Un dimanche matin (11/04/2011)
On y pense déjà la veille, sans le dire, moutonnant en soi-même un plan ou plutôt des interrogations : trainasser dans son lit en lisant un bon livre, se lever tôt pour aller courir loin et longtemps, faire du rangement dans les notes accumulées ? Et puis, l’on se dit que ce n’est que samedi et le samedi reste fébrile bien qu’on ne travaille pas. Alors, on verra demain.
Et le lendemain arrive. Comme tous les matins, on ouvre un œil, on regarde dormir l’amour de notre vie et soudain, on se dit que c’est dimanche, jour spécial, qui peut en un instant virer de l’ennui à l’intérêt, de la solitude à la réunion de famille, du cocon maison aux foules anonymes. Mais pour le moment, le nez enfoui sous le drap, l’œil clair malgré tout, l’on se demande que faire ou même comment ne rien faire.
Alors, on se lève, doucement, et on va à la cuisine, préparer un café : mettre de l’eau fraiche dans le réservoir, ajouter le filtre de papier, puis laisser couler de la boite au cratère de la cafetière le sable brun-noir jusqu’à ce que l’on juge qu’il y en a trop. Alors, avec une cuillère, remettre un peu de poudre dans la boite, jusqu’à ce que l’équilibre soit trouvé, jamais vraiment en équilibre, mais plutôt dans l’attitude fallacieuse des enfants qui estiment qu’ils en ont fait assez et qu’il faut passer à autre chose. Puis, on regarde par la fenêtre et comme celle-ci donne sur l’est, les premières lueurs du jour apparaissent. Les gargouillis de la cafetière viennent troubler cette contemplation et rappellent ce besoin vital, le matin, de boire un breuvage chaud, au goût défraichi parfois, ou même un peu écœurant lorsque la veille le repas fut prolongé. On revient vers la cafetière qui déjà a déversé son arôme dans l’air de la cuisine, envahissant peu à peu le salon, sans cependant atteindre la chambre où dort encore l’aimée. On se verse une tasse de café, on y ajoute un peu de lait et on boit en regardant le jour se lever.
C’est décidé, grasse mate jusqu’à 10h, les pieds sous la couverture, le livre sur le ventre, pendant que l’aimée se rendort dans le creux de votre épaule. Je me laisse aller à la rêverie imposée par la lecture, l’imagination galopante, le corps écrasé sur le lit, là où je l’ai posé quelques minutes auparavant. Une heure ? Déjà !
Le charme est rompu par la remarque. Partir, prendre la voiture et rouler où bon nous semble, c’est-à-dire n’importe où, en ayant cependant ausculté la carte et longuement discouru sur une promenade dont le seul but est de nous décharger de la responsabilité d’une occupation culturelle ou intellectuelle en un dimanche comme les autres, sous un ciel gris et tiède. S’habiller, déjà ? La moitié de la matinée s’est à peine écoulée que le ressort est de nouveau tendu, prêt à être déclenché pour remettre en route la machine humaine, la faire active et vivante.
Qu’elle était bonne cette matinée où ne rien faire signifie se laisser faire !
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