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27/04/2011

Exposition van Dongen, Musée d’art moderne de la ville de Paris

 

Lumière et couleurs

Deux caractéristiques distinguent les tableaux de van Dongen : leur lumière et leurs couleurs. Les visages, quant à eux, ne cherchent pas la ressemblance, mais simplement l’expression.
La lumière par le blanc, franc, tenant de grands espaces, irradiant le tableau, parfois jaune pâle, ocre clair ou chair, mais toujours lumineuse.
Les couleurs : d’abord le rouge, en petites touches, très peu, mais expressif, rehaussant la lumière du tableau. C’est parfois une ombre en arrière du corps, ou encore le dessin lui-même, dont les traits sont de couleur rouge plutôt que le noir utilisé habituellement. Puis le bleu : bleu-noir, bleu-gris, bleu-vert. Souvent en fond, il fait ressortir la luminosité du blanc et les contours rougeoyants des corps.
Les visages sont esquissés non par le dessin des formes, mais par la couleur. Ils sont bruts, avec, parfois, quelques ombres bleutées. Ils sont beaux, d’une beauté pleine, colorée. Pourtant ils restent intemporels, sans expression d’un quelconque sentiment, comme figé, alors que l’attitude du corps exprime le personnage, hautain, naturel, familier, dansant, charmeur ou encore sexy.

 

Le Sacré Cœur, 1904

Je n’ai malheureusement pas trouvé de reproduction du tableau sur le web. Il est magnifique et peu dans le style adopté par la suite. C’est un tableau à la Turner ou à la Monet. Un ciel ocre, presque jaune, très pâle, qui tient la plus grande partie du tableau et, en bas, les toits de Paris, ou plutôt leur suggestion par des aplats représentant les surfaces reflétant le ciel. Le Sacré Cœur est le seul élément vraiment figuratif. Il se fond dans le ciel jaune pâle et ne ressort que par les gris et les ombres qui en tracent la forme. En haut, une bande bleu fondue avec le jaune, qui suggère une éclaircie dans le brouillard diffus du matin.

 

Lieuses ou les glaneuses de Chailly en Bière, 1905

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Un feu d’artifice de jaune, peint par grosses touches laissant la substance de la peinture pour simuler la matérialité du sol, alors que le ciel , poursuivant dans les mêmes tons, est moins chargé de matière, procédant plus en aplat. Deux tâches, l’une plutôt rouge et l’autre plutôt bleue, représentent les glaneuses, l’une debout, l’autre courbée vers le sol. Il tombe du ciel une neige d’or sur un fond de bleu, dans laquelle se meuvent les deux femmes, intemporelles, engluées dans le silence et la matière. Elles sont là, travailleuses dans la chaleur de l’été, les pieds dans le chaume, face à l’infini de l’espace et du temps.

 

Marchandes d’herbes et d’amour et Saïda, 1913


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Les corps rouges feu, éclatants, fascinants, rendant les personnages lumineux et magiques. Pourtant le rouge est peint en aplat sans mélange, sans ombre, sans relief. Elles sont belles ces femmes. Elles couvrent le tableau l’une sur fond blanc, l’autre sur fond bleu nuit. Leurs yeux, immenses, comme maquillés, vous jette un regard hypnotique et ensorceleur, mais plein d’innocence. Ce sont les seuls tableaux de l’exposition où la luminosité vient du rouge et non du blanc des robes qui reste plus terne, volontairement.

 


La peinture de Van Dongen est libre, décomplexé, sans recherche de détails ou de finition. Son art est brut, pratiqué par touches que certains pourraient qualifier de grossières, aux coloris éclatants, mais souvent arbitraires. Il est résolument moderne, mais sans aucun intellectualisme. Il peint par instinct, très sûr de lui, riant et goûtant la vie à pleines dents.


« Vivre est le plus beau tableau ; le reste n’est que peinture », disait van Dongen en 1927.

 

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