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01/06/2014

Un maître soufi, le sheikh al-‘Arabî ad-Darqâwî

« L’âme est une chose immense ; elle est le cosmos entier, puisqu’elle en est la copie. Tout ce qui est en lui, se retrouve en elle, et tout ce qui est en elle, est également en lui. De ce fait, celui qui la domine, le domine certainement, de même que celui qui est dominé par elle, est certainement dominé par le cosmos entier. »

Sheikh al-‘Arabî ad-Darqâwî

 

spiritualité,islam,soufisme,connaissance de soi,religion

Le Sheikh al-‘Arabî ad-Darqâwî vécut au Maroc et y mourut en 1823 à l’âge de 80 ans. Son enseignement peut se comparer à celui des vrais maîtres de tous les temps, par son contenu doctrinal autant que par sa spontanéité spirituelle. Il est essentiellement pratique et sa forme d’expression est simple et directe. Mais n’oublions pas qu’un maître soufi n’invente rien. S’il est une source spirituelle immédiate et originale, il ne fait que reprendre la tradition pour l’adapter au cas par cas. Il ne s’agit pas pour lui de préconiser un mode de vie, mais de recommander à chacun ce qui lui convient.

Maintenant écoutons bien : "l’âme est le cosmos entier.Tout ce qui est en lui, se retrouve en elle, et tout ce qui est en elle, est également en lui". Contempler les étoiles serait contempler son âme. Le monde invisible est en nous, à l’égal du monde visible extérieur que constitue le cosmos. Aussi le Sheikh ajoute : "De là je compris la parole prophétique : « Une heure de méditation est meilleure que soixante-dix ans de pratique religieuse. », étant donné que par une telle méditation, l’homme est transporté du monde créé au monde de la pureté, et l’on peut également dire, de la présence du créé à la présence du créateur".

La méditation permet de s’oublier soi-même et de s’ouvrir à la liberté du cosmos, au vide sidéral qui fait apparaître la présence de Dieu. N’est-il pas étonnant que la vision du satellite COBE montrant la naissance de l’univers soit considérer comme la vision du visage de Dieu ? Là où la première image de l’univers (ou dernière image de ce qui était avant le Big-Bang) apparaît, on entrevoit Dieu. Il en est de même dans l’âme : au-delà de nous-même, aux confins du connu et de l’inconnu, l’âme découvre la divinité.

Et le Sheikh de conclure : "Il est impossible qu’on voit notre Seigneur tout en voyant autre chose que Lui"

 

Un petit livre à lire et relire : Lettres d’un maître soufi, le Sheikh al-‘Arabî ad-Darqâwî, traduites de l’arabe par Titus Burckhardt, Edition Archè Milano, 1978.

09/05/2012

Rumi, ballet de Maurice Bejart, musique de Kudsi Erguner

 

http://www.youtube.com/watch?v=enOmxQP6JWs


 

La flûte, comme l’appel du muezzin, et la lente marche des danseurs qui semblent sortir de la12-05-08 Danse soufie.jpg nuit, après une veille mystique. Nous assistons à une véritable purification, pour ne pas dire une initiation. « Il y a un rapport mystérieux entre le corps et l’âme, et ce qui purifie le corps, par les ablutions et les gestes physiques de la prière rituelle ainsi que par la prononciation des paroles sacrées, aide l’âme à se purifier de la rouille qui ternit le miroir du cœur (sourate LXXXIII, verset 14) et qui l’empêche de refléter la vérité. Ghazâli précise qu’il ne suffit pas que le miroir soit net, car il doit être convenablement orienté, pour pouvoir donner une image. »[1]

Les corps tourne autour de « l’œil intérieur, l’œil du cœur, qui lui permet de voir les réalités supra-sensibles et d’être éclairé par les lumières célestes d’abord, puis par la lumière divine. » [2] Mais atteindre cet œil intérieur nécessite de la discipline, de la purification. On les voit se plier à la reconnaissance de leur petitesse devant la munificence de Dieu. Le cercle est d’abord imparfait et il se forme en un instant, inattendu, après que chacun succombe à l’aspiration mystique. Alors les corps ne font plus qu’un seul corps, les âmes se rapprochent et se tournent vers la lumière divine. L’œil intérieur se forme et se déforme. Quoi de plus beau que cette marche en rond, simple, pure, débarrassée de toute obscurité. Le corps devient léger, il s’envole et les robes se font ailes, les bras s’élèvent vers le ciel, tendus vers plus haut que soi. Apaisé par la lumière divine, l’homme peut se reposer dans sa chaleur et laisser en lui circuler l’énergie de l’esprit.

Il ne reste plus que l’unique réel ; et le sens de sa parole : « Toute chose est périssable sauf sa Face » est devenu pour eux une expérience personnelle (dhawq) et un état vécu (hâl).[3] Cette expérience personnelle désigne à la fois une connaissance intime, une participation sensible et émotionnelle, qui apporte certitude et compétence.

 

Merci Maurice Béjard pour cette leçon de vie qui ne s’exprime que par le tournoiement des corps et qui finit comme les astres qui tournent autour de la lumière divine.

 


[1]Ghazâlî, Le Tabernacle des Lumières Michkât Al-Anwâr, traduit de l’arabe par Roger Deladrière, Seuil, 1981, p.21.

[2]Idem, p.28.

[3]Idem, p.94-95.

 

12/04/2011

Parabole soufie

 

Ecoute une parabole soufie :

 

Un homme frappe la nuit à la porte de sa bien-aimée. Elle demande de l’intérieur : « Qui est-ce qui frappe ? » Il répond : « C’est moi ». « Va-t-en », répond-elle avec dureté. Furieux et déçu, il s’en va.

Il essaie d’oublier sa bien-aimée en se livrant aux plaisirs du monde. Il n’y arrive pas. Il sent un vide immense et au bout de quelques années, il se tient à nouveau devant la porte de sa bien-aimée. Elle demande à nouveau : « Qui est-ce qui frappe ? » et il répond une fois encore : « C’est moi ». Et la dure réponse tombe à nouveau : Va-t-en ». Mais elle ajoute cette fois-ci une parole énigmatique : « Pourquoi ne trouves-tu pas le mot qui me ferait t’ouvrir ? »

Il se retire abattu, mais non pour aller au monde, mais vers la solitude. La sagesse grandit peu à peu dans son cœur, son amour se fait moins passionné, mais plus profond. Cet amour le conduit, maintenant paisible et humble, encore une fois jusqu’à la maison de sa bien-aimée. Il frappe doucement. Elle demande : « Qui frappe ? » Il répond silencieusement : « C’est toi ! » Et la porte s’ouvre immédiatement.

 

 

Le soufisme est un mouvement mystique apparu au VIIIème siècle dans l'islam. Initialement né dans l'orthodoxie sunnite, il a également influencé les chiites. Les soufis se sont organisés en confréries fondées par des maîtres spirituels. Chaque soufi se rattache à une "chaîne" qui représente sa généalogie spirituelle, grâce à laquelle il est relié par différents intermédiaires au Prophète.

Selon les soufis, toute existence procède de Dieu et Dieu seul est réel. Le monde créé n’est que le reflet du divin : "L’univers est l’Ombre de l’Absolu". Percevoir Dieu derrière l’écran des choses implique la pureté de l’âme. Seul un effort de renoncement au monde permet de s’élancer vers Dieu : "L’homme est un miroir qui, une fois poli, réfléchit Dieu". Le Dieu que découvrent les soufis est un Dieu d’amour et on accède à Lui par l’Amour : "Si tu veux être libre, sois captif de l’Amour".