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10/10/2014

La volonté est-elle toujours positive ?

Staline : « Quelle est, camarade Jdanov, la première propriété d’une volonté ? »

Jdanov se tait et Staline répond : « Sa liberté. Elle peut affirmer ce qu’elle veut. Passons. La vraie question est celle-ci : il y a autant de représentations du monde qu’il y a de personnes sur la planète ; cela crée inévitablement du chaos ; comment mettre de l’ordre dans ce chaos ? La réponse est claire ; en imposant à tout le monde une seule représentation. Et l’on ne peut l’imposer que par une seule volonté, une seule immense volonté, une volonté au-dessus de toutes les volontés. Ce que j’ai fait, autant que mes forces me l’ont permis ; Et je vous assure que sous l’emprise d’une grande volonté les gens finissent par croire n’importe quoi !

Milan Kundera, La fête de l’insignifiance, Gallimard, 2013

 

Le personnage de Staline dans ce roman de Kundera reflète bien la définition du dictionnaire : « Faculté de l'homme de se déterminer, en toute liberté et en fonction de motifs rationnels, à faire ou à ne pas faire quelque chose ». Et si l’on va plus avant dans le texte ci-dessus comme dans le dictionnaire, une autre définition apparaît aussitôt : « Décision ou détermination ferme de l'individu d'accomplir ou de faire accomplir quelque chose ».

Dans le premier cas, la définition est positive et donne à l’homme le moyen de s’accomplir grâce à sa volonté. Dans le second cas, elle peut devenir négative et plonger l’homme dans l’esclavage mental. C’est la différence entre l’argumentation et la manipulation. L’argumentation est une forme d’expression visant à convaincre un autre de la justesse d’une idée. Elle laisse cependant libre celui qui la reçoit. La manipulation vise à contraindre un autre à adopter une idée en utilisant des moyens de pression divers.

Alors que chacun de nous s’interroge sur sa volonté vis-à-vis des autres, même sous le prétexte de faire le bien. L’enfer est bien pavé de bonnes intentions.

06/11/2013

Le pouvoir

« Il existe deux sortes de pouvoir ; spirituel et politique.

Le pouvoir politique, c’est celui d’influencer les autres par la contrainte. Le pouvoir d’embaucher et de licencier, de punir, d’emprisonner, de tuer même. Le pouvoir politique n’a rien à voir avec la sagesse ou la bienveillance. Il ne tient pas à une personne ni à son caractère, mais simplement à l’argent ou à la position. C’est pourquoi on l’appelle souvent le pouvoir temporel, car il est en général temporaire.

Le pouvoir spirituel, c’est le pouvoir d’influencer les autres à travers notre être, par exemple par la gentillesse, l’humour, la sagesse et l’amour. Son emblème est l’humilité. Plus les gens développent leur spiritualité, plus ils ont conscience que le pouvoir est un don de Dieu et n’a rien ou peu à voir avec leur réussite. »

Dr Scott Peck, Ainsi pourrait être le monde, pour réapprendre à vivre ensemble, Rober Laffont, 1994, p.139.

 

Alors choisissons le pouvoir spirituel, me direz-vous. Ce n’est pas si simple. D’abord, pour beaucoup de gens, le seul pouvoir est le pouvoir politique. Ils ne peuvent admettre un monde dans lequel ils seraient libres. Cela leur demande trop d’effort. Il est plus simple pour eux de se laisser guider dans un cadre précis duquel toute sortie mérite une punition. Enfermé dans un cocon de fer, tel est leur idéal. L’exercice du pouvoir spirituel n’est possible que si l’autre accepte de s’assumer en toute liberté. Le pouvoir spirituel propose. Il n’impose pas. Le pouvoir politique, lui, contraint. La personne qui l'exerce est dans une position hiérarchique et il peut exercer soit de manière bienveillante, soit de manière oppressante. Tout dépend de son passé et de la façon dont il a obtenu ce pouvoir.

Les limites du pouvoir politique sont données par la loi qui est variable selon les lieux et le temps. Il n’y a pas de limites au pouvoir spirituel. Il est beaucoup plus difficile à exercer pour cette raison. Et l’on a vu dans l’histoire de nombreux cas de pouvoir spirituel transformés en pouvoir politique contraignant. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que le pouvoir spirituel exige en préalable à tout exercice de l’utiliser pour se changer soi-même. Ce n’est que lorsque ce retournement personnel à été fait qu’il est possible de revêtir le pouvoir spirituel.

Alors méfions-nous des faux saints comme des politiques arrivistes et rendons à César ce qui lui appartient, sans confusion des genres !

 NB. Scott Peck est un psychiatre. Il est l'auteur du livre "le chemin le moins fréquenté", guide sur l'éducation et la maturité, écrit en 1976. Il a ensuite abouti à son prolongement, "au delà du chemin le moins fréquenté". Il ne fait aucune distinction entre le spirituel et le mental donc aucune distinction entre évoluer spirituellement et évoluer mentalement, pour lui c'est la même chose. Il pense que l'évolution personnelle implique un travail complexe et ardu qui dure toute la vie et considère que la psychothérapie peut être une aide substantielle mais qu'elle n'est pas fondamentale. Il se situe hors tout courant dogmatique, ne se déclare ni Freudien, ni Jungien, ni Adlérien et défend la pluralité des voix vers l'évolution spirituelle.

(http://auriol.free.fr/psychanalyse/PeckScott.htm)