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15/01/2011

Mante religieuse

On l'appelle « religieuse » en raison de ses pattes antérieures qu’elle replie comme pour prier. C’est une apparence trompeuse. Elle est en réalité à l’affût. Ces « pattes ravisseuses » peuvent se déplier en une fraction de seconde pour s’abattre sur la malheureuse victime. Le crochet qui les prolonge se plante comme un harpon dans le corps de la proie.

Cet insecte incarne la terreur des victimes face aux bourreaux, d'autant plus que la femelle a parfois la mauvaise habitude de dévorer le mâle après ou pendant l’accouplement.

Mante de fer ou manque de père, que choisir ?

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14/01/2011

Les pieds à l'horizon

 

Les pieds à l’horizon, le corps au zénith

Tes genoux formaient le globe de ma terre

Où je reposais naufragé d’un océan indifférent

Je levais le regard à l’ombre de tes étoiles bleues

Deux étoiles qui dansaient à l’innocence du feu

Recréant d’elles-mêmes la chaleur d’autres planètes

Une terre à l’envers du creux de mon cou

Ma joue abritait parfois l’ombre de ta main

Bien qu’elle soit petite. Mais l’ombre s’agrandit

À l’angle du souvenir. Je ne peux plus chercher

Dans l’arrondi de ma paume la mémoire

Des formes de la tienne. Aurait-elle déjà oublié

De quelle étrange sensation elle se revêtait.

Tu fermes les yeux comme un rideau de théâtre

Entracte ou fin ? J’attends les acclamations pour savoir

Un rideau noir, avec des franges recourbées

Noir comme le vent ou de la fumée

Un rideau noir, l’auteur s’y cache

A quoi sert sa ligne bleue

Doublée pour les ivrognes ou le borgne ?

Après l’entracte, la pièce commence

Elle est toujours différente, pourtant les entractes se succèdent

L’acteur n’a pas fini de signer les autographes

 Alors tu biographes jusqu’au jour du mot fin

 

 

13/01/2011

La pileuse

Que faire de tous les morceaux de fer inutilisés dans une maison ? Faites-en des sculptures. Selon votre imagination elles prendront forme, puis deviendront des objets familiers apportant un peu de poésie dans le quotidien.

La pileuse regarde au loin, rêvant vers le fleuve, tout en travaillant nonchalamment.

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12/01/2011

Yantra

Un yantra  (mot sanskrit qui veut dire « instrument de maîtrise ») est une figure géométrique tracée matériellement ou mentalement pour dompter le mental et maîtriser les forces cosmiques. De tradition indienne, tant hindoue que bouddhique, c'est un support de méditation qui révèle les concepts et aspects du monde et permet d'accéder à l'unité.

Au delà du dessin immédiat se cache de multiples formes ou aspects géométriques différents qui donnent des visions particulières de l'image générale. L'esprit contemple et laisse surgir en lui un monde déconcertant, mais ordonné.

 

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11/01/2011

Silence, voilà la nuit sur la ville

 

Silence, voilà la nuit sur la ville

Un passant cherche la chaleur de l’obscurité

Autour du halo glacial des réverbères

Il va d’un pas rapide et étriqué

On ne voit déjà plus son chapeau

Mais on l’entendra longtemps

Si la fenêtre reste entrebâillée

 

Silence sonore des résonnances

D’une ville prête à nous échapper

Où l’on n’a plus sa part de vie

Parce qu’elle est au monde de la nuit

 

Mais si cette ville n’est plus la nôtre

Que ne découvre-t-on pas en elle

Chaque bruit prend la consistance

Du rêve étrange de la connaissance

 

 

10/01/2011

Le but à atteindre : l'harmonie

(suite de la note du 9 janvier)

 

 L’esprit de l’équitation française s’exprime à travers ce qui n’est d’abord qu’un sentiment fugitif, qui peu à peu devient une expérience renouvelée et que l’on pourrait nommer l’harmonie. Celle-ci constitue le but à atteindre.

 

            Cette harmonie est une sensation, une émotion, un sentiment privilégié et fugitif qui donne au cavalier l’état de grâce qui transforme sa pratique de l’équitation en art. Elle conduit le cavalier à sans cesse se dépasser pour la retrouver. Elle n’est pas réservée aux seuls grands maîtres du dressage et constitue ce qui permet aux champions de l’équitation sportive de remporter la victoire malgré les pressions qui s’exercent sur eux pendant l’épreuve.

            Elle est palpable non seulement pour le cavalier, mais pour ceux qui partagent et communient à ces moments : connaisseurs, mais aussi spectateurs, même non initiés.

 

            Pour le spectateur, l’harmonie n’est pas directement perceptible. Celui-ci n’éprouve qu’un sentiment de perfection et de facilité face au couple accompli du cheval et du cavalier évoluant sous ses yeux. Ce sentiment l’amène ensuite trop souvent à critiquer ceux qui n’arrivent pas à cet état de grâce, sans qu’il comprenne la longue quête du cavalier pour arriver à cet accomplissement. Ainsi l’harmonie s’exprime d’abord par l’impression d’aisance et de communion, donc de rapports naturels et faciles à obtenir.

 

            Pour le cavalier, l’harmonie est le but à atteindre. Cette harmonie est l’aboutissement d’une ascèse, la réalisation dans l’instant d’années de travail et de pratique. Elle est au delà de la technique ; elle l’utilise, mais la dépasse.

 

« Le sens de toute pratique n’est pas la performance parfaite en elle-même, mais ce qui advient à l’homme qui l’exécute. Naturellement cette performance reste le but, mais elle prend sa signification dans l’homme qui l’accomplit. La purification et la transformation de l’homme se réalise par un effort juste vers la technique parfaite. Le sens de celle-ci est cependant tout autre que si l’importance se concentrait uniquement sur l’exécution elle-même. Pratiqué dans l’attitude juste, comme un moyen de progresser sur la voie, l’exercice modifie l’homme. Réciproquement, sa transformation intérieure devient la condition, non seulement nécessaire mais suffisante, de la plus haute perfection technique. Un talent est toujours la marque d’un entraînement. Mais dans l’art supérieur, la technique est devenue le fruit d’un exercice par lequel le talent lui-même exprime la métamorphose par l’Être. »

Graf Dürkheim, Le zen et nous

 

            C’est l’atteinte de cette harmonie qui transforme la science des techniques équestres en art. Au delà de la technique acquise et pratiquée va se révéler à un moment donné un état de grâce entre le cavalier et son cheval qui, en toute lucidité de la part de l’un et de l’autre, va permettre au couple d’exister, de se révéler, d’être dans sa pleine existence. Cet instant d’harmonie totale non seulement permet la victoire en compétition, mais enrichit le cavalier et le spectateur parce qu’il dévoile la grandeur et la beauté de la vie. C’est un accomplissement intérieur qui fait prendre conscience des liens et des énergies existant entre l’homme et le cheval, entre le couple et le monde dans lequel il évolue. La technique devient art parce qu’elle fait naître la transparence à la transcendance et parce que celle-ci se manifeste visiblement.

 

« L’harmonie des formes doit reposer sur le principe du contact efficace de l’âme humaine. Ce principe a reçu le nom de principe de la nécessité intérieure.

Est beau ce qui procède d’une nécessité intérieure de l’âme. Est beau ce qui est beau intérieurement.

Kandinsky, Du spirituel dans l’art

 

 

            L’harmonie se manifeste par la beauté, beauté au delà des normes académiques, faite de la perception du mystère du monde et de la vie et de la part de l’homme dans le dévoilement de cette beauté. Elle donne un sens profondément humain à ce qui peut ne sembler qu’un loisir, qu’un sport, qu’un moyen de jouir de sa vie ou de la mettre en valeur.

 

« Un jour un saint s’arrêta chez nous. Ma mère l’aperçut dans la cour, faisant des culbutes pour amuser les enfants.

- Oh! me dit-elle, c’est vraiment un saint : tu peux, mon fils, aller vers lui.

Il mit la main sur mon épaule et me dit:

- Mon petit, qu’est-ce que tu comptes faire?

- Je ne sais pas. Que voulez-vous que je fasse?

- Non, dis ce que tu veux faire.

- Oh, j’aime jouer.

- Alors, veux-tu jouer avec le Seigneur?

Je ne sus que répondre. Il ajouta:

- Vois-tu, si tu pouvais jouer avec le Seigneur, ce serait la chose la plus énorme qu’on n’eut jamais faite. Tout le monde le prend tellement au sérieux qu’on le rend mortellement ennuyeux... Joue avec Dieu, mon fils. Il est le suprême compagnon de jeu. »

Gopal Mukerji

 

 

« La beauté est une chose difficile qui ne se laisse point atteindre ainsi. Il faut attendre ses heures, l’épier, la presser et l’enlacer étroitement pour la forcer à se rendre. La Forme est un Protée bien plus insaisissable et plus fertile en replis que le Protée de la fable. Ce n’est qu’après de longs combats qu’on peut la contraindre à se montrer sous son véritable aspect. Vous autres, vous vous contentez de la première apparence qu’elle vous livre, ou tout au plus de la seconde ou de la troisième; ce n’est pas ainsi qu’agissent les victorieux.

Balzac, Le chef d’oeuvre inconnu

09/01/2011

L'esprit de l'équitation française

(suite de la note 08/01/2011)         

  

             En appliquant à l’équitation française ce processus, il faut avant tout se poser la question de l’esprit de cette équitation. Est-elle réellement différente des autres, constitue-t-elle réellement une école distincte, même si celle-ci n’a jamais été caractérisée et exprimée clairement par ceux qui s’en réclament?

 

            A cette question, il semble bien que l’on puisse répondre oui. L’équitation française se caractérise avant tout par la recherche du développement des qualités et aptitudes naturelles du cheval. Alors, à travers l’accomplissement le plus parfait de sa monture, le cavalier s’accomplit lui-même. 

 

            L’équitation française est donc l’expression d’une philosophie de la vie et non uniquement une pratique différente de celle des autres pays. Fort heureusement et sans doute parce que les grands cavaliers n’étaient pas tous des hommes de pensée, l’art équestre français n’est pas tombé dans l’abus de rationalité propre à notre système de pensée. Il a conservé la pureté de l’union des sens, des sentiments et de l’intellect et n’érige pas en système des techniques, même s’il en privilégie certaines.

 

            Cette philosophie découle de la tradition proprement française résultant d’une fusion harmonieuse entre l’héritage du christianisme du premier millénaire et la découverte ou redécouverte de l’humanisme. Elle représente une certaine idée de l’homme, de son accomplissement à travers les rapports qu’il peut avoir avec les autres et le monde. Elle précède la tendance occidentale apparue au siècle des lumières où l’homme cherche à s’imposer au monde. Elle consacre une vision plus large de l’accomplissement comme une harmonie entre l’homme, le monde et Dieu. Elle est souffle, mouvement et vie et s’exprime à travers la beauté naturelle. Un bon exemple de cette philosophie peut être donné par la pureté, la spontanéité et la profondeur des alléluias grégoriens de l’école gallicane.

 

            Contrairement à ce que pense La Guérinière, il est compréhensible qu’en dehors des écrits techniques des grands maîtres, il n’y ait pas une théorie plus générale sur l’équitation française. Cette discipline n’admet pas la notion de système apparue en parallèle avec le développement des sciences et techniques. Elle est le fruit d’un savoir être que l’on ne théorise pas et qui se transmet par apprentissage plus que par savoir. Mais cette transmission n’est possible que par ceux qui en ont réalisé l’esprit dans la pratique.

 

« Je regrette que les grands maîtres, tels que les Duplessis et les de La Vallée, qui firent tant de bruit dans les temps heureux de la chevalerie, ne nous aient point laissé de règles pour nous conduire dans ce qu’ils avaient acquis par une application sans relâche et d’heureuses dispositions. Je déplore cette disette de principes qui fait que les élèves ne sont point en état de discerner les défauts d’avec les perfections et n’ont point d’autres ressources que l’imitation »

La Guérinière

 

« Aucune méthode, quelque logique et bien ordonnée qu’elle puisse être, ne saurait donner des résultats infaillibles. Toute action équestre exige, pour obtenir l’effet qu’on en attend, ce qu’aucun écrit ne saurait donner: l’à-propos et la mesure, autrement dit le tact équestre.

Général L’Hotte

08/01/2011

L'équitation française

Je vais consacrer quelques notes à la recherche d'une vision ou d'une doctrine de l'équitation française. M'étant investi dans ce domaine pendant plus de dix années de manière quasiment professionnelle, je souhaite apporter ma pierre à des réflexions trop souvent techniques. Or l'art équestre n'est pas seulement technique, c'est aussi un état d'esprit, voire un accomplissement personnel grâce à la médiation du cheval.

 

Une doctrine est l’expression de l’esprit qui anime la pratique d’une discipline. Elle ne saurait se définir par des techniques à enseigner qui n’en constituent que la lettre. La doctrine répond à la question « pourquoi? », alors que bien souvent on se contente de réduire l’enseignement au « comment ?». Elle est donc l’expression d’une philosophie sur la discipline enseignée et doit être reliée à une certaine approche de la vie et aux grandes questions qui préoccupe l’homme : sa place et son rôle dans le monde, ses rapports intimes avec celui-ci.

 

            L’esprit d’une discipline rejoint le mystère de l’esprit humain. Il se situe à la frontière de l’exprimable et de l’inexprimable, dans ce « nuage d’inconnaissance » au delà de la connaissance du maître acquise par des années de pratique. Et pourtant il existe et se perçoit, sans quoi il ne serait qu’un vain mot inventé par le désir de briller. Il se perçoit à travers les sens (c’est un fait vécu), les émotions (il émeut et étreint), les sentiments (il libère), l’intellect (il donne un sens). Il est l’expression, dans la discipline considérée, de l’amour de la beauté que chacun détient en lui-même, et révèle la beauté de l’amour au delà de la passion envers cette discipline.

 

            Cependant une doctrine ne peut se contenter d’exprimer l’esprit dans lequel se pratique une discipline. Elle définit un but à atteindre, ce vers quoi doit tendre le pratiquant de la discipline, que l’on pourrait encore appeler style, et qui est la forme donnée à l’expression de l’esprit. Ainsi, en équitation, comme pour la plupart des disciplines sportives et artistiques, le style pratiqué dévoile donc non seulement les qualités physiques, intellectuelles et morales du cavalier, mais également, et plus largement, son degré d’accomplissement personnel. Chacun monte comme il se comporte dans la vie et ce comportement est intimement lié à sa compréhension du monde et aux rapports qu’il entretient avec lui.

 

            Enfin, pour atteindre le but défini, une bonne doctrine fixe des objectifs plus concrets qui relient la technique à la philosophie. Prenons un exemple : le style gothique de nos cathédrales traduit la recherche d’espace et de lumière qui constituait le but à atteindre de leurs bâtisseurs. Un des objectifs nécessaires pour l’atteindre était l’équilibre des poussées et une des techniques utilisées fut celle des arcs boutants.

 

            Ainsi, l’expression d’une doctrine, pour être complète, doit définir l’esprit de la discipline, le but à atteindre qui en découle et les objectifs pour y parvenir. La technique représente le moyen utilisé pour atteindre chacun des objectifs.

07/01/2011

Un train, la nuit

 

Un train, la nuit, comme un serpent

Dans la géographie de son désert de sable

Lent balancement des boggies qui cogne la joue

Sur la vitre humide et froide

 

Parfois les pleurs d’un enfant agacent le sommeil

Ou plutôt la rêverie installée comme un brouillard subtile

Qui conduit le voyageur au-delà de ses espérances

Jusqu’au terminus de ses phantasmes et de son ignorance

 

D’autres fois, la femme en face rencontre le regard

Chargé d’interrogation d’un voyageur égaré

Qui cherche vainement un interlocuteur malhabile

A effacer toute curiosité sur son grain de beauté

 

Bercement des sons et des mouvements jusqu’à l’oubli

Hypnotisme et résurgence de fatigues ignorées

Contraignant leurs victimes au repos de la chair

Alors que l’esprit vagabonde sous l’œil clos

 

Au dehors, dans l’espace imprécis des paysages

S’imaginent les vies fragmentées de personnages

Qui regardent un instant la machine de fer

Défilant bruyamment dans leur intimité

 

Jusqu’où ira-t-on dans l’espace noir guidé par le rail ?

La distance s’épaissit, se contracte et engendre

Des regards vagues sur des visages blafards

Alors chacun meurt un instant sous le jugement de l’autre

 

 

06/01/2011

Le geste plein d'espoir

 

Le geste plein d’espoir,

Nous avancions sur la grève rocailleuse,

 Entre l’air et l’eau, vers le ciel et la mer,

Accompagnés des cris hostiles des oiseaux.

Nous trébuchions sur le sol visqueux

Et tes pieds nus s’enfonçaient dans le granit.

Nous devions ensemble tirer dessus

Pour les ressortir gris et poisseux,

Et je les essuyais avant de repartir.

Le ciel était descendu sur l’horizon,

Jusqu’à toucher nos fronts de sa voûte poussiéreuse,

Et nous nous courbions un peu plus sur la pierre

Escaladant avec peine de rondes roches gluantes

Qui gémissaient à l’atteinte de nos ongles crispés.

Ta main parfois m’enserrait la taille.

Je goûtais la morsure de tes doigts sur ma chair

Qui faisait tressaillir les muscles.

Nous marchions depuis le matin, sans nourriture,

La langue sèche, l’œil fiévreux,

Et le soir ne voulait pas tomber.

Où d’ailleurs aurions-nous pu nous étendre ?

 

 

05/01/2011

Porte sur l'invisible

Revenir aux formes simples,

Y créer des perturbations

et découvrir une porte sur l'invisible.

 

Caronde N&B.jpg

01/01/2011

Quelques grains de sable

 

Quelques grains de sable dans une encoignure

Où s’attarde un filet de lumière

Parvenu par des voies détournées

A soulager leur solitude honteuse

 

Quelques cris d’enfants étonnés

Qui font gémir le balcon rouillé

D’où suintent des larmes de vieillesse

 

Également, et c’est nécessaire

L’ombre rafraichissante des ormes

Où se perd le savoir des couleurs

La plainte languissante d’un volet

Qui se ferme sur les yeux d’une femme

Encore frissonnante des caresses de l’air

 

Suffisent au voyageur attardé

Qui n’a pas encore trouvé de gite

 

Il errera durant la nuit claire

Attentif aux frémissements des sons

Jusqu’à ce que l’aube dévoile avec prudence

Ses longs filaments à l’horizon

Et que de nouveau crissent les graviers

Sous les pas fatigués de l’absent

 

 

31/12/2010

Le puits sans fond de l'avenir

Aborder chaque nouvel an l’œil ouvert, hors de tout propos sur le passé, pour se laisser guider vers le monde et le goûter pleinement. Alors il se dévoile et révèle l’invisible tendresse qu’apporte chaque jour à l’errant que nous sommes.

 

Que la porte s’ouvre, que nos yeux s’éclairent, que l’avenir reste une ouverture sans fond où il est bon de puiser. 

30/12/2010

La longue main de mon regard

 

La longue main de mon regard au poing fermé dans la nuit noire

S’est avancée derrière la vitre pour se fermer sur l’obscure froideur

De la rue ouatée et transparente. A l’abri de l’enceinte linéaire

Du verre mobile et ondulé, j’ai tâté chaque recoin d’ombre

Comme un lac profond et frais dont on cherche vainement le fond.

J’ai caressé le velours frissonnant du halo de lumière,

Accroché en guirlandes éphémères sur les murs tièdes.

J’ai arrondi le creux de ma paume sur la boule de chaleur

Qui se creusait un nid douillet dans la courbe du globe oculaire,

Penchant la tête de côté pour bien me pénétrer de ce contact bienfaisant.

Et j’ai voulu aller plus loin, regarder les étoiles, les effleurer,

Comme, enfant, j’essayais vainement d’atteindre, à la surface du lac,

Les nombreuses lentilles d’eau qui dérivaient en étoiles marines.

Mais la joue écrasée, aplatie, sur le verre froid,

Je dus tellement tendre le bras, la main et les doigts,

Qu’ils tremblaient à l’instant de caresser la petite lueur.

 

Voilà pourquoi les étoiles clignotent à l’horizon.

 

 

29/12/2010

Réflexions sur la musique sacrée

Il ne s'agit pas de la musique religieuse, mais d'une musique qui fait entrer dans le sacré. On pourrait également l'appeler musique spirituelle, mais le terme sacré fait appel à l'expérience, c'est-à-dire au numineux. Pour Rudolf Otto, le numineux regarde toute expérience non-rationnelle du mystère, se passant des sens ou des sentiments, et dont l'objet premier et immédiat se trouve en dehors du soi. Le numineux est aussi, selon Carl Gustav Jung: "ce qui saisit l'individu, ce qui, venant d'ailleurs, lui donne le sentiment d'être".

Entrons dans cet "absolument autre" par la musique.

La musique sacrée.pdf

 

En préparation, un opuscule sur les différentes traditions de musique sacrée : musique de la Grèce antique, chant grégorien, chant byzantin, musique de l'extrême Orient, musique arabe.

27/12/2010

Amplitude

Plus rien ne remplira notre attente,

Si ce n'est l'amplitude de nos aspirations.

 

dessin,peinture

26/12/2010

La faim sans fin des matins de rêve

 

La faim sans fin des matins de rêve
Quand l’œil de la nuit se regarde encore
Quand le drap colle aux jambes engourdies
Quand la main délaisse les doigts sur la neige
Quand le sable tombe goutte à goutte dans l’oreille flétrie
Quand le vent, quand le rouge, quand la tache
De mon œil de cyclope forme une planète
Sur l’opuscule pâle des fleurs de l’inconscience

Quand le rond du ventre épouse le rond de la terre
Quand la mort lèche de frissons la plante des pieds
L’araignée impassible tisse une toile ailée
Qu’un son éclate en bulles de savon dans
Le gaz du sommeil chaud, arrondi, caverneux
Les cheveux éclairés d’une incroyable rousseur
La tête du guillotiné est secouée de spasmes
Son corps détaché, prisonnier de sa trame
Se débat sans élasticité, lentement, douloureusement

Quand le goût des requiem envahit les oreilles
Quand le chuintement de la vie siffle entre les dents
Quand les paupières troublent la page blanche de leurs hélices
Il se met en quinconce, les genoux sur les yeux
Les ongles déchirant les oreilles de froissements de verre
Replié dans sa rondeur, dans sa chaleur, sans sa profondeur de chat
Il se lisse les poils dans le bon sens
Dans le sens des aiguilles d’une montre
Et ses genoux cerclés de rouge sont le regard
Noir de son nombril de cyclope au front d’intelligence
Il se met en quinconce, en carré, en cercle, jusqu’à la ligne droite
Qui déroule solitaire avec lenteur les nœuds magiques
De sa route incontournable comme le nœud des pendus

Quand les plumes collent au palais avec l’odeur de l’édredon
Quand la peau n’est qu’une carapace
Quand les dents se cimentent de pâte amère
Quand… Quand…

 

 

25/12/2010

Noël : Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu

« La vie nous révèle à nous-mêmes comme une capacité d’infini », témoigne Maurice Zundel dans l’introduction au Poème de la Sainte Liturgie[1]. Ce sentiment intime de l’infini nous habite tous sans que nous en ayons conscience. L’âme aspire à la révélation de sa profonde unité, elle cherche une réponse au besoin d’infini qui la travaille. Besoin de comprendre à travers la science, besoin d’appréhender la beauté par l’art, besoin d’extase dans l’aimantation de l’amour, besoin de l’Autre moi-même que l'on devine en nous. Et « il vous faut entrer encore plus avant dans vos recherches, vous identifier plus intérieurement avec l’objet qu’elles poursuivent[2] » jusqu’à identifier l’Infini comme une présence spirituelle et comme une vie débordante. Alors se découvre l’inépuisable fécondité que la sainte Liturgie évoque et réalise à tous les instants. « L’Infini est là, à portée de l’Esprit, au cœur de la matière transfigurée, qu’on ne peut plus voir que par les yeux de l’âme[3] ».

En ce jour de la nativité, nous sommes appelés à vivre plus intensément cette communion d’aspiration qui nous libère de l’angoissante recherche pour nous conduire à l’ultime découverte de saint Irénée de Lyon : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».



[1] Maurice Zundel , Le poème de la Sainte Liturgie, Mame/Editions du Moustier, 1991

[2]  ibid

[3] ibid

Passage, d'une vie à l'autre

 

L’enfant regardait la fleur tristement, en soupirant,

Et la fleur qui était coquette, mais qui avait bon cœur,

Demanda à l’enfant les raisons de ses gémissements :

« Ce matin, on m’a pris mon ours, petite fleur,

Dit l’enfant. C’était mon ami, il me comprenait ;

Il me regardait, je le regardais, nous étions heureux.

Maintenant, je n’aurai plus rien à regarder, jamais.

Toi aussi, tu es jolie. Tu n’es pas comme eux,

Mais je ne t’aime pas encore, alors je suis triste.

A mon ours, je pouvais tout lui dire.

Il me croyait. Je voulais être artiste

Pour lui peindre une maison, lui donner un empire.

J’aurai attrapé la lune un soir d’été

Et l’aurai mise dans son royaume, pour jouer.

Maintenant à quoi me servirait une lune détachée,

Si je n’ai personne à qui la donner ».

 

« Moi je la voudrai bien si tu me la donnais,

Répondit la fleur en rougissant de tous ses pétales,

Tu serais mon ami et tu me regarderais

Quand je m’épanouis dans l’aube matinale ».

 

Et l’enfant, quand vint l’été, attrapa la lune

Et oublia l’ours en apprenant à aimer la fleur.

 

 

23/12/2010

Au coeur de l'appareil

Au coeur de l'appareil, je me suis égaré.

Où donc chercher la transformation

Si ce n'est au dédale du labyrinthe ?

Là où rien n'est et où tout est possible.

 

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NB. Dommage que les nuances de couleur ne soient qu'approximativement reproduites, le dessein en paraît plus plat.

20/12/2010

Porte sur l'invisible

Et si ces parallèles permettait d'entrer dans le monde invisible à l'endroit où noir et blanc se joignent ? 

Alors un monde nouveau s'ouvre à l'inconnu.

Le temps  ne se conçoit plus en heures, mais en espace décalé, trou noir dans la matière vierge.

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Je veux vivre

 

Je veux vivre, disaient-ils

Ils se gorgeaient de mots

Ils s’emparaient de choses

 Et ces choses, ces mots

Ils en faisaient la vie

 

C’étaient des appareils de fer et de plastique moulé

Des moteurs tournant bien carrés dans leur caisse

Des chaises et des fauteuils pour ne pas s’asseoir

Des tables de musée dans les salles à manger

Des bibelots étranges et quotidiens possédés par caprice

C’étaient des mots savants, bien formés

Achevé par un isme et vêtus d’une majuscule

 

Les mots nus étaient tristes et leur paraissaient faux

Ces mots sortis de la bouche des enfants

 Qui ignorent encore l’ivresse des belles phrases

 

Ils vivaient, disaient-ils

Ils croyaient tout avoir

Ils avaient le savoir

Ils connaissaient la possession

 

Un jour, ils sont morts

Et ils ont tout perdu

 

 

 

19/12/2010

Le mariage : voie d'accomplissement

L'amour est un mystère : mystère de l'homme qui se tourne vers la femme, mystère de la femme qui se tourne vers l'homme, chacun d'eux pour trouver en l'autre son propre accomplissement. Source de vie, l'amour ne s'explique pas. Il est.

Cette réflexion sur le mystère de l'amour et du mariage a pour but d'inciter à une méditation sur un des cadeaux de la vie  et de ne pas perdre le trésor reçu.

 

Le mariage.pdf

 

 

18/12/2010

Prêtresse

 

Tu es, par ta nature, vivante en toutes choses

Inscrite dans le rythme des saisons et des jours

Vibrante au regard de la vie et de la mort

Image de l’univers, attachée à son souffle

 

Tu es des éléments la terre et l’eau

Prêtresse du feu que tu entretiens

Nécessaire à la vie comme l’air

Centre de l’humain, indissociable du divin

 

Tu es l’essence des réalités ambigües

Plus élevée et, de toi-même, t'abaissant

Sainte et pécheresse, ange et démon

Vouée à l’état de ta féminité

 

Tu es l’inspiratrice et la compassion

Étrangère à l’histoire qui ne serait pas sans toi

Héroïque dans la peine de tous les jours

Modèle du repos et de l’immobilité

 

Tu es l’ordonnatrice des mystères familiaux

Régnant sur les enfants et les vieillards

Occupée sans cesse de ce lieu de l’être

Où tu est chez toi, où je ne suis que par toi

 

Tu es l’attente et la réponse

L’habitante des profondeurs

Celle qui est et qui n’apparaît pas

La souffrance, le silence et la joie

 

Tu es la plante fragile, mais éternelle

Calme et fraiche, enracinée et mortelle

Présence de l’éternité dans le temps

Immobile dans l’inévitable mouvement cosmique

 

Je suis ce que tu n’es pas, l’histoire

Attentif à l’existence dynamique des objets

Utilisateur du temps sans pouvoir en jouir

Je suis l’acte, tu es la nature

 

 

16/12/2010

Inconnaissance décalée

 

Lueur mauve de la nuit sur la ville

Par delà les toits luisants endeuillés de feuillages

Quand tu me dis regarde. Je te contemple

Statue de bronze et d’opale tiède

J’erre encore sous cet aspect de verre

Dans un désert barré de gestes

 

Le froid tombe et glace les membres

En d’étranges pauses où je te retrouve

Quand tu ouvrais les yeux

À l’ovale de ton regard arrêté

Sur l’immobile image d’amas de fer

Et de géométriques embrasements.

 

Allongé, détendu, j’ai plongé dans la nuit

Pour joindre à deux étoiles les lueurs de ton regard

Je me suis ensuite assis aux rivages de certaines vagues

Pour puiser une poignée d’écume et désaltérer

Un petit garçon qui avait vu leurs lueurs insolites

 

J’aurai pu franchir les cols les plus hauts

Et veiller de leurs contreforts sur le lac de ton souvenir

Pourtant je chemine encore dans l’amère étendue

D’une connaissance incertaine et mouvante

 

 

13/12/2010

Monde fractal (peinture)

Le monde fractal m'a toujours intéressé. Il reflète l'économie de la vie et procure un sentiment de surprise malgré le déjà vu. J'aime les constructions imaginaires avec des perspectives diluées qu'il faut reconstituer.

Ce dessin m'a pris plus de 15 heures. Il m'a fallu maîtriser le logiciel, les traits, les volumes et les couleurs. Ce fut complexe, mais le résultat est là.

Certes, il possible de mieux faire, mais ce n'est qu'un début. Nous y reviendrons.

 

 

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09/12/2010

Rêve

C'est ainsi que j'imagine les rêves : Des contextes plus ou moins différents qui s'expriment par le fond du tableau et des bulles qui éclatent et créent des événements. Alors l'imagination s'en donne à coeur joie.

Cela donne une certaine cohérence dans l'incohérence, tout ce qu'il faut pour revêtir de légèreté l'optimiste béat.

 

Globules.jpg

03/12/2010

Flottants, les fils de mon être

Flottants, les fils de mon être

Se distendent sous le vent

 

Engagés dans la rue déserte

Ravalant les façades mornes

Arrachant quelques grains de pierre

Ils s’amassent au pied des portes

 

J’en ai pris une poignée

Et attendu patiemment que s’infiltre

Entre mes doigts disjoints

La poussière blanche et liquide.

 

Toi aussi, j’avais vainement tenté

D’assembler sur l’écheveau de mes souvenirs

Les fils ténus et fragiles de ton être

Mais tu as rejeté cet encouragement

Pour fuir sur le trottoir nu

Jusqu’à cette porte ouverte sur l’oubli

 

Parcourant la rue, remontant le courant

Projeté contre la muraille par les rafales

Je me soumets au déchaînement naturel

Courbé sur les pavés au goût de tes pas

 

Vert tendre, quand tu courais sur l’asphalte

Quand nous courrions ensemble les mains jointes

Élevés vers le ciel en guise d’offrande

Nous cheminions entre les colonnes détruites

Qui ombrageaient la place pavée d’herbes

Je recherche aussi, loin derrière toi,

Le chemin où nos pas se chevauchèrent.

 

Peut-être le hasard, ou déjà l’amour ?

02/12/2010

La vie

La question de la vie pose celle du sens de la vie, celle-ci pose également la question de la mort et de son sens et, au delà, de ce qu'il peut y avoir derrière la mort.

Rien ne nous le dira, même si les "Near Death Experience" ou expérience de mort imminente semblent apporter quelques éléments de connaissance d'un au delà derrière la fin de la vie. Peut-être est-ce à rapprocher de l'antimatière découverte en 1931 par Paul Dirac, prix Nobel, l'un des créateurs de la physique quantique.

La vie.pdf

27/11/2010

Naissance

Cette nuit, j’ai rompu ma coquille

A quoi servent les œufs à la coque ?

La mie est douce, mais elle gratte,

Quant à la croute, elle écorche.

Je suis couverte de cicatrices.

 

Elle était solide. On dit qu’il est impossible

De la casser par ses deux pôles.

C’est aussi vrai de l’intérieur que de l’extérieur.

 

Elle s’est tournée cette nuit.

Elle a même fait un bruit épouvantable.

J’avais l’impression de rouler sur du gravier,

Mais ce n’était que le rebord de l’évier.

 

J’ai reposé ainsi sur le côté, inquiète,

Il a fallu que je me retourne.

Demandez donc au caniche de se retourner,

Si c’est un tuyau de poêle, il aura du mal.

 

Je n’ai pas eu de mal. J’en eus quelques maux,

Non pas de tête, mais d’estomac (il était comprimé).

Bref, arc-boutée, j’ai poussé de la patte.

J’ai aussi le bec aplati, de naissance, prétend-on.

Je ne sais, car il a rompu la coquille.

 

Il fait froid, il fait noir,

Quels bruits bizarres.

C’est ainsi le monde.

Rendez-moi ma coquille.