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28/07/2014

Les fiançailles

Les fiançailles sont un temps inestimable, un temps hors du temps, un temps d’éternité, avant que l’écoulement de la vie ne plonge à nouveau le couple dans la lutte de la connaissance de soi. Mais cette fois-ci ils feront l’expérience à deux, se soutenant mutuellement.

Il est dommage que la modernité ait évacué cette période privilégiée. A vouloir aller trop vite, on brise la confiance à établir. En effet, le terme fiançailles est de la même étymologie que confiance : le mot vient du latin fidere qui signifie « se fier », « croire ». Les fiançailles sont la reconnaissance de la con-fiance (se fier avec, fidéliser avec) que chacun a pour l’autre.

Les fiançailles comportent deux temps :

Le premier temps consiste à reconnaître en l’autre celui ou celle qui nous aidera à donner, par sa présence et son amour, un sens à notre vie. C’est le moment où l’on se dit la possibilité, le désir et l’espérance de vivre ensemble. Cela suppose une vision globale de la vie : connaissance de son propre passé et du passé de l’autre, sentiment de la présence lumineuse et bienfaisante pour l’être dans l’instant, vision de l’avenir non en tant qu’événement, mais en tant qu’accomplissement de l’être. « C’est en elle ou en lui, que je m’accomplirai ».

Le second temps amène à faire connaître cette espérance et ce choix à la famille, les amis, la société. C’est aussi faire passer l’instant de grâce amoureuse dans la durée. C’est s’engager à se souvenir, à porter attention à chaque instant à l’amour échangé pour qu’il devienne vie pour soi-même, pour l’autre et pour les autres. Ce moment est le passage de l’ouverture aux autres de l’amour qui jusqu’alors avait besoin d’une certaine intimité pour s’éveiller et grandir. La lumière de l’amour étant née, il faut maintenant la faire rayonner, la partager avec les autres, apporter sa pierre à l’édifice fragile de la solidarité humaine.

Les fiançailles vont donc bien au-delà de l’attirance physique, qui bien sûr existe. Elles consistent à se découvrir moralement, spirituellement, à s’unir par la pensée avant de s’unir par le corps. Cette découverte de l’autre, mutuelle, est la source de la confiance qui s’établit entre les deux fiancés. Lorsque la transparence est totale, le moment du mariage est venu. Je te vois nu(e), tu me vois nu(e) et nous avons confiance l’un dans l’autre : je sais que, grâce à toi, je pourrai aller au-delà de moi-même sur le chemin de notre destinée.

27/07/2014

Onze minutes, roman de Paulo Coelho

Un très beau livre, mais qui traite d’un sujet scabreux, le sens de la sexualité. Qu’est-ce : besoin, plaisir véniel, violence à la manière du marquis de Sade, amour éros ou amour agapé ?

Le sujet est abordé à travers la vie de Maria, jeune brésilienne qui, à Rio de Janeiro, se voit proposer de devenir danseuse à Genève. Rêvant de gloire, elle se14-07-15 Onze minutes_Coelho.jpg retrouve prostituée. Parcours fréquent, mais ce qui compte ce n’est pas ce parcours sociale hélas assez habituel, mais le parcours quasi spirituel que va découvrir progressivement Maria. Elle s’interroge, elle ne se laisse pas faire, elle s’en sort.

Elle  apprend à dissocier l’âme du corps, à ne pas juger et elle s’interdit de tomber amoureuse. Elle pratique son métier en professionnelle avertie. Elle accumule de quoi rentrer au Brésil et acheter une ferme pour ses parents. Elle découvre différent types de clients, mais elle rêve d’un véritable amour et écrit : Le désir profond, le désir le plus réel, c’est celui de s’approcher de quelqu’un. A partir de là, les réactions s’expriment, l’homme et la femme entrent en jeu, mais l’attirance qui les a réuni est inexplicable. C’est le désir à l’état pur. Quand le désir est encore en cet état de pureté, l’homme et la femme se passionnent  pour l’existence, vivent chaque instant avec vénération, consciemment, attendant toujours le moment opportun pour célébrer la bénédiction prochaine.

Deux clients dont elle fait la connaissance sont très opposés. Mais ils sont tous les deux patients. Ils ne se précipitent pas.

Le premier lui enseigne la souffrance comme un stimulateur du plaisir. Pour la première fois, elle va au bout de sa sexualité et éprouve un plaisir qu’elle n’avait jamais goûté. Maria sentit qu’elle entrait dans un trou noir au plus profond de son âme, où la douleur et la peur se mêlaient au plaisir absolu, l’entraînant au-delà de toutes les limites qu’elle avait connues. (…) L’art du sexe est l’art de contrôler la perte de contrôle. Elle note dans son journal intime : La rencontre d’une femme avec elle-même est un jeu qui comporte des risques sérieux. Une danse divine. Quand nous nous rencontrons, nous sommes deux énergies divines, deux univers qui s’entrechoquent. S’il manque à cette rencontre la déférence nécessaire, un univers détruit l’autre.

Le second va lui apprendre tout autre chose : la puissance spirituelle de la sexualité transcendée. « J’ai rencontré un homme, et je suis éprise de lui. Je me suis permis de tomber amoureuse pour la simple raison que je n’attends rien… Il me suffit de l’aimer, d’être avec lui en pensée, et que ses pas, ses mots, sa tendresse donnent des couleurs à cette ville si belle. (…) Tout le monde sait aimer, c’est inné. Quelques-uns le pratiquent naturellement, mais la plupart doivent réapprendre, se rappeler comment on aime et tous sans exception doivent brûler dans le feu de leurs émotions passées, revivre des joies et des douleurs, des chutes et des rétablissements, jusqu’à ce qu’ils parviennent à distinguer le fil directeur qui existe derrière chaque rencontre. Alors les corps apprennent à parler le langage de l’âme : cela s’appelle le sexe, c’est cela que je peux donner à l’homme qui m’a rendu mon âme, même s’il ignore totalement à quel point il compte dans ma vie. C’est cela qu’il m’a demandé, et il l’aura ; je veux qu’il soit heureux. »

N’en disons pas plus. Maria finira par se réconcilier avec elle-même : Je savais que c’était le moment. Tout mon corps se relâcha, je n’étais plus moi-même - je n’entendais plus, ne voyais plus, ne sentais plus le goût de rien – je n’étais que sensation… Ce n’était pas onze minutes, mais une éternité, c’était comme si tous les deux nous sortions de nos corps et nous promenions, dans une joie, une compréhension et une amitié profondes, dans les jardins du paradis. J’étais femme et homme, il était homme et femme. Je ne sais combien de temps cela a duré, mais tout paraissait silencieux, en prière, comme si l’univers et la vie étaient devenus sacrés, sans nom, hors du temps.

26/07/2014

Rodomontade

Silence ! Pas un bruit. Tout est immobile…
La seule vie est dans les pensées.
Et ça s’agite. Une vraie tempête,
Une bouilloire en ébullition !
C’est si rare ce calme intangible,
Cette immuabilité inexorable,
Cette pointe de diamant offerte
Comme un fruit mûr.
J’y goûte avec prudence, inquiet.
Se peut-il que le monde se soit arrêté ?

Une vague plainte, un aboiement,
Comme un regret de vous avertir.
Le chien fidèle vous fait signe.
Tu n’es pas seul éveillé.
Je veille aussi et j’aboie
Pour que tu existes.
Dans ce bouillon de culture, tu es !
Plus rien…L’inexistence…

Je sors et je ne vois rien…
Enfin, quelques minutes plus tard,
Voici au-delà des feuillages
Un nuage qui passe, si lentement,
Si pauvrement, qu’il n’existe pas.
Je ne vois en fait que deux étoiles
Qui apparaissent, puis s’évaporent
Comme un feu de détresse
Ou un avertissement insolite :
« Tiens-toi éveillé ! Entre en toi-même ! »

Que dit-il ? Je suis moi dans ce tout
Et ce tout échappe à mes sens.
Plus rien à toucher, plus rien à goûter,
Plus rien à entendre, plus rien à voir,
Juste l’odeur douçâtre de la lavande,
Immense marée bleue des plateaux
En vagues rectilignes
Pointant leurs épis chatoyants
Vers un ciel jaune de bonté
Et la ligne verte, presque qu’indigo,
Séparant l’épaisseur des pas
De la légèreté des pensées…

Dans ce silence, tout revit
Dans la boite crânienne
Tournant en rond, exposé
A l’immense machine à laver
Qui brasse tout ce qui s’échappe
Du trou intense et noir
Suintant sourdement dans les eaux
Claires et transparentes
Du monde endormi…

Le cul du monde intérieur
Qui pète tes rodomontades !

© Loup Francart

25/07/2014

Hasard ou osmose

Lecture d’un livre impressionnant non pour sa littérature à qui se contente de raconter, mais pour les idées exprimées : Message des hommes vrais au monde mutant, de Mario Morgan, J’ai Lu ou Editions Albin Michel, 1995. Nous en reparlerons, mais pas tout de suite. Il faut le digérer.

Ici, j’étais dans une réalité d’hémisphère droit, peuplée de personnes qui n’utilisaient aucun de mes si importants concepts éducatifs et n’obéissaient pas à mes obligations civilisées. C’étaient des maîtres du cerveau droit, qui utilise la créativité, l’imagination, la connaissance intuitive et les concepts spirituels. Ils ne jugeaient pas nécessaire de s’exprimer verbalement : ils communiquaient par la pensée, la prière, la méditation, donnez à leur méthode le nom que vous voulez. Comme j’avais dû leur paraître ignorante. (…) Je demandai mentalement de l’aide : « JE peux apprendre, je ferai ce qu’il faut. Aidez-moi à trouver de l’eau. Je ne sais pas quoi faire, quoi chercher, quelle direction prendre. » (…) Une autre pensée vint alors : « Sois eau. Sois eau toi-même. Quand tu seras eau, tu trouveras de l’eau. » Je m’ouvris à l’intuition et, fermant les yeux, je m’efforçai de devenir eau. (…) Je crois vraiment que cette première gorgée d’eau tiède me rapprocha plus de notre créateur que toutes les communions à l’église…

Alors, comme j’aime expérimenter, je tentai une expérience. Je suis dans le midi, près du massif de l’Estérel. Tous les matins, je pars dans la montagne, courir et méditer (concentré) ou rêver (débridé). Je pensais à ce livre que j’avais lu la veille et je me dis : « Cherchons quelque chose qui ne se trouve pas vraiment facilement, mais qui, bien sûr, existe. » Et je pensai au thym. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas si facile à trouver sur ces étendues pierreuses sur lesquelles poussent plutôt les chênes lièges, l’Euphorbe, l’Osmonde royale, Cytise, Daphné garou, Salsepareille.

Je pensais : « Fais-toi thym. Fais-toi thym. » Je m’accrochais à la pierre éclatée au soleil, je descendis des canyons profonds, j’escaladais des escarpements, montais vers le ciel et descendais vers dans les vallons. Rien. Devenant thym, j’avais besoin d’humidité. Oui, il faut chercher dans les lieux où passe l’eau lorsqu’il pleut. Encore faut-il les trouver ! Je cherchais, je cherchais et ne trouvais rien. Je pris le chemin du retour. Sur ce chemin pierreux, je vis une rigole, pas vraiment un début de cours d’eau au flanc de la montagne. Je m’arrêtai, instinctivement. Il doit y en avoir ! Je descendis dans l’anfractuosité et ne trouvai rien. Toujours ces herbes assez ressemblantes, mais qui n’ont ni son odeur acidulée et aigre, ni ces petits bouquets de feuilles sur un rameau maigrichon qu’il faut égrainer pour nourrir votre plat de senteur délicieuse. Allons, pourquoi perdre du temps à tout ceci ! Et mes yeux tombent sur une petite pousse de thym rachitique et sans noblesse, mais si odorante. Un balai comme ceux des nettoyeurs de rue à Paris. Trois brins d’écorce sans consistance, mais si voluptueux dans ses effluves qu’on lui pardonne et même que l’on loue sa misère. Je cherchai autour et j’en trouvai quelques autres brins, à l’ombre de plus grandes plantes, poussant modestement, si peu visibles.

Oui, c’est vrai, je m’étais fait thym et j’avais trouvé inconsciemment. Quelle osmose ! Qu’en conclure : rien, c’est parce que l’on veut en tirer un concept qu’on dénature la vérité. Vivons et réjouissons-nous !

Deux jours plus tard je repassais au même endroit. J'y trouvai profusion de thym. Quel comique cet auteur. Qu'a-t-il été raconter !

24/07/2014

La femme

Une femme, c’est le mystère du monde. Elle n’a l’air de rien, elle s’efface devant l’autre, plus fort et plus puissant. Mais elle reste la gardienne de l’ordre naturel. Nos politiques défendent la femme comme égale de l’homme. Mais la femme est bien plus que l’homme. Elle est le contenant, alors que l’homme n’est que le contenu. Elle est matrice de l’univers, un monde en soi qui ne cherche rien, qui ne veut rien, mais qui est dans toute sa splendeur de mystère et d’instantanée.

Tu es l’étrangère, inconnue même de toi-même
Enfant pleurant sur elle-même
Fille qui se découvre autre et en use
Jeune fille, réservée ou fantasque
Qui danse la nuit et sert le jour
Vierge d’un jour, dévêtue de pudeur
Douceur et chaleur recueillies
Qu’un baiser du fond d’elle-même
Amène à la vie de femme
Tu acceptes cette ambiguïté
Je suis et pourtant tu es au-delà
Hors de portée de mes mains ouvertes
De mon regard avide de ta beauté profonde
Et chaque caresse fait fondre
Ce que je croyais être moi
Et qui devient toi, unique et royale
Tu es femme maintenant, devenue forte
Et souple de soumission feinte
Tu es celle qui passe devant moi
Mais reste derrière les ombres
Et regarde nos silhouettes égarées
Alors tu redresses le chemin
Pas par là, mais prenez ici
Elle te laisse partir et t’assoiffer
Puis vient te donner la boisson de l’immortalité

Oui, je t’aime car tu es le refuge
De mon corps impatient
De mon cœur émerveillé
De mon esprit rêveur
De mon âme éclairée
Par ta lumière sacrée

© Loup Francart

23/07/2014

Entre ciel et terre

Entre ciel et terre,
L’odeur argentée des basses eaux
Et la plainte lointaine des oiseaux.
Là voyage l’être,
Au fil de l’horizon bleuté,
Dans le son cristallin du clocher.
L’inconnu entre les mains
Je contemple
La vie et la mort entrelacées.

© Loup Francart

Ile de Ré, un jour d'orage...

22/07/2014

Noosphère

La première pensée, que fut-elle ?

Comment dans cet assemblage de neurones
Est née une idée abstraite, sans consistance ?

Plus qu’une sensation, plus qu’un sentiment
Elle marqua son auteur d’une auréole
Et lui délivra l’avenir de l’humanité

Mais qu’est-ce qu’une première pensée ?
Un premier mot, un premier son,
L’établissement d’un premier rapport
Entre deux objets proches et différents

Serait-ce une étincelle jaillissante
Comme un geyser sorti de terre
Une première réflexion : poule ou œuf
Un premier outil pour séparer,
Le second pour assembler !

Un premier concept émergé de nuit
Dans la froideur d’un ciel scintillant
Devant le vide de l’univers
Le plein d’une terre trop matérielle
Le choc et la rencontre de deux mondes
Qui s’entrecroisent sans se comprendre


Une première création inutile et honnie
Des habitudes inscrites dans la faim
Le danger, le sommeil, la rage
Et qui d’un regard ou d’une ouïe attentive
Fit frissonner la peau poilue
Et entrer dans le monde intérieur
Et grandir un espace non profané

 

Ne dépassons pas le nombre sept
Nombre vivifiant de signification
Il consacre une renaissance
Un autre cycle d’épisodes
Marqué de nouveaux liens
Jusqu’à la dissociation bien-mal

La première pensée fut-elle une souffrance
Ou plus simplement une réjouissance
Ou encore l’atonie d’une non compréhension ?
Mais quand donc est survenue
La seconde idée : en un même lieu ?

Peut-être est-elle née d’un homme
Qui s’interrogeait sur l’existence
D’un autre homme, imaginaire
Et suffoquant de cette absence

Venu du fond des âges, lentement
S’est formé ce nuage impalpable
Qui recouvre l’homme de rosée

Et maintenant une planète s’en empare
S’entoure de rêves ou de mathématiques

Je suis et j’en viens à penser...

© Loup Francart

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C'est vrai, n'oublions pas ! Allez voir le 21 juillet... Parution du livre ...

21/07/2014

Petits bouts de rien

 

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 Les éditions du Panthéon vous font part de la parution du livre

Petits bouts de rien

le 21 juillet 2014

 

272 p. format 13x20cm

Prix de vente:

  • imprimé : 19,40 €  TTC;
  • numérique : en moyenne 15 €, selon les réseaux de distribution. 

Les commandes peuvent être passées :
- Sur le site internet : www.editions-pantheon.fr
- Par courriel adressé à : commande@editions-pantheon.fr  
- Par courrier adressé à : Les Editions du Panthéon
                                     12 rue Antoine Bourdelle  75015 Paris
- Par télécopie au 01 43 71 14 46
- Par téléphone au 01 43 71 14 72 
- Sur Amazon : http://www.amazon.fr/
- A la FNAC : http://livre.fnac.com/

 

Emmenez-le en vacances, lisez un récit et laissez-vous rêver...

20/07/2014

Musée Guggenheim de Bilbao

Pour une fois, nous ne parlerons pas du contenu, mais du contenant. A Bilbao, sait-on d’ailleurs ce qu’est le contenu et le contenant, l’un et l’autre étant semblables, œuvres d’art à contempler, l’une de dehors, puis de l’intérieur, les autres, extérieurs intégrées à l’intérieur.

Le bâtiment est en soi un navire amiral, grandiose, dont la silhouette assemble le titane, le verre, la pierre et l’eau. Coins et recoins, blocs et unités, ouvertures et secrets, les oppositions sont multiples et toujours harmonieuses.

Quel que soit la façade dont on l’observe, il reste majestueux :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Une fois dans le Vestibule, où convergent toutes les galeries, le visiteur accède à l'Atrium, cœur authentique du Musée et l'un des traits distinctifs de la création de Gehry. Ce grand espace libre, aux volumes courbes, connecte l'intérieur et l'extérieur de l'édifice grâce à de grands murs en rideau de verre et une grande verrière zénithale. Les trois niveaux du Musée s’organisent autour de cet Atrium central et sont reliés grâce à un système de passerelles curvilignes, d’ascenseurs en verre et en titane et de tours d’escaliers. L’Atrium, qui fonctionne aussi comme un espace d’exposition, sert d'axe autour duquel se structurent les 20 galeries du Musée, certaines ont une forme plus classique, avec des lignes orthogonales, et d’autres présentent une irrégularité singulière. Le jeu des volumes et des perspectives permet de disposer d’espaces intérieurs où, pourtant, le visiteur ne se sent à aucun moment écrasé. Cette diversité de salles et cette adaptabilité se sont révélées d’une énorme utilité entre les mains expertes des commissaires et des créateurs, qui ont trouvé l’atmosphère idéale pour la présentation d’œuvres de grand format et de supports contemporains mais aussi pour des expositions de caractère plus discret et intime. » (From : http://www.guggenheim-bilbao.es/fr/le-batiment/linterieur/)

Une merveille d’architecture, abritant des œuvres grandioses elles-mêmes, mais de purs chefs d’œuvre, c’est la question !

« La Matière du temps (The Matter of Time) permet au spectateur de suivre l’évolution des formes sculptées de l’artiste, de la relative simplicité d’une ellipse double à la complexité d’une spirale. Les deux dernières pièces de ce développement sont créées à partir de sections de tores et de sphères qui génèrent divers effets sur le mouvement et la perception du spectateur. En se transformant de façon inattendue au fur et à mesure que le visiteur les traverse et en fait le tour, elles créent une vertigineuse et inoubliable sensation d’espace en mouvement. La totalité de la salle devient partie intégrante du champ sculptural : comme avec quelques-unes de ses sculptures composées de nombreuses pièces, l’artiste organise les oeuvres avec détermination pour déplacer le spectateur à travers elles et à travers l’espace qui les entoure. La distribution des oeuvres tout le long de la galerie donne lieu à des couloirs de différentes proportions (larges, étroits, allongés, comprimés, hauts, bas) toujours imprévisibles. L’installation contient aussi une dimension de progression temporelle : d’un côté, le temps chronologique qu’il faut pour la parcourir et l’observer du début à la fin ; et de l’autre, le temps de l’expérience dans lequel les fragments du souvenir visuel et physique se figent, se recombinent et se revivent. » (From : http://www.guggenheim-bilbao.es/fr/oeuvres/la-matiere-du-temps/)

 

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C'est vrai, n'oublions pas ! demain, 21 juillet...

19/07/2014

Une étape de la vie

Le passage de la cinquième à la quatrième est un des moments  de la vie parmi les plus fascinants. On découvre l’autre sexe. Certes, on parle encore de filles et de garçons, mais avec une retenue qui voile le mystère de cette découverte. C’est14-07-10 adolescente-dos.jpg bien sûr un des sujets de discussion, pratiquement le seul, mais toujours de façon indirecte. Ce fut un choc pour Jérôme, même si, pendant une bonne partie de cette année de quatrième, cet étonnement ne fut que d’ordre psychologique. Cela constituait un bouleversement sans précédent dans la vie du jeune garçon qui, progressivement, devenait un adolescent. En réalité, cette prise de conscience ne s’effectua pas en un jour, celui de la rentrée scolaire. Il lui fallut bien un an pour saisir consciemment les modifications dans son corps et ses pensées.

Les premières semaines, assis au fond, dans la classe, il regardait ces filles qui commençaient à devenir jeunes filles, plus sérieuses, plus appliquées que les garçons, plus attentives à leur corps, à leurs attitudes, à la douce tiédeur de leurs formes découvertes dès la sortie de l’hiver : le pli du coude, le pli plus secret des aisselles, la rondeur devinée de leurs jeunes seins, la verdeur inimaginable de leurs cuisses reposant sur la chaise d’écolier. Ce fut au printemps, après six mois d’aveuglement enfantin, qu’il commença vraiment à sentir cette nouveauté en elles, puis en lui. Ce fut lent. Parfois, regardant l’une d’elles, il éprouvait comme un pincement quelque part, sans savoir exactement où, et ce pincement l’étouffait de mystère caché, incompréhensible. La promiscuité des sexes dans la salle de classe creusait un fossé incommensurable entre elles et lui, et, dans le même temps, l’histoire humaine devenait son histoire, personnelle, envoûtante, mystérieuse, grâce à la découverte de la plus grande énigme existant sur terre, celle de l’homme et de la femme qui se regardent et se voient semblables et différents. Envoûtantes, ces demoiselles faisaient semblant de ne rien voir de ces émois qu’elles provoquaient auprès des garçons. Envoûtés, ceux-ci continuaient à jouer la comédie de la virilité, celle de jeunes gars fiers d’être ce qu’ils sont, sans savoir qui ils sont. Mais tout ceci était diffus, imperceptible, comme le soupçon de lait que l’on met dans son café le matin, encore ensommeillé, et qui monte en nuages épais dans le liquide noir. La frontière restait indécise en raison de l’égalité de l’âge, tentatrice par sa nouveauté attrayante, imprécise par les différences inconnues.

Que se passait-il dans les corps et les esprits de ces jeunes adolescents qui sortaient de l’enfance par une porte dérobée ? Avant tout des images, des sensations, voire des sentiments non interprétables. De sa place, il n’écoutait plus le professeur, il regardait ces bustes de presque femmes, ces cheveux virevoltant d’abord involontairement, puis de manière plus consciente, la courbe de l’épaule dénudée à partir de mai, le tissu tendu par la naissance des seins et leurs regards, entre elles, de secrets inavouables, mais évidents. La puberté était tombée en un jour sur leur corps, alors que pour les garçons, rien n’était aussi franc. Ils ne la découvraient que progressivement, de manière plus lourde, d’abord dans une sorte de rêve, avant qu’elle ne devienne affirmée physiquement.

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C'est vrai, n'oublions pas ! Le 21 juillet...

 

18/07/2014

Dernier poème d'amour

Quelques poèmes encore, d’amour évidemment
Et nous partirons ensemble pour cet au-delà
Qui nous fit rêver les jours de désespoir…
Le rêve va s’achever, il va devenir réalité

Nous nous en irons la main dans la main
Les yeux sous le regard de l’autre
Les lèvres tendues vers l’autre visage
Celui de l’aimé(e) de toujours et de partout

Jamais je n’oublierai le poids de ton abandon
Jamais je ne retrouverai les plis de ta nudité
Tu resteras l’unique, fille et femme
De mes vingt ans et autres années passées

Je t’ai frôlée, j’ai approfondi l’inconnue
De ton corps et de ton âme, ensemble
Nous avons erré dans la vie noire
Et vogué dans une liberté éclatante

Quelle belle promesse nous nous sommes faite
Un jour de printemps sur le seuil d’une église
Savions-nous alors qu’elle nous engloutirait
Dans ces plongeons nocturnes de délivrance

C’est encore avec joie et des larmes d’abandon
Que nous partirons vers ce nouveau monde
Où les âmes n’ont plus de corps
Où les corps ont perdu leur gravité

Peut-être ne serons-nous ni homme ni femme…
Mais nous nous reconnaîtrons malgré tout
Par le tremblement de nos êtres
Au-delà du désir… Dans la transcendance…

© Loup Francart

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C'est vrai, n'oublions pas ! Le 21 juillet...

17/07/2014

Sakura "Cherry Blossoms" (fleurs de cerisier) : Musique traditionnelle pour Koto

https://www.youtube.com/watch?v=AK51LblcEOw&list=RDrRM_FNooJHc&index=3 

 

Le Koto est un instrument de musique à cordes pincées utilisé en musique japonaise traditionnelle. Originaire de Chine, il fut introduit au Japon entre le VIIe siècle et le VIIIe siècle et était joué à la Cour impériale.  Son usage s'est ensuite démocratisé. 

C’est une longue cithare, de 1,80 m de long et comptant 13 cordes. La caisse est traditionnellement fabriquée en bois de paulownia évidé, et les hauts chevalets amovibles, en ivoire. Ses cordes sont en fil de soie que l'on pince avec des grattoirs en ivoire. Il produit un son lyrique, comparable à celui d'une harpe, ce qui peut expliquer le terme souvent rencontré de « harpe japonaise ».

Le Koto possède une échelle de sons spéciale, l’échelle Kumoijoshi, bien sûr sur cinq notes comme toute la musique orientale ancienne (avec ajout de piens ou sans). Comme la hauteur de la fondamentale est indéterminée, elle est ici élevée d’un ton par rapport à l’échelle donnée dans le schéma (ré-mib-sol-la-sib). Mais les intervalles reste les mêmes : 0,5 – 2 – 1 – 0,5 / 2. La mélodie principale est sol-sol-la, sol-sol-la, sol-sol-la-sib-la-sol-la-sol-ré.

Petite musique du matin, dans la fraicheur des cerisiers en fleurs. La musique vous vide l’esprit et vous emplit d’une douce quiétude revigorante. Vous êtes prêts à partir d’un bon pied pour une journée active, mais de manière ordonnée, avec paix et sérénité. Mieux vaut écouter cette musique que de prendre un cachet pour supporter une journée supplémentaire !

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C'est vrai, n'oublions pas ! Le 21 juillet...

16/07/2014

Fraicheur printanière

Imaginez-vous, vous qui toujours n’avez connu qu’une banlieue sale et grise, vous retrouver à la campagne dans un pré, environné de fleurs. Certes ce jardin est petit. Vous voyez toujours les carcasses de voitures et les cafés aux devantures marrons, mais vous êtes assis(e) sur votre mètre carré de pré au soleil parmi les senteurs de fleurs des champs, au bord d’une rivière qui coule lentement et vous berce de son gazouillis. Quel enchantement !

Alors je vous l’offre ce mètre carré. Qu’il vous fasse rêver et qu’au dernier jour de votre vie vous vous souveniez de cet instant, si court, où vous avez rêvé d’un autre monde que vous allez bientôt connaître.


 

 

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C'est vrai, n'oublions pas ! Le 21 juillet...

 

15/07/2014

Le Soufisme

Le Soufi, c’est l’homme de connaissance assumant pleinement  son humanité et ouvert à ce qui est au-delà de l’homme, celui qui connaît le but et à qui la connaissance du but donne la connaissance des moyens qui permettront à d’autres de s’avancer sur la voie qu’il a parcourue. (…)

Le Soufi est dans le monde sans être du monde.

Dans le monde : bien qu’enraciné dans une tradition millénaire, il appartient à son temps et le devance bien souvent. (…) Pour le Soufi, le service est prière. Mais il sert la vérité et non les espoirs pieux. (…)

Sans être du monde : parce qu’il a vécu l’expérience de la perception du réel, il vit en accord avec cette réalité dont notre sommeil intérieur et le jeu des apparences nous tiennent séparés, dont notre monde n’est qu'une modalité provisoire, une approximation relativement grossière.

Jean Néaumet, Le soufisme aujourd’hui, article tiré du livre Le Soufisme, la voie de l’Unité (« Doctrine » et « méthode »), L’Originel, 1980, p.7. 

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Le Soufisme est donc une école non pas de pensée, mais de vie. Il ne s’agit pas de croire, émotionnellement, intellectuellement, mais d’expérimenter l’éternité. C’est un apprentissage permanent de l’expérience cosmique. Le Sama (la danse)  permet d’exprimer la communion de l’être cosmique et se traduit par l’allégresse du corps et de l’esprit en mouvement.

« O jour, lève-toi, les atomes dansent,
Les âmes éperdues d’extase dansent,
La voûte céleste, à cause de cet être, danse. »
 

L’expérience mystique est liée à l’expérience de l’univers. La danse des atomes reflète la danse des âmes à la recherche de l’éternel.

« Le danseur qui célèbre le sama, tourne sur lui-même, il est point et cercle à la fois. Il est l’axe du monde. Par lui, la terre se relie au ciel et ils entrent en mouvement. »

(Michel Random, Mawlana le Soufisme et la danse, Sud éditions, 1980).

Alors dansons, chantons, mais que la danse et le chant soient intérieurs, que la jubilation envahisse notre corps et notre esprit et nous rendent transparents.

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C'est vrai, n'oublions pas ! Le 21 juillet...

 

 

 

14/07/2014

Oublier son moi ordinaire

Tiens ! Je l’ai perdu. Où est-il donc passé ?
Toute la nuit j’ai couru pour m’en séparer
Au matin, il a disparu, brusquement
Je me suis délesté et élevé, mais vers quoi ?

Je passe en rêve, regardant le monde
Quelle agitation extrême et délicieuse
Un lokoum au goût de miel poisseux
Et pourtant j’en suis détaché, allégé

Certes les paysages de cette absence
N'ont pas le charme de l’attachement
Leur brillance est plate comme l’horizon
Je piétine le macadam des certitudes

Mai où donc se trouve ce moi recherché
Peu importe ! Quelle absence de pensées...
Seul compte le lent glissement huilé
Du corps transparent sur l’horizontalité

Je ne peux le rattraper, il fuit vite
Je le regarde partir, comme un enfant
Et me dit : enfin, loin des inquiétudes…
Mais… Te souviens-tu de ton nom ?

© Loup Francart

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C'est vrai, n'oublions pas ! Le 21 juillet...

 

 

  

13/07/2014

L'aquarium du Trocadero à Paris

Est-ce vraiment un aquarium et non un trou du diable ? Certes, l’entrée est avenante, mais on descend, on descend et on descend toujours plus bas, sous terre, dans le noir, pour mieux faire ressortir les fonds marins et ceux qui les habitent.  Les architectes qui ont construit ce lieu nous plonge dans le monde du silence par l’ambiance. Peut-on parler de silence d’ailleurs. Cris des enfants : « Oh ! Maman, regarde ! » Et réponse des parents : « Ne va trop près ! ». Mais, miracle, on ne les entend plus au bout d’un moment. On s’isole et l’on se plonge dans les profondeurs d’une eau chaude et bleu. On remue le bassin, on gigote des pattes, on ouvre un œil maussade, on donne un coup de nageoire pour s’éloigner d’un intrus qui vient pérorer à nos côtés. On fait un clin d’œil à la murène, un signe d’amitié au pageot rose, on jette un regard craintif au squale effilé qui se profile derrière le rocher. On ouvre la bouche en cadence, pour respirer, les poumons emplis d’eau. On sent même l’odeur aigre de la grande raie guitare qui vient vous effleurer le dos du bout de son aile et qui repart lentement, insensible au charme qu’elle vous a fait.

Première grande halte, les calanques de Cassis, grandioses : une grotte sortie des contes de Pagnol, environnée d’ombres glissant dans le liquide bleu. On distingue les énormes mérous, passifs et s’imposant d’eux-mêmes, les castagnolles aux petites rayures dorées, les coquettes rouges, le Crénilabre commun (peut-être, mais qui le connaît si bien ?). On sent la chaleur de la Méditerranée : pourquoi n’a-t-on pas amené notre maillot de bain ?

Un détour au cinéma avec les scientifiques qui devisent avec force conviction sur le sexe des anges, non, des poissons… 

Entrée dans l’eau des Outre-mers. Drôle d’appellation. Ce pourrait être également d’outre-tombe, car l’on descend progressivement dans les entrailles de la terre. On admire les poissons typiques des  Caraïbes et leurs fantastiques colorations qui proviennent de l'exposition importante et soutenue au soleil, un bronzage naturel dû à la faible profondeur des eaux lagunaires. On y voit le poisson papillon, le Gramma royal bistré, bleu à la tête et jaune à la queue, le sergent major aux rayures de zèbre, le chirurgien bleu à l’œil jaune.

Et l’on descend, suffoquant de la chaleur de volcan qui s’échappe des grilles d’aération, car il faut bien respirer malgré tout. Passage au "bassin caresses" où chacun peut toucher les carpes koï et les ides peu farouches. Les enfants s’en donnent à cœur joie, relevant leurs manches, se trempant le haut des bras, agitant leurs petites mains en tous sens. Certains adultes ne peuvent résister et font de même avec un sourire enchanté qui donne envie à ceux qui n’osent pas d’essayer ces caresses affriolantes. Retour à l’enfance, au temps des deux pieds dans l’eau, sautant pour éclabousser tout le monde, y compris soi-même.

Autres bassins et aquariums avec des fantômes aux formes et aux couleurs étranges. Ils sont nombreux et fastidieux à décrire. Enfin, on arrive au grand bassin après avoir traversé une multitude de bazars plastiques sous forme de Play mobil qui n’attire personne, même pas les enfants qui viennent voir la vie qui est plus palpitante, même sous-marine.

Ce bassin est immense et peuplé de créatures effilées, glissant dans l’onde comme l’oiseau vole dans l’air : requins gris, à pointe noire, requin-chabot, requin-zèbre indolents. Ils se déplacent lentement, mais d’un coup de queue se propulsent à l’autre bout de l’espace, en un instant. Oui, c’est vrai le temps diminue quand la vitesse augmente. On n’est pourtant pas près du mur de Planck ! Bizarrerie de la nature ! Ah, voici la grande raie qui plane lentement et creuse son ombre sur le roc, effrayant les Pompaneaux lune, argentés et majestueux. Après la contemplation de ce volume d’eau impressionnant, peuplé d’animaux extraordinaires, rien d’autre ne peut nous intéresser. Aussi est-on poussé vers la sortie avec un passage obligatoire dans le grand bazar où il n’y a pas grand monde pour sortir quelques billets supplémentaires. Sortie des méandres du volcan, dans un Paris ensoleillé. Le grand bassin des jets d’eau nous rafraichit fort heureusement.

14-07-04 Aquarium (4).JPG

Ce n’était pas le grand bleu, mais ce fut un moment agréable reposant, méditatif si l’on s’abstrait des cris et des humains qui dénotent dans ce paysage aquatique.

L’on se prend à rêver être poisson. On retrouve ses jambes à la sortie. C’est moins palpitant qu’une torsion du buste pourse déplacer.

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C'est vrai, n'oublions pas ! Le 21 juillet...

12/07/2014

De quoi me parle-t-on ?

Ce matin, après avoir pris un bol de café, je m’installe devant mon ordinateur, l’esprit ailleurs (où, je ne sais !). J’ouvre le site fatidique « Regards sur une vis-sans-fin » afin d’inscrire quelques riens dans la page blanche. Quel ne fut pas ma surprise de voir que celle-ci n’était plus blanche. Un rectangle avec un dessin et une plage grise est apparu au cours de la nuit.  

– Je rêve, me dis-je. Je passe un voile gris avec la souris dévoreuse et clique sur Suppr. Rien ! L’image est toujours là, ineffaçable. Que signifie-t-elle ?

Le 21, je dévoile le bas

Tiens, cela me rappelle quelque chose. Alors, attendons avec impatience le 21 juillet. Que va-t-il se passer ? 

11/07/2014

L’absence de vision pour la France

Depuis plusieurs décennies les politiques sont devenus politiciens. Qu’est-ce à dire ? Ils n’ont pas de vision d’avenir pour la France, leur programme consiste en l’énumération d’un certain nombre de points, à la manière américaine, comme un marché à présenter à l’opinion pour être élu. Le passage du septennat au quinquennat a consacré cette indécision à choisir le style constitutionnel de la politique française.

Deux conceptions du pouvoir s’opposent. La première est celle de la politique ou politics pour les anglo-saxons. C’est le lieu des combats, des conflits, des divisions. La politique relève de la contingence. Elle n’est pas réductible à la lutte, car elle est aussi l’objet sur lequel le pouvoir porte ses préoccupations. La seconde est celle du politique ou policy : elle évoque le monde des essences[1] et est le lieu d’un discours rationnel, dégagé des contingences, sur le sens de l’évolution de la société.  « Le politique qualifie un certain arrangement ordonné des données matérielles d’une collectivité et des éléments spirituels qui constituent sa culture… Le politique est l’expression du groupe. [2] » Ce sont donc deux conceptions de la fonction présidentielle qui s’affrontent : une conception américain où le chef de l’Etat est acteur de la politique et en même temps visionnaire du politique, ou une conception européenne où la pérennité est assurée par un dédoublement des pouvoirs qui correspond aux deux aspects évoqués. La politique française flotte entre ces deux positions, sans choix, donc inefficace.

La thèse quinquennale est liée à celle d’un monde politique fondant sa décision sur le temps-espace ou la durée-mesure : la quantité est la norme décisionnelle au détriment de la qualité. Elle engendre l’immédiateté de la décision, l’emploi de la communication comme effet d’annonce, l’urgence de l’intervention politique dans tous les domaines et l’interférence normative et législative dans l’éthique et la vie privée. La thèse septennale et celle d’un monde où le rythme du vécu et de l’histoire est pris en compte pour instaurer la finitude dans la direction de la nation. Il s’agit d’utiliser le pouvoir non comme une succession de réaction aux événements, mais comme une durée finie pour mettre en place les éléments à la fois du changement et de la continuité.


[1]J. Freund, L’essence du politique.

[2]G. Burdeau, La politique au pays des merveilles.

10/07/2014

Le monde, qu’est-ce ?

Le monde, qu’est-ce ? Un brin d’herbe
Entre les dents d’un ivrogne fou
Qui court dans les vagues de l’avenir
Sans savoir s’il ira jusqu’au bout

Une fracture entre les images
Comme une déchirure ouverte
Dans l’âme qui repose acide
Sans même une main rafraichissante

Le parfum d’une musique endolorie
Chatouille nos sens exacerbés
Il s’échappe de la fente terrestre
Et plonge dans l’ouïe engourdie

Le monde, c’est cet instant provisoire
Qui fait chavirer la vision connue
Et l’entraîne vers un caléidoscope
De sons, d’images et de parfums

Pour le plus grand bien
Des humains qui s’ennuient
Sur ce plancher fragile
S’ouvrant sur l’absence

Plonge dans l’ouverture
Trempe-toi dans l’étrange
Secoue ta lourdeur
Et flotte sur le rêve

Quel voyage ! D’abord le vide, puis le manque d’espace
Et bientôt l’arrêt du temps. Tout est figé
Je ne suis qu’un point dans l’immensité du monde
Et ce point est devenu l’univers, rêve d’un jour

© Loup Francart

09/07/2014

Andrea Valeri: Pierre's Blues

https://www.youtube.com/watch?v=t7BbN6Ss_t0 


Le blues des années soixante. Une belle introduction, brillante, destinée à mettre en évidence le doigté subtil du guitariste, à la manière américaine : on montre qu’on est le meilleur avant même de commencer. Mais la suite démontre qu’il est bien le meilleur ou, au moins, un des meilleurs dans ce domaine.

Commence alors le morceau, rythmé, dont la couleur est donnée par ces quatre notes montantes qui ravivent la cadence, empli de ces descentes de notes propres à ce style de jazz, finissant par des trémolos destinés à entretenir dans la mémoire immédiate l’ambiance particulière du morceau.

Cela n’a rien à voir avec ce qui se pratique maintenant, mais cela possède néanmoins un certain charme. On voit passer la jeunesse en robes fraiches et bluejean à larges pattes, dansant de manière maladroite le swing avec quelques acrobaties destinées à montrer les jambes de sa partenaire du moment. On se repose de cette gymnastique en buvant un coca mêlé de quelques gouttes de whisky en riant d’histoires loufoques à la manière de Borgès (réservées à une élite) :

Que voulez-vous que je dise de moi ? Je ne sais rien de moi ! Je ne sais même pas la date de ma mort.

Bien sûr, personne à cet âge ne pense à la mort !

08/07/2014

Au-delà du moi

Celui qui, regardant en lui-même n’y trouvera qu’obscurité, mécontentement, faiblesse et vanité ne doit pas traduire sa déception par un scepticisme amer. Qu’il regarde toujours plus moins, toujours plus profond en lui, jusqu’à ce qu’il perçoive à de faibles signes de souffle léger qui naît de la sérénité renaissante. Qu’il les recueille pieusement, ces signes, car ils prendront vie, grandiront et se changeront en hautes pensées qui franchiront le seuil de son esprit comme des missionnaires célestes annonciateurs d’une voix qui viendra plus tard, la voix d’un être caché, mystérieux qui habite au centre de son être et n’est autre chose que son moi originel.

(Paul Brunton, L’Inde secrète, Payot, 1983, p.308)

 

La recherche de ce Moi originel, appelé également Soi, au-delà du moi, est en Inde un besoin et une tradition. Tradition des hommes qui se dédient à cette recherche à un moment de leur vie ou durant toute leur vie. Besoin, intérieur et profond, qui taraude l’esprit et le corps et non simplement le cœur et l’intellect comme en Occident. Et quoi de plus simple et de plus naturel que de s’assoir et d’entrer en soi-même.

Alors commence la bataille : comment apaiser, dans un premier temps, la multitude de pensées diverses qui envahissent le cerveau. Oui, on s’en doute, elles empêchent la voix de se faire entendre. Mais comment les arrêter ? Chaque jour reprend à zéro son travail d’élagage. Toutes les pensées repoussent dans la journée. Les examiner chaque soir jusqu’à s’endormir en ayant évacué les impressions du jour. Chaque matin, les empêcher de revenir par la méditation.

Un jour vient où elles se taisent. Mais il reste toujours notre propre voix qui, ayant pris de la hauteur, domine notre univers intérieur et lui impose le silence. Elle parle et c’est toujours moi qui parle. Elle est coriace, elle ne cesse de s’imposer, d’autant plus qu’elle est fière d’avoir vaincu le bruit cosmique. Mais il peut vous arriver à certains moments de trouver le silence total, cette paix merveilleuse et enchanteresse qui donne à votre âme la dimension de l’univers. Vous vous êtes oublié vous-même et cet oubli devient évasion. Vous ne vous contemplez plus, détaché de vos propres actions comme auparavant. Non. Vous n’êtes plus ce moi qui toujours vous accompagne. Vous êtes libre, totalement. Vous n’avez même plus à secouer vos vêtements, votre propre corps ou même encore vos pensées. Tout cela est parti en fumée, envolé, et vous êtes libre. Le Soi est là, à portée de main, vous le savez, mais vous ne savez pas qui il est ou ce qu’il est. Mais qu’il est bon d’être englobé d’une telle nébuleuse qui vous accompagne un bout de chemin. Vous n’êtes plus Monsieur ou Madame Untel, vous êtes la vie.

07/07/2014

La création dans l'art moderne

Dans son livre « Théorie de l’art moderne » (Editions Gontier, genève, 1968), Paul Klee tente de résumer les données qui différencient la réalité d’un tableau. Il considère qu’il y a trois dimensions spécifiques : la ligne, la tonalité et la couleur. La ligne exprime la mesure du tableau. Ses modalités dépendent de segments, d’angles, de longueur de rayons, de distances focales. La tonalité donne le poids ou la densité du tableau. Elle est faite de contrastes entre les couleurs, de mouvement entre le clair et l’obscur et inversement. La couleur concerne la qualité du tableau. En fait, la couleur contient la mesure et la densité, de même que la tonalité contient la mesure. La couleur est donc la dimension la plus achevée, mais elle n’existe que parce que les autres éléments sont là.

Cependant ces trois données ne suffisent pas à la création. Elles doivent produire des « Formes » ou des objets. Car pour Klee, il y a bien l’Acte, mais au-dessus il y a l’idée dont on doit admettre la primauté. Tout devenir repose donc sur le mouvement, c’est-à-dire la répartition dans l’espace et le temps des formes. L’œuvre d’art naît du mouvement, elle est elle-même mouvement fixé, et se perçoit dans le mouvement.

Ainsi, pour Paul Klee l’œuvre d’art se crée en trois étapes : le mouvement préalable en nous, le mouvement agissant, opérant, tourné vers l’œuvre, et enfin le passage aux autres, aux spectateurs, du mouvement consigné dans l’œuvre : pré-création, création et re-création. Et pour lui, la marche à la forme, dont l’itinéraire doit être dicté par quelque nécessité intérieure ou extérieure, prévaut  sur le but terminal, sur la fin du trajet. Le cheminement détermine le caractère de l’œuvre accomplie. La formation détermine la forme et prime en conséquence sur celle-ci. Nulle part ni jamais la forme n’est résultat acquis, parachèvement, conclusion. Il faut l’envisager comme genèse, comme mouvement… Donc, songer moins à la forme (nature morte) qu’à la formation.

Et par cette sentence, on est plongé à nouveau dans le mystère de la création, cette fois-ci artistique, mais de la même veine que la création de l’univers. Quelle alchimie arrive à produire les formes et le mouvement, c’et-à-dire l’espace et le temps ? Le mystère demeure, même lorsqu’il est vécu de l’intérieur, même lorsque l’artiste s’efforce de saisir ce qui se passe en lui. Il vient un instant, l’instant de la création juste qui transforme la bouillie de magma intemporelle en produit fini, ordonné, intelligent et beau. C’est bien un mouvement, mais qui ne peut être reconstitué dans son ensemble, instant après instant, lieu après lieu. Du rien naît le tout et le tout n’est que par le rien.

06/07/2014

La couleur de l'avenir

Rouge, noir, blanc, jaune
Tels sont les hommes !
Pourquoi n’y a-t-il pas
Des messieurs verts
Et des femmes bleues ?

Sur le continent de l’imagination
Entre deux tasses de café
J’ai rencontré le prince doré
Dans la lumière de la ville

Il m’a dit sa rencontre
Avec l’élégant professeur
Son regard aviné et craintif
Devant la couleur de la vie
Pourquoi devoir dormir encore
Quand déjà arrive la fin ?

L’homme dans sa couleur
Garde sa transparence
Il est être humain
Vivant et pensant
Et rien ne pourra
L’empêcher de regarder l’autre
Avec des yeux de verre

Oui, nous sommes tous esclaves
De notre couleur de peau
Seuls les sentiments ont la couleur
Des baisers furtifs et odorants
Qui s’envolent certains jours
Dans les sables du désert

Depuis j’erre chaque nuit
Dans une mer de glace
Regardant les bateaux qui fuient
Les femmes qui s’envolent
Et les enfants qui rient

Et moi, seul, isolé,
Je me tourne vers moi-même
Entrouvrant mes plaies
Respirant l’odeur aigre
Des craintes ancestrales…
Qu’attends-tu pour partir
Vers les pays rutilants
Au baume acéré de l’oubli ?

Rien ne sera plus comme avant
Porte ton regard au loin
Lève le bras pour monter
Dans la caravane de la conviction
Et part au loin vers l’inconnu
Où l’homme ne porte
Que la couleur de l'avenir

© Loup Francart

05/07/2014

Alain Pontecorvo

 Il expose actuellement à la galerie de l’Europe, une excellente galerie de la rue de Seine (au 55, 75 006). Sa peinture est facile à comprendre. Elle n’est pas intellectuelle, ni recherchée, ni émotionnelle. Elle est, tout simplement, et elle est belle, tout simplement.

 Il aime jouer avec la lumière, avec les contrastes comme en photographie. Parfois il ajoute un angle de vue insolite comme ces « Ombres fantômes » :

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La vaisselle, un épisode du quotidien tout ce qu’il y a de plus banal, est l’occasion d’une performance de contraste, de couleurs, de reflets. Elle est sublimée et devient objet de méditation.

 

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La gare Montparnasse. Le départ est imminent, il est traité par la lumière qui s’ouvre sur la fuite du temps : partir, c’est mourir un peu. Mais c’est aussi naître à une autre vie.


Un curieux tableau, difficile à interpréter ; Le ciel comme la ville. Il est irréel : la maison de droite n’a pas de profondeur, les rues sont vides, la ville est morte et le ciel se déchire au-dessus des maisons à gauche de la toile. Seul l’horizon avec un ciel bleu et pur au fond de la voie montante laisse une nuance d’espoir.


Passerelle Vaugirard, une vue plongeante dans la lumière du matin ou du soir. Les personnes se déplacent, mais semblent immobiles comme des fantômes. Pas un bruit ne trouble cette vision. Les ombres s’allongent, s’étirent, Bientôt tout s’éteindra.

Enfin, une vue insolite : l’horizontalité par la vitesse (« Vue du train »). Même le ciel se plie au trait. Les nuages s’enfièvrent, lourds de sous-entendus. Sur l’autoroute, un camion rouge ne semble pas avancer.

04/07/2014

Qui ai-je rencontré ?

Hier, il m’est arrivé une chose bien étrange. En route pour le quartier latin, en vélo comme à mon habitude, je me suis aventuré dans une petite impasse en pensant gagner du temps. Elle était joyeuse, emplie de restaurants et de magasins sympathiques. J’y croisai d’ailleurs quelques connaissances dont Madeleine que je n’avais pas vue depuis un moment. Enfourchant mon vélo, je repartais vers la sortie lorsque je fus brusquement projeté à terre par un choc entre les deux yeux. J’avais heurté un poteau signalétique portant l’inscription « Interdit aux cycles ». Encore égaré par ma chute, nageant dans un brouillard épais, je décidai de laisser mon vélo et de poursuivre à pied. Je reviendrai le chercher demain.

L’attachant au poteau, je me redressai pour me diriger vers la droite dans une étroite ruelle menant vers la sortie de l’impasse. Quelle ne fut pas ma surprise de voir un cycliste s’engager dans la ruelle de gauche, très décontracté, une main dans la poche, l’autre tenant de manière désinvolte son guidon. Il était habillé comme moi, ce qui m’intrigua. Je le regardai de manière plus détaillée. Même coupe de cheveux, même air un peu détaché et ahuri, mais décidé et allant de l’avant. Mais… Je ne comprends pas… On dirait que c’est moi… Mais oui, il n’y a pas de doute. Je tentai de courir derrière lui, mais il était déjà loin. Revenant sur mes pas, je réfléchis. Un sosie probablement. La chance de rencontrer son sosie est très faible. Je n’avais jusqu’à présent pas vu quelqu’un qui me ressemblait. Cette idée m’amusa. Je refis demi-tour et, en courant, essayai de rattraper l’homme. Peine perdu. Il avait disparu. J’interrogeai un garçon de café. Mais comment lui expliquer que je me cherchais moi-même ? Un client cependant pu me renseigner : « Il est passé là il y a deux minutes. Je l’ai regardé parce qu’il marchait bizarrement. Il semblait glisser sur le macadam. Ça m’a intrigué et puis j’ai pensé à autre chose ! » Je le remerciai et poursuivis dans la ruelle, courant à moitié. Il ne s’était pas trompé. Je le vis à cinquante mètres de là regardant une vitrine. Celle-ci était lumineuse. Un bouddha trônait en devanture, plantureux, doré à souhait. Je me dis : « Il me copie ! Il aime ou fait semblant d’aimer la tranquille sérénité de Siddhārtha Gautama, le plus grand éveillé. »

Il poursuivit sa route, regardant à droite et à gauche les curiosités des boutiques et les passants. Il tenait son vélo à la main et ne semblait pas importuné par son volume et son poids. Ah, il l’attache à une grille. Que va-t-il faire ? Il entra dans une boutique. Je me postai devant la sortie, bien décidé à lui poser la question de sa présence sur les lieux. Il sortit tenant à la main un petit paquet. « Excusez-moi, mais est-il possible d’acheter un double de ce que vous tenez dans la main ? » Il me regarda tranquillement, ne semblant pas comprendre ce que j’entendais par un double. « Oui, bien sûr. Il suffit de le demander. Entrez donc ! » Je l’observais avec curiosité, trouvant la ressemblance étonnante. Il ne semblait pas s’en apercevoir. J’étais pour lui quelqu’un croisé dans la rue avec qui on échange quelques mots anodins. Je voulais en être sûr, aussi lui posai-je la question qui me taraudait : « Excusez-moi, mais j’ai l’impression que nous connaissons. Pas vous ? » « Je ne crois pas. Votre tête ne me dit rien. Peut-être confondez-vous avec quelqu’un d’autre. » Là-dessus il me salua d’une inclinaison de tête et poursuivis sa route. J’en restai interloqué. Comment n’avait-il pas remarqué cette ressemblance extraordinaire entre lui et moi ?

Il reprit sa bicyclette et poursuivit en la tenant par le guidon, tranquillement. Je le regardais, étonné, ébahi même, car c’était bien moi. Certes, me voir sous le jour d’un autre me donna une nouvelle vision de moi-même. Je ne pensais pas ainsi pencher la tête légère chaque fois que je regardais quelque chose qui me plaisait. Je ne pensais pas non plus être si mobile dans mes attitudes, tantôt en ayant l’air fatigué, tantôt complètement éveillé et vif. Une vraie girouette ! Ah, il passe près d’un mendiant. Il poursuit son chemin comme si de rien n’était. Quel chien, pourtant il a de l’argent ! Cette fois il laisse passer une vieille femme qui marche avec lenteur et qui ne le remercie pas. Mais son sourire me dit qu’il n’en est en rien affecté.

Arrivé au bout de l’impasse, il entra dans une sorte de tunnel percé dans une maison et qui permettait de ressortir dans la rue. Je hâtai le pas pour ne pas le perdre de vue, mais à la sortie je le vis qui pédalait avec célérité, semblant prendre le chemin de mon appartement. Je ne vais tout de même pas le retrouver chez moi ! Je pris le métro, laissant mon vélo attaché, car je n’étais pas encore très sûr de mon équilibre. J’arrivai à mon adresse, montai quatre à quatre les escaliers, ouvris la porte de l’appartement. Rien ! J’étais bien seul. J’avoue que je me suis étendu sur mon lit, j’ai fermé les yeux et me suis endormi, épuisé et encore secoué par ma chute.

J’ai même rêvé que je rencontrais mon double, quel drôle de rêve !

03/07/2014

Le mode gagaku (musique de tradition japonaise)

Dans le mode Zokugaku et l’échelle IN, cette musique donne une bonne vision de la musique japonaise traditionnelle.

http://www.youtube.com/watch?v=kx1uw4n575M#t=227


Le gagaku qui signifie musique raffinée est la musique traditionnelle de cour qui peut être destinée au profane comme à la religion. Il apparaît vers le Vème siècle, mais n’est officialisé qu’en 701 avec la création d’un office du gagaku. Il disparaît pratiquement au milieu du XVIe siècle, hormis dans quelques foyers aristocratiques et religieux, pour renaître sous le règne du shogun Ieyasu Tokugawa (1543-1616).

C’est une musique à la mesure du Japon, sobre, équilibrée, méditative et, on peut le dire, terriblement ennuyeuse au bout d’un certain temps. Mais on passe cependant un bon moment à se laisser plonger, sans pensée (à la manière du zen), dans cette soupe remontante, car vous laissant sans voix.

Plus cérémonieuse encore, cette danse, si l’on peut l’appeler ainsi, met en évidence le formalisme introduit à la Cour, à tel point que le règlement devient prison. Mais il y a une certaine beauté à écouter ce style singulier, loin de la musique occidentale.

http://www.youtube.com/watch?v=HCYzU4mUGic

 

02/07/2014

Atonie

Il pleut… Le ciel, chargé de noir et gris
Laisse tomber sa mauvaise humeur
Sieste, pour renouveler l’optimisme
Et faire un pied de nez à la morosité

Réveil des profondeurs, lentes et longues
Les connexions entre les neurones
Lumière et ombres entrelacées
On émerge, sans passion ni émotion

L’œil entrouvert vous dit l’atonie
D’un jour sans fin ni euphorisant
L’oscillomètre redevient plat
Nouvelle plongée dans la nuit

Enfin… Honteux de cette prolongation
Le corps vous pousse à sortir du terrier
La grisaille vous environne, molle
Debout, oui, mais pour quoi faire ?

Alors commence l’errance d’une après-midi
Que rien ne distingue d’un matin
Si ce n’est ce léger décalage
Des images imprimées dans le cerveau

Le chatouillement d’une vibration interne
Vous traverse l’épiderme en bataille
Quelle était bonne cette grotte irréelle
Où vous attendiez, impassible, l’instant

Subtil, révolu, inespéré, ensorcelé
De la soupe épaissie des sensations
En absence d’émotion et de sentiment
Comme le poisson dans son bocal

Allons, secoue-toi ! Remue tes souvenirs
Plonge dans l’eau froide du réel
Lance-toi. Fais jaillir l’étincelle
Et brûle tes réserves de sagesse

Cri…ss… tout se remet en marche…
Les couleurs se ravivent et rosissent
Le cervelet qui transpire, hilare
Les dernières gouttes de l’ennui

Dieu, que l’après-midi fut longue…

© Loup Francart

01/07/2014

Hommage au ballon rond

Pour satisfaire à la mode ou à l'actualité, un hommage au ballon rond vision art contemporain. Le plus ou le moins, blanc ou noir, gagnant ou perdant, que va-t-il devenir ? Comme un phare dans la nuit, il tranche par son calme et sa sérénité. Qui lui donnera le premier coup de pied ?

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30/06/2014

Alex Grey, peintre visionnaire (expo Raw Vision à la Halle Saint Pierre)

Alex Grey, un américain né en 1953, fut agnostique et existentialiste dans sa jeunesse. Une expérience mystique l’oriente vers un art exprimant la transcendance. En 1979, il peint 21 tableaux appelés « Sacred mirrors » qui représentent l’anatomie humaine en liaison avec le monde divin dans une évolution progressive vers la réalisation de soi : le corps est représenté sous forme de couche de rayons X liant les aspects physiques et spirituels de l’homme.

 

 

Une art visionnaire et psychédélique : une vision particulière de l’homme qu’il est difficile de décrire en dehors de l’image transmise par la peinture. Les artistes zen disent que pour peindre la montagne il faut devenir montagne. L’effet miroir : je suis ce que je peins, je peins ce que je suis.

Avec sa femme, ils choisissent le bouddhisme tibétain qui, grâce à une vision hiérarchique de l’homme, dresse un panorama complet des évolutions spirituelles que l’on trouve également tant dans la tradition chrétienne que dans le soufisme ou la kabbale. Dieu est le grand mystère et le cœur de l’être. Il est inexplicable, car au-delà de tout.

Qu’en penser ? Rien. Pourquoi penser à propos du mystère.

29/06/2014

Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil, roman de Haruki Murakami

Hajime est fils unique et ce fait lui donne un complexe d’infériorité. A l’école primaire, seule Shimamoto-san possède la même caractéristique, elle est également fille unique. Elle traîne légèrement la jambe gauche en raison d’une poliomyélite. Elle travaille bien. Très vite ils se sentent bien ensemble. C’était la première fois que chacun d’entre nous rencontrait un autre enfant unique. Nous nous mîmes donc à parler avec passion de ce que cela représentait. Nous avions l’un pour l’autre beaucoup à dire sur le sujet. Nous prîmes l'habitude de nous retrouver à la sortie de l’école pour rentrer ensemble. Avec Shimamoto-san, je ne me sentais pas nerveux comme en présence des autres filles. Ils aiment écouter des disques ensemble. Et un jour Hajime découvre une autre dimension dans sa vie : Elle enleva sa main du dossier du canapé et la posa sur ses genoux. Je regardai distraitement  ses doigts suivre le tracé des carreaux de sa jupe. Ce mouvement semblait empreint d’un mystère, comme si un fil ténu et transparent sorti du bout de ses doigts tissait un temps encore à venir. J’entendais au loin Nat King Cole chanter « South of the border ». Je ne sentais que l’écho étrange de ces mots: “Sud de la frontière”. … Je rouvris les yeux : les mains de Shimamoto-san s’agitaient toujours sur sa jupe. Une sorte de doux picotement s’insinua tout au fond de mon corps.

Peu de temps après, à nouveau : Shimamoto-san était une fille précoce, sans aucun doute, et je suis sûr qu’elle était amoureuse de moi. Moi aussi, j’éprouvais une vive attirance pour elle, mais je ne savais que faire de ce sentiment. Comme elle, certainement. Une fois, une seule, elle me prit la main… Nos doigts restèrent entrelacés à peine dix secondes, mais cela me sembla durer une demi-heure. Et, quand elle relâcha son étreinte, je regrettai qu’elle ne l’ait pas prolongée davantage…. Il y a avait, rangé à l’intérieur de ces cinq doigts et de cette paume comme dans une mallette d’échantillons, tout ce que je voulais et tout ce que je devais savoir de la vie… Peut-être avions-nous tous deux conscience d’être encore fragmentaires ; nous commencions à peine à sentir les prémices d’une réalité nouvelle qui nous comblerait et ferait de nous des êtres achevés ? Nous nous tenions debout devant une porte donnant sur cette aventure nouvelle. Seuls tous les deux, dans une vague clarté, main dans la main pendant dix secondes à peine.

Mais Shimamoto-san déménage et la vie passe. Il connaît une autre fille Izumi, qui l’aime, avec laquelle il se sent bien. Mais il la trompe avec sa cousine. Il s’en veut, d’autant plus qu’Izumi perd toute sa joie de vivre et sombre dans la dépression. Il se marie, il aime sa femme, il aime ses deux filles, il a un travail qu’il apprécie. Il a tout pour être heureux. Mais un jour, il rencontre shimamoto-san dans la rue, la suit jusqu’à ce que quelqu’un l’interpelle et le menace.

Quelque temps plus tard, shimamoto-san entre dans un de ses bars (il tenait deux bars où jouaient des jazzmen). Il renoue leurs conversations comme 23 ans auparavant. Il est à nouveau amoureux. Ils vont au concert ensemble. Un concert magnifique. Cependant, j’avais beau fermer les yeux et essayer de me concentrer, je ne parvenais pas à m’immerger dans ce monde musical. Un fin rideau se dressait entre de concert et moi. Un rideau si fin qu’on ne pouvait même pas être sûr qu’il existe vraiment. Pourquoi ? Parce qu’il manque le cr, crr, crr provenant d’une rayure du disque qu’ils écoutaient quand ils avaient douze ans.

Shimamoto-san disparaît à nouveau. Il ne sait pourquoi. Sa vie devient un cauchemar : Pourtant, depuis que Shimamoto avait disparu, j’avais l’impression de vivre sur la lune, privé d’oxygène. Sans Shimamoto-san, je n’avais plus un seul lieu au monde où ouvrir mon cœur. Pendant mes nuits d’insomnie, allongé& sur mon lit, immobile, je pensais encore et encore à l’aéroport de Komatsu sous la neige. Ce serait bien si les souvenirs finissaient par s’user à force de les voir et de les revoir, me disais-je. Mais celui-là ne s’effaçait pas, loin de là.

Enfin, Hajime la voit apparaître dans un de ses bars. Elle est revenue. Il va alors connaître une nuit d’amour, une seule, merveilleuse et unique. Le lendemain matin, elle n’est plus là. Elle est repartie, il ne sait où, pour mourir, pour fuir, pour revenir en notre monde ? Et pendant longtemps il va conserver ce souvenir en lui comme une plaie atroce et bienfaisante. Mais la vie repart, avec Yukiko et les enfants : je devais aller dans leur chambre, soulever leurs couettes, poser la main sur leurs corps tièdes et ensommeillés. Il fallait que je leur dise qu’un jour nouveau avait commencé. C'était cela que je devais faire maintenant. Pourtant je n’arrivais pas à quitter cette table. Toutes mes forces s’étaient écoulées hors de moi, comme si quelqu’un était passé derrière mon dos sans que je le vois et avait enlevé un bouchon quelque part en moi, tout doucement. Les deux coudes sur la table, j’enfouis mon visage dans mes paumes.

Un magnifique roman, un Murakami plus vrai que nature, une merveilleuse histoire d’amour. Ils sont peu nombreux ces romanciers qui savent nous faire rêver par la seule magie de leur verbe.