10/09/2014
Ankunft bei den schwarzen Schwänen, WWV 95 (1861), de Richard Wagner, interprété par Alexander Lonquich
https://www.youtube.com/watch?v=83pIdDPBQg4
Une belle pièce romantique si différente des opéras de Wagner que l’on se demande s’il s’agit bien du même compositeur.
Une introduction frappée d’accords qui deviennent progressivement des échos, comme des réminiscences qui montent progressivement à la mémoire. On part dans une rêverie calme, sereine et enrichissante qui va d’une descente dans les souvenirs à une montée vers l’absence, le tout entouré de bulles de champagne qui s’égrainent en notes légères.
Oui, c’est une belle composition et sa lente glissade vers le silence vous incite à la réécouter sans cesse et sans lassitude.
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09/09/2014
Au fil des heures
Au fil des heures, au fil des jours
Dans la pâleur de ma solitude
Je retrouve l’ignorance et l’absence
Je perds mon manteau de lumière
Le monde s’endort et pèse
La pesanteur reprend ses droits
J’en ressens le poids intense
Et le pouvoir de son enracinement
Pourtant, je le sais, présente,
Elle est encore au rivage
Le corps tendu vers l’amour
Le cœur noyé de bonheur
Les heures et les jours passent
Le ciel descend sur son image
Ensevelie de sa certitude
Elle s’épanouit en moi.
© Loup Francart
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08/09/2014
Soyez naturels
On entend souvent cette expression : « Soyez naturel ! » Quoi de plus naturel que de l’entendre dans la bouche d’un photographe, d’un professeur, d’un éditeur, d’un metteur en scène et de bien d’autres encore. L’entendant l’autre jour à propos de recommandations faites à des jeunes mariés, je me suis demandé ce qu’elle signifiait. Qu’est-ce qu’être naturel ?
Le vieux geste des français, dit cartésiens alors qu’ils sont généralement le contraire, est d’ouvrir le dictionnaire au mot naturel. « Qui appartient à la nature ; qui en est le fait, qui est le propre du monde physique par opposition à surnaturel » (Larousse). Là il me semble que nous sommes tous naturels, ou tout au moins la très grande majorité des gens. Seuls quelques mystiques baignent naturellement dans le surnaturel. Alors quelle idée de nous demander d’être naturel. Nous le sommes tous.
Poussons donc nos investigations un peu plus loin. « En grammaire, le genre naturel désigne l’opposition de sexe mâle-femelle » (CNRTL). Tiens, quel étonnement ! La théorie du genre s’oppose à cette opposition naturelle. Elle prétend justement qu’elle n’est pas naturelle : nous sommes tous du même sexe à la naissance. Mais on nous dit dans le même temps que « le naturel n’est pas le produit d’une pratique humaine » et que ce produit « n’a pas été acquis ou modifié ». Avouons qu’il est difficile de s’y retrouver.
Trêve de plaisanterie : le naturel est ce « qui est conforme à l’ordre normal des choses, au bon sens, à la raison, à la logique » (Larousse). Là, il est vrai, il devient difficile d’être naturel. D’abord, tout le monde n’a pas forcément du bon sens et encore moins de raison et de logique. Et puis la notion de bon sens n’est pas la même pour tous. Le bon sens d’un chinois n’est pas le bon sens d’un africain. Et même s’il s’agit d’un « Ensemble des manières habituelles de sentir et de réagir » comme le prétend l’Office québécois de la langue française. On constate bien que cet ensemble est assez varié sur terre. Le bon sens et la raison ne sont que très rarement naturels, de même que la manière habituelle de sentir et encore plus de réagir.
Qu’en conclure ? Qu’il n’est justement pas naturel d’être naturel. Etre naturel est plus qu’un apprentissage, c’est le résultat de toute une vie. Je me débarrasse de mon manque de naturel parce que je me suis débarrassé de moi-même. Je suis naturel parce que j’ai laissé mon personnage à la porte de ma vie et que je m’éloigne seul sans mon ombre à mes côtés. Quel soulagement. Je peux courir sans fatigue, je peux penser sans béquille, je peux vivre sans mémoire et m’envoler vers l’avenir ou le tout ou le rien sans regret du passé. Mais est-ce si naturel que cela ? Non. S’il m’arrive parfois de faire abstraction de moi-même pendant quelques instants, la plupart du temps, mon premier réflexe est bien de tout ramener à moi-même pour prendre position dans le monde et m’y maintenir. D’ailleurs, admirons tous les portraits de peinture jusqu’à l’apparition de l’abstrait, mouvement né lui-même de l’apparition de la photographie. Sont-ils naturels ? Ils s’efforcent d’en avoir l’air et pas le fait même ils manquent de naturel. Les premières photographies également. Elles sont figées dans un immobilisme de bon aloi, contraire totalement au naturel. Il y manque le mouvement, il y manque la vie.
Ah ! Là nous avons abordé un point important. Le naturel est dans le mouvement. Etre naturel, c’est ne pas arrêter de faire, mieux : d’être. L’homme, naturellement, cherche la plupart du temps à s’arrêter. Il a besoin de se contempler lui-même pour exister. Il doit se voir dans le monde et prendre sa distance pour se savoir vivant. L’animal est naturellement naturel. Il mange, dort, défèque avec naturel. Il ne cherche pas à se situer dans la nature. Il y est et cela lui suffit. L’homme procède inversement. Son naturel est un apprentissage de vie et le résultat de l’atteinte d’un état quasi mystique. Être naturel suppose que l’on soit bien avec soi-même, avec les autres et avec notre environnement, c’est-à-dire avec la nature. Or ce qui empêche cet état, c’est moi. C’est mon moi qui me fait me contempler sans cesse, me situer parmi les autres, chercher ma place dans un monde où tous cherche une place et veut très souvent la place du voisin. Et cela est vrai dès la naissance. Le jeune enfant ne voit que lui, ne connaît que lui et cela lui demande de nombreuses larmes avant de comprendre qu’il n’est pas seul au monde et qu’il doit faire de la place aux autres, voir leur céder la place.
Être naturel suppose l’oubli de soi. Être naturel consiste à se débarrasser de tout ce qui nous empêche d’être naturel. C’est le contraire du naturel animal, c’est une perfection difficile à acquérir. Les jeunes mariés ont encore beaucoup à faire pour devenir naturels et les mariés et les plus âgés ont trop souvent encore plus à faire pour atteindre cet état idéal qui n’a rien à voir avec le naturel de la nature.
07:42 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nature, naturel, société, homme, moi | Imprimer
07/09/2014
Sculptures de Ron Mueck
Drôle de sculptures! Des hommes et des femmes aussi vrais que nature, mais multipliés par deux, trois et même plus. Le sculpteur au travail.
Mais où va-t-il chercher ces idées ?
07:05 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sculpture, humain, exposition | Imprimer
06/09/2014
Pétronille, roman d’Amélie Nothomb
Ce roman débute de manière majestueuse et finit assez lamentablement. Il est vrai que tenir le lecteur en haleine pendant 169 pages sur la manière de prendre une cuite est déjà un exploit. Mais faire tant d’effort pour rendre parfaitement réaliste les rencontres entre l’auteur et Pétronille et terminer par une pirouette si bizarre qu’elle peut sembler drôle, fait du roman un chaud-froid difficile à digérer.
« Pétronille, c’est mon roman exotique ». Elle s’explique : « le grand thème de Pétronille c'est la France (...), qui est l'exotisme absolu. Pour découvrir un pays, il faut aller à la rencontre de l'indigène et Pétronille joue le rôle de l'indigène. Cette "quête picaresque" est celle de la rencontre entre une amoureuse du champagne -qui refuse de le boire seule- et sa compagne de beuverie. »
Chaque chapitre est une aventure de beuverie, une découverte de la France profonde, non pas des campagnes, mais des banlieues. Pétronille se révèle fantasque, intelligente (elle écrit des romans, elle aussi, et ils sont acceptables et acceptées), égoïste et imprévisible, à l’égal de la population française. Amélie, belge, peine à la suivre dans ses élucubrations. Mais le couple fait une bonne paire de beuverie, pleine de bulles de champagne, car on ne boit que du champagne millésimé. Il erre d’une librairie, pour le premier roman de Pétronille, aux rues de Soho à Londres, en passant par les sports d’hiver. Amélie tente de se consoler du départ de Pétronille pour le Sahara en trouvant une autre buveuse, mais cela ne passe pas. Elle retrouve Pétronille à l’hôpital Cochin, l’héberge, ne la supporte plus. Nouvelle rencontre quelques années plus tard. Pétronille joue à la roulette russe. Elle finit par tuer Amélie, propose le manuscrit d’Amélie à un éditeur et le livre finit sur une conclusion à la manière de La Fontaine : Quand à moi, en bon macchabée, je médite et tire de cette affaire des leçons qui ne me serviront pas. J’ai beau savoir qu’écrire est dangereux et qu’on y risque sa vie, je m’y laisse toujours prendre.
Les trois premiers chapitres sont un régal littéraire. Il faut les lire plusieurs fois, en goûter chaque page comme on lèche une glace devant la devanture d’un magasin aux mannequins nus :
« Pourquoi du champagne ? Parce que son ivresse ne ressemble à nulle autre. Chaque alcool possède une force de frappe particulière ; le champagne et l’un des seuls à ne pas susciter de métaphore grossière. Il élève l’âme cers de que dut être la condition de gentilhomme à l’époque où ce bon mot avait du sens. Il rend gracieux, à la fois léger et profond, désintéressé, il exalte l’amour et confère de l’élégance à la perte de celui-ci. (…) J’ai continué courageusement à boire et, à mesure que je vidais la bouteille, j’ai senti que l’expérience changeait de nature : ce que j’atteignais méritait moins le nom d’ivresse que ce que l’on appelle, dans la pompe scientifique d’aujourd’hui, un état augmenté de conscience. Un chaman aurait qualifié cela de transe, un toxicomane aurait parlé de trip. (…) J’ai titubé jusqu’au lit et je m’y suis effondré.
Cette dépossession était un délice. J'ai compris que l’esprit du champagne approuvait ma conduite : je l’avais accueilli en moi comme un hôte de marque, je l’avais reçu avec une déférence extrême, en échange de quoi il me prodiguait des bienfaits à foison ; il n’était pas jusqu’à ce naufrage final qui ne soit une grâce.
07:30 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, littérature, ivresse, société, écrivain | Imprimer
05/09/2014
L’assassin des idées nouvelles
Qui es-tu, toi l’assassin des belles idées ?
Et nous sommes tous des assassins !
Qui d’entre nous n’a pas médit
A l’annonce d’une idée nouvelle ?
La France n’a pas de pétrole,
Elle a des idées. Oui, certes,
Mais personne n’en veut de ces idées.
Le Français est un homme ou une femme
Qui vit sur un lit d’idées toutes faites
Il se bauge dans sa vision du monde
Sans tenter même d’y trouver satisfaction
Car, de plus, il vitupère sur celle-ci…
Mais en changer, jamais !
Cependant il a l’avantage inusité
De répondre toujours présent
Aux sollicitations de la mode
A condition qu’elle ait déjà été expérimentée
Et de préférence aux Etats-Unis
Ainsi un bon quart des Français marche
Le derrière à l’air, comme un prisonnier
De cette mode idiote apportée des Amériques
Plus je montre mon slip
Plus je suis décontracté…
Curieux non ? Heureusement
Les femmes ne s’y sont pas encore mises.
Il est vrai que libres du haut comme du bas
Elles pourraient très vite abandonner
Toute idée de s’habiller…
Oui, le Français est un être plein de contradiction
Pour le prestige et non pour le plaisir
Il construit une ligne à grande vitesse
Et il sait qu’elle ne sera pas rentable
Peu importe, le décideur aura laissé sa marque
L’empreinte de son pouvoir sur le sol
Cela se passe à tous les niveaux
Le président du Conseil général
Veut son musée dans le désert
Le maire veut sa piscine chauffante
Un gouffre à faire monter les impôts…
Mais ceci fait-il avancer les idées nouvelles ?
Non, une idée nouvelle assaille le cerveau
Et est rejetée derrière la haie, vulgairement
Elle enhardit la critique…
Alors lorsqu’une idée nouvelle
Germe dans la tête d’un Français
Il la garde bien au chaud et attend
Un moment favorable pour qu’elle fasse mode…
En faisant un tour au dépôt des idées nouvelles
J’ai rencontré des auteurs et des inventeurs
J’ai vu des femmes merveilleuses
J’ai vu des hommes entreprenants
Tous venaient déposer leur enfant
Sur l’hôtel de la déficience…
Oui, le Français et un assassin
De la France inventive et généreuse
Au nom de l’égalité et de la fraternité
Où se trouve la liberté ?
Que produire dans un pays
Où tous veulent être l’égal de tous ?
© Loup Francart
07:33 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
04/09/2014
L'art contemporain : se faire remarquer n’est pas être remarquable
"L’essentiel, dans ce déluge d’imprimés, est de réussir à se faire remarquer. De tout temps difficile, la tâche devient impossible. Le jeune auteur n’a guère d’autre choix que d’écrire à tout prix de l’explosif et de l’original. Si c’est pour imiter en moins bien ceux d’avant, le jeu n’en vaut pas la peine. (…) Que faire ? Autre chose. Mais quoi ? Tout le monde aujourd’hui est original, explosif et nouveau. Et rien n’épate plus personne. Imiter est inutile, innover est illusoire. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est quelque chose d’assez hardi pour ouvrir des voies qui n’aient pas été empruntées, s’il en subsiste encore, et quelque chose de capable en même temps d’attirer le grand nombre qui répugne à ce qu’il ne connaît pas."
Jean d’Ormesson, C’était bien, Gallimard, 2003, p.110
Telle est la situation de l’écrivain.
En fait, Jean d’Ormesson ne décrit pas seulement le cas d’un écrivain, mais celui de la grande majorité des artistes ou de ceux qui se prétendent tels, quel que soit le domaine et le type d’expression employé. On voit des peintres qui peignent avec un parapluie, des musiciens qui mettent des pièces de monnaie sur les cordes de leur piano, des comédiens qui ne parlent pas, des danseurs qui ne bougent pas. C’est le nouveau mode : faire semblant de ne pas faire ce pourquoi on est là. Quel affairement. Cela nécessite toute une mise en scène pour montrer qu’il n’y a aucune idée préméditée. Tout doit paraître naturel. Sortons nos mouchoirs et mouchons-nous en chœur !
Au-delà de la plaisanterie, interrogeons-nous. A quoi tient cette surenchère de la médiocrité sous prétexte d’originalité ? C’est vrai, seule l’originalité permet de sortir du magma médiatique et de montrer à la face du monde entier sa brillance et sa maturité. Salvador Dali avait déjà saisi cette frénétique agitation devant des journalistes ébahis. Tout ce qui sort du déjà vu doit être montré. Mais si vous avez le malheur de peindre comme un peintre, de pratiquer la musique comme un musicien, d’écrire comme un écrivain, les médias vous dédaignent. Déjà vu, donc sans intérêt !
Premier point : les médias ne se satisfont plus des médiums connus. Seuls ceux qui utilisent un matériau inhabituel sont dans le vent. Le tableau inscrit dans une toile ne vaut que si celle-ci est déchirée, l’accordéon ne joue que s’il produit des sons inusités, etc. Donc le médium rend médiatique. Il est généralement de matière insolite : déchets, excréments, polystyrène, chutes de bois, etc. Il peut également n’être pas, c’est-à-dire briller sans support autre que les situations ou l’environnement ou un projet qui ne finit jamais. Mais la préférence actuelle va au médium virtuel : Net art, musique en réseau, web art, etc.
Deuxième point : On passe du médium à la médiation. L’art est devenu un dialogue entre l’artiste et son public. Sans médiation il n’est qu’un objet mort dont l’auteur lui-même, vivant dans son atelier, est mort. Il faut non seulement bouger, se montrer, s’exhiber, se délurer devant ses fans. Il convient également de faire participer le spectateur qui doit construire l’œuvre au travers du médium choisi. Telle est la médiation aujourd’hui.
C’est le nouveau syllogisme : Tout artiste est un homme. L’homme se caractérise par son sens artistique. Donc tout homme est artiste. Démonstration !
07:48 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art contemporain, médias, innovation, médium, médiation | Imprimer
03/09/2014
une femme... forte (2)
Dommage ! J’aimais bien ce jeune homme à la mâchoire forte. Que faire ? Je m’interroge face à cet être hybride. Vais-je tenter de nouer une conversation ? Mais, comment ? Autour de nous, personne ne semble en proie à un tel questionnement. Ma voisine regarde sa tablette magique sur laquelle elle trace des signes cabalistiques d’un air inspiré. De l’autre côté du couloir, ligne de démarcation infranchissable une fois le train partie et les places attribuées, deux hommes sont en conversation d’affaires regardant une feuille sur laquelle sont alignés des chiffres.
– Tu as oublié de prévoir la commission de la banque ?
– Quelle commission ?
– Elle prend un risque.
– Ah, lequel ?
– Le risque d’être cité si l’affaire tourne mal ou si notre associé rompt le contrat.
– Et cela mérite une commission ?
– Une banque ne travaille jamais pour rien !
Et ils poursuivaient à voix haute et intelligible pour l’ensemble de la voiture leur tripatouillage de commerçant. Une jeune fille d’environ vingt ans, qui avait l’air d’un oiseau sorti du nid, lisait un livre à la couverture colorée dont je ne pus lire le titre. Elle levait parfois les yeux d’un air excédé vers son voisin et son vis-à-vis, ce qui ne troublait nullement les deux bavards. Je n’arrive toujours pas à comprendre pour quelle raison on interdit le plus souvent l’usage du téléphone portable dans les trains, mais on ne peut rien dire contre deux bavards à la voix haute qui discutent sans aucune gêne de problème d’argent, d’amour ou de sport. Ils semblent seuls, perdus dans leur faconde, ignorant le peuple qui s’agite autour d’eux. Et si l’un de nous se décide et leur dit d’une voix doucereuse, mais poli, de parler moins fort, ils haussent le ton d’un décibel pour déclarer qu’ils ont le droit de parler comme ils l’entendent et aussi longtemps qu’ils le désirent.
Je regardai alors mon égérie. Pour la première fois, je vis l’ombre d’un sourire sur son visage glabre. Tiens, me dis-je, ce n’est pas une statue. Elle semble avoir quelque sentiment ou du moins réagir à ce qui arrive à d’autres. Je lui répondis d’un demi-sourire avec un petit hochement de tête. Elle en profita pour me glisser à mi-voix :
– Il n’y a malheureusement rien à faire !
Ce qui me surprit, ce n’est pas le contenu de ce qu’elle avait proféré, mais le timbre de sa voix. Une voix de jeune fille, nette et douce, qui contrastait singulièrement avec son apparence. Et elle agrémenta d’un sourire enjôleur, avec fossette, ses paroles. J’en restais bouche bée. Comment un corps aussi puissant et musclé, pouvait-il proférer des sons aussi purs et féminins. Je croyais avoir une voix charmante et parfois séductrice pour certains hommes, mais celle-ci surpassait mon organe de mille coudées. Elle avait le parfum d’une rose épanouie, la couleur d’un mirage en pleine désert. Elle avait déjà repris sa rêverie douloureuse et sa façon de se réinstaller dans son silence m’empêcha de poursuivre cette conversation entamée. Je replongeais dans mon ordinateur que je fis semblant de consulter avec un intérêt extrême, sans toutefois lire quoi que ce soit. L’écran a l’avantage de n’être qu’une glace face à soi-même. L’interlocuteur ou même le spectateur ne voit que la face de celui qui le regarde. Il croit deviner le contenu de l’écran, mais celui-ci peut être cependant assez différent de son impression. C’est le mystère de l’informatique. On peut jouer avec un sérieux imperturbable ou travailler en simulant de jouer. Et cela convient à tous, les réalistes comme les rêveurs.
Suite à une nouvelle montée en puissance de la conversation de nos voisins, je tentais de ralentir leurs errements verbaux :
– Pourriez-vous, s’il vous plaît, parler un peu moins fort pour que nous aussi puissions profiter de ce voyage ?
Cette remarque entraîna aussitôt la réponse cinglante d’une des deux comparses :
– mais Mademoiselle, il n’est pas interdit de parler dans un train. D’un point de vue culturel, c’est même très bon d’échanger plutôt que de se confiner dans ses pensées.
Tout cela dit à voix haute et moqueuse qui fit se retourner une partie du wagon. Les yeux s’allumèrent, les conversations devinrent encore plus intimes, voire s’arrêtèrent. Je sentais monter sur mes joues une rougeur caractéristique. Je pris le parti de regarder mon interlocuteur comme s’il n’existait pas. Mon regard le traversait et admirait l’horizon sans que rien ne l’arrêtasse. Sa réplique résonna dans le vide, sans écho et, après un instant de déception, il ouvrit son ordinateur et s’installa dans une contemplation de son écran qui sembla le captiver. Ma rougeur s’estompa, mon cœur battit moins fort. Je me demandais ce qui m’avait poussé à une telle réaction, moi qui a horreur de me donner en spectacle et d’intervenir dans des situations collectives. Une minute plus tard, je levais les yeux sur le jeune homme ou la femme forte assise en face de moi. Elle se tourna vers moi et me fit un vrai sourire, une sorte de rayon de soleil reflété sur un lac de haute montagne. Cela me fit du bien, je m’enhardis à lui rendre son sourire, sans rien dire. La connivence s’était installée entre nous, sans une parole. Le TGV commença à ralentir. On arrivait à la gare où je devais descendre. Je fermais mon ordinateur, me levais et m’aperçus que ma voisine faisant de même.
– Vous descendez-là ?
–Oui, c’est ma destination, dit-elle le plus calmement du monde. Vous aussi d’après ce que je vois. Sa voix restait délicieusement pure, une voix de soprano qui a travaillé pendant plusieurs années pour atteindre diction et timbre quasi parfaits. Serait-elle chanteuse ? Cela me parut peu vraisemblable, mais sait-on jamais.
07:36 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, homme, femme, rencontre, impressions | Imprimer
02/09/2014
Ballet
Oui, c’est bien un ballet, avec une figure particulière, un éclatement venu du fond des âges, qui surgit du cosmos et poursuit sa course échevelée dans le vide spatial. Et chacun d’entre eux est un lego qui entre dans la composition du monde, avec un pouvoir de créer par enchevêtrement. C’est ainsi que se sont constituer les étoiles, soleils et galaxies, et c’est ainsi que se constitue la noosphère. L’intelligence collective de Pierre Levy en marche vers l’avenir, jusqu’à la conquête du monde. Mais lequel ?
07:27 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, art optique, art cinétique | Imprimer
01/09/2014
Grandeur
Chacun se veut grand, mais grand de quoi ?
Les rêves ont-ils le pouvoir de faire grandir ?
La grenouille sauteuse rêve au kangourou
La puce à l’éléphant qu’elle ne peut même pas voir
Quel univers sans dimension si ce n’est celle
De l’imagination débridée, insolite et impossible
Chacun de nous se peuple d’ambitions
Est prêt à échanger sa montre
Contre un baladeur de secondes vides
Qui le fera gonfler jusqu’à l’éclatement
Suis-je plus grand que vous ?
Et je regarde ce malotru gonflable
Qui tente de jouer dans la cour des grands
Mais moi-même, je ne sais si je suis
Sur le dos d’un éléphant ou d’un poisson pilote
Ma taille importe peu au fond
Ce qui compte c’est l’univers qui nous reçoit
Si je n’en vois l’horizon et ne peux me rendre
Au-delà des collines qui barrent la visibilité
Je reste le freluquet qui achète des échasses
Qui tombe bien souvent dans la boue
Collant à ses bâtons et entravant ses pas
Mais si d’un coup d’œil j’admire
Ma grandeur dans le paysage étroit
Je m’abuse moi-même et ne peux bouger
Pour rire et m’esclaffer de cette immensité
Prisonnier de mon regard désenchanté
Je m’interpelle moi-même en un clin d’œil
Fait le tour du pâté de maison
Et me réfugie dans ma faconde vertueuse
Oui, la grandeur est le propre des petits hommes
Elle leur permet d’attendre le jour
Où rien ne sera comparable à rien
© Loup Francart
07:29 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
31/08/2014
Une femme… forte
Il entre dans la voiture avec peu de bagages : un petit sac et une sacoche pour ordinateur. Il regarde le numéro de sa place, dépose ses affaires et... se révèle être une femme. Au premier abord, j’ai cru voir un jeune homme sportif, baraqué. Elle a des bras puissants. Certes ils ne sont pas velus, mais la musculature est proéminente, sans exagération cependant. Ce n’est visible que lorsque certaine d’être à sa place (elle a vérifié sur son billet) elle retire son blouson de cuir brun qui lui moule le buste. Elle révèle un haut du corps charpenté, les épaules droites, rembourrées, pleines de muscles proéminents, bref une lutteuse. Un moment je me demande si il ou elle a des seins. Oui. Ce ne sont pas des seins féminins, montant haut et pointant en avant ; ce sont de petits bouts de sein, fluets, tendres, mais peu visibles. Des seins de fille encore pubère, plats, plaqués sur un buste de garçon. J’ai pensé à un jeune homme ayant pratiqué la musculation des pectoraux pendant plusieurs années. Elle est moulée dans un tee-shirt gris ou beige, très masculin, peu attirant, et ses bras aux biceps avantageux nous la montrent en pleine force de l’âge. Cependant aucun champ de poils, ni même quelques brides de points noirs, ne laissent entendre un rasage immodéré des avant-bras. Je n’ai pu descendre plus bas, étant assis en face d’elle. Peut-être se dévoilera-elle demain, mais je ne serai plus là.
Son visage ? Car c’est bien principalement par le visage que l’on distingue une femme d’un homme. Ben… Cette fois-ci, ce n’est pas le cas ! Un jeune homme, musclé des gencives, la mâchoire proéminente, le visage en trapèze, plus étroit en haut qu’en bas, taillé à la hache, avec au sommet du crâne une petite touffe de cheveux, coupés courts, blonds, ne dépassant pas deux ou trois centimètres de longueur. Certes, elle a bien des sortes de petites rouflaquettes qui descendent presque jusqu’aux bas des oreilles, mais combien de garçons en mal de reconnaissance et d’originalité se font une chevelure quasi féminine pour faire contraste avec leur masculinité. Le visage n’est pas fermé. Il est naturel, mais sans sourire. Comment pourrait-elle avec des lèvres fines en forme de traits fermés des deux côtés par des guillemets marqués. Le menton lui-même ne laisse aucun flou. Il est à l’image du reste, fort, comme un morceau de brique sortant du reste de la mâchoire. Entre les deux salières des clavicules, il apparaît le moteur de la volonté. Les yeux enfin, reflet de la personnalité. Petits, marrons, aux cils courts, un peu enfoncés dans leurs orbites, encore jeunes, alertes, mais finalement durs, car peu mobiles, regardant en eux-mêmes, sans compassion pour les autres, ni même intérêt.
Ah ! Elle tourne la tête vers la vitre et regarde défiler les champs dans la campagne. Quelle mâchoire, bien dessinée, bien musclée, avec une boule sous l’oreille comme si elle passait son temps à faire grincer la dentition du dessous avec celle du dessus. Vu de côté, ses yeux sont gris avec un rien de blondeur. Enfin, sans aucun doute, des gestes et de attitudes masculines, décidées, sans ambiguïté ni partage. Elle est chez elle, à cette place, sans que cela ne puisse se discuter. Elle étale sa jambe droite sur le second siège inoccupé, se laisse aller sur l’accoudoir et le protège-tête et ferme les yeux. Oui, c’est bien une femme. Elle n’a pas la noirceur des joues propre à la gente masculine, mais elle ne sourit jamais. Elle garde les lèvres serrées, minces comme deux feuilles de papier de cigarettes qui attendent qu’on les humecte pour se coller ensemble. L’oreille, celle que je vois, est ferme, grande, bien tourbillonnée. Palpite sous la peau du cou, bien planté, charnu, un mince tremblement qui fait état de sa nervosité qui n’est pas dû à mon regard inquisiteur et étonné. Non, cette femme, en apparence calme, équilibrée, cache quelques inquiétudes. Mais lesquelles ? Rien ne transparait.
Elle a cependant la beauté d’une jeunesse encore vive. Elle doit avoir environ trente-cinq ans. Elle a perdu son innocence de jeune fille, peut-être ne l’a-t-elle même jamais eu. Mais elle conserve un corps d’athlète, développé, fait pour l’affrontement. Tiens ! Je vois ses pieds. Ils sont chaussés de ballerines et ne sont pas trop grands. Serait-elle féminine non pas jusqu’au bout des doigts de pied, mais dans sa deuxième moitié, celle que je ne peux voir ?
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30/08/2014
Un très grand amour, roman de Franz-Olivier Giesbert (2)
Le livre, Un très grand amour, est plus décevant que La cuisinière d’Himmler. L’auteur se regarde parler, vivre, tout en s’apprêtant à « mourir pour de faux » en raison de son cancer qui tient beaucoup de place. Il nous raconte un de ses amours (séduction, amour, mariage, divorce). Peu importe que ce soit tiré ou non de la réalité. Il s’y livre avec faconde et même s’il nous dit que « ceci est un roman … Tous les personnages de ce livre sont purement imaginaires, sauf l’amour, le cancer et moi-même », on imagine bien la personnalité de l’auteur qui tient beaucoup de place dans ce livre, avec séduction parfois, avec dérision d’autres fois, et qui laisse deviner la multitude des personnages appelés Franz-Olivier Giesbert. Mais laissons-lui la parole : « La vérité m’oblige à dire qu’Isabella m’a redonné vie dans un premier temps. Elle m’a même rassasié de bonheur, jusqu’à ce qu’elle me tue sans préambule, un dimanche de printemps, pour ne laisser de moi que le type qui va maintenant remuer ses souvenirs devant vous avant de retourner dans son cercueil. »
L’auteur a l’art du mot juste, concis et drôle pour se définir : Certes, ma vie est un mensonge. J’allais dire une imposture, mais ce serait forcer le trait. Je suis comme tout de monde, je me laisse porter par le personnage qui, depuis longtemps, m’habite. Dessous, mieux vaut ne pas gratter. Il n’y a que de la poussière, et un peu de poudre aux yeux. Lorsqu’ils en arrivent à se séparer, il dit après s’être consolé avec deux jeunesses : « J’aime beaucoup les femmes, pourvu que ce ne soit pas toujours la même. » Mais on sent bien que ce n’est qu’une manière d’évacuer sa mélancolie.
La conclusion du livre laisse rêveur : Je viens de comprendre ce que j’étais venu faire en ce monde. Je suis un grand frisson qui va, fier et heureux d’avoir découvert l’amour vrai. Est-ce vraiment l’impression que nous a donnée le livre ?
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29/08/2014
Un très grand amour, roman de Franz-Olivier Giesbert (1)
L’auteur est un charmeur. Ce n’est pas qu’il a du charme, mais son souci de séduction en fait son principal trait de caractère. A priori, on ne l’aime pas, tout au moins les hommes. Les femmes, à l’entendre, lui tombe dans les bras chaque jour à chaque instant.
Pourquoi les hommes ne l’apprécient pas ? Il est journaliste, autrement dit raconteur d’informations sans assurance. Il interview avec rudesse et méchanceté, accompagné d’un sourire charmant, mais trop enjôleur, qui ne s’adresse pas à l’interviewé, mais aux spectateurs, en clin d’œil (Que va-t-il répondre ?). Il écrit des livres, des romans, et, il faut bien l’avouer, certains sont très bien écrits avec une intrigue bien bâtie. C’est le cas de La cuisinière d’Himmler. Dans d’autres livres, il se met en scène avec gourmandise et, sous prétexte d’humour envers lui-même, il s’envoie quelques fleurs. Il nous parle de son cancer et de ses problèmes intimes dont on se passerait bien. Enfin, son langage peut laisser à désirer.
Pourquoi les femmes devraient l’aimer ? D’abord nous ne savons pas si, réellement, elles l'aiment. C’est sa parole contre la nôtre. Mais supposons-le. Il est beau dit-on. Disons une belle gueule brutale et virile, ce qui n’est pas sans déplaire aux femmes. Il dispose d’une certaine renommée en tant que journaliste et écrivain, et la renommée est d’un attrait irrésistible pour certaines qui se voudraient égéries. Il est cultivé semble-t-il, ce qui ajoute un bon point à sa faconde. Ajoutons qu’il profère de bons mots facilement, parfois en les empruntant aux autres, mais en le disant.
J’ai longtemps pensé ainsi et ses livres ne me tentaient pas. Et puis, un jour, en mal de lecture, je suis tombé sur La cuisinière d’Himmler. Là, devant l’imagination de l'auteur et la conduite de l’intrigue, je me suis dit que j’avais affaire à un vrai écrivain,. Il sait manier la truculence et l’amour des belles choses, qu’elles soient à décrire, à goûter, à embrasser.
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28/08/2014
La vérité ?
Le soleil revient, il écarte le manteau,
Et les nuages fuient, volés au soleil par le vent.
Chacun s’affaire, avec sérénité,
Dans une maison où passe la vie.
Hier, longue discussion :
Qu’est-ce que la vérité ?
Cela me rappelle Ponce-Pilate !
Elle n’est ni blanche, ni noire, elle n’est pas grise non plus.
Elle n’a pas de couleurs, et pourtant
C’est la couleur !
Elle n’a pas de VE majuscule,
Elle ne RIt pas,
Elle TE parle, à toi seule,
Au fond de toi et tu la connaîtras,
Un jour d’abandon, une nuit d’espoir.
Alléluia !
© Loup Francart
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27/08/2014
Le charme 2
Disons tout de même que certains attraits physiques aident à donner du charme à telle ou telle personne. Rappelez-vous la voix de Delphine Seyrig dans les films d’Alain Resnais ou de Marguerite Duras. Une voix caverneuse, enrouée, presque masculine, qui fit dire à Antoine Doinel dans « Baisers volés » : « Ce n’est pas une femme, c’est une apparition ». De même les gestes élégants et les bons mots de l’acteur Sacha Guitry le font plus que charmeur lorsqu’il dit : « Il faut courtiser sa femme comme si jamais on ne l'avait eue… il faut se la prendre à soi-même. » Mais les acteurs sont-ils les seuls à avoir du charme. Certainement non ! Le charme est un plus naturel qui échoue à certains. Il ne doit pas être confondu avec la séduction qui est bien souvent le lot des artistes et plus particulièrement des acteurs. On peut même dire que le vrai charme ne se voit pas le plus souvent. C’est par un heureux hasard, une circonstance particulière que l’on remarque le charme d’untel ou d’unetelle. Il se dévoile subrepticement et vous fait l’effet d’une vaporisation de parfum qui vous rafraîchi le visage. Je connais une petite fille qui par son expression et sa manière de vous regarder, agrémentée d’une fossette qui se dévoile à ce moment-là, vous met à genoux. Ce n’est pas un charme permanent, mais lorsqu’il apparaît vous craquez. Le charme est dans la voix, nous l’avons vu, mais il peut aussi être dans l’élocution. Une voix normale charme si elle a un accent particulier (l’accent français pour les Américains, l’accent russe pour les Français, par exemple).
Plus discret encore est le charme des attitudes. Vous pouvez tomber sous le charme d’une femme parce qu’à un moment elle s’est immortalisée dans une attitude que vous ne pourrez vous empêcher de revoir sans cesse. C’est sa marque de fabrique, son logo même, et son évocation jette un voile noir sur vos souvenirs. Elle est devenue statue immobile qui vous lance des éclairs charmeurs dans le capharnaüm de votre mémoire. Il y a enfin un charme plus subtil, c’est celui de l’innocence et de la transparence. Peut-être avez-vous connu de telle créature qui n’affiche aucune prétention de paraître ou même de faire semblant d’être. Elle est, surnaturelle d’inconscience de son passé et de son présent, intemporelle d’authenticité, bouleversante de fraîcheur. C’est un papillon qui virevolte devant vous en toute simplicité, sans conscience de sa provocation. Ce charme est difficile à émettre volontairement. Il est naturel ou il n’est pas. Il est le plus souvent propre à l’enfance, mais se prolonge à l’adolescence, voire quelquefois à l’âge adulte. Mais très vite, sa prise de conscience chez celui qui l’exerce, dénature ce charme, le transforme en séduction, ce qui lui fait perdre tout ses effets.
Oui, le charme est intemporel, inconstant, inégalement partagé. C’est un don du ciel qu’il ne faut pas dévoyer. Le charme n'est cependant qu'une information et rien de plus. Ce n’est pas un complément de communication comme semble vouloir l’imposer les publicitaires, les voyeurs sur Internet ainsi que les profiteurs de toutes espèces. Le charme est un frisson tendre qui retourne celui qui en éprouve l’effet, mais il peut être une explosion de paillettes ou un voyage garanti dans la vie.
Alors le charme est-il imprévisible ? Ne peut-on, l’apprivoiser ? Le charme c’est la lumière de la grâce qui rayonne en l’être. Il peut être permanent, il peut être occasionnel. Il se révèle aux autres par un lieu du corps ou de l’esprit. Ce peut être une fossette à la joue, ce peut être un geste particulier ou quelques traits d’esprit ou encore des attentions particulières envers telle ou telle catégories de personnes. Le charme fuse alors en pression régulière ou irrégulière par ce défaut de la cuirasse et donne à l’être cette présence charmante que l’on découvre ébloui. Lui-même ne le sait pas et heureusement. Son innocence en esprit lui permet d’être égal à lui-même, en toute quiétude.
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26/08/2014
Le charme 1
Hier, suite à une réception, nous nous sommes demandés ce que signifie avoir du charme. Qu’est-ce ? Comment se manifeste-t-il ? Comment agit-il ?
Si l’on recherche dans l’histoire et la psychologie ancienne, le charme serait une puissance magique. Il hypnotise celui qui tombe sous sa puissance et le rend inapte au jugement rationnel. Les contes d’enfants parlent de charmes qui rendent incapables d’agir ceux qui le subissent. On dit, de manière plus imagée, qu’un homme est sous le charme de telle femme, alors qu’elle n’est ni belle, ni intelligente. Mais parlons-nous réellement de la même chose ? Il semble que dans les cas cités, les effets du charme soient totalement personnels, c’est-à-dire émanant d’une personne vers une autre personne et une seule dans un but déterminé : séduire, envoûter, manipuler. Dans ce cas, il s’agit d’une relation entre deux, l’exercice d’une influence de l’un vis-à-vis de l’autre.
L’on dit également qu’untel est charmeur, ce qui se traduit le plus souvent par une parole toute orientée vers la séduction ou même la suggestion. Cela se sent le plus souvent et laisse un arrière-goût d’écœurement, voire de malaise, parce que cette ruse n’a qu’un but, obtenir l’objet de son désir quel qu’il soit.
Mais si, de manière générale, l’on dit de telle personne qu’elle a du charme, il s’agit d’autre chose, quelque chose qui est reconnue par un grand nombre de personnes et qui dépasse le caractère volontaire de celui qui l’exerce. Ce n’est plus un pouvoir au but égocentrique, c’est un état de fait, conscient ou inconscient, qui fait dire à la majorité ce qu’elle ressent devant telle personne, mais aussi tel paysage ou tel objet. Le charme est alors en corrélation avec l’adjectif charmant. Cette vision du charme reste attachée à une impression romantique, un amollissement du cerveau qui fait perdre tout jugement rationnel. C’est une sorte de piège dans lequel tombe la majorité par indolence.
Cessons donc de tourner autour du pot et posons-nous personnellement la question du charme d’une personne, cas plus restreint que celui du charme en général qui peut être dévolu à un site, un château, un village, une œuvre d’art, un morceau de musique. Le charme ne peut être assimilé à la beauté. L’expression de Pierre Jean Jouve dans « La scène capitale » (Elle avait serré ses charmes dans un corset majestueux), n’est qu’un exercice de style qui n’a rien à voir avec ce que nous recherchons. Le charme est plus secret que l’attrait physique, moins voyant, moins réel également. Il ne se remarque pas de prime abord et se dévoile progressivement. Une photographie permet difficilement de reconnaître le charme d’une personne, excepté dans son attitude et c’est là un clic fortuit plutôt que provoqué, qui le permet. Les photographes professionnels prennent des centaines de portraits d’une personne pour n’en conserver que quelques-unes. Celles-ci ont saisi le charme de la personne et d’autres non. Pourquoi ?
En cherchant sur Internet ce que pensent les uns et les autres du charme, je suis tombé sur un site destiné aux échanges entre jeunes et ai trouvé un article qui m’a semblé intéressant par la concision de la définition, même si celle-ci reste la vision d’une jeunesse qui ne s’encombre ni de la manière de dire les choses, ni de la manière de les écrire :
le charme dépend d'un comportement, d'un caractere, il refléte ta personnalité!
c'est plus interieur, qu'exterieur, mais en même temps les deux ce conjuguent!
c'est une façon de dire, j'ai envie de te faire l'amour sans le dire, mais avec un regard si profond qu'on en tomberait!
c'est un regard qui te dis je t'aime, sans rien dire, et dont le corps s'exprime a lui tous seul!
c'est un regard enivrant dans lequel tu as envie de te noyer, et tu es hypnotisé par celui-ci, car il révele toute sa beauté interieur!
c'est une façon de dire non! en souriant, avec un regard en coin!
bref une personne qui a du charme, c'est un être: sensuelle, intelligent, attendrissant, doux et piquant a la fois! mi ange mi demon! avec un côté sauvage..................
avec pourquoi pas un beau petit cul en prime!
From : http://www.comlive.net/Avoir-du-charme,37664.htm (23/08/2014)
On peut ne pas être d’accord avec cette définition claironnante, mais elle révèle néanmoins de manière très juste que le charme n’est pas dans l’apparence d’une personne (sa beauté, sa volonté, son intelligence, etc.). Il est d’origine plus intérieure. Il dépasse même les impressions de prestance, d’attrait, de suavité, d’élégance, de délicatesse. Contrairement à ce que semble dire celle qui a écrit ce billet, le charme n’est pas un attribut destiné à éveiller le désir sexuel, même si ses effets conduisent souvent à des situations de cet ordre. C’est autre chose, mais quoi ?
07:13 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, amour, homme, femme, séduction | Imprimer
25/08/2014
Un été pour mémoire, de Philippe Delerme
Un livre poétique qui égraine des souvenirs d’enfance doux comme le miel au bord de la Garonne dans la chaleur des étés. Mais est-ce réellement un roman ? Non, pas d’intrigue ou presque rien, des senteurs, des images, des goûts, des conversations, des impressions et, parfois, des réflexions, d’une écriture séduisante qui envoûte l’esprit et lui donne des ailes.
Chaleur… Temps arrêté… C’est l’amertume du café sur le début de l’après-midi, le grand soleil en creux des maisons fraîches, et je revois… Les routes de l’été, si blanches de soleil. La pédale qui grince, et cette côte de Saint Paul n’en finit pas, le délicieux virage à l’ombre du bois sec, plus loin la route tremble et fond. C’est l’heure de la sieste, il fait si chaud sur les étés d’enfance à petits coups de pédale envolés vers les fontaines de Saint-Paul. Odeurs mêlées de cambouis, de goudron, rêves croisés de filles et Tour de France…
Et dans ces souvenirs, le rire léger de Marine, une petite fille d’une dizaine d’années, déjà presque adulte dans ces réflexions et simagrées. Elle l’envoûte gentiment, tantôt se poquant de lui, tantôt s’appuyant sur lui. Il fait connaissance d’un autre monde, inconnu, puis quitte tout à la fin de l’été, y compris Marine.
Ce n’est pas une histoire, ce sont des rêves d’enfance, imagés, souriant comme un voile à l’arrière-goût de bonheur, qui charment l’esprit et emprisonnent la mélancolie.
07:03 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, roman, mémoire, souvenir, impression, société | Imprimer
24/08/2014
Indolence
Il a longtemps hésité : que faire ?
Et encore, faire est un bien grand mot
Que devenir ? Trop volontaire...
Qu’être ? Quelle surenchère...
Que penser ?
Stop ! C’est fini...
Plus rien ne sera comme avant
Le chat longe la gouttière
L’écureuil valse sur la branche
Et lui que fait-il ?
Rien, tel est son charme...
Peut-être caresser l’étoffe
D’un lit défait sur la nuit
Ou la remonter sur le corps
Par crainte de l’invasion
Le jour se lève
Quel chaos ! La chambre,
Qu’est-elle ? Le refuge
De son indolence
Eperdu, il se regarde
Et ne voit rien
Qu’un trou, noir
Comme la braise éteinte
© Loup Francart
07:27 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
23/08/2014
Confusion
Il est des périodes où l’homme est tout entier tendu vers un but qui l’accapare, le guide et lui donne force. Cette tension permanente lui permet de créer, en toute liberté, et de construire du nouveau sans reproduction de l’existant. Ces périodes sont des moments de grâce sans que l’on en ait conscience, trop occupé à faire progresser vers le but l’objet de son obsession.
A quel moment commence le recul de soi ? A quel moment se réveille-t-on de cette griserie créatrice qui propulse dans un autre monde l’homme en proie à cette chaleur intense qui le brûle ? S’agit-il véritablement d’un détachement par le haut ou bien par lassitude et épuisement ? Notons que dans tous les cas, ce détachement ne se produit pas en un instant. Il est progressif, lent, insoupçonnable. Il commence par une aphasie mentale. L’intérêt est cassé, le réveil s’est arrêté, le temps ne s’écoule plus. Vous êtes sans force, sans volonté, sans objet d’attention et vous errez dans la vie comme un aveugle sans savoir ce que vous voulez faire. Vous pouvez vous forcer à continuer sur l’objet de votre tension, mais rien n’en sort de bon. Vous êtes lassé. Encore, et encore, et encore… Tout ceci se passe de manière imperceptible, le changement n’est pas encore là que déjà ses conséquences se font sentir. Mais vous n’en avez pas conscience jusqu’au moment où ce malaise s’installe plus profondément.
Trop, c’est trop ! Il faut se changer les idées, vous dites-vous. Mais les obligations sont déjà créées, et c’est vous-même qui les avez créées. Alors il faut bien poursuivre, aller au bout de ce mouvement né de vous-même, vous épuiser sur votre lancée.
Que se passe-t-il ? C’est le détachement qui arrive, qui vient vous délivrer de votre obsession, qui va vous permettre de prendre du recul et de repartir sur un autre projet tout aussi passionnant, mais différent. Mais que cette période est dure à vivre. Vous vous traînez, inconsolable de langueur, la tête vide, pleine de rien qui vous empêche de faire fonctionner la machine. Vous ne trouvez plus les liaisons entre les neurones. Votre cerveau s’est liquéfié et vous ressentez un ennui d’inaction. L’horizon est bouché, vous vous enfermez en vous-même, vous ne vous intéressez même plus aux projets déjà faits antérieurement avant que cette acédie ne vous prenne. Car c’est bien une maladie spirituelle ou au moins psychique. Mais si l’on la considère bien, elle est nécessaire. Cette rupture permet de passer à autre chose. Ce n’est pas une calamité, sauf pour ceux qui n’ont travaillé que pour montrer au monde leur produit final. Car eux, par cette langueur, ne peuvent profiter pleinement de leur succès.
Repartir, ailleurs, dans un autre environnement à trouver, dans un monde autre qui va vous ouvrir de nouveaux horizons jusqu’au moment où la machine sera lancée et commencera à produire, à construire ses idées d’abord par petits bouts, puis dans un ensemble enchanteur, toujours différent. Alors ne vous laissez pas gagner par l’aphasie, soignez là en prenant des vacances, laissez-vous retourner, sombrez quelques instants dans la folie, en le sachant. Ces moments sont aussi à vivre pleinement, même si l’on ne sait pas comment on les vit. Devenez le fou du roi, et amusez-vous !
07:27 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aphasie, acédie, découragement, psychologie, réalisation | Imprimer
22/08/2014
Dilution
Les formes et... L'espace, immense, vide, dans lequel les formes prennent leur place. Elles cherchent un moment, puis s'installent l'une à droite, en haut, l'autre à gauche et les autres ailleurs, chacune reconnaissant sa place par sa sensibilité à fleur de peau. Et le tout organisé, danse dans la tête pour chanter l'ordre des choses. Là et nulle part ailleurs !
07:31 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : forme, espace, peinture | Imprimer
21/08/2014
Constantin Brancusi ou l'amour de la forme
Brancusi est avant tout un sculpteur qui exprime l’espace et la forme. Théosophe, il s’intéresse à la pureté de la ligne. Il épure au maximum ses sculptures, jusqu’à leur donner des formes extrêmement géométriques. Mais l’on devine toujours derrière cette apparence volontairement simpliste un travail de reconstruction de la forme et de l’espace qui l’environne et lui donne corps.
Mademoiselle Pogany (1913) est une de ses plus belles sculptures, d’une pureté de lignes et de volumes incomparables. Elle rappelle l’art japonais et personnifie bien la relation du sculpteur avec la matière : perfection et mysticisme. La perfection de la forme, la mystique de la représentation. Mademoiselle Pogany est le principe même de la féminité : une main et un avant-bras soutient la tête dont les yeux sont clos. Au premier abord, elle n’a rien de féminin, mais, si l’on poursuit sa quête, cet œuf aux yeux globuleux représente l’essence de la sensibilité féminine. Le sculpteur dira à son modèle : « Il me suffit de vous regarder vivre pour m’en souvenir. Baisser vos paupières, laissez-les se reposer sur vos yeux fermés. C’est assez pour m’inspirer ».
Une deuxième sculpture retient l’attention. La Muse endormie (1910) transcende l’ovale et lui donne toute sa majesté. Un visage en naît, mais uniquement le principe même du visage et non sa représentation et cela renforce la douceur des traits. Un visage qui naît ou qui meurt, c’est beaucoup plus qu’une tête expressive de sensations et de sentiments humains. C’est la matrice de l’humain, une perle tombée du ciel.
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20/08/2014
Bague
Et cet autre univers s’offre à moi sans pudeur
Cette plaine caressante que j’approfondis
Du bout du doigt devenu élégant habilleur
D’un voile d’innocence et de beauté recueillie
Quelle autre plage serait si sûre et sensible
J’atteins le feston de l’eau vive, émerveillé
Un embrasement coloré de vie indicible
Que l’on hume le nez au vent du désir rentré
Glissement vers cette dénivelée tangible
Centre de l’amour exalté ouvert à la flamme
Qui monte et déborde tressaillant dans l’âme
Le feu me brûle dans cette possession subtile
Délicieusement je m’engloutis dans la vague…
Oui, c’est certain, cela mérite bien une bague
© Loup Francart
07:48 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
19/08/2014
Miserere Mei Deus, de Gregorio allegri (The Choir of Claire College, Cambridge)
Pas de commentaire. La beauté ne se commente pas !
https://www.youtube.com/watch?v=IA88AS6Wy_4
Pourtant, une anecdote… ce chant a capella n’était chanté que pendant les matines des mercredi et vendredi de la semaine sainte, pour le Pape et quelques privilégiés. Il n’existait qu’une partition. Mais Mozart, à quatorze ans, eut la chance de l’entendre une seule fois. Il la retranscrivit aussitôt et la partition fit le tour du monde.
07:10 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chant, musique religieuse, musique sacrée, geande bretagne | Imprimer
18/08/2014
Informatique
On aime, non pas d’amour, mais d’utilité, cet engin qui vous livre tout prêt le produit de votre pensée, résumé, mis en page, quasiment pesé et empaqueté. Quelques clics, trois ou quatre touches caressées, mise en route de l’imprimante qui doit vous sortir « La Page », belle comme une image.
Mais hier, tout est différent. Vous vous réjouissez comme à l’accoutumée. Vous rêvez déjà devant cette page emplie de signes qui disent tout de ce que vous pensez. Vous posez votre doigt sur la souris. Elle accepte cette pression douce. Mais la machine fait Couic. Vous pensez vous être trompé. Vous reprenez votre registre de contrôle, suivez la procédure tel un cosmonaute accompli, vérifier à deux fois avant d’appuyer, sûr de vous, la touche correspondante et Couic à nouveau. Que je suis maladroit ! Vous exclamez-vous. Vous reprenez la procédure, cochant d’un trait de crayon chaque étape de l’envol. Vous arrivez au bout de la check-list, fier de vous, en bon ingénieur accompli. Vous vous réjouissez doublement en fin de liste lorsque toutes les tâches ont été menées, dans un ordre parfait, respectant toutes les procédures compliquées qu’impose l’impression d’une simple feuille de papier. Coup de doigt : Couic !
Pourtant est-ce si compliqué de changer l’impression habituelle du format A4 en format DL, vous savez, ces cartons allongés sur lesquels votre esprit erre comme sur la plage, tout en longueur et, en trait fin, et suit le fil de l’horizon qui s’arrête hors de votre vue. Vous avez bien suivi les consignes : mise en page correcte, vous vérifiez la taille de la feuille, l’orientation, les marges. C’est OK. Vous cliquez sur le volet impression et vérifier les paramètres : c’est la bonne imprimante sélectionnée, impression recto, orientation, marges, format, tout est OK. Vous entrez dans les propriétés de l’imprimante : là, il faut dire que les choses se corsent. Bien sûr la notice est en anglais. Non pas la langue de Shakespeare, mais le sabir habituel des machines imaginées par un européen, conçues par un indien, fabriquées par un chinois et mis en vente par un américain qui empoche la mise. Oui, vous aviez peut-être oublié de modifier le format du papier au niveau de l’imprimante, ce qui crée des disjonctions entre l’ordinateur et la fonction impression. Alors vous recommencez pour la troisième fois le déroulement de la check-list, espérant, et ne faisant qu’espérer cette fois-ci, que cela marche. Vous appuyez d’un doigt incertain sur la touche… Couic. Rien ! Pas le moindre frémissement dans la machine. Elle est devenue un corps inanimé, misérable tas de ferraille et de beaucoup de plastique. Elle a perdu son âme à qui pourtant l’on demande peu, juste un tour dans l’essoreuse pour voir sortir à l’autre bout une feuille noircie correctement.
A ce point de votre démarche vous commencez à vous énerver. Si je ne suis pas foutu d’imprimer une simple feuille de papier, comment pourrai-je écrire un livre, vous dites-vous. Vous doutez de votre agilité d’esprit, mais comme aucune autre idée ne vous vient à l’esprit et que c’est bien la panne complète dans votre petite tête, vous appelez le spécialiste de l’informatique. Il arrive, sûr de lui. Il reprend la check-list et d’un léger sourire appuie sur la touche Impression : couic… Ah, dit-il, laissant trainer la fin du mot, la bouche légèrement entrouverte, l’air un peu dépité. Il reprend bien sûr la procédure avec plus d’attention comme vous l’avez fait vous-même quelques minutes auparavant. Appui : couic ! Il se lance alors à corps perdu dans un interrogatoire sous Google, est submergé de réponses et clique sur la première. C’est le site des fanas de l’informatique ou des paumés de l’informatisation. Les premiers répondent aux questions bêtes des seconds qui chaque jour envoient leur message de détresse à des correspondants diplômés se trouvant à l’autre bout du monde. Il faut bien sûr user du traducteur automatique pour comprendre leur langage, et encore, vous n’en comprenez que la moitié. Mais lui, l’informaticien diplômé, comprend tout, sans traducteur. Fermez votre ordinateur et relancez-le. Il n’y croit pas, mais il essaye toujours. Cette fois-ci la check-list est plus longue, cela prend bien cinq minutes avant que la machine pensante puisse dire à la machine imprimante ce qu’elle veut. Et celle-ci se met à gronder ! Elle vrombie, laisse entendre qu’elle va fonctionner, et… Elle fonctionne. Quel bonheur ! Bien sûr, vous jetez un œil sur la feuille sortie de la fente. Déception. Vous constatez que les couleurs se sont dédoublées : le bleu et le jaune n’imprime pas du vert, mais un tas informe de couleurs sales. Votre informaticien ne s’en émeut pas. Son diagnostic : décalage ! Il faut recaler. Alors il procède à une nouvelle check-list, glisse une feuille de papier blanc dans le bac, lance le monstre qui imprime une nouvelle page. Déception, les couleurs restent brouillées. Nouvelle interrogation des spécialistes sur la toile. L’une des réponses énonce : éteindre la machine et la laisser reposer une heure. Elle repartira en ordre, heureuse de vous faire plaisir. Ben voyons ! Tentons tout simplement d’arrêter les deux machines et remettons-les en route. Tout ceci est fait en moins de dix minutes. Pas couic, mais à nouveau des couleurs qui s’entrechoquent. Alors de guerre lasse et parce qu’il est tard, vous raccompagnez à la porte l'expert qui rentre chez lui dépité. Nous verrons demain…
Le lendemain, jour nouveau… L’expert arrive, recale les modèles de format, appui sur "imprimer" et… miracle… la feuille sort, impeccable de netteté et d’arrogance. Pourquoi ? Nul ne le sait hors de l’expert qui seul a dompté la machine rebelle. Il repart, monté sur des roulettes et s’évade vers l’horizon, me laissant pantois, mais heureux. Tout reprend comme à l’accoutumée.
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17/08/2014
Le mal et le bien
On oppose sans cesse le mal au bien, comme les deux extrêmes du comportement des hommes, voire de l’univers. On trouve le mal partout. Dans la nature, les cataclysmes viennent et partent sans cesse. Il y a des plantes carnivores et d’autres vénéneuses. Les animaux s’affrontent sans merci pour manger et subsister. Quant aux hommes, il n’est point nécessaire d’en parler : certains pensent qu’ils ne sont que mal et qu’aucun bien n’en sort.
Mais qui d’entre vous a vu le mal personnifié ? De toute chose l’homme attend un bien, même du mal. L’inverse n’est pas vrai. Personne n’attend du bien qu’il produise du mal. Il y a donc une différence notoire entre l’un et l’autre. Le bien supplante le mal parce que du bien comme du mal on attend un mieux, c’est-à-dire un bien supérieur. Les cataclysmes n’ont lieu que pour équilibrer les forces de la nature. Le serpent pique pour se protéger. Le loup mange l’agneau pour subsister. L’homme mauvais ne fait qu’espérer que sa méchanceté lui apporte plus de richesse, de gloire, de pouvoir ou d’autre chose qui sont censés représenter le bien pour lui. L’inverse n’existe pas ou n’est qu’un stratagème qu’utilise le mal pour atteindre un bien. Seule la pensée humaine peut imaginer que le mal personnifié existe. C’est la figure du diable. Il fait le mal pour qu’il y ait encore plus de mal. Il tisse sa pelote par le mal, pour le mal, dans le mal. Mais l’avez-vous vu ?
Le miracle de l’homme est donc cette recherche permanente d’un bien par tous les moyens. Il est attiré par le bien, même si les moyens qu’il utilise sont mauvais. Et seul l’homme est ainsi. Les autres êtres des mondes minéraux, végétaux ou animaux n’ont pas conscience du mal. Ils existent, craignent pour leur vie, cherchent à subsister parce que c’est dans leur nature, voire leur inconscient en ce qui concerne le monde animal. Les animaux ont en effet un inconscient et un conscient, certes beaucoup moins développé que l’homme, mais tout de même. Regardez un chien dormir. Il rêve comme l’homme. Cela se voit à ses gestes inconscients. Regardez tigres et panthères, ils défendront leurs petits jusqu’à la mort. Mais cela ne les empêche pas d’attaquer les petits des autres et d’user de toute sorte de ruses pour en faire leur festin.
Ce qui caractérise l’homme par rapport à l’animal est d’avoir la conscience du bien et du mal. Serait-ce l’acquis qui lui donne ce plus qui est une montagne en soi ou cette conscience est-elle innée ? Seul un regard sur l’enfant peut nous le dire. Non, ce n’est pas inné. L’enfant prend sans aucune interrogation morale ce qui ne lui appartient pas comme l’animal attaque celui qui est plus faible que lui. La notion de propriété, lié à une réminiscence de bien de la possession, est supérieure à celle de partage. Il agit comme l’animal et celui-ci, s’il s’agit de ses propres enfants, est plus évolué que l’enfant humain.
C’est donc un long apprentissage que celui de la notion de bien et de mal. Passer de la notion de bien au sens individuel qui comprend toutes choses qui comblent son receveur au risque d’entrainer des difficultés pour l’autre, à la notion de bien pour tous qui contraint beaucoup plus le receveur, est une des étapes de la vie la plus difficile à franchir.
Pourtant il existe des hommes qui agissent sans recherche de bien. Le mal pour le mal existe. La haine et l’idéologie en sont le moteur. Disons que dès l’instant où l’homme n’a plus de buts réfléchis, où l’éclaircissement de la raison fait place à l’aveuglement de la rage, le mal peut apparaître dans toute sa froideur et sa cruauté. L’homme en proie à cet aveuglement se fabrique un monde imaginaire qui conspire contre lui-même et sa représentation du monde. Il croît encore chercher le bien, mais c’est le mal qui l’emporte, hors de toute raison.
Alors méfions-nous de nos pensées toutes faites sur le monde et les hommes. Elles peuvent être dangereuses.
07:20 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philisophie, vie, morale, connaissance, éthique, raison, société | Imprimer
16/08/2014
Parenthèses
Deux petits signes comme la lune
Ou le sourire d’une femme endormie
Presque rien à dire, juste un mot
Mais ce mot explique, ravit, ensorcelle
Il ouvre l’horizon vers le large
Le vent s’engouffre dans la voile
Larguez les amarres, moussaillon !
C’est une matinée de plus à vivre
Entre parenthèses : un départ à la dérive
Spontanément, sur un coup de tête
On agite les mains, voire les bras
A la monotonie et la morosité
On sourit à l’imaginaire
Protégé par les fentes courbées
Comme dans une coque de noix
Enrobé de coton, la tête sortie…
La terre s’éloigne, devient ligne
Puis, plus rien, le vide à l’entour…
Quelle plénitude dévorante
Un plongeon dans le bouillonnement
D’une multitude de bulles odoriférantes
Le parfum de la liberté enrobé
De l’espoir de jours meilleurs
Introduire une parenthèse
C’est ouvrir la porte à un inconnu
Vous-même, ne savez pas encore
Ce que vous allez écrire dans ce trou
Mais une fois ouvert, béant
Comment le refermer si ce n’est
Le remplir d’autres matériaux
Légers de rêves colorés et sucrés
L’inconnu s’introduit, invisible
Pousse un cri délirant
« Eh, n’oublie pas de refermer ! »
Ouvrant la barrière du souvenir
Il passe tel un spectre rose
Dans le cabinet des curiosités
Fouille dans le quotidien
Se revêt de fanfreluches
Et s’assied entre les demi-sphères
Hautain et béat de bonheur
Le contenu entre ces gifles ?
Un mot quelque peu poil à gratter
Une expression qui en dit plus en moins
Trois syllabes et deux voyelles
Ouvrez vos oreilles, murmurent-elles
Mais vous n’entendez que le vent
Qui gonfle les voiles de l’étonnement
Que va-t-il chercher là ?
La dévoration de l’insolite
L’obscure certitude de l’aventure
Dans ce noir absolu de l’entre deux
Comme un sandwich moelleux
Dont le contenu reste incertain
Pouah ! Sucré salé amer
Un éclair de l’autre monde
L’étincelle de la connaissance
Mais de quoi ?
La parenthèse est assassine
Mais cette vie entre deux
Est le réconfort des faibles
Choyez ces instants de lumière
Qui ne sont que des fantômes
Pour passer un moment
Face à face avec vous-même
© Loup Francart
07:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
15/08/2014
L'oeil
L'œil au fond de l'eau observe objectivement
telle une caméra sous marine et sournoise
Elle voit le fond de vous-même et même au-delà
et rien ne l'empêche de proclamer au monde
"Il est là, il passe dans l'autre univers
où le rien contient le tout
parce que le tout n'est rien"
07:26 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, optique art, abstrait, géométrie | Imprimer
14/08/2014
Le destin
Plutôt que de se poser la question d’une manière anonyme, demandons-nous concrètement si nous avons un destin. La réponse n’est pas facile et chacun répondra selon la vie qu’il a eue ou qu’il s’est fait. Car le destin concerne la vie de tout un chacun. Mais demandons-nous également ce qu’on appelle vie. Parlons-nous de ce qui traverse des événements et est interféré par eux ou exprimons-nous ce que nous ressentons au plus profond de nous-même, ce lieu en nous plus nous-même que nous-même. Au-delà de ce moi sujet et prisonnier des battements d’aile des papillons que sont les événements qui influent sur notre devenir, y a-t-il un Soi plus stable, ai-je une âme qui recherche quelque chose et que recherche-t-elle ?
La question commence à devenir plus ardue. Il ne s’agit plus de savoir si je suis libre de mener ma vie comme je l’entends ou si ce qui m’arrive est un destin qui m’est imposé ou m’a été confié. Il est question de m’interroger au plus profond de moi-même non pas sur la vie en général, mais sur comment je conçois ma vie.
Vaste débat, me direz-vous. Trop vaste débat pour trouver une réponse qui n’a jamais été trouvée réellement. Mais dans le même temps, il existe énormément de réponses toutes faites, très différentes les unes des autres auxquelles on peut croire ou ne pas croire. Mais que signifie ce terme de croire ? S’agit-il d’adhérer à une opinion, un concept, une croyance, c’est-à-dire se rattacher à quelque chose sur laquelle d’autres ont réfléchi, ou la question est-elle, non plus de croire, mais de pénétrer dans le brouillard pour tenter d’y trouver quelques points de repère afin de savoir et non seulement de croire. Faites votre quête vous-même et ne vous laissez pas imposer votre propre vision de vous-même par les autres. Mais, me direz-vous, nous passerons alors notre vie à réfléchir. Sûrement pas ! Nous irons bien au-delà et c’est notre propre vie qui nous guidera. Nous prendrons de la distance par rapport à ce qui nous arrive. Nous regarderons de loin les événements qui ont fait notre vie et surtout nous chercherons comment nous avons réagi face à ces événements. Nous finirons par comprendre qu’il y a certaines constantes dans ces réactions. C’est normal. C’est le fruit de notre héritage génétique, puis de notre éducation, enfin de notre environnement. Mais ceci ne concerne que notre vie extérieure.
Alors cherchons à distinguer comment réagit notre vie intérieure à ces événements. Comme cela nous mène loin ! La question du destin est devenue notre interrogation finale : qui suis-je et où vais-je ? Oui, la question a évolué, mais l’interrogation reste la même. Cette vie m’est-elle imposée en grande partie ou suis-je capable d’en faire ce que je veux ? Retour à la case départ. Mais nous avons cependant progressé. Nous avons élargi considérablement le cercle de notre réflexion et de nos expériences et maintenant nous nous posons la question différemment : y a-t-il, au-delà de ce moi qui tente de réagir ou même d’imposer sa volonté face aux événements qu’il subit, un espace de liberté réelle dont je suis maître ?
Fouillons dans nos souvenirs : ai-je déjà expérimenté l’existence de cet espace de liberté ? Ai-je déjà ressenti à un moment quelconque de ma vie cette aspiration qui m’a conduit à m’envoler vers la liberté. Oui, cela je le crois : tous nous expérimentons à un moment ou à un autre ce grand vide qui nous fait dire : il y a autre chose derrière ma vie quotidienne. Qu’est-ce ? Je ne sais. Mais maintenant je vais chercher, cela va devenir un des buts de ma vie. Et nous savons que nous avons trouvé notre vrai destin. Nous cherchons tous la même chose, mais la réponse à ce que nous cherchons est différente pour chacun parce que chacun est différent.
C’est cela notre destin : réaliser notre liberté malgré les événements quotidiens qui obscurcissent notre vision. Et cette liberté est la mienne, différente de celle des autres, qui doit être vécue dans la liberté des autres qui eux-mêmes doivent vivre leur propre destin. N’est-ce pas merveilleux ? Chacun d’entre nous est unique et se doit de découvrir son propre destin, c’est-à-dire exercer sa liberté personnelle en harmonie avec la liberté des autres.
07:14 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, philosophie, connaissance de soi, liberté, société, réflesion | Imprimer
13/08/2014
La déclaration, l’histoire d’Anna, de Gemma Malley (2007)
Mon nom est Anna. Mon nom est Anna et je ne devrais pas être là. Je ne devrais pas exister. Pourtant j’existe. Ce n’est pas ma faute si je suis là. Je n’ai jamais demandé à naître. Même si ça n’excuse pas le fait que je sois née.
Anna est un Surplus : excédentaire, en trop. Dans d’autres pays, on les éradique. Ici, en Grande-Bretagne, on les élève dans un Foyer de Surplus. Ils servent de main d’œuvre bon marché et ils doivent travailler dur, très dur, pour prouver leur gratitude. Elle a de la chance, elle a fait un stage dans une maison avec moquette et canapé, chez Mrs Sharpe. Elle était gentille et lui avait même proposé un jour de mettre du rouge à lèvres. Elle aurait aimé rester sa servante. Elle ne l’a pas frappée une seule fois. Les Surplus n’ont pas droit aux objets personnels ; rien ne peut décemment leur appartenir dans un monde auquel ils imposent déjà leur présence, comme dit Mrs Pincent, l’intendante. Et pourtant Anna tient un journal personnel qu’elle cache dans une des salles de bain de l’établissement.
Qu’est-ce qu’un surplus ? On le découvre peu à peu. C’est la surprise dans un monde figé par la longévité, remède contre la vieillesse, grâce au Renouvellement qui permet d’obtenir des cellules flambant neuves pour remplacer les anciennes et rectifier le reste de vos cellules en plus. De plus le Renouvellement permet de ne plus vieillir. Si au début les Autorités étaient contre ce traitement, elles l’adoptèrent et les gens cessèrent de mourir. La population ne tombait jamais malade et cela générait des économies substantielles. L’inconvénient fut que la terre devint vite surpeuplée. Aussi la Déclaration de 2065 a limité le nombre d’enfants à un seul par famille. Puis, comme elle croissait malgré tout, les naissances furent interdites, sauf si l’un des deux parents s’Affranchissait de la Longévité. Une vie pour une autre, préconisait la Déclaration.
L’arrivée de Peter, un nouveau Surplus, va changer la vie d’Anna. « C’est toi Anna Covey ? Je connais tes parents. » Peter progressivement fait naître en Anna le désir d’une autre vie. Ils finissent par s’enfuir et sont poursuivis par la brigade des Rabatteurs. N’en dévoilons pas plus. Il faut laisser au lecteur la joie de la découverte.
C’est un roman qui n’a aucune prétention littéraire. Il est cependant raconté avec brio, dévoilant progressivement ce monde stupéfiant, figé et protectionniste. Certes, il est un peu éculé de choisir deux adolescents pour révolutionner ce monde. Mais ce n’est pas qu’à la fin du livre que l’on prend conscience qu’il s’agit bien de faire la révolution dans cette société égoïste. Le fil conducteur est l’apprentissage de la liberté pour Anna, qu’elle refuse tout d’abord, puis qu’elle finit par entrevoir et à laquelle elle adhère. Comment ne pas se demander s’il n’en est pas de même dans notre société : des règles, pas de sentiments qui n’amènent que des ennuis, le travail magnifié, une vie discrète et disciplinée laissée aux autorités qui font les choix. Alors on se réfugie dans son monde, différent pour chacun, un monde où la créativité est le seul moyen de sortir debout et fier comme ces Surplus qui deviennent finalement Légaux en tant qu’Affranchis.
07:57 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, roman, littérature, société, aventure | Imprimer
12/08/2014
Evasion
Toujours cette image insolite
D’une pluie d’astres qui tombent
Au pied de Jézabel éperdue
Contemplant le cosmos endormi
Pourtant dehors tout est calme
Rien ne vient troubler la quiétude
Des nuits chaleureuses de l’été
Veillées par l’éclair des chauves-souris
Retour aux campagnes d’antan
Quand déjà le sel arasait la terre
Et lui donnait des neiges impérissables
Montre-nous ton visage, Toi, l’Eternel !
L’éléphant rose montre son nez
Eteignant l’incendie couvant
Dans la cour des idées neuves
Tel le serpent frêle et mirifique
Oui, aujourd’hui est un jour nouveau
Le rêve défie la morne réalité
Il entrouvre le voile de la nuit
Et conduit aux délires entraperçus
Plus rien ne m’empêchera
De contempler une fois encore
Cette terre d’un œil frais
Pour y percer le visible
Mais l’imprévision des possibilités
Ouvertes par les dés jetés
Empêche toute prédiction
Le monde va et vient, riant
Et l’homme jette le cri du néant
Aux chiens voraces de l’avenir
Il ne sait où il va, ni d’où il vient
Mais il poursuit sa route, sûr de lui
© Loup Francart
07:37 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer