les pieds à l'horizon

 

Les pieds à l’horizon, le corps au zénith

Tes genoux formaient le globe de ma terre

Où je reposais naufragé d’un océan indifférent

Je levais le regard à l’ombre de tes étoiles bleues

Deux étoiles qui dansaient à l’innocence du feu

Recréant d’elles-mêmes la chaleur d’autres planètes

Une terre à l’envers du creux de mon cou

Ma joue abritait parfois l’ombre de ta main

Bien qu’elle soit petite. Mais l’ombre s’agrandit

À l’angle du souvenir. Je ne peux plus chercher

Dans l’arrondi de ma paume la mémoire

Des formes de la tienne. Aurait-elle déjà oublié

De quelle étrange sensation elle se revêtait.

Tu fermes les yeux comme un rideau de théâtre

Entracte ou fin ? J’attends les acclamations pour savoir

Un rideau noir, avec des franges recourbées

Noir comme le vent ou de la fumée

Un rideau noir, l’auteur s’y cache

A quoi sert sa ligne bleue

Doublée pour les ivrognes ou le borgne ?

Après l’entracte, la pièce commence

Elle est toujours différente, pourtant les entractes se succèdent

L’acteur n’a pas fini de signer les autographes

 Alors tu biographes jusqu’au jour du mot fin