Plage des Vosges (21/04/2011)
Place des Vosges ou plutôt plage des Vosges, où nombreux sont les promeneurs qui s’installent couchés, retirant leurs espadrilles, ôtant le haut, pour les hommes du moins, certains abaissant même leur pantalon jusqu’à moitié du caleçon. Quelques femmes, jeunes de préférence, se dressent en soutien-gorge noir, comme s’il s’agissait d’un maillot. Farniente…
Les uns, en rond, parlent en gesticulant. Les autres, solitaires, laissent reposer leur tête sur un sac à main débordant de rouge à lèvres et autres crèmes. D’autres encore, assis ou plutôt soutenus par les bras tendus reposant sur le sol légèrement en arrière du buste, contemplent la foule, l’air tantôt intéressé, tantôt perdu dans leurs pensées.
Des mères de famille, poussant leur Maclaren d’une main, soutenant de l’autre un enfant qui vacille sur ses jambes torses, font deux ou trois tours de la pelouse avant de reprendre le chemin du macadam.
Certains, précautionneux, boivent à même une petite bouteille d’eau, la rebouchant ensuite, pour, très vite, à nouveau, la déboucher, boire une gorgée d’eau, puis la reboucher.
Un homme, torse nu, assis jambes écartés, téléphone d’un air conquérant, le coude sur le genou, l’autre bras tombant le long du corps comme une branche morte. Avance majestueux un homme grand, la tête haute, tenant sa veste sur son bras replié. Il passe au milieu des gisants comme un étranger, dédaigneux et solitaire.
Deux adolescentes, le jean déchiré, fument alternativement une seule et unique cigarette, se souriant, les yeux dans le vague, jusqu’à l’instant où l’une d’entre elles se brûle les doigts. Alors elles s’allongent, les seins hauts, comme des odalisques.
Plus loin, noyé dans la foule, un pseudo-sportif canari, vêtu d’un short et d’un maillot plus jaune que le citron, pose en bombant le torse, agitant des bras frêles avec beaucoup d’énergie. Ses cuisses blanchâtres méritent le soleil de l’après-midi. Seul son crâne est véritablement protégé par une casquette, jaune évidemment, comme une glace au citron débordant de son cornet.
Trois jeunes filles jouent aux cartes, discutant entre elles de leur jeu, poussant quelques jurons, les pieds nus, le verbe haut. Puis, lassées, deux d’entre elles s’étendent tête bêche, la dernière poursuivant une partie de carte en rêvant.
Et l’eau coule aux quatre fontaines, apportant un chant d’air frais, le flot ruisselant de la vasque principale par des gargouilles à tête de lion, pour en bas devenir perles étincelantes dans le bassin. Un pigeon, perché sur la margelle, boit, inclinant l’ensemble de son corps presque à la verticale vers le bas. Pas facile pourtant de boire ainsi.
Plus loin, la stature des hôtels de la place dresse en rouge et blanc, derrière les arbres taillés au carré, un décor immuable depuis plusieurs siècles, sans cependant paraître désuet. Les vieux glissent le long de leurs murs cachés sur les arcades, à la recherche de l’ombre. Seuls les conversations, les rires, la cataracte du flot des fontaines troublent un silence brouillardeux, fait d’un tremblement de l’air et du mouvement des voitures circulant autour de la place.
Seul horizon, les toits à forte pente, hauts comme des chapeaux, alignés comme à la parade, neuf par côté, contenant deux étages, le dernier habité ou non selon les maisons. Au-delà des cheminées, dominantes et variées, le ciel bleu, pur, troublant d’uniformité, avec un petit nuage passant d’est en ouest dans une pâleur diffuse.
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