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15/11/2021

Néant

Un film déjà connu, mirage de l’esprit
Envolé et parti au loin de lui-même
Ouvert sur le monde et l’intériorité
Il encourt l’enlisement ou la prosodie

Que signifie cet arrêté vulgaire ?
Y a-t-il une règle non écrite
Qui dicte son autorité insolite
Au quidam qui penche sur lui-même

Y a-t-il un blocage dans la démarche ?
Qui l’empêchera d’être lui-même
L’humble transmetteur de la folie
Sortant ses membres du marais

Me voici, crie l’enfant sourd
Me voici, entend le voyant aveugle
Non, ce n’est pas moi, mais lui
Celui qui n’est plus et qui est 

Dans ces lignes devenues noires
Que deviens-tu toi-même
L’ombre d’un squelette usagé
Qui n’a plus rien sur les os

Il est enfin fini ce mélodrame
Qui fait courir tout Paris
Et trompe son monde et lui-même
Dans un lacis de mots enchevêtrés

Il se tait encore sous le choc
D’un usage tant détesté
D’une coutume abhorrée, mais fière
De n’être qu’un néant sans suppléant

09/11/2021

Fantôme

Retour sur lui
Celui qui n’est plus
Mais plus rien
Même pas lui

Il ne tiendra pas longtemps
Le temps d’un pas de côté
Jusque dans le vide
Et dans un rire tonitruant

Il disparait subrepticement
Entre deux feuilles blanches
Ouvrant la bouche
Et pleurant misère

Tends-lui la main
Il se jette dessus
Mais disparait
Comme un fantôme

20/10/2021

Pictoème

 

ETOILE 5.jpg

Va et cours, l'enfant

l'ombre attachée à l'être

ne s'envole pas

28/06/2021

Infini

L’infini n’a rien, 
Ni commencement ni fin
Il ne contient rien 
Et contient tout

Imagine un point
Si petit, si petit
Qui enfle et grossit
Et devient tout

Non, je ne peux l’imaginer
Puisque j’en fais partie
Je ne sais où je suis
Et encore moins ce que j’y fais

Celui qui m’a créé
Me regarde-t-il comme une fourmi
Ou sans considération de temps et d’espace
Son regard ne voit-il que moi ?

Et moi-même je ne me vois pas
Car je suis derrière le hublot
Rêvant à un monde sans consistance
Qui s’éloigne à grands coups d’ailes
Mais qui regarde qui ?
Le point est-il sans fin ?
Y a-t-il une fin visible ?
Suis-je moi-même infini ?

17/01/2021

Le monde caché

 

IMG_1863.JPG

Derrière la grandeur et la beauté de l'univers

se cache la lumière divine, tremblotante

mais sûre d'elle

qui jamais ne se confond

avec la consistance de la matière

IMG_1864.JPG

L'infini derrière le moi

qui apparaît avec modestie

dans l'émerveillement du Soi

16/12/2020

La musique sacrée : expression de la parole divine (7)

Le verbe engendré et proclamé

Dans le Verbe et par le Verbe, en Christ, Verbe de Dieu, le chrétien découvre Dieu :

 

Il n'y a qu'un seul Dieu,
manifesté par Jésus-Christ, son Fils,
qui est son Verbe sorti du silence...
Ignace d'Antioche

 

             Dieu, en Christ, vient chercher l'humanité pour que l'homme trouve en Christ la déification.

             Nativité : l'immatériel s'incarne, le Verbe se fait chair, l'invisible se fait voir, l'impalpable peut être touché, l'intemporel commence, le Fils de Dieu devient le Fils de l’homme : c'est Jésus-Christ, toujours le même, hier, aujourd'hui et dans les siècles... Voilà la solennité que nous célébrons aujourd’hui : l'arrivée de Dieu chez les hommes, pour que nous allions à Dieu, ou plutôt pour que nous revenions à lui...

Grégoire de Naziance

 

             C'est en Christ que l'homme s'unit à Dieu et cette union est union avec chaque être et avec l'univers. Le Verbe réalise alors en l'homme l'harmonie. Le chant du monde devient le chant des anges. L'âme jubile, chante Dieu en des mots incompréhensibles : c'est le chant en langues, chant subtil, musique céleste d'où la science musicale est absente. Les voix s'harmonisent sans effort ni recherche. La pauvreté devient richesse : l'Esprit prie en nous. 

11/12/2020

La musique sacrée : expression de la parole divine (6)

L'annonce de la Parole

             Le Verbe parlé, répété, redit, perd sa force originelle. Aussi toutes les traditions font appel à la récitation chantée : cantillation, récitatif, psalmodie. Le mot vivifié par le son comme à l'origine de la création, pénètre et crée dans l'être un espace spirituel auquel il pourra se référer. La psalmodie restaure le Logos dans sa divinité. Elle permet de retrouver la Parole du début des temps et, par là, le nom véritable des êtres et des choses. Le chantre devient ainsi médiateur entre le monde d'en haut et celui d'en bas.

             La récitation du nom de Dieu est une pratique de concentration et de méditation utilisée par de nombreuses religions : prière de Jésus des moines orthodoxes, Dikr des soufis musulmans, Aum des hindous. Pour les non chrétiens, non enracinés dans l'incarnation, il s'agit du retour au Verbe en tant que son suprême :

 

* Pour les soufis, tous les sons supérieurs aboutissent à Hou. Ce son sacré, entendu dans le silence des méditations, est la secrète vibration de l'homme et des choses.

 

* Le sémitique Houa est à l'origine de Hava, Eve.

. Hou = Dieu non manifesté

. a = le manifesté

 

* Aum est la formule sacrée des hindous :

. A est le son clé du manifesté, le son pur avant l'articulation. "Parmi les lettres, je suis A", fait-on dire à Krishna. Il se chante sur Do.

. U ou O est l'état intermédiaire, la voie, modulé sur Mi ;

. M ferme la série des sons. Psalmodié sur Sol, Il est l'aboutissement, l'état informel.

L'accord parfait d'Aum résume la totalité des phénomènes sonores. Tous les mots qu'on peut créer y dorment.

 

* Le mot Amen a la même origine :

. A au début du mot, est le commencement,

. M au milieu est la fin,

. N est l'écho de M. En finissant naturellement dans le chant nasal du souffle, il représente la Vie.

 

07/12/2020

La musique sacrée : expression de la parole divine (5)

Dans beaucoup de religions, le Verbe est pensée, création et rythme :

* Le Verbe est d'abord pensée avant d'être parole. En lui, tout est présent avant d'être. Il est silence avant de s'exprimer. C'est pourquoi la musique religieuse authentique s'attache plus, grâce aux sons, à la découverte du silence intérieur qu'à une description sonore de la puissance divine. Avant d'être proclamée force de création, la Parole est méditée, contenue, jusqu'à ce qu'elle jaillisse en acte créateur.

* Le Verbe est création. Par le son, le Verbe extériorise les possibilités contenues en lui de toute éternité. La Voix dit, et en disant, elle crée le monde. La nature entière est faite de vibrations silencieuses que la musique fait découvrir. C'est la divine harmonie de Platon qui rejoint dans une intuition géniale les découvertes scientifiques les plus récentes sur la structure de la lumière et le jeu des atomes. La tâche du musicien consiste à recréer l'unité d'un monde qui nous parait parcellaire. Il met en harmonie les vibrations de l'être et de l'univers et re-crée ainsi le monde pour cet être.

* Le Verbe est aussi le rythme qui donne la vie. La vibration est rythme, le son est en soi rythme et les sons musicaux se combinent en rythme. Le vrai rythme régénérateur, qui dévoile le Verbe divin derrière les paroles humaines, est le fruit d'une confrontation entre notre temps intérieur et le temps musical et non une division mathématique du temps. Il conduit au retour du rythme premier, où les sons refont le geste du créateur.

 

02/12/2020

La musique sacrée : expression de la parole divine (4)

La musique sacrée est aussi et avant tout un moyen d'expression du Verbe, de la parole divine, créatrice et reconstructrice.

A l'origine : Le Verbe

Au commencement était le Verbe
Et le Verbe était avec Dieu
Et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement avec Dieu.
Tout fut par Lui,
Et sans Lui rien ne fut.

Saint Jean

 

L'idée que la création a pour origine la Parole, c'est à dire l'association du son et du mot matérialisant la pensée, n'est pas propre à la tradition chrétienne :

 

Au commencement était le créateur (Pradjapati))
Avec lui était le Verbe (Vak)
Et le Verbe était réellement le suprême Brahman.

Rig Véda

 

Hari Om! Ho ! Le Verbe est Dieu
Du Verbe, en vérité, toute chose est issue,
Tous nés du Verbe, ils vivent par le Verbe
Pour retourner à Lui, rentrer dedans !

Têttiriya Oupanishad
(cité par Lanza del Vasto dans Vinôbâ)

 

Lorsque Dieu exhala son nom, la lumière et la vie jaillirent avec le Verbe. C'est à dire qu'auparavant aucune vie n'existait, excepté Dieu lui-même. Et la parole fut prononcée à la manière prescrite par l'ordre de Dieu, et par le fait que le nom de Dieu fut prononcé, la Lumière et le principe de Vie jaillirent, l'homme et tout être vivant jaillirent ensemble.

Le BARDDAS (1,16) Tradition celtique

 

 

28/11/2020

La musique sacrée : ouverture et harmonisation de l'être (3)

          Les voies

 Pour Graf Dürckheim, il y a quatre champs privilégiés qui ouvre au numineux :

 . La grande nature : C'est ce champ qui parle le plus naturellement à l'homme. La contemplation de la nature émerveille. Elle dilate le corps et fait taire le mental. L'univers dévoile la beauté de la création et l'amour que Dieu lui porte.

 . L’éros : L'amour physique, lorsqu'il est l'aboutissement de l'amour, cette intense harmonie qui lie deux êtres jusqu'à ce qu'ils ne fassent plus qu'un, ouvre la porte aux mystères de la vie et de la mort. C'est une descente dans l'être pur qui se donne et qui donne. C'est la rencontre en un instant d'éternité.

 . L’art : L'œuvre d'art, lorsqu'elle remplit sa fonction, saisit et émerveille. Elle dévoile la beauté céleste à travers la matière, elle aide à contempler l'invisible derrière le visible. Voie de co-naissance, elle s'adresse à la part féminine de l'être humain et complète la connaissance intellectuelle plus spécifiquement masculine. Elle fait appel à l'intuition, elle englobe plutôt qu'elle ne dissèque, elle harmonise et permet de comprendre de l'intérieur.

 . La liturgie : Même pour le non croyant, la liturgie évoque l'invisible derrière le visible. Elle invite à s'agenouiller, à abandonner tout ce qui est moi et tout ce qui est savoir pour découvrir notre ultime réalité, celle où Dieu se dévoile dans notre nudité et nous comble de sa présence. Un des aspects de la liturgie est bien de pénétrer dans le mystère pour permettre à la Parole de Dieu de nous atteindre. Une liturgie qui n'inclut pas cette fonction ne permet pas de faire l'expérience intuitive du divin.

  

En conclusion     L’expérience personnelle du numineux, inconsciente, puis, recherchée consciemment, conduit à la véritable conversion, au retournement (convertere) de l'être. C'est une expérience plus large que l'adhésion à une foi, à une église. Elle emplit l'être tout entier et le projette face à l'absolu.

          La musique sacrée, dans son acceptation la plus large, favorise cette prise de conscience. Elle englobe la musique religieuse, propre à une confession et à une culture, mais inclut aussi d'autres genres de musique, toutes celles qui dépassent la recherche du plaisir ou de l'esthétisme.

          Ces musiques ne se contentent pas d'exprimer l'homme, elles constituent le langage que l'Esprit infini parle aux esprits finis. Elles ne mettent pas le son en valeur, elles le mettent au service de l'infini et du silence de l'âme. La musique remplit alors son rôle sacré, elle glorifie le divin et non l'homme.

24/11/2020

La musique sacrée: expérience du lumineux

Le terme mystique, qui se rapproche en français du terme musique, est devenu un terme galvaudé et péjoratif. Pour l'esprit scientifique moderne, le mystique est un doux rêveur dont les fantasmes religieux lui permettent d'éviter les souffrances du monde. Pourtant depuis des milliers d'années, des hommes de toutes races, de toutes religions, ont consacré leur vie à ce désir impérieux qui les poussait vers Dieu.

           Ne pouvant exprimer cette expérience, ils l'ont transmise par d'autres moyens : symboles, rites, liturgie, musique spécifique.

           Mais d'abord, quelle est cette expérience ? Comment l'éprouve-t-on ?

           

          L'au‑delà du voile

            Tout homme un jour ou l'autre, sans en avoir une conscience bien nette, a fait l'expérience de la caresse de Dieu qui fait tomber les écailles des yeux, qui débouche les oreilles et dévoile l'empreinte de son amour sur le monde et les êtres:

C'était un matin d'hiver quand le givre envahit la campagne...
C'était un soir d'été lorsque le soleil cesse sa course à l'horizon et suspend le temps...
C'était un jour un regard qui bouleverse par sa transparence et sa profondeur...
C'était le chant des moines au cours d'un office, lors de la visite d'une abbaye...
Instant d'émerveillement, de pureté et d'éternité.
Le monde se dévoile alors dans sa beauté intime comme la jeune mariée se dénude devant celui qu'elle aime.   

          L'expérience de cet au‑delà du voile peut se manifester très différemment, bien que ce soit une seule et même expérience :

. tremblement et crainte : le tout autre nous fait prendre conscience de notre petitesse ;

. intuition du mystère : comme un mot que l'on cherche dans sa mémoire et que l'on ne peut trouver ;

. dévotion et respect : l'être est pénétré d’admiration ;

. joie et allégresse : elle s'exprime par les cris, le rire et la danse, mais aussi par l'oubli des soucis du monde ;

. amour et communion : c'est la découverte de l'agapè, amour pour tous les êtres, toute la création, que chante si bien le cantique des trois enfants dans le livre de Daniel.

 

         La quête du numineux

           Alors commence la quête. Alors l'âme, comme la bien-aimée du Cantique des cantiques, ne cesse de chercher le bien-aimé qui l'attire dans une distance toujours renouvelée.

  

                           L'épouse parle : "J'ai cherché dans la nuit à savoir quelle est son essence... Mais je n'ai pu trouver. Je l'ai appelé d'autant de noms qu'on en peut nommer, mais aucun nom n'a eu la force de l'atteindre. Comment en effet pourrait-on atteindre par un nom celui qui est au-delà de tout nom".

Grégoire de Nysse

 

Cours aux sources, aspire aux fontaines,
En Dieu jaillit la source de la vie,
Une source qui ne peut tarir.
Dans sa lumière se trouve une lumière
Que rien ne pourra obscurcir.
Que ton désir aille à cette lumière
Que tes yeux ne connaissent pas.
L'œil intérieur se prépare à voir la lumière.
(L'ouïe intérieure fait silence face au logos)
A la source, la soif intérieure brûle de s'abreuver.
Augustin d'Hippone

 

 

          Cette recherche est la recherche propre du mystique, au‑delà des doctrines religieuses. Elle s'exprime différemment selon les lieux, mais elle est même.

 

          Notre culture chrétienne l'évoque à travers des termes que nous avons peu à peu déchargés de leur contenu mystique. L'église catholique propose les termes de naturel et de surnaturel au risque de dénaturer la puissance évocatrice du second et son étroite communion avec l'autre. En effet :

 Le surnaturel est une adoption, une assimilation, une incorporation, une transformation qui assure à la fois l'union et la distinction de deux incommensurables par le lien de la charité... Il est fait pour être en nous, sans être jamais pour cela issu de nous, venu de nous.

Maurice Blondel

           Puisant ses sources dans les écrits des Pères de l’Église, l'orthodoxie parle d'invisible dans le monde visible, ou d'immatériel ou encore d'inconnaissance.                                                 

     La manière de connaître Dieu qui est la plus digne de Lui, c'est de le connaître par mode d'inconnaissance, dans une union qui dépasse toute intelligence.

­Denys l'aéropagite

          Cependant, on note chez un théologien orthodoxe contemporain, Paul Evdokimov, la recherche d'un mot qui pourrait lui permettre d'exprimer justement ce que la notion de surnaturel recouvre :

      Avant tout, le sacré s'oppose aux éléments de ce monde et présente l'irruption de ce que R. Otto appelle "l'absolument autre", différente de ce monde... L'acte qui rend sacré retire une chose ou un être de ces conditions empiriques et le met en communion avec le numineux, ce qui change leur nature et fait immédiatement ressentir à l'entourage le mysterium tremendus, le tremblement sacré devant la présence du numineux. Ce n'est point la peur de l'inconnu, mais un effroi mystique très caractéristique qui accompagne toute manifestation du transcendant, son rayonnement énergétique à travers les réalités de ce monde.

Paul Evdokimov

  

Le terme numineux est de R. Otto :

"Si lumen a pu servir à former lumineux, de numen (divinité, puissance divine), on peut former numineux." (Le sacré, Paris 1929, p.22)

 

22/11/2020

La musique sacrée : ouverture et harmonisation de l'être (1)

Jamais la musique, telle qu'on l'entend actuellement, n'a été aussi présente dans le monde : chacun a la possibilité, sans avoir à jouer d'un instrument, d'en écouter quand il le veut grâce à la radio, au magnétophone, au disque, ou même de la subir (sonorisation des espaces commerciaux, etc.). La musique nous enchante, nous envoûte, nous sature. Elle est utilisée non plus pour elle-même, mais pour les effets psychologiques qu'elle produit en nous : refrains publicitaires, musiques de film, rock...

           La musique est partout présente et pourtant jamais l'homme n'a eu autant besoin de musique. On peut même dire que le bruit de fond musical dont beaucoup s'entourent est inconsciemment un appel à une autre forme de musique; celle qui va nous faire prendre conscience de notre véritable être, qui va l'harmoniser avec ce qui nous entoure, qui va nous aider à combler le vide de la vie et approfondir l'intuition d'un au‑delà du monde.     

     Ce constat fait ressortir les différents aspects recherchés dans la musique :

 Le plaisir et le divertissement : la musique me distrait et crée une ambiance favorable à la vie en société.

 L'oubli et le fantasme : la musique permet de s'évader du quotidien, d'oublier ses pensées et fait naître en nous des images et des rêves éveillés.

. L'ordre et la rationalité : la musique est un art très organisé. Platon voyait dans la théorie musicale une des clés de la connaissance du monde. Elle constitue un savoir à acquérir et une recherche à développer. Elle devient de plus en plus un domaine de spécialistes.

. L'évocation de l'invisible et l'éveil au spirituel : la musique est une porte qui permet d'accéder au voile du Temple et d'en soulever un pli. Elle transcende l'être et l'harmonise avec l'univers. Elle fait vibrer l'esprit de l'homme et le met en contact avec l'Esprit divin. 

           Ce dernier aspect de la musique est peu connu. C'est le jardin secret des hommes pour qui la vie est une montée vers la lumière à travers la transformation de l'ego. Il inclut les autres aspects, mais les purifie et les transcende. Cette forme de musique peut être appelée musique sacrée, terme préférable à celui de musique religieuse, trop restrictif, ou de musique spirituelle, trop manichéen.

            La musique sacrée englobe l'aspect le plus profond de la connaissance au-delà de l'aspect intellectuel, intégrant l'être avec l'objet de sa recherche : la co-naissance (naître avec...). Elle a pour finalité de faire renaître, et on peut dire que, comme la conversion, elle englobe plusieurs niveaux de co-naissance :

. Elle est d'abord moyen d'éveil à l'invisible à travers le visible, à l'inaudible à travers les sons. C'est la découverte du numineux.

. Elle est aussi expression de la Parole de Dieu, lieu où le mot et le son s'unifient et touche la profondeur de l’être ;

. Elle est enfin pour celui qui a expérimenté ces deux premières étapes, un chemin de purification et d'ascèse. Dans le chant sacré, l'être oublie le moi, s'unifie à l'Esprit et jubile de joie.

31/01/2020

Maxime

 

"Aux innocents les mains pleines."

Largue le poids de ta connaissance,

l'innocence est le seul vrai outil du chercheur.

 

26/11/2017

L'invisible

 La matière, rationnelle, organisée, connaissable
Satisfaisante pour l’esprit curieux et logique…
Elle est là, fidèle, présente, toujours au même endroit
Elle barre la route aux démons de l’imagination
Elle s’oppose aux tourbillons de la pensée
A l’illusion d’une échappatoire impalpable
Aux vertiges d’une création personnelle

Refus de la lessiveuse tournoyante
Au profit de la solidité définitive !

17-11-24 L'invisible derrière le visible +LF.JPG

Mais derrière ce monde visible
Derrière cette évidence maquillée
Quelle certitude sans fondement
Et pourtant si forte et prenante
S’empare de votre être et lui donne
L’énergie, l’espoir et la joie
Ce vide au creux de l’aine
Qui pèse plus lourd que la poussière
Et conduit vers une autre totalité

Elle vous accompagne vers la lumière
Entraperçue derrière le visible
Suggérée par le tremblement
De l’être vidé de lui-même
Nu devant la grandeur ineffable
De ce rien qui devient tout
Derrière l’infini de l’univers
Qui emplit le visible
Sans satisfaire l’esprit

 ©  Loup Francart

 

Acrylique sur bois, avec kapla ; 70x70 cm; novembre 2017

03/07/2015

Le mythe de la caverne

« Figure-toi, des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. » (Platon, La République, livre VII)

Cette caverne est une épreuve. Mais elle mène à la vérité que l’on ne trouve que par soi-même en apprenant à répondre aux questions qui se posent à travers son existence.

Cette photo a été prise un après-midi où le soleil inscrivait en ombre chinoise sur une porte les objets posés sur un muret. Elle illustre bien ce mythe ou cette allégorie. Elle symbolise le passage du visible à l’invisible. A chacun de nous de trouver la porte ouvrant sur le réel inconnu des hommes. Qui est le plus réel : les objets, leur ombre, la porte (un mur) ou la serrure qui ouvre sur un autre monde, ou encore cet autre monde lui-même ?

26/02/2015

L’appel du grand large

Ce matin, après avoir fait quelques corrections sur un livre en préparation, j’ai tout d’un coup senti cet appel, celui du grand large. Non pas celui d’une mer ou d’un océan réel, mouillé et brouillardeux. Mais celui, plus subtil, de ce monde invisible qui hante les nuits et les rende douces de mystère inattendus.

Vous êtes dans vos pensées et… le vide. Ce n’est pas un vide comme les autres, plutôt une éclaircie qui efface tout le reste : le physique, le psychologique, le rationnel et même l’irrationnel. Une page blanche, lumineuse et numineuse[1]. C’est un choc ! Quel don du ciel. Plus un regret, plus un souci, plus même une pensée plaisante. Il n’y a plus de pensée, que ce vide ouvert devant vos yeux, que vous contemplez comme le Graal.  Vous n’êtes plus votre corps. Il a pris les dimensions d’un monde nouveau, élargi, vous donnant l’impression d’un doux tremblement qui, par ses vibrations, étend votre perception jusqu’à l’infini sans rencontrer une seule résistance. Pas un grain de poussière. L’azur plein les yeux, les yeux pleins de larmes de remerciement pour cet instant de grâce. Plus rien ne vous retient dans ces circonstances puisque tout a disparu. Vous baignez dans votre propre félicité acquise vous ne savez comment. Vous y êtes bien. Vous ne cherchez pas à vous y accrocher. Elle est là, elle vous entoure, elle vous caresse, mais elle n’est rien. Vous vous êtes évadé et vous ne le savez pas. Vous errez entre les étoiles, regardant un astre, vous réchauffant à un soleil, poussant toujours plus l’exploration de cette terre nouvelle, jusqu’aux confins du visible. Vous vous dilatez dans cette immensité jusqu’à revêtir son vêtement d’invisibilité. Votre peau n’est plus qu’une enveloppe transparente qui laisse passer toutes les ondes minuscules qui vous font percevoir la réalité impalpable de cet au-dehors qui est aussi un au-dedans et un au-delà.

Peu à peu, le monde revient à vous. Vous vous grattez la tête, vous changez de position, une sensation efface cette absence, une émotion la remplace, un sentiment vous prend votre liberté infinie acquise vous ne savez comment. « Retour sur terre », vous annonce d’une voix d’hôtesse, votre horloge intérieure. La vie se remet en route, par les petits bruits du quotidien, par quelques indications des sens. Vous émergez comme au sortir d’une plongée, mais pas brusquement, avec progressivité, comme si vous regrettiez de vous séparer de ce monde insaisissable.  C’est fini. Vous vous étirez, vous retrouvez votre pesanteur. Oui, c’est sans doute la première perception que vous ressentez : la pesanteur. Elle vous assène son poing féroce que vous prenez dans l’estomac et qui vous recale dans la réalité. Le rêve est passé.



[1] Pour Rudolf Otto, le numineux regarde toute expérience non-rationnelle du mystère, se passant des sens ou des sentiments, et dont l'objet premier et immédiat se trouve en dehors du soi. Le numineux est aussi, selon Carl Gustav Jung: "ce qui saisit l'individu, ce qui, venant d'ailleurs, lui donne le sentiment d'être".

13/03/2011

Le mystère de la mort

 

La mort est un mystère, mystère qui effraie et qui attire. Elle nous pose la question de notre propre mort et par là même de notre propre vie. A l’abri de nos certitudes et des barrières que nous élevons, nous refusons souvent de constater que, nous aussi, nous pouvons mourir demain. Constat d’adulte que nous ne sommes pas prêts à faire, car il implique le regard sur la vie, sur ma vie. Suis-je prêt à mourir ?

Chacun de nous est à chaque instant confronté à deux tendances profondes qui influencent inconsciemment ses actes :

        D’une part, la pesanteur de notre condition humaine, biologique, pourrait-on dire. Elle nous incite à vivre sur l’acquis, l’avoir, à rechercher sans cesse une stabilité matérielle qui, nous le pensons, nous permet d’échapper au temps et au changement.

        D’autre part, la réalisation de notre vocation humaine, c’est-à-dire ce qui, en nous, nous pousse sans cesse à nous dépasser, à lutter contre la pesanteur. Chacun de nous ressent en lui, plus ou moins consciemment, ce besoin qui fait la grandeur de l’homme. Il est enfoui au plus profond de nous-mêmes, souvent caché, ignoré ; mais a été à un moment ou à un autre, ressenti. C’est l’appel de notre jeunesse à nous dépasser, à créer en nous et autour de nous un monde nouveau, à renouveler la vie en nous et autour de nous. C’est en cela que la vie devient plus forte que la mort, c’est en cela que l’être, en nous, se réalise.

Nous n’avons pas souvent conscience de cette lutte intérieure. Nous sommes entraînés par le mouvement du monde qui nous anesthésie. La mort d’un proche nous réveille et nous pose la grande question, celle de la mort, et, en corollaire, celle de la vie.

Je crois que la seule attitude possible est celle de l’acceptation : acceptation de notre condition humaine (nous sommes mortels à tout moment), mais dans le même temps, acceptation active de notre vocation humaine : faire fructifier la petite flamme qui, en nous, nous pousse, presque malgré nous, à nous dépasser. L’une ne va pas sans l’autre : comment accepter notre condition humaine sans savoir qu’on pourra s’y réaliser, comment réaliser notre vocation humaine sans accepter notre condition humaine.

Alors, quelle est cette vocation ?

Elle est dans sa propre réalisation, différente pour chacun, puisque chaque être est unique. Mais elle procède du même esprit pour tous.

En effet, l’existence se vit sous deux aspects :

        Un aspect extérieur : notre vie visible par les autres, qui s'étend à notre activité professionnelle, notre vie familiale, nos responsabilités sociales. Lorsqu’on est jeune, c’est cet aspect qui nous semble le plus important. A travers lui, on cherche à changer le monde. Il est source de satisfaction, de joie, d’instants de bonheur même, mais on y trouve également difficultés, soucis, peines.

        Un aspect intérieur : le jour où l’on comprend que réaliser sa vocation d’homme est infiniment plus subtil, que cela dépend moins de ce qui nous arrive que de la manière dont on l’appréhende et dont on le vit. Alors, on accepte le monde tel qu'il est et non tel que nous le voulons. On accepte notre condition d’homme et on commence à s’y réaliser. On ne voit pas seulement le combat que l'on mène par rapport à lui, mais aussi sa beauté. On entre en harmonie avec lui.

Réaliser sa vocation humaine, c’est entrer en harmonie avec les autres, tous les autres et non seulement ceux pour lesquels nous avons de la sympathie ; c’est également entrer en harmonie avec soi-même. Alors se révèle sa propre réalisation : l’homme fait l’expérience de l’invisible derrière le visible. Il découvre que l’au-delà et l’ici et maintenant sont une seule et même chose, que l’extérieur et l’intérieur sont un. Une joie profonde l’envahit.

C’est donc le sens que l’on donne à sa vie qui permet d’accepter la mort au moment où elle vient.

mort, vie, réalisation de de soi, harmonie, invisible

20/12/2010

Porte sur l'invisible

Et si ces parallèles permettait d'entrer dans le monde invisible à l'endroit où noir et blanc se joignent ? 

Alors un monde nouveau s'ouvre à l'inconnu.

Le temps  ne se conçoit plus en heures, mais en espace décalé, trou noir dans la matière vierge.

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